Regardant à Jésus - Hébreux 12

Il y a une chose digne de remarque dans ce chapitre, c'est que, tout en étant rempli d'avertissements, nulle part nous ne sommes plus encouragés, et exhortés à une entière confiance en Dieu. Rien ne conduit une âme à une entière confiance en Dieu, comme d'être encouragée dans la grâce. C'est ainsi que l'apôtre dit: Vous n'êtes pas venus à la Loi; mais «vous êtes venus à la montagne de Sion» (verset 22), à la grâce. Il n'oublie pas les difficultés, il les relève toutes au contraire, mais il fait voir que la véritable manière d'en triompher, c'est de les traiter comme n'existant pas.

«C'est pourquoi nous aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant tout fardeau» etc. (verset 1); comme s'il voulait dire: quant à tout ce qui vous entoure, eh bien! débarrassez-vous-en! Combien cela parait étrange à une âme qui se travaille sous le faix! Mais rappelez-vous qu'il parle ici des difficultés, — non pas de la position: les chapitres 9 et 10 ont traité de celle-ci. Or il y a deux choses qui sont un obstacle quand on «court la course»: il peut y avoir un fardeau, et un embarras. De quelle manière simple l'apôtre les traite tous les deux! Il nous dit de les rejeter!

Quand une âme est devenue faible, elle s'est éloignée de Christ, voilà tout. C'est ce qu'avaient fait les Hébreux. Ils regardaient vers des choses visibles, des ordonnances, etc., et s'étaient détourné d'un Christ invisible. Autrefois ils l'avaient connu comme la part de leur âme, car nous lisons au chapitre 10 verset 34: «Sachant que vous avez pour vous-mêmes dans les cieux des biens meilleurs et permanents». Et c'est là-dessus que l'apôtre insiste ici; c'est à ce principe-là de la foi que la nuée de témoins rendait témoignage. La raison pourquoi une difficulté acquiert de la puissance, c'est que nous, nous sommes éloignés de Christ. Si Christ est ma part, que signifie la difficulté? Rien. Paul dit au chapitre 3 de l'épître aux Philippiens, qu'il a fait la perte de toutes choses, les estimant comme des ordures à cause de l'excellence de la connaissance de Christ Jésus son Seigneur. Si Christ est ma joie, il n'est pas difficile d'abandonner des ordures.

Les Hébreux avaient tous ces autres témoins d'une vie vécue dans les choses invisibles: — Abel, Enoch, Abraham, Moïse, etc. Mais en Christ nous avons le Chef et le consommateur de la foi, quelqu'un qui a achevé la course entière, de sorte qu'il n'y a pas un seul pas dans la vie de la foi qui n'ait été foulé dans la personne de Jésus. Il avait tout contre lui; toutefois, «à cause de la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix etc.» (verset 2). La joie n'était cependant pas son motif: son motif, c'était son amour. La récompense n'est jamais placée devant nous comme un motif pour notre conduite, mais comme un encouragement pendant que nous courons la course. Christ, l'objet de l'amour de Dieu, est un motif; et c'est en ayant Christ à la fois comme motif et comme puissance, que nous aurons la force de fournir la course et de nous débarrasser de tout obstacle.

Mais cela suppose que nous nous trouvons distinctement sur le terrain de la grâce — sur le fondement que «Dieu est pour nous». Il ne s'agit pas du tout de la conscience. Le terrain sur lequel nous sommes ici est celui de la marche du chrétien; il n'y a point de vraie marche chrétienne avant d'être amené à Dieu en grâce. Il peut y avoir des exercices de conscience, mais ceux-ci sont en rapport avec l'acceptation. Si je rattache l'acceptation à la glorification de Dieu, je ne sais pas ce que c'est que la grâce; — je ne comprends rien à une justice qui n'est pas la mienne et qui cependant m'appartient. Il est si difficile de renoncer à tout ce que nous sommes, et de croire que «par l'obéissance d'un seul plusieurs sont constitues justes» (Romains 5)! Et si c'est par l'obéissance du Seigneur Jésus Christ, la chose est aussi parfaite que Dieu peut la faire. Voilà pourquoi on ne peut pas être heureux aussi longtemps que l'on attend quelque chose de soi-même. Ce n'est pas se soumettre à la justice de Dieu; mais lorsque je me soumets, et que Christ m'est fait justice de Dieu, alors j'ai à marcher comme un chrétien, et c'est de cela que nous parle ce chapitre. Alors commence la course. Jésus ne l'accomplit pas afin d'être accepté, et pourquoi? parce qu'il était le bienheureux Fils de Dieu tout le long du chemin.

En «courant cette course», les difficultés mêmes qui exercent la foi deviennent des châtiments. La fidélité peut nous conduire dans l'épreuve; mais le Seigneur se sert des épreuves mêmes de la foi comme d'une discipline morale pour tuer la chair. Le châtiment est une discipline — une correction — non pas nécessairement à cause du péché; toutefois les troubles qui sont le résultat de notre fidélité servent à mettre en évidence et à corriger la chair. Tout ce qui est de nous, entrave la pleine jouissance de ce que Dieu est pour nous. Remarquez la grâce de Dieu en observant et en faisant ressortir chacun des pas de la marche; — le soin constant de son amour et de sa sagesse en nous disciplinant, afin que tout ce qui empêche notre pleine jouissance de lui-même soit détruit. Nous trouvons ici à la fois une exhortation et un avertissement — à quelle fin? A celle de nous rendre participants de la sainteté de Dieu, pour que sa nature en nous soit pratiquement réalisée. Que peut-il y avoir de plus élevé? La sainteté de Dieu! Tout ce par où nous sommes appelés à passer tend à ce but, et pourtant bien souvent, hélas! nous n'aimons guère les moyens! Ce n'est pas que Dieu exige de la sainteté (il est évident qu'elle est exigée); mais ici c'est la grâce qui nous en rend participants; une grâce positive qui nous communique l'essence de la sainteté divine. Dieu veut rendre son peuple tel qu'Il est Lui-même, afin qu'il jouisse de Lui, car il nous a donné une nature qui en est capable, et il nous a donné son amour. Or en nous amenant là, il dit: je dois renverser ceci, et cela et puis cela.

Cependant l'apôtre continue en disant: ne soyez pas découragés. Dieu est pour vous dans chacun des pas du chemin, «c'est pourquoi redressez vos mains qui sont lasses» etc. (verset 12). Si vous étiez à Sinaï, vous auriez raison de craindre et de trembler, je ne pourrais pas vous dire à Sinaï: redressez vos mains»; je dirais: «ne vous approchez pas trop près»; car nul homme ne peut se tenir devant la gloire de Dieu quand elle exige de lui qu'il y satisfasse». «Mais vous n'êtes pas venus à la montagne qui se peut toucher» etc. (verset 18); mais «vous êtes venus à la montagne de Sion». Quel est le caractère de Sion? Israël avait complètement failli: l'arche de Dieu était entre les mains des Philistins. L'arche était le lieu où était le trône de grâce, sur lequel le sang était répandu. Israël ne pouvait point offrir de sacrifice, car le lieu même où le sang était offert était entre les mains des ennemis. Qu'est-ce donc que Sion? C'est la grâce royale, souveraine. C'est Dieu qui intervient et qui ramène l'arche et la place en Sion. C'est la grâce triomphante en puissance, accomplissant toutes les promesses lorsque Israël avait failli.

Dans ce passage du chapitre (versets 22-24), nous trouvons toutes les parties de la gloire milléniale; le fruit complet des conseils de Dieu concernant Christ.

D'abord, nous avons la montagne de Sion, la grâce pleine, royale; puis la cité céleste, Jérusalem, la capitale céleste du royaume et la multitude innombrable des anges, — l'assemblée universelle, toute l'armée du ciel. Ensuite l'Esprit met à part ce qui est le plus privilégié parmi cette foule — l'assemblée des premiers-nés — ceux qui sont avec nous unis à Christ. Puis Dieu, Juge de tous; et l'apôtre lui donne ce caractère, parce qu'il est en rapport avec le déploiement de sa gloire; les esprits des justes consommés, — les saints de l'Ancien Testament qui avaient accompli la course, mais n'étaient pas encore glorifiés — qui n'avaient pas encore reçu leurs corps. L'Esprit revient ensuite sur la terre, pour parler de la nouvelle alliance par le sang criant de la terre: «A Jésus, médiateur de la nouvelle alliance», parce que c'est par la nouvelle alliance qu'Israël est introduit alors; «le sang de l'aspersion» etc. La terre a reçu le sang de Christ, comme elle a reçu celui d'Abel; mais maintenant étant arrivé sur le terrain de la grâce, ce sang prononce de meilleures choses que celui d'Abel.

C'est ainsi que nous avons ici tous les conseils de Dieu pour la glorification du Christ: — la montagne de la grâce souveraine, la cité céleste, l'armée céleste, l'Assemblée de Dieu, Dieu Lui-même, les Juifs établis dans la nouvelle alliance, Jésus, qui en est le médiateur, et son sang qui parle de paix. C'est là que je suis amené, c'est pourquoi je dois prendre courage. «Vous êtes venus». Ce n'est pas de l'espérance seulement. Si je suis rejeté sur l'espérance, je suis rejeté sur les efforts; mais je ne suis pas rejeté sur l'espérance, car je possède. Je possède, il est vrai, au milieu de l'épreuve; mais regardez à tous ces témoins, ou plutôt à Jésus «qui, à cause de la joie qui lui était proposée, a enduré la croix, a méprisé la honte», etc. Nous sommes en relation avec tout cela, non pis seulement familiarisés par la foi, mais nous y sommes associés d'une manière vivante. C'est là qu'est la force; car nous sommes venus à ce qui ne peut être ébranlé. La grâce nous a conduits à tout ce qui se rattache au déploiement des conseils de Dieu pour la glorification de Christ.

Le Seigneur voit qu'il nous est nécessaire d'apprendre ce que nous sommes; mais du moment où nous avons Jésus, nous possédons la force de Jésus et un objet. Rejetez tout fardeau. Comment le puis-je? dira l'âme; il vous est facile de parler ainsi, vous qui n'êtes pas chargé. Mais pourquoi ces choses ont-elles cette puissance? Parce que vous y mettez voire coeur au lieu de le mettre sur Jésus. Quand le coeur est fixé sur Jésus, elles perdent leur puissance. Ne méprisez pas le châtiment, il est nécessaire; il y a quelque chose à faire en nous, mais ne soyez pas découragés, car c'est l'amour qui agit.

Ce qui repose le coeur, c'est la merveilleuse grâce qui est sans cesse occupée de nous — de toute notre folie et de nos manquements. La grande affaire, c'est d'être avec Jésus, et non pas seulement de courir à Lui quand nous avons commis une faute. Nous pourrions alors ne pas le trouver tout de suite. Si nous sommes restés éloignés pendant longtemps, nous passerons par des exercices avant d'être restaurés. Mais soyez avec Christ; c'est là qu'est la puissance pour rejeter toutes les difficultés. Tenez-vous près de Jésus pour lui-même, et alors vous le posséderez pour toutes choses.