1 Samuel 8-13

Saül, nous offre un exemple, à la fois triste et solennel, de la possession d'un don qui n'est pas accompagné de la vie pour Dieu; d'un don versé dans un vase non purifié, non sanctifié. Le roi Saül était le fruit du coeur révolté d'Israël. Ce fut l'abandon qu'ils firent du Seigneur qui le suscita, et en conséquence, si je puis m'exprimer ainsi, le Seigneur et Samuel étaient dans le secret quant à l'espèce de roi que serait Saül (chapitre 8). Il ne pouvait pas être un homme selon le coeur de Dieu, puisqu'il était le fruit du coeur et des désirs du peuple. Il en est autrement de David: lui était le don de Dieu au peuple, et procédait de Dieu lui-même.

Saül cependant est donné au peuple selon le désir de l'homme; il est dûment oint et doué et changé en un autre homme; c'est-à-dire qu'il est fait un instrument, don de Dieu, un vase propre pour le service d'Israël (chapitre 9). Son élévation au royaume est constatée par la bouche des témoins et par des signes, après quoi il est appelé à agir selon que l'occasion l'exige, et à obéir à la parole du Seigneur (chapitre 10: 7, 8).

C'est ainsi qu'il est placé sur la scène. Mais il n'y a chez Saül aucun exercice de conscience; point de pieuse acceptation de sa place sous la main et l'autorité de Dieu, rien qui indique un changement dans «le sens» ou dans «les goûts» de la nature; tout ce que nous avons en lui, c'est un vase rempli, un instrument doué de dons.

Une occasion se présente qui fait appel à Saül. Nakhash l'Ammonite a porté un défi insolent contre Jabès de Galaad et contre tout Israël (1 Samuel 11: 1); c'était précisément une occasion comme celle-là qui réclamait l'intervention du don de Saül. Il se met à la tête d'une armée sous la puissance de l'Esprit; il combat l'ennemi et abaisse l'orgueil du roi de Hammon.

Le peuple est dans l'enthousiasme; il veut aussitôt tirer vengeance des hommes qui avaient auparavant méprisé le fils de Kis, car le don qui était dans la main de Saül avait été profitable aux enfants d'Israël en les délivrant d'un insolent oppresseur, et ils se réjouissent dans le roi. Ils s'abritent sous son ombre pour être à couvert, se souciant peu que l'ombre soit celle d'une ronce ou d'un cèdre.

Mais Samuel n'a pas la même pensée. Ce vain exercice d'un don, ce déploiement de puissance n'est pas ce qui le satisfait. Sans doute, il reconnaît la délivrance, et l'onction de la main qui l'a accomplie; mais il n'est pas tout à la joie comme le peuple. Il y a un coeur châtié en lui; il ne peut pas ne pas se souvenir de quel rocher ce roi avait été taillé; il ne peut pas oublier la parole du Seigneur à son sujet, non plus que ne pas discerner le caractère tout entier du moment présent. C'est pourquoi il avertit les enfants d'Israël et leur parle, en leur donnant à entendre qu'ils feraient bien de modérer leur triomphe. Le don de Saül avait été manifesté en effet, mais Saül lui-même n'avait pas encore été manifesté en effet, mais Saül lui-même n'avait pas encore été éprouvé. Une occasion avait mis à l'épreuve le don, mais le commandement de l'Eternel n'avait pas encore éprouvé le coeur du roi. C'est pourquoi la joie de Samuel est remise à plus tard (chapitre 12). Mais le moment du commandement arrive et «la parole du Seigneur» éprouve Saül. C'était l'obéissance de Saül à l'Eternel et non pas le don qu'il avait reçu dans l'Esprit, qui devait maintenant être mise à l'épreuve (chapitre 13: 8-12).

C'était un moment bien sérieux; j'en ai le sentiment moi-même en m'en occupant ici. Le vase avait dépensé le trésor qui lui avait été confié; mais qu'est-ce que le vase était par lui-même? Où en était le coeur du roi devant Dieu? Sa main, par la sagesse, et la puissance de l'Esprit, avait soumis les Ammonites; mais lui-même est-il réduit à l'obéissance de son divin Seigneur?

Telle est la question maintenant: Saül avait tenu tête à l'ennemi dans le gouvernement du peuple; mais la parole du commandement doit manifester maintenant où il en est quant à Dieu.

C'est là une question bien solennelle. Le don peut dépasser la grâce, comme la forme peut exister sans la puissance. Le coeur de Saül est vide, hélas! quant à Dieu, bien que sa main ait fait valoir son talent à l'admiration des hommes! Que le Seigneur nous donne de prendre garde à ceci.

Aux jours du Nouveau Testament, les Corinthiens «ne manquaient d'aucun don» (1 Corinthiens 1: 7); cependant il y avait chez eux un grand relâchement moral, et ils avaient besoin de «ceindre» leurs reins de nouveau dans la vie et l'énergie de la piété personnelle. L'amour du bien-être, l'indulgence pour soi-même à bien des égards, les habitudes d'une vie corinthienne, prédominent assez de nos jours.

Paul avec ses dons était différent du Corinthien avec ses dons. Paul asservissait son corps tandis qu'il prêchait à d'autres, son don ne se trouvait pas dans un vase corinthien, et comme il dit à Timothée de faire, nous pouvons être assurés qu'il s'exerçait lui-même à faire: «Sois attentif à toi-même et à l'enseignement, persévère en ces choses, car en faisant ainsi tu te sauveras toi-même et ceux qui t'écoutent» (1 Timothée 4: 16). Balaam a prophétisé; Caïphe, le souverain sacrificateur, a prophétisé également; également, Saül aussi et il avait le don d'un roi. Tous ont été «dans l'Esprit» et sous l'onction, mais ils étaient des vases souillés. — Tout cela est bien sérieux, et peut trouver son application morale de nos jours.

L'exemple de Saül nous montre aussi, dans ces chapitres, qu'il peut y avoir des exercices attrayants de la nature, qui cependant ne doivent inspirer aucune confiance. Saül reconnaît qu'il n'est rien, quand Samuel lui parle du royaume; il était peu de chose à ses propres yeux, alors; quand on jetait le sort, il se cachait au milieu des bagages; aux jours de sa victoire, il ne veut pas que l'on touche à aucun de ses adversaires. Mais avec tout cela, il n'y avait aucun principe d'obéissance en lui, aucune soumission de coeur à Dieu.

C'est un tableau solennel en effet — un don magnifique dans un vase impur! un grand étalage d'affection sans un coeur soumis!