La prière du chapitre 3 de l'épître aux Ephésiens comparée à celle du chapitre 1

Le chapitre 1 de l'épître aux Ephésiens nous fait connaître notre position en Christ. Il ne faut pas perdre de vue cette place que Dieu nous a faite devant lui en Christ; il ne faut pas la laisser ébranler ou rabaisser. J'apprends par elle que tout ce que j'étais, comme le vieil homme, n'existe plus pour la foi: je vois que je suis mort et que ma vie est cachée avec le Christ en Dieu. Dans la chair il n'existe point de bien; il n'y a que du péché, de la propre volonté, des convoitises qui m'éloignent de Dieu; mais je crois le témoignage de Dieu, et je vois que Christ est mort et que, par sa mort pour les péchés et au péché, Dieu a mis fin pour la foi à tout le vieil homme mauvais. Ensuite, mon moi, le vieil homme, ayant pris fin ainsi, Christ devient en moi l'homme nouveau, et je suis placé dans la présence de Dieu comme en Christ lui-même, ayant le droit de regarder mon vieil homme comme n'existant plus. Telle est ma place et ma position devant Dieu: ce n'est pas seulement que le péché est ôté, mais ma position devant Dieu est la conséquence de ce qu'il est ôté.

Ce n'est pas tout, car je sais que non seulement je suis en Christ; mais aussi Christ est en moi. Ces deux choses ne peuvent pas être séparées; mais elles sont toutes différentes. L'une exprime quelle est ma position, l'autre quel est mon état. Le Seigneur lui-même, avant de quitter le monde, dit: «En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous» (Jean 14: 20): Christ en effet m'a introduit dans la position, et c'est d'elle que traitent les chapitres 1 et 2 de l'épître aux Ephésiens. Christ est envisagé comme ayant été couché dans la mort, mais comme étant ressuscité maintenant, et nous sommes ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes en Lui (2: 6) Nous sommes là, et telle est notre position en relation avec «le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ» (1: 17). Mais au chapitre 3, verset 14, nous entendons Paul s'adresser au «Père de notre Seigneur Jésus Christ». Au chapitre 1 aussi nous lisons: «afin que nous soyons à la louange de sa gloire» (verset 12); tandis qu'au chapitre 3, verset 16, l'apôtre fonde sa prière sur «les richesses de sa gloire». Dans le chapitre 1, Dieu est appelé «le Père de gloire» (verset 17); au chapitre 3, la position est considérée comme une affaire réglée; mais il y a quelque chose de plus: «Afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit dans l'homme intérieur». Ici il s'agit d'un état, non d'une position. Nous ne demandons pas à Dieu de nous ressusciter: c'est un fait accompli et c'est notre position. Mais au chapitre 3, l'apôtre demande à Dieu de faire quelque chose, c'est-à-dire de faire que, selon les richesses de sa gloire, nous soyons «fortifiés en puissance par son Esprit». L'état de l'âme doit répondre à la place à laquelle elle a été amenée: «De sorte que le Christ habite dans vos coeurs par la foi et que vous soyez fondés et enracinés dans l'amour, afin que vous soyez capables de comprendre, avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l'amour du Christ, lequel surpasse toute connaissance; afin que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu» (3: 17-19).

Je sais que Christ est en moi et moi en Lui; mais cela ne doit pas me suffire sans la conscience que je jouis de lui. «De sorte que le Christ habite dans vos coeurs», est une prière qui concerne un état; ce n'est pas la déclaration d'une position. Ce à quoi nous avons à veiller, c'est à ne pas ébranler la vérité quant à la position; mais à appliquer le privilège de la position au jugement de l'état.

Ainsi, si vous dites que vous avez communion avec le Père et le Fils, je dis: Eh bien, venez; voyons. Ne vous voyais-je pas, il n'y a qu'un instant, vous amuser d'une folie dont vous étiez témoin? N'était-ce pas là être en communion avec un fou? Ainsi la position sert à juger l'état; et c'est ici que l'intercession de Christ intervient et lie la perfection de la position avec l'état. Puis-je avoir une meilleure place et une meilleure position qu'en Christ? Je suis juste comme Lui est juste. Mes péchés sont tous ôtés. — Et maintenant? — J'ai été amené dans la lumière comme Dieu est dans la lumière. — Cependant vos péchés?Hélas! oui. Est-ce là la lumière? Non; mais allez-vous me replacer sous la loi? — Non; je vais vous faire reconnaître que vous avez besoin d'un Avocat, auprès du Père, Jésus Christ le Juste, et que vous l'avez (1 Jean 2: 1). L'état de l'âme ne dépend pas de la position mais de la grâce présente.

Si quelqu'un dit: Je suis en Christ et cela me suffit, il est à craindre et même il est probable, qu'il n'est pas en Christ. La personne peut être très au clair quant à la doctrine, mais si elle était réellement en Christ, elle ne pourrait pas être satisfaite sans communion. «La connaissance enfle» (1 Corinthiens 8); mais l'effet d'être dans la lumière, c'est de nous faire apprécier non seulement la place qui nous est faite, mais la communion avec le Père et le Fils (la communion aussi les uns avec les autres, naturellement, mais cette communion est une conséquence de l'autre). La manière selon laquelle la lumière agit, est telle que l'essence même de la condition d'une âme qui est dans un bon état, c'est une dépendance dont l'âme a conscience. Or, je peux faire servir le fait de ce que je suis accompli en Christ à me rendre indépendant. La dépendance implique deux choses: premièrement le sentiment que je ne puis me passer de Dieu en aucune circonstance; et secondement, que Dieu est pour nous. En d'autres termes, il y a la confiance en l'amour et la puissance de Dieu à notre égard, comme il y a la conscience que sans lui nous ne pouvons rien faire.

Voilà pourquoi vous trouverez que l'Ecriture parle toujours de miséricorde quand elle parle d'un homme individuellement ou qu'elle s'adresse à lui ainsi. Quand elle parle à l'Assemblée elle dit «grâce» et rien que «grâce, grâce et paix» (comparez Romains 1: 7; 1 Corinthiens 1: 3; 2 Corinthiens 1: 2; Galates 1: 3; Ephésiens 1: 2; Philippiens 1: 2; etc.). Dans l'épître de Jude seule, nous trouvons: «la miséricorde et la paix et l'amour vous soient multipliés» (verset 2), et plus tard, au verset 21: «attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle», alors que l'Esprit contemple la chute de la chrétienté et que toutes choses marchent rapidement vers le jugement. Aussi les saints sont-ils exhortés ici à se «conserver dans l'amour de Dieu». Ceci se rapporte de nouveau à l'état, et montre que, lorsque la profession chrétienne avait faibli et faillissait, une mesure plus grande de dépendance personnelle était urgente. Du moment où j'introduis ceci, j'introduis la lumière tout entière, et peu à peu mes yeux apprennent à voir clair. Christ est cette lumière, et quand nous avons affaire à lui, nous découvrons la subtilité du mal. Toutefois avec la lumière, il faut la grâce et une dépendance présente.

Sachons trouver notre plaisir dans la dépendance, dans la pensée que quelqu'un qui est au-dessus de nous pourvoit à nos besoins et prend soin de nous.

Que penserions-nous des rapports d'un enfant avec son père et sa mère, alors, que cet enfant dirait: Je n'aime pas avoir affaire avec mon père et ma mère? Ne dirions-nous pas: ce ne sont pas là les sentiments d'un enfant? Vous pouvez avoir une haute opinion de vous-même en étant indépendant, mais, vous n'êtes pas comme l'enfant d'un père.

Au chapitre 3 encore, remarquons-le, ce n'est pas que nous soyons glorifiés avec lui, dont il est question, mais de ce que Dieu soit glorifié. Ainsi au verset 21 nous lisons: «A lui soit gloire dans l'assemblée par le Christ Jésus». Mais cet état est produit parce que Christ habite en nous par la foi: Ce n'est pas une question quant à la position que nous avons en Christ, et il apporte avec lui la pleine bénédiction dans le sens pratique, selon qu'il est dit: «afin que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu». Au chapitre 1, au contraire, il s'agit de ce que Dieu a assujetti toutes choses sous les pieds de Christ, et l'a donné, pour être Chef sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous (1: 22, 23). C'est pourquoi aussi, ce même chapitre 1, nous parle de l'excellente grandeur de la puissance de Dieu envers nous qui croyons selon l'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d'entre les morts (versets 19, 20); tandis que le chapitre 3 nous dit: «Or à celui qui, selon la puissance qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons: …» et cette «puissance qui opère en nous» n'est pas la puissance qui a opéré pour nous dans la résurrection de Christ, en nous ressuscitant avec lui.

Quand le coeur comprend ceci selon ce chapitre 3 de l'épître aux Ephésiens, il est plus en sûreté, plus vigilant quant à lui-même et dans une disposition humble, — en un mot, il est avec Dieu et non pas sans Lui. Je suis parfait, je n'ai besoin de rien, — voilà quelle est ma position en Christ; mais si je veux jouir de la communion, j'ai besoin de Dieu chaque jour et à chaque instant. Si au contraire, je pense à ma position, voici comment les choses se présentent: j'avais des dettes, par exemple; vous les avez payées et vous m'avez donné en outre un capital; j'ai la chose qu'il me fallait, et je n'ai plus besoin de vous sous ce rapport. De la même manière je n'attends pas que Dieu me donne la position dans laquelle il m'a déjà placé devant lui en Christ; mais j'ai besoin de lui pour la communion, et si je trouve en moi une pensée mauvaise, je vais à lui pour trouver la grâce afin d'en être débarrassé! Voulez-vous être parfaits devant Dieu en Christ et ne pas avoir l'ombre de communion? L'oeuvre est accomplie. Si tous vos péchés ne sont pas effacés, ils ne peuvent jamais plus l'être, car Christ ne peut pas mourir une seconde fois; non seulement un sacrifice pour le péché a été offert, mais le péché a été ôté. Voilà ce que j'appelle ma «position», en partie du moins, et cette position est aussi parfaite que Dieu peut la faire. Ce par quoi Dieu a été glorifié est ma place devant lui. Je suis revêtu de la plus belle robe; pour moi, tout est grâce; pour Dieu, c'est sa propre gloire. Mais suis-je pour cela comme un bois mort? N'aurai-je pas de communion? Non seulement il faut qu'il y ait communion, mais votre joie devrait être accomplie. Eh bien, dites-moi en toute simplicité et vérité, votre joie est-elle accomplie? Non. Eh bien! c'est là ce qu'il faudrait qui fût et c'est là ce que nous trouvons à la fin du chapitre 3, c'est-à-dire Christ habitant dans le coeur par la foi, non pas Christ notre vie, quoique ceci soit une précieuse vérité, mais que nous soyons rendus capables de comprendre tous les effets produits par la réalité de cette bienheureuse présence de Christ, par le fait qu'il est en nous ainsi. Quelle étendue infinie de bénédiction! (versets 18, 19). Quand la position est connue, ce n'est encore que le commencement de la vie chrétienne. Si je suis sauvé, je suis dans la maison, mais une fois entré dans la maison, j'ai à apprendre à connaître ce qui s'y trouve. D'abord, il faut que l'âme soit fondée dans ce qui est la substance de toute la vérité; mais si, après, l'âme n'est pas maintenue dans un état qui corresponde à la position, elle pourra faire pis même qu'un incrédule. Le diable peut lui faire tout rejeter pour un temps.