Le service dans le repos

 «Ses serviteurs le serviront» (Apocalypse 22: 3, 4).

Tout ce que nous lisons dans ces versets indique les bénédictions abondantes et remarquables qui résulteront de l'établissement du royaume de Dieu, sur la terre. Chacune des bénédictions qui y sont mentionnées rappelle l'amour, la grâce et la gloire, dont, selon ses conseils éternels, il plaira à Dieu de combler ses bienheureuses créatures. Des jugements terribles signaleront l'inauguration de ce règne de joie et de gloire, mais ce qui en sera le résultat s'harmonisera en tout avec le bon plaisir de Dieu. Non, toutefois, que cet état de bénédiction soit aussi excellent que celui indiqué au chapitre précédent (21: 1-5); car alors, Dieu sera tout en tous; c'est l'état éternel. Il n'y aura plus de malades à guérir, comme ici, où les feuilles de l'arbre de vie sont encore employées pour la guérison des Gentils.

Or, ce qui me préoccupait, à propos de ces versets, c'est l'idée qu'un service aurait lieu dans le repos: «ses esclaves le serviront»; — comment cela pourra-t-il être? Ordinairement, quand il s'agit du repos qui est réservé au peuple de Dieu, l'esprit est plein de cette pensée que le repos consiste dans la cessation complète de tout travail, de toute peine. Assez fréquemment même, en parlant des affaires et du train de la vie, on entend dire: cela finira bientôt et alors nous jouirons du repos! Dans un sens cela est très vrai; mais ici, nous avons un service — une occupation au sein du repos. Il y a, dans ce fait, une grande bénédiction pour nous, en ceci, qu'il fait ressortir le contraste entre la nature de notre travail actuel en tant qu'hommes descendant d'Adam, et celle du travail des saints glorifiés.

En conséquence de la chute de l'homme, le travail n'eut plus pour lui le même caractère; ce n'était plus un plaisir, mais un jugement. La peine, non les délices d'Eden, fut sa portion sur une terre désormais maudite, produisant des épines et des chardons; et cet état de choses durera aussi longtemps que cette création est au pouvoir de l'Usurpateur. Pour le pauvre enfant d'Adam, amené par la foi, par la grâce, à Christ, il y a, sans aucun doute, un changement apporté à sa condition d'homme assujetti au travail par le juste jugement de Dieu, en ce sens que, tout en étant laissé, quoique croyant, sous la loi du travail et de la peine, le travail n'est plus pour lui que l'occasion de montrer sa soumission et son obéissance à Dieu. Agissant dans cet esprit, le châtiment infligé à l'homme revêt un caractère nouveau, par lequel la porte est ouverte au coeur régénéré, pour éprouver une jouissance inconnue de l'homme déchu: celle d'obéir à Dieu.

Dans le repos et la gloire à venir, le service qui sera réalisé dépendra d'une autre cause que celle en conséquence de laquelle l'homme fut assujetti au travail et à la peine qui l'accompagne; cette cause est la rédemption! — Par elle, le croyant entre dans une nouvelle manière d'agir à tous égards; il trouve là la source des motifs de sa nouvelle vie, qu'il s'agisse de choses terrestres ou de celles qui ont rapport au ciel. Ce n'est plus servilement que le chrétien agit, mais dans l'amour, aussi est-il écrit: «que tout ce que vous faites se fasse dans l'amour». C'est ainsi que le chrétien a le privilège de réaliser ce qui est normal, c'est-à-dire, ce en quoi le péché n'entre pour rien. Telle a été la vie de Christ, l'homme parfait, ici-bas; son amour pour Dieu était le constant mobile de tous ses actes, aussi bien en travaillant comme charpentier, que dans son ministère public. C'est la voie dans laquelle, par grâce, nous entrons, bien que, comme tous les autres membres de la famille humaine nous soyons matériellement assujettis au travail et à toutes les difficultés qui en sont l'effet. Toutefois, les motifs qui gouvernent les hommes (il en devrait toujours être ainsi) ne sont pas ceux qui gouvernent le chrétien; et c'est pourquoi il est moralement au-dessus de ce qui a été imposé à l'homme.

Il y aurait bien certainement pour nos coeurs une plus grande — plus réelle jouissance, si nous agissions toujours ainsi. Sans doute notre peu d'expérience à cet endroit peut laisser apparaître des impossibilités à réaliser une telle marche souvenons-nous de cette parole de Jésus: «toute chose est possible à celui qui croit». Agir dans l'amour est le principe propre du chrétien; c'est par lui qu'il entre dans la voie de Dieu et qu'il peut dès maintenant réaliser le travail de l'amour qui se poursuivra dans la gloire. Là, on le comprend sans peine, le service sera d'un genre différent; ce ne sera plus «le verre d'eau froide» donné à un petit qui croit en Christ; mais le principe en sera le même. Voilà comment a été réconciliée avec mon esprit, la pensée, de prime abord inadmissible, d'un service — d'un travail dans le repos.

Quelle chose bénie ce sera donc pour nous, d'avoir l'insigne honneur de servir Dieu à toujours! Quelle joie et en même temps quelle gloire d'être là, servant le Seigneur et le trouvant, lui-même, ceint pour servir, et servant les siens! car Il se ceindra, et les faisant mettre à table, Il les servira (Luc 12). La perspective assurée d'être dans le repos et d'y être en pleine activité de service, et d'un service que n'accompagneront ni ennuis, ni peines, ni détresses, mais qui ajoutera encore au bonheur «d'être avec le Seigneur» — «de voir sa face et d'avoir son Nom sur le front»; quelle perspective! Quelles ineffables délices! — que dans sa bonté, Dieu, nous donne de revêtir, d'une manière plus intelligente et plus pratique, le caractère de serviteur! — serviteur de Dieu dans les choses ordinaires de la vie, aussi bien que dans les choses spirituelles; quelle grâce, quel soulagement pour le coeur! — Etre serviteur à toujours. — en prendre la marque (Exode 21: 6), est la preuve, que l'on est content du maître que l'on sert. Que notre manière de servir le Seigneur montre qu'il en est ainsi de nous-mêmes!