Sur la discipline et le dépouillement de soi-même

ME 1869 page 18 

Ce qui manquait à Pierre n'était ni la sincérité, ni l'amour de Jésus; il y avait chez lui ces deux choses; mais il n'était pas dépouillé de lui-même. Lorsque ce dépouillement se fait par le jugement de soi-même, il n'est pas toujours nécessaire que l'âme soit livrée à de si rudes épreuves; mais lorsqu'on ne se juge pas, il faut être dépouillé de soi par des expériences plus pénibles. Dieu supporte quelquefois pendant longtemps le manque de dépouillement de soi chez les siens; mais si le renoncement et le dépouillement ne se font pas, tôt ou tard, il faut y arriver par des moyens plus pénibles. C'est toujours une oeuvre de grâce, quoique de l'Ennemi, comme instrument, comme «l'écharde dans la chair» de Paul. Un reniement de soi-même dans le plus petit détail vaut mieux que beaucoup de progrès dans la connaissance sans ce renoncement. Quand Dieu commence l'oeuvre de dépouillement, il ne retire pas sa main jusqu'à ce que son oeuvre soit faite: — il en a été ainsi de Job. La justification, en tant que connue dans l'âme, n'est jamais solide, ni la grâce fermement connue non plus jusqu'à ce que nous soyons dépouillés de nous-mêmes. Nous aimons naturellement à paraître; mais Dieu nous fait sentir que tout cela ne vaut rien, que Christ est tout, que nous sommes justifiés gratuitement, et bien d'autres choses; il veut nous faire sentir, non que ces choses sont vraies, mais que nous en avons besoin, — que les posséder comme connaissance ne vaut absolument rien, que ce n'est que de la fumée dans les narines pour l'âme, une angoisse, de les savoir si nous ne sommes pas du Christ. Que Dieu nous fasse sentir cela, n'est pas une preuve qu'il ne nous aime pas; c'est la preuve du contraire. S'il nous laissait contents de notre connaissance, ce serait ne pas nous aimer; et s'il nous laissait sentir son amour et sa joie pendant l'opération, ce serait tout gâter; nous ne serions pas dépouillés de nous-mêmes par l'amertume de notre expérience. Il faut que l'oeuvre de Dieu se fasse; et jusqu'à ce qu'elle soit faite, Dieu peut soulager par moments, mais on n'a pas de paix solide. Le Seigneur n'a jamais reproché à Pierre son péché, mais il a conduit son coeur au point de départ. Pierre avait dit: Si tous te renient, moi je ne te renierai pas. Jésus lui dit: M'aimes-tu plus que ne font ceux-ci? Quelle sonde terrible que ces paroles! Au lieu de pouvoir en appeler à des preuves de son amour, Pierre doit faire appel à la connaissance divine de Jésus! Ce n'est pas que tout ne soit pas pardonné, mais Dieu veut nous réconcilier avec Lui, nous placer dans des rapports vrais et réels avec Lui. Quel bonheur! Et il fait ce qui est nécessaire pour cela; et il sait ce qu'il faut: il est bon médecin, quoique la médecine soit amère; et il n'y a que juste celle-là, et parce qu'elle est amère de cette manière-là, qui puisse guérir dans certains cas. Christ assaisonne la parole à celui qui est accablé de maux, parce qu'il a passé par tout ce par quoi nous passons et par bien plus, afin que nous en profitions maintenant. Quelle révélation les Psaumes nous fournissent de la manière dont Christ est entré dans l'affliction d'autrui, «dans toute leur affliction». — On voit en Pierre que le manque de dépouillement de soi-même peut revêtir la forme de dévouement, et cela, là où il y a la plus profonde sincérité et où Dieu a enseigné. Mais il faut que Pierre soit criblé, et d'autant plus qu'il est ministre et que Dieu veut se servir de lui.