Jésus, le Sauveur des péchés

Récit de l'expérience d'un chrétien  - ME 1869 page 47

Je crois glorifier la grâce de Dieu en racontant de quelle manière le Seigneur a agi envers mon âme, surtout pour ce qui regarde la merveilleuse délivrance du pouvoir et de la domination du péché, délivrance qui est en Jésus.

Ma conversion fut positive et évidente. Après de longues années d'efforts accomplis sous la loi, dans lesquels je recourais en vain à tous les moyens imaginables pour gagner la faveur divine et le pardon de mes péchés, je fus amené à voir mon entière impuissance et à me confier entièrement en Christ seul pour être sauvé. Je crus au témoignage que Dieu rend de son Fils; je vis que Jésus avait répandu son sang pour moi, et je trouvai dans sa mort tout ce dont j'avais besoin pour être réconcilié avec Dieu. Je sus que j'étais né de nouveau, que j'étais un enfant de Dieu, héritier d'un glorieux héritage et depuis lors je n'ai jamais eu un instant de crainte au sujet de mon acceptation auprès de Dieu, ni de doute sur la vie éternelle qui m'était dès à présent donnée.

Le Seigneur, dans sa grâce, m'initia peu à peu à la connaissance de beaucoup de vérités. L'éducation sévère que j'avais reçue parmi les Quakers, avec lesquels je marchais alors, m'avait déjà séparé, dans une grande mesure, des coutumes et des amusements du monde, et toutes mes pensées se concentraient sur la doctrine de Jésus, comme sur le seul objet réellement digne d'attention et de sérieuse préoccupation. Les enseignements de la Bible se développèrent les uns après les autres devant mes recherches actives et je voyais combien ma position judiciaire en Christ était parfaite, et parfaite aussi ma justice devant Dieu en Lui. Je me réjouissais à la pensée de la seconde venue du Seigneur et j'avais saisi ma position dans les lieux célestes comme ressuscité avec Christ et assis là avec Lui. Les types de l'Ancien Testament étaient pour moi un sujet d'études profondes et de grandes jouissances, et la vérité dispensationnelle m'était devenue familière et m'intéressait vivement. Bien des vérités pratiques aussi concernant la guerre, le serment, la simplicité du culte, le sacerdoce universel de tous les croyants et le gouvernement du Saint Esprit dans les assemblées des bien-aimés enfants de Dieu, ressortirent pour moi avec une grande clarté des Ecritures, et j'hésitais rarement à agir selon mes convictions de devoir à l'égard de ces choses.

Cependant, malgré tout cela, mon coeur était mal à l'aise. Je ne pouvais pas douter que je ne crûsse en connaissance, mais je ne pouvais pas davantage nier que je ne croissais pas en grâce, et au bout de huit années de vie chrétienne, je fus forcé de reconnaître avec douleur que je n'avais pas même autant de pouvoir contre le péché que lors de ma conversion: en face de la tentation j'étais la faiblesse même. Ce n'était pas ma marche extérieure qui m'affligeait, quoique maintenant je voie qu'elle était bien loin de ce qu'elle aurait dû être; mais ce qui me troublait, c'étaient les péchés de mon coeur. Je trouvais là l'indifférence, la mort, le manque d'amour chrétien, la connaissance intellectuelle de la vérité sans aucun effet moral correspondant, des racines d'amertume, l'absence d'un esprit doux et paisible — tous ces péchés intérieurs sur lesquels les enfants de Dieu ont si souvent à gémir.

Bien que n'étant pas sous la loi, mais sous la grâce, je ne pouvais me dissimuler que le péché avait plus ou moins d'empire sur moi, et je sentais que je n'atteignais pas à la mesure que place devant nous la Parole de Dieu. Celle-ci nous montre la vie du chrétien comme étant une vie de victoires et de triomphes, tandis que ma vie en était une de chutes et de défaites. Les commandements qu'elle nous donne d'être saints, conformes à l'image de Christ, irrépréhensibles et purs, des enfants de Dieu sans reproche, m'apparaissaient comme autant de moqueries, tellement je trouvais impossible quant à moi, de jamais arriver à une pareille hauteur; je faisais beaucoup d'efforts pour y parvenir, mais je n'étais ni satisfait ni heureux.

Même la certitude que j'avais, à travers tous mes manquements, que Dieu m'aimait et qu'il m'avait reçu à lui pour l'amour de son Fils bien-aimé, ne faisait qu'ajouter à mon fardeau, car la conscience d'être un fils sans que l'on soit en état de se conduire comme un fils, ne peut qu'être une source d'amer chagrin. Je passais quelquefois par de véritables angoisses dans mes luttes pour amener un autre état de choses; je formais des résolutions, je priais, je m'efforçais, je combattais, je m'excitais moi-même jusqu'à penser que ce que je possédais de plus précieux sur la terre ne pourrait continuer à m'appartenir qu'autant que j'arriverais à une marche plus fidèle et plus dévouée. Quand la maladie s'attaquait à quelques-uns de ceux que j'aimais, que de voeux je faisais dans le plus profond de mon âme de servir Dieu désormais d'un coeur entier, s'il voulait épargner la vie de ces êtres si chers! Mais tout était vain, et même me semblait-il, pire que vain! Quand je voulais «pratiquer le bien, le mal était avec moi», et je ne voyais d'espoir de délivrance que dans la mort qui, en détruisant ce «corps de péché» auquel j'étais enchaîné, briserait ainsi le joug de mon esclavage.

Quelquefois une nouvelle lumière sur la vérité de Dieu dans la Parole semblait m'élever pour un temps au-dessus de la tentation et me rendre plus que vainqueur; et j'étais heureux à la pensée qu'enfin j'avais trouvé le secret de vivre et que désormais mes chutes continuelles seraient transformées en constantes victoires. Mais bientôt, quand la vérité dans laquelle je m'étais réjoui m'était devenue familière, je sentais avec douleur qu'elle semblait perdre sa puissance et je demeurais aussi misérable qu'auparavant et même plus, car ma responsabilité, devenue plus grande par ma plus grande connaissance, me plaçait sous un plus sévère jugement.

Il y avait encore une autre chose qui me troublait. J'avais appris, et je trouvais aussi dans la Bible, qu'il m'était donné de savoir que le Saint Esprit habitait en moi pour me conduire et me diriger et je croyais qu'en effet il habitait en moi; mais en même temps je sentais que, pratiquement, son enseignement m'était peu connu et que je n'avais aucune conscience de sa présence. Toutefois, que le privilège de le connaître ainsi devait être d'un prix inestimable, je le comprenais toujours mieux à mesure que je découvrais combien ma sagesse et mon jugement propres étaient impuissants pour me guider dans le bon chemin, et que je reconnaissais que ce n'était que lorsque l'Esprit accompagnait mon service et lui donnait de l'énergie, qu'il y avait du fruit. Mais ici encore tous les efforts que je faisais étaient infructueux et je demeurais plongé dans une perplexité et des ténèbres toujours croissantes.

Il y avait des moments où j'étais porté à croire que tous les chrétiens n'étaient pas comme moi, que la vie de plusieurs d'entre eux avait un degré de dévouement et de profondeur de communion, auxquels je demeurais étranger, et je me demandais quel pouvait être leur secret; mais supposant qu'il ne pouvait consister qu'en une vigilance plus stricte et plus continue, je ne voyais d'autre moyen que de redoubler d'efforts et de rentrer dans cette même voie de luttes et de combats pour n'y rencontrer que les mêmes tristes mécomptes.

Telle était ma vie; et malgré une grande apparence de sérieux et de dévouement au service du Seigneur, je sentais qu'elle était une banqueroute. Souvent je me disais que si c'était là tout ce que l'évangile de Christ avait pour moi, c'était une cruelle déception; car bien que je ne doutasse jamais que je fusse un enfant de Dieu, pardonné et justifié, possesseur de la vie éternelle et héritier d'un héritage céleste, cependant, quand mon coeur me condamnait — ce qui était presque constamment le cas — je n'avais aucune confiance en Dieu et je n'étais pas heureux. Le ciel même semblait perdre son attrait pour ce coeur qui était loin de Dieu.

Je commençai à soupirer après la sainteté, et à gémir sur l'esclavage du péché sous lequel j'étais retenu; tout mon être languissait après une entière conformité à la volonté de Dieu et une communion non interrompue avec lui. Seulement j'étais tellement convaincu que ni efforts, ni résolutions, rien enfin de ce qui était fait dans ma force propre, ne me servirait, et j'étais en même temps tellement ignorant d'aucun autre chemin, que je fus sur le point de m'abandonner au désespoir.

A ce moment de l'extrême besoin, Dieu me mit en rapport avec des chrétiens dont l'expérience paraissait bien différente de la mienne. Ils déclaraient avoir trouvé un chemin de sainteté dans lequel, tant qu'on y demeure, on ne rencontrait ni chutes, ni défaites, mais où l'on était plus que vainqueur par Christ. Je leur demandai leur secret et ils me répondirent qu'ils renonçaient simplement à tout effort fait dans leur propre force et se confiaient en Jésus Christ.

Je n'oublierai jamais l'étonnement où me jeta cette réponse. Comment, leur dis-je, vous voulez dire que vous avez renoncé à tout effort de votre part dans, votre vie de chaque jour, et que vous ne faites que vous confier en Jésus? Est-ce qu'il vous rend donc véritablement vainqueurs?

— Oui, me répondirent-ils. Jésus fait tout. Nous nous abandonnons à lui; nous n'essayons pas même de vivre notre vie; nous demeurons en lui, et il vit en nous. Il opère en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir et nous nous tenons en repos.

La possibilité d'une pareille vie fut pour moi comme une révélation, mais l'idée en était trop nouvelle et trop étrange pour que je pusse la saisir. Je n'avais jamais pensé à Christ comme étant un Sauveur dans le sens dans lequel j'entendais ici parler de lui. J'avais compris, il est vrai, qu'il m'avait donné la vie comme un don gratuit, sans que, de mon côté, j'eusse rien pu faire que croire et recevoir; mais la pensée qu'il pourrait vivre ma vie pour moi, de la même manière, surpassait tout ce que j'étais capable de concevoir. J'avais appris à me confier en lui pour le pardon de mes péchés, mais pour triompher de mes péchés, je m'étais toujours confié en moi-même. J'avais discerné la funeste erreur du légalisme quand il s'était agi de ma rédemption, mais j'étais complètement sous la loi dans mes pensées relativement à une vie habituellement sainte; et jamais, l'idée ne m'était venue de me confier sur Christ à cet effet; je ne savais comment m'y prendre.

Je me remis donc à l'oeuvre avec plus d'ardeur que jamais. Toujours de nouveau je tâchais de me consacrer entièrement à Dieu. Je cherchais à lier ma volonté avec des chaînes de fer et à l'offrir à Dieu comme un sacrifice saint. Je passais des nuits entières à lutter avec Dieu dans la prière pour qu'il me bénît comme il avait béni ces frères en Christ. En un mot, je faisais tout sauf la seule chose nécessaire. Je ne pouvais pas croire; je ne me confiais pas et tout le reste était inutile; pas tout à fait cependant, car j'appris ainsi d'une manière évidente et sensible que, par moi-même, je n'avais aucune force. J'aurais pu déjà le savoir; j'aurais le savoir, car Dieu, dans sa Parole, nous le révèle pleinement. Il nous enseigne toujours et de mille manières différentes que nous ne sommes rien, et que Christ est tout; malheureusement c'est une leçon que nous sommes très lents à apprendre et le moi était si puissant dans mon être qu'il me fallut une longue et pénible discipline avant d'en avoir fini avec lui.

A la fin cependant je vis clairement que par moi-même je n'étais et ne pouvais rien, et que j'avais besoin de Christ aussi bien pour ma vie de chaque jour que pour me donner «la vie». Je compris que j'étais tout aussi incapable de me gouverner moi-même et de tenir en bride ma langue pendant cinq minutes, que je l'avais été pour convertir mon âme, et qu'une entière consécration à Dieu ne m'était possible qu'autant que Dieu lui-même l'accomplirait en moi. En somme je discernai la vérité si simple, que j'aurais dû connaître depuis longtemps, c'est que sans Christ — non pas seulement sans son secours, mais sans Lui-même — sans Lui, je ne pouvais rien, absolument rien. Je vis que tous mes efforts, bien loin de m'aider, n'avaient fait qu'entraver l'oeuvre; que j'avais méconnu la grâce de Dieu et cela aussi réellement que le ferait un pécheur qui chercherait à sauver son âme par sa propre force; car «si la justice est par la loi» (si elle pouvait être obtenue par des oeuvres aussi légales que celles-ci) «Christ est mort en vain». Et je renonçai pour toujours à toutes mes tentatives.

Je me mis alors à sonder les Ecritures pour voir s'il y avait en Jésus quelque ressource pour répondre aux besoins de mon âme, et je trouvai qu'elles étaient pleines de déclarations à cet égard. J'y lus que le salut, pour lequel Christ a donné sa vie, est un salut parfait, et qu'il peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par lui. Je trouvai qu'il se présentait à moi comme ma vie, et qu'il voulait entrer dans mon coeur pour le posséder en entier et en rendre toutes les pensées captives à lui-même. Je trouvai que non seulement il me permettait, mais me commandait, de demeurer en lui, en m'assurant que, en demeurant ainsi en lui, je produirais en lui beaucoup de fruit et que je ne pécherais pas. Je compris que c'était là vraiment une «bonne nouvelle» qui devait répondre à toute l'étendue de mes besoins; qu'une pareille rédemption devait satisfaire à mes désirs les plus vastes, et je désirai ardemment me l'approprier,

Mais ici je rencontrai encore un ennemi que je croyais vaincu pour toujours: il me semblait que je ne pouvais pas me confier en Jésus; c'était comme si j'avais peur de le faire. Le légalisme avait été combattu et chassé, mais l'incrédulité était toujours là, et menaçait de me fermer l'accès de la terre promise du repos. Quoique Dieu déclarât que le Seigneur Jésus était un Sauveur parfait, capable de suffire à tous mes besoins, jour après jour et heure après heure, je ne pouvais pas croire que cela pût être vrai. Une pareille confiance me paraissait trop grande à placer même en Jésus. — Heureusement que le Seigneur, dans son amour, renversa cette dernière barrière.

Il nous envoya un jeune homme, dont l'âme était envahie par les ténèbres à la suite de doutes au sujet de son salut, et ce fut mon privilège de lui montrer Jésus comme le Sauveur qu'il lui fallait et de lui affirmer la réalité et la perfection du salut qu'il nous a acquis par son sang. En causant ainsi avec lui et en développant l'amour infini de Christ et sa divine puissance pour sauver jusqu'au bout ceux qui viennent à lui, je me sentis repris dans ma conscience à cause de ma propre incrédulité. Pouvais-je, moi, exhorter cette pauvre âme incertaine à se confier en ce Rédempteur, auquel moi-même je refusais ma confiance? Etait-il possible que le Sauveur, qui était tout disposé à pardonner les péchés de l'homme rebelle, ne le fût pas à délivrer de la puissance et de la domination du péché l'âme altérée de celui qui l'aimait et qui désirait ardemment de le suivre? Devais-je, moi, pousser cet homme à croire que ses prières pour obtenir le pardon étaient entendues, quand je ne croyais pas que les miennes pour devenir conforme à l'image de Christ l'étaient ou le seraient jamais? Mon coeur se troubla à la pensée d'une pareille inconséquence, et le dernier obstacle de l'incrédulité fut enlevé. Jésus se révéla à moi comme tellement digne de toute ma confiance que je ne pus faire autrement que de m'abandonner à lui. Il se fit voir à moi comme un Sauveur parfait, complet, présent, et je me remis entièrement entre ses mains, lui disant que je n'avais aucune force, que je ne pouvais ni sentir, ni penser, ni agir un seul instant comme j'étais tenu de le faire et qu'il devait le faire pour moi, qu'il devait faire tout. Je confessai l'impuissance absolue où j'étais de me consacrer à son service, de soumettre ma volonté à la sienne, et je me jetai, pour ainsi dire, à corps perdu dans l'océan de son amour, pour qu'il accomplît toutes ces choses en moi par son opération puissante. Je me confiai en lui entièrement et complètement. Je crus qu'il pouvait me sauver de la puissance journalière du péché avec une foi aussi simple que lorsque je crus qu'il pouvait me sauver de la culpabilité du péché. Je crus à la vérité de cette parole qu'il était ma sanctification, aussi bien que ma justification, et que non seulement il pouvait et voulait me sauver, mais qu'il me sauvait en effet. Jésus devint pour moi un Sauveur actuel et je trouvai enfin le repos, repos qu'aucune parole ne peut décrire: — le repos de tous mes efforts légaux, de toutes mes luttes pénibles, de toutes mes tristes défaites. Le secret de la sainteté me fut révélé et ce secret, c'est Jésus — Jésus qui m'a été fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption (1 Corinthiens 1: 30).

D'abord ma foi fut faible et chancelante. C'était presque en tremblant que je m'attachais à Christ moment après moment, disant continuellement dans mon coeur: «Jésus, je me confie en Toi, je me confie en Toi; Vois, Seigneur, j'ai confiance en Toi»: mais je trouvais, à ma surprise, qu'il me délivrait en effet, que c'était une réalité pratique. Quand la tentation se présentait, je n'essayais pas d'en triompher par moi-même, mais je la transmettais aussitôt à Jésus, en lui disant «Seigneur Jésus, sauve-moi de ce péché, je ne puis pas me sauver moi-même, mais tu le peux et tu le veux, je me confie en Toi». Alors je laissais la chose entre ses mains et il combattait pour moi, tandis que je me tenais en repos. Et Jésus était toujours vainqueur.

De cette manière, ma foi croissait journellement et je fus en état de saisir de plus en plus ce pour quoi j'avais été saisi par Christ. Mon désir était d'atteindre aux dernières limites de la délivrance du péché, délivrance qui m'avait été acquise par la mort de Christ; ce qu'étaient au juste ces limites, soit dans leur étendue, soit dans leur nature, je n'aurais pas su le dire, mais j'abandonnai tout à Jésus. Je ne connaissais pas davantage la signification exacte de ce passage de l'Ecriture, où il nous est dit que le corps du péché est annulé par la croix de Christ, et où il nous est commandé de nous tenir nous-mêmes pour morts au péché (Romains 6); mais je savais qu'il s'agissait de quelque chose qui nous rendrait capables de ne plus servir le péché désormais et de porter des fruits en sanctification; qu'il s'agissait, de plus, d'une chose qui satisferait Dieu et lui serait agréable; et si cela était un résultat de la mort de Christ, je compris que, quoique indigne et vil en moi-même, il m'appartenait à moi d'y avoir part. Je compris en outre que, comme résultat de la mort de Christ, je ne pouvais y entrer que par la foi, et que par conséquent cela m'appartenait du moment où je me confiais en Dieu à ce sujet. Je me confiai donc en lui pour cette chose-là positivement, et moi, même moi, je fus en état de me «tenir moi-même pour mort au péché, mais pour vivant à Dieu dans le Christ Jésus».

C'est ainsi que je fis l'expérience que cette chair, que j'avais appris à connaître comme si entièrement corrompue et incapable d'aucune amélioration, que cette chair pouvait être misé de côté. Je lisais: «Or vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous». Par la foi je savais que l'Esprit de Dieu habitait en moi, et par la foi je pouvais donc m'écrier en triomphe: «J'ai crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises» — «Je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi».

Et je vis qu'il m'était fait selon ma foi. En me tenant pour mort, je vis que pratiquement j'étais mort au péché. En dépouillant le vieil homme par la foi et en revêtant le nouvel homme, je trouvai que j'étais réellement dépouillé de l'un et revêtu de l'autre. Je fus en état, en un mot, de marcher par l'Esprit et de ne pas accomplir les convoitises de la chair. J'entrai dans le repos de la foi, ce repos qui demeure pour le peuple de Dieu et c'est là que je demeure encore. Ce n'est pas qu'il n'y ait des luttes, non! mais ce n'est plus moi qui combats, c'est Christ, et j'en suis arrivé à comprendre la joie qu'il y a à endurer la tentation, sachant que l'épreuve de ma foi produit la patience et sera trouvée tourner à louange, à honneur et à gloire dans la révélation de Jésus Christ.

Et maintenant si l'on me demande quelle est ma vie, je ne puis que répondre, avec un sentiment profond et permanent de mon propre néant, que Christ est ma vie. Auparavant je possédais la vérité relativement à Christ, maintenant je le possède Lui-même! Auparavant je m'efforçais de vivre dans ma nouvelle nature sans me tenir dans une entière et personnelle dépendance de Christ, maintenant je suis uni à lui dans une unité qui est indescriptible, n'ayant d'autre vie que la sienne; perdu et absorbé en lui. Ce n'est pas que je ne quitte quelquefois cette bienheureuse demeure pour marcher de nouveau selon la chair, à mon inexprimable douleur et regret, mais Christ est toujours le même et l'accès jusqu'à Lui par la foi est toujours ouvert; et grâces en soient rendues à Dieu, il est fidèle pour garder ce que je lui ai confié; et il affermit mon âme toujours davantage, fermement et inébranlablement en Lui-même.

Finalement, j'ai aussi compris le secret de l'habitation et de la direction de l'Esprit, mais ceci je ne puis l'expliquer. La voix de Christ dans l'âme ne peut être entendue que de ceux qui demeurent en Lui, et doit être connue par l'expérience pour être comprise; qu'il me suffise de dire que tout ce que je désirais si ardemment est à moi maintenant par la foi, et je suis satisfait.

Tout le passé de ma vie chrétienne me paraît comparativement perdu. J'étais un enfant de Dieu, cela est vrai, mais ma croissance était entravée et ma stature chétive. Maintenant j'ai commencé à croître et il n'y a pas de bornes à ce que l'avenir peut produire. Je suis entré dans la voie de la sainteté, et mon sentier, même le mien, je le crois humblement, sera comme le sentier du juste, dont la lumière resplendissante augmentera son éclat jusqu'à ce que le jour soit dans sa perfection. Ma consécration à Dieu, qui m'avait paru impossible, est devenue toute la joie de mon coeur; je suis consacré non pas à cause de ce que j'ai abandonné, mais à cause de ce que j'ai reçu. Jésus est entré dans mon coeur et en a pris possession et, par l'opération de sa puissance, il s'assujettit toutes choses. Absolument indigne par moi-même, moins que néant, j'ai trouvé en Christ tout ce dont j'ai besoin. Les efforts de toute ma vie, pour devenir saint pratiquement, ont trouvé leur solution en Lui; rempli de Christ, je suis rempli de justice. Demeurant en Lui, la promesse m'est assurée que je porterai beaucoup de fruit. Croire, être dans le repos, demeurer en Lui — telle est ma part; Jésus fait tout le reste.