Le culte chrétien

P.N. ME 1869 page 73

Le culte embrasse tous les actes par lesquels nous exprimons à Dieu le sentiment que nous avons de Lui et de nos rapports avec lui. Ces rapports étant plus ou moins compris, il est facile de concevoir que nos expressions seront plus ou moins adaptées à la réalité de notre position devant Dieu. Le culte chrétien a ceci de distinct, qu'il se base sur la révélation parfaite de Dieu en Jésus Christ et qu'il ne pourra pas avoir lieu à moins que l'homme ne soit soumis à cette révélation, qu'il n'en ait l'intelligence, qu'il ne soit dans la foi et qu'il ne marche dans l'obéissance. Un homme du monde, loin de Dieu, en dehors de la foi, ne peut pas rendre un culte, il lui faut d'abord l'expiation, sans quoi il n'est que pécheur et la présence de Dieu n'est que jugement pour lui; un croyant coupable fait de vains efforts pour le culte, parce qu'il faut d'abord qu'il confesse le péché, afin que sa conscience en soit déchargée, car ce n'est qu'avec un coeur sincère, une foi inébranlable, ayant les coeurs purifiés d'une mauvaise conscience et le corps lavé d'une eau pure, que nous pouvons nous approcher de Dieu (Hébreux 10: 22). Il est impossible d'être agréable à Dieu sans la foi (Hébreux 11: 6); il est également impossible de croire en Dieu sans en avoir entendu parler (Romains 10: 14), et c'est par le moyen de la parole que Dieu se fait entendre. Dieu parle et l'homme doit lui répondre par la foi. Le chrétien a cette intelligence, qui provient de la connaissance de Dieu et de Christ. Voilà, le premier élément nécessaire pour rendre un culte. Nous savons, dit l'apôtre, que nous sommes de Dieu, mais tout le monde est plongé dans le mal. Or nous savons que le Fils de Dieu est venu et il nous a donné l'intelligence pour connaître le véritable (1 Jean 5: 19, 20); et c'est ici la vie éternelle qu'ils te connaissent seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus Christ (Jean 17: 3). Cette intelligence dont l'apôtre parle et cette vie que Jésus donne au croyant sont inséparables de la foi. L'homme charnel n'y comprend rien (1 Corinthiens 2: 14), il faut la foi; il faut la vie «il faut être né de nouveau» (Jean 3: 3). L'homme pécheur est mort dans ses fautes et dans ses péchés, il est tellement plongé dans le mal, qu'il ne saurait s'en retirer, si Dieu n'y avait pas pourvu; ce Dieu ne nous a pas laissés à nous-mêmes; il a rendu témoignage du salut dans la personne de Jésus, comme étant le chemin qui nous conduit à Dieu et qui a ouvert ce chemin pour le pauvre pécheur par le sacrifice de lui-même (Hébreux 10: 20). Dans la loi nous avons la connaissance de ce que l'homme devrait être et de ce qu'il est; elle déclare qu'il est pécheur (Romains 3: 20); dans l'évangile nous trouvons la connaissance de Dieu en Jésus Christ, Dieu est Sauveur. De plus Dieu s'est révélé en Christ comme Père, et celui qui croit n'est pas seulement sauvé, il est enfant de Dieu et il a des privilèges que le monde ne connaît pas (Jean 1: 12; Romains 7: 16; 1 Jean 3: 1, 2); il a des joies, il a des assurances, il a des espérances, que le Saint Esprit déploie devant lui, qui mettent son âme dans un état de bonheur, par lequel il est rendu capable d'être un adorateur en esprit et en vérité.

C'est Dieu, c'est la grâce infinie qui réveille le pécheur, qui lui donne le salut et qui le place finalement saint et irrépréhensible devant Lui-même en amour.

C'est Christ, par lequel tout ceci est rendu possible, Christ qui a fait son oeuvre de rédemption, Christ qui révèle le Père; Christ qui est notre vie.

C'est par le Saint Esprit que ces choses sont appliquées à notre âme, car il est écrit: «Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de notre Dieu» (1 Corinthiens 6: 11).

C'est l'Esprit qui vivifie, c'est l'Esprit qui rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Romains 8: 16).

Aussi la conscience est amenée dans la présence de Dieu et alors il ne s'agit plus, ni de Jérusalem, ni de la montagne, ni de la religion de nos pères. Y a-t-il du mal? on ne craint pas de le confesser, la lumière de la présence de Dieu met tout au jour; on se discerne soi-même, on confesse ses péchés et on trouve que Dieu est fidèle et juste pour pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice, car le sang de son Fils Jésus Christ nous purifie de tout péché (1 Jean 1: 7-9).

Dans le ciel tout est préparé pour nous recevoir; là il y a le Père qui nous aime; là il y a Christ glorifié, pour nous la preuve et la garantie d'un accès parfaitement ouvert, d'un accueil parfaitement agréable; là il y a le sang; là il y a le Juste.

Sur la terre, il y a l'Esprit qui rend témoignage, qui intercède, qui vient à notre secours, qui distribue les dons, qui nous met en liberté.

Bienheureux ceux qui sont ainsi placés, avec un coeur purifié d'une mauvaise conscience, dans la liberté de l'Esprit devant Dieu le Père. Ils rendent grâce, ils sont remplis de la plénitude de Dieu, tout déborde, l'eau jaillit dans la vie éternelle.

C'est d'abord le Père qui cherche de tels adorateurs dans son amour; ensuite c'est Dieu, dont la nature et la majesté en réclament de tels. Il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité.

Une forme quelconque, même la cène, qui est d'une si grande importance pour l'assemblée de Dieu et qui fait si bien partie du culte collectif, ne peut pas remplacer cet état d'âme, dont nous venons de parler; dans la cène nous nous souvenons de Christ, base de toute notre liberté; dans la cène nous annonçons la mort du Seigneur à ceux qui nous entourent, soit auxanges qui contemplent et qui apprennent, soit au monde qui est jugé.

La volonté de l'homme n'y peut faire que du mal, gâter, entraver le courant et contrister l'Esprit.

Si nous vivons par l'Esprit, conduisons-nous aussi par l'Esprit et le culte des enfants de Dieu s'en ressentira bientôt; il sera un culte en esprit et en vérité.