L'évangéliste

1 Thessaloniciens 2: 1-12  ME 1869 page 161

 

L'évangéliste. 1

L'évangéliste. 1

L'oeuvre de l'évangéliste. 4

 

L'évangéliste

Le Seigneur Jésus, étant monté en haut, emmenant captive la captivité, a donné des dons aux hommes. «Et lui a donné les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs» (Ephésiens 4: 8-11). Rien n'est plus marqué bien souvent, que la différence des dons que le Seigneur à dispensés aux siens. Les uns, doués pour l'enseignement, ne sont nullement qualifiés pour l'évangélisation. D'autres sont de vrais évangélistes, qui n'ont que peu ou point d'aptitude pour l'enseignement. Chacun de ces dons s'exerce dans sa sphère particulière: L'évangéliste est occupé dans le monde; celui qui enseigne travaille au milieu des saints. Ainsi, dans l'épître aux Ephésiens, où il est question des dons faits aux hommes, les évangélistes, et les docteurs, les uns comme les autres, sont mentionnés; tandis que, dans la 1re épître aux Corinthiens, an chapitre 12, où le Saint Esprit nous occupe de ce que Dieu a mis dans l'Assemblée, il n'est pas parlé des évangélistes. L'ordre, dans lequel les dons sont classés dans l'épître aux Ephésiens, est également digne de notre attention. Les premiers qui soient mentionnés sont ceux qui exercent une autorité spéciale de la part du Seigneur; et ceux auxquels, en commun avec les apôtres, des révélations ont été accordées. La pensée de Dieu ayant été révélée, viennent ensuite ceux qui sont appelés à aller l'annoncer dans le monde; et enfin, quand des âmes ont été converties, l'oeuvre individuelle du pasteur et celle plus générale du docteur deviennent nécessaires. Pour que le docteur puisse exercer son don, il faut qu'il y ait des âmes rassemblées dans l'Eglise; pour que l'évangéliste ait son champ de travail, il faut qu'il y ait des pécheurs perdus à atteindre.

C'est un bienheureux et excellent service que celui de l'évangéliste. Etant lui-même un don du Seigneur aux hommes, il faut qu'il soit qualifié pour son oeuvre par le Saint Esprit. Comme messager de Dieu, il s'en va dans le monde et annonce la bonne nouvelle (l'évangile) du salut aux pécheurs, pour tous ceux qui veulent le recevoir. Ce n'est pas une amnistie partielle qu'il est chargé de publier, ni un simple pardon, quelque miséricordieusement accordé qu'il puisse être. Il parle de pardon, mais aussi de justification. Il parle de délivrance de la colère, mais il parle également de félicité éternelle. Jamais ceux qui prêtent l'oreille à la bonne nouvelle qu'il proclame et qui se reposent sur elle, ne passeront le seuil de l'enfer; la porte du ciel, — l'évangéliste a reçu la mission de l'annoncer, — est ouverte à tous ceux qui croient; la colère de Dieu est détournée, parce que le Fils de Dieu l'a endurée pour les pécheurs; et par la foi on peut jouir de la faveur de Dieu, parce que ceux qui croient sont désormais acceptés dans le Bien-Aimé. Ils seront beaux sur les montagnes les pieds de ceux qui apportent les bonnes nouvelles, qui publient la paix, qui apportent de bonnes nouvelles touchant le bien, qui publient le salut, et qui disent à Sion: ton Dieu règne! (Esaïe 52: 7). Ils sont beaux aussi maintenant, non pas seulement sur les montagnes (celles qui sont à l'entour de Jérusalem, Psaumes 125: 7), mais sur la terre, dans les vallées, dans les plaines, dans les cités, sur terre ou sur mer, les pieds de ceux qui annoncent l'évangile de paix, jusqu'à ce que le Seigneur descende dans l'air, selon ce que nous lisons en 1 Thessaloniciens 4: 12-18. Dans le prophète Esaïe, l'Esprit de Dieu contemple l'avenir réservé à Sion et se réjouit; maintenant, le même Esprit (voyez Romains 10: 15) trouve sa joie à proclamer l'évangile de paix: «Mais comment prêcheront-ils à moins qu'ils ne soient envoyés?». Car nul ne peut se charger de cette mission, à moins qu'il ne soit envoyé pour la remplir. «A moins qu'ils ne soient envoyés», implique un appel et suppose, dans la personne envoyée, une capacité qui rend cette personne propre pour l'oeuvre, il faut que ce soit Dieu qui appelle; les hommes n'en ont pas le pouvoir; ils peuvent reconnaître que l'ouvrier a reçu un appel; et ils sont tenus de le faire; mais l'appel vient de Dieu à l'évangéliste. Paul fut appelé de Dieu (Galates 1: 15, 16; 2: 7). Paul et Barnabas, sur l'ordre du Saint Esprit, furent mis à part pour Lui par les saints d'Antioche, pour l'oeuvre à laquelle Il les avait appelés; les prophètes et les docteurs leur ayant imposé les mains, ils s'en allèrent à cette oeuvre, «envoyés par l'Esprit saint» (Actes des Apôtres 13: 2, 4). Et ceux qui sont ainsi appelés de Dieu sont ceux qui sont spécialement propres pour ce service. Si un enfant de Dieu, non qualifié pour l'évangélisation, essaie d'évangéliser, il finira par y renoncer, sentant son incapacité.

Paul était «évangéliste» aussi bien qu'«apôtre» et «docteur» (1 Corinthiens 1: 17; 2 Corinthiens 10: 14-16; Ephésiens 3: 8; Colossiens 1: 23; 1 Timothée 1: 1, 11, 12; 2: 7; 2 Timothée 1: 11; etc.). En lui nous pouvons discerner les qualités qu'un évangéliste choisi de Dieu possédera certainement, en quelque mesure. Paul avait un ardent désir de sauver les âmes; et de nos jours, ne voyons-nous pas des hommes qui possèdent également cette soif pour le salut de leurs semblables? Paul s'acquittait de sa mission d'évangéliste comme étant directement responsable envers Dieu. «Une administration m'est confiée»; «malheur à moi si je n'évangélise pas!» (1 Corinthiens 9: 16, 17). Paul se serait-il soumis au contrôle des autres, ou les a-t-il lui-même contrôlés dans ce service? L'Ecriture ne nous dit rien de pareil. De ceux qui étaient à Jérusalem, qui étaient estimés être quelque chose, il n'avait rien reçu sauf la main d'association (Galates 2: 1-10); ils ne lui assignèrent même pas sa sphère d'action, ni ne lui en tracèrent les limites. Paul avait reçu de Dieu son appel, et c'est Dieu aussi qui lui désigne son champ de travail (Actes des Apôtres 22: 18-21; 26: 16-18; Romains 1: 1-5; etc.); et Paul accomplit fidèlement son service, car depuis Jérusalem et tout alentour jusqu'en Illyrie, il avait pleinement annoncé l'évangile du Christ (Romains 15: 19), avant son emprisonnement à Jérusalem et son voyage subséquent à Rome. Les Actes des Apôtres nous fournissent une esquisse des travaux de ce grand serviteur de Dieu, mais les épîtres nous font davantage connaître l'esprit qui le faisait agir (2 Corinthiens 5: 11-21; etc. ). Il parle aux Thessaloniciens de ses travaux d'évangéliste au milieu d'eux (1 Thessaloniciens 2). A Philippes, il avait souffert la prison avec Silas, ils avaient eu les pieds attachés au poteau, ils avaient été battus de verges par l'ordre des magistrats; mais tout cela ne ralentit pas leur zèle; leur coeur brûlait encore d'amour pour les âmes. Ils pouvaient avec raison parler de l'outrageux traitement qu'ils avaient subi à Philippes; toutefois ils eurent la hardiesse en leur Dieu pour annoncer l'évangile aux Thessaloniciens avec une grande ardeur (1 Thessaloniciens 2: 2), car ils étaient porteurs d'un glorieux message, «l'évangile de Dieu». Auraient-ils pu garder le silence, quoi qu'il dût leur en coûter de parler? Impossible! Ce fut au milieu de beaucoup de luttes qu'ils proclamèrent la vérité à Thessalonique. Ni le passé, ni les conséquences probables de leur hardiesse pour l'avenir, ne purent leur fermer la bouche. Là où le courage naturel aurait faibli, ils étaient hardis en Dieu pour prêcher l'évangile. Leur exhortation n'avait pour principe ni séduction, ni impureté (1 Thessaloniciens 2: 3); ils ne s'adressaient ni aux pensées, ni à la chair de l'homme naturel. S'ils l'eussent fait, ils auraient évité une bonne partie de l'opposition qu'ils rencontrèrent. Ils n'usaient pas non plus de ruse pour cacher leur but réel; ils agissaient en toutes choses ouvertement. Ils avaient à s'acquitter d'un message et ils le délivraient. A quelque prix que ce fût, et quoi qu'en pensât un Juif ou un gentil, ils étaient décidés à prêcher, non pas ce que l'homme serait disposé à recevoir, mais ce que Dieu leur avait confié: Approuvés de Dieu pour que l'évangile leur fût confié, ils parlaient, non comme voulant plaire aux hommes, mais à Dieu qui éprouve les coeurs (1 Thessaloniciens 2: 4). Sérieux et pénétrés de la vérité qui leur était confiée, ils n'avaient point égard à eux-mêmes, en quelque manière que ce fût. Ils n'auraient pas pu recourir à des paroles flatteuses pour se rendre approuvés des hommes, ni agir avec cupidité pour parvenir à leurs propres fins. La vérité de Dieu leur étant confiée, ils ne pouvaient qu'être vrais. Comme administrateurs, ils ne pouvaient pas rechercher leurs propres intérêts; et quoi qu'on pût penser d'eux, ils pouvaient prendre Dieu à témoin de la sincérité et de la pureté de leurs intentions et de leur marche au milieu des hommes. Le moi, sous aucune de ses formes, n'avait de place dans leur prédication de l'évangile, car, ni au milieu des Thessaloniciens ni chez d'autres, ils ne voulaient user de leurs droits d'apôtres pour s'attirer la gloire et l'honneur de la part de ceux qui avaient été convertis par leur moyen. Au contraire, ils étaient doux au milieu d'eux, comme une nourrice qui chérit tendrement ses enfants: oui, la patience, la douceur d'une nourrice qui chérit ses propres enfants, étaient la juste expression de ce qu'ils avaient été. Quelle vérité de sentiment dans cette expression! Paul et Silvain et Timothée étaient des hommes de coeur, que leur tendre affection rendait capables de supporter bien des choses pénibles de la part de ceux qu'ils avaient amenés à la foi; et cette affection était une chose si nouvelle à voir, et sûrement nouvelle aussi à entretenir, pour les descendants d'Abraham, vis-à-vis de gentils selon la chair, que Paul emploie pour l'exprimer un mot qui ne se rencontre nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament; ou si nous suivons le texte donné par les meilleurs critiques, un mot qui ne se rencontre même nulle part dans le grec classique, mais seulement dans la version des Septante, dans le livre de Job. Paul se sert d'un mot inusité pour exprimer l'affection particulière qu'ils avaient, lui et ses compagnons d'oeuvre, pour les Thessaloniciens; car ils auraient été tout disposés, non seulement à leur communiquer l'évangile de Dieu, mais aussi leur propres vies, parce qu'ils étaient fort aimés d'eux. Aussi pourvoyaient-ils eux-mêmes à leurs besoins, travaillant jour et nuit pour n'être à charge à personne: c'était gratuitement qu'ils prêchaient l'évangile, encore qu'il dût leur en coûter beaucoup de peine et de fatigue corporelle. A Ephèse, Paul en fait de même dans une autre occasion, travaillant de ses propres mains pour lui-même et pour ceux qui étaient avec lui (Actes des Apôtres 20: 34); toutefois si des amis du dehors lui envoient des secours, il les accepte comme un parfum de bonne odeur, et agréable à Dieu (Philippiens 4: 15-18). Quel tendre et ardent amour se montre dans tout cela! Quel intérêt, quels soins pour ce qui concerne la marche des saints! Paul a été au milieu des Thessaloniciens comme une nourrice qui chérit tendrement ses propres enfants; il les a exhortés chacun d'eux comme un père, les consolant et rendant témoignage, afin qu'il marchassent d'une manière digne de Dieu qui les appelait à son propre royaume et à sa propre gloire! Une nourrice prend soin des petits enfants; un père est tenu d'élever les siens dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur (Ephésiens 6: 4). Paul regardait les Thessaloniciens comme ses enfants, et les exhortait avec toute l'affection d'un père. Il ne pouvait se contenter d'une oeuvre peu profonde et superficielle. Il ne pouvait pas être au milieu d'eux et se tenir pour satisfait par une simple adhésion aux vérités qu'il avait annoncées. Il fallait que l'oeuvre fût profonde pour le satisfaire et que le changement fût manifeste, avant qu'il pût être content. Appelés de Dieu à son propre royaume, et à sa propre gloire, les saints devaient marcher d'une manière digne de Dieu, pour que le coeur de leur père spirituel fût réjoui. Ainsi, quand il écrit aux Galates, qui paraissaient s'écarter de la vérité, il leur dit: «Mes petits enfants, pour l'enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu'à ce que Christ soit formé en vous» (Galates 4: 19); c'est une personne que Paul leur présente; c'est une vie qu'il veut leur faire recevoir, non pas un simple système de doctrine, en sorte que la vie fût manifestée, que Christ fût formé en eux, que leur marche fût digne de Dieu! Paul ne voulait rien moins que cela. Quel évangéliste pourrait se contenter de moins?

L'oeuvre de l'évangéliste

 «J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; et il me les faut aussi amener; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau et un seul berger» (Jean 10: 16). Telle est la parole par laquelle le Seigneur Jésus annonce le grand changement qui devait résulter de sa mort et de sa résurrection. Il avait des brebis qui n'étaient pas de la bergerie d'Israël. Il était et il est, en un sens particulier, le Berger d'Israël (Ezéchiel 34: 23; Zacharie 13: 7). Mais il a d'autres brebis qu'il voulait amener, et elles entendraient sa voix; et ainsi, le suivant comme faisait le résidu fidèle d'Israël, elles formeraient avec celui-ci un seul troupeau, reconnaissant un seul Berger, étant soigné par un seul Berger. Ceci explique un passage de la 1e épître aux Corinthiens, chapitre 10, où les enfants des hommes sur la terre, sont maintenant divisés en trois classes: «les Juifs», «les gentils», et «l'Eglise de Dieu». Avant la mort du Seigneur, il n'y avait que deux classes d'hommes sur la terre: les Juifs et les gentils ou nations. Ainsi quand le Seigneur déclare aux Juifs (Jean 7) que là où il serait, ils ne pouvaient y aller, les Juifs raisonnent entre eux disant: «Va-t-il aller à la dispersion [au milieu] des nations?». Il n'y avait alors sur la terre que les Juifs et les nations. Bientôt il en sera de même: après que l'Eglise aura été enlevée pour aller à la rencontre du Seigneur dans les airs, la famille humaine sera de nouveau divisée en deux classes seulement, qui seront les Juifs et les nations.

Maintenant il existe une troisième classe d'hommes sur la terre: «l'Eglise de Dieu», et c'était cette classe, distincte des Juifs et des gentils, mais composée de ceux qui avaient été jadis Juifs que Paul persécutait; car «j'ai persécuté l'assemblée de Dieu», dit-il aux Corinthiens, et c'était cette même classe composée à la fois de Juifs et de gentils, que les Juifs cherchaient à exterminer (1 Thessaloniciens 2: 14). C'est aussi au milieu des «églises», que le Seigneur Jésus marche comme Fils de l'homme, prenant une connaissance détaillée de tout ce qui s'y passe (Apocalypse 2: 3). En outre, Dieu, dans la personne du Saint Esprit, demeure maintenant dans l'Eglise (Ephésiens 2: 22): elle est «la maison de Dieu» (1 Timothée 3: 15); le «temple de Dieu» (1 Corinthiens 3: 16; 2 Corinthiens 6: 16).

Dans les premiers jours de l'Eglise, les expressions: le «dedans» et le «dehors» que nous trouvons en 1 Corinthiens 5: 12, 13; Colossiens 4: 5, étaient comprises; elles désignaient des sphères clairement définies, pour tous les croyants en Jésus Christ. Dedans étaient tous ceux qui faisaient profession de croire et, pour autant que l'homme pouvait juger, qui croyaient au Seigneur Jésus. Dehors étaient tous ceux qui n'avaient pas embrassé le christianisme. Le «dedans» était la sphère dans laquelle l'Esprit de Dieu gouvernait et demeurait; le «dehors», était la région où le chef de ce monde exerçait son empire. Oter du milieu des croyants le méchant, c'était placer celui-ci hors de la sphère de l'Eglise et dans le monde, où Satan avait la puissance.

Amenés hors du Judaïsme par la prédication de l'évangile (comparez Jean 10: 3, 4; Actes des Apôtres 2: 40, 41), ceux d'Israël qui devaient être sauvés se trouvaient membres de l'assemblée de Dieu ou de l'Eglise sur la terre; ils étaient placés dans une position tout à fait distincte de celle qu'occupait la nation, l'Eglise ou l'Assemblée étant reconnue comme un corps distinct du Judaïsme, des Juifs à Jérusalem (Actes des Apôtres 5: 11). Amenés pareillement hors du paganisme par la prédication de la même parole, les croyants d'entre les nations se trouvaient membres de la même assemblée, l'Eglise. Un lien commun les unissait les uns avec les autres, un intérêt commun les occupait. Ils étaient participants d'une même vie; ils reconnaissaient le même Seigneur, et étaient unis au même Chef (Tête) dans le ciel. Enfants du même Père, ayant le même Esprit habitant en eux, ils étaient un dans le Seigneur, et formaient l'Eglise de Christ, la maison de Dieu, l'habitation du Saint Esprit, d'une manière générale, partout où l'évangile était prêché, en Judée ou en Samarie, en Galilée, en Syrie, dans l'Asie mineure, en Grèce, en Italie, ceux qui croyaient faisaient partie de «l'Eglise». Philippe prêche en Samarie; les apôtres Pierre et Jean évangélisent plusieurs villages des Samaritains (Actes des Apôtres 8), et bientôt après nous entendons parler des églises de la Samarie (Actes des Apôtres 9: 31). A Antioche de Syrie, les gentils sont évangélisés par ceux qui avaient été dispersés au loin par la persécution soulevée à l'occasion d'Etienne, et bientôt après il est question de l'assemblée dans cette ville (Actes des Apôtres 11: 19-26). Paul et ses compagnons d'oeuvre pénètrent en Macédoine et visitent Thessalonique, et peu de temps après ceux qui furent convertis dans cette ville, reçurent une communication adressée «à l'Assemblée des Thessaloniciens, en Dieu le Père et dans la Seigneur Jésus Christ». Partout où des âmes recevaient la bonne nouvelle que Paul prêchait, des églises s'élevaient; et comme Paul et Barnabas retournaient de Derbe à Antioche en Syrie, ils établirent des anciens dans ces assemblées qui s'étaient formées, à la suite de leurs travaux évangéliques précédents. Mais, tandis que le pouvoir ou l'autorité ecclésiastique était nécessaire pour établir des anciens, nul n'étant établi dans cette charge que par les apôtres ou leurs délégués, dans les temps primitifs, il n'y avait pas besoin d'apôtre ou d'autorité apostolique pour que des églises s'élevassent en diverses localités. Il y avait une église dans la maison d'Aquilas et de Priscilla, à Rome, avant que Paul ou un apôtre quelconque n'eût visité cette ville (Romains 16: 6). Il y avait des églises à Colosses, à Laodicée et à Hiérapolis, rassemblées par Epaphras et d'autres, des églises que Paul n'avait jamais vues (Colossiens 2: 1; 4: 15; Philémon).

Appeler des âmes à sortir du monde et à prendre place dans l'Eglise était l'oeuvre de l'évangéliste, qui avait ainsi un double résultat de son travail: des personnes étaient rassemblées, retirées du monde, délivrées de la puissance des ténèbres, sauvées de la colère, ayant passé des ténèbres à la lumière par la foi au Seigneur Jésus Christ, et les croyants, ainsi retirés du judaïsme et du paganisme, étaient introduits nécessairement dans l'Eglise de Dieu. Il n'y avait pas d'autre place possible pour elles; il n'y a pas d'autre division d'hommes sur la terre, reconnue de Dieu que «les Juifs», «les gentils, et l'Eglise de Dieu». En cessant d'être Juif ou gentil, on devenait chrétien et on faisait partie de l'Eglise. L'évangéliste pouvait ne pas enseigner grand-chose sur l'Eglise, sur sa nature, son gouvernement, la position qu'elle occupe vis-à-vis des puissances qui sont dans les lieux célestes maintenant, tout cela étant l'oeuvre plus directe et subséquente du docteur établi de Dieu dans l'assemblée; mais ce que l'évangéliste avait annoncé faisait prendre aux âmes converties une place nouvelle sur la terre et les amenait ouvertement dans l'assemblée de Dieu. Ils avaient entendu la voix de Christ, et ils étaient devenus aussitôt membres du seul troupeau.

Former une église n'était pas le but de l'évangéliste. Dieu avait formé l'Eglise par le baptême du Saint Esprit (1 Corinthiens 12: 12, 13). Si les évangélistes travaillaient quelque part où personne n'avait prêché auparavant, tous ceux que Dieu retirait du monde, dans ce lieu, par la foi au Christ qu'ils annonçaient, formaient l'Eglise de Dieu dans cette localité. Il pouvait y avoir beaucoup d'églises dans un même pays, comme en Galatie (Galates 1: 2); dans une localité, il n'y avait jamais qu'une église de Dieu, comme à Corinthe (1 Corinthiens 1: 1).

Les évangélistes de nos jours agissent souvent d'une manière bien différente. Ils amènent des âmes au Seigneur, les laissant ensuite se tirer d'affaire comme elles peuvent et choisir la dénomination à laquelle elles veulent appartenir. On appelle cela générosité de sentiment, on le regarde comme le principe catholique, sur lequel l'oeuvre doit être poursuivie. Le salut individuel est tout ce que ces ouvriers se proposent; amener des âmes à Jésus est leur seule et unique fin, ils ne cherchent rien de plus. Mais, béni soit Dieu qui, quelque éloignés que nous puissions être de sa pensée, ne manque jamais aux siens. Sauvés par la grâce, par la foi, nous sommes, que nous en ayons la conscience ou que nous ne l'ayons pas, vivifiés avec Christ, ressuscités avec lui, et assis en lui dans les lieux célestes; nous sommes membres de son corps, nous faisons partie de son Eglise. Mais combien d'hommes prêchent qui ignorent l'Eglise de Dieu, qui laissent dans l'ombre, ou négligent entièrement plus d'un des traits distinctifs, si précieux et importants, du temps présent, qui sépare le jour de la Pentecôte de la descente du Seigneur dans les airs.

Si par la foi en Christ, nous devenons membres du seul troupeau, de la seule et unique Eglise de Dieu, il devrait y avoir entre nous unité de règle et harmonie d'action. Chacun des enfants d'Israël devait observer les mêmes lois, tous étaient tenus d'adorer Dieu de la même manière; ainsi aussi, chacun des membres de Christ devrait connaître quels sont les commandements que Dieu a donnés à son Eglise et l'ordre qu'il a établi pour elle. Mais ignorant ce qu'est l'Eglise de Dieu, des personnes sérieuses et vraiment pieuses, sentant le besoin de marcher ensuite avec d'autres, ont imaginé des règles qui les lient à tous ceux qui s'entendent avec elles sur quelque doctrine particulière ou quelque question d'église. Ainsi se sont formées de prétendues églises, composées de quelques-uns seulement, non pas de tous les membres de l'Eglise dans une certaine localité. De là aussi sont nées les diverses formes de discipline ecclésiastique et de culte. Paul, à Corinthe, ne voulut rien avoir à faire avec les divisions qui s'étaient formées au milieu des saints dans cette ville, sauf pour redresser un tel mal. Il ne forma pas une église de tous ceux qui le suivaient, à l'exclusion de ceux qui étaient attachés à Apollos, à Céphas, ou à tel autre docteur. Tous ceux qui croyaient, à Corinthe, étaient membres de «l'Eglise de Dieu» dans cette ville; ils étaient le labourage de Dieu, l'édifice de Dieu, le temple de Dieu (1 Corinthiens 3). Paul ne se souciait-il donc pas du rassemblement des fidèles, était-il indifférent à ce principe qu'il établit lui-même dans l'épître aux Philippiens, savoir que nous devons, dans les choses auxquelles nous sommes parvenus, marcher suivant une même règle et avoir un même sentiment? Bien au contraire, il insistait fortement sur ce devoir. Il envoya Timothée aux Corinthiens pour les faire souvenir de ses voies en Christ, selon qu'il enseignait partout dans chaque assemblée (1 Corinthiens 4: 17).

Pour ce qui concernait le mariage, il donnait les mêmes ordres dans toutes les églises (1 Corinthiens 7: 17). S'il s'agissait de la chevelure de la femme, si l'ordre du culte était en question, il parlait de «la coutume des assemblées de Dieu», et de l'ordre du culte «dans toutes les assemblées des saints» (1 Corinthiens 11: 16; 14: 33).

Laisser les âmes ignorer le lieu dans lequel elles ont été amenées par la foi en Jésus Christ, c'est pour l'évangéliste laisser inachevée l'oeuvre qui lui a été confiée. Que de désordres auraient été évités, que de discordes et de troubles auraient été prévenus, si les ouvriers des temps passés avaient agi à cet égard autrement qu'ils ne l'ont fait. Que de désordres en pourrait prévenir maintenant, que d'âmes on pourrait empêcher de s'égarer, si les évangélistes actuels, tout en conduisant des pécheurs à Christ, leur montraient que, une fois sanctifiés et sauvés par la foi en Jésus Christ et baptisés de l'Esprit, ils font partie de l'Eglise de Dieu et sont devenus membres du corps de Christ!