Les «je» et les «moi» de Romains 7

ME 1869 page 289 

Ce chapitre contient trois choses:

Dans les six premiers versets nous trouvons cette doctrine: Nous sommes morts à la loi par le corps de Christ, et nous sommes mariés à un autre: à Christ ressuscité d'entre les morts; ensuite, dans les versets 7 à 13, vient la conclusion, avec cette question: La loi est-elle péché, produit-elle la mort? Puis du verset 14 à la fin, nous voyons l'expérience du combat qui précède la délivrance de la loi. Il est important de remarquer ici comment l'apôtre se sert des mots «Je» et «Nous». Lorsqu'il dit: «Je», il nous prend dans notre état individuel. Mais lorsqu'il dit: «Nous», c'est comme chrétiens, comme croyant en Christ qu'il parle de nous. Lorsqu'il dit: «Je», il commence à s'adresser à des membres individuels; car si je me mets à parler de moi-même, je trouve le péché en moi chaque jour. C'est la conscience personnelle et pratique de ce qui se passe dans mon coeur; mais il ne s'agit pas de ma place en Christ. Là gît la différence et ceci nous donne la clef du passage. C'est une personne qui a la connaissance chrétienne, jugeant ce qu'est la chair, mais jugeant ce qu'elle est dans ses effets sur moi en présence de la loi et sous la loi. C'est la représentation de ce que je suis en moi-même, c'est-à-dire dans la chair. Je suis charnel; en moi, c'est-à-dire en ma chair, n'habite aucun bien; voilà pourquoi, dans cette partie du chapitre, tout est: «Je» et «Moi». Ces mots sont employés une trentaine de fois; mais il ne parle nullement de Christ ou de l'Esprit avant la fin du chapitre. Nous avons ici l'expérience de ce qu'est la chair, vue à la lumière des exigences d'une loi spirituelle, la délivrance étant encore inconnue. Mais il n'est pas question de la connaissance, par la foi, de ce que nous sommes en Christ.

C'est l'expérience personnelle de ce qu'est ma propre nature en la chair, expérience faite avec la connaissance éclairée d'un chrétien qui considère son ancien état. Ce n'est point la position d'un homme en Christ, que la loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus a affranchi.

Maintenant que signifie ce chapitre 7, lorsqu'un homme est sous la loi? Il ne nous montre pas seulement l'effet d'un conflit entre l'ancienne et la nouvelle nature, mais l'effet de la position sous la loi lorsque ces deux natures sont là. Ce chapitre ne dit pas que Christ est bon; mais, se plaçant sur un terrain beaucoup moins élevé, il dit: La loi est sainte, juste et bonne. Le chapitre 7 nous décrit les effets de la loi sur l'expérience d'un homme qui s'efforce de vivre justement sous elle.

L'homme naturel ne peut pas, de coeur, prendre plaisir à la loi de Dieu, mais il en est autrement de la nouvelle nature. Cependant nous voyons que l'homme, d'accord avec cette nouvelle nature, veut toujours ce qui est bien, mais ne peut jamais l'accomplir, parce que la puissance lui manque.

Or, n'est-il pas vrai que, la plupart du temps, ce qui vous manque, c'est la puissance de faire le bien? Eh bien! la loi ne vous la donnera jamais; car elle est aussi incapable de vous donner le pouvoir d'accomplir le bien qu'elle est puissante pour vous condamner lorsque vous faites le mal. Le secret de tout ceci, c'est que tant que nous sommes dans la chair, nous n'avons aucune force; et jusqu'à ce que nous comprenions cela, nous regardons uniquement à notre «moi». Jusqu'à ce que nous reconnaissions Christ comme Celui qui nous délivre de la loi, c'est toujours: «Je, Je, Je». Jusque-là nous nous agiterons en vain, nous perdrons pied toujours davantage, comme un homme dans un marais, qui, voulant lever une jambe, de l'autre enfonce encore plus dans la vase. Il peut désirer ardemment d'en sortir, mais il lui faut un Sauveur.

Il y a toujours, en l'homme dans cet état, le désir d'être ou de faire ceci ou cela, et de la sorte il est sans cesse occupé de lui-même et non de Christ. Il est vrai que vous devez désirer la sainteté, mais comment trouverez-vous la puissance pour être saints?

Supposons que vous soyez (ce que vous ne serez jamais) beaucoup plus saint que vous ne l'êtes aujourd'hui, est-ce que cela vous donnerait la paix, si vous n'êtes pas arrivé à une position de justice devant Dieu en Christ?

Si vous pensez que votre propre sainteté peut vous donner la paix, vous ne vous reposez pas sur le sang de Christ et certainement vous ne vous connaissez pas vous-même. Alors pourquoi tout ce combat? Justement pour vous prouver que vous n'atteindrez pas la paix de cette manière, ni la justice et la sainteté dans la chair et par la loi; et pour que vous en veniez à vous connaître vous-même et à connaître ce que vaut la chair.

Il y a en nous une si forte tendance à penser à ces: «Moi» et à ces «Je», à élever le «Moi», à la place de Dieu, que Celui-ci dit: Eh bien! je vais vous laisser aux prises avec le «Moi» jusqu'à ce que vous soyez heureux d'en avoir fini complètement avec lui. C'est dans ce but que Dieu permet souvent que nous passions par toutes ces expériences, et que nous nous placions sous la loi avec une nouvelle nature et une volonté renouvelée, qui ne mènent en définitive qu'à ceci: «Oh! misérable homme que je suis»; car là il n'y a que l'homme avec l'amour du bien, mais aucune force pour l'accomplir, puisque l'homme est aussi impuissant qu'il est mauvais. Il faut qu'il soit amené, par l'expérience de l'inutilité de tous ses efforts, à s'écrier: «Qui me délivrera?». Il cherche quelqu'un qui le délivre, et quoiqu'il désespère de le trouver, il sent qu'il ne peut s'en passer. Ainsi ce n'est pas un meilleur «Moi» que l'homme doit atteindre, mais la délivrance du «Moi». Ce sera l'ouvrage d'un jour, ou celui de plusieurs années, selon les circonstances. C'est lorsque l'homme en est arrivé à connaître son propre néant, que Dieu et sa grâce peuvent intervenir. Puis vient l'action de grâces: «Je rends grâces à Dieu, par Jésus Christ, notre Seigneur» (verset 25).

Le seul moyen par lequel l'homme puisse obtenir la puissance, c'est de voir qu'il n'en a aucune en lui-même, qu'il n'est pas délivré en remportant lui-même la victoire et en acquérant ainsi la paix, mais en découvrant qu'il est en Christ, en qui il est mort à la chair et délivré de la chair, et cela seulement en Christ, par lequel il vit devant Dieu. Alors seulement Dieu peut lui donner la puissance. «Lorsque nous étions encore sans force Christ est mort, au temps convenable, pour des impies».

Il faut que l'homme connaisse Dieu comme son Sauveur, avant qu'il le connaisse comme sa force. D'abord le salut, puis la paix et le progrès.