La communion de Dieu avec Abraham dans les chapitres 15 et 17 de la Genèse

Darby J.N.  ME 1869 page 294

 

Il est bien doux de considérer les voies de Dieu, ces voies de grâce et de condescendance. Dieu pouvait descendre du ciel pour converser avec Abraham, pour manger avec lui. — Pour nous il y a autre chose: nous sommes appelés à nous nourrir de Christ lui-même, «le pain de Dieu qui est descendu du ciel» (Jean 6).

Les promesses aboutissent à moi; elles fournissent à mes besoins. «Selon les jours, ainsi sera ta force» (Deutéronome 34: 25). Cette parole est bonne et infiniment précieuse et nous sentons que nous avons besoin d'une pareille promesse. Cependant quand nous considérons toutes ces promesses, nous pensons à ce que nous obtenons pour nous-mêmes et notre horizon est limité par ce dont nous avons besoin. Au chapitre 15 de la Genèse, Dieu dit à Abraham: «Je suis ton bouclier et ta grande récompense». Les mots ton et ta tournaient la pensée de Abraham vers le moi, vers ses besoins; Dieu disait ce qu'il était pour Abraham, comme Celui qui pouvait répondre à tous ses besoins, quels qu'ils fussent. Au chapitre 17, au contraire, il s'agit de ce que Dieu est Lui-même. L'effet de la révélation de Dieu à Abraham, comme son bouclier et sa grande récompense, fut que Abraham pense aussitôt à ses besoins et dit: «Seigneur Eternel, que me donneras-tu?». Mais quand Dieu se révèle Lui-même, aussitôt Abraham tombe sur sa face et Dieu parle avec lui: la communion qui est produite a un caractère plus intime et plus saint. Alors aussi Abraham ne demande pas: «Que me donneras-tu?» mais il peut intercéder pour d'autres; il est délivré de lui-même.

Il est doux de regarder en arrière vers ce qui était au commencement et de voir comment Dieu, si je puis dire ainsi, sait venir jusqu'à la porte de la tente d'Abraham pendant la chaleur du jour (Genèse 18). Dieu descendit dans le paradis «au vent du jour» (Genèse 3); mais ce fut en vain, pour ce qui est de la communion: Adam se cacha loin de lui. — L'âme devrait aller à Dieu d'une manière beaucoup plus intime que vers qui que ce soit. La communion des saints est une chose précieuse, mais il me faut avant tout l'intimité de la communion avec Dieu; et la communion avec les saints découlera de la communion avec Dieu.

De plus, l'âme, en se trouvant dans cette position merveilleuse de communion avec Dieu, est formée à l'image de Dieu. «Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit» (2 Corinthiens 3). S'il y a une dépendance de Dieu que nous apprenons par nos besoins, il y a quelque chose de plus profond encore, c'est-à-dire, une transformation à l'image de Dieu, par le fait de la venue de l'âme à Lui et le fait que l'âme trouve sa joie en Lui. Ceci, dans un sens, était vrai de Christ lui-même: les voies du Père étaient reproduites dans ses voies à lui, ici-bas, par la communion dans laquelle il vivait avec lui.

Il y avait deux choses dans la manière dont Dieu se révélait au chapitre 17 de la Genèse: d'abord, la grâce s'étendant jusqu'aux nations: «Tu deviendras père d'une multitude de nations» (verset 4), parce que, si Dieu est le Dieu Tout-puissant, il ne pouvait être emprisonné, si je puis dire ainsi, dans les limites d'Israël; ensuite, ce que Dieu exprime en disant: «Afin que je te sois Dieu et à ta postérité après toi» (verset 7), c'est-à-dire une communion plus intime, une relation plus immédiate avec Dieu lui-même; et plus nous nous rapprocherons de Christ, mieux nous comprendrons ceci. Partout où le coeur était rejeté sur ce que Dieu était en lui-même, il devenait apparent que Dieu devait dépasser les limites d'Israël: ce titre de Dieu surpassait toutes les barrières. Ce n'est pas la loi, mais, en contraste avec elle, la circoncision et la promesse sans condition, bien que, en même temps avec elles, des principes soient imposés à Abraham et à sa postérité, qui sont l'expression du caractère de ceux qui jouissent des promesses de Dieu (comparez Jean 7: 22 avec Romains 4: 10-13). La circoncision était le signe de la mortification de la chair; mais elle n'était pas imposée comme une obligation légale, quoiqu'elle fût péremptoirement ordonnée comme une confession de ce que l'homme est, quelle que puisse être d'ailleurs la grâce de Dieu. Dans le fait, rien ne condamne la chair autant que cette grâce.

Pour ce qui concerne ma vie de tous les jours, je suis amené à me confier en Dieu lui-même, comme l'unique source de toute bénédiction et de toute force pour moi. Dieu se révèle à Abraham, et puis il lui dit: «Marche devant ma face, et sois intègre». C'est comme si Dieu lui avait dit: «Voilà ce que je suis, moi; et maintenant, voilà ce que tu dois être en retour de ton côté envers moi».

Nous voyons de quel prix il est pour nous d'être aimés de Dieu! Nous possédons Dieu lui-même en Christ et c'est là notre vie éternelle. Quand nous regardons Christ marchant dans ce monde, nos coeurs sont attirés par le parfum de toutes ses voies; nous admirons ce que nous voyons, nous en jouissons, et nous trouvons là la vie et le bonheur. «Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants» (Ephésiens 5). Comme enfant de Dieu, j'ai acquis la ressemblance de la famille de Dieu.

Nous avons besoin de promesses; elles sont d'un très grand prix comme répondant à nos besoins; mais quand Dieu se révèle lui-même, cette révélation est une puissance créatrice qui me renouvelle à son image. Quand Dieu dit à Abraham: «Je suis ton bouclier», le coeur d'Abraham fait un retour sur lui-même, c'est pourquoi il répond: «Seigneur Eternel, que me donneras-tu?» Dieu se présente comme pouvant répondre aux besoins d'Abraham et alors Abraham expose ces besoins. Ceci est très beau et précieux; nous le retrouvons au chapitre 17 du premier livre des Chroniques, verset 24. David désirait que le Dieu d'Israël fût tout ce que Dieu pouvait être pour Israël. Dans la 2e épître aux Corinthiens, chapitre 6, verset 18, nous voyons réunis les deux noms sous lesquels Dieu s'était révélé: Shaddaï (Tout-puissant) et Jéhovah (l'Eternel); mais maintenant que le Fils est venu, Dieu prend la place de Père. Celui qui était le «Tout-Puissant», pour les patriarches, et «l'Eternel», pour Moïse et le peuple, veut désormais être un Père pour eux.

Le chapitre 15 de la Genèse s'arrête par conséquent à la terre (voyez les versets 13-21). C'est la promesse faite aux enfants d'Israël relativement au pays; c'est pourquoi il est question des souffrances des Israélites en Egypte, et de leur délivrance par le jugement divin de leurs oppresseurs.

C'est une faveur étonnante que Dieu vienne ainsi à nous et se mette à notre disposition! Il se lie avec Abraham par une alliance, par la mort. Nous retrouvons le même principe au chapitre 4 de l'épître aux Philippiens: «Mon Dieu suppléera à tous vos besoins» (verset 19); et puis Paul peut dire: «Je puis tout en Celui qui me fortifie» (verset 13). Toutefois ce dont il s'agit ici, c'est d'un besoin et de la puissance de Dieu pour y satisfaire. Se réjouir en Dieu est de la communion et une chose bien plus profonde. — Présenter à Dieu nos besoins (comme au chapitre 15 de la Genèse) n'est pas de la communion. Mais quand «Dieu parle avec Abraham» (Genèse 18: 33) «son ami» (Esaïe 41: 8; Jacques 2: 23), cela est de la communion. Quelle idée différente nous nous faisons souvent de Dieu! La communion avec Lui est l'asile du coeur; et c'est une chose essentielle pour l'âme que d'être amenée à une confiance parfaite en Dieu lui-même, afin de marcher avec Lui.

La promesse vient toujours avant la loi, et ne soulève aucune question de justice. Dieu ne souleva aucune question quant à la condition morale d'Abraham. — La loi, au contraire, soulève la question de la justice, et Dieu, dans la loi, prend le caractère d'un juge. Mais à présent, sous la grâce, nous avons même plus que la promesse: «nous sommes faits la justice de Dieu en Christ» (2 Corinthiens 5: 21). Il y a donc ici un objet qui est digne que Dieu prenne son plaisir en lui; et je suis inondé de la lumière du soleil. Dieu me regarde absolument comme il regarde Christ (comparez 1 Jean 4: 17; etc.).

Paul avait vu Christ dans la gloire, l'homme-type dans le ciel; c'est pourquoi il semble que sa pensée est: «Je ne puis pas me reposer avant d'être cela» (voyez Philippiens 3). «La puissance de la résurrection» dont il parle signifie qu'aucune difficulté ne peut être un obstacle, parce que Christ a été ressuscité d'entre les morts. Partout et en toutes choses la puissance de Dieu abondait pour répondre aux besoins et y satisfaire, quels qu'ils fussent; mais plus tard (Philippiens 4) nous arrivons «aux richesses de sa gloire dans le Christ Jésus», tout comme au chapitre 17 de la Genèse.

Si je suis ressuscité avec Christ et que je marche dans la puissance de sa résurrection, qu'est-ce que le monde tout entier est pour moi? Paul ne reniait pas seulement ses péchés, mais aussi sa propre justice; il était ressuscité complètement dépouillé de tout ce qu'il avait estimé comme homme et comme Juif; et ceci nous avons à l'apprendre souvent au milieu de toute sorte de manquements et dans les détails de la vie de chaque jour. En principe, le chrétien est mort à tout ici-bas, et il a une vie absolument nouvelle. Christ n'eut jamais de motif que la terre lui ait suggéré; il marchait dans ce monde avec des motifs divins. Ce en quoi les disciples suivaient Jésus avec tant de crainte (Marc 10: 32) est la chose même que Paul dit qu'il désire, c'est-à-dire: «la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort». Il ne se considère pas comme «ayant saisi», comme «ayant atteint le but», avant qu'il ne soit arrivé à la résurrection. Il marche en avant obtenant toujours davantage, cependant il n'a pas atteint pleinement le but avant la résurrection. C'est absolument comme si une lampe était placée devant nous au bout d'une longue allée; à mesure que nous avançons, nous avons plus de lumière; mais nous n'avons la lampe elle-même que lorsque nous sommes arrivés jusqu'à elle. Mais le Christ que nous «gagnons» alors est le Christ que nous possédons déjà maintenant.

Il est heureux que nous recevions une nature indépendante de son développement. La manifestation de cette nature est si pauvre dans nos voies devant les hommes! Nous ne portons guère «partout, toujours dans notre corps, la mort du Seigneur Jésus» (2 Corinthiens 4)!

N'est-il pas admirable qu'un homme emprisonné, comme Paul l'était, dise qu'il «peut toutes choses!» Bien des hommes ont triomphé en prison par la grâce de Dieu, mais qui cependant ont eu plus ou moins le sentiment qu'ils étaient exclus du service et qu'un châtiment pesait sur eux. L'emprisonnement de Paul a pu être, en un sens, un châtiment, pour lui; mais pour lui le châtiment tombait, pour me servir d'une expression familière, sur un homme en qui il y avait de l'étoffe. qui avait l'oeil simple; et ainsi le châtiment ne faisait qu'ôter ce qui n'était pas pur et lui donner de voir plus clair.