Fragment d'une lettre à un serviteur de Dieu, qui avait perdu la paix avec Dieu et puis l'avait retrouvée

Darby J.N.   ME 1869 page 335

 

Je n'ai pas besoin de vous dire quelle vraie joie cela a été pour moi que d'apprendre que vous avez reçu la paix: aussi je ne veux renvoyer ma réponse à votre lettre. Lorsque Dieu nous a dépouillés de nous-mêmes, il n'a (dans sa bonté) qu'à nous donner la paix: c'est ce qui se voit partout dans la Parole. Une fois l'âme dans le vrai devant Dieu, il y a pour elle toujours «la grâce», et rien que la grâce.

Mais maintenant que vous en êtes là, sans douter de l'amour de Dieu, il y a quelques précautions à prendre, vu la manière dont vous avez été secoué. Je suis bien aise que vous trembliez à l'idée que vous pourriez perdre votre bonheur. C'est une chose sérieuse, quelle que soit la bonté de Dieu, que de trouver la paix avec un Dieu de sainteté. Christ a fait la paix; mais il veut que nous sentions ce que c'est que d'en avoir besoin, afin que nous le connaissions. Nos coeurs sont tellement rusés et méchants, qu'à la suite de la paix vient la négligence. Nous craignions le péché auparavant, et maintenant que nous sommes déchargés de ce lourd fardeau, nous marchons non seulement plus facilement, mais, hélas, souvent légèrement en avant. Jouissez devant Dieu, et non pas sans Dieu, de la paix qu'il vous a donnée; réjouissez-vous en tremblant. C'est le moyen de conserver la paix par la grâce.

En outre, faites bien attention de ne jamais rien dire qui dépasse votre expérience: rien n'est plus important pour notre propre âme.

Ne laissez pas non plus l'oeuvre vous entraîner à vous occuper d'autrui de manière à vous négliger vous-même. C'est devant Dieu que vous avez trouvé la paix; c'est devant Dieu aussi qu'on garde la paix, dans le sens de la jouissance de la vraie assurance de sa faveur. «Sois attentif», dit l'apôtre, «à toi-même et à l'enseignement; persévère en ces choses, car en faisant cela tu te sauveras toi-même et ceux qui t'écoutent» (1 Timothée 4: 16). Si vous faites ainsi, ce sera une leçon pour les frères et une leçon plus réelle que beaucoup de prédications. Oui, cher frère, par-dessus tout gardez votre âme devant Dieu.

Ne pensez pas que l'oeuvre dépende de vous; voyez qu'elle a été faite sans vous. Cela ne veut pas dire que ce ne soit pas une grande bénédiction que de travailler à l'oeuvre du Seigneur, mais quand nous le faisons, nous le faisons en disant que nous sommes des serviteurs et en sentant que c'est Dieu qui fait l'oeuvre toute entière. Travaillez donc; édifiez les autres; mais ne travaillez pas au delà de votre communion. Rien ne serait plus propre à vous faire perdre la paix. Cherchez à marcher «dans la crainte du Seigneur»; c'est le commencement de la sagesse, c'est ce qui accompagne «la consolation du Saint Esprit» dans les Actes.

D'un autre côté, ne soyez pas surpris ni découragé, si vous ne sentez pas toujours toute la joie que vous avez éprouvée au commencement. Il y a des choses plus profondes dans la joie de cette première satisfaction, parce qu'elles tiennent plus immédiatement à la communion de Dieu lui-même; mais en tant qu'en nous, il est de la nature humaine que la première impression s'affaiblisse. Ne vous contentez pas de cela. Cherchez à ce qu'elle soit remplacée par une communion plus profonde, une révélation plus complète de Dieu, mais ne vous découragez pas.

Reposez-vous sur ce que Christ est, et non sur ce que vous en sentez; c'est là que vous avez trouvé la paix, c'est là qu'elle se garde…