La présence du Saint Esprit et les différents modes selon lesquels il a été donné

Voir Actes des Apôtres 1; 2; 8; 10; 19   Darby J.N.  ME 1870 page 29

 

Le fait que le Saint Esprit était donné par l'imposition des mains a été dénaturé de telle manière qu'il est devenu la base de tout un système de superstition; mais les chrétiens doivent se garder de se laisser entraîner, par l'abus qu'on a fait d'une vérité, à abandonner cette vérité elle-même.

Nous savons que dans l'occasion la plus solennelle dans laquelle le Saint Esprit fut donné, savoir le jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 2), il n'y a pas eu d'imposition de mains. Cette imposition des mains n'est donc pas nécessaire. «Repentez-vous», dit Pierre, «et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ en rémission de péchés; et vous recevrez le don du Saint Esprit». Il y a d'abord cette puissante opération de Dieu dans la conscience, qui est la repentance; ensuite le baptême; et enfin le don du Saint Esprit, non pas les dons du Saint Esprit ou la puissance des miracles quoiqu'ils puissent se trouver là aussi, mais la présence d'une personne divine dans les croyants. Ceux qui, à la parole de Pierre, furent saisis de componction et se repentirent devaient être baptisés; Dieu le voulait ainsi et l'apôtre le leur imposait, leur commandant d'être baptisés. Il n'y a pas eu, dans cette mémorable journée, d'imposition des mains.

Au chapitre 10 du livre des Actes nous trouvons une autre occasion remarquable où le Saint Esprit a été donné. Corneille fut le premier qui entendit les paroles de l'Evangile porté aux nations; et cette première fois que Dieu envoya annoncer le salut aux nations aussi gratuitement qu'aux Juifs, ceux-ci auraient pu être étonnés que Dieu fit aux nations la même grâce qu'à eux-mêmes. C'est pourquoi les choses se passent à Césarée autrement qu'à Jérusalem, le jour de la Pentecôte. Est-ce que Dieu agirait donc de différentes manières? Y aurait-il quelque chose de capricieux dans ses voies? A Dieu ne plaise! Il n'y a pas de variation en Lui, mais la sagesse divine. Recherchons donc cette sagesse là où elle se manifeste et comprenons comment elle se montrait et était conséquente avec elle-même en voulant que le Juif fût d'abord baptisé et ensuite reçût le Saint Esprit et que le gentil reçût d'abord le Saint Esprit et fût ensuite baptisé. La raison de cette différence, la voici: Le Juif, en devenant chrétien, traversait un chemin pénible; il franchissait un abîme qui le séparait désormais du Judaïsme et le faisait sortir de tout ce en quoi il avait vécu autrefois, le plaçant sous le drapeau du Crucifié. C'est pourquoi Dieu a voulu que le Juif fût baptisé, et l'apôtre insiste sur ce point: il faut que les Juifs ayant entendu la parole de Pierre, s'inclinent devant Celui qu'ils avaient crucifié et qui était l'opprobre du peuple. Et ainsi ils firent, fléchissant devant Lui en étant baptisés au nom de Jésus Christ; et le Saint Esprit vint sur eux. Voilà pour le Juif. Mais pour les gentils, il y a un autre ordre. Pierre leur avait été envoyé par une révélation particulière, mais contraire à sa propre inclination. Christ avait donné aux onze la mission de faire disciples toutes les nations (Matthieu 28: 16-20); mais Pierre l'avait tout comme oublié; il semblait n'avoir jamais entendu cette parole: «Allez donc, faites disciples toutes les nations, les (*) baptisant…» et lors de sa vision même il contesta avec le Seigneur. Ses sentiments juifs étaient profondément enracinés; mais le Seigneur le força par sa grâce, Corneille aussi envoyant ses messagers vers lui; et quoique hésitant d'abord à leur venue, il fut conduit hors du judaïsme. Dans sa proclamation du salut aux Juifs, Pierre maintient la place de la croix dans le baptême; mais quand il a affaire aux gentils, tout est fait pour les encourager. Dieu ne veut pas seulement leur donner de la confiance, mais aussi il veut détruire les préjugés du Juif; — c'est comme s'il leur disait: Vous méprisez ces gens; mais voyez, je fais pour eux ce que je n'ai pas fait pour vous, leur donnant le Saint Esprit avant le baptême; ils ne sont que trop heureux de trouver Jésus. Ainsi le Saint Esprit tomba sur tous ceux qui entendaient la parole chez Corneille, comme Pierre parlait encore. Dieu de cette manière humiliait l'orgueilleux Juif, fortifiait et encourageait le gentil méprisé et confondait tout coeur par les merveilles de sa grâce. Y a-t-il donc quelque versalité dans le Saint Esprit ou quelque changement en Christ? Dieu nous garde de le penser!

(*) Baptisant eux (grec), non les nations, mais ceux d'entre les nations devenus disciples. (Editeur)

Dans d'autres cas, nous voyons que les mains ont été imposées pour que le Saint Esprit fût donné. N'y a-t-il pas de la sagesse en cela? Oui certainement, chers amis. Au chapitre 8 du livre des Actes, nous lisons qu'à la suite de la persécution qui s'éleva à Jérusalem contre l'assemblée, les disciples furent dispersés, et «Philippe étant descendu dans une ville de la Samarie, leur prêcha Christ». On aurait pu estimer que c'était là une chose irrégulière. La jalousie du Juif vis-à-vis de Samarie (et il n'y a pas de jalousie plus profonde que la jalousie religieuse) eût porté ses pas partout ailleurs plutôt que là dans la prédication de l'évangile. Mais Philippe s'en va et fait de grands miracles. Les Samaritains reçoivent le message du salut «et il y eut une grande joie dans cette ville-là», comme il convenait pour ceux qui entendaient parler de Jésus. Mais le Saint Esprit n'était encore tombé sur aucun d'eux, car Dieu avait déterminé de mettre son sceau sur l'oeuvre de la manière la plus significative. Ceux de Jérusalem auraient pu dire: Nous ne pouvons pas accréditer l'oeuvre. Qui est-ce qui a envoyé Philippe en Samarie? car les apôtres n'avaient pas été dispersés. Mais Pierre et Jean descendent en Samarie en témoignage de la reconnaissance positive de l'oeuvre qui s'y opérait. L'oeuvre était reconnue comme étant de Dieu par ceux qui étaient estimés des colonnes dans l'assemblée, afin de réduire au silence ceux qui, misérablement, auraient pu élever contre l'oeuvre l'accusation d'irrégularité. Pierre et Jean imposèrent leurs mains sur les disciples et ils reçurent le Saint Esprit, Dieu n'intervenant pas ici seulement en gouvernant et ordonnant tout ce qui se faisait, mais il le sanctionnait par une manière de faire extraordinaire. Au lieu d'être le mode régulier, c'était une manière exceptionnelle, introduite en vue de répondre à des circonstances particulières et de fermer la bouche aux contredisants. Aucune méthode ne pouvait être plus sage et pleine de grâce. Comme Dieu avait donné le Saint Esprit aux gentils sans l'imposition des mains, ici en Samarie maintenant, dans sa riche grâce et sa parfaite sagesse, il donne l'Esprit selon un autre mode, par l'imposition des mains des apôtres.

Il reste un dernier passage sur lequel j'ai à dire quelques mots. Nous lisons au chapitre 19 des Actes des Apôtres, que «Paul, après avoir traversé les contrées supérieures, vint à Ephèse; et ayant trouvé de certains disciples, il leur dit: Avez-vous reçu l'Esprit saint après avoir cru? Et ils lui dirent: Mais nous n'avons même pas ouï dire si l'Esprit saint est. Et il leur dit: De quel baptême donc avez-vous été baptisés? Et ils lui dirent: du baptême de Jean. Paul dit: Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu'ils crussent en Celui qui venait après lui, c'est-à-dire dans le Christ Jésus. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et Paul leur ayant imposé les mains, l'Esprit saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent». Les hommes dont il est question ici étaient des croyants, mais ils n'étaient pas chrétiens. Un chrétien est un saint qui a le Saint Esprit. Sans doute tout chrétien est un saint, mais il est quelque chose de plus et il a infiniment plus, car il a le Saint Esprit. Le passage qui nous occupe le montre clairement. Paul demande: «Avez-vous reçu l'Esprit saint après avoir cru?» Il ne s'agissait pas de savoir s'ils croyaient; Paul ne doutait pas de l'existence de la foi dans leurs coeurs. Ces hommes étaient des disciples de Jean, et tous les disciples de Jean croyaient que Christ baptiserait du Saint Esprit; mais ceux-ci ne savaient pas que la promesse avait été accomplie, et c'est là le sens de leur réponse à la question de l'apôtre: «Nous n'avons même pas ouï dire si l'Esprit saint est». Paul commande qu'ils soient baptisés, et après qu'il leur a imposé les mains le Saint Esprit vint sur eux et ils parlèrent en langues. Le don du Saint Esprit, et les dons que le Saint Esprit confère sont deux choses bien distinctes, nous le voyons ici. Il est bien fâcheux et contraire à l'Ecriture de les confondre. Les dons de l'Esprit n'étaient que les preuves manifestes pour d'autres que le Saint Esprit était venu sur les disciples. Mais pourquoi a-t-il fallu que Paul leur imposât les mains ici? C'est, je n'en doute nullement, parce que la question pouvait être élevée, si Paul était un apôtre, et ainsi, devant les yeux de tous, l'imposition de ses mains est suivie du même résultat que l'imposition des mains de Pierre et de Jean en Samarie. Le grand point ici, c'était l'apostolat de Paul; en Samarie, il s'agissait de lier, par le moyen des colonnes de la circoncision, l'oeuvre dans la Samarie avec l'oeuvre dans Jérusalem. L'apôtre des Gentils, à Ephèse, reçoit le même témoignage que Pierre et Jean reçoivent ailleurs, sauf que ceux-ci agirent ensemble, tandis que Paul était seul: et ainsi il a pu dire: «Je n'ai été en rien moindre que les plus excellents apôtres» (2 Corinthiens 11: 5; 12: 11). «Sont-ils ministres de Christ?… moi encore plus» (2 Corinthiens 11: 13).

Que personne ne soit troublé par cette question: «Avez-vous reçu le Saint Esprit après avoir cru?» Le sujet qu'elle soulève est plein de consolation et d'encouragement. N'en soyons pas alarmés. Ai-je reçu le Saint Esprit? — Pour le savoir, il faut que je sache d'abord si je me suis soumis à la justice de Dieu? Est-ce que je me repose sur Christ, et son oeuvre? Quiconque se repose ainsi a le Saint Esprit. Posséder le Saint Esprit est autre chose que de savoir qu'on le possède. Il est possible de l'avoir sans qu'on le comprenne ou en le sachant. L'intelligence ne donne pas le Saint Esprit, et un mauvais système n'annule pas le don de Dieu. L'arminianisme ou le calvinisme peuvent empêcher ou entraver la jouissance, mais non pas la bénédiction elle-même.

Ayons soin de distinguer soigneusement le Saint Esprit d'avec les dons de l'Esprit (*). Lorsque le Père envoya le Fils au monde, la présence du Fils ici-bas fut accompagnée de miracles, et pareillement la présence du Saint Esprit a été accompagnée de miracles, et ces miracles étaient plus nécessaires dans ce dernier cas, parce que le monde ne pouvait pas voir le Saint Esprit. Je ne veux pas dire par là que l'Eglise méritât les miracles, mais il y avait dans son cas plus de danger que l'oeuvre fût contredite et niée.

(*) Il ne faut pas confondre les dons et la puissance de l'Esprit avec le don du Saint Esprit: on ferait ainsi un grand déshonneur au Saint Esprit et l'âme y perdrait beaucoup. Dans le premier cas, c'est le Saint Esprit qui donne; dans le second, c'est Lui qui est donné. La différence, quant à son application pratique, est celle-ci: bien des dons ont cessé, et l'incrédulité du coeur se manifeste en faisant penser que le Saint Esprit, donné le jour de la Pentecôte, n'est plus ici. Mais le Seigneur a déclaré que le Saint Esprit, contrairement à ce qui arrivait pour Lui-même, demeurerait toujours. La question de la présence de l'Esprit est une question de simple foi quant à la vérité de Christ. Tandis que les dons qui devaient être des signes ont disparu (et il n'est pas difficile de justifier la sagesse de cette disparition), le Saint Esprit habite dans l'Eglise et dans le croyant, et ne peut pas ne pas y habiter, sa présence n'étant pas seulement la reconnaissance de notre foi, mais de la rédemption de Christ qui demeure éternellement. Le Saint Esprit ne peut que demeurer, et cette vérité ne souffre pas de compromis, ni d'affaiblissement: nous devons la maintenir invariablement, tenant ferme que le Saint Esprit est sur la terre et dans le croyant jusqu'au retour de Celui qui vient et qui vient bientôt.

Le fait que certains croyants n'avaient pas reçu le Saint Esprit, si nous y prêtons attention, nous fournit la clef de l'état de certaines âmes. Ayant été convaincues de péché, elles ne savent pas se reposer sur Christ; elles font toujours de nouveaux efforts pour saisir Christ et elles ne se sont pas encore soumises à la justice de Dieu en Christ: je n'oserais pas dire que de telles personnes ont reçu le Saint Esprit. Sans doute, l'Esprit travaille en elles; mais je ne pourrais pas dire qu'il demeure en elles comme le sceau de l'adoption et les arrhes de l'héritage (voyez Ephésiens 1: 13, 14). Il serait bien hasardé de l'affirmer, quand une personne est dans la condition des fidèles de l'ancienne alliance, dans les soupirs et les ténèbres de la loi qui accompagnent cette condition d'âme. Mais quand une âme se soumet à Christ, tout est fini. Il peut y avoir des luttes encore; mais là où habite une réelle et vraie paix, là est le Saint Esprit. Si l'âme est seulement joyeuse, je ne pourrais en dire autant. Mais ceci demeure, c'est que, quand Dieu commence une oeuvre, il l'achève et ne s'arrête jamais, quand il agit en grâce par son Esprit, jusqu'à ce qu'il habite là. Mais il ne faut pas confondre l'opération de Dieu qui vivifie ou réveille, alors qu'on apprend à connaître le mal, et l'habitation du Saint Esprit dans la paix et la puissance.