Remarques sur l'histoire de l'Eglise

Les sept Eglises Apocalypse 2-3  ME 1869 page 301 et continué dans le ME 1870 page 96

 

Remarques sur l'histoire de l'Eglise. 1

Introduction. 2

Les erreurs de la plupart des historiens. 3

Les sept Eglises de l'Asie. 4

EPHESE. 5

SMYRNE. 5

PERGAME. 5

THYATIRE. 6

SARDES. 6

PHILADELPHIE. 6

LAODICEE. 6

Chapitre 1. 7

Christ unique fondateur de son Eglise. 9

L'ouverture du royaume des cieux. 12

La parabole de l'ivraie. 13

Le principe divin du gouvernement de l'Eglise. 15

Le principe du gouvernement de l'Eglise subsiste toujours. 17

Le principe de la réception dans l'Assemblée. 18

Chapitre 2. 19

Le jour de la Pentecôte pleinement venu. 19

La résurrection et l'ascension de Christ 21

La descente du Saint Esprit 22

Premier appel de Pierre aux juifs. 24

La vocation des gentils. 27

Les gentils scellés. 28

Le premier martyr chrétien. 30

Chapitre 3. 32

Les disciples persécutés et dispersés. 32

Les triomphes de l'évangile en Samarie. 33

Jérusalem et la Samarie unies par l'évangile. 35

L'eunuque éthiopien reçoit l'évangile. 36

 

Introduction

Il est probable que plusieurs d'entre nos lecteurs n'ont ni le temps ni l'occasion de parcourir les volumineux ouvrages qui ont paru de temps à autre sur l'histoire de l'Eglise. Toutefois ce qui forme depuis dix-huit siècles «l'habitation de Dieu» doit être pour ses enfants un sujet rempli d'intérêt. Nous ne parlons pas maintenant de l'Eglise telle que l'histoire la représente, mais de ce qu'elle est dans l'Ecriture, où elle nous est montrée dans son caractère spirituel, comme le corps de Christ, et «l'habitation de Dieu par l'Esprit».

Quand nous lisons ce qu'on est convenu d'appeler une histoire de l'Eglise, n'oublions pas que, depuis les temps apostoliques jusqu'à nos jours, l'Eglise professante a toujours été composée de deux classes de personnes, tout à fait distinctes; l'une, les chrétiens de nom; l'autre, les âmes vivantes; le vrai et le faux. Cet état de choses avait été prédit: «Car je sais ceci qu'après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau; et il se lèvera d'entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer des disciples après eux» (Actes des Apôtres 20: 29, 30). La seconde épître à Timothée est remplie d'avertissements et de recommandations quant aux diverses formes de mal qui déjà se manifestaient. Une sensible et rapide détérioration s'était produite depuis que l'apôtre avait écrit sa première épître. Il exhorte les hommes réellement pieux à s'éloigner de ceux qui, ayant la forme de la piété, en avaient renié la puissance. De semblables avertissements sont aussi nécessaires aujourd'hui qu'alors. Nous ne pouvons, sans renoncer au christianisme, nous séparer de la chrétienté; mais nous devons nous séparer de ce que l'apôtre appelle des «vaisseaux à déshonneur»; la promesse est que, «si quelqu'un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié et utile au maître, et préparé pour toute bonne oeuvre»

Il est intéressant, bien que douloureux, de remarquer la différence à cet égard entre la première et la seconde épître à Timothée. Dans la première nous voyons l'Eglise dans son vrai caractère, et dans la place bénie qu'elle devait occuper sur la terre. Elle y est présentée comme la «maison de Dieu», le dépositaire de la vérité, et le moyen de la manifester à l'homme. Dans la 2e épître nous la voyons telle qu'elle est devenue par l'infidélité de ceux auxquels elle avait confiée.

Prenons un passage de chacune de ces deux épîtres pour expliquer notre pensée. D'abord, «je t'écris ces choses, espérant aller bientôt vers toi, mais si je tarde — afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité» (1 Timothée 3: 14, 15). En second lieu: «Dans une grande maison il y a non seulement des vases d'or et d'argent, mais aussi de bois et de terre; et les uns sont à honneur et les autres à déshonneur» (2 Timothée 2: 20). Ici tout est changé. A la place de l'ordre divin, nous avons la confusion et le désordre; au lieu de «la maison de Dieu, la colonne et le soutien de la vérité», il y a «une grande maison», savoir le «mystère d'iniquité». La «maison» n'est plus dirigée selon la volonté de Dieu, ni propre à son habitation, mais elle est disposée et organisée d'après la volonté de l'homme, pour son propre avantage et son élévation personnelle. Ce fut donc de bonne heure que les maux qui ont déshonoré la chrétienté se sont manifestés. Toutefois de ce mal surgit le bien. L'Esprit de Dieu, dans sa miséricorde, nous a donné des directions précises pour les plus sombres jours de l'histoire de l'Eglise, et a clairement tracé le chemin de la vérité au travers des temps les plus mauvais. Aussi sommes-nous sans excuse si nous ne suivons pas ces indications. Les circonstances et les époques subissent des variations; mais la vérité divine ne change jamais.

Les erreurs de la plupart des historiens

Quelques historiens ont eu le tort de ne tenir aucun compte de ce mélange des «vaisseaux à déshonneur» avec les vaisseaux à honneur des vrais chrétiens avec les professants. Ces écrivains, n'étant pas eux-mêmes spirituellement éclairés, se sont attachés surtout à faire ressortir les actes répréhensibles des chrétiens de nom. Ils se sont étendus longuement et minutieusement sur les hérésies qui ont troublé l'église, sur les abus qui l'ont envahie, sur les controverses qui l'ont déchirée. Mais, pour nous, notre désir est de suivre, à travers la longue et sombre page de l'histoire, le sillon lumineux de la grâce divine, manifestée dans les vrais chrétiens.

Dieu ne s'est jamais laissé sans un témoignage. Dans tous les âges, et dans tous les lieux, il a eu ses bien-aimés, cachés peut-être, et ignorés du monde. Son oeil seul savait discerner les sept mille qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal sous le règne d'Achab et de Jézabel. Et nous ne doutons pas que des milliers, appartenant aux plus sombres jours du christianisme, ne doivent être manifestés à la fin comme faisant partie de cette Eglise glorieuse que Christ fera paraître devant Lui au jour si ardemment attendu de sa joie nuptiale.

Bien des pierres précieuses, tirées des débris confus du moyen-âge, réfléchiront sa grâce et sa gloire dans cette triomphante journée. Pensée bénie, qui inonde le coeur de reconnaissance et d'allégresse! Seigneur hâte ces temps, pour l'amour de ton Nom!

Les hommes sincèrement pieux sont instinctivement humbles, modestes, et peu connus du monde. Aucune humilité n'est aussi profonde que celle qui est produite par la connaissance de la grâce. De tels hommes n'occupent qu'une place bien insignifiante dans les annales de l'histoire. Mais les hérétiques, les ambitieux, les fanatiques, les visionnaires, font trop de bruit autour d'eux pour qu'on les laisse dans l'oubli. C'est pourquoi les historiens relèvent et racontent avec soin leurs actions répréhensibles.

Nous allons maintenant nous occuper, d'une manière générale, de la première partie de notre sujet, savoir: Les sept Eglises de l'Asie

Les sept Eglises de l'Asie

Les sept épîtres qui leur sont adressées nous serviront de guide dans cette étude. Elles sont strictement historiques, aussi bien que prophétiques, et Celui qui dès le commencement connaît la fin, a voulu qu'elles eussent une interprétation prophétique aussi bien qu'une application historique. Nous ne devons pas oublier le fait, que sept églises ont existé dans les sept villes mentionnées ici, et dans la condition décrite dans ces chapitres (Apocalypse 2, 3). Elles furent choisies parmi plusieurs, et présentées de manière à figurer ce qui devait arriver. Limiter l'application de ces épîtres aux sept églises alors établies en Asie serait nuire à l'unité de l'Apocalypse, et perdre la bénédiction promise au chapitre 1er de ce Livre: «Bienheureux celui qui lit, et ceux qui entendent les paroles de la prophétie». Le caractère du livre tout entier est prophétique et symbolique, et les chapitres 2 et 3 ne forment pas une exception. Le Seigneur les présente dans toute leur portée mystique: «le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et les sept chandeliers d'or. Les sept étoiles sont les anges des sept assemblées, et les sept chandeliers que tu as vus sont les sept assemblées».

Le nombre sept est caractéristique. Il symbolise la perfection des pensées ou des voies de Dieu quant au temps. Nous avons ainsi les sept jours de la semaine, les sept fêtes d'Israël, les sept paraboles du royaume des cieux en mystère. Nous trouvons le nombre de sept fréquemment dans ce livre qui s'occupe du Juif, du Gentil et de l'Eglise de Dieu comme responsable sur la terre. Ainsi nous avons sept églises, sept chandeliers, sept anges, sept sceaux, sept trompettes et sept derniers fléaux. C'est seulement dans les chapitres 2 et 3 que l'Eglise est considérée comme sur la terre, responsable devant Dieu et par conséquent sous son gouvernement. Du chapitre 4e au 19e on la voit dans le ciel. Plus tard elle apparaît avec son Seigneur dans une gloire pleinement manifestée. «Les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et pur».

Au milieu du livre, particulièrement depuis le 6e chapitre, il est question des Juifs et des Gentils avec lesquels Dieu, de son trône de gloire, agit en jugement. Mais ces événements n'auront lieu qu'après que l'Eglise, la véritable épouse de l'Agneau, sera enlevée dans le ciel, et que la chose dégénérée, qui prend le nom d'Eglise, sera finalement rejetée.

La triple division de ce livre, qui est donnée par le Seigneur lui-même, nous trace l'ordre dans lequel se passeront les événements annoncés, et doit servir de base à toute interprétation de l'Apocalypse. Au chapitre 1, verset 19, Christ nous indique le plan et le contenu du livre tout entier. «Ecris les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci». «Les choses que tu as vues» se rapportent à la révélation de Jésus dans le 1er chapitre, «les choses qui sont» à la condition du corps professant pendant la dispensation actuelle, condition qui nous est révélée dans les chapitres 2 et 3, et «les choses qui doivent arriver» occupent l'espace depuis le chapitre 4 jusqu'à la fin du livre. La troisième division commence au chapitre 4. Une porte est ouverte dans le ciel, et l'apôtre est appelé à y monter: «Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci». Les mêmes mots sont employés au chapitre 4: 1 qu'au chapitre 1: 19. Or il est impossible que des choses qui sont et celles qui doivent arriver par la suite coïncident; il faut que les unes aient pris fin avant que les autres aient commencé.

Quand le nombre sept est mentionné, non dans un sens littéral, mais symbolique, il signifie toujours quelque chose de complet. Il est employé ainsi aux chapitres 2 et 3. Nous savons que d'autres églises existaient outre les sept dont il est question ici. Mais sept sont choisies et réunies, afin de présenter un tableau complet de ce qui devait se développer plus tard, dans l'histoire de l'Eglise. Le Seigneur prévoyait que les principaux traits moraux, qui existaient alors, se produiraient dans le cours des temps. Nous avons ainsi un tableau septuple ou complet des conditions successives de l'Eglise professante pendant toute la période de sa responsabilité terrestre.

Nous jetterons un coup d'oeil rapide sur les épîtres aux sept églises, en donnant quelques notions générales sur les différentes périodes de l'histoire auxquelles elles se rapportent.

EPHESE.

Le Seigneur discerne en Ephèse la racine de toute décadence spirituelle: «tu as abandonné ton premier amour». Mais bien que cette accusation fût vraie, même dans les temps apostoliques, il y avait aussi dans ces paroles une solennelle prédiction pour les siècles à venir. Ephèse est divinement avertie qu'à moins qu'elle ne se repente, «son chandelier sera ôté de sa place». — Période: depuis l'âge apostolique jusqu'à la fin du second siècle.

SMYRNE.

Le message adressé à Ephèse est général; celui que reçoit Smyrne est spécial. Et bien qu'il eût sa première application à l'assemblée qui se trouvait réunie à Smyrne, il se rapporte, d'une manière remarquable, aux persécutions consécutives que traversa l'Eglise pendant le règne des empereurs romains. Mais Dieu a pu se servir de la puissance du monde pour arrêter le progrès du mal dans l'église. — Période depuis le second siècle jusqu'au temps de Constantin.

PERGAME.

Ici nous avons l'établissement par Constantin du christianisme comme religion de l'Etat. Au lieu de persécuter les chrétiens, le monarque les patronna. Dès ce moment la pente qui entraîna l'Eglise toujours plus bas, fut rapide. Sa coupable alliance avec le monde prouva l'étendue et la profondeur de sa chute. — Période: depuis le commencement du quatrième siècle jusqu'au septième siècle, où le papisme fut établi (*).

(*) Le titre de «Pape» fut adopté d'abord par Hygin en 139; et le pape Boniface III obtint de Phocas empereur d'Orient que ce titre fût réservé seulement aux évêques de Rome, en 606. Ce fut aussi par la connivence de Phocas que fut établie la suprématie du pape sur l'Eglise chrétienne. (Dictionnaire des dates par Haydn)

THYATIRE.

Nous avons en Thyatire le papisme du moyen-âge. Il porte l'empreinte de Jézabel, commettant toutes sortes d'iniquités, et, sous les apparences du zèle religieux, persécutant les saints de Dieu. Toutefois il y avait dans Thyatire un résidu fidèle que le Seigneur encourage et console, en lui présentant l'espérance glorieuse de son avènement, et la promesse de sa domination sur les nations. Mais il y a aussi une parole d'avertissement: «tenez ferme ce que vous avez jusqu'à ce que je vienne». — Période: depuis l'établissement du papisme jusqu'à la venue du Seigneur. Elle dure jusqu'à la fin; mais elle appartient surtout au moyen âge.

SARDES.

Nous avons ici la portion protestante de la chrétienté, — l'époque qui suivit la grande oeuvre de la Réformation. Les traits les plus choquants du Papisme disparaissent, mais le nouveau système manque de vitalité. «Tu as le nom de vivre, mais tu es mort». Néanmoins, dans ces systèmes dépourvus de vie, se trouvent de vrais saints, et Christ les connaît tous. «Tu as aussi à Sardes quelque peu de personnes qui n'ont point souillé leurs vêtements, et qui marchent avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes». — Période: depuis le seizième siècle — c'est-à-dire le protestantisme après la Réformation.

PHILADELPHIE.

Dans l'église de Philadelphie nous avons un résidu faible, mais fidèle à la parole et au nom du Seigneur Jésus, formant, pour ainsi dire, l'expression du témoignage spécial et de l'appel de Dieu dans ces derniers temps. Le système, d'où le croyant est invité à sortir, revêt plus tard le caractère Laodicéen. Christ, s'occupant de sa maison, est au milieu de ces fidèles témoins comme le Saint et le Véritable. Il possède «la clef de David», et Il ouvre à ceux qui sont dans la maison les trésors de la parole prophétique. Ce résidu est aussi dans la communion de sa patience, et dans l'attente de sa venue. «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l'heure de la tentation, qui va arriver sur tout le monde habitable, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre». — Période: depuis la Réformation — mais datant surtout du commencement de ce siècle et se rapportant spécialement au temps où nous vivons. Une activité charnelle amènera le rapide développement de la dernière phase dans l'histoire de la chrétienté.

LAODICEE.

Dans Laodicée nous avons la tiédeur, l'indifférence, le système latitudinaire, unis à de grandes prétentions, à une profession de piété, à un esprit de vanterie et de suffisance. C'est la dernière manifestation du système qui porte le nom de Christ, mais qui Lui est devenu intolérable. L'heure de sa condamnation finale approche, et le Seigneur, après avoir retiré à Lui, de la corruption de la chrétienté, tous les vrais croyants, la «vomira de sa bouche». Ce qui aurait dû être pour le Seigneur Jésus d'une agréable odeur Lui est devenu odieux, et il le rejette. — Période parallèle avec Philadelphie et Sardes, ayant trait surtout à l'acte final.

 

Nous essaierons maintenant, avec l'aide du Seigneur, de retracer très brièvement ces différentes périodes de l'histoire de l'Eglise. Et pour cela, nous comptons examiner plus en détail chacune des sept épîtres, afin de nous rendre compte de la lumière spéciale qu'elles répandent sur les époques dont nous voulons nous occuper. Nous saurons ainsi dans quelle mesure les faits dans l'histoire de l'Eglise correspondent avec l'histoire scripturaire, contenue dans ces deux chapitres de l'Apocalypse. Puisse le Seigneur nous diriger et bénir pour ses bien-aimés.

Chapitre 1

Quand nous voulons étudier une question quelle qu'elle soit, il est utile de remonter à son origine, de connaître le dessein qui l'a mise en lumière, et le début de son histoire. Tous ces détails quant à l'Eglise nous sont pleinement démontrés dans les Ecritures. Nous y trouvons non seulement l'intention originelle, mais aussi les vues et les spécifications du grand Fondateur, ainsi que l'histoire primitive de l'oeuvre dirigée par Lui. «Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés» (Actes des Apôtres 2). Ceci est historique. Le fondement avait été posé, et l'œuvre progressait; mais le Seigneur Lui-même était alors le seul constructeur, et voilà pourquoi tout était réel et parfait.

A la fin de la dispensation, juive le Seigneur ajouta le résidu sauvé d'Israël à l'Eglise nouvellement formée; mais à la fin de l'économie actuelle, Il prendra à lui dans le ciel, revêtus de corps glorifiés, tous ceux qui croient en son Nom. Pas un de ceux qui font partie de l'Eglise ne sera mêlé à la congrégation des saints de l'âge millenial. «Car le Seigneur Lui-même, avec un cri de commandement, et une voix d'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous les vivants qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 16, 17). Ce sera là l'heureuse terminaison de l'histoire terrestre de l'Eglise, la véritable épouse de Christ. Les morts ressuscités, les vivants transformés, et tous ensemble, dans leurs corps glorifiés, enlevés dans les airs, pour aller à la rencontre du Seigneur. La limite de la durée de l'Eglise est ainsi définie, et toute la période de son histoire est placée devant nous. Revenons à l'aurore de son existence terrestre.

Le Seigneur introduit tout d'abord le sujet de l'Eglise sous la figure d'un édifice. Et ces paroles sont si précieuses que nous pouvons bien les prendre pour la pierre de touche de son histoire. Elles ont soutenu les espérances et fortifié les coeurs des siens dans toutes les époques, et dans toutes les circonstances, et elles seront jusqu'à la fin la forteresse de la foi. Que pourrait-on imaginer de plus rassurant que ces paroles:

SUR CE ROCHER JE BATIRAI MON ASSEMBLEE, ET LES PORTES DU HADES NE PREVAUDRONT PAS CONTRE ELLE?

Le Seigneur dans Matthieu 16 interroge ses disciples sur les suppositions des hommes, concernant sa Personne. Cet entretien conduit à la glorieuse confession de Pierre, et aussi à cette précieuse révélation que fait le Seigneur à l'égard de l'Eglise. Comme l'entretien qui eut lieu alors se rapporte entièrement à ce sujet, il sera peut-être utile de l'insérer ici.

«Et Jésus, venant aux quartiers de Césarée de Philippe, interrogea ses disciples, disant: Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l'homme? Et ils dirent: Les uns disent, Jean le Baptiseur; les autres, Elie, et d'autres, Jérémie ou l'un des prophètes. Il leur dit: Et vous, qui dites-vous que je suis? et Simon Pierre, répondant, lui dit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Et Jésus répondant, lui dit: Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, car la chair et le sang ne t'ont pas révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi aussi, je te dis, que tu es Pierre, et sur ce rocher, je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle».

Deux choses doivent arrêter notre attention quant à l'édifice qui devait être construit: le fait d'être fondé sur le Rocher, et la Personne du divin Fondateur. «Sur ce Rocher je bâtirai mon assemblée». Il se peut qu'on demande: Qu'est-ce que ce Rocher? Nous répondons: La confession de Pierre et nullement Pierre lui-même, comme l'enseigne l'apostasie. Il est de toute vérité que l'apôtre était une pierre, — une pierre vivante dans le nouveau temple: «Tu es Pierre»; — tu es une pierre. Mais, la révélation par le Père à Pierre de la gloire personnelle de son Fils, est le fondement sur lequel l'Eglise est bâtie. «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». La gloire de la personne du Christ dans sa résurrection est la vérité qui est révélée ici: «la chair et le sang ne t'ont pas révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.

Immédiatement après la confession de Pierre, le Seigneur manifeste son intention de bâtir son assemblée, et en proclame l'éternelle stabilité: «Sur ce rocher, je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle».

Lui qui est la source de la vie ne pouvait être vaincu par la mort. Mais en mourant pour les pécheurs comme leur Substitut, Il triompha de la mort et du sépulcre, et Il est vivant au siècle des siècles comme Il le dit après sa résurrection à l'apôtre Jean: «Je suis le vivant et j'ai été mort, et voici, je suis vivant au siècle des siècles; et je tiens les clefs de la mort et du hadès» (Apocalypse 1: 10).

Quelles paroles pleines de triomphe et de majesté — paroles d'un vainqueur qui a puissance sur les portes du hadès, le séjour des âmes séparées du corps. Les clefs de ce séjour — symboles de puissance et d'autorité sont suspendues à sa ceinture. La mort peut atteindre le croyant, mais elle a perdu son aiguillon. Elle vient comme un messager de paix pour introduire le pèlerin lassé du chemin, dans les demeures de l'éternel repos. La mort n'est plus le maître, mais le serviteur du chrétien, «car toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit monde, soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses à venir, toutes choses sont à vous, et vous êtes à Christ et Christ est à Dieu» (1 Corinthiens 3: 21, 22).

C'est donc la Personne de Christ dans la gloire de sa résurrection, qui est l'immuable fondement sur lequel l'Eglise est bâtie. Comme Celui qui est vivant d'entre les morts, Il communique la vie de résurrection à tous ceux qui sont édifiés sur Lui, la vraie, «pierre de l'angle». Pierre dit dans sa 1e épître: «Duquel vous approchant comme d'une pierre vivante — vous aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés, pour être une maison spirituelle». Et plus loin dans ce même chapitre, Pierre ajoute: «pour vous qui croyez elle a ce prix», ou elle est en honneur. Qu'il nous soit donné à tous de méditer ces deux précieuses vérités, bases de notre stabilité, — savoir, la vie divine, et l'inestimable valeur de ce qui est divin. Ces deux choses nous sont communiquées et deviennent le partage de tous ceux qui se confient en Christ. «Duquel vous approchant», c'est-à-dire de la personne de Christ, car c'est à Lui-même que nous avons affaire. Sa vie, la vie de résurrection devient la nôtre, et dès lors Il est notre Vie: «Vous aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle». La vie de Christ comme Homme ressuscité nous appartient avec tout ce dont Il est héritier. Vérité étonnante! Qui n'aspirerait à posséder cette vie qui est à l'abri de la puissance de la mort, et des portes du hadès? L'éternelle victoire est empreinte sur la vie ressuscitée du Christ, elle ne peut plus être mise à l'épreuve, et c'est là la vie même du croyant.

Mais pour chaque pierre vivante de ce temple spirituel, il y a plus que la vie; il y a aussi la valeur inestimable de Christ qui devient nôtre, aussi bien que sa vie divine, quand nous croyons en Lui. Sa Vie nous donne la capacité de jouir, et sa valeur personnelle nous assure le droit de posséder le céleste héritage. Ses honneurs, ses titres, ses dignités, ses privilèges, ses possessions et ses gloires nous appartiennent en Lui. «Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle». Telle est notre assurance, et telles sont les bénédictions de tous ceux qui sont établis sur le Rocher. Il en fut ainsi de Jacob, quand, étranger et voyageur, il se reposa sur la pierre dans le désert, et que toutes les beautés du ciel dans la grâce et dans la gloire passèrent devant lui (Genèse 28).

Christ unique fondateur de son Eglise

Christ est aussi le fondateur de son assemblée: «Sur ce Rocher je bâtirai mon assemblée». Il est de toute importance d'être au clair sur ce point, afin de ne pas confondre ce que construit l'homme avec l'édifice de Christ. A moins que cette distinction ne soit comprise, la plus grande confusion doit se produire dans les idées touchant la vérité de Dieu, et l'état actuel de la chrétienté. Christ est présenté ici comme l'unique Fondateur de son Assemblée, bien que Paul et Apollos et tous les vrais évangélistes soient des ministres, par le moyen desquels les pécheurs sont amenés à la foi. L'oeuvre du Seigneur dans les âmes des croyants est parfaite. C'est une oeuvre réelle spirituelle et personnelle. Par l'action de sa grâce dans leurs coeurs, ils ont goûté que le Seigneur est bon, ils viennent à lui comme à une pierre vivante, et sont édifiés sur Celui qui est ressuscité des morts. Telles sont les «pierres vivantes» avec lesquelles Christ construit son saint temple; et contre cet édifice les portes du hadès ne prévaudront jamais. C'est ainsi que Pierre, les apôtres, et tous les vrais croyants constituent un édifice spirituel. Quand Pierre en parle dans sa 1e épître, il ne fait aucune mention de lui-même comme en étant le constructeur. Nul autre que Christ ne met la main à cet édifice qui est uniquement son ouvrage. «Je bâtirai mon assemblée».

Voyons maintenant, d'après la Parole de Dieu, ce que construit l'homme, quels matériaux il emploie, et de quelle façon il se met à l'oeuvre: 1 Corinthiens 3, et 2 Timothée 2 nous instruisent à cet égard. Une «grande maison» est construite par l'homme; maison qui, dans une certaine mesure, est aussi l'Eglise, et la maison de Dieu, comme 1 Timothée 3: 16 nous parle de «la maison de Dieu qui est l'assemblée du Dieu vivant». Elle est aussi mentionnée dans Hébreux 3, comme étant la maison de Christ, dont nous sommes la maison. Mais cette maison dégénéra à cause de l'infirmité humaine, et de l'iniquité qui l'envahit. L'autorité de la Parole de Dieu fut mise de côté par le grand nombre, et la volonté de l'homme devint suprême. Bientôt, l'effet de la philosophie humaine sur les simples institutions de Christ se manifesta tristement. Mais «le bois, le foin, le chaume» ne peuvent s'allier avec «l'or, l'argent, et les pierres précieuses». La maison devient grande, à vues humaines, semblable au grand arbre de la parabole dont les branches sont pour plusieurs une agréable et commode retraite. L'homme qui fait partie de cette «grande maison» occupe une certaine position dans le monde, au lieu d'être rejeté et méprisé comme le Maître. L'Archevêque suit de près le Roi. L'Eglise professante ne se contente pas de la pompe extérieure; elle a encore d'autres prétentions, et cherche à apposer le sceau de Dieu sur son oeuvre profane. C'est là son péché capital et la source de son aveuglement, de sa confusion et de sa mondanité.

Paul, choisi par Dieu pour faire son oeuvre, posa le fondement de l'édifice de Dieu à Corinthe; et d'autres bâtirent sur ce fondement; les uns avec de l'or, de l'argent et des pierres précieuses, et d'autres avec du bois, du foin et du chaume. C'est-à-dire, tandis que quelques-uns enseignaient la pure doctrine, et exigeaient une foi vivante dans tous ceux qui demandaient à participer à la Cène, d'autres pouvaient propager de fausses doctrines, et recevoir dans l'Assemblée des personnes dénuées de foi; l'observation des ordonnances prenant ainsi la place de la foi et de la vie éternelle. Ici intervinrent l'action, la responsabilité et la misère de l'homme. Toutefois, s'il possède la foi en Christ, celui qui bâtit peut lui-même être sauvé, bien que son oeuvre soit détruite. Mais il y a une catégorie de constructeurs plus coupables, qui souillent le temple du Seigneur, et qui seront eux-mêmes détruits. Nous citons le passage tout entier. Rien n'est plus clair: «Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre édifie dessus; mais que chacun considère comment il édifie dessus. Car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus Christ. Or, si quelqu'un édifie sur ce fondement de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l'oeuvre de chacun sera rendue manifeste, car le jour la fera connaître, parce qu'il est révélé en feu, et le feu éprouvera et montrera quelle est l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre de quelqu'un qui aura édifié dessus, demeure, il recevra une récompense; si l'oeuvre de quelqu'un vient à être consumée, il en éprouvera une perte, mais lui-même il sera sauvé, toutefois comme à travers du feu. — Si quelqu'un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira» (1 Corinthiens 3: 10-17).

Remarquons encore quant à ces paroles du Seigneur: «sur ce Rocher je bâtirai mon assemblée», qu'Il n'avait pas encore commencé à l'édifier. Il annonce à ses disciples ce qu'Il allait faire. Il ne dit pas: j'ai bâti mon assemblée ou je la bâtis, mais je la bâtirai, et Il la commencé le jour de la Pentecôte.

Mais il y a une autre vérité qui est étroitement associée à l'histoire et à la condition de l'Eglise ici-bas, et qui mérite notre attention avant que nous nous occupions de son histoire actuelle. Il s'agit de la vérité que renferme cette expression:

LES CLEFS DU ROYAUME DES CIEUX.

Ceci nous conduit à la «grande maison» de la profession extérieure dont nous avons déjà parlé. Il ne faut pas oublier que «le royaume des cieux» et «la grande maison» ne sont pas la même chose. De nom, le monde appartient au Roi: «Le champ, c'est le monde». Les serviteurs doivent continuer les semailles. Ensuite nous avons «une grande maison», c'est-à-dire, la Chrétienté. Mais quand tout ce qui n'est que nominal ou extérieur dans la Chrétienté sera balayé par le jugement, le «royaume» sera établi dans la puissance et dans la gloire. Ce sera le temps millenial.

Le Seigneur, parlant à Pierre de l'Eglise, lui dit: «Je te donnerai les clefs du royaume des cieux». L'Eglise telle que Christ l'a fondée, et le «royaume des cieux» ouvert par Pierre sont deux choses complètement distinctes. Une des grandes erreurs de la chrétienté est d'employer ces deux expressions comme si elles étaient synonymes. Et les théologiens de tous les temps, ayant pris ce point de vue comme base de leurs raisonnements, ont traité de la manière plus confuse la question de l'Eglise et du royaume. L'expression de royaume des cieux à rapport à l'économie, et celle de royaume a un sens moral. Mais faute de quelque connaissance des voies de Dieu à l'égard des dispensations, nous ne pouvons jamais expliquer sainement sa Parole. On ne doit pas confondre ce que Christ Lui-même construit, avec ce que bâtit l'homme dans sa qualité d'intermédiaire, peut-être par le moyen de la prédication ou du baptême. L'Eglise qui est le Corps du Christ est fondée sur la confession qu'Il est le Fils du Dieu vivant, glorifié par sa résurrection d'entre les morts. Chaque âme, réellement convertie, a affaire avec Christ Lui-même, avant de faire partie de l'Eglise. Tandis que le «royaume» a une signification plus étendue, et comprend toute personne baptisée, tous ceux qui professent, sincèrement ou non, le christianisme.

Christ ne dit pas à Pierre qu'Il lui donnera les clefs de l'Eglise ou les clefs du ciel. S'Il avait parlé ainsi, le système papiste pouvait avoir quelque semblant de vérité. Mais Il dit tout simplement: «Je te donnerai les clefs du royaume des cieux» ou de la nouvelle économie. Des clefs ne servent de rien, quand il s'agit de construire des édifices, mais il en faut pour ouvrir des portes; et le Seigneur accorda à Pierre l'honneur d'ouvrir la porte du royaume, d'abord aux Juifs, et ensuite aux Gentils (Actes des Apôtres 2; 9). Le langage de Christ concernant son Eglise a une portée plus élevée. Il est simple, précis, et plein de grandeur: «Mon Eglise». Quelle profondeur, quelle plénitude dans ces deux mots! Le coeur qui est en communion avec Christ, touchant son Eglise, comprendra d'une manière inexprimable son affection pour elle. Nous aimons à redire ces deux mots «Mon Eglise», mais qui peut sonder les trésors d'amour que cette parole révèle. Pensons aussi à ces deux autres mots «ce rocher»; comme si Christ eût dit: La gloire de ma personne et la puissance de ma Vie dans la résurrection, forment l'inébranlable fondement de «mon Eglise». Et encore, «Je bâtirai». Ainsi nous voyons par ces six mots que tout est entre les mains de Christ, afin qu'Il soit «Chef sur toutes choses à l'Eglise, qui est son corps, et la plénitude de celui qui remplit tout en tous».

L'ouverture du royaume des cieux

Nous voyons, d'après les premiers chapitres des Actes, que le Seigneur confia d'une manière toute spéciale à Pierre, l'administration du royaume. Le terme est tiré de l'Ancien Testament. Lisez Daniel 2 et 7. Au chapitre 2, nous avons le royaume; au chapitre 7, nous avons le Roi. Cette expression «le royaume des cieux» ne se trouve que dans l'évangile de Matthieu qui est écrit surtout pour Israël.

La manifestation sur la terre du Royaume des cieux, dans la puissance et dans la gloire, était l'objet de l'attente, de tout Israélite pieux. Jean Baptiste, comme précurseur du Seigneur Jésus, vint et dit: «le royaume des cieux est proche». Mais les Juifs, au lieu de recevoir leur Messie, le rejetèrent et le crucifièrent; et par conséquent le royaume tel qu'ils l'attendaient fut mis de côté. Toutefois, il fut introduit sous une autre forme. Lorsque le Messie rejeté monta au ciel, et prit sa place à la droite de Dieu, triomphant de tous ses ennemis, le royaume des cieux fut inauguré. Maintenant le Roi est dans le ciel et, comme le dit Daniel, les cieux gouvernent quoique pas ouvertement. Et depuis l'époque de l'ascension de Christ jusqu'à son retour, nous avons le royaume dans un mystère (Matthieu 13). Mais le royaume sera manifesté, quand Il reviendra dans la puissance et dans une grande gloire.

Pierre eut le privilège d'ouvrir la nouvelle économie aux Juifs et aux Gentils. Il le fit pour les uns par son discours du chapitre 2 des Actes, pour les autres par celui du chapitre 10. Mais nous le répétons encore, l'Eglise ou l'Assemblée de Dieu, et le royaume des cieux ne sont pas identiques. Soyons bien au clair quant à ce point capital, car le mélange de ces deux choses a produit une grande confusion dans les esprits; et on peut le regarder comme l'origine du papisme, du puseyisme, et de tous les systèmes humains établis dans la chrétienté. Les remarques qui suivent sur le champ d'ivraie, tirées d'une publication récente, portent directement sur ce point, bien qu'elles fassent allusion à une époque bien plus éloignée que les premiers chapitres des Actes.

La parabole de l'ivraie

Matthieu 13: 24, 25. «Il leur proposa une autre parabole disant: Le royaume des cieux a été fait semblable à un homme qui semait de bonne semence dans son champ. Or, pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, et sema de l'ivraie parmi le froment, et s'en alla». C'est précisément ce qui est arrivé à ceux qui professaient d'appartenir à Christ. Une chose, entre autres, suffirait à expliquer le mal qui se produit chez les chrétiens. Je veux parler du manque de vigilance parmi les chrétiens eux-mêmes. Ils deviennent négligents, ils s'assoupissent et l'ennemi pénètre et sème de l'ivraie. C'est ce qui arriva dans ces premiers temps de la chrétienté. Nous trouvons les germes de ce mal même dans les Actes des Apôtres, et ils se développent dans le temps des épîtres. La première épître aux Thessaloniciens fut le premier écrit inspiré de Paul, et la seconde la suivit de près. Cependant il les avertit que le mystère d'iniquité existait déjà, que d'autres choses suivraient, telles que l'apostasie, la manifestation de l'homme de péché, et qu'une fois la révolte pleinement accomplie le Seigneur, au lieu de travailler dans l'ombre, paraîtrait pour détruire l'homme sans loi et tous ses adhérents. Le mystère d'iniquité semble se rapporter aux semailles de l'ivraie. Quelque temps après «lorsque la tige monta et porta du fruit», quand le christianisme fit de rapides progrès dans le monde «l'ivraie aussi parut». Mais, évidemment, elle avait été semée aussitôt après le bon grain. Quelle que soit l'oeuvre de Dieu, Satan veille. L'homme est créé; il écoute le serpent et tombe. Dieu donne la loi; elle est violée avant même de parvenir entre les mains d'Israël. L'histoire de la nature humaine est toujours la même.

Ainsi le mal est introduit dans le champ et depuis lors, le blé et l'ivraie n'ont jamais été séparés. L'ivraie n'est pas pour le moment enlevée: il n'y a pas de jugement pour elle. Cela veut-il dire que nous devions avoir de l'ivraie dans l'Eglise? Si le «royaume des cieux était l'Eglise, il faudrait renoncer à toute discipline, et tolérer l'impureté de la chair et de l'esprit. Voilà pourquoi il est si important de faire la distinction entre l'Eglise et le royaume. Le Seigneur défend qu'on arrache l'ivraie du royaume des cieux. «Laissez-les croître ensemble jusqu'à la moisson», c'est-à-dire jusqu'à ce que le Seigneur vienne pour juger. Si le royaume des cieux signifiait l'Eglise, nous arriverions à ce résultat, qu'aucun mal, quelque flagrant qu'il soit, ne doit être retranché de l'Eglise avant le jour du jugement. Nous voyons donc l'importance de faire ces distinctions que plusieurs méprisent, bien qu'elles soient essentielles en ce qui concerne la vérité et la sanctification. Nous ne pouvons nous passer d'une seule des paroles de Dieu.

Quelle est donc la portée de cette parabole? Elle n'a aucun rapport à la question de la communion de l'Eglise. Il s'agit du royaume des cieux, savoir, de l'état de choses où le nom de Christ est confessé, que cette profession soit vraie ou fausse. Ainsi, non seulement les chrétiens, mais aussi les méchants, pourvu qu'ils portent le nom de Chrétiens, Grecs, Coptes, Nestoriens, Catholiques romains, aussi bien que les Protestants, font partie du royaume des cieux. Un homme qui n'est ni Juif ni Païen, et qui extérieurement professe le nom de Christ, est dans le royaume des cieux. Si immoral, si hérétique qu'il puisse être, il ne doit pas être retranché du royaume des cieux, et on ne pourrait le faire qu'en lui ôtant la vie, car voilà ce que signifie arracher l'ivraie. Le christianisme mondanisant en arriva là peu de temps après que les Apôtres eurent quitté cette terre. La discipline fut remplacée par des châtiments temporels, et des lois furent promulguées à l'effet de livrer les récalcitrants aux mains du pouvoir civil, qui se prêtait servilement à ces mesures de répression. Quiconque n'honorait pas la soi-disant Eglise était indigne de vivre. Ce fut ainsi que le mal lui-même, contre lequel le Seigneur avait prémuni les disciples, se développa, et l'empereur Constantin se servit de l'épée pour réprimer les délits ecclésiastiques. Lui et ses successeurs introduisirent les punitions temporelles, dans le dessein de se défaire de l'ivraie en essayant de l'arracher. Prenez l'Eglise de Rome, où vous avez la complète confusion de l'Eglise avec le royaume des cieux, elle s'arroge le droit, si un homme est hérétique, de le livrer à la justice de ce monde pour qu'il soit brûlé; et jamais elle ne confesse le mal, parce qu'elle prétend être infaillible. Admettant même que ces victimes fissent partie de l'ivraie, ce serait l'arracher du royaume. Si l'on arrache l'ivraie, c'est la faire mourir. Il peut y avoir des hommes en dehors de l'Eglise qui profanent le Nom de Dieu, mais il faut les abandonner au jugement de Dieu.

Ceci ne change rien à la responsabilité chrétienne, quant à ceux qui entourent la Table du Seigneur. Vous trouverez des enseignements très précis à ce sujet dans ce qui est dit concernant l'Eglise. «Le champ est le monde». L'Eglise ne reconnaît que ceux que l'on croit être membres du Corps de Christ. Prenez 1 Corinthiens, où nous avons l'enseignement du Saint Esprit touchant le vrai caractère de la discipline ecclésiastique. Supposant des chrétiens professants qui vivent dans un péché quelconque, tant qu'ils persistent dans le mal, ils ne doivent pas être reconnus comme membres du Corps de Christ. Il se peut qu'un saint tombe dans le péché, mais l'Eglise le sachant doit intervenir afin de manifester la pensée de Dieu concernant ce péché. Permettre au coupable de venir à la Table du Seigneur, ce serait rendre le Seigneur solidaire. Il ne s'agit pas de savoir si la personne est convertie ou non. Si elle est inconvertie, elle n'a aucune place dans l'Eglise: si elle est convertie, il ne faut pas tolérer le péché. Les coupables ne doivent pas être retranchés du royaume des cieux, mais ils doivent être retranchés de l'Assemblée. Ainsi, l'enseignement de la Parole de Dieu est parfaitement clair quant à ces deux vérités. On n'a pas le droit de faire usage de châtiments humains, lorsqu'il s'agit d'un hypocrite, fût-il même démasqué. Mais si un chrétien est reconnu coupable de péché, l'Eglise, quoique appelée à attendre le jugement de Dieu avec patience, ne doit pas tolérer le mal.

Voilà donc l'enseignement de la parabole de l'ivraie, et il donne au Christianisme un aspect très solennel. Aussi certainement que le Fils de l'homme allait semer du bon grain, son ennemi sèmerait du mauvais qui pousserait avec le bon, et durant toute notre économie ce mal ne peut être déraciné. Il existe un remède contre le mal qui se trouve dans l'Eglise, mais il n'y en a pas encore pour le péché qui est dans le monde.

Il est de toute évidence d'après l'Ecriture et l'histoire, que la grave erreur, dans laquelle tomba le corps professant fut la confusion de ceux qui furent admis par le baptême aux privilèges officiels et temporels de l'Eglise professante, avec ceux qui étaient réellement convertis et enseignés de Dieu.

Pour étudier avec profit l'histoire de l'Eglise, il faut savoir distinguer très clairement le système des ordonnances, et celui de la Vie. Une autre erreur également grave suivit, comme c'était inévitable, celle que nous venons de signaler: Selon les idées et le langage des hommes, le vaste corps de professants de nom devint l'Eglise. Des hommes pieux furent entraînés dans le piège, de sorte que de bonne heure on perdit de vue la distinction entre l'Eglise et le royaume. Les charges les plus sacrées furent confiées indistinctement à des hommes pieux ou impies. La Réformation ne réussit pas à purifier l'Eglise de ce triste mélange, qui s'est perpétué dans les systèmes Anglican, Luthérien et Presbytérien. De nos jours le système sacramentel fait des progrès effrayants; et le discernement ne se fait guère, dans les diverses sections du Protestantisme, entre la réalité et la forme, ce qui est vivant et ce qui est mort. Hélas! combien de membres de l'Eglise professante, appartenant au royaume des cieux, ne seront jamais dans le ciel. Nous trouvons ici l'ivraie aussi bien que le blé, de méchants serviteurs à côté des fidèles, des vierges folles avec les sages. Bien que tous ceux qui ont reçu le baptême soient considérés comme faisant partie du royaume, ceux-là seuls qui sont vivifiés et scellés du Saint Esprit, appartiennent à l'Eglise de Dieu.

Mais il y a encore un point quant à l'Eglise professante qui mérite notre attention.

Le principe divin du gouvernement de l'Eglise

Non seulement le Seigneur donna les clefs à Pierre, afin qu'il pût ouvrir les portes de la nouvelle Economie, mais Il lui en confia aussi l'administration intérieure. Ce principe a une haute portée quant à l'Eglise de Dieu. Les paroles par lesquelles cette autorité est conférée sont celles-ci: «et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu délieras sur le terre sera délié dans les cieux». Il s'agit de connaître leur signification réelle. Nous croyons fermement que le Seigneur accorde à l'Eglise l'autorité et le pouvoir, mais que, quant aux résultats, ils sont limités à cette terre. Rien dans les paroles du Seigneur n'implique que les décisions prises seraient nécessairement ratifiées dans le ciel. C'est là la fausse interprétation, et la puissance mensongère de l'apostasie. L'Eglise sur la terre ne peut avoir rien à faire avec ce qui se passe dans le ciel, quant à ce qui est lié ou délié. La sphère de son action est confinée à ses propres limites et quand elle agit ainsi, selon le pouvoir que Christ lui a commis, elle a la promesse d'une ratification dans le ciel.

Il n'y a ici non plus aucune pensée de l'intervention de l'Eglise ou de ses ministres entre l'âme et Dieu, quant au pardon ou au jugement éternel: c'est là l'audacieux blasphème de Rome: «Qui peut pardonner le péché si ce n'est Dieu», qui se réserve exclusivement ce pouvoir? D'ailleurs, les sujets du gouvernement de l'Eglise ont reçu le pardon, ou du moins ils se sont placés sur le terrain de la foi en Christ». Ne jugez-vous pas ceux qui sont dedans?» Ceci ne peut donc s'appliquer qu'à ceux qui se trouvent dans le giron de l'Eglise. «Mais ceux de dehors, Dieu les jugera». Il est dit de tous les croyants dans le vaste champ de la chrétienté: «par une seule offrande Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés» (Hébreux 10). Ainsi le pouvoir donné à l'Eglise, de lier ou de délier les péchés, n'est que pour le temps présent et a un caractère purement administratif. Il consiste à mettre en pratique le divin principe de recevoir dans l'assemblée de Dieu des personnes qui ont rendu un suffisant témoignage de leur conversion, de leur saine doctrine, de la sainteté de leur vie; et aussi le droit de retrancher les pécheurs impénitents jusqu'à ce qu'ils soient rétablis par une sincère et profonde repentance.

Mais quelques-uns de nos lecteurs peuvent partager une opinion assez généralement reçue, que ce pouvoir n'a été donné qu'à Pierre et aux autres apôtres et qu'il a, par conséquent cessé d'exister. C'est là une erreur. Il est vrai qu'il n'a été donné en premier lieu qu'à Pierre, comme nous l'avons vu, et il fut sans doute exercé autrement pendant le temps des Apôtres que depuis lors; mais l'autorité demeure la même. C'est-à-dire, que l'Eglise a la même autorité maintenant quant à la discipline dans l'Assemblée, bien qu'elle n'ait plus la même puissance. La parole du Seigneur n'a pas varié. Un Apôtre seul avait le droit de parler comme Paul, 1 Corinthiens 5: «J'ai jugé — vous et mon esprit étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus Christ — de livrer au nom de notre Seigneur Jésus Christ — celui qui a ainsi commis cette action, à Satan, pour la destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus». C'était un acte d'autorité spirituelle et individuelle, et non pas le jugement de l'Eglise (*). Le même Apôtre, en faisant allusion aux mêmes circonstances, dit à l'Assemblée: Otez d'entre vous-mêmes «le méchant». Le retranchement était l'acte, non seulement de l'Apôtre, mais de toute l'Assemblée. Dans ce cas, et de cette manière, les péchés de l'excommunié furent liés, bien qu'il fût évidemment un homme converti. Dans la 2e épître au chapitre 2, nous le trouvons pleinement réintégré. Sa repentance est acceptée par l'Assemblée; — ses péchés sont déliés. La joie qui déborde du coeur de l'Apôtre à cette occasion, et les exhortations qu'il adresse à l'Eglise sont de précieux enseignements pour tous ceux qui ont affaire avec le gouvernement des assemblées; et ont pour but de faire disparaître cette froide méfiance, avec laquelle un frère qui a failli n'est que trop souvent accueilli, quand il est de nouveau rétabli dans les privilèges de l'Assemblée. «C'est assez pour un tel homme de cette punition qui lui a été faite par la plupart d'entre vous, de sorte qu'au contraire vous devriez plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu'un tel homme ne soit accablé par une tristesse excessive. C'est pourquoi je vous exhorte de ratifier envers lui votre amour». Nous avons, dans cet incident à Corinthe, un exemple de ce que c'est que le gouvernement de l'Assemblée selon la volonté de Christ. «Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux».

(*) Livrer à Satan est un acte de puissance — retrancher un méchant est un devoir imposé à toute assemblée fidèle. L'exclusion de l'Assemblée de Dieu est une chose très grave, et doit produire un grand trouble et une vraie douleur; mais livrer quelqu'un à Satan est un acte de puissance positive. Cela a été fait à l'égard de Job pour son bien. Cela a été fait aussi par Paul, 1 Corinthiens 5, bien qu'agissant dans l'Assemblée réunie, et pour la destruction de la chair. Et il le fait encore sans allusion à l'Assemblée, dans 1 Timothée 1 quant à Hyménée et Alexandre, «afin qu'ils apprennent à ne pas blasphémer». Toute discipline est pour la correction de l'individu, bien que ce soit en vue aussi de maintenir la sainteté de la maison de Dieu, et de purifier les consciences des saints.

Le principe du gouvernement de l'Eglise subsiste toujours

Cela est vrai, mais la manière dont on peut mettre ces principes en pratique est encore pour plusieurs une question hérissée de difficultés innombrables. Eh bien! il faut tout simplement retourner à la parole de Dieu. Nous devrions pouvoir dire: «nous ne pouvons rien contre la vérité, mais pour la vérité» (2 Corinthiens 13: 8).

L'autorité administrative et la puissance dont nous parlons furent données, non seulement à Pierre et aux autres apôtres, mais aussi à l'Eglise. Dans Matthieu 18, nous voyons le principe, émis au chapitre 16, mis en oeuvre: «S'il ne veut pas les écouter, dis-le à l'assemblée, et s'il ne veut pas écouter l'assemblée, qu'il te soit comme un homme des nations et un publicain. En vérité, je vous dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel; — car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux».

Nous apprenons ainsi que les actes de deux ou trois réunis au Nom de Christ reçoivent la même sanction divine que l'administration de Pierre. Et encore dans Jean 20, le Seigneur attribue la même autorité spirituelle aux disciples qu'aux apôtres, et cela sur le terrain de la résurrection où l'assemblée est unie d'une manière vivante à Christ, l'homme ressuscité. Ceci est de toute importance. «L'esprit de vie dans le Christ Jésus affranchit les disciples de la loi du péché et de la mort». L'église est bâtie sur ce rocher, savoir Christ ressuscité, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle».

«Le soir donc de ce jour-là, qui était le premier jour de la semaine étant arrivé, et les portes du lieu où les disciples étaient assemblés, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, étant fermées, Jésus vint et se tint là au milieu d'eux. Et il leur dit: Paix vous soit! Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté: les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur. Jésus donc leur dit encore: Paix vous soit! Comme mon Père m'a envoyé, ainsi moi je vous envoie. Et ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit: Recevez l'Esprit saint. A quiconque vous remettrez les péchés, ils seront remis; et à quiconque vous les retiendrez, ils seront retenus». Le Seigneur ainsi forme et constitue la nouvelle création. Les disciples sont revêtus de paix et remplis de l'esprit de vie en Jésus Christ. Leur point de départ, comme messagers de Jésus, c'est son sépulcre vide, c'est-à-dire, du côté de la résurrection, et ils portent le message de la paix et de la vie éternelle à un monde écrasé sous le joug du péché, de la douleur et de la mort. Le principe du gouvernement intérieur est aussi clairement défini, et une administration, ainsi comprise, imprimera toujours à l'assemblée chrétienne un caractère distinctif et céleste, devant Dieu et devant les hommes.

Le principe de la réception dans l'Assemblée

Ce principe devint être la base de tout rassemblement chrétien, il sera bon de nous rendre compte de son application au temps des apôtres. Il est permis de croire qu'ils en comprenaient la signification et la réalisation pratique.

Il ne semblait pas qu'à la Pentecôte et dans les jours qui suivirent, les nouveaux convertis fussent assujettis à aucun examen quant à la sincérité de leur foi. «Ceux qui reçurent la parole avec joie, furent baptisés, et en ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes». Le fait d'avoir reçu avec joie la parole leur donnait droit au baptême et à la communion, mais l'oeuvre était entièrement entre les mains de Christ. «Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés». Aussi la tentative de tromperie, faite par Ananias et Sapphira, fut immédiatement découverte. Pierre agit comme il le devait. Mais le Saint Esprit était là dans toute sa majesté et dans sa puissance et l'apôtre le reconnaît. Aussi il dit à Ananias: «Comment Satan a-t-il rempli ton coeur pour que tu aies menti à l'Esprit Saint?» Mais cet état de choses fut de courte durée. Bientôt l'infirmité se manifesta, le Saint Esprit fut contristé, et il devint indispensable d'examiner ceux qui se présentaient, afin de savoir si leurs motifs, leur dessein, et leur état spirituel étaient en harmonie avec l'esprit de Christ. Nous nous trouvons maintenant dans l'état de choses décrit dans 2 Timothée 2. Nous ne devons être en communion qu'avec «ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur».

Un grand nombre de professants de nom étant entrés dans l'Eglise, il devint nécessaire d'user de prudence pour l'admission à la Cène. Il ne suffisait pas qu'on se déclarât soi-même converti, et que, sur la foi de cette simple affirmation, on demandât à être reçu dans l'Eglise. Il fallait que celui qui se présentait se soumît à être examiné par des chrétiens éclairés. La profession que fait un homme de sentir son péché, et d'être amené à la repentance envers Dieu, et à la foi au Seigneur Jésus, doit être soumise à l'examen de ceux qui ont fait les mêmes expériences. Admettant que la conversion soit évidente, il faut exercer, quant à la réception de l'individu, une pieuse vigilance, mêlée de tendresse, car il se peut qu'il y ait en lui, sans qu'il s'en rende compte, quelque chose de déshonorant pour Christ, de nuisible pour sa propre âme, et d'affaiblissant pour l'assemblée. Pour toutes ces choses le discernement spirituel est nécessaire. Et cette sollicitude, qui est pour le postulant une marque d'intérêt véritable, est aussi une précaution indispensable quant à l'honneur de Christ et à la pureté de la communion.

La communion chrétienne deviendrait impossible si les personnes étaient reçues uniquement d'après l'opinion qu'elles ont formées d'elles-mêmes. Les Actes (chapitre 9) nous montrent la réalisation pratique de ce principe dans l'histoire de l'apôtre Paul. Assurément, si lui ne pouvait pas être reçu sans un témoignage suffisant, qui a le droit de se formaliser? Sa position, il est vrai, était exceptionnelle, mais le fait peut nous servir d'exemple de ce que nous avançons.

Ananias à Damas et l'église à Jérusalem doutèrent de la réalité de la conversion de Saul, bien qu'elle fût miraculeuse. A la vérité, son inimitié déclarée contre le nom de Christ devait rendre les disciples d'autant plus circonspects. Ananias hésite à lui donner le baptême, avant d'être bien convaincu de sa conversion. Il consulte le Seigneur à cet égard; mais après avoir connu sa pensée, il va directement à Saul et, en lui donnant l'assurance que le même Jésus, qui lui était apparu sur le chemin de Damas, l'envoyait vers lui, Ananias confirme la vérité de ce qui avait eu lieu. Saul est consolé, il recouvre la vue, et reçoit le baptême.

Nous avons ensuite l'action de l'église à Jérusalem. «Et étant arrivé à Jérusalem il cherchait à se joindre aux disciples. Mais tous le craignaient, ne croyant pas qu'il fût disciple; mais Barnabas le prit, et le mena aux apôtres, et leur raconta comment dans le chemin il avait vu le Seigneur qui lui avait parlé et comment il avait parlé ouvertement à Damas au nom de Jésus». Ici, comme en tant d'autres occasions, Paul est en exemple à l'Eglise. Il est reçu dans l'Assemblée, en vertu du témoignage qui est rendu à la sincérité de sa foi; et c'est toujours ainsi que les postulants doivent y être admis. Mais tout en usant de vigilance, afin que les faux professants soient manifestés, n'oublions pas de traiter ceux qui sont faibles et timorés, avec patience et affection, pourvu qu'on trouve chez eux la vie de Christ, et une conduite qui y réponde (Romains 14; 15; 1 Corinthiens 5; 2 Corinthiens 2). Le sentier de l'Eglise sera toujours un sentier étroit.

Le Papisme a montré son entière perversité dans le funeste emploi qu'il a fait de la prérogative accordée à l'Eglise, de lier et de délier les péchés, et cet abus a été l'origine des abominations de l'absolution donnée par la prêtrise. Le Protestantisme, craignant peut-être tout ce qui pouvait avoir quelque ressemblance avec la religion de Rome, s'est jeté dans un autre extrême, et a presque aboli toute discipline. Le sentier de la foi est de suivre la parole du Seigneur.

Maintenant que nous avons déblayé le terrain quant aux grands principes fondamentaux de l'Eglise et du royaume, nous arrivons au jour de la Pentecôte. Ce jour est le point de départ de l'histoire de l'Eglise, que nous ne pourrons jamais comprendre à moins de nous rendre compte des principes du christianisme.

Chapitre 2

Le jour de la Pentecôte pleinement venu

La fête judaïque de la Pentecôte peut être appelée le jour de naissance de l'Eglise chrétienne. Elle était aussi le jour de la promulgation de la Loi sur le mont Sinaï, bien qu'il ne semble pas que les Juifs observassent un jour en commémoration de cet événement. Cinquante jours après la résurrection de notre Seigneur, l'Eglise fut formée, et son histoire commença. Les saints de l'Ancien Testament ne font point partie de l'Eglise du Nouveau Testament, qui n'a existé de fait que depuis la Pentecôte.

Tous les saints, depuis le commencement des temps, possèdent la vie éternelle; ils sont enfants du même Dieu et Père, et ils auront le même ciel pour demeure pendant l'éternité. Toutefois les saints de l'Ancien Testament appartiennent à une autre économie, ou plutôt à différentes dispensations qui ont existé et pris fin avant la venue du Christ. Les Ecritures nous retracent l'origine, le progrès, le déclin et la chute de chacune de ces économies, et chacune séparément sera en quelque sorte réfléchie ou représentée dans le ciel, puisque chacun de ces saints, appartenant à ces diverses dispensations, y occupera une place spéciale. C'est pourquoi l'Apôtre, dans Hébreux 11, dit en parlant des hommes de foi de l'ancienne alliance: «Et tous ceux-ci ayant reçu témoignage par la foi, n'ont pas reçu l'effet de la promesse, Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous». Assurément si Dieu parle de quelque chose de meilleur pour nous, il faut que ce soit aussi quelque chose de différent. Ne nous opposons pas à la Parole de Dieu. D'ailleurs le Seigneur, dans Matthieu 16, dit: «Sur ce Rocher je bâtirai mon Eglise». Et en même temps Il donne à Pierre les clefs pour ouvrir les portes de la nouvelle économie. Il n'avait pas encore commencé à bâtir son Eglise, et les portes du royaume n'avaient pas encore été ouvertes. Mais la distinction entre l'ancienne dispensation et la nouvelle sera plus clairement démontrée, quand nous parlerons des grands événements du jour de la Pentecôte. Nous commençons avec les types du Livre du Lévitique, chapitre 23.

Les enfants d'Israël reçurent l'ordre d'apporter au sacrificateur une gerbe des premiers fruits de leur moisson, afin qu'il la tournoyât devant l'Eternel et qu'elle fût agréée pour eux. Nous pensons que cette cérémonie, qui avait lieu le lendemain du sabbat juif qui suivait la Pâque, typifiait la résurrection de notre Seigneur, qui arriva le même jour, et l'acceptation du chrétien devant Dieu dans le Christ ressuscité: «Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur: Quand vous serez entrés au pays que je vous donne, et que vous en ferez (*) la moisson, alors vous apporterez au sacrificateur une gerbe des premiers fruits de votre moisson; il balancera cette gerbe-là devant l'Eternel, afin qu'elle soit agréée pour nous; le sacrificateur la balancera le lendemain du sabbat» (comparez Matthieu 28 et Marc 16).

(*) Non pas «aurez fait»; mais d'après Deutéronome 9: 16: «dès qu'on commencera à mettre la faucille dans les blés». (Editeur)

La fête de la Pentecôte avait lieu sept semaines ou sept sabbats complets, après que la gerbe avait été balancée devant l'Eternel. Cette cérémonie du tournoiement annonçait le premier jour de la moisson, en Judée; la Pentecôte indiquait la moisson entièrement terminée. Alors on célébrait une fête solennelle d'actions de grâces pour la moisson recueillie au grenier. Deux pains, faits avec la farine nouvelle et pétris avec du levain, caractérisaient cette fête. Les Israélites les apportaient hors de leurs demeures. On a parfois supposé que les deux pains préfiguraient la vocation de l'Eglise, comme composée de Juifs et de Gentils. Que cela soit ou non, le nombre deux est significatif. Pour établir un témoignage en Israël, il fallait deux témoins. Le levain, selon nous, indique le mal qui subsiste dans le croyant, et par conséquent aussi dans l'église, vue dans sa condition terrestre.

Avec la gerbe tournoyée, magnifique type du Christ ressuscité, on présentait des oblations de bonne odeur, mais on n'offrait aucun sacrifice pour le péché, tandis que les deux pains, types de ceux qui appartiennent à Christ, étaient accompagnés d'un sacrifice pour le péché. Le péché était là, il fallait un sacrifice pour le couvrir. Bien que le partait sacrifice de Christ suffise pleinement devant Dieu pour le mal inhérent à notre nature, aussi bien que pour les péchés que chacun de nous commet; toutefois, le péché demeure en nous, et il en sera ainsi aussi longtemps que nous serons dans ce monde. Cette vérité est généralement admise, bien que tous ne comprennent pas la perfection de l'oeuvre du Christ.

Par une seule offrande le chrétien a été amené à la perfection, pour toujours, bien qu'il ait à s'humilier et à confesser devant Dieu chacun de ses manquements.

Le sens typique de la Pentecôte fut pleinement éclairci par la descente du Saint Esprit. Il descendit pour «rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11: 52). Par ce grand événement le système judaïque fut mis de côté, et le nouveau vase du témoignage — l'Eglise de Dieu — fut introduit. Observons maintenant l'ordre des événements.

D'abord, la résurrection et l'ascension de Christ.

La résurrection et l'ascension de Christ

L'INCARNATION, LA CRUCIFIXION, LA RESURRECTION sont les trois grands faits sur lesquels repose le christianisme et l'Eglise. L'incarnation était nécessaire pour que la crucifixion eût lieu, et ces deux faits étaient nécessaires pour la résurrection. C'est une grande vérité, que le Christ est mort sur la croix pour nos péchés; mais il est également vrai que le croyant meurt aussi avec Lui dans sa mort (voyez Romains 6; Colossiens 2). La vie du chrétien est une vie de résurrection. L'Eglise est bâtie sur le Christ ressuscité. Aucune vérité ne peut être plus précieuse à la fois, et plus merveilleuse, que celle de l'incarnation et de la crucifixion; mais l'Eglise est associée avec Celui qui est ressuscité et glorifié.

Le chapitre 1 des Actes nous rapporte ce qui a trait à la résurrection et à l'ascension du Seigneur, ainsi qu'aux actions des apôtres avant la descente du Saint Esprit. Le Seigneur après avoir passé par la résurrection, parle et agit encore par le Saint Esprit. C'est par le Saint Esprit, qu'il donna des commandements aux apôtres qu'il avait choisis. Ceci est digne de toute notre attention, et nous pouvons en recueillir deux enseignements: Premièrement sur le caractère de notre union avec Christ; le Saint Esprit, qui est à la fois dans le chrétien et dans le Seigneur ressuscité, les unit ensemble: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui» (1 Corinthiens 6: 17). Par un seul et même Esprit, ils sont unis. En second lieu, ce fait prouve cette importante vérité, que le Saint Esprit demeurera et agira aussi dans le chrétien, alors qu'il sera ressuscité. Alors l'Esprit n'aura plus, comme maintenant, à lutter contre la chair qui est en nous; alors Il ne sera plus jamais contristé ou entravé. Il nous conduira à la plénitude des joies célestes: l'heureux culte, le saint service, et toute la volonté de Dieu.

Le Seigneur ressuscité exhorte ensuite les disciples à attendre à Jérusalem «la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez ouïe de moi; car Jean a baptisé avec de l'eau; mais vous serez baptisés de l'Esprit saint dans peu de jours». Il ne s'agit plus de promesses temporelles adressées à Israël, et réservées à d'autres temps. La promesse du Père touchant le Saint Esprit était quelque chose de tout autre, et les conséquences en devaient être aussi complètement différentes.

Après avoir parlé aux disciples de bien des «choses qui regardent le royaume de Dieu», le Seigneur monte au ciel, et une nuée le déroba à leurs yeux. Le retour du Seigneur est en même temps clairement annoncé. «Et ayant dit ces choses, Il fut élevé de la terre comme ils regardaient, et une nuée le reçut et l'emporta de devant leurs yeux. Et comme ils regardaient fixement vers le ciel, tandis qu'il s'en allait, voici, deux hommes en vêtements blancs se tinrent là à côté d'eux, qui aussi dirent: Hommes Galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant vers le ciel? Ce même Jésus, qui a été élevé d'avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel». Il est évident, d'après ces paroles, qu'Il monta personnellement, visiblement, corporellement, et qu'il reviendra de la même manière, — qu'il apparaîtra de nouveau sous les cieux et qu'il sera manifesté sur la terre, personnellement, visiblement, corporellement, mais alors ce sera en puissance et dans une grande gloire.

Les apôtres et les disciples avaient maintenant appris: 1° que Jésus avait été élevé de la terre au ciel; 2° Qu'Il reviendrait sur cette terre. Et c'est sur ces deux grands faits que repose leur témoignage. Mais Jérusalem devait être le point de départ de leur ministère, et c'est là qu'ils devaient attendre la puissance d'en haut. Nous arrivons maintenant au second grand événement d'une importance capitale quant à la condition de l'homme ici-bas, le don du Saint Esprit. Maintenant, ce doit être, non plus seulement Dieu pour nous, ni Dieu avec nous., mais Dieu en nous; et cela depuis le jour de la Pentecôte.

Ces articles sur l'histoire de l'Eglise ont été longtemps interrompus, parce que la chère soeur, qui les traduisait pour nous de l'anglais, est entrée dans le repos de Dieu, après une assez longue et douloureuse maladie.

La descente du Saint Esprit

Maintenant le temps était pleinement venu. La Rédemption était accomplie, — Dieu était glorifié, Christ à sa droite dans les cieux, et le Saint Esprit descend sur la terre. Dieu inaugure l'Eglise d'une manière digne de sa sagesse, de sa puissance et de sa gloire. Un miracle éclatant est opéré, un signe extérieur apparaît. Voici le récit de ce grand événement:

Actes des Apôtres 2: «Et comme le jour de la Pentecôte était venu (*), ils étaient tous d'un commun accord dans un même lieu. Et il se fit tout à coup un son du ciel, comme d'un vent violent et impétueux, et il remplit goule la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées, comme de feu; et elles se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis de l'Esprit Saint, et commencèrent à parler d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'énoncer». Arrêtons-nous ici un moment, pour rappeler quelques pensées en rapport avec la descente du Saint Esprit et avec le déploiement de sa puissance dans cette journée d'une solennelle importance.

(*) Ou plutôt s'accomplissait, comme le même verbe grec est traduit en Luc 9: 51. Ce qui allait se passer était l'accomplissement du type de l'ordonnance sur la fête de la Pentecôte. Voir le précédent article sur le même sujet (tome 10, page 388 et suivantes). (Editeur)

C'était d'abord comme accomplissement de la promesse du Père, que le Saint Esprit était envoyé du ciel. C'était là la grande vérité présentée par la Pentecôte. Il venait d'en haut pour demeurer dans l'Eglise, — place préparée pour Lui par l'aspersion du sang de Jésus Christ. C'était aussi l'accomplissement de la parole du Seigneur aux apôtres: «Vous serez baptisés de l'Esprit saint, dans peu de jours» (Actes des Apôtres 1: 5). Les disciples n'avaient probablement pas compris le sens de cette parole, mais maintenant elle était accomplie de fait. La doctrine d'un «seul corps» devait plus tard être pleinement révélée à Paul et par Paul, comme il le fait en 1 Corinthiens 12: 13: «Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres; et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit».

Mais de plus, outre les divers dons dispensés pour l'oeuvre du Seigneur, nous avons ici quelque chose de personnel, personnel de la manière la plus heureuse, quelque chose d'entièrement nouveau sur la terre. Le Saint Esprit Lui-même descend pour habiter, non pas seulement dans l'Eglise, mais aussi dans chaque individu qui croit au Seigneur Jésus. Et, grâces à Dieu, ce fait des plus bénis est aussi vrai et réel aujourd'hui qu'il l'était alors. Le Consolateur demeure maintenant dans tout croyant qui se confie en l'oeuvre accomplie du Christ. Le Seigneur avait dit, en contemplant d'avance ce jour: «Il demeure avec vous, et il sera en vous». Ces deux grands effets de la présence de l'Esprit furent pleinement accomplis le jour de la Pentecôte. L'Esprit vint pour demeurer dans chaque fidèle et dans l'Eglise: et maintenant, quelle vérité bénie! nous savons que Dieu n'est pas seulement pour nous, mais qu'il est avec nous et en nous.

Lorsque Dieu «oignit d'Esprit saint et de puissance Jésus de Nazareth» (Actes des Apôtres 10: 38), l'Esprit apparut sous la forme d'une colombe — bel emblème de la pureté immaculée, de la douceur et de l'humilité de Jésus, qui ne devait point faire entendre sa voix dans les rues, ni briser le roseau froissé, ni éteindre le lumignon fumant (Matthieu 12: 19, 20; comp. Esaïe 42: 2, 3). Mais dans le cas des disciples attendant à Jérusalem, il en fut tout autrement. Le Saint Esprit descendit sur eux en langues séparées — en langues de feu; et elles se posèrent sur chacun d'eux. Il y avait là quelque chose de caractéristique. C'était la puissance de Dieu en témoignage — un témoignage qui devait se répandre au dehors, être porté non seulement à tout Israël, mais à toutes les nations de la terre. La parole de Dieu devait aussi juger tout ce à quoi elle parviendrait — c'étaient des langues comme de feu. Le jugement de Dieu sur l'homme à cause du péché a été judiciairement exprimé en la croix, et maintenant ce fait solennel doit être proclamé auprès et au loin par la puissance de l'Esprit saint. Néanmoins la grâce règne — elle règne par la justice en vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur (Romains 5: 21). Le pardon est annoncé au coupable, le salut au perdu, la paix au troublé et le repos à celui qui est las. Tous ceux qui croient sont et seront à jamais bénis dans et avec un Christ ressuscité et glorifié.

Grands, en effet, doivent avoir été l'étonnement et la consternation du Sanhédrin et du peuple juif, à la réapparition, avec une telle puissance, des disciples de Jésus crucifié. Ils avaient sans doute pensé que, maintenant que le Maître s'en était allé, les disciples qui, pour la plupart, étaient des hommes du commun et sans éducation, ne pourraient rien faire d'eux-mêmes. Quelle ne dut donc pas être leur surprise en entendant ces hommes simples prêcher hardiment dans les rues de Jérusalem et opérer des centaines et des milliers de conversions à la religion de Jésus. Même au point de vue purement historique, cette scène offre un intérêt des plus palpitants, et les annales du monde ne présentent rien de pareil.

Jésus avait été crucifié; ses droits au titre de Messie, selon les notions populaires, avaient été ensevelis avec lui. Les soldats romains, qui gardaient son sépulcre, avaient été amenés, à prix d'argent, à répandre un rapport faux sur la disparition de son corps; l'agitation générale s'était sans doute calmée; la ville et le culte du temple avaient repris leur ancien train, comme si aucun grand événement n'avait eu lieu. Mais, du côté de Dieu, les choses ne devaient pas se passer ainsi tranquillement. Il attendait le temps déterminé pour affirmer les droits de son Fils, pour le glorifier sur le théâtre même de son humiliation; c'est ce qui eut lieu au matin du jour de la Pentecôte. De la façon la plus soudaine, la plus inattendue, les disciples dispersés de Jésus apparurent de nouveau avec une puissance miraculeuse; et ils accusent ouvertement les chefs et le peuple d'avoir pris Jésus le Nazaréen, de l'avoir jugé et crucifié; — ils leur déclarent qu'ils ont fait mourir leur propre Messie, mais que Dieu l'a ressuscité pour être Prince et Sauveur, et pour le faire asseoir à sa droite dans les cieux. «Là où le péché avait abondé, la grâce surabondait».

Rappelons encore que cette mémorable journée nous présente le contraste de la sentence prononcée à Babel; en effet, le salut est prêché dans les différents langages auxquels l'homme avait été condamné dans le juste déplaisir de Dieu. Cette oeuvre de Dieu, aussi prodigieuse que puissante, frappe la multitude; tous sont étonnés, confondus, et ils se demandent d'où peut venir cet étrange phénomène. Chacun, dans le dialecte du pays d'où il vient, entend de pauvres Galiléens parler des choses magnifiques de Dieu. Les Juifs, qui habitaient à Jérusalem, ne comprenant pas ces langues étrangères, se moquaient. Alors Pierre s'avançant leur expliqua dans leur propre langage et leur démontra par leurs propres Ecritures le vrai caractère de ce qui se passait sous leurs yeux.

Premier appel de Pierre aux juifs

Voici ce que nous lisons sur ce sujet: «Or il y avait à Jérusalem des Juifs qui y séjournaient, hommes pieux, de toute nation qui est sous le ciel. Et le bruit de ceci s'étant répandu, une multitude s'assembla, et fut toute confondue de ce que chacun les entendait parler en sa propre langue. Et ils étaient tous hors d'eux-mêmes, et s'étonnaient, disant l'un à l'autre: Voici, tous ceux-ci qui parlent, ne sont-ils pas Galiléens? Et comment chacun de nous les entendons-nous dans notre propre dialecte, celui du pays dans lequel nous sommes nés? Parthes et Mèdes et Elamites, et nous qui habitons la Mésopotamie, la Judée et la Cappadoce, le Pont et l'Asie, la Phrygie et la Pamphilie, l'Eypte et les quartiers de la Libye qui sont près de Cyrène, et nous qui séjournons à Rome; tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons annoncer dans nos langues les choses magnifiques de Dieu. Et ils étaient tous hors d'eux-mêmes et en perplexité, se disant l'un à l'autre: Que veut dire ceci? Et d'autres, se moquant, disaient: Ils sont pleins de vin doux. Et Pierre, s'étant levé avec les onze, éleva sa voix et leur parla: Hommes juifs, et vous tous qui habitez à Jérusalem, sachez ceci, et écoutez mes paroles; car ceux-ci ne sont pas ivres, comme vous pensez, puisque ce n'est que la troisième heure du jour»; c'est-à-dire, d'après notre manière de calculer, neuf heures du matin — l'heure de la prière dans le temple.

Ainsi Pierre se met en avant, et il explique aux Juifs que les choses merveilleuses qu'ils venaient de voir et d'entendre n'étaient pas le résultat de l'excitation, mais plutôt ce qu'ils auraient dû attendre d'après leurs propres écritures prophétiques. «C'est ici ce qui a été dit par le prophète Joël». Mais remarquez que le terrain, sur lequel Pierre se tient pour prêcher avec tant de hardiesse, est le terrain de la résurrection et de l'exaltation du Christ. C'est ce qu'il importe de bien comprendre, parce que cela nous fait voir le fondement sur lequel repose l'Eglise, et nous indique quand et où commence son histoire. Cette fête de la Pentecôte nous montre le premier jour de l'existence de l'Eglise, la première page de son histoire et les premiers triomphes de la grâce ineffable de Dieu envers l'homme. «Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, de quoi nous sommes tous témoins. Etant donc exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que maintenant vous voyez et entendez.

Car David n'est pas monté dans les cieux; mais lui-même dit: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds. Que toute la maison d'Israël sache donc certainement, que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié».

Citons ici quelques paroles d'un frère bien connu et apprécié parmi nous, sur les effets bénis du premier discours de Pierre et de la présence du Saint Esprit sur la terre:

«Il n'y avait pas seulement un changement moral, mais une puissance qui mettait de côté tous les motifs qui individualisaient ceux qui l'avaient reçue, en unissant ceux-ci comme une seule âme et dans une seule pensée. Ils suivaient constamment l'enseignement des apôtres; ils étaient en communion ensemble; ils rompaient le pain, et passaient leur temps en prières. Le sentiment de la présence de Dieu était puissant, et des prodiges et des signes s'opéraient par les mains des apôtres. Les croyants étaient unis par les liens les plus étroits, ils ne parlaient pas de leurs droits individuels; mais ils partageaient les uns avec les autres, et selon le besoin de chacun, ce qu'ils possédaient. Chaque jour ils étaient dans le temple, lieu où tout Israël accomplissait en public ses services religieux, et ils avaient leur propre service à part entre eux, rompant le pain journellement dans leurs maisons. Ils mangeaient avec joie et allégresse de coeur, louant Dieu et attirant sur eux la faveur du peuple qui les entourait. Ainsi l'Assemblée était formée, et le Seigneur y ajoutait chaque jour le résidu d'Israël, que Dieu voulait garder des jugements qui devaient fondre sur un peuple coupable du rejet du Fils de Dieu, leur Messie. Dieu transportait dans l'Assemblée, ainsi reconnue de Lui par la présence du Saint Esprit, ceux qu'il épargnait en Israël. Un nouvel ordre de choses, caractérisé par la présence du Saint Esprit, avait commencé; et c'était dans l'Assemblée qui en constatait l'existence, que se trouvait la présence de Dieu. Cette assemblée formait la maison de Dieu, quoique l'ancien ordre de choses subsistât toujours, jusqu'à ce que le jugement fût exécuté.

«L'Assemblée donc était formée par la puissance du Saint Esprit descendu du ciel, et fondée sur le témoignage que Jésus Christ, qui avait été rejeté, était élevé au ciel, étant fait de la part de Dieu Seigneur et Christ; cette assemblée se composait du résidu juif, de ceux qui devaient être épargnés d'entre ce peuple, sauf à introduire les Gentils quand Dieu en appellerait (*)».

(*) Etudes sur la Parole. N.T. volume 3, pages 13 et 14.

C'est donc là l'Eglise de Dieu, un rassemblement de ceux que Dieu a appelés autour du nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de Dieu. L'amour gouverne et caractérise l'Assemblée récemment formée. Les éclatantes victoires, remportées par la grâce dans cette mémorable journée, attestaient pleinement la puissance du Seigneur exalté et la présence du Saint Esprit sur la terre. Trois mille âmes furent converties par une seule prédication. Ceux qui avaient été les ennemis déclarés du Seigneur, et qui avaient participé à son meurtre, étaient dans une horrible angoisse sous la puissance de la parole de Pierre. Alarmés à l'affreuse pensée d'avoir mis à mort leur propre Messie, Celui que Dieu, en la présence de qui ils étaient maintenant, avait exalté à sa droite dans le ciel, ils s'écrièrent: «Hommes frères, que ferons-nous?» Dans un certain sens, le Seigneur avait étendu de Sion le sceptre de sa force; il dominait au milieu de ses ennemis, et son peuple devenait un peuple de franche volonté, au jour de sa puissance (Psaumes 110).

Là-dessus, Pierre cherche à affermir la bonne oeuvre dans leurs âmes; — il cherche à humilier les Juifs orgueilleux et moqueurs. «Repentez-vous, dit-il, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés: et vous recevrez le don du Saint Esprit». Il ne dit pas simplement: «Croyez au Seigneur Jésus Christ, et vous serez sauvés»; quoique, de fait, la foi et la repentance doivent aller ensemble là où l'oeuvre est réelle. Mais, dans ce cas, Pierre insiste sur la repentance. Grande avait été leur culpabilité, et une oeuvre moralement profonde dans leurs consciences était nécessaire pour leur humiliation. Il faut qu'ils voient leur culpabilité avec les yeux de Dieu, et qu'ils reçoivent la rémission de leurs péchés aux pieds de Celui qu'ils ont rejeté et crucifié. Néanmoins tout était grâce. Leurs coeurs furent touchés; ils se placèrent avec Dieu contre eux-mêmes; ils se repentirent véritablement, furent pardonnés et reçurent le don du Saint Esprit. Maintenant ils sont les enfants de Dieu, ils ont la vie éternelle: le Saint Esprit habite en eux. La réalité de leur changement fut rendue manifeste par un changement complet de leur caractère: «Ceux donc qui reçurent sa parole avec joie furent baptisés; et en ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes. Et ils persévéraient dans la doctrine des apôtres, et dans la communion, et dans la fraction du pain, et dans les prières».

Le baptême, après la confession de foi; la réception dans l'Assemblée; la cène du Seigneur; la communion des saints, et la prière: telles étaient leurs observances caractéristiques. Pour le moment, cette prière du Seigneur: «que tous soient un» fut admirablement exaucée; car nous lisons dans le chapitre 4e: «Et la multitude de ceux qui avaient cru étaient un coeur et une âme; et nul ne disait d'aucune des choses qu'il possédait, qu'elle fût à lui; mais toutes choses étaient communes entre eux». Pour rester dans le cadre du sujet que nous traitons et pour continuer à le développer, nous passerons au chapitre dixième.

La vocation des gentils

Corneille, le centenier ou capitaine romain, homme pieux, et ceux qui étaient avec lui sont maintenant reçus dans l'Assemblée de Dieu. Dans son premier discours (2: 39), Pierre avait déjà fait allusion à leur appel. Ici, il est sommé de Dieu, d'une manière spéciale et par des révélations spéciales de son conseil à ouvrir la porte à ces Gentils craignant Dieu. Jusqu'alors, l'Assemblée consistait essentiellement, sinon uniquement, en Juifs. Dieu, ayant égard à leurs préjugés nationaux, usait de ménagements avec son ancien peuple. «Corneille était un homme pieux et craignant Dieu avec toute sa maison, faisant aussi beaucoup d'aumônes au peuple, et priant Dieu continuellement». Les Juifs ne pouvaient élever, personnellement, aucune objection contre la réception d'un tel homme. Ainsi Dieu est plein de tendresse et de miséricorde. Pierre ne pouvait conserver aucune espèce de doute sur la volonté divine. Dieu avait, miséricordieusement, fait taire ses raisonnements et surmonté ses répugnances, par ce doux reproche: «Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur».

Pierre se rend, quoique lentement; c'était pour lui une oeuvre d'une nature toute nouvelle; rien ne lui paraît surprenant comme la pensée, que des Gentils puissent être introduits dans la bénédiction, sans devenir Juifs ou sans se soumettre à aucune ordonnance judaïque. Pour Pierre, pour les Gentils, et en soi, c'était là un pas immense en avant; cela sape à leur racine même le Papisme, le Puseyisme, la succession apostolique et tous les systèmes d'ordonnances. Ce fait répand un torrent de lumière sur le caractère de la dispensation actuelle. Et Pierre ouvrant la bouche, dit: «En vérité, je comprends que Dieu n'a point d'égard à l'apparence des personnes; mais qu'en toute nation celui qui le craint, et qui pratique la justice, lui est agréable». Evidemment, il n'était plus nécessaire de devenir Juif, ou de se soumettre à des cérémonies et à des rites extérieurs, pour jouir des plus riches bénédictions du ciel. Sans l'imposition des mains d'un apôtre — quoique Pierre lui-même fût là, avec une puissance et une autorité divines — et avant d'avoir été baptisés d'eau, ils furent tous baptisés du Saint Esprit. Pendant que la Parole de Dieu tombait des lèvres de Pierre, l'Esprit saint tomba sur tous ceux qui l'avaient entendue. Avant cela, pourtant, une oeuvre bénie, par la grâce de Dieu, avait été commencée dans le coeur de Corneille: c'était une âme divinement réveillée.

Les opérations vivifiantes de l'Esprit sont tout autre chose que le fait d'être scellé de l'Esprit: avant que le Saint Esprit puisse sceller, il doit y avoir quelque chose pour Lui à sceller. Il ne peut mettre son sceau à notre vieille nature, il faut qu'il y ait une nouvelle nature à sceller, en sorte qu'il y a, dans l'histoire de tous les chrétiens, un moment où ils étaient réveillés, et pas encore scellés; mais tôt ou tard, l'oeuvre commencée sera complétée (Ephésiens 1: 13). Par exemple, le fils prodigue fut réveillé ou converti, quand il revint à lui-même et qu'il quitta le pays éloigné: mais il ne connaissait pas encore l'amour et la grâce du Père: et, partant, il n'avait pas encore la foi qui se repose tranquillement sur lui, comme étant la source de toute bénédiction. Il était légal et incrédule, bien que réveillé. Certainement il n'était pas scellé, ou au large et en paix quant à son pardon et à son acceptation, avant d'avoir reçu le baiser de la réconciliation, ou, comme diraient quelques-uns, l'anneau. La notion évangélique de croire comporte plus que le fait d'avoir souci du sort de son âme et de s'en occuper avec intérêt, quelque réel que soit ce fait. Un manque de foi, déshonorant pour le Christ, peut, pour un temps, accompagner une vraie oeuvre de Esprit de Dieu dans l'âme. Le fils prodigue croyait, sans doute, qu'il y avait quelque chose de bon pour lui dans la maison et dans le coeur de son père; c'est pourquoi il ose s'en approcher; mais, assurément, cette croyance est bien loin d'atteindre à l'idée évangélique de la foi. «Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est vrai» (Jean 3: 33). Voilà la foi, et là où est cette foi, là est aussi le sceau de Dieu. Paul lui-même fut, au moins trois jours, livré à de profonds troubles d'âme, sans jouir de la paix et du repos que donne le sceau du Saint Esprit. «Il fut trois jours sans voir, et il ne mangea ni ne but» (Actes des Apôtres 9: 9). Mais revenons à notre sujet.

Les gentils scellés

Remarquons bien ce fait important, en rapport avec l'introduction des Gentils: c'est qu'ils reçoivent le don du Saint Esprit simplement par la prédication de la Parole. A Jérusalem, les Juifs avaient été baptisés avant de recevoir le Saint Esprit. A Samarie, les Samaritains avaient non seulement été baptisés, mais deux apôtres, venus de Jérusalem, avaient prié pour eux, pour qu'ils reçussent l'Esprit saint; puis ils leur avaient imposé les mains, et ils avaient reçu l'Esprit saint. Mais, à Césarée, sans baptême préalable, sans imposition des mains, sans prière, la plus précieuse bénédiction fut accordée aux Gentils; bien que la doctrine de l'Eglise comme corps de Christ ne fût pas encore révélée.

Cette grâce de Dieu envers les Gentils, au commencement de la dispensation actuelle, l'a dès lors toujours caractérisée. Nous ne sommes ni Juifs ni Samaritains, mais d'entre les Gentils. Aussi les voies de Dieu en grâce, et sa manière d'agir avec les Gentils ont une application spéciale pour nous.

Prédication, foi, sceau, baptême, tel est ici l'ordre divin des choses… Juifs, Gentils et Samaritains professaient de croire en Christ avant d'être baptisés. En effet, le baptême supposait la vie éternelle possédée par la foi, et non pas communiquée par cette observance, comme l'enseignent des Catholiques romains, et les Anglicans. «La grâce est communiquée, disent ces derniers, la vie est communiquée par les sacrements, et seulement par eux; abstraction faite de tout exercice de l'intelligence de la part de l'individu amené ainsi à l'union. Le saint baptême est le moyen de conférer à celui qui le reçoit une vie éternelle et spirituelle».

De telles idées, il n'est pas besoin de le dire, sont entièrement opposées à l'Ecriture. Le baptême, nous l'affirmons, ne confère rien. La vie est conférée par de tout autres moyens, comme les Ecritures nous l'enseignent clairement. La régénération, ou la nouvelle naissance, est, dans tous les cas sans exception, opéré par le Saint Esprit, comme nous le lisons, dans 1 Pierre 1: 22, 23: «Ayant purifié nos âmes par l'obéissance à la vérité par l'Esprit, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l'un l'autre ardemment d'un coeur pur, vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole de Dieu vivante et permanente». Ici, la vérité évangélique est considérée comme le moyen, et le Saint Esprit comme la puissance, dans la régénération. Christ ou Dieu en Christ devient le nouvel objet de l'âme. C'est par l'Esprit et par la vérité de Dieu que cet heureux changement s'est effectué. Ceux qui s'appuient sur le baptême d'eau comme moyen de l'effectuer, s'appuient, hélas! sur une grande illusion — une finale illusion.

Dans le cas des Gentils, dont nous nous occupons maintenant, il y avait en eux même plus que la vie, avant que le baptême leur fût administré. Ils avaient le sceau de Dieu. Le baptême est le signe d'une parfaite délivrance et du salut assuré au croyant par la mort et par la résurrection du Christ. Corneille avait la vie, il était pieux; mais il doit faire quérir Pierre pour entendre des paroles par lesquelles il serait sauvé — pleinement délivré. L'Ancien, comme le Nouveau Testament, enseigne cette vérité bénie de la manière la plus claire. Les Israélites, peuple typique, après avoir été amenés à Dieu et garantis, en Egypte, par le sang de l'agneau, furent baptisés par Moïse dans la nuée et dans la mer (1 Corinthiens 10: 2). C'est ainsi qu'ils furent délivrés de l'Egypte, et qu'ils virent le salut de Jéhovah. De même, Noé et sa famille furent sauvés à travers l'eau du déluge — non par elle. Ils avaient quitté l'ancien monde, passé au travers des eaux de la mort, et avaient abordé dans un état de choses entièrement nouveau. C'est la même figure, ou le même antitype, c'est-à-dire le baptême qui nous sauve maintenant… par la résurrection de Jésus Christ (Exode 14; 1 Pierre 3: 21).

Si quelqu'un demande quelle était donc la parole prêchée par Pierre, qui fut accompagnée d'une aussi remarquable bénédiction, nous répondrions: Il annonçait la paix par Jésus Christ, comme Seigneur de tous. Le Christ mort, ressuscité, élevé au ciel et glorifié: tel était le grand sujet de son témoignage, qu'il résume en ces mots: «Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit en lui, reçoit la rémission des péchés». Suit la bénédiction, qui étonna fort les Juifs qui étaient là; mais ils s'inclinèrent et reconnurent la bonté de Dieu envers les Gentils. «Comme Pierre prononçait encore ces mots, l'Esprit saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole. Et les fidèles de la circoncision, qui étaient venus avec Pierre, s'étonnèrent de ce que le don du Saint Esprit était répandu aussi sur les nations, car ils les entendaient parler en langues, et glorifier Dieu. Alors Pierre répondit: Quelqu'un pourrait-il refuser l'eau, pour que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu comme nous l'Esprit saint? Et il commanda qu'ils fussent baptisés au nom du Seigneur. Alors ils le prièrent de demeurer là quelques jours».

Revenons maintenant un peu sur nos pas pour rappeler quelques-uns des principaux événements qui, dans l'ordre des temps, précédent le chapitre 10.

Le premier martyr chrétien

ETIENNE, diacre et évangéliste, est le premier disciple qui fut appelé à recevoir la couronne du martyre pour le nom de Jésus. Il est à la tête de la noble armée des martyrs ou témoins du Seigneur, dont il est un fidèle imitateur. Ferme et invariable dans sa foi, courageux et intrépide devant ses accusateurs, fidèlement agressif dans sa défense devant le sanhédrin; exempt de toute animosité dans ses plus hardies assertions, plein de charité envers tous les hommes, il scelle son témoignage de son sang et s'endort en Jésus.

A quelques égards, Etienne ressemble au Seigneur lui-même. «Seigneur Jésus reçois mon esprit», rappelle: «Père! entre tes mains, je remets mon esprit» (Luc 23: 46). De même: «Seigneur, ne leur impute point ce péché», répond à: «Père, pardonne-leur: car ils ne savent ce qu'ils font» (ibid. verset 34): seulement Etienne n'allègue pas, à leur décharge, leur ignorance.

Nous avons déjà vu, que soit au dedans soit au dehors la jeune assemblée était agitée par des troubles. Il est vrai, la parole de Dieu croissait, des multitudes étaient converties, et une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi. Mais les Hellénistes (Juifs d'origine grecque) murmuraient contre les Hébreux (natifs de la Judée), parce que leurs veuves étaient négligées dans le service journalier. Cela donna lieu à la nomination de sept diacres (Actes des Apôtres 6). D'après leurs noms, qui nous sont donnés, il paraîtrait que les sept élus étaient des Grecs — tous du parti de ceux qui se plaignaient: ainsi l'Esprit de Dieu dirigeait l'assemblée dans la grâce. Etienne fut le premier de ces diacres, et en lui, premièrement, se réalisa cette parole de l'apôtre: «Ceux (il s'agit des diacres ou serviteurs de l'assemblée) qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus» (1 Timothée 3: 13). Il était plein de grâce et de puissance, et faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles. L'énergie du Saint Esprit fut tout particulièrement manifeste en Etienne.

Il y avait à Jérusalem diverses synagogues, en rapport avec les diverses catégories de Juifs. C'étaient celles des Libertins, des Cyrénéens, des Alexandrins etc. qui s'opposaient à Etienne; mais «ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait». Il s'ensuivit ce qui est ordinairement arrivé avec les confesseurs de Jésus dans tous les temps: incapables de lui répondre, ils l'accusèrent devant le conseil. De faux témoins sont subornés qui affirment l'avoir entendu «proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu; et dire que Jésus, ce Nazaréen, détruirait ce lieu-ci, et changerait les coutumes que Moïse leur avait enseignées». L'affaire fut portée devant le Sanhédrin — où les débats ont lieu; mais que durent penser les juges d'Etienne, quand ils virent son visage resplendissant, comme le visage d'un ange?

Nous avons sous les yeux (Actes des Apôtres 7) le noble et courageux discours d'Etienne aux chefs de la nation, pour lesquels il devait être à la fois convainquant, angoissant et accablant. Sans aucun doute, c'était là, dans la bouche d'Etienne, le témoignage du Saint Esprit aux Juifs; et ce qu'il y avait de plus humiliant pour les Juifs orgueilleux, c'était d'entendre leur jugement et leur condamnation dénoncés par les lèvres d'un Helléniste. Mais l'Esprit de Dieu, quand il n'est pas entravé par les arrangements humains, agit et opère par celui qu'Il veut.

Dans un langage ferme et hardi, Etienne récapitule les principaux points de l'histoire nationale de ses auditeurs. Il rappelle surtout l'histoire de Joseph et celle de Moïse. Le premier, leurs pères l'ont vendu aux Gentils; le second, ils l'ont repoussé comme chef et comme juge sur eux. Il leur reproche ensuite de résister toujours à l'Esprit saint — de transgresser continuellement la loi — et d'avoir maintenant livré et mis à mort le Juste. Ici, ce fidèle témoin de Christ fut interrompu; on ne lui permit pas de continuer et de finir son allocution. Trop fidèle image de la manière dont les martyrs ont été traités dès lors. Les murmures, l'indignation, la fureur du Sanhédrin dépassaient toute idée. «En entendant ces choses, ils frémissaient de rage dans leurs coeurs, ils grinçaient les dents contre lui». Au lieu de poursuivre son discours, il se tourne en extase vers le Seigneur, ayant les yeux attachés sur le ciel — la demeure et le centre de rassemblement de tous les rachetés.

«Voici, dit-il, je vois les cieux ouverts». Il était plein du Saint Esprit — les cieux s'ouvrent sur lui, et il voit le Fils de l'homme se tenant-là, prêt à recevoir son esprit. «Telle est donc, comme on l'a dit, la position du vrai croyant — céleste sur la terre, — en présence du monde qui a rejeté le Christ, du monde meurtrier. Le croyant, vivant dans la mort, voit, par la puissance de l'Esprit, dans le ciel, et le Fils de l'homme à la droite de Dieu. Etienne ne dit pas qu'il voie Jésus; l'Esprit présente Jésus dans le caractère de Fils de l'homme. Précieux témoignage pour l'homme! Ce n'est pas à la gloire qu'Etienne rend témoignage, mais au Fils de l'homme dans la gloire le ciel étant ouvert… Quant à l'objet de la foi, et à la position du croyant, la scène qui est devant nous est définitivement caractéristique (*)!

(*) Etudes sur la Parole N.T. volume 3, pages 31, 32, 35.

Nous avons parcouru la première section de l'histoire de l'Eglise; nous l'avons fait avec d'autant plus de soin que, en général, les histoires de l'Eglise commencent à une époque subséquente. La plupart d'entre elles débutent où finit l'Ecriture; au moins quant aux détails. Aucune que nous connaissions ne se relie au seizième chapitre de Matthieu, et il en est peu qui se livrent à un examen des Actes des Apôtres, seule portion de cette Histoire, après tout, qui impose la foi et qui ait un droit absolu à notre obéissance.

Au huitième chapitre, nous lisons que le Saint Esprit agissait avec efficace par Philippe, dans la Samarie, après avoir, pour ainsi dire, quitté Jérusalem. Cela forme une époque distincte dans l'histoire de l'Eglise, surtout quant à sa connexité avec Jérusalem. Laissons, pour le moment, les Juifs furieux et persécuteurs, et suivons les voies de l'Esprit dans la ville de Samarie. Mais, auparavant, jetons un coup d'oeil sur ce que quelques-uns ont appelé la troisième persécution.

(Suite prochainement, Dieu voulant)

 Chapitre 3

Les disciples persécutés et dispersés

Après la mort d'Etienne, il s'éleva une grande persécution contre les disciples qui étaient à Jérusalem (Actes des Apôtres 8). Les chefs des Juifs paraissaient avoir remporté une victoire sur eux, ce qui les excita à poursuivre leur apparent triomphe avec une extrême violence. Mais Dieu, qui est au-dessus de tous, et qui sait contenir les passions soulevées des hommes, fit tourner leur opposition à l'accomplissement de sa volonté.

On n'avait pas encore appris la vérité de ce proverbe: «Le sang des martyrs est la semence de l'Eglise». Dans le cas du premier et du plus éminent des martyrs, ce proverbe fut pleinement réalisé. Mais durant ces dix-huit siècles, les hommes n'ont guère appris ou cru ce fait purement historique. Généralement parlant, la persécution a fait avancer la cause qu'elle cherchait à combattre. Cela se trouve vrai en général, quelles qu'aient été les formes de l'opposition et de la persécution, qui produisaient chez les chrétiens résistance, décision et fermeté dans la foi. Des âmes timides, il est vrai, ont pu, pour un temps, être amenées à l'apostasie par la persécution, mais on en a vu souvent se relever par une profonde repentance et déployer ensuite, dans leurs derniers moments, le plus grand courage, en endurant avec joie les souffrances les plus douloureuses. Or, les disciples de Jésus doivent s'attendre à la persécution, sous une forme ou sous une autre. Ils sont exhortés à charger chaque jour leur croix et à suivre leur Sauveur. C'est là une pierre de touche de la sincérité de notre foi — de la pureté de nos motifs — de la force de notre affection pour Christ et du degré de notre confiance en lui.

Ceux dont le coeur n'est pas vraiment attaché à Christ succomberont nécessairement dans un temps de persécution. Mais l'amour peut beaucoup souffrir pour celui qui en est l'objet, quand il ne peut faire rien autre. C'est ce que nous voyons en perfection dans le Seigneur lui-même, il souffrit la croix — cela venait de Dieu; il méprisa la honte — cela venait des hommes. C'est au milieu de la honte et des souffrances de la croix que toute l'intensité de son amour fut manifestée et qu'il triompha de tout. Rien ne put détourner de son objet cet amour qui était plus fort que la mort. Ici, comme en tout, il nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces. Puissions-nous être toujours trouvés les suivant fidèlement!

L'histoire de l'Eglise, dans les Actes, nous apprend que l'effet immédiat du martyre d'Etienne fut la promulgation de la vérité, que ses persécuteurs avaient cherché à arrêter. Les impressions produites par un tel témoin et par une telle mort doivent avoir été accablantes pour ses ennemis et convaincantes pour les esprits réfléchis et sans préjugés. Le dernier degré de la cruauté humaine, c'est la mort; mais, chose merveilleuse, la foi chrétienne, dans sa première épreuve, se montra plus forte que la mort, et que la mort sous son aspect le plus effrayant. Voilà ce dont les adversaires furent témoins, et ce qu'ils ne durent jamais oublier ensuite. Etienne était sur le Rocher, et les portes de l'enfer ne purent prévaloir contre lui.

A cette occasion, tous les disciples de l'assemblée à Jérusalem furent dispersés; et ils allaient çà et là annonçant la parole. Comme la nuée qui fuit devant le vent, portant ses pluies rafraîchissantes aux terres desséchées, les disciples, chassés de Jérusalem par la persécution, portaient les eaux de la vie aux âmes altérées dans les pays lointains. «Or en ce temps-là, il y eut une grande persécution contre l'assemblée qui était à Jérusalem; et tous furent dispersés dans les contrées de la Judée et de la Samarie, excepté les apôtres». Quelques historiens considèrent le fait, que les apôtres demeurèrent à Jérusalem quand les disciples s'enfuirent, comme une preuve de leur plus grande fermeté et de leur fidélité à la cause du Christ; quant à nous, nous sommes disposés à en juger différemment et à y voir plutôt un manquement, une faute, que de la fidélité. La commission qu'ils avaient reçue du Seigneur portait: «Allez donc, faites disciples toutes les nations, les (eux, les disciples) baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit». Il leur avait dit aussi: «Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre» (Matthieu 10: 23). A en juger par ce que nous dit l'histoire des Ecritures, la commission donnée par le Seigneur ne fut jamais accomplie par les douze. Néanmoins, Dieu se montra puissant en Paul envers les Gentils, et en Pierre envers les Juifs.

Le Saint Esprit quitte maintenant Jérusalem, quant à la manifestation extérieure de sa puissance — vérité bien solennelle! Mais aussi, cette ville coupable préférait le patronage de Rome à la puissance de résurrection de son Messie. «Que faisons-nous? disaient les Juifs, car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons ainsi faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ôteront et notre lieu et notre nation» (Jean 11: 47, 48). Ils avaient rejeté le Messie dans son humiliation, et maintenant ils rejettent le témoignage rendu par le Saint Esprit à son exaltation. Ils comblaient la mesure de leur iniquité, et la colère venait sur eux au dernier terme. Mais pour le moment, notre tâche plus douce, en retraçant l'histoire de l'Eglise, c'est de suivre le Saint Esprit dans ses voies en Samarie. Son chemin est le fil d'argent de la grâce salutaire en de précieuses âmes.

Les triomphes de l'évangile en Samarie

Philippe, le diacre, évidemment rapproché d'Etienne, non seulement par son office, mais aussi par son zèle et son énergie, descend dans la Samarie. Le Saint Esprit opère par lui. Dans la sagesse des voies du Seigneur, la Samarie méprisée est le premier lieu, en dehors de la Judée, où l'Evangile fut prêché par les témoins de son choix. «Et Philippe, étant descendu dans une ville de la Samarie, leur prêcha le Christ. Et les foules, d'un commun accord, étaient attentives aux choses que Philippe disait, les écoutant et voyant les miracles qu'il faisait… et il y eut une grande joie dans cette ville-là». Un grand nombre crurent et furent baptisés, tant hommes que femmes. Même Simon le magicien reconnut la présence d'une puissance fort au-dessus de la sienne, et céda à la force et au courant de l'oeuvre de l'Esprit dans les autres, quoique la vérité n'eût pas pénétré son propre coeur ou sa conscience.

Mais puisque nous sommes ainsi transportés dans une autre contrée, il peut être bon de dire quelques mots sur l'histoire de ce pays.

La Terre Sainte, plus intéressante, moralement et historiquement, qu'aucun autre pays de la terre, est d'une fort petite étendue. Ce n'est qu'une bande de territoire, occupant une surface moins considérable que celle de la Suisse, d'environ 70 lieues ou 340 kilomètres de long, et 40 lieues ou 190 kilomètres de large. La partie septentrionale est la Galilée; celle du centre, la Samarie; celle du midi, la Judée. Tout exiguë qu'elle soit physiquement, elle a été le théâtre des plus importants événements de l'histoire du monde. C'est là que le Sauveur naquit, vécut et fut crucifié — là qu'il fut enseveli et qu'il ressuscita. C'est là aussi que ses apôtres et ses premiers martyrs vécurent, rendirent témoignage et souffrirent; là que le premier discours évangélique fut prêché, là que la première église fut fondée.

Le pays, occupé jadis par Israël, était situé entre les anciens empires d'Assyrie et d'Egypte. De là viennent, dans l'Ancien Testament, les fréquentes allusions au «roi du Nord» et au «roi du Midi». Il dut à sa position de servir souvent de champ de bataille à ces puissants empires, et nous savons qu'il sera encore la scène de leur dernier et suprême conflit (Daniel 11).

L'on s'est laissé entraîner à tant de superstitions relativement à la Terre Sainte, qu'elle est devenue l'objet de l'ambition des peuples, et l'occasion de guerres de religion, dès les premiers siècles du christianisme. Qui pourrait calculer le sang qui a été répandu, et les richesses qui ont été dépensées dans ces plaines sacrées? — et tout cela, pouvons-nous ajouter, sous l'apparence d'un grand zèle religieux, ou plutôt sous les bannières de la Croix et du Croissant. Ce même pays a été aussi un objet de grande attraction pour des voyageurs de tout genre et de toutes nations. Le chrétien, l'historien, l'antiquaire l'ont étudié avec soin et ont publié les découvertes qu'ils y ont faites. Déjà depuis les jours d'Abraham, ç'a été la contrée la plus intéressante et la plus attrayante sur la surface de la terre. Pour celui qui étudie et connaît la Prophétie, l'histoire future de cette terre est même plus intéressante encore que celle de son passé. Il sait que le jour vient, où ce pays tout entier sera de nouveau peuplé par les douze tribus d'Israël, et rempli de la gloire et de la majesté de leur Messie. Alors elles seront reconnues comme le peuple métropolitain de la terre. Mais revenons à la Samarie, pour y contempler encore la vie nouvelle et la joie qui s'y manifestent.

Par la bénédiction de Dieu, les Samaritains furent prompts à recevoir l'évangile prêché par Philippe. Les effets de la vérité, accueillie ainsi en simplicité, furent immédiats et des plus bénis: «Il y eut une grande joie dans cette ville-là», et plusieurs furent baptisés. Tels doivent toujours être les effets de l'évangile, quand il est reçu par la foi, à moins qu'il n'y ait quelque empêchement en nous-mêmes. Là où il y a une vraie simplicité de foi, là doit se trouver aussi une vraie paix, une foi sincère, et une heureuse obéissance. La puissance de l'évangile sur un peuple qui, pendant des siècles, avait résisté aux sommations du Judaïsme, fut ainsi mise en relief. Ce que la loi n'avait pu faire à cet égard, l'évangile l'accomplissait. La Samarie était une conquête que toute l'énergie du Judaïsme n'avait jamais été capable de faire. C'était un nouveau et glorieux triomphe de l'évangile. La subjugation spirituelle du monde appartenait à l'Eglise.

Jérusalem et la Samarie unies par l'évangile

L'amère jalousie qui existait entre Juifs et Samaritains avait été, pendant longtemps, proverbiale; aussi lisons-nous: «Les Juifs n'ont point de relations avec les Samaritains» (Jean 4: 9). Mais maintenant, grâce à l'évangile de la paix, cette racine d'amertume disparaît. Néanmoins, selon la sagesse des voies de Dieu, les Samaritains doivent attendre pour recevoir la bénédiction la plus signalée de l'évangile, que des croyants juifs, des apôtres venus de Jérusalem, aient prié pour eux et leur aient imposé les mains. Rien de plus intéressant que ce fait, quand nous tenons compte de la rivalité religieuse qui les avait si longtemps divisés. Si les Samaritains n'eussent pas reçu, fort à propos, cette leçon d'humilité, ils auraient pu continuer à vouloir maintenir leur orgueilleuse indépendance de Jérusalem. Mais le Seigneur ne voulait pas qu'il en fût ainsi. Les Samaritains avaient cru, ils s'étaient réjouis, ils avaient été baptisés, mais ils n'avaient pas reçu le Saint Esprit. «Or les apôtres, qui étaient à Jérusalem, avant entendu que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant descendus, prièrent pour eux, pour qu'ils reçussent l'Esprit saint… Puis ils leur imposèrent les mains, et ils reçurent l'Esprit saint».

La grande idée, exprimée par l'imposition des mains, c'est l'identification, et l'unité est la grande idée liée au don du Saint Esprit. Ce sont d'immenses faits en rapport avec les progrès de l'Eglise. La Samarie est ainsi amenée à une heureuse association avec son ancienne rivale, elle devient une avec l'assemblée de Jérusalem. Nous ne trouvons jamais, dans les pensées révélées de Dieu, la moindre notion d'une assemblé indépendante des autres. Si chacune d'elles eût été bénie séparément et indépendamment de l'autre, leur rivalité aurait pu devenir plus grande que jamais. Mais il n'en devait plus être ainsi: «Ni sur cette montagne, ni à Jérusalem»; mais une seule Tête dans le ciel, un seul corps sur la terre, un seul Esprit, une seule famille rachetée, adorant le Père en Esprit et en vérité, car le Père en cherche de tels qui l'adorent.

Sur l'origine du peuple et du culte mélangé des Samaritains, lisez 2 Rois 17. Ils n'étaient que des demi-Juifs, quoiqu'ils se glorifiassent de leur descendance de Jacob (Jean 4: 12). Ils recevaient comme sacrés les cinq livres de Moïse, mais ils rejetaient le reste de la Bible. Ils étaient circoncis, ils observaient la loi à leur manière, et attendaient la venue d'un Messie. La visite que le Seigneur fit parmi eux présente le plus touchant intérêt (Jean 4). Le puits, sur lequel il se reposa, est, dit-on, situé dans une vallée entre les deux fameuses montagnes d'Ebal et de Guérizim, sur lesquelles la loi fut lue. Sur cette dernière colline s'élevait le temple rival des Samaritains, qui avait si longtemps affligé les Juifs zélés, par son audacieuse opposition au seul sanctuaire choisi par l'Eternel, sur le mont Morijah.

L'eunuque éthiopien reçoit l'évangile

Philippe est maintenant appelé à laisser son oeuvre heureuse et bénie dans la Samarie, et à descendre à Gaza — un désert; pour y annoncer l'évangile à un seul individu. Assurément, il y a, dans ce fait, une leçon d'une profonde importance pour l'évangéliste, leçon qui est bien digne que nous la considérions un instant.

Le prédicateur, sur une scène de réveil et de conversions, telle que celle qui se passait dans la Samarie, doit nécessairement prendre un grand intérêt à son oeuvre. Dieu met son sceau sur le ministère de la Parole et sanctionne les réunions par sa présence. L'oeuvre du Seigneur est en prospérité. L'évangéliste est entouré de respect et d'affection, et ses enfants dans la foi s'attendent naturellement à lui pour recevoir plus de lumières, plus d'instruction quant à leur marche. Comment peut-il quitter un tel champ de travail? demanderont plusieurs — comment pourrait-il à bon droit le laisser? Seulement, répondons-nous, dans le cas où le Seigneur l'appellerait à le faire, comme il le fit au sujet de Philippe. Mais comment un tel serviteur de Dieu peut-il le savoir aujourd'hui, attendu que les anges et l'Esprit ne lui parlent pas comme à Philippe? — Quoique n'étant pas conduit de cette manière, il n'en devrait pas moins s'attendre à la direction de Dieu. La foi doit être son guide. Les circonstances ne peuvent nous guider sûrement; elles peuvent servir à nous reprendre et à corriger notre marche, mais c'est l'oeil de Dieu qui doit être notre guide. «Je te guiderai de mon oeil», telle est la promesse: «Je te rendrai sage, je le montrerai le chemin dans lequel tu dois marcher» (Psaumes 32).

Le Seigneur seul connaît ce qui vaut le mieux pour son serviteur et pour son oeuvre. L'évangéliste, dans une position telle que celle de Philippe, peut être exposé au danger de s'occuper de sa propre importance personnelle. De là vient la nécessité de changer la place de son service.

Lève-toi, dit l'ange du Seigneur à Philippe, et t'en va vers le midi, au chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, lequel est désert. Et lui, se levant., s'en alla. Et voici, un Ethiopien, eunuque, homme puissant à la cour de Candace, reine des Ethiopiens, intendant de tous ses trésors, et qui était venu pour adorer à Jérusalem, s'en retournait et, assis dans son chariot, il lisait le prophète Esaïe. Et l'Esprit dit à Philippe: Approche-toi, et te joins à ce chariot» (Actes des Apôtres 8: 26-40).

Il est beau de voir, dans cette occasion, l'obéissance immédiate et implicite de Philippe. Il ne soulève point d'objection sur la différence qu'il y avait entre la Samarie et Gaza — entre le fait de laisser un vaste champ de travail et celui de s'en aller dans un lieu désert, pour parler du salut à une seule personne. Mais l'Esprit de Dieu était avec Philippe. Ainsi l'évangéliste devrait toujours désirer de suivre la conduite de l'Esprit. Par manque de discernement spirituel, un prédicateur peut demeurer dans un endroit après que l'Esprit a cessé d'y agir, et ainsi il y travaille en vain.

Dieu, dans sa providence, prend soin de son serviteur; il envoie un ange pour lui indiquer le chemin qu'il doit prendre. Mais quand il s'agit de l'évangile et de son action sur les âmes, c'est l'Esprit qui prend la direction. «Et l'Esprit dit à Philippe: Approche-toi, et te joins à ce chariot». Dans toute l'histoire de l'Eglise, il n'est peut-être rien de plus intéressant que cette scène sur le chemin de Gaza. L'ange et l'Esprit de Dieu accompagnent l'évangéliste: le premier, représentant la providence de Dieu qui désigne la route qu'il doit suivre; le dernier, représentant la puissance spirituelle dans son action directe sur les âmes. Comme il en était alors, il en est de même aujourd'hui; bien que nous soyons plus enclins à penser à la direction de l'Esprit qu'à celle de la Providence. Puissions-nous nous confier en Dieu pour toutes choses! Il ne change pas.

Dans la personne du trésorier de la reine, l'évangile trouve maintenant accès jusqu'au centre de l'Abyssinie. L'eunuque croit, est baptisé et, tout joyeux, il continua son chemin; ce qu'il avait cherché en vain à Jérusalem, après avoir fait, dans ce but, un long voyage, il le trouve dans le désert. Bel exemple de la grâce évangélique! La brebis perdue est trouvée dans le désert, et c'est dans le désert que jaillissent les eaux de la vie. L'Ethiopien est aussi un bel exemple d'une âme anxieuse. Seul et inoccupé, il lit le prophète Esaïe. Il médite sur la prophétie relative à l'Agneau de Dieu souffrant sans ouvrir la bouche. Mais l'heure de la lumière et de la délivrance était venue. Philippe explique le prophète, — l'eunuque est enseigné de Dieu — il croit — aussitôt il désire le baptême, et il s'en retourne chez lui, rempli de la joie du salut. Pourrait-il là se taire sur ce qu'il a trouvé? Certainement non, un homme d'un tel caractère et ayant une telle influence, aurait aussi toute espèce d'occasions de propager la vérité. Mais comme l'Ecriture et même l'histoire gardent le silence sur les résultats de sa mission, nous n'en dirons rien de plus.

L'Esprit continue d'accompagner Philippe. Il l'emporte, et Philippe se trouve à Azot. Il évangélise toutes les villes jusqu'à Césarée.

Une nouvelle ère dans l'histoire de l'Eglise commence à poindre. Un nouvel ouvrier entre sur la scène — ouvrier, à beaucoup d'égards, le plus remarquable qui ait jamais servi le Seigneur et son Eglise.