Du père incrédule ou de la mère pieuse, lequel faut-il croire?

 ME 1870 page 119

 

Dans les Etats-Unis d'Amérique, l'incrédulité avait trouvé un zélé partisan, un actif champion, dans un homme bien connu, le colonel X, qui faisait ouvertement profession de rejeter la Révélation. Or il arriva qu'une fille du colonel, à laquelle il était fort affectionné, tomba gravement malade. Pendant le cours de cette maladie, le Docteur B. dînait un jour avec le colonel, et, après le repas, ils se rendirent à la bibliothèque où le colonel fit voir quelques publications déistes, dont il lui fit l'éloge. Pendant qu'ils étaient occupés à les compulser, une servante vint annoncer au Colonel qu'une crise alarmante venait d'avoir lieu chez la malade qui demandait instamment son père. Celui-ci, suivi du Docteur, passa aussitôt dans la chambre à coucher de sa fille. Lorsqu'il se fut approché de son lit, elle lui saisit la main et dit: Mon père, je sens que ma fin est proche; dites-moi donc, je vous en supplie, que dois-je croire? Est-ce ce que vous m'avez enseigné ou ce que j'ai appris de ma mère? La mère, vraiment pieuse, avait saisi toutes les occasions de faire pénétrer la vérité chrétienne dans l'esprit de son enfant. Le père se tut un moment, ses regards étaient fixés sur sa fille mourante, sa figure bouleversée, tout son être comme en proie à des convulsions, et c'est avec de grands efforts que ses lèvres tremblantes laissèrent échapper ses mots: «Ma chère enfant, crois ce que t'a enseigné ta mère». La lutte était extraordinaire, le conflit entre l'orgueil de la raison humaine et l'affection paternelle, débordante en son coeur, était au-dessus de ses forces; aussi il fut obligé de se reconnaître vaincu et son esprit obstiné dans l'erreur dut rendre hommage à la vérité.