Extrait d'une méditation

Luc 23: 38-46  ME 1870 page 134

 

Dans ce monde il y a toutes sortes de misères; mais ce n'est pas le monde comme Dieu l'a fait, quoique les philosophes cherchent à tout expliquer, soit pour justifier Dieu, soit pour le blâmer. Il est étonnant de voir parfois les efforts qu'ils font pour démontrer que le mal est bien. Cela est plus ou moins bon dans un salon; mais s'il s'agit de traverser ce monde, on sent bien que le mal y est. — Mais Jésus est venu au milieu de tout ce mal. On peut pleurer ses morts, mais on ne peut les ressusciter. Or Jésus est la guérison à tous ces maux. Il pouvait envoyer ses disciples ressusciter les morts. Tous les maux, il lui suffisait d'un mot pour les chasser. Mais il y avait une autre chose; l'homme ne voulait pas Dieu si près de lui. Il pouvait sentir le besoin du bien; mais il était tellement habitué au mal que quand Dieu présente Christ, l'homme ne le veut pas. Allez voir si les jeunes gens veulent Christ? un peu de parure, un peu de misérable argent, des plaisirs… et je ne parle pas de personnes qui ouvertement le rejettent; mais quoi qu'il en soit le coeur est loin de Dieu. — Le coeur veut aller son train, mais où va-t-il? il n'en sait rien. — Or un vrai chrétien sait où il va; nous Lui serons semblables. Quel bonheur que d'avoir la révélation au milieu d'un monde si plein de ténèbres pour ceux qui ne l'ont pas.

Le passage que nous avons sous les yeux présente d'une manière très claire ce que Dieu a fait pour nous avoir dans le paradis. Il faut deux choses pour être là; il faut être né de nouveau; mais cela ne donne pas la justice, au contraire, la nouvelle nature fait que je suis mécontent de tout. Je ne fais pas ce que je veux et Dieu est saint;… Il ne veut pas le péché et moi j'en ai;… nous ne pouvons donc pas être ensemble. Voilà le sentiment que donne la nouvelle nature. — Je ne veux pas le mal et il est en moi. — La volonté renouvelée ne peut pas donner la justice; mais l'oeuvre que Christ a faite donne la paix. L'oeuvre de Christ a été faite à la croix et non pas en nous, et elle est parfaite pour nous. — Il n'y a rien dans l'homme, du fait que Christ s'est fait homme; c'était pour mourir pour nous.

Christ s'était tellement humilié qu'un misérable brigand pouvait l'insulter. Il avait renoncé à toute gloire et s'était abaissé jusqu'à la mort de la croix, c'est la dernière place dans ce monde. Il ne s'est jamais sauvé lui-même, et cela est si vrai qu'on le lui reproche en lui disant: «qu'il se sauve lui-même et nous aussi». — Si quelqu'un me fait du mal, me calomnie; point d'excuses. L'égoïsme juge du mal d'après le mal qu'il en reçoit; mais on peut calomnier Dieu et être même un honnête homme.

Nous trouvons deux choses dans l'exemple du brigand converti: il y a premièrement une oeuvre faite en lui mais il y en a aussi une faite pour lui. C'était un pauvre malheureux, nous ne sommes pas des brigands, la bonne providence a pu nous garder. Si j'avais été élevé avec des voleurs, probablement j'aurais été voleur. Mais ce n'est pas l'éducation qui change la nature, Christ n'est toujours rien pour le coeur. Mais voyez la pécheresse de Luc 7, pleurant aux pieds de Jésus! elle avait aperçu que l'amour de Dieu était là; tandis que le pharisien, qui avait invité Jésus pour savoir ce qu'il était, pense que si Jésus était prophète, il saurait qui est cette femme. Le pharisien était l'honnête homme et la femme était la plus misérable de la ville; mais l'intérieur était différent. Elle s'attache à Jésus; mais le pharisien est plus aveugle, car la propre justice endurcit la conscience. Ce n'est pas que le péché soit une bonne chose que Dieu nous garde de le justifier; mais la conscience de cette femme était atteinte.

Il y a donc une oeuvre de Dieu faite dans le brigand, il sent ses fautes sans excuses et devient prédicateur, disant à son compagnon: Arrête-toi; — pour nous, nous sommes pendus justement. Quand la conscience est réveillée, on dit nous, on ne pense pas aux fautes d'autrui, mais aux siennes propres. Le brigand avait la crainte de Dieu, il est sincère et confesse ses péchés, et il se porte garant pour Jésus: «Celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire». Il répond de toute la vie de Jésus, sans l'avoir connu. C'est le cas du chrétien, il se porte garant du Seigneur Jésus, comme étant parfait dans sa nature et dans sa vie.

Le brigand connaissait donc un homme parfait, il dit: Seigneur! Quelle apparence y avait-il qu'il fût Seigneur? Tous l'outragent et ses disciples le laissent. Mais le brigand voit à travers le voile, il le discerne comme Roi. Quand tous crient: «Crucifie-le», et que ses disciples l'abandonnent, le brigand dit: «Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne»! Avez-vous un coeur comme ce brigand? Dites-vous Seigneur, au milieu de ce monde? ou bien avez-vous honte de Jésus? On n'aura pas honte d'un fausse religion, pas même des idoles; mais on a honte du Christ, même les chrétiens; c'est terrible, et c'est terrible parce que c'est vrai. Or le brigand confesse Jésus quand tous lui tournent le dos. L'âme qui est enseignée de Dieu goûte la bonté de Jésus, ensuite elle le confesse et se recommande à lui. Il viendra dans son règne bien que tous le rejettent, et toute langue confessera que Christ est le Seigneur. Vous souvenez-vous de Jésus dans ce monde? Pensez-vous à lui plaire malgré tout?

Le brigand peut manquer de lumière; mais il demande selon sa lumière et il est certain de son affaire. Jésus lui répond: «Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis». Il y a bien une oeuvre faite en lui, mais il y en a une faite pour lui qui le rend propre à être le compagnon de Jésus dans le paradis.

Ce ne sont pas nos petits progrès qui nous qualifient pour le paradis. On se plaindra de soi, disant: J'aime la Parole, j'aime les frères, mais je vois tant d'égoïsme en moi… On fait très bien de se juger; mais si l'on avait la paix par ce moyen, on serait content de soi; au lieu que c'est par la seule offrande de Christ que nous avons une conscience parfaite. Par son oeuvre il nous rend parfaits pour toujours. Si je suis occupé de moi, je n'ose pas me croire justice de Dieu en Christ. C'est comme un pauvre homme, habitué à porter un mauvais habit, si on lui en donne un neuf, il aura honte de le porter. Christ a bu la coupe de la colère, et il a fait la paix. Il faut bien qu'il y ait une oeuvre dans le coeur; mais quand il s'agit d'aller dans le paradis, il faut l'oeuvre que Christ a faite. Lui peut dire au brigand: «Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis». Nous voyons Jésus à la croix après qu'il a fait le bien partout. Quelle part avons-nous à la croix? Nos péchés,… c'est humiliant, mais c'est heureux; que si nos péchés sont là, ils sont tous ôtés. Cela s'est-il fait en frappant Christ? — Oui. — Christ s'est-il donné lui-même? — Oui. — Nos péchés n'y ont pas manqué; mais le sang n'y a pas manqué non plus, et Il a ôté nos péchés. La chose est parfaitement acceptée, et Christ est assis à la droite de Dieu. Dieu a dit à Christ en vertu de ce qu'il a fait: Assieds-toi là! Si tous vos péchés ne sont pas ôtés, ils ne le seront jamais, car il n'y a pas un autre Christ pour venir mourir.

L'oeuvre était tellement faite que Jésus prend ce pauvre brigand et le mène avec lui au ciel. S'il s'agit d'aller au ciel, ce n'est pas une affaire de progrès, le brigand ne peut en faire; et il est certainement au ciel. — Il est important, certes, pour le chrétien de faire des progrès, il faut ressembler à Christ; mais tout chrétien est propre pour le ciel. Il nous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière. Que chaque jour on juge davantage le péché; c'est très important; mais il ne peut y avoir de progrès que lorsqu'on est établi dans la justice, — je parle des âmes exercées. Sans la sanctification personne ne verra le Seigneur! c'est très bien; mais si vous cherchez la justice par la sanctification, vous n'avez pas Christ. Quand je suis sûr d'entrer au ciel, alors je cherche la sanctification. Quand je suis établi dans la justice, que j'ai l'assurance du salut; alors j'ai besoin de sainteté. C'est le besoin de la nouvelle nature. Je suis enfant, il faut que je me conduise comme un enfant; mon Père est si bon!

Christ a fait une oeuvre entre lui et son Père, et cette oeuvre est faite pour nous. Nous sommes justifiés par la foi, Christ est assis à la droite de Dieu; il n'est donc plus question de nos péchés. Croyez-vous de pouvoir ajouter quelque chose à l'oeuvre de Christ? Essayez! — Quand une âme est convaincue de son impuissance, elle dit: Mes péchés, pour lesquels j'aurais dû être condamné, Christ les a portés! — En face du tribunal du Christ, je dis: Voilà l'homme qui a effacé tous mes péchés, il ne peut me les imputer, ce serait juger son oeuvre. Naturellement je parle des vrais croyants Mais ce n'est que quand nous sommes vraiment convaincus de péché, que nous pouvons avoir le péché en horreur, et Dieu ne veut pas panser la plaie de son peuple à la légère.

Avez-vous la paix en pensant au jugement? Si cela n'est pas, il y a en vous quelque chose de mauvais; vous ne vous êtes pas soumis à la justice et vous gardez quelque chose entre vous et Dieu. Mais celui qui s'est soumis à la justice de Dieu a la paix. Si l'on manque par négligence, Dieu disciplinera; mais cela ne change rien à notre position.

Que Dieu nous donne de voir en Christ ce que ce brigand y a vu, et d'être ainsi en paix et en joie devant Dieu qui nous a sauvés.