Notes sur quelques portions de l'Ecriture

Paru dans le ME 1870 page 206, ME 1871 page 307, 381 & 404

 

Notes sur quelques portions de l'Ecriture. 1

1 Jean 4. 1

Philippiens 4. 5

Jean 17: 14 et suivants. 8

Psaume 16. 15

Jean 10. 19

 

1 Jean 4

Si nos yeux sont tournés vers l'homme, nous trouverons toute son histoire dans l'histoire d'Adam. Ce qu'Adam a été dans le paradis, l'homme l'a toujours été depuis lors, depuis Eden jusqu'à la croix. Dieu éprouva l'homme; mais l'homme ne fit que gâter tout ce qui lui fut confié.

Quand Dieu choisit un peuple, les choses n'allèrent pas mieux. Le peuple devint idolâtre, les rois furent rebelles, les sacrificateurs souillèrent leurs vêtements de sorte qu'ils ne purent pas se tenir devant Dieu, quoi que ce fût que Dieu ait donné dans sa grâce, création, providence ou loi, l'homme l'a abandonné. Lorsque le Seigneur du ciel vint, la nation inique le rejeta. Mais Dieu ne faillit jamais, et il montra son amour et sa sagesse en venant au-devant de son peuple dans chacune des choses dans lesquelles l'homme a succombé. Tout sera manifesté, en gloire comme le fruit positif de la croix. Nous apprenons à connaître bien plus de ce que Dieu est en connaissant l'homme; et nous apprenons bien plus de ce que l'homme est en connaissant Dieu.

Si nous regardons à l'Eglise, l'homme est encore le même; — le mystère d'iniquité est en train, l'esprit des démons est là, l'amour de plusieurs se refroidit, jusqu'à ce qu'il ne reste pas un seul juste, et que tout finisse dans une ruine complète.

Dieu donne une puissance en dehors de l'homme; il donne une nouvelle vie, et la vie dans son Fils. A cause de Lui, cette vie ne peut faillir. C'est la vie éternelle — la vie en Christ. Dieu était parfaitement manifesté dans le Fils quand il descendit du ciel pour donner la vie. Mais cela n'est pas assez. Mes péchés sont là! Avoir la vie ne suffit pas si la question du péché n'est pas réglée. Christ a porté nos péchés sur la croix. Christ descendit du ciel pour ôter mon péché; et il l'ôte en effet, et a pu dire: «En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous» (Jean 14: 20), La vie de Christ est en moi, la vie éternelle, et cette vie est dans le Fils (Jean 1: 4; 1 Jean 5: 11, 12). J'ai sa vie, non pas sa divinité, je n'ai pas besoin de le dire. Aussi certainement que j'ai participé à la vie et à la nature du premier Adam, j'ai la vie dans le second Adam. Si quelqu'un est en Christ c'est une nouvelle création: il y a une nouvelle nature, la nature divine. Elle est dans un vase de terre, cela est vrai; mais la nature est divine et je devrais la manifester dans ma vie et dans mon caractère. Plus je connaîtrai Dieu, plus je manifesterai ce qu'il est. Plus je regarderai à lui, plus je lui serai semblable. Qu'est-ce qui faisait resplendir la face de Moïse? Etait-ce de regarder à lui-même? Non; mais d'être avec Jéhovah et de contempler sa gloire. Moïse ne savait pas que sa face était resplendissante avant qu'on lui demandât de la couvrir d'un voile. Il n'était pas occupé de lui-même; l'objet qu'il avait devant les yeux, c'était Dieu. Il avait contemplé Dieu, il était absorbé en Dieu, et ainsi il manifeste la gloire de Dieu. Il en sera de même pour nous. Si Christ est l'objet que j'ai devant les yeux, je ne penserai pas à moi-même mais à Lui. Je le manifesterai, lui, m'arrêtant sur ce qu'il est, et non pas sur ce que moi je fais. Si mon regard est fixé sur Christ, je lui serai semblable (faiblement sans doute) en sainteté, en humilité, en amour. Je trouve ces choses en lui avec tout leur charme, toute leur beauté; je les vois dans toute leur perfection, et en le contemplant je suis transformé à son image (2 Corinthiens 3). En Lui se trouve tout ce que la nouvelle nature peut rechercher ou désirer. En lui je puis me reposer, et prendre mon plaisir et me réjouir. Quel bonheur de savoir que le Fils de Dieu est venu! Satan est à l'oeuvre, il est vrai, mais l'apôtre peut dire: «Vous êtes de Dieu» (verset 4) et cela règle tout. Nous ne sommes plus de la vieille nature, vivant et agissant selon la vie du premier Adam, mais dans la puissance de la nature nouvelle, qui vient de Dieu.

Quelle bénédiction que d'être participants de la nature divine, faits supérieurs aux anges! Oui, l'apôtre peut nous dire: «Vous êtes de Dieu», de lui, de qui la nature est divine, et nul autre que Lui-même ne peut répondre à ce qu'exige cette nature divine. Christ nous a lavés de nos péchés dans son propre et précieux sang. Il nous a, du haut du ciel, baptisés du Saint Esprit, et scellés du Saint Esprit de la promesse. «Or, celui qui nous a formés à cela même, c'est Dieu» (2 Corinthiens 5: 5). Il nous a donné une puissance qui est au-dessus de la puissance de Satan. «Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde» (verset 4). «Vous êtes de Dieu». Je suis amené à Dieu. Je suis né de Dieu. Je me repose en Dieu. J'apprends à connaître Dieu parce que j'ai reçu la nature qui peut le connaître, tout comme je ne pouvais connaître ce qu'est l'homme qu'en ayant sa nature.

Je ne connais pas tout ce qui concerne Dieu, il est vrai; mais je n'ai aucune incertitude. Supposez que j'aie un ami; il est possible que je ne sache pas tout à son sujet, mais il est mon ami et j'ai ma joie en lui comme tel; je n'ai pas de doute quant à son affection, parce que je ne connais pas tout ce qui le concerne. Dieu est mon ami, et je trouve un doux repos à le connaître comme mon ami. Dieu est mon ami, que me faut-il de plus? Qu'est-ce qui peut être plus précieux? Pour connaître Dieu, il faut que j'aie sa nature. Je ne puis connaître la nature à laquelle je ne participe pas. Je ne connais pas les anges: je ne participe pas à la nature des anges.

Nous voyons, dans ce chapitre de la première épître de Jean, deux choses qui apportent à l'âme une joie infinie. Le verset 9 nous montre la manière dont Dieu fait connaître son amour; au verset 17, nous voyons comment son amour est consommé. Le verset 9 nous dit que Dieu a envoyé son Fils unique au monde, afin que nous vivions par lui, afin que nous eussions la vie, nous qui étions morts et que nous fussions rendus participants d'une vie qui découle de la manifestation de l'amour de Dieu, — une vie séparée à la fois de la nature, et des affections et des plaisirs de la nature, une vie qui ne peut s'associer avec l'égoïsme. Et quelle est ma nature comme homme né d'Adam? n'est-elle pas pur égoïsme? Si je considère les motifs qui me dirigent, jour après jour, que sont-ils? Ne sont-ils pas le moi? Prenez la vie de chacun, ses affaires — quel en est le mobile? N'est-ce pas le moi? Nous ne nous faisons pas d'idée combien nous sommes sous l'influence du moi. N'est-il pas vrai que les futilités de la toilette occupent davantage la pensée de plusieurs que tout ce que Dieu a fait en envoyant son Fils du ciel pour sauver des pécheurs? C'est là un fait positif et il est inutile de chercher à nous le cacher à nous-mêmes. Nous ne pouvons pas le cacher à Dieu. — D'un autre côté, plus je considère cet amour, l'amour divin, plus j'en vois la perfection. Il est dit: «Pour l'homme de bien peut-être, quelqu'un se résoudrait même à mourir» (Romains 5: 7); mais lorsqu'il n'y avait pas une seule chose bonne en nous, Dieu a constaté son amour à lui envers nous. C'était la grâce et rien autre.

Nous étions des pécheurs et rien que des pécheurs, lorsque Christ mourut pour nous sauver; et je ne comprendrai jamais ce qu'est l'amour de Dieu véritablement, jusqu'à ce que je puisse dire: je ne suis rien qu'un pécheur. Si vous ne savez pas ce que c'est que l'amour de Dieu, c'est que vous n'avez pas appris cette grande vérité, que: Vous êtes un pécheur. Qu'est-ce que Dieu a donné pour sauver des pécheurs? Il a donné ce qui était le plus près de son coeur, le bien le plus précieux qu'il avait à donner, son propre Fils unique et bien-aimé. On ne peut expliquer son amour; on ne peut l'estimer à sa valeur. Ce qui lui était cher par-dessus tout, c'était le Fils de son amour, et c'est lui qu'il a donné. Il n'y a pas de limites à son amour, Il m'a donné Christ, et il n'y a pas de fin à ce que je possède en lui. Le Fils de Dieu a été donné pour mes péchés: il descend jusque dans ces abîmes, et il en rapporte la vie. «En ceci est l'amour, non que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima, et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (verset 10).

Comment puis-je savoir que Dieu m'aime? — C'est en regardant à l'objet parfait de son amour, et cela me donne du repos. Pourquoi? Parce que en lui je vois combien est merveilleux l'amour qui envoya le Fils pour me donner à moi la vie éternelle, et pour être la propitiation pour mes péchés. Si je n'ai pas trouvé le repos, ce dont j'ai besoin, c'est d'un sentiment plus profond du péché. Il faut que j'apprenne ce qu'est le péché, à la croix; et alors je discernerai l'amour qui s'en est occupé, qui a souffert pour lui; et ainsi mon âme trouvera le repos. L'amour de Christ n'était pas la théorie de quelqu'un qui vient et qui nous dit simplement ce que Dieu est, mais la manifestation pratique de Dieu. Christ présente Dieu dans toute la variété de son amour sans mesure et sans réserve. Comparez le verset 12 au verset 18 du premier chapitre de l'évangile de Jean: «Personne ne vit jamais Dieu»; Celui qui est au sein du Père, lui doit le faire connaître. Le Fils doit dire ce qui peut être connu du Père, tout dépend de Christ. Tous les obstacles sont ôtés par Lui pour le croyant; tout péché est ôté par Lui. J'acquiers une place d'intime proximité avec Dieu, en Lui.

J'ai appris à la croix ce que Dieu était pour moi comme pécheur; et maintenant j'ai à apprendre comment il répond à mes besoins comme saint, ayant conscience de ma misère et la plaçant devant lui. Avoir faim ne suffit pas; il faut que je périsse de faim pour savoir ce qu'il y a dans le coeur de Dieu pour moi. Ainsi dans l'évangile, quand le prodigue eut faim, il chercha à se nourrir de gousses; mais quand il vit qu'il allait périr de faim, il se tourna vers la maison de son père, et apprit alors l'amour du coeur du père.

Remarquez au verset 15 jusqu'où Dieu s'abaisse: «Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu». Comme Dieu descend au devant de nous! — de sorte que chacun sera trouvé sans excuse. «Quiconque confessera etc.». Le petit enfant, qui est tout juste capable de confesser Christ, a la vie éternelle aussi réellement que l'homme fait en Christ. Il ne s'agit pas de ce que je suis, mais de ce que Christ est. Je suis hors de vue, moi; tout dépend de ce que Christ est. Je suis hors de vue, moi; tout dépend de ce que Dieu est. Comment puis-je connaître cet amour? Faut-il que j'attende sa pleine manifestation? Non: «Dieu a répandu son amour dans mon coeur par le Saint Esprit qu'il m'a donné» (Romains 5: 5). Verset 16: «Celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu et Dieu en lui». Si je demeure en Dieu, je demeure dans l'amour, et je devrais montrer l'amour en regardant à Lui, et non pas à d'autres. Verset 17: C'est une chose merveilleuse que de pouvoir dire: «Comme lui est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde». Christ a pris sa place à la droite de Dieu, et il m'amène là.

Nous sommes maintenant devant Dieu dans la justice de Christ. Il est ma vie et je ne puis être, réellement, ni ne devrais paraître hors de lui en aucune chose: «En ceci est consommé l'amour avec nous, afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement» (verset 17). Est-ce que votre coeur est exercé à la pensée du jugement? Est-ce que la pensée de vous trouver devant le siège du Juge vous alarme? Pourquoi en serait-il ainsi? N'est-ce pas ma justice qui est mon juge? Lui n'a-t-il pas parfaitement ôté mon péché et purifié ma conscience de toute culpabilité? de sorte que je puis me reposer en Dieu sans crainte, n'ayant plus aucune pénible incertitude; mais regardant avec calme en avant dans la pleine assurance que Christ a été jugé à ma place et m'a amené à une communion bienheureuse avec cet amour qui me donne hardiesse au «jour du jugement»: «Comme lui est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde».

«Il n'y a pas de crainte dans l'amour» (verset 18). S'il y a dans le coeur le moindre doute ou la moindre méfiance à l'égard de Dieu, vous n'êtes pas consommé dans l'amour, car l'amour parfait chasse la crainte. Il y a des choses que nous devons craindre, sans doute; nous avons raison de craindre le péché, et l'influence de nos propres intérêts égoïstes; mais l'effet pratique de se reposer sur Dieu est de bannir toute crainte et de consommer le coeur dans l'amour. L'amour de Dieu est parfait; nous n'avons qu'à le reconnaître, à nous incliner devant lui, à l'accepter comme nous appartenant en Christ, et à bénir Dieu pour lui. C'est là être consommé dans l'amour.

«Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier».

Philippiens 4

Il est très difficile de dire: «Je fais une chose: oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort à celles qui sont devant, je cours, regardant au but» (3: 14). L'apôtre avait une vue si distincte de ce qui se trouvait à la fin, que, pressé par elle, il était capable de courir vers le but.

L'épître aux Philippiens ne se distingue pas par de grandes doctrines, mais en ce qu'elle parle de la course chrétienne; et ce caractère de l'épître explique pourquoi l'apôtre parle de: «Travailler à notre salut avec crainte et tremblement», non pas parce que Dieu a tout fait pour nous, mais parce que «c'est Dieu qui opère en nous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (2: 12, 13). Il en fut de même quand les Israélites furent sauvés: ils pouvaient parler du salut comme du but de leur course, et non comme de l'acceptation de leurs personnes.

L'ennemi semblait avoir remporté un grand avantage en amenant Paul en prison; mais pas du tout, dit l'apôtre: «Je sais que ceci me tournera à salut» (1: 19). Ce n'était pas du tout légèrement qu'il parlait de son désir de déloger pour être avec Christ. «Ce que je dois choisir, je n'en sais rien» (1: 22). Il avait à choisir entre Christ et le service ici-bas, et Christ et le repos là-haut.

Il ne dit rien des circonstances, rien de l'empereur Néron; il laisse tout cela de côté sans en tenir compte. «Je sais que je demeurerai et que je resterai avec vous tous pour l'avancement et la joie de votre foi» (1: 25). Ce que nous apprenons par les Ecritures des circonstances où se trouvait l'apôtre lorsqu'il écrivit cette épître, nous est d'un grand secours pour comprendre l'esprit dans lequel il écrivait. Plusieurs de ses lettres, telles que celle aux Galates, celles aux Ephésiens ou aux Colossiens, nous donnent plus de doctrine; mais aucune ne nous dépeint comme l'épître aux Philippiens, l'expérience pratique de l'apôtre dans sa vie chrétienne.

Christ en résurrection se trouvait au bout de la perspective que Paul avait devant lui, et la lumière de ce Christ luisait d'un bout à l'autre sur son sentier. Ce qu'il désirait avant tout, c'était de participer aux souffrances de Christ. Il recherchait un constant rapprochement de la résurrection, car c'était dans la résurrection qu'il serait rendu conforme à Christ. Il avait été saisi à cet effet par la grâce, mais maintenant il désire saisir lui-même le but. Il pouvait estimer toutes choses comme des ordures «à cause de l'excellence de la connaissance du Christ Jésus»; et l'on n'aime pas à être occupé de ce qui est des ordures. Si nous ramassons du «rebut», nous n'avons pas une vue de la gloire de Jésus comme celle que Paul avait. Pendant la première ardeur de la conversion, il n'y a pas de difficulté à cet égard; il est facile alors de regarder toutes choses comme une perte. Paul ne dit pas: «J'ai fait tous ces sacrifices; voyez ce que j'ai fait». Il ne dit pas: «j'estimais toutes choses comme des ordures», mais il dit: «je les estime, etc.». Ce qui entretient son énergie vivante et fraîche, c'est qu'il ne court pas avec incertitude.

La première chose que nous avons à comprendre, c'est, non pas que nous courons vers la résurrection, mais que la résurrection nous a placés dans une certaine position. Cela donne de l'énergie pour courir en avant vers le but, parce que nous avons un objet devant nous. Il en est ainsi même dans l'homme naturel; il devient clairvoyant lorsqu'il n'a qu'un seul objet, au lieu d'en avoir plusieurs. Mais, dans les choses de Dieu, il en est d'autant plus ainsi, parce qu'il y a une intelligence divine et une énergie divine.

«Réjouissez-vous toujours DANS LE SEIGNEUR» (4: 4). Paul ne pouvait certainement pas se réjouir dans les circonstances, dans lesquelles il se trouvait, car il était prisonnier. Les chrétiens sont souvent beaucoup plus heureux dans l'épreuve qu'ils ne le sont en y pensant, car dans l'épreuve la stabilité, la certitude, la proximité et la puissance de Christ, sont bien mieux connues; et ainsi les chrétiens sont plus heureux. Paul n'aurait pas pu dire aussi bien: «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur», s'il n'avait pas su ce que c'était que d'être prisonnier. C'est comme dans le Psaume 34; «Je bénirai l'Eternel en tout temps, sa louange sera continuellement dans ma bouche». Et pourquoi? «Cet affligé a crié, et l'Eternel l'a exaucé et l'a délivré de toutes ses détresses» (Psaumes 34: 6). «J'ai cherché le Seigneur et il m'a répondu» etc.; et c'est ce qui le rendait capable de dire: «Je bénirai l'Eternel en tout temps». Il avait été dans la détresse, et il avait été exaucé dans sa détresse. Ce dut être une épreuve extrêmement pénible pour un homme aussi actif pour le service que l'était Paul, que d'être tenu en prison; et pourtant c'est alors qu'il peut dire à ceux-là dont les coeurs se laissaient abattre jour après jour par les circonstances tout ordinaires dans lesquelles ils se trouvaient: «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur».

La grâce suffit pour les circonstances favorables, mais ce sont ces circonstances qui sont de beaucoup les plus difficiles (spirituellement) pour le croyant. Il y a une manière facile de marcher dans la mondanité, et il n'y a rien de plus triste que la vie d'un chrétien qui s'en va jour après jour, tranquillement à son aise, en dehors de la dépendance du Seigneur. Il fallait qu'Israël recueillît chaque matin la manne: et il faut ainsi recueillir chaque jour la nourriture spirituelle et vivre chaque jour dans la dépendance de Dieu. Si les circonstances se placent entre nos coeurs et Dieu, nous sommes sans puissance. Si Christ est plus près, les circonstances ne nous empêcheront pas de nous réjouir en Dieu.

«Le Seigneur est près» (verset 5.) Lorsque vous avez les yeux fixés sur une lumière, au milieu d'une nuit parfaitement obscure, quoique la lumière puisse se trouver à deux ou trois lieues de distance, elle semble être cependant tout près. Ainsi, plus nous sentons ce que sont les ténèbres du monde, tandis que nous jouissons de l'amour du Christ, plus l'espérance paraîtra proche.

«Ne vous inquiétez de rien», dit l'apôtre. Lorsque tout était fait pour lui donner de l'inquiétude; lorsqu'il savait ce que c'était que d'être en prison et d'avoir faim dans la prison! d'où vient qu'il puisse parler ainsi? Parce qu'il avait trouvé Christ là. De quoi un homme peut-il s'inquiéter lorsque Christ a soin de lui?

«Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus». Ce n'est pas vous qui garderez la paix de Dieu; «la paix de Dieu gardera vos coeurs et vos pensées». C'est la paix dans laquelle Dieu habite, et quelle paix cette paix ne doit-elle pas être? Est-ce qu'aucune circonstance, peut ébranler le trône de Dieu? Dieu n'est pas troublé au sujet de circonstances. Placez tout le fardeau sur lui «et la paix de Dieu gardera vos coeurs et vos pensées», et elle coulera dans vos coeurs comme un fleuve» surpassant toute intelligence». La parole nous dit: «Ne vous inquiétez de rien», pas même au sujet de l'église, quoique Dieu nous garde de ne pas prendre souci de ce qui la concerne.

«Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, goules les choses qui sont de bonne renommée, s'il y a quelque vertu et quelque louange, que ces choses occupent vos pensées». Commencez par rejeter tous vos soucis et toutes vos inquiétudes sur Dieu, et alors vos coeurs seront à même de se tourner vers toutes ces choses qui sont aimables, etc., et de s'en occuper, — toutes ces choses précieuses, qui, en dépit de Satan, sont produites comme des fruits. Si l'âme est occupée du mal, il y aura de la faiblesse; mais quand nous nous occupons de ce qui est bon, l'âme sera fortifiée.

L'apôtre parle maintenant du «Dieu de paix». Vous marchez, dit-il, dans la puissance dans laquelle vous m'avez vu marcher. «Ces choses que vous avez apprises et reçues et entendues et vues en moi, faites ces choses et le Dieu de paix sera avec vous»; non seulement la paix de Dieu, mais le Dieu de paix. La puissance de Dieu sera avec vous. Paul avait marché dans ce chemin et, tout le long, il avait trouvé que «le Dieu de paix» était avec lui.

 «Or je me suis fort réjoui dans le Seigneur de ce que maintenant enfin vous avez fait revivre voire pensée pour moi». Combien l'apôtre est content de voir du fruit! Tout en se réjouissant toujours dans le Seigneur, il se réjouit dans le Seigneur au sujet des Philippiens; ce qui le rendait heureux, c'était de voir Christ bénir les saints. Il n'y a pas de joie semblable à celle-là sur la terre (excepté la communion), la joie de voir les saints marcher dans la vérité (comp. 3 Jean 4).

«Non que je parle ayant égard à des privations, car j'ai appris etc.…» (versets 11-13). On prend quelquefois le dernier de ces versets comme une vérité générale; et il en est ainsi; cependant Paul ne l'applique pas ici de cette manière. Ce que nous avons ici, c'est la connaissance pratique et expérimentale que Paul avait de la chose dont il parle. Il avait été en péril, dans le besoin, et (ce qui est bien plus dangereux) dans l'abondance; et il avait trouvé qu'un Christ présent lui suffisait au milieu de tout. «Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie». Christ ne peut pas être notre force dans des circonstances qui sont contraires à sa volonté. Il veut que l'âme soit exercée et qu'elle ne discerne pas clairement son chemin, lorsqu'elle marche dans un sentier contraire à sa volonté. Il ne peut y avoir cette heureuse liberté là où le chemin de la dépendance de Dieu a été abandonné. Lorsque des chrétiens au commencement quittent le chemin de la dépendance du Saint Esprit, ils trouvent des difficultés et du malaise; mais peu à peu ils s'y habitueront peut-être, et alors il y a chez eux moins de conscience et moins de malaise. Quand on est sorti du chemin de la puissance spirituelle, toutes les choses prennent la forme de devoirs; dans ce cas, la première opération de l'Esprit de Dieu, c'est de produire du malaise, et alors il n'y a rien autre à faire que de rebrousser chemin. Il y a des perplexités qui proviennent de ce qu'on a abandonné le simple et droit chemin; alors le Seigneur intervient et restaure l'âme pour l'amour de son nom. Le Seigneur donne du repos à son peuple pendant la route, comme il le fit pour Israël, lorsque l'arche marcha devant eux pour chercher un lieu où le peuple pût se reposer. Les circonstances ne devraient jamais mettre obstacle à la puissance de la joie spirituelle. Que je sois dans la prospérité ou dans l'adversité, rien ne peut me séparer de l'amour de Dieu en Christ. Paul ne dit pas: «Je puis toutes choses en Celui qui m'a fortifié», mais «qui me fortifie»: c'est une chose actuelle.

«Néanmoins vous avez bien fait de prendre part à mon affliction. Or vous avez, etc» (versets 14-18). Toutefois l'apôtre élève les Philippiens au-dessus des circonstances purement temporelles, et les amène à la conscience de la relation des saints avec Dieu — ce qu'ils ont fait envers lui est «Un sacrifice acceptable et qui est agréable à DIEU», — «MON Dieu suppléera à tous vos besoins, selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus»: — le Dieu auquel j'appartiens et qui, dans un certain sens, m'appartient à moi, — le Dieu dont je connais la fidélité, le Dieu qui m'a nourri quand j'avais faim, et qui m'a fortifié quand j'étais faible. Il est extrêmement doux de voir que ce par quoi Paul avait passé, l'avait amené si près de Dieu. En toutes choses, dans la prison, dans le besoin, il avait trouvé l'infaillible certitude qu'il était associé à Dieu.

Jean 17: 14 et suivants

Il y a deux grandes conséquences qui résultent de la position dans laquelle Christ nous a placés; l'une se rapporte au Père, l'autre se rapporte au monde.

La première grande vérité qui est la base de tout, c'est que Christ nous a placés dans une même condition avec lui, et là où il est lui-même. Lorsqu'il était ici-bas, sa position avait un double caractère, l'un en rapport avec le Père, l'autre en rapport avec le monde; et il en est exactement de même, maintenant, pour les saints. Ce qui est vrai de Jésus est vrai aussi de ceux qui croient en lui, sa joie étant accomplie en eux. Il était un témoin parfait pour le Père, et le témoignage du saint dans le monde est pour Lui aussi (verset 18).

La première partie de ce chapitre nous montre la position du saint devant le Père; la fin du chapitre nous fait voir la position du saint vis-à-vis du monde.

C'est une chose précieuse et admirable que les saints soient amenés par grâce à la même place et à la même condition que Christ lui-même. Christ avait cette place par droit; il y avait un titre; nous, nous la possédons par lui; elle est un témoignage rendu à la valeur de la rédemption accomplie par lui, et nous ne pouvons pas l'estimer trop haut. Cette participation à la position de Christ ne nous élève pas d'une manière charnelle, mais selon l'efficacité de ce que Christ a opéré en résurrection. Marie vient dire de sa part aux disciples: Je monte vers «mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20: 17).

Si je m'occupe de l'état de ma conscience devant Dieu, je pense à Dieu comme à un juge. J'aime le Seigneur Jésus quand je crois quelque chose qui se rapporte à la valeur de son sang; mais si j'aime les choses de Christ, je découvre bientôt en moi beaucoup de choses qui ne sont pas semblables à Christ; et si le coeur est droit, on est bien plus facilement tranquillisé au sujet de ce qui est passé, qu'au sujet de ce qui existe dans le présent. Ce que je trouve en moi maintenant, c'est là ce qui me trouble, et ma conscience doit trouver la paix à ce sujet-là, parce que les affections sont renouvelées là où est la vie. Même pour ce qui concerne les détails de ma conscience comme saint, j'ai une conscience sainte qui se juge elle-même devant Dieu; et ainsi ma conscience réveillée sera toujours plus malheureuse jusqu'à ce qu'elle ait trouvé la paix; car Dieu est saint, l'âme est pécheresse, et le Père voit du péché. Qu'est-ce que Dieu fait quand il vient pour le jugement? Il met le sang sur la porte de l'Israélite, et ce sang étant sous ses yeux, l'ange destructeur ne peut pas entrer: Dieu ne voit que le sang et passe par dessus; il voit le témoignage de l'abolition du péché par la mort de l'Agneau. Il y a du repos pour la conscience par le sang. Ainsi la sentence a déjà été prononcée sur le mal de la part de Dieu. Ce qu'il aperçoit, c'est le sang; un substitut est intervenu, et Dieu est satisfait quant à l'exécution du jugement. Là où il y a de la droiture de coeur, il n'y aura jamais de paix avant que la conscience soit nette devant Dieu; la conscience ne doit pas avoir de repos avant d'être purifiée selon ce que Dieu a fait, car Dieu a fait la purification; Dieu l'a donnée, et Dieu nous fait connaître la satisfaction dans sa propre sainteté. Les saints désirs que Dieu a fait naître en nous ne sont pas satisfaits avant que tout ce que Sa gloire réclame, ait été accompli et ait obtenu pleine satisfaction.

Eh bien: supposons maintenant que la conscience soit en repos: qu'est-ce que Dieu va faire de ce peuple qu'il a racheté? et quelle est l'effet de son intervention en puissance? Dieu a fait l'oeuvre; non seulement il a effacé le péché, mais il nous a amenés près de lui-même. Le Fils de l'homme, le second Adam, nous a placés dans une même position avec lui. Etant ressuscité d'entré les morts le premier jour de la semaine, il dit à Marie: «Va vers mes frères, et leur dit: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20: 17). Le premier Adam fit de même, il nous entraîna dans une même condition avec lui-même. Mais nous sommes prédestinés à être conformes à l'image du Fils de Dieu (Romains 8). De quoi ceci dépend-il? De la valeur de ce que la rédemption de Christ a opéré, et de la puissance de sa vie vivifiante en résurrection; et la manière de connaître ces choses, c'est de regarder au Seigneur Jésus lui-même. Où cette rédemption l'a-t-elle placé, lui? Elle l'a replacé, lui, l'homme ressuscité, dans la présence de cette gloire dans laquelle il était auparavant comme Dieu. Il s'abaissa lui-même (Philippiens 3; Hébreux 2); c'est pourquoi Dieu lui a donné un nom au-dessus de tout nom. Il est placé à la droite de Dieu. Et ici je puis contempler le résultat de cette rédemption que le Seigneur Jésus a accomplie et qui lui fit quitter le sein du Père: elle l'y replace de nouveau.

Un autre point d'une grande valeur, c'est la puissance vivifiante. Quelle est cette puissance vivifiante? «Parce que je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14: 19); et nous qui avons à combattre le mal qui est en nous, et à tenir la chair à sa place dans la mort (Colossiens 3: 3, 4), nous avons la vie de Christ en nous. Cependant l'âme a besoin de la consolation du sang tous les jours. Où Dieu nous a-t-il placés? Si nous n'avons pas notre lot dans le premier Adam, nous devons l'avoir dans le second, — en Christ. Il n'y a pas de place auprès de Dieu pour quiconque est hors de Christ. Dieu ne peut pas avoir près de lui des personnes qui sont hors de Christ, ou qui ne seraient qu'à demi glorifiées. Il n'y a pas de demi gloire auprès de Dieu. Nous sommes sanctifiés dans le Christ Jésus, agréables dans le Bien-aimé. «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création» (2 Corinthiens 5: 17). Si la rédemption n'avait pas donné aux croyants un titre à être avec lui, Christ n'aurait pas pu dire: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où je suis ils y soient aussi avec moi» (Jean 17: 24).

C'est la découverte de l'état de perdition de l'homme qui nous rejette sur la rédemption qui est en Christ. Nous ne pouvons pas aller au-delà, ni rester en deçà. La complète impuissance de l'homme montre l'efficacité du sang qui a été versé.

Dans le monde, les chrétiens sont pauvres, misérables et faibles; mais Christ dit ces choses dans le monde, afin qu'ils aient sa joie accomplie en eux-mêmes. La foi et l'amour sont supérieurs à toutes les circonstances, et ne sont pas des obstacles, à moins que nous ne soyons dans une position contraire à la volonté de Dieu, ce qui est autre chose. La foi a un objet. Il y a une puissance vivante en Christ. Nous sommes gardés par lui et rendus capables par lui de passer à travers toutes les circonstances sans qu'elles nous nuisent. De quelle manière Christ nous place-t-il dans cette position de puissance? Ce n'est pas en nous ôtant du monde, mais en nous gardant du mal qui y est (verset 13). Il nous place dans la même position dans laquelle il est lui-même (verset 16). «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde»; et cette parole: «Ils ne sont pas du monde», demeure vraie aussi bien que ce qui concerne notre chemin et notre position: nous sommes des chrétiens dans le monde, dans la même condition que Christ lui-même! Comment Christ n'était-il pas du monde? Parce que sa vie ne procédait pas du monde, mais du Père. L'objet de cette vie était le Père: toute la marche de Christ est un témoignage que le monde n'avait rien à faire avec le Père; et en passant à travers ce monde comme le Témoin Fidèle, toutes ses voies déclaraient qu'il n'était pas du monde. Lorsque Celui qui a créé le monde était dans le monde, le monde ne l'a pas connu. «Voyez quel amour le Père nous a accordé que nous soyons appelés enfants de Dieu; c'est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu» (1 Jean 3: 1). Le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu; et nos coeurs trouveraient en ceci une consolation, si nous étions dans une vraie communion avec Jésus. Le saint est appelé à traverser ce monde sans le secours du monde, dans le secret avec le Père, et soutenu par lui. Le monde ne peut pas savoir où nous avons notre vie, et le saint a à passer à travers le monde sans avoir la puissance de montrer d'où cette vie tire sa source. C'est une chose qui ne se voit pas.

Si le monde avait pu reconnaître et dire: «Nous savons que celui-ci est le Fils de Dieu», — Jésus eût trouvé là une sorte de secours. Il en est de même pour les saints: non seulement ils ne sont pas compris, mais ils ne sont pas reconnus, — séparés du monde parce que leur nature vient de Dieu. Si nous sommes disposés à prendre cette place, nous ne pouvons l'avoir qu'au-dessus, et au-dessous du monde, car le Père ne peut pas reconnaître le monde; c'est donc une place où le saint sera éprouvé, non pas une fois pour toutes seulement, mais il sera sanctifié par la vérité, la vie du saint ici-bas étant une séparation continue. — Nous ne pouvons rien mettre entre Christ et l'âme, entre la Tête et les membres, Il n'y a rien entre l'unité du Père et du Fils, ni entre l'unité de Christ et de l'Eglise; mais il y a ce qui est «croître jusqu'à lui, le Chef».

«Sanctifiés par la vérité». Il n'y a pas simplement une opposition négative au monde de la part du chrétien, il y a une opposition positive. Nous avons à passer par beaucoup d'épreuves. C'est une bénédiction que d'être en butte à la tentation etc. (Jacques 1: 2-4), non pas de tomber dans une tentation coupable, bien entendu, comme celle dont il est dit, Jacques 1: 13, que Dieu ne tente personne; mais il peut y avoir des circonstances très humiliantes sans qu'il y ait du péché. Le moi doit être maté; et c'est à cette école de l'épreuve que nous voyons et apprenons Dieu, lorsque l'âme est devenue capable de se juger elle-même. Dieu peut déraciner et retrancher tous les rejetons du vieux tronc.

Non seulement le chrétien n'est «pas du monde», parce qu'il connaît le caractère du monde, mais il est délivré du monde (verset 19). Nous voyons la position dans laquelle il est placé. Le Seigneur se met Lui-même à part, afin que l'Esprit puisse prendre «les choses de Christ» et nous les communiquer, pour que nous soyons plus semblables à Christ dans le monde. Le Saint Esprit prend de ces choses et descend du ciel en puissance vivante pour en entretenir nos âmes; — le Père, le Fils, et l'Esprit, agissent tous de concert. L'amour du Père et la puissance du Fils et de l'Esprit nous sont donnés. L'Eglise et le saint individuellement se tiennent devant le monde pour montrer, comme l'épître de Christ, la puissance d'efficacité de l'amour du Père. Je ne parle pas de ce à quoi nous sommes parvenus, mais de ce à quoi nous sommes destinés;de la place où nous sommes établis comme à notre place; et bien que nous n'y soyons pas encore, partout où nous allons, nous portons le témoignage vivant de ce que la grâce du Père a fait de nous. Israël aurait dû être ce que la loi exigeait; mais remarquons la différence, la chute, pour Israël, amena la condamnation.

Ce n'est pas de justice que nous avons besoin devant Dieu, si nous sommes chrétiens, nous avons reçu une fois pour toutes l'abondance de la justice. Voyez Hébreux 10: 14: «Par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés»; et Romains 8: 4: «Afin que la justice de la foi fût accomplie en nous qui ne marchons pas selon la chair»; et aussi Daniel 9: 24: «Pour amener la justice des siècles». Mais pour ce qui concerne la manifestation ici-bas, Paul en appelle aux Corinthiens pour la recommandation de son apostolat. Chaque croyant est une lettre de recommandation de la grâce de Dieu, montrant ce que Dieu est. Christ était la vivante épître de Dieu sur la terre. Quand il prenait un enfant dans ses bras, ou quoi qu'il fît, il manifestait Dieu. Il nous dit: «Soyez donc parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait» (Matthieu 5: 18). «Aimez vos ennemis; en un mot, faites que les hommes voient en vous l'esprit de votre Père. Nous avons, je le répète, la place de Christ devant Dieu, et dans le monde également, — en étant peut être haïs et persécutés jusqu'à la mort.

Il est parfaitement clair que si Christ nous envoie dans le monde comme ses témoins, toute la question de notre acceptation devant Dieu est déjà réglée. Il nous faut l'union et la communion avec lui. Si Christ n'avait pas été complètement un avec le Père, il n'aurait pas pu le représenter. L'Eglise est mise à la place de Christ, et elle est envoyée dans le monde pour dire quelles grandes choses Dieu a faites pour elle, étant pour Dieu, l'épître de Christ écrite par le Saint Esprit.

Nous sommes établis maintenant dans la grâce; et les hommes jugent de ce qu'est la profession de Christ par ce que les chrétiens sont (je ne dis pas qu'ils le fassent toujours droitement). — Si nous vivons dans la communion de Dieu, nous ne pensons pas à nous-mêmes: Moïse ne savait pas que son visage resplendissait quand tous les autres le voyaient. Il avait regardé en haut en dehors de lui-même, et il revenait vers la terre portant sur lui la lumière du ciel.

Quelqu'un pourrait dire, et avec vérité peut être: Je sais si peu de Christ; — toutefois chacune des grâces qui sont en Christ, se trouve dans chacun des saints, bien que non développée. Vous êtes peut-être un petit enfant en Christ: — on peut voir chez des petits enfants bien des choses à admirer et à imiter. Si je suis vraiment humble de coeur, je manifeste Dieu, comme un petit enfant le manifeste; mais si, étant un petit enfant, j'essaie de manifester Christ comme si j'étais un homme fait, je faillirai. Ma sagesse consistera en ce que je ne me place pas au-dessus de ce que je suis réellement. Si je marche dans une vraie humilité, manifestant cette nature de Christ qui est en moi, il y aura un progrès certain en moi. — C'est dans la présence de Dieu que le péché pouvait être découvert et mis au jour. Je déshonore Christ quand je fais un faux pas dans mon chemin. Si moi je discerne le péché secret dans mon coeur, je serai humble devant Dieu, — je serai humble devant le monde. Si je découvre en moi de l'orgueil, ou tout autre péché, j'irai à Dieu et je le confesserai. Je puis ne pas avoir le pouvoir d'empêcher une pensée mauvaise; mais si j'y résiste, l'Esprit n'est pas contristé, et il amène l'âme dans la communion et l'intimité avec Christ. Il y a de la joie aussi dans l'âme, quoiqu'on soit humilié. Si je vis avec Christ, l'Esprit me fait voir ce qui est bon en Christ pour moi. Ainsi dans notre chemin à travers ce monde, nous sommes participants de sa sainteté, «étant transformés dans la même image de gloire en gloire» (2 Corinthiens 3: 18).

Remarquez en outre que le chapitre 17 de Jean nous parle trois fois de l'unité. En premier lieu, il en parle comme d'une unité absolue: nous avons une même nature avec Christ, la communion de la même nature divine, et un seul Saint Esprit, ainsi que l'unité pratique qui découle de là. «Père saint, garde-les en ton nom, (le nom) que tu m'as donné, afin qu'ils soient un comme nous» (verset 11). Or le Saint Esprit habite en nous et nous fait un, — non pas un entre nous, mais entièrement dans le Père et dans le Fils. Toute question, relativement à ce que la personne est par elle-même, est hors de vue: le Saint Esprit, le Père et le Fils ont communion; — et nous, par la communion du Saint Esprit, nous sommes amenés à la conscience de cela, la question de notre acceptation devant Dieu étant entièrement réglée. — Secondement, il n'y a pas seulement union; mais il y a communion. «Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croient en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, es en moi et moi en toi; afin qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé» (versets 20, 21). — En troisième lieu, nous ne sommes pas simplement vivifiés, mais (verset 22) la gloire qui a été donnée à Jésus nous a été donnée. Ce n'est pas ici l'union essentielle comme celle dont nous avons parlé en premier lieu, ni la communion mentionnée ensuite, c'est la manifestation de l'unité, Christ manifesté dans l'Eglise, et Christ manifestant le Père: Moi en eux et toi en moi, — commençant là-haut, et descendant ici-bas; c'est la manifestation complète de la rédemption, alors que le monde verra l'unité et les saints anges aussi, et que nous ayant reçu de Christ la gloire et la puissance, nous serons avec le Père. Les miracles, au commencement, en étaient comme un échantillon: le pouvoir de guérison procédait de l'Eglise. Christ sera admiré dans ses saints (2 Thessaloniciens 1: 10), — cette sainte cité à la lumière de laquelle les nations sauvées marcheront (Apocalypse 21: 23, 24). La manifestation est, afin que le monde connaisse, etc. (verset 23). Maintenant le monde ne nous connaît pas, mais alors le monde connaîtra que nous avons été aimés comme Christ a été aimé. Mais nous, avons-nous à attendre pour connaître, jusqu'à ce que le monde connaisse? Non; par la foi, par la révélation du Saint Esprit, nous savons déjà maintenant ce que le monde connaîtra plus tard, — nous croyons avant que nous voyions. Si j'ai la conscience d'être aimé comme le Père a aimé Jésus, quel bonheur sera le mien! Mon âme, pleine de cette grâce, la manifestera à d'autres. Quelle fontaine de grâce il y a là! Le monde ne connaît pas cette grâce; mais si j'en suis revêtu, je suis armé de grâce, je vis de la vérité et j'en jouis présentement. L'amour du Père a donné Christ pour vous et vous a donné Christ. Est-ce que le monde trouve en nous la même grâce et le même amour (le même genre d'amour, non pas la même mesure) que Christ a manifestés? Etes-vous fidèle à porter partout ce caractère de Dieu devant le monde? Dieu est venu sur la terre en Christ, dans un homme, afin de manifester la perfection de ses voies divines et de sa divine tendresse sous la forme d'un homme. Si j'attends quelque chose de vous avant de vous montrer de l'amour, je serai déçu et je ne manifesterai pas Dieu. Je ne dois rien attendre: je dois agir en grâce. Peu importait en un certain sens ce que Christ trouvait chez les autres; il trouvait toujours sa satisfaction en Dieu. — Toute sa joie était en Dieu. Si nous étions parfaitement satisfaits en Dieu, ce serait la perfection. Supposez que l'affection d'un frère nous fasse défaut pour nous encourager dans l'épreuve, eh! bien, dans la mesure où vous serez remplis de ce que Dieu est, vous serez satisfaits. Ou bien supposez que vous soyez laissé seul pendant deux heures, si vous n'êtes pas en communion avec le Seigneur, vous chercherez un livre, ou quelqu'autre chose, montrant ainsi que Dieu ne vous suffit pas.

Dans l'Eglise primitive nous voyons que les saints avaient la faveur de tout le peuple (Actes des Apôtres 2: 47; 5: 13). L'homme Christ Jésus croissait en faveur auprès de Dieu et des hommes (Luc 2: 32); il était toujours le serviteur de chacun. La première chose qui me frappa, il y a quelques années, en lisant l'évangile, ce fut qu'il y avait là un homme qui ne faisait jamais rien pour lui même. Quelle merveille que de voir un homme qui ne vivait pas pour lui-même, car pour lui-même il avait Dieu! Avons-nous réalisé ce que nous sommes en Christ, de manière à ce que nos coeurs soient remplis de lui? Dieu nous a donné la place de Christ, en vie, — et puis l'adoption et la gloire; c'est pourquoi la vie devrait se montrer plus clairement. Recherchons-nous la place de Christ maintenant? Y a-t-il en vous cette énergie active de l'Esprit qui vous fait désirer d'être là? Eh! bien, cette place vous l'avez: et que vous soyez un petit enfant, ou un vieillard ou un jeune homme, ne vaut-il pas la peine de l'avoir, de porter le caractère de Christ, d'être appelé à rendre témoignage à Jésus?

Dans les derniers versets du chapitre qui nous occupe, Christ résume le résultat de ce qu'il avait dit: il ne nous a pas simplement placés ici-bas, un avec lui-même, mais il veut nous avoir avec lui là où il est, pour que nous voyions toute sa gloire, pour être avec lui et lui être semblables. Il compte sur notre amour qui se réjouira dans sa gloire» (verset 24).

«Père juste» (verset 25). Cette parole solennelle est la séparation éternelle entre le monde et Christ. Le monde ne le verra plus jamais. Christ, si j'ose le faire parler, dit: Le monde ne veut pas de moi; il m'a rejeté. Si je dois être éprouvé, ceux qui m'ont rejeté parce que je manifestais le Père, ne peuvent pas avoir une même part avec moi; c'est donc Toi, Père, qui dois décider la question. Nous pouvons lire la réponse de Dieu au chapitre 12, verset 31: «Maintenant est le jugement de ce monde». Quand le Saint Esprit vient (Jean 16), c'est parce que Christ a été rejeté; l'Esprit dit: Je suis ici-bas, parce que Christ est là-haut.

«Je leur ai fait connaître ton nom» (verset 26). Le Seigneur Jésus nous soutient ainsi. — C'est ici ce qu'il fait maintenant: il nous communique la connaissance du Père, non seulement en grâce, mais dans la communion de la gloire. Il nous la communique du haut de la demeure et du haut du trône du Père, selon la connaissance qu'il en a comme étant avec le Père. Le Père, par l'Esprit, nous montre Jésus à la droite de Dieu. «Et moi en eux» (verset 26). Jésus se manifeste aux siens, quand il en a fini avec le monde, d'une manière que le monde ne connaît pas.

Il y a une différence entre des désirs bons et spirituels et la puissance du Saint Esprit prenant les choses de Christ pour nous les communiquer. Il nous faut non seulement la nouvelle nature, mais la puissance de l'Esprit, si nous sommes fidèles à Christ. Si je m'occupe d'autres choses (je ne parle pas des péchés), je suis en dehors de la communion. Même un regard insouciant contriste le Saint Esprit, et me fait perdre la puissance de la communion. Notre religion ne devrait pas être une religion de regrets, mais d'une joie de coeur continuelle, l'amour étant répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit. Dieu nous a Placés ici-bas comme l'épître de Christ. Ne cherchons pas à être satisfaits en regardant à nous-mêmes ou aux autres, mais regardons constamment à Lui, croissant à son image de plus en plus.

Psaume 16

Ce que nous trouvons écrit dans les Psaumes, se rattache en principe proprement aux Juifs et au Seigneur Jésus lui-même, particulièrement comme Messie. Les Psaumes se rapportent d'une manière spéciale au résidu pieux des derniers jours; et une foule des expressions qu'on y trouve appartiennent entièrement aux Juifs et ne peuvent s'appliquer à l'Eglise; et ce fait si simple donne la vraie clef de ces passages, qui ont été une si terrible pierre d'achoppement pour des chrétiens, qui n'en ont pas eu connaissance. Les saints de la dispensation présente ne peuvent pas justement attendre la destruction de leurs ennemis, comme un moyen d'échapper à leurs afflictions; tandis qu'au temps de la tribulation sans pareille qui est à venir (comparez Matthieu 24: 31, 32), il sera tout à fait juste pour le Juif opprimé d'attendre des jugements pour être délivré. Ces jugements sont les promesses de Dieu et ce sur quoi repose leur espérance. — Mais l'Eglise attend d'être enlevée pour échapper à l'affliction en étant avec le Seigneur dans le ciel, en même temps qu'il est très vrai qu'elle jouit de la sympathie de Christ dans ses souffrances ici-bas. — Les Psaumes sont occupés principalement des souffrances de l'âme, des afflictions des Juifs pieux et du résidu, et de la venue de Dieu en jugement, comme leur Rédempteur, pour exécuter la vengeance sur tous leurs ennemis. Christ y est vu associé à Israël et entrant dans toutes les souffrances du saint résidu.

Ensuite, il y a certains Psaumes qui se rapportent au Seigneur personnellement. Ils mettent en lumière le caractère de l'Esprit de Christ, comme les Evangiles montrent la marche et l'oeuvre du Sauveur. Les Evangiles font connaître Celui dans lequel il n'y avait pas d'égoïsme; ils révèlent le coeur qui était prêt à servir chacun. Quelle que fût sa propre affliction, toujours Christ était occupé des autres. Il pouvait avertir Pierre à Gethsémané, et consoler le brigand mourant sur la croix. Son coeur était élevé au-dessus des circonstances; jamais il n'agissait sous leur pression, mais toujours selon Dieu, quelles qu'elles fussent. Nous voyons qu'il était toujours sensible à tout, et bien des expressions dans les Psaumes nous disent ce qu'il éprouvait alors: «Je me suis écoulé comme de l'eau, tous mes os sont déjoints; mon coeur est comme de la cire» (Psaumes 22: 14). Il était l'homme tenté et éprouvé; et moi comme homme tenté et éprouvé, je suis appelé à le suivre. Je devrais m'oublier moi-même et toutes les choses qui sont du moi, en montrant de l'amour aux autres. Le véritable effet d'être près de Christ, me met en communion avec lui au sujet des autres, au lieu que je sois sous l'influence de mes propres circonstances. Comment puis-je incliner mon coeur vers les joies de l'un et les douleurs de l'autre, à moins que je ne vive tout près de Christ et en ayant mon coeur rempli de lui au lieu d'être plein de moi-même? Tout le long de la vie de Christ, telle que les évangiles la placent devant nous, nous voyons cette absence totale d'égoïsme, qui jamais, en aucune manière, ne faisait rien pour soi. Il pouvait se réjouir avec ceux qui étaient joyeux, et pleurer avec ceux qui étaient dans la peine. Il pouvait encourager, avertir, réprimander, selon que l'occasion l'exigeait. Quoi que l'amour dictât, cela l'accomplissait.

Dans le Psaume 22, nous voyons Christ seul, souffrant sous la main de Dieu, endurant la colère que méritait le péché, mais toujours comme l'homme juste, criant à Dieu et le justifiant, même en étant abandonné de lui; et si nous le considérons dans le Psaume 69 comme souffrant plutôt de la part des hommes, Dieu est toujours son asile. Son coeur passe par toute la souffrance, que le péché pouvait amener sur quelqu'un, qui prend la place du pécheur. Christ passa par les exercices les plus profonds que le coeur puisse endurer, mais il place tout devant Dieu. Nous avons souvent la plus grande difficulté à apporter notre affliction à Dieu. Comment le puis-je faire, dira quelqu'un, puisque mon affliction est le fruit de mon péché? Comment puis-je l'apporter à Dieu? Si je souffrais pour la justice, je le ferais sans doute; mais je souffre pour mon péché; — puis-je donc, dans l'intégrité de mon coeur devant Dieu, aller à lui avec mes peines, sachant que je les mérite? Oui; vous le pouvez; Christ est allé à Dieu à leur sujet. Voilà donc le fondement sur lequel vous pouvez aller: l'expiation, une expiation parfaite, a été faite pour tous mes péchés; Christ a été jugé pour eux. Dieu nous jugera-t-il, tous les deux, lui et moi? Non; je vais à Dieu sur le fondement de l'expiation faite, et Dieu peut venir à moi dans toute mon affliction, parce que l'oeuvre de Christ a été accomplie si parfaitement. En général, toute affliction a sa source dans le péché, et tout secours est basé sur l'expiation. Il serait impossible que je pusse me confier en Dieu, si toute la question du péché n'avait pas été réglée avec un autre que moi.

Dieu ne pouvait pas être indifférent au sujet du péché; et Pierre le savait quand il dit: «Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur» (Luc 5: 8). Le saint caractère de Dieu a été pleinement en exercice, quand il abolit le péché. Dieu a agi envers Christ, à l'égard du péché, selon tout ce qu'il est lui-même. Il est possible, que j'aie à goûter toute l'amertume des fruits du péché, Dieu peut me faire sentir les conséquences de mon péché, parce qu'il ne me jugera pas pour lui: «Afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice en vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur» (Romains 5: 21). Ma conscience est parfaitement purifiée, par le sang de Christ, qui a été répandu en amour parfait. L'obéissance de Celui qui a porté mes péchés, est à moi. Je suis déclaré juste par la justice d'un autre. Mon coeur est libre, je puis avoir des rapports avec Dieu au sujet de mon péché, parce que Dieu a agi à son égard envers Christ sur la croix; et je puis aller à Dieu dans toute mon affliction à son sujet. Je puis confesser mon péché; oui; je puis même dire: «Sonde-moi, ô Dieu, et éprouve-moi — et regarde s'il y a en moi quelque voie mauvaise» (Psaumes 139: 23, 24). Par la grâce, je puis prendre devant Dieu la place que Christ prend; et mon titre pour le faire, c'est l'expiation.

Nous trouvons dans les Psaumes une expression divine pour toutes nos souffrances; et il est précieux de considérer nos souffrances sous cet aspect. Christ est entré dans toutes les conséquences du péché, comme nul autre ne peut le faire et comme nous n'y entrerons jamais; et après qu'il a été «entre les cornes des licornes», — le passage même à travers la mort, pour ainsi dire — et qu'il a réglé avec Dieu tout ce qui concerne le péché, il peut dire: «J'annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de l'assemblée» (Psaumes 22: 21, 22). Nous ne perdrons jamais Christ comme notre compagnon; — quelle consolation! Nous le suivrons dans la gloire. — Je vais être avec lui, et sa présence sera ma joie. — Quelle position que celle à laquelle les saints sont amenés à Christ! — toute souffrance est passée.

Dans le Psaume 16, nous trouvons les expressions de la propre joie du Seigneur, la joie de Celui que Dieu appelait son compagnon (Zacharie 13: 7). Pierre, sur la montagne de la transfiguration, aurait voulu placer Jésus à un même niveau avec Moïse et Elie, mais Dieu dit. Non; il est mon compagnon, non pas celui de l'homme. Lorsque le jeune homme, dans l'Evangile, vient à Lui, disant: «Bon Maître» — s'approchant de lui comme homme, Jésus dit: «Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon qu'un seul, Dieu» (Luc 18: 18, 19).

Il ne fallait pas chercher la bonté dans un homme, pas même en lui s'il n'avait été qu'homme.

Les saints font la joie constante de Christ, et le pauvre pécheur qui met sa confiance en Dieu, a Jésus pour son Consolateur; et Jésus ayant été tenté, sait ce qu'il faut pour le secourir, comme nul autre ne peut le savoir.

Aux jours de Jean le Baptiseur, tous ceux qui se repentaient, venaient aux eaux du baptême; Jésus vint comme les autres. Il n'avait pas à se repentir, mais il ne voulait pas être séparé d'eux, et il dit: «Ainsi il nous est convenable d'accomplir toute justice» (Matthieu 3: 15). Je veux prendre ma place parmi vous, avec les saints qui sont en la terre.

Quelles abondantes consolations, la foi apporte à l'homme qui s'attache à Dieu! Christ ici-bas pouvait dire: «Je me propose toujours l'Eternel devant moi» (Psaumes 16: 8), et ne le ferai-je pas, moi? Est-ce que dans les détails de la vie, je n'ai pas constamment besoin de Lui? Ne suis-je pas continuellement ébranlé par les circonstances? Lui seul peut me soutenir. Christ a pris une fois la place de la dépendance. Il fut ressuscité par la puissance de l'Esprit, par Dieu le Père. Christ aurait pu se ressusciter lui-même; la mort n'avait aucune puissance sur lui. Le Fils faisait les délices du Père; et le coeur du Père était lié au Fils. Le Seigneur Jésus Christ faisait toutes les délices du Père.

Christ est dans la présence de Dieu comme homme et pour l'homme; comme notre précurseur et notre chemin. Il est si doux de regarder à Christ comme étant notre chemin; cela l'approche si près de nous. Aussi sûrement que j'ai participé, comme homme, à la nature du premier Adam et aux conséquences de son péché, aussi certainement, comme croyant, j'ai une part dans le second Adam. Le Seigneur Jésus Christ est dans la présence de Dieu pour moi. Il y a bien des difficultés ici-bas, mais je serai avec Lui là où il y a des plaisirs pour jamais. Dieu sera glorifié comme Dieu, mais il sera manifesté comme homme aussi, et nous, comme étant en Christ, nous partagerons la gloire. Que de grâce et de vraie bénédiction il y a dans ces paroles: «Que votre coeur ne soit pas troublé; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit; je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 1-3). Il sera avec ses saints, et ses saints seront avec lui. Ils seront rendus conformes à son image; ils seront manifestés portant son image. Nous le verrons, et nous lui serons semblables; et maintenant, dans la mesure où nous le contemplons, nous sommes transformés à son image.

C'est là notre part positive; et dans la communion avec lui nous avons part à ce qu'il est. Sa joie est dans les saints; il est entré dans leurs plus profondes douleurs, et ils partageront sa joie et sa gloire, là où il est maintenant.

De quelle manière est-ce que j'agis envers Christ maintenant? Est-ce que je vais à lui avec tout ce qui m'occupe? Est-ce qu'il est ma première pensée dans toutes mes nécessités, dans tous les exercices de mon âme, comme dans tous mes moments de bonheur?

C'est ainsi qu'on apprend à le connaître, et à connaître l'amour qui est dans son coeur.

Il n'y a pas de situation dans laquelle je ne puisse avoir Christ pour compagnon. Il est descendu dans toute la profondeur de ma souffrance. Il a pu dire: «Un abîme appelle un autre abîme» (Psaumes 42: 7). Il n'y a pas un lieu où la foi ne puisse trouver Christ. «Or, qu'il soit monté, qu'est-ce, sinon qu'il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus des cieux, afin qu'il remplît toutes choses» (Ephésiens 4: 9, 10).

Mais est-ce que, en effet, je traverse le monde avec lui, réglant mes pas d'après lui? Mes plaisirs sont-ils de ceux que je puisse partager avec lui? Est-ce avec lui que je marche dans ma vie de tous les jours? Quand je suis affligé, dans quelle mesure est-ce lui qui m'a relevé? Si je me repose en lui, c'est lui qui m'a relevé; et c'est là mon privilège positif. Le coeur qui se remet à Christ, trouve une constante consolation; le coeur qui se tient près de Christ, n'a rien en dehors de lui (voyez le Psaume 22). S'il s'agit d'un besoin, je puis dire: Je ne crains rien; «l'Eternel est mon berger». Est-ce que je dis: Je suis dans des «parcs herbeux», mais ils auront bientôt disparu? Non; le Seigneur me fait m'y «reposer». Il y a aussi les «eaux tranquilles»; mais ne seront-elles pas bientôt troublées? Mais, si c'est Christ qui me mène le long de ces eaux? Mon coeur est affligé: je me suis égaré loin de Christ; cela est triste; mais Christ «restaure mon âme». Et si j'ai à passer par la vallée de l'ombre de la mort, il sera avec moi et il me consolera. Mais je suis peut-être dans le pays de mes ennemis? Que vais-je devenir? Christ dresse une table pour moi dans leur présence même. «Tu as oint ma tête d'huile odoriférante; ma coupe est comble. Quoi qu'il en soit, les biens et la gratuité m'accompagneront tous les jours de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de l'Eternel pour longtemps».

Qu'il est doux de considérer le Seigneur sous cet aspect! Il est notre joie présente et éternelle. Le temps viendra où toute notre affliction aura cessé, mais notre Ami demeurera. Il est notre Ami fidèle et éprouvé. Il a pris part aux plus profondes angoisses de nos coeurs et il vint nous faire partager sa joie à jamais. Notre bénédiction, notre sécurité, notre espérance, tout est basé sur l'expiation.

Y a-t-il une âme qui, en lisant ceci, ne peut pas se réjouir en Christ, qui ne le connaît pas comme sa portion? Y a-t-il quelqu'un qui dit: Mon péché est trop grand pour être pardonné? Il est très bien que vous sentiez votre péché, mais, que vous désespériez à son sujet, cela est très mal. Vous dites en réalité: Mon péché est plus grand que la grâce de Dieu. Vous n'oserez pas parler ainsi quand vous regarderez à Christ. Christ serait-il devenu insuffisant? La grâce est-elle au-dessous de votre péché ou au-dessus? Christ est la part de chaque pauvre âme qui croit en lui; l'oeuvre expiatoire est accomplie: le sang de Jésus Christ le Fils de Dieu purifie de tout péché.

Jean 10

Plus nous étudions les voies du Seigneur Jésus, plus nous trouvons ce qui est insondable en bonté et en beauté. Les extrêmes se touchent ici, quand nous regardons à lui! Quelle puissance et pourtant quelle soumission! Quelles hauteurs de gloire morale et en même temps, quelles profondeurs d'abaissement! Jésus se présente comme le Fils de Dieu, et cependant il entre par la porte et le portier lui ouvre.

La personne du Seigneur Jésus, si nous l'étudions, fournira toujours de la nourriture à nos âmes; et tout en étant humiliés en le contemplant, nous serons fortifiés par la conscience que tout ce qu'il est, il l'est pour nous. Le coeur trouve ses délices en lui comme en quelqu'un qu'il sent lui appartenir, et qu'en même temps il peut admirer et adorer.

Aux jours dont nous parle ce chapitre, le Seigneur avait mis Israël pleinement à l'épreuve, et les chapitres 8 et 9 nous montrent combien Jésus était réellement et pleinement rejeté. Au chapitre 8 sa parole est rejetée; au chapitre 9 ses oeuvres sont rejetées; et ainsi le résultat de sa venue est qu'il est jeté dehors et il dit: «Je suis venu dans ce monde pour le jugement» (9: 39); et les Juifs, à cause du traitement qu'ils lui ont fait subir, sont coupables et criminels. «Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché mais maintenant vous dites: Nous voyons; votre péché donc demeure» (9: 41); puis le Seigneur semble dire: Rien de tout cela n'est arrivé en vain. Il était venu comme il le devait et de la manière prescrite: — «par la porte»; et Dieu reconnaîtrait et rendrait efficace sa venue et lui ferait porter son fruit, bien qu'il fût rejeté et méprisé. Toutes ses brebis viendraient à lui; et il pouvait dire: «J'ai usé ma force pour néant et sans fruit; toutefois mon droit est par-devers l'Eternel, mon oeuvre est par-dessus mon Dieu» (Esaïe 49: 4). S'il était venu reconnu comme roi, en gloire et en puissance, beaucoup l'auraient suivi; mais maintenant, quoique humble et méprisé, tous ceux-là qui avaient réellement besoin de lui, néanmoins viendraient à lui.

«Celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, est un larron et un voleur» (verset 1). Tous ces grands messies, qui s'élevaient «se disant être quelque chose» (et il y en avait beaucoup), n'étaient que des voleurs et des larrons. Nous voyons dès l'abord ici quel est celui qui entre par la porte; et la première chose que nous trouvons chez Lui, c'est une soumission absolue; et ce trait qui distingue avant tout le Berger, est vrai aussi de tous ceux qui suivent le Berger. Toute puissance et tout vrai et réel service, découlent toujours d'une parfaite soumission. — La part de Christ était d'être absolument rejeté; il l'exprime en disant: «Des chiens m'ont environné». — «Mon coeur est comme de la cire». C'était une chose douloureuse pour lui que de rencontrer un pareil accueil, — de voir tout, à mesure qu'il avançait, se tourner contre lui et s'assombrir jusqu'à la mort; mais il passa à travers tout, et entra ainsi par la porte en parfaite soumission. Ceux qui le trouvaient devaient aussi être amenés à cette même place, car c'est là que Lui les avait trouvés. Voyez l'aveugle-né: où Jésus l'avait-il trouvé? Au lieu de la réjection. Christ est devant lui quand «ils le chassèrent dehors» (9: 34): il n'y a pas une seule de ces pauvres brebis à laquelle la voix du Berger ne puisse arriver. Christ rencontre les âmes précisément là où elles ont besoin de lui, dans la détresse ou les difficultés, n'importe ce qu'il aura à souffrir lui-même pour elles. Il entra par la porte, et il est le vrai Berger, — non pas d'Israël, hélas, car, comme peuple ils le rejetèrent; mais il est le Berger des brebis, — de tous ceux dont la conscience et le coeur étaient atteints. Il est «le Berger des brebis» (10: 2). Est-ce qu'il se prévaut de sa puissance en les réclamant pour lui-même? Non; il est l'homme soumis, qui vient dans une parfaite dépendance de Dieu. Ainsi lorsque Lazare était mort, il resta là où il était jusqu'à ce qu'il eut une parole de Dieu pour se lever et monter à Béthanie. Il avait pris la forme d'un serviteur, et un serviteur doit être dépendant et obéissant.

«A celui-là le portier ouvre» (verset 3). «J'ai mis devant-toi une porte ouverte que personne ne peut fermer» (Apocalypse 3: 8). Jésus était ici-bas dans le plus profond et plus complet abaissement; et c'était là sa perfection comme homme. Dieu, son Père, ne lui épargne pas la souffrance, mais il lui ouvre la porte. Il est venu et les brebis écoutent sa voix. Bien que foulé aux pieds par les boucs qui sont sur son chemin, il ne s'en inquiète pas, mais il cherche les brebis; les brebis savent qu'il s'occupe d'elles; elles comprennent qu'il s'intéresse à elles, car elles «écoutent sa voix». Pourquoi supportait-il tout le mépris dont on couvrait ses paroles et ses oeuvres, lui le Fils de Dieu? N'était-ce pas pour l'amour des brebis? Il endurait volontiers les outrages des boucs pour l'amour des brebis qui se trouvaient au milieu d'eux. — Et puis, il y a en lui la capacité parfaite pour délivrer les brebis; il ne les laissera pas parmi les boucs; non, «il les mène dehors», il attire leurs coeurs; il se fait connaître à elles et se charge de les garder et de les sauver. «Il va devant elles» (verset 4). Quand il a mis dehors ses propres brebis, il va devant elles. N'y a-t-il donc pas des dangers et des difficultés sur le chemin? Lorsque les Israélites, tirés d'Egypte, eurent traversé la mer, ne couraient-ils aucun danger de perdre leur route? Sans doute; mais la nuée était là pour les guider. N'y avait-il pas d'autres dangers, des ennemis sur leur route? Oui; mais il y avait le Chef de l'armée de l'Eternel. Il en est de même maintenant pour les brebis: Jésus les mène dehors et ne les laisse pas. Il va devant elles et les brebis le suivent. Quelle assurance il y a là!

Certaines personnes peuvent faire l'une ou l'autre observation; mais si je sais que c'est la voix de Christ que j'ai entendu, cela me suffit. «Sortons donc vers lui hors du camp» (Hébreux 13: 15). Il n'est pas convenable pour moi maintenant de demeurer dans le parc juif. «Christ mène dehors» ses brebis. Mais quelqu'un dira: Comment savez-vous que ce n'est pas votre propre volonté que vous suivez? L'Ecriture répond: «Elles connaissent sa voix». Les brebis connaissent la voix de Christ et si elles n'entendent pas sa voix, elles s'arrêtent jusqu'à ce qu'elles l'entendent. Il y a une voix qu'elles connaissent. Il y a beaucoup d'autres voix, mais elles ne les connaissent pas. Les brebis sont de sottes, stupides créatures, cependant elles connaissent la voix du Berger, cette seule voix.

Du moment que la voix de Christ m'a atteint, c'est assez: ce fait si simple m'a donné pour le chemin une paix et une tranquillité que rien d'autre ne peut donner. Il n'est pas nécessaire de beaucoup de sagesse ni de force, mais seulement d'écouter la voix du Berger et de la connaître. Si la voix n'est pas celle du Berger, on la craint. «Elles ne suivront pas un étranger, mais elles s'enfuiront loin de lui» (verset 5). Elles n'ont pas peur du berger. Il donne de la force et de la confiance et si voix étant une fois parvenue jusqu'au coeur, on n'a besoin de rien d'autre. Il en est ainsi quand l'oeil est simple. Si l'oeil est double, on est inconstant dans toutes ses voies, non pas dans une seulement, mais dans toutes.

Jamais l'amour divin n'a été manifesté comme il l'a été en Christ, quand il est descendu si bas; et c'est parce que Christ était ce qu'il est qu'il a pu le faire briller. Si Adam abandonnait son premier état, il péchait; mais Christ pouvait s'abaisser lui-même et c'était la perfection de l'amour. Tandis qu'il entre lui-même personnellement par la voie prescrite, il est lui-même la porte; il est l'entrée du chemin pour tout autre. Comme Juifs, ceux qui entouraient Jésus n'auraient pas eu d'autorité pour quitter le bercail Juif, si Christ n'était pas venu comme la porte, qui donnait entrée dans une autre scène. Il était leur garant et il est aussi le nôtre. Par lui, nous pouvons entrer et sortir et trouver la paix et la bénédiction. Ce qui distingue la brebis, c'est que Christ est sa porte. Christ est «la porte des brebis».

Les brebis ne pouvaient pas dire qu'elles fussent sauvées parce qu'elles étaient d'Israël, quoique les Juifs possédassent les oracles de Dieu et beaucoup de privilèges de toute manière; les brebis ne pouvaient être sauvées que par Christ.

Remarquez qu'il est dit: «Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé» (verset 9); non pas: si elles marchent bien, mais si elles «entrent». Il faut que la voix du bon Berger soit vraiment écoutée. Si quelqu'un entre, il est sauvé; il ne peut pas entrer sans être sauvé. Ensuite il y a un chemin à suivre, sans doute, mais c'est la conséquence de ce qu'on est sauvé. Nous trouverons le chemin souvent pénible peut-être, Satan nous faisant broncher, puis le monde et la chair; mais la porte est là pour entrer et sortir; il y a de la liberté de coeur. Je puis sortir et m'en aller dans le monde pour rendre témoignage à Christ, parce que mon âme est sous la sauvegarde de Christ lui-même, non pas enfermée dans des ordonnances, ni dans le monachisme. Il y a aussi de la nourriture, et les brebis «trouvent de la pâture». Elles jouissent de toute la vérité de la Parole de Dieu.

Les brebis de Christ sont aussi en sûreté. «Personne ne les peut ravir de la main de mon Père» (verset 29). Elles ont de la liberté, «entrant et sortant», et elles ont toute la nourriture que Dieu peut donner. Elles «trouvent de la pâture» et que peuvent-elles vouloir de plus? Bientôt elles posséderont la gloire.

Ensuite Christ se place lui-même en contraste avec tous ces faux docteurs qui étaient venus avant lui, et il dit de lui-même: «Je suis venu afin que les brebis aient la vie»; et non content de donner simplement la vie, il donne la vie «en abondance» (verset 10), comme nous lisons ailleurs: «Ceux qui reçoivent l'abondance de la grâce — régneront en vie par un seul, Jésus Christ» (Romains 5: 17). Ici-bas nous servons en vie; alors nous régnerons en vie. Quelle liberté, quelle abondance en toutes choses n'avons-nous pas, quand nous voyons que Christ est notre vie! Il donne la vie en abondance; n'importe à quel prix, il veut sauver ses brebis. «Il met sa vie pour ses brebis» (verset 15), disant en quelque sorte: Je me dévoue pour vous, et je suis résolu à vous sortir de ce lieu de misère où vous êtes; je vous en délivrerai coûte que coûte. «Je suis le bon Berger, le bon Berger met sa vie pour les brebis». C'est de cette manière qu'il a donné la vie à ses brebis; et maintenant il veut leur donner tout ce dont elles ont besoin dans la vie (voyez le contraste avec les bergers mercenaires).

On pourrait penser: Si Christ a donné sa vie pour les brebis, il ne peut faire rien de plus. Mais non, il n'en est pas ainsi de lui! Voyez le verset 14: «Je connais les miens et je suis connu des miens». Il ne prend pas soin seulement du troupeau comme d'un tout, il prend soin aussi de chaque brebis individuellement, — «et je suis connu des miens». Paul savait que Christ aimait l'Eglise et qu'il «s'était donné pour elle»; mais il savait aussi que Christ l'aimait, lui, et qu'il s'était donné pour lui.

Ensuite il y a entre Christ et les brebis une relation d'amour aussi vraie qu'entre Christ et son Père: «Je connais les miens, et les miens me connaissent; comme le Père me connaît, et moi je commis le Père; et je mets mi vie pour les brebis» (verset 15).

Plus loin nous lisons «Il y aura un seul troupeau, un seul berger» (verset 16). Juifs et gentils devaient être amenés dans l'église de Dieu. «A cause de ceci, le Père m'aime», dit Jésus, «c'est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (verset 17). La merveilleuse valeur de l'oeuvre qu'il a accomplie, apparaît ainsi; elle est un motif pour l'amour du Père! Cependant, dans quelque mesure qu'il s'abaissât, même jusqu'à laisser sa vie, Christ pouvait reprendre sa vie. Il en avait le pouvoir (le droit ou l'autorité); mais il était dans la position de l'obéissance — «J'ai reçu ce commandement de mon Père» (verset 18). Il avait le pouvoir, mais il était le serviteur obéissant; quelle différence il y a ici entre lui et nous! Nous ne pourrions pas reprendre nos vies, si nous les laissions; ce fut en vertu de son droit et de son pouvoir divins, comme de son amour, qu'il s'abaissa ainsi si bas pour nous.

Les versets 24 et suivants nous montrent les diverses manières dont les pharisiens écoutaient et recevaient ce que le Seigneur leur disait de ce que feraient ses brebis. La voix de Christ a de la puissance sur le coeur des brebis, et c'est là le secret de la différence entre elles et les boucs. Remarquez à cette occasion la pleine sécurité et l'étendue de la bénédiction qu'elles possèdent en vertu du droit et du pouvoir du Berger: «Je leur donne la vie éternelle» (verset 28)! C'est une vie qui est éternelle, non pas quelque chose qui doive de nouveau nous être ôté… Quiconque a écouté la voix de Christ, a la vie éternelle. Il faut que ce soit une vie éternelle que Christ donne, car si l'une de ses brebis pouvait périr, il faudrait que Christ périt; et la vie qu'il donne doit être une vie sainte aussi, par la même raison. Ce que Christ donne doit être saint, car il est saint. «Elles ne périront jamais». Une brebis est une créature périssable, mais les brebis de Christ ne périssent pas. Nous pouvons nous endormir ou être transmués, mais la même vie que nous avons maintenant en Christ et avec lui, nous l'aurons alors, à sa venue.

La bienheureuse sécurité des brebis consiste en deux points: premièrement, Christ est en elles, comme leur vie; secondement, Christ dit: Personne ne les ravira de ma main. Elles sont dans sa main. Le Père nous a donnés à Christ, et c'est à lui de faire l'oeuvre pour nous. L'amour du Père y est intéressé, et Christ est capable de tout accomplir. Il faut que vous trouviez quelqu'un de plus puissant que Dieu, si vous devez être ravi hors des mains du Père. Le Père a envoyé le Fils et le Fils a envoyé l'Esprit, en sorte que tous les trois s'intéressent à notre salut.

Il y a donc pour les brebis le salut et la vie éternelle; mais comment pouvons-nous savoir quelles sont les brebis? Ce sont ceux qui connaissent la voix du Berger.

Ensuite nous trouvons la douce pensée que comme le Berger, Christ conduit les brebis tout le long du chemin. Ce qui distingue le chrétien, c'est qu'il écoute la voix de Christ, quoiqu'il y ait de l'affliction et de la détresse, des difficultés et des perplexités; mais la voix de Christ a pour lui une autorité et une puissance absolues; et s'il est peut-être «dans la perplexité», il n'est toutefois «pas sans ressource» (2 Corinthiens 4: 8).

Combien il est merveilleux que Christ soit descendu ainsi jusqu'à nous, pour nous faire entendre sa voix! Qu'il est précieux d'apprendre ici que Jésus et le Père sont un! que la gloire de la personne du Fils est identifiée avec la sécurité des brebis, contre la faiblesse intérieure comme contre la violence du dehors, comme il en est de la hauteur et de la profondeur de l'amour dont les brebis sont les objets. Le Père et le Fils sont un en essence divine, comme ils sont un en amour efficace pour les brebis!