Josué 5

 ME 1870 page 241

 

Nous devons nous souvenir que toutes ces choses qui sont écrites «arrivaient en types aux enfants d'Israël, et qu'elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints» (1 Corinthiens 10: 11). L'expression de «fin des siècles» a soit importance, de même que cette autre parole: «en la consommation des siècles» (Hébreux 9: 26). Elles disent, l'une et l'autre, où nous en sommes en tant que chrétiens à la suite de toutes les dispensations et de toutes les voies de Dieu envers l'homme pour l'enseigner ou l'éprouver, qui ont pris fin. L'homme, comme tel, a été pleinement mis à l'épreuve, en effet, et Dieu a suscité un autre homme, qui est en même temps plus qu'un homme; toutefois un autre homme; et Dieu est intervenu ainsi en grâce aussi assurément pour des pécheurs, afin que nous trouvions un meilleur paradis que celui qui a été perdu. Le Seigneur Jésus Christ a pu dire quand il voyait la croix devant Lui: «Maintenant est le jugement de ce monde» (Jean 12: 31). L'homme, je le répète, a été éprouvé de toute manière depuis l'innocence jusqu'à la croix de Christ; et le Fils lui-même a été jeté hors de la vigne et mis à mort. Jean Baptiste vint après la loi et les prophètes et prêcha la repentance; mais les hommes ne voulurent pas se repentir (Matthieu 11). Quand il leur chanta des complaintes ils ne se lamentèrent pas, et quand le Seigneur vint et qu'il joua de la flûte, ils ne voulurent pas danser. Dans ce même chapitre, Jésus leur dit: «Venez à moi». Or, il faut, d'après la propre invitation du Seigneur, que l'homme vienne à Lui comme étant perdu.

L'homme peut vivre loin de Dieu décemment ou dans la grossière débauche; mais tout cela revient au même: «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu» (Romains 8: 7). Il faut arriver au second homme, à Christ. Dieu n'établit pas le second homme, tant qu'il put reconnaître le premier. Dieu ne peut pas les reconnaître tous les deux; et reconnaître maintenant l'homme dans la chair, c'est nier le fait que Dieu a établi un autre homme.

Ce que je désire mettre en relief en ce moment, c'est la pleine délivrance que nous avons dans le Seigneur Jésus Christ. Je n'ai pas besoin de dire que cette délivrance n'est pas celle du corps; mais la bienheureuse liberté de l'esprit pendant que nous attendons la délivrance du corps. Nous sommes non seulement pardonnés, mais nous sommes placés dans la liberté d'association avec Dieu en sainteté.

Cette délivrance dont je parle est représentée dans l'histoire d'Israël par différentes figures, telles que l'Egypte, le désert, le Jourdain, Canaan. Nous savons tous que l'idée générale, c'est que le Jourdain est la mort, et Canaan le ciel. Mais dès que nous entrons en Canaan, nous trouvons la lutte: Canaan n'est donc évidemment pas les lieux célestes comme lieu de repos. Ce qui caractérise Canaan, c'est le combat, et nous y trouvons une image de ce qui est placé devant nous dans le chapitre 6 de l'épître aux Ephésiens, c'est-à-dire la lutte, non pas contre le sang et la chair, mais contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes et contre lesquelles nous avons besoin de l'armure complète de Dieu. Mais pour combattre là, il faut d'abord nous trouver là. Je voudrais donc parler ce soir, de la manière dont nous entrons dans les lieux célestes.

Rappelez-vous que Christ est dans le ciel. L'histoire d'Israël nous apprend comment une âme avance jusque dans les lieux célestes. Ce n'est pas dans le désert, mais quand le peuple est parvenu en Canaan que l'opprobre d'Egypte est ôté. Les enfants d'Israël célébrèrent la pâque après qu'ils eurent été circoncis; ils mangèrent du blé du pays, et la manne cessa.

Tel est le chemin par lequel l'âme trouve la délivrance du «présent siècle mauvais» (Galates 1: 4) et est introduite dans les lieux célestes. Les Israélites étaient esclaves en Egypte, faisant des briques sans paille; mais Dieu descend pour les délivrer et il ne leur parle que de Canaan et non du désert. Mais il se présente d'abord comme un Juge; il faut qu'il les fasse passer par le jugement. Ils étaient d'aussi grands pécheurs que ces Egyptiens (plus peut-être, car ils avaient une plus grande connaissance de Dieu); toutefois là où était le sang, là on était à l'abri, en parfaite sécurité. C'était uniquement parce que le sang était sur les portes des Israélites que Dieu passait par-dessus; il ne s'agissait pas de communion, mais du sang pour tenir Dieu à distance comme Juge.

Il en est ainsi pour le croyant maintenant. Là où l'on met sa confiance dans le sang, Dieu ne peut pas apercevoir un seul péché, il faudrait qu'il niât l'efficacité du sang s'il ne passait pas par dessus. Ce qui garantissait les enfants d'Israël, ce n'était pas qu'eux, ils voyaient le sang, mais que Dieu le voyait. On entend souvent dire: je ne sais pas si moi j'ai accepté le sang comme il faut; mais ce qui donne la paix, c'est de savoir que Dieu a accepté le sang. On pense qu'on doit s'examiner soi-même pour savoir si on a accepté le sang de la bonne manière; mais une âme simple aurait ses pensées tournées d'un autre côté et serait trop heureuse de se reposer sur la valeur que le sang de Christ a pour Dieu. Il peut y avoir bien du travail pour former les affections afin qu'elles soient ce qu'elles doivent être, et il est tout à fait vrai que le sang de Christ doit nous devenir chaque jour plus précieux, mais cela ne met pas en question mon acceptation auprès de Dieu. Il s'agit de tout autre chose dans ce cas, savoir du développement des affections; mais ce qui donne la paix, ce n'est pas le développement des affections, mais le fait que Dieu a accepté le sang; et il faudrait que Dieu niât l'efficacité du sang de Christ s'il ne me recevait pas. L'effet du sang fut qu'il arrêta la main de Dieu en jugement. Non seulement mon péché a été pardonné, mais

Dieu a été glorifié à la croix de Christ: c'est là ce qui donne au sang sa pleine valeur.

Si Dieu ne faisait que juger le péché, il serait juste mais il n'y aurait pas d'amour. Si au contraire il avait dit des hommes: «Ce sont de pauvres misérables créatures, et ils ne peuvent être autrement, c'est pourquoi je veux tout pardonner», il pourrait y avoir de l'amour manifesté, mais il n'y aurait pas de justice: l'amour ne serait pas un amour saint. Mais quand nous regardons vers la croix, nous y trouvons la justice parfaite et l'amour parfait. La vérité et la majesté de Dieu y sont pleinement manifestées, parce que Christ, «le Chef de notre salut» y fut «consommé par les souffrances» (Hébreux 2: 10). Christ a souffert, et maintenant le Fils de l'homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui. Il a achevé la course et est assis à la droite de Dieu.

«Dieu l'a haut élevé» (Philippiens 2: 9). En vertu de la croix, l'homme est glorifié. Etienne voit le Fils de l'homme dans le ciel: c'est là la chose merveilleuse. Etienne ne dit pas: «Je vois la gloire»; — il était naturel qu'elle fût dans le ciel; — mais il dit: «Je vois le Fils de l'homme se tenant à la droite de Dieu» (Actes des Apôtres 7) dans les cieux, — l'homme dans le ciel. Christ n'est pas dans le ciel seulement comme Fils de Dieu, il y est aussi comme homme; il a pris place dans la gloire de Dieu, il y a pris place parce qu'il a achevé l'oeuvre que Dieu lui avait donné à faire. Aucun autre que lui ne pouvait être assis là. Dieu a été glorifié par ce qu'un homme a accompli. Il va sans dire que cet homme était divin, autrement il n'aurait pas pu accomplir l'oeuvre. Or c'est ici ce qui devient le fondement de tout: l'homme a une place dans la gloire de Dieu, — je ne dis pas «à la droite de Dieu», car d'être placé à la droite de Dieu est la prérogative de Christ seul. Or Christ ayant pris place ainsi dans le ciel, a envoyé le Saint Esprit pour convaincre le monde de péché, de justice et de jugement: — de justice pour le croyant comme pour l'incrédule; pour celui-ci parce qu'il rejette Christ, et pour le croyant parce qu'il est associé à Christ. Le Saint Esprit convainc le monde, non pas individuellement, mais comme un seul tout. Quand le monde rejeta Christ, le Père dit de Lui: «Je veux l'avoir auprès de moi», et maintenant Christ est assis à la droite de Dieu en conséquence de son oeuvre qu'il a achevée: Il reçoit la gloire maintenant de son Père, comme homme, et les anges désirent de regarder de près dans ces choses. Tous les attributs moraux de Dieu ont été glorifiés dans l'homme dans la personne de Christ; et c'est là le fondement, non seulement de l'abolition de notre péché, mais de la gloire de Dieu en justice et en vérité.

Quand nous avons passé à travers le voile et que nous sommes entrés dans le saint des saints dans la conscience de nos âmes, quelle valeur nous découvrons dans le sang! Alors nous comprenons ce qu'est la croix! Alors je contemple la croix pour les affections de mon âme. La croix devient le sujet de mes pensées et de mes méditations et alors il y a croissance. Quand nous sommes à l'aise et familiers avec Dieu, il peut y avoir croissance; mais ce n'est pas là que je trouve la paix. On trouve la paix quand on apprend que la justice a accepté le sang que l'amour a donné. Maintenant l'amour me donne la paix, mais la justice est glorifiée en la donnant. Les enfants d'Israël marchent vers la mer Rouge, et là ils sont arrêtés par les eaux: ils se voient enfermés de tous les côtés et ils ont «une très grande peur» (Exode 14). Toutes les fois qu'un homme est délivré du jugement dans un sens, il rencontre d'une manière ou d'une autre la mort, et trouve que Satan le poursuit. Plus d'une âme trouve la paix et du soulagement quand elle regarde à la croix, qui s'effraie en pensant au jugement. Elle dit: «Je suis un pauvre pécheur me réjouissant en la croix; la croix est ce qu'il me faut». Est-ce que c'est le jugement qu'il vous faut? — Quand les Israélites vinrent à la mer Rouge, ce ne fut pas le jugement qu'ils trouvèrent, ce fut Dieu comme un Sauveur positif. Ils avaient connu Dieu comme un Juge en Egypte, et le sang les avait garantis; maintenant à la mer Rouge ils apprennent à le connaître comme un Libérateur. Il ne voient pas le «salut de Dieu» avant d'être arrivés à la mer Rouge et d'être sortis d'Egypte, et alors ils ne sont pas seulement à l'abri du jugement, ils sont amenés aussi dans une position nouvelle.

Le sang du Christ nous met à l'abri du jugement que nous méritions à cause de nos péchés, et par la même croix et la même résurrection nous sommes amenés à Dieu. L'épître aux Romains nous présente ce sujet: Christ mort et ressuscité; et la conséquence de la mort et de la résurrection de Christ, c'est que nous sommes amenés à Dieu comme à notre Père. La mort et la résurrection de Christ me sortent complètement de la condition dans laquelle je me trouvais. Si je dis: «Je suis un pécheur coupable», Christ dit: «Tu es justifié». Si je dis: «Je suis souillé», il dit: «Tu es nettoyé». Si j'ai offensé Dieu, je suis pardonné. Christ a vidé toutes les questions qui pouvaient amener du trouble dans l'âme.

L'homme a une nouvelle place où, parfaitement racheté, il est amené à Dieu. Non seulement ses péchés sont effacés, mais il est délivré, tiré hors d'Egypte et amené dans le désert. Quand Dieu parle de délivrance, il ne fait aucune mention du désert. Je suis placé dans une position entièrement nouvelle; ce ne sont pas encore les lieux célestes, mais j'ai «la rédemption par son sang» (Ephésiens 1: 7). Ainsi, nous voyons les Israélites dans deux conditions: dans le désert d'abord, puis en Canaan; et dans la vie du chrétien, il y a également deux parties distinctes, premièrement ce qui nous est présenté dans l'épître aux Hébreux et dans l'épître aux Galates, savoir: la scène de «la délivrance du présent siècle mauvais» (Galates 1: 4), ce qui est le désert; et ensuite Canaan et ce qui s'y rapporte, ou les lieux célestes, dont nous entretiennent les épîtres aux Ephésiens et aux Colossiens. Le désert est ce que le monde est pour le chrétien: qu'est-ce qu'un homme mort et ressuscité a à faire avec le monde? Maintenant la mort et le jugement sont derrière moi, mais je n'en ai pas fini avec la lutte.

Le Seigneur passa par la mort et porta le jugement. Si je suis associé à Lui, la mort et le jugement sont derrière moi, comme ils sont derrière lui. Si j'ai une part en Christ, j'ai une part dans la délivrance (voyez le Psaume 22). Aussitôt qu'il fut exaucé a d'entre les cornes des licornes», il dit: «Je déclarerai ton nom à mes frères». La première chose que le Seigneur fait, dans la résurrection, c'est de déclarer le nom du Père à ses frères. Il les sort d'une position et les introduit dans la même position dans laquelle il est lui-même. Au chapitre 20 de l'évangile de Jean, il dit à Marie Madeleine: «Va vers mes frères», et alors il conduit leurs louanges comme le premier-né entre plusieurs frères: «Je te louerai au milieu de l'assemblée». Il les amène à son Père et à leur Père, à son Dieu et à leur Dieu. Il avait été tout seul dans ses souffrances et sous la colère de Dieu, et maintenant tout est achevé et il dit: «Au milieu de l'assemblée». Il nous associe aux louanges: — «Il ne prend pas à honte de les appeler frères» (Hébreux 2: 11). Il ne dit jamais «mes frères», ni de «paix vous soit», avant d'être ressuscité. Il avait dit: «Ne craignez point», et par anticipation il avait dit: «Je vous donne ma paix», c'est-à-dire, «vous aurez cette paix»; mais la paix n'était pas faite alors, et ce n'est qu'après qu'il a fait la paix par le sang de sa croix qu'il vient et «annonce la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près» (Ephésiens 2: 17). Il entra dans sa nouvelle position comme homme, et nous dit: «Maintenant vous êtes ici avec moi». Maintenant nous sommes associés à Christ et nous pouvons chanter comme le peuple d'Israël: «Tu as conduit par ta miséricorde ce peuple que tu as racheté; tu l'as conduit par ta force, à la demeure de ta sainteté»; et la promesse de la gloire est à nous aussi: «Tu les introduiras»… (Exode 15: 13-17).

Le désert est le chemin du chrétien dans lequel il apprend à se connaître lui-même; c'est la place d'une âme qui est véritablement en repos devant Dieu. Il peut y avoir eu auparavant l'expérience de la servitude, et d'autres exercices; mais ces expériences étaient celles d'une âme dans laquelle Dieu a agi, mais qui n'était pas délivrée. Le désert est le lieu où se trouve une âme qui sait qu'elle est rachetée. Si je ne connais que «le sang», je suis toujours en Egypte, mais si j'ai passé la mer Rouge, je connais Dieu comme un Libérateur; «je ne suis pas dans la chair, mais dans l'esprit» (Romains 8). Le fils prodigue fit des expériences avant de retourner chez lui, mais c'étaient les expériences de quelqu'un qui n'avait pas rencontré le père. Il y avait une oeuvre dans cet homme, il sentait qu'il périssait. Il s'était repenti et s'était mis en route, mais la question demeurait: «Que me dira-t-il quand je le rencontrerai? Me placera-t-il à sa droite ou à sa gauche?» Ce qu'il voulait dire à son père était tout préparé et il avait fixé à l'avance la place qu'il devait occuper dans la maison; il pensait y entrer comme un mercenaire; mais il n'avait pas encore rencontré le père. Il apprend quelle est sa place dans la maison, parce que le père est pour lui quand il le rencontre, et il ne parle pas de la place de mercenaire. Il est introduit dans la maison comme un fils. Il ne dit pas, il ne pouvait pas dire: «Traite-moi comme l'un de tes mercenaires» (Luc 15), car son père était à son cou. Il ne s'agissait pas de ce qu'il était pour Dieu, mais de ce que Dieu était pour lui. Le père le revêtit de «la plus belle robe», non pas d'une robe. Le père avait couru au-devant de lui quand il était dans ses péchés, mais il ne le fait pas entrer dans la maison avec ses péchés. Dieu l'avait rencontré dans ses haillons, mais il l'introduit dans la maison où Christ est introduit.

Si j'ai passé la mer Rouge, Dieu est pour moi un Libérateur et non un Juge, en vertu de l'oeuvre glorieuse de Christ. Je ne suis pas dans la chair (voyez Romains 8: 9).

Non seulement mes péchés sont pardonnés, mais je suis dans le second homme, en Christ, devant Dieu; et le premier effet pratique de ce fait, c'est que je suis amené dans le désert; un homme a bien des choses à apprendre après qu'il est racheté. Je suis hors de la chair et j'ai ma place en Christ et avec Christ; mais faire la connaissance de la chair en moi est un travail humiliant. «Et qu'il te souvienne de tout le chemin par lequel l'Eternel ton Dieu t'a fait marcher durant ces quarante ans, afin de t'humilier, de t'éprouver, etc.». «Ton vêtement ne s'est point envieilli sur toi, et ton pied n'a point été foulé durant ces quarante ans» (Deutéronome 8). Dieu prenait souci même des vêtements et des pieds des Israélites; mais en même temps, il les disciplinait et les corrigeait selon qu'il le fallait, pour les révéler eux-mêmes à eux-mêmes; et lorsque dans leur incrédulité ils refusent d'entrer dans le pays de Canaan et ne veulent pas monter pour combattre les Amoréens, Dieu, dans sa grâce, retourne en arrière dans son fidèle amour et sa patience et habite avec eux pendant les quarante années que durèrent leurs pérégrinations à travers le désert.

Ce qui caractérise le chrétien, c'est la présence du Saint Esprit, Dieu habitant en lui en vertu de la rédemption. Dieu n'habite pas dans l'innocence: Dieu n'habita jamais en Eden. L'habitation de Dieu avec l'homme fut toujours une conséquence de la rédemption, soit qu'il s'agit de sa présence dans la nuée avec Israël ou dans l'Eglise par le Saint Esprit. Dieu s'est promené dans le jardin d'Eden avec Adam; il a mangé avec Abraham; mais il n'a jamais habité avec eux. Mais aussitôt qu'il s'est acquis un peuple racheté, il habite avec lui et parle de sainteté. Il s'adapte aux circonstances des enfants d'Israël. Quand ils sont esclaves en Egypte, il vient à eux comme un libérateur; quand ils sont dans le désert, habitant dans des tentes, il établit sa tente au milieu d'eux et les conduit vers le pays de la promesse; quand ils arrivent en Canaan, il vient au-devant d'eux l'épée à la main comme leur Chef (Josué 5: 13-15), pour les mener au combat; et quand à la fin ils sont tous établis dans le pays, il bâtit une maison magnifique et habite au milieu d'eux. Il fait de même pour les siens maintenant. Il habite avec nous par le Saint Esprit; d'abord en chacun de nous individuellement. «Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit? (1 Corinthiens 6: 19); puis dans l'Eglise collectivement: «En qui aussi vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit» (Ephésiens 2: 22). Ce n'est pas simplement que nous soyons nés de Dieu, mais le sang est sur nous, et le Saint Esprit habite en nous. «Auquel ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse» (Ephésiens 1: 13). «Il disait cela du Saint Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui» (Jean 7: 39). Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c'est Dieu» (2 Corinthiens 1: 21). Dieu vivifie ceux qui ne croient pas et il habite en ceux qui croient. La présence du Saint Esprit est ce qui fait le caractère distinctif du chrétien et de l'Eglise. Le lépreux était lavé, aspergé et oint; le sang était mis sur son oreille, sur sa main et sur son pied, et puis l'huile après le sang (Lévitique 14). Rien de ce qui peut souiller ne doit passer par l'oreille ou être accompli par la main; rien non plus qui puisse souiller les pieds dans la marche. L'onction, — c'est-à-dire la présence du Saint Esprit en nous, — est le sceau de la valeur du sang. «L'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit» (Romains 5: 5). Le Saint Esprit est les arrhes, non pas de l'amour de Dieu, car nous le possédons déjà, mais de l'héritage que nous attendons.

Dans le désert, Dieu nous humilie, nous éprouve et fait travailler toutes choses à notre bien. La circoncision ne peut pas être appliquée dans le désert. Le peuple d'Israël arrive au Jourdain et le traverse; c'est une figure, non pas de Christ mourant pour moi, mais de moi-même mourant et ressuscitant avec Christ. Ce n'est pas simplement que Christ est mort pour moi; mais je suis crucifié avec Christ. Je me tiens moi-même pour mort et j'ai reçu Christ comme ma vie. Je suis mort, ressuscité et assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Je suis entièrement sorti du désert. Nous étions là morts dans nos péchés, et Christ vint et mourut pour les péchés; et maintenant nous sommes vivifiés, ressuscités et assis en Christ. Telle est la position nouvelle qui nous est faite, et que l'épître aux Ephésiens nous fait connaître. Si je suis chrétien, je ne suis plus du tout envisagé comme vivant dans la chair; Dieu m'a fait asseoir dans les lieux célestes; et du moment que je suis là, tout est à moi, tout ce que l'apôtre renferme dans cette expression: «Toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes», dit Ephésiens 1. Toutefois ce n'est que lorsque je pose le pied sur ce qui m'a été ainsi donné que je me l'approprie pratiquement. Je découvre alors qu'il y a là encore un autre pied que le mien: l'ennemi est en possession du pays, de sorte que j'ai besoin de l'armure complète de Dieu. Le lieu que nous avons à traverser comme un désert, c'est le monde; mais, quant à ma position, je suis dans les lieux célestes et ma marche doit y correspondre, Si je vis dans le monde comme un homme dans la chair, je trouve d'autres hommes autour de moi, et peut-être des hommes bons et obligeants; mais aussitôt que je veux leur parler des choses célestes, ils se montrent opposés.

Eh! bien, j'ai à manifester Christ dans des relations vivantes. S'il est vrai que moi je suis en Christ, il est aussi vrai que Christ est en moi. «En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous» (Jean 14: 20). La mesure de ma marche, ce n'est pas un homme qui court vers le ciel, mais de manifester le Christ qui est en moi. «Portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps», — cela et rien autre. «La mort opère en nous, mais la vie en vous» (2 Corinthiens 4: 10-12). Paul se tenait pour mort; c'était Christ qui agissait par Paul. Si nous tombons en faute, c'est une oeuvre du désert. Si Christ est en moi, je ne dois jamais laisser voir en moi autre chose que Christ. Or vous avez Christ en vous, ce qui est de la puissance positive, et rien autre; et maintenant vous voyez qu'on vit cela et rien autre. L'Eternel dit à Josué: «Je vous ai donné tout lieu où vous aurez mis la plante de vos pieds» (Josué 1: 5). Le pays est à vous. Je suis entré en Canaan et aussitôt je trouve la lutte. Je suis assis dans les lieux célestes en Christ; tout est à moi, et étant là, je cherche à saisir les choses auxquelles j'ai un droit. C'est pourquoi quand Josué lève les yeux, il voit devant lui un homme qui a une épée nue à la main et qui lui dit: Je suis venu maintenant comme le Chef de l'armée de l'Eternel (Josué 5: 13-15). Dans le désert nous sommes mis à l'épreuve; en Canaan il s'agit de lutte. Quand je suis en Canaan, j'ai de l'intelligence et de l'activité spirituelles dans ce qui m'appartient. Nous sommes «héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ» (Romains 8). Dans quelle mesure avons-nous chacun réalisé les bénédictions spirituelles qui sont à nous?

Les pierres ôtées du milieu du Jourdain nous disent que le croyant porte avec lui le caractère de la mort. L'arche descendit dans le fleuve. Nous sommes morts au péché; le monde et la puissance de Satan n'existent plus. Nous appartenions jadis à la mort, maintenant la mort est à nous. Maintenant nous sommes obligés de nous «tenir nous-mêmes pour morts» (Romains 6: 11). Dieu ne nous dit jamais de mourir au péché, mais que nous «sommes morts». La première chose, c'est que nous avons passé le Jourdain à pied sec; et c'est là notre titre pour nous tenir nous-mêmes pour morts. La circoncision est l'application pratique de cela: «Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre» (Colossiens 3: 5). Quand je vois un homme qui s'impatiente, je ne nie pas qu'il soit mort, mais je dis: Vous avez besoin d'un peu de Guilgal. Quand j'en vois un autre qui tourne ses yeux vers des frivolités, je dis: Je ne nie pas que vous soyez mort, mais vous avez besoin d'être circoncis. Telle est l'application pratique de la mort de Christ à nos âmes, quand nous la réalisons.

Il est frappant de voir, dans le livre de Josué, qu'une fois Aï pris, les conquêtes se succèdent; mais nous trouvons que Guilgal, le lieu de la circoncision, était toujours le lieu où le camp retournait après la victoire.

N'importe quels aient été vos succès, il faut que vous retourniez à Guilgal. Le livre de Josué est l'histoire de l'énergie victorieuse; le livre des Juges est l'histoire de la chute et puis de l'intervention de Dieu pour y remédier de temps à autre.

Guilgal, la place du jugement de soi-même, est la place de la puissance divine pratique. Nous découvrons que même les victoires sont dangereuses, si nous ne retournons pas au jugement de la chair. Après avoir prêché l'évangile, après ce travail le plus excellent, il faut que nous retournions à Guilgal. Les Israélites avaient bien commencé à Jéricho: qu'est-ce que les hautes murailles avaient été pour la foi? Plus les murailles sont hautes, plus leur chute est grande quand elles tombent. Mais au lieu de revenir à Guilgal, les Israélites prennent de la confiance en eux-mêmes et n'envoient qu'un petit nombre de gens pour prendre Aï; et alors arriva la déroute. Il faut qu'ils retournent à Guilgal et qu'ils jugent la chair. Dans le livre des Juges, l'Ange de l'Eternel monte de Guilgal pour les trouver à Bokim (Juges 2: 1-5), il passe du lieu de la puissance au lieu des pleurs. Les enfants d'Israël avaient abandonné le lieu de la puissance pour celui de l'affliction; ils y offrent un sacrifice, — mais ils l'offrent en pleurant

Après le passage du Jourdain, la première chose que nous avons vue, c'est l'érection des douze pierres; puis vient la circoncision et ensuite nous avons la pâque. Maintenant les enfants d'Israël peuvent regarder en arrière vers le fondement de tout dans la rédemption. Ils célèbrent la pâque maintenant, non pas comme des coupables abrités sous le sang, — il en avait été ainsi en Egypte; — mais comme rendant hommage à la vérité, que la mort du bienheureux Fils de Dieu est le fondement de toute bénédiction. La Cène du Seigneur n'est rien de moins que la célébration de ce qui est le fondement sur lequel Dieu donne toutes choses. Plus nous la considérons, plus nous voyons que la croix occupe une place que rien autre n'a, excepté Celui qui mourut sur la croix. «Tel le céleste, tels aussi les célestes» (1 Corinthiens 15: 48). «Comme lui est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4: 17). La croix est même une chose plus profonde que la gloire. La gloire a été obtenue par la croix, mais la croix est la place où la nature morale de Dieu, sa sainteté et son amour ont été glorifiés. Ici, nous voyons le croyant circoncis en Canaan, se nourrissant de l'agneau, le mémorial de la mort de Christ.

Ensuite, après l'érection des douze pierres, après la circoncision et la Pâque, nous voyons les enfants d'Israël mangeant «le blé du pays» (Josué 5: 11), et la manne cesse. Le blé du pays est le type du Christ céleste. La manne convenait pour le désert, c'était Christ descendu du ciel: au milieu de toutes les circonstances par lesquelles nous passons ici-bas, Christ se tient près de nous dans notre pèlerinage et nous nous nourrissons de lui. C'est le même Christ — présenté seulement sous un caractère différent — qui est figuré dans le blé du pays. Nous avons un Christ humilié et un Christ glorifié pour l'aliment de nos âmes: non pas simplement sa vie ici-bas, mais ce que nous trouvons au chapitre 3 de la 2e épître aux Corinthiens. «Or nous tous contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit». C'est le fruit du pays, un Christ humilié, qui est maintenant dans la Canaan à laquelle nous appartenons. Les enfants d'Israël n'avaient pas encore pris une ville, mais ils s'asseyent à la table que Dieu a dressée pour eux en la présence de leurs ennemis. Tout est à moi avant que j'aie remporté une seule victoire. Je m'assieds à la vue de mes ennemis: Dieu dresse une table pour moi. Les délices de Dieu font mes délices. Avant que je tire l'épée pour le combat, je m'assieds et je sais que toutes choses sont à moi.

En dernier lieu, nous trouvons l'homme qui a son épée nue en sa main et qui vient pour prendre sa place comme le Chef de l'armée de l'Eternel. Dans les choses célestes tout est lutte. Remarquez ce qui est en question ici: «Es-tu des nôtres, ou de nos ennemis?» Il n'y a pas de place intermédiaire, mais une séparation complète. Si vous êtes pour le monde, vous êtes contre Christ. Du moment qu'il est question de Christ, il faut que l'on soit pour lui et contre lui. Le monde a crucifié Christ, et Christ a dit: «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi» (Matthieu 12: 30), et «celui qui n'est pas contre nous est pour nous» (Marc 9: 40). Je sais que le sens de ces deux déclarations a été contesté et trouvé difficile à accorder, mais la chose est très simple. Si nous sommes pour Christ, il faut que nous soyons contre le monde; et si nous ne sommes pas contre Christ, l'opposition du monde contre lui est si forte, qu'elle ne veut pas de nous. «La lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière» (Jean 3: 19), et on ne peut pas unir la lumière et les ténèbres. Vous ne voyez jamais que le monde accepte la fidélité à Christ. Le coeur de l'homme est inimitié contre Christ. Le grand objet de Satan est d'amener des chrétiens à accommoder leur christianisme au monde. Vous n'amènerez jamais le monde à choisir Dieu pour sa part. L'homme à l'épée nue dit: «Je suis le chef de l'armée de l'Eternel, qui suis venu maintenant». C'était le Seigneur lui-même. Nous retrouvons ici les mêmes paroles que celles qui furent adressées à Moïse devant le buisson ardent. «Déchausse tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens, est saint» (comp. Exode 3: 5). Dans les luttes spirituelles que nous avons à soutenir, il s'agit autant de sainteté que de rédemption, et quand nous nous avançons pour le combat, il faut que nous soyons aussi saints que nous le serons quand nous serons avec Christ. Grâce à Dieu, la rédemption a fait cela; et le Seigneur sera avec nous dans la lutte. Celui qui soutient et dirige le combat est le Saint qui nous a rachetés, et la force du Seigneur lui-même est avec nous. Jusqu'à quel point en avons-nous le témoignage? Pouvons-nous dire: «Je suis mort et ma vie est cachée avec Christ en Dieu» (Colossiens 3: 3)?

Votre pensée et votre propos sont-ils d'être à Guilgal ou à Bokim? Désirez-vous croître dans la connaissance d'une parfaite rédemption, pour que tout ce qui est de la chair soit jugé, et que vous ayez avec vous la force du Seigneur pour lutter victorieusement?

Eprouvez toutes choses! Par quelle mesure? — Celle de votre propre compréhension, ou bien la parole révélée de Dieu? «Tenez ferme ce qui est bon!»