Le bien et le mal

ME 1870 page 281

 

Le bien et le mal 1

Introduction. 1

Le Mal 3

Le Bien. 5

 

Introduction

La question du Bien et du Mal est d'une telle étendue qu'il y aurait stupidité de ma part à prétendre la traiter dans son entier et l'examiner sous toutes ses faces. Si dans les lignes suivantes, je réussis à attirer sérieusement l'attention du lecteur sur cette grande question, mon but sera atteint.

Et d'abord, il est facile de faire sentir l'importance d'une telle question et la nécessité qu'il y a pour nous à savoir discerner le Bien et le Mal, car il est écrit: «Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal; qui font la lumière ténèbres et les ténèbres lumière; qui font l'amer doux et le doux amer» (Esaïe 5: 20). «Ayez en horreur le mal; tenez ferme au bien. Ne sois pas surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien» (Romains 12: 10, 21). Comment nous serait-il possible d'échapper au «malheur» annoncé par le prophète et d'obéir aux exhortations de l'apôtre, si nous ne connaissons pas ce qui est bien et ce qui est mal? Au reste, voyez en Hébreux 5: 14, comment le Saint Esprit parle de ceux qui ont les sens exercés à discerner le bien et le mal; ils sont appelés des hommes faits! et cela suffit, ce me semble, pour nous montrer l'importance que la Parole attache à cette connaissance, dans laquelle nous avons de grands progrès à réaliser.

Le premier point sur lequel il importe d'être au clair, c'est de savoir comment et par quel moyen on arrive à la connaissance du Bien et du Mal. Hébreux 5: 14, va nous mettre sur la voie. Dans ce passage, il est question de «sens exercés à discerner le Bien et le Mal». Je n'ai pas besoin de dire que ces «sens» ne sont pas ceux dont les organes sont dans notre corps, mais qu'il s'agit ici de sens moraux dont notre âme est douée. Parmi ces sens la conscience tient certainement une grande place. On sait que c'est par la chute que l'homme a acquis ce sens, alors qu'il mangea «du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal». Or je suis persuadé que rien ne serait plus important que de bien déterminer la fonction de la conscience dans la question qui nous occupe. Je dirai quelques mots sur ce point délicat, ne demandant pas mieux que d'être redressé, si je me trompe.

Quelle est donc la fonction de la conscience dans cette question? A-t-elle la connaissance innée, primitive, du Bien et du Mal? Est-elle, comme on l'a prétendu, «un dieu dans l'homme», de sorte que, sans sortir de lui-même, sans aucun secours venant du dehors, en interrogeant ce «dieu» et en écoutant ses réponses, l'homme arrive par ce moyen à savoir ce que Dieu approuve et ce qu'il désapprouve, ce qu'il aime et ce qu'il hait; en un mot à connaître le bien et le mal? Selon moi, c'est là une opinion erronée et bien dangereuse. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil sur ce qu'est devenue la connaissance du bien et du mal partout où la conscience a été laissée à elle-même, sans un secours, un guide, une lumière venant du dehors. Qu'est donc alors devenue cette connaissance? Demandez la réponse aux peuples anciens ou modernes qui ont été ou sont privés de la révélation. Leur histoire vous démontrera jusqu'à l'évidence que la conscience, laissée à elle-même, ne peut pas tirer de son propre fonds la connaissance du bien et du mal. La conscience n'est qu'un sens moral (l'ouïe ou la vue, comme vous voudrez), par le moyen duquel notre âme reçoit la connaissance du bien et du mal; mais pour cela il faut que le bien et le mal soient placés sous cet oeil ou dits à cette oreille, comme il faut qu'un objet ait été placé sous les yeux de mon corps, pour que j'en connaisse la forme, la couleur, les dimensions.

Qu'est-ce donc qui montre à la conscience ce qui est bien et ce qui est mal? Je réponds: la Parole de Dieu et elle seule. Je n'ai pas besoin de prouver cette affirmation, car les lecteurs habituels du Messager disent tous les jours que la Parole de Dieu s'adresse à la conscience; et quand ils annoncent l'évangile à un pécheur, ils disent qu'ils parlent à sa conscience. Ainsi, en fait, on reconnaît que, sans l'intervention. et le secours de l'Ecriture, une âme ne peut pas apprendre à discerner le bien et le mal. Si cela est vrai, on comprend que, dans cette question, l'Ecriture tienne la première place et remplisse une fonction indispensable. Quelle importance donc ne devrions-nous pas attacher à l'Ecriture? Car, voyez ce que devient la connaissance du bien et du mal, même dans un chrétien qui néglige la Parole de Dieu. Sa conscience, n'étant pas dans la lumière, ne peut pas discerner le bien et le mal, et ce chrétien fait tranquillement des choses répréhensibles, des choses qui ne sont pas dignes de sa vocation, dignes de Dieu. Et quand l'amour fraternel avertit ou reprend un tel chrétien, il répond invariablement: «Mais je ne vois pas de mal en ce que vous me reprochez, car ma conscience est bien tranquille». Et ce chrétien dit vrai: je ne vois pas! Comment verrais-tu, ô mon ami, si ta conscience n'est pas dans la lumière? Et comment serait-elle dans la lumière si tu négliges la Parole qui seule peut l'éclairer? Prenons garde que la conscience elle-même ne devienne un piège pour nous. A entendre certaines personnes, il semblerait que, pourvu qu'on ne fasse rien contre sa conscience, tout va bien. Mais cet homme qui fait des oeuvres pour se sauver, qui se prosterne devant des images, qui prie et donne de l'argent pour retirer une âme du purgatoire; cet homme-là ne fait rien contre sa conscience; au contraire, il l'écoute et lui obéit, seulement cette conscience n'est pas en bon état, n'étant pas éclairée par la Parole de Dieu, et cet homme fait le mal en croyant faire le bien.

Mais on me dira: «Si la Bible est le seul moyen, par lequel on puisse connaître le Bien et le Mal, n'en faut-il pas conclure que les hommes, qui n'ont rien connu de la Bible, n'ont absolument rien su non plus ni du bien, ni du mal? Et une telle affirmation ne serait-elle pas en opposition avec les faits et même avec certains passages de l'Ecriture elle-même, tels que Romains 2: 15, 16, par exemple?» Je réponds que Dieu ne s'est jamais laissé sans témoignage, donnant du ciel des pluies et des saisons fertiles, et intervenant ainsi pour le bien de l'homme dans le gouvernement du monde. En outre Dieu parle à tous les hommes par les oeuvres de la création, comme on le voit par le Psaume 19. Ainsi, tout en maintenant mon affirmation que c'est par l'Ecriture que nous apprenons à connaître ce qui est bien et ce qui est mal, je me garderai bien d'affirmer que les hommes, qui n'ont jamais connu l'Ecriture, n'aient jamais eu aucune connaissance du bien et du mal. Les oeuvres de la création et le gouvernement de Dieu sont aussi des choses qui parlent, à l'intelligence et à la conscience de l'homme. Hélas! la contemplation de ces choses, qui aurait dû amener les hommes à glorifier Dieu «comme Dieu», n'a pas eu ce résultat dans la plupart, car leur coeur était destitué d'intelligence et rempli de ténèbres. L'homme, n'ayant que l'âme, n'a pas mieux compris ce que Dieu dit par le livre de la création, qu'il ne comprend ce que l'Esprit dit dans l'Ecriture.

Je me résume sur ce point: La conscience laissée à elle-même ne peut pas nous apprendre ce que c'est que le bien et le mal; elle reçoit elle-même cette connaissance par la Parole de Dieu. Si donc je contrôle l'Ecriture par ma conscience, j'établis juge ce qui doit être jugé; quand, pour savoir si un acte ou un principe est bon ou mauvais, je le traduis à la barre de ma conscience, je suis simplement un usurpateur, m'attribuant une autorité qui n'appartient qu'à la Parole de Dieu. La conscience est faillible, sujette à errer, et par conséquent tous les jugements, tous les arrêts prononcés en son nom doivent être soigneusement contrôlés par la Parole, toujours la même, seule infaillible et incorruptible, La Bible, en définitive, est donc notre seul guide sûr dans cette question comme dans toute autre, tandis que la conscience, privée de ce guide, peut nous mener à la ruine, car, comme l'a dit Pascal: «Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que lorsqu'on le fait par conscience».

Et maintenant: qu'est-ce que le Bien et qu'est-ce que le Mal? Je me garderai d'essayer une définition de ces deux mots. Il sera plus utile de jeter un rapide coup d'oeil sur ce que la Parole nous en dit. Commençons par le Mal

Le Mal

Il semble, au premier abord, que c'est faire de la Bible un usage bien singulier que de s'en servir pour apprendre à connaître le Mal. Cependant autant vaudrait prétendre qu'il n'est pas bon que nous sachions discerner le mal, que de condamner cet usage. La Bible, certes, n'apporte pas, ne crée pas le Mal; elle le signale, le caractérise, le constate; elle nous le montre tel qu'il est dans toute sa laideur, et cela afin de nous amener à en avoir horreur. Dieu a voulu pour notre bien que nous pussions prendre connaissance de toute la misère dans laquelle nous sommes tombés, de tout le mal dont nous sommes capables; et les récits des turpitudes que les hommes ont commises sont là pour notre profit; les pages qui les contiennent frappent comme une massue sur la tête du colosse appelé: l'orgueil humain.

La Bible donc nous fait connaître le Mal. Elle nous le montre d'abord dans son origine, dans un être mystérieux, Satan, qui n'a pas persévéré dans la vérité et qui a réussi à introduire le Mal sur la terre dans le premier homme. Selon la Bible, le Mal est un principe introduit dans l'homme par la chute, principe qui se transmet de père en fils, de génération en génération, et qui est un élément constitutif de la nature de l'homme. Le bois de la branche d'un arbre est de même nature que le tronc, et je suis, moi, de la même nature que mon père Adam, qui a perdu l'innocence et en qui le mal est entré; ou, pour me servir des termes mêmes de l'Ecriture: «par la désobéissance d'un seul homme, plusieurs ont été constitués pécheurs» (Romains 5: 19). Il y a donc dans la nature de tout homme un principe de mal, d'où sortent, comme d'une source, les actes mauvais qu'il produit. La Bible appelle «péché» ce principe de mal, ainsi que les actes qu'il produit, mais elle ne confond jamais le principe et les actes. Ainsi lorsque Jean dit: «Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes», il parle du mal comme principe; mais quand il ajoute: «Si nous disons que nous n'avons pas péché», il en parle comme acte (1 Jean 1). Et que les actes mauvais procèdent de ce mauvais principe, c'est ce que Jésus affirme quand il dit: «Du coeur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vois, les faux témoignages, les injures» (Matthieu 15).

Cette distinction du mal, comme principe et comme acte, est d'une grande importance; quiconque ne la comprend pas ne comprendra jamais bien l'évangile. Le mal est dans la nature de l'homme, il y est parce qu'il est homme, enfant d'Adam; il y est avant toute manifestation de mal; un homme se séduit, s'il ne voit pas le mal en lui; il se séduit également, s'il dit n'avoir pas fait le mal. Le mal étant en l'homme, la Bible déclare que la nature de l'homme est mauvaise. Et c'est ce mal dans la nature, le mal comme principe qui devrait surtout préoccuper le pécheur et l'évangéliste, car c'est au mal dans sa source qu'il faut s'attaquer, si l'on veut en être délivré. J'ai moi-même été longtemps converti sans connaître le mal dans ma nature. Je ne me préoccupais alors que des actes mauvais que je commettais et, je n'ai pas besoin de le dire, ma vie se passait à gémir et à solliciter des pardons qui me semblaient d'autant plus difficiles à obtenir, que mes péchés se multipliaient. Ce ne fut que quand je compris que je n'étais que mal aux yeux de Dieu, quen MOI, c'est-à-dire en ma chair, il n'habite pas du bien», que tout fut changé. Je compris que l'homme n'est pas séparé de Dieu seulement à cause de ce qu'il fait, mais à cause de ce qu'il est; je compris aussi que Dieu dans l'Evangile ne se borne pas à pardonner, mais qu'il crée, il fait naître de nouveau, qu'il communique une nature, une vie que le mal ne peut pas atteindre. Il y aurait d'importantes considérations à présenter sur ce sujet; je ne puis que recommander cette étude à mon lecteur: une intelligence claire du mal dans la nature de l'homme est l'un des éléments essentiels à l'intelligence de l'Evangile.

Mais la Bible, en déclarant que l'homme est mauvais par nature, justifie suffisamment cette déclaration en plaçant sous nos yeux ce que les hommes ont fait. Il n'y a pas de livre au monde aussi conséquent que la Bible: contradictions apparentes à cause de notre ignorance, je l'admets; réelles, jamais. Elle déclare que le mal est en tous les hommes, et elle nous montre que les plus sages ont fait des actes mauvais, très mauvais même. Et les actes que la Bible rapporte, les hommes les ont faits; elle ne les invente pas. Comment contester la vérité de l'Ecriture sur ce point, quand tous les jours les mêmes actes mauvais se reproduisent sous nos yeux? Et si les hommes font le mal, comment nier que le mal soit en eux? Depuis le meurtre d'Abel, jusqu'au meurtre du Fils de Dieu, que de pages de la Bible ne sont pas consacrées à mettre sous nos yeux ce que les hommes ont fait, leurs actes mauvais, leurs infamies, leurs crimes! Plusieurs trouvent que ces récits font une étrange figure dans le livre de Dieu, mais ils y sont divinement distribués un peu partout, pour rappeler sans cesse au lecteur ce qu'il est. Car on accordera que juger l'arbre par son fruit est un principe toujours vrai. Or, en voyant les fruits que l'homme produit, il est impossible de ne pas prononcer ce jugement sur lui: l'arbre est mauvais! Telle est la leçon qu'on apprend en lisant ce que l'Ecriture dit quant au Mal, leçon de laquelle on reçoit un double profit: elle humilie l'homme et le place dans la vérité devant Dieu.

Et maintenant portons nos regards sur le Bien

Le Bien

Dieu est le principe, la source et l'auteur de tout Bien. Dans sa nature Il est exempt de tout mal. Depuis que le mal a été introduit dans la création, le bien s'y est manifesté en présence du mal, au milieu du mal et contre le mal. Après la chute, Dieu intervint pour délivrer l'homme de la puissance du mal, Il entreprit de surmonter le mal par le bien. L'homme ne pouvait être ramené à Dieu que par l'abolition, la destruction du mal. La Bible nous expose le plan et les oeuvres de Dieu pour atteindre ce but, et le Bien est révélé par le moyen de ce plan et de ces oeuvres. Mais l'examen de ce sujet m'entraînerait trop loin. Il suffira de dire que, dans ce que Dieu a fait en Christ, l'homme peut trouver une délivrance complète et immédiate du mal. Car l'Ecriture dit que Jésus, l'Agneau de Dieu, ôte le péché du monde, que son sacrifice l'a aboli, et que celui qui croit en Lui est passé de la mort à la vie.

Mais examinons le Bien dans l'homme. Dieu s'est fait homme: Il est descendu ici-bas au milieu du Mal, «allant de lieu en lieu faisant le Bien». Jésus est un homme véritable, mais n'ayant en lui aucun principe de mal, ne péchant pas. Il marche dans le bien: tout ce qu'il pense et dit et fait est absolument bon. Ses oeuvres nous sont rapportées dans la Bible: Il guérissait toutes sortes de maladies et d'infirmités parmi le peuple; il enseignait les ignorants, chassait les démons, donnait du pain à ceux qui avaient faim, etc. Sa vie entière a été employée à faire le bien. Or, dans les oeuvres que Jésus a faites, il y a deux choses à considérer: D'abord, le motif qui le faisait agir. Jésus s'étant constitué serviteur, Il devait comme tel obéissance et dépendance absolues à son Maître. Or cette obéissance et cette dépendance ont été parfaites en Jésus. La volonté de Celui qui l'avait envoyé était sa règle, son motif, comme aussi son plaisir, sa viande.

Ensuite Jésus n'avait d'autre but que la gloire de Dieu. On peut faire une chose bonne dans le but d'en rapporter la gloire à soi. Plusieurs font le sacrifice de leur repos ou de leur fortune, afin de moissonner la gloire qui vient des hommes. Agir ainsi, ce n'est pas faire le bien selon Dieu. Jésus ne s'est jamais proposé d'autre but que la gloire de Dieu; «Pour moi, disait-il, je ne cherche point ma gloire» (Jean 8: 50), et il s'est toujours conformé à cette règle: «Faites tout pour la gloire de Dieu».

Or, il est bien important de ne pas l'oublier, ces deux choses sont essentielles à l'accomplissement du bien: il faut qu'on le fasse par un principe de dépendance, d'obéissance, et qu'on n'ait d'autre but que la gloire de Dieu. Si nous comprenons l'importance de cette vérité, notre jugement sera fixé sur la valeur du bien qui se fait dans le monde et par les gens du monde. Le chrétien, qui connaît le témoignage de la Parole quant à la nature de l'homme et qui sait qu'en la chair n'habite aucun bien, ne se rend pas toujours compte du bien qui se fait par les gens du monde. L'embarras ne serait pas long si l'on connaissait le motif qui fait agir et le but qu'on se propose. Satan lui-même se déguise en ange de lumière, il ne lui en coûte pas de faire le bien; mais il lui est impossible de le faire selon Dieu, par principe d'obéissance et pour la gloire de Dieu. Et n'est-il pas vrai que plus le bien que Satan peut faire paraît excellent, plus il est abominable? Souvenons-nous de l'histoire d'Ananias et de Sapphira.

Il est donc évident que, pour que l'homme soit capable de faire véritablement le bien, il faut qu'il y ait en lui un principe, une nature qui veuille et aime le bien. Or le croyant possède ce principe, cette nature. Il participe à la nature divine, la vie de Christ lui a été communiquée, et cette vie non seulement aime le bien, mais le mal ne peut pas l'atteindre, ne peut pas la corrompre. La manifestation de cette vie, ses actes, voilà la pratique du bien. L'Ecriture est pleine de sollicitations et d'exhortations adressées au croyant pour le pousser à la pratique du bien, mais quant à l'homme du monde, Dieu ne lui demande qu'une chose, savoir de croire pour avoir la vie. Sans la foi il est impossible d'être agréable à Dieu; le Bien, c'est l'oeuvre de la foi, le travail de l'amour et la patience de l'espérance.

Nous tous qui croyons, appliquons-nous à l'étude du Bien. Nous ne le connaissons qu'imparfaitement; nous n'en voyons pas toute la beauté, l'excellence, et nous ne le pratiquons que dans une faible mesure. Ne nous laissons ni effrayer, ni décourager par la grandeur du mal qui nous entoure. Nous sommes quelquefois tentés de dire: que peux-tu, toi, contre le mal? Tes efforts pour l'arrêter ne sont-ils pas comme si tu soufflais contre un chêne pour le déraciner? Sois donc sage et reste tranquille! Et l'on se met à regarder le mal en disant: c'est le torrent qui passe: — Puis l'on s'occupe de soi… qui de sa métairie, qui de son trafic, en répétant: hélas! le monde va son train! Il se hâte vers le jugement, et se précipite vers la ruine… Et, sous prétexte que nous ne pouvons pas arrêter le torrent, nous nous croiserions les bras!… À Dieu ne plaise!… Si nous ne pouvons pas soulager toutes les infortunes, panser toutes les plaies, essuyer toutes les larmes, relever tous les coeurs abattus, ramener tous les égarés, évangéliser tous les pécheurs, en un mot guérir toutes les misères — empressons-nous d'autant plus à faire tout le bien possible. «Ne nous relâchons pas en faisant le bien, car nous moissonnerons en la propre saison, si nous ne défaillons pas. Ainsi donc, comme nous en avons l'occasion, faisons du bien à tous, mais principalement à ceux de la maison de la foi» (Galates 6: 9, 10).