Extrait d'une lettre

ME 1870 page 318

 

La différence entre ces deux vérités, que j'ai fait remarquer à V. et que vous me rappelez, ne manque pas d'importance. Quand je dis que Christ est mort et ressuscité pour moi, je parle d'une oeuvre accomplie pour moi, oeuvre qui a effacé mes péchés et qui me justifie devant Dieu. Quand je dis: Je suis mort et ressuscité avec Christ, j'en ai fini (pour la foi) avec la nature qui a produit ces péchés. Je fais mon compte que je suis mort au péché et vivant à Dieu, par Christ. Mais je dis davantage; je parle d'association avec Lui dans sa résurrection, de sorte que cela me conduit à l'union, je dis individuellement, je suis en Christ. C'est plus que de dire: Il a été ressuscité pour ma justification. Romains 8 suppose cela, mais n'explique pas comment on y est arrivé. C'est notre position en Christ devant Dieu, non ce que Dieu a été et ce qu'Il a fait pour nous. Ensuite on se trouve membre de Christ. Voyez Ephésiens 2. Nous avons été ressuscités avec Lui et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus Christ, en vertu de notre union avec Lui. Je n'existe plus quant au vieil homme. Je l'ai dépouillé, et non seulement j'ai été vivifié par Christ, mais j'ai revêtu le nouvel homme. J'en ai fini avec le péché et avec Adam, et je suis en Christ, et ainsi à Christ devant Dieu. Le fait que Christ est mort et ressuscité pour moi m'introduit, comme un racheté, dans le désert. C'est la doctrine de l'épître de Pierre. J'ai une espérance vivante du ciel. Le fait que moi je suis mort et ressuscité avec Lui m'introduit dans la Canaan céleste. C'est la doctrine des Ephésiens.

Ceci vous montrera aussi, cher frère, combien celui-là est dans le faux, qui nie que nous soyons dans le désert. Toute l'épître de Pierre est pour le saint dans le désert. L'épître aux Colossiens ne nous place pas dans le ciel, tout en y tendant; notre vie est cachée avec le Christ en Dieu; mais nous cherchons les choses qui sont en haut. C'est la rédemption qui nous introduit dans le désert. Qu'est-ce que ce monde, si ce n'est pas un désert? S'il ne l'est pas, c'est l'Egypte. Toute l'épître aux Philippiens nous place dans le désert. Le salut ou la justification est placé à la fin de la carrière chrétienne. Notre bourgeoisie est dans le ciel, mais nous n'y sommes pas.

Les exagérations font du mal, et sont d'un mauvais signe à l'égard de l'état de l'âme de celui qui s'y jette. Canaan et le désert sont les deux parties de la vie chrétienne qui suivent la rédemption. Christ n'a pas demandé que nous fussions ôtés du monde, et si nous y sommes, et qu'il ne soit pas un désert pour nous, tant pis. N'a-t-on pas besoin de manne? c'est dans le désert seul que nous la trouvons, ainsi que les tendres soins de Dieu Lui-même qui nous conduit à travers toutes les difficultés par un chemin connu de Lui seul. Le même genre de doctrine s'est montré en niant la sacrificature de Christ pour nous, et qu'il soit avocat auprès du Père. L'on est parfait en Christ, on n'en a pas besoin. L'esprit de dépendance s'y perd, on est dur, sec, content de soi-même et loin de Dieu, et voilà tout. Les soins de Christ, la tendre affection du Père s'appliquent à notre position dans le désert. Envisagés comme étant assis en Lui dans le ciel, nous sommes parfaits. Tout le développement de la vie chrétienne est dans le désert, par le moyen de ce qui est céleste, mais dans le désert. Les combats avec les malices spirituelles sont dans les lieux célestes. C'est dans le désert que nous avons nos sens exercés pour discerner le bien et le mal, dans le désert que nous sommes éprouvés, que notre foi est éprouvée. Il n'y a pas de creuset dans le ciel. C'est dans le désert que nous agissons par amour; seconde partie de nos privilèges divins. La doctrine générale du Nouveau Testament nous place dans le désert avec une espérance céleste. Le mystère nous montre unis à Christ, et, en Lui, assis dans les lieux célestes.