Mort et vie – Union et gloire

ME 1870 page 321 - Pensées en rapport avec la cène du Seigneur  E.C.

 

Introduction

Cette brochure a été écrite dans le but de mettre en évidence ce que l'Ecriture enseigne au sujet de la Cène du Seigneur. Il est à craindre que beaucoup d'enfants de Dieu n'aient qu'une intelligence très limitée des vérités que le Seigneur veut qu'ils discernent à sa Table. Il y a peu de chrétiens qui voient autre chose, dans la Cène du Seigneur, que le mémorial de l'amour qui a fait mourir Christ pour les pécheurs. Sans doute c'est là une chose très précieuse à rappeler, et nous devrions être reconnaissants de posséder cette institution, vu que notre mémoire est si mauvaise; mais ce n'est pas là tout ce que le croyant éclairé discerne quand il est assis à la Table du Seigneur. Nous espérons être en état de montrer dans le cours de cet écrit, que bien plus que la mort de Christ est placé devant ceux qui participent au mémorial du pain et du vin.

Autant que cela peut se faire, je désire présenter le témoignage de la Parole de Dieu à l'égard du sujet en question, en y associant aussi peu que possible les pensées de l'homme. Les Saintes Ecritures nous ont été données par inspiration de Dieu; elles sont la seule règle de vérité et de pratique pour l'enfant de Dieu, et je désire me tenir tout près d'elles, surtout dans ces derniers temps, où la marche du chrétien est entourée de tant de difficultés et de périls. Par l'accroissement de l'iniquité, l'amour de plusieurs s'est refroidi déjà maintenant; et, ce qui est pis encore, des hommes professant le christianisme et s'appelant du nom de chrétiens font tout ce qu'ils peuvent pour nous enlever cette charte précieuse, dans laquelle Dieu nous parle dans un langage si simple, si facile à comprendre. Que n'avons-nous des coeurs plus ouverts pour Dieu et sa Parole; une plus grande simplicité en la lisant, et une conscience plus vivante qui se soumît aussitôt à tout ce que le Seigneur nous a dit dans la Parole de sa grâce!

Mon intention n'est pas de m'arrêter aux opinions et aux pensées d'autrui. L'homme, dans sa sagesse, a été entraîné vers les idées les plus opposées sur le sujet de la Sainte Cène. La raison humaine se complaît dans les extrêmes et lorsqu'elle n'est pas soumise à la pensée et à la volonté de Dieu, elle ira immanquablement aussi loin qu'elle pourra. Il en a été ainsi de la question qui nous occupe; car tandis que les uns sont allés jusqu'à dire que le pain est changé dans la vraie chair et le vin dans le vrai sang du Seigneur Jésus, d'autres ont enseigné précisément le contraire, ont nié tout à fait l'institution de la Cène et l'ont spiritualisée.

Aussi, par la grâce de Dieu, notre seule règle et notre guide dans les recherches qui vont suivre seront cette parole: «Que dit le Seigneur?» — «A la loi et au témoignage! Que s'ils ne parlent selon cette parole-ci, certainement il n'y aura point de lumière pour eux» (Esaïe 8: 20).

Or, dans la Cène du Seigneur quatre vérités extrêmement précieuses sont présentées au croyant. Quand il est assis à cette Table, et que son âme réalise la dépendance du Seigneur de la fête, rien moins que quatre vérités profondes et solennelles sont placées par le Saint Esprit devant son coeur et son esprit. Chacune de ces vérités a son caractère et sa beauté propres; en même temps toutefois, l'une n'est pas séparée de l'autre; chacune d'elles se rattache aux autres; et ces vérités, importantes et fondamentales, que le Saint Esprit enseigne à la table du Seigneur, ce sont la Mort et la Vie, l'Union et la Gloire. Maintenant, en nous attendant à cet Esprit qui habite dans les enfants de Dieu et avec eux, pour les conduire dans toute la vérité, et sans lequel nous ne pouvons rien connaître des choses de Dieu, et nous demeurons dans l'obscurité la plus absolue, examinons chacune de ces vérités selon leur ordre.

En premier lieu, c'est la mort

La mort

C’est la mort qui est mise en évidence quand celui qui croit en Jésus mange le pain et boit le vin: c'est l'amour du Seigneur mourant pour des pécheurs que l'on commémore, c'est-à-dire que l'on rappelle où ensemble. Le Seigneur Jésus institua la Cène dans la nuit même où il fut livré par un de ses disciples; la nuit précédant le jour où il s'avança comme un agneau sans défaut et sans tache, caractère sous lequel il s'était offert lui-même à Dieu par l'Esprit éternel, comme une offrande volontaire pour les péchés de son peuple, offrande qui fut agréée de Dieu. Il fut pour Dieu une offrande et un sacrifice de bonne odeur. Ce fut le sacrifice du Juste pour les injustes, afin qu'il amenât à Dieu ceux qui étaient loin de lui (1 Pierre 3: 18).

Au chapitre 22 de l'évangile de Luc, l'institution de la Cène nous est ainsi rappelée: «Et ayant pris un pain et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant: Ceci est mon corps qui est donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même il prit la coupe aussi après le souper, en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est versé pour vous» (versets 19, 20).

Paul également, ayant reçu une révélation spéciale de Dieu à ce sujet, écrit ainsi aux saints de Corinthe, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ: «J'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai enseigné: c'est que le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit, et dit: Ceci est mon corps qui est rompu pour vous, faites ceci en mémoire de moi. Pareillement aussi après le souper, il prit la coupe en disant: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne» (1 Corinthiens 11: 23-26).

Combien ce récit est simple! et cependant que de vérité profonde et bénie il révèle dans sa simplicité! La méditation en est bien propre à créer chez le vrai chrétien le désir d'obéir à ce commandement: «Faites ceci en mémoire de moi». Non pas dans un esprit légal ou comme un devoir imposé, mais comme un doux et heureux privilège; non pas dans une crainte servile… mais avec les louanges et les actions de grâce du coeur, entrant avec une pleine assurance dans la présence même de Dieu, ayant la conscience purifiée des oeuvres mortes, et servant le Seigneur dans la parfaite liberté de l'Esprit Saint; non pas dans un esprit de doute et d'incertitude, mais avec une vraie et sainte joie, nous réjouissant dans cette liberté qui nous convient comme enfants de Dieu. Nous avons sous les yeux le mémorial du sang de Jésus qui purifie de tout péché; aussi le croyant peut entrer dans le saint des saints sans la moindre frayeur et sans la moindre crainte.

Qu'il est étrange qu'un si grand nombre de ceux qui sont les enfants de Dieu ne jouissent pas de cette liberté de l'âme quand ils prennent part à la Cène du Seigneur. Combien n'en est-il pas qui y viennent en déplorant leur état et en s'accusant eux-mêmes! Que de craintes, quelle frayeur sont souvent ressenties à cette Table, qui place devant ceux qui y participent cela même qui a ôté tout péché et éloigné tout motif de crainte! Ah! s'il plaisait au Seigneur de bénir cet écrit, en mettant en paix et en liberté une seule âme maintenant sous l'esclavage de son moi, je ne croirais pas avoir écrit en vain.

Les passages de l'Ecriture que nous venons de citer nous présentent quatre pensées

1.      Le corps;

2.      Le corps donné et rompu;

3.      Le corps donné et rompu pour vous;

4.      Faites ceci en mémoire de moi.

1. Le corps

C'est ainsi qu'en participant convenablement à la Cène du Seigneur, la grande et merveilleuse incarnation du Fils de Dieu est rappelée à notre mémoire: «Tu m'as formé un corps» (Hébreux 10).

Or c'est là un sujet extrêmement sérieux; c'est un profond mystère: «le mystère de la piété est grand: — Dieu manifesté en chair» (1 Timothée 3). Le chrétien fait bien de prendre garde à la manière dont il s'en approche; c'est un terrain sacré, et il faut y marcher dans un esprit d'humble révérence. Plusieurs ont porté là-dessus une main téméraire, et, en le faisant, ils ont occasionné un brèche (2 Samuel 6: 6-8). C'est le fait de la foi de recevoir cette vérité, ce n'est pas celui de la raison. Pour celle-ci cette vérité est pleine de mystère, elle confond la raison, tandis que, pour la Foi, elle est précieuse; et lorsque la foi la saisit, le coeur s'épanche en louanges et en adoration envers Dieu. La personne de Christ est un sujet trop élevé pour que l'intelligence finie de l'homme puisse l'embrasser. Tout ce que l'homme peut faire, c'est d'écouter la Parole de Dieu et de la croire. Dieu dit qu'en envoyant Jésus en ressemblance de chair de péché et pour le péché, il a condamné le péché en la chair. Que le chrétien croie cette déclaration, qu'il voie l'amour sans pareil de Dieu qui a ainsi préparé à Jésus un corps, dans lequel il pût venir au secours de toutes les misères humaines, et alors, dans un esprit d'humble reconnaissance il admirera, il aimera, il adorera, et rendra hommage à Celui qui s'est manifesté dans une grâce aussi illimitée. Et c'est ce qu'il fera surtout à la table du Seigneur.

2. Le corps donné et rompu

Ensuite, non seulement nous sommes amenés à voir, par la foi, l'amour de Dieu en ce qu'il a préparé un corps à son Fils, mais nous voyons son amour en ce qu'il l'a donné: «Ceci est mon corps qui est donné pour vous».

C'est uniquement par grâce que le pécheur est sauvé — par une grâce libre et souveraine. N'eussent été les richesses de Dieu en miséricorde et le grand amour dont il nous a aimés, nous aurions été perdus à jamais. Qu'il nous souvienne toujours, quand nous sommes assis à la table du Seigneur, du grand fait qu'elle nous présente, savoir que lorsque nous étions sans force Christ est mort pour des impies; que nous sommes débiteurs envers la grâce et la miséricorde de toutes les bénédictions que nous possédons; que nous ne pouvions rien par nous-mêmes; que notre condition était d'être morts dans nos fautes et dans nos péchés; que nous étions tout à fait perdus, dans une ruine complète, nos pensées étant inimitié contre Dieu et nos coeurs rusés et désespérément malins par-dessus toutes choses; et que, aussi longtemps que Dieu ne venait pas à nous en grâce, nous étions sans espérance: le désespoir et un malheur éternel, tel était le sort qui nous attendait. Mais la grâce est venue à nous dans notre misère, et nous a tirés de notre état de perdition. «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3: 16). «En ceci est l'amour, non que nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima, et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4: 10). Ce n'est que par la grâce gratuite de Dieu que nous nous trouvons à la table du Seigneur. Veuille le Dieu de toute grâce maintenir cette pensée vivante dans nos âmes! Jésus fut non seulement le don gratuit de Dieu, mais encore Il nous a tint aimés qu'il s'est donné lui-même en offrande libre et volontaire à Dieu pour nos péchés. «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est DONNE LUI-MEME pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur» (Ephésiens 5: 2). «Combien plus le sang de Christ, qui par l'Esprit éternel s'est OFFERT LUI-MEME à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes pour servir le Dieu vivant» (Hébreux 9: 14)?

Combien ce sacrifice est grand, par conséquent! Qu'il est donc grand le péché qui l'a rendu nécessaire! De plus quelle perfection dans ce sacrifice! Christ s'est offert lui-même à Dieu, sans défaut et sans tache, et il l'a fait par l'Esprit éternel. Remarquez dans cet acte la réunion des trois personnes de la Divinité: CHRIST s'est offert lui-même à DIEU par l'Esprit éternel. Combien le péché doit être affreux et odieux aux yeux du Dieu saint, puisqu'il a fallu un tel sacrifice pour l'effacer! Et combien l'homme, par nature, est dur, de cou roide, comme il est vraiment mort dans ses offenses et ses péchés; comme il est éloigné de Dieu, puisque, d'innombrables fois, il peut entendre parler du grand amour de Dieu et pourtant y demeurer froid et indifférent! Nous faisons bien de regarder en arrière au rocher d'où nous avons été taillés, et au creux de la fosse d'où nous avons été tirés (Esaïe 51: 1). Cela magnifie à nos regards l'amour et la grâce de Dieu.

Que le Seigneur incline le coeur de ses serviteurs à l'adoration et à la louange, lorsqu'ils se souviennent à sa table de leur effrayante perdition et de son amour infini, en donnant son Fils unique et bien-aimé, afin de les délivrer d'une si grande mort et de les amener à lui-même; car Christ a souffert une fois, le Juste pour les injustes, afin de nous amener à DIEU. Puisse le coeur dire continuellement: «Grâces soit rendues à Dieu pour son don inexprimable»!

3. Le corps donné et rompu pour vous

Cela nous conduit à remarquer, en troisième lieu, que le corps de Jésus n'a pas seulement été donné, mais qu'il A ETE ROMPU. Pourquoi? «Il a été navré pour nos forfaits et froissé pour nos iniquités; l'amende qui nous apporte la paix a été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons la guérison. — Toutefois l'Eternel l'ayant voulu froisser l'a mis en langueur. Après qu'il aura mis son âme en oblation pour le péché, il se verra de la postérité, il prolongera ses jours, et le bon plaisir de l'Eternel prospérera en sa main» (Esaïe 53: 5, 10).

4. Faites ceci en mémoire de moi.

Mais nous demandons encore une fois: Pourquoi cet Etre saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, a-t-il tout quitté et est-il venu sur la terre? Jésus lui-même donne la réponse: «Ceci est mon corps qui est donné, ceci est mon sang qui est répandu pour VOUS».

Pour VOUS: de qui parle-t-on ici? Est-ce des grands et des nobles, des riches et des puissants de ce monde, ou d'hommes qui étaient dignes de cette faveur? Pas du tout; c'est tout le contraire. «Je ne suis pas venu pour appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs», dit Jésus. «Car, frères, vous voyez votre vocation, qu'il n'y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de nobles.

— Mais Dieu a choisi les choses folles de ce monde pour couvrir les hommes sages de honte; et Dieu a choisi les choses faibles de ce monde pour couvrir de honte les choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles de ce monde et les méprisées, et celles qui ne sont point, pour annuler celles qui sont; en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu» (1 Corinthiens 1: 26-29).

Considérez ceux que Jésus aime et pour lesquels il s'est donné lui-même volontairement; voyez-les dans leur véritable caractère naturel comme Dieu les voit. L'homme peut avoir une bonne opinion de lui-même; mais la question est: Qu'est-ce que Dieu pense de lui?

Eh bien donc:

1.    Quel est l'état dans lequel ils se trouvent?

Ephésiens 2: 5: «Alors même que nous étions morts dans nos fautes, (Dieu) nous a vivifiés avec le Christ».

Quelle est leur pensée?

Romains 8: 7: «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi ne le peut-elle pas».

Colossiens 1: 21: «Et vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement dans les mauvaises oeuvres, il vous a maintenant réconciliés».

2.    Quel est leur coeur?

Jérémie 17: 9: «Le coeur est rusé et désespérément malin par-dessus toutes choses, qui le connaîtra?»

3.    Quelle est leur marche?

Ephésiens 2: 2, 3: «Vous avez marché autrefois selon le train de ce monde, selon le prince de l'autorité de l'air, de l'esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance; entre lesquels nous aussi avons tous conversé autrefois dans les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et des pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres».

C'est pour de tels hommes que Jésus est venu, et non pas pour ceux qui se glorifient d'avoir fait du mieux qu'ils ont pu, en ne faisant de tort à personne, en accomplissant tous leurs devoirs religieux. Oh! non. C'est celui que les hommes rejetaient que Jésus est venu secourir; c'est le captif de Satan qu'il est venu délivrer. Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu; il est venu laver et purifier le pécheur souillé et corrompu. Bienheureuse est l'âme qui a été amenée à sentir son état de péché et qui peut dire comme le pauvre Joseph:

Pauvre pécheur, je ne suis rien du tout;

Mais Jésus Christ est pour moi, tout en tout,

Mais Jésus Christ est pour moi, tout en tout, parce qu'alors elle est capable de réaliser quelque chose de la profondeur et de la hauteur de cet amour qui surpasse toute intelligence. Assis à la table du Seigneur, cet homme peut dire dans la joie de son âme: par moi-même je suis un pauvre, misérable, indigne pécheur; mais Jésus m'a aimé, et il s'est donné pour MOI. Il a été livré pour MES offenses et a été ressuscité pour MA justification. Voici le mémorial de l'oeuvre qu'il a achevée — une rédemption accomplie; et maintenant, dans le Christ Jésus, je puis et je veux rendre grâces au Père. Oui. «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer à l'héritage des saints dans la lumière; qui nous A délivrés de la puissance des ténèbres et nous A transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous AVONS la rédemption, la rémission des péchés» (Colossiens 1: 12-14). «Par une seule offrande il a RENDU PARFAITS à perpétuité ceux qui sont sanctifiés» (Hébreux 10: 14).

Il n'est donc pas étonnant que l'âme qui connaît son affranchissement en Christ désire obéir à cette injonction: «Faites ceci en mémoire de moi». Ce qui est étonnant, c'est que nos coeurs soient si froids, si morts, si formalistes, quand nous nous réunissons pour faire la commémoration de l'ineffable amour du Christ pour nous pécheurs — de cet amour qui, en effet, surpasse toute connaissance! tandis que nos coeurs devraient éclater en accents d'adoration, d'amour, de louanges!

Moi

Mais il est ici un point que je dois tout particulièrement relever. Jésus dit: «Faites ceci en mémoire de MOI». Quelque précieuses que soient toutes les doctrines de la Parole, quelque précieuse que soit cette Parole en elle-même, quelque grandes que soient les bénédictions que nous apporte l'Evangile, rien cependant n'est aussi grand, aussi précieux, aussi plein de bénédictions pour nous que la PERSONNE du Seigneur Jésus. «Faites ceci en mémoire de MOI». IL est la source de toute bénédiction. IL est la vie, la lumière, la vérité, la sagesse, la justice, la sanctification, la rédemption et la paix; en un mot, IL est le TOUT en TOUT de son peuple. Toute plénitude habite en lui, et en lui les siens sont accomplis et parfaits. Par conséquent, si nous désirons jouir de ses bénédictions, c'est à Jésus que nous devons regarder; c'est JESUS dont nous devons nous souvenir et que nous devons considérer. Ce n'est pas en étant occupés de doctrines ou de bénédictions que nous serons réjouis ou consolés; mais c'est lorsque la pensée et le coeur sont occupés d'un CHRIST VIVANT ET PERSONNEL, A LA DROITE DE DIEU, que l'âme est bénie. Un grand nombre de chers chrétiens demeurent attachés à une série de doctrines, et ainsi ils n'ont jamais ni paix stable ni puissance. C'est Christ qu'il leur faut, et alors les doctrines prendront la place qui leur appartient. D'autres encore regardent à leurs dispositions, à leurs sentiments, à leurs expériences, etc. et par là ils n'arrivent pas à une paix stable. S'ils S'OCCUPAIENT DE CHRIST et de son amour pour eux, au lieu de penser à leur froideur et à leur manque d'amour pour lui, ils posséderaient une paix constante et invariable. Il est certain qu'il n'y a rien dans notre froideur glaciale qui puisse nous réchauffer. Non, sans doute; c'est l'amour parfait de Christ qui attire les affections vers lui. L'amour engendre l'amour.

Cependant il est encore un autre motif pour nous souvenir de Jésus dans la communion de la Cène du Seigneur, et c'est en même temps un motif de grande importance: c'est là que nous est rappelée la mort du Christ. Or il est essentiel que nous nous souvenions de JESUS PERSONNELLEMENT, parce que nous sommes intimement unis A Lui dans SA mort. Jésus veut que nous nous souvenions de sa personne à la croix, car Dieu nous a vus là avec lui, crucifiés et morts avec lui dans sa mort; c'est une vérité importante et des plus précieuses, mais qui n'est pas généralement discernée par les chrétiens. Voyons ce que la Parole de Dieu dit à ce sujet. C'est une vérité merveilleuse et profonde, mais que le Saint Esprit nous transmet dans les termes les plus clairs; et si nous voulions seulement prendre la place de petits enfants, et nous soumettre à la Parole de Dieu, nous comprendrions et apprécierions la vérité de Dieu bien autrement et bien plus que nous ne le faisons maintenant. Que le Seigneur nous donne de le faire. La vérité est présentée à la foi, non pas à la raison. Dieu la révèle aux petits enfants qui croient, et la cache aux sages et aux intelligents de ce monde.

Eh bien, que dit le Seigneur? Il dit:

1.      Que le salaire du péché, c'est la mort.

2.      Que son Fils unique a goûté et souffert la mort pour nous, ou à notre place.

3.      Que Christ étant mort à notre place, il nous tient également pour morts. Examinons cela.

 

La Parole de Dieu dit:

De Jésus:

Des croyants en Jésus:

Il a été crucifié.

Notre vieil homme a été crucifié avec LUI (Romains 6: 6)

La foi dit: Je suis crucifié avec Christ.

Dieu dit:

De Jésus:

Des croyants:

Il mourut pour les péchés.

Vous êtes morts (Colossiens 3: 3)

Et alors la foi réalise la vérité de cette exhortation de l'apôtre: «Vous aussi tout de même, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus» (Romains 6: 11). Il est extrêmement précieux pour nous de nous voir crucifiés et morts avec Christ; de savoir et de comprendre que Dieu nous considère, quant à notre vieille nature, comme n'existant plus et éloignés de sa vue, de sorte qu'il parle de nous en nous faisant dire: lorsque nous étions dans la chair (Romains 7: 5; Romains 8: 9). Et cela, non pas quand nous sommes entrés dans le chemin du ciel, mais Dieu nous a considérés ainsi, il y a 1840 ans, lorsque Jésus fut attaché pour nous sur le bois maudit. C'est alors que Dieu mit sur lui nos iniquités; c'est alors que Dieu nous jugea en Christ, et nous cloua, pour ainsi dire, à sa croix avec lui. Et il veut que nous aussi, par la foi, nous voyions ces choses comme lui les voit; il nous enjoint de nous tenir pour réellement morts au péché. Il veut que nous regardions à 1840 ans en arrière, et que, en voyant, par la foi, Jésus sur la croix, nous disions: Moi, indigne pécheur, je suis crucifié avec Christ (Galates 2: 20).

Après sa crucifixion, Jésus fut descendu de la croix et enseveli; de même encore le croyant est enseveli avec Christ par le baptême (Romains 6: 4). Nous sommes ainsi éloignés de la vue de Dieu comme morts, corrompus et indignes; et c'est de nouveau la foi qui accepte cette déclaration. Dieu dit que, celui qui croit en Jésus est crucifié, mort et enseveli avec lui, et c'est pourquoi la foi le dit également.

C'est à la Cène du Seigneur que cette vérité nous est présentée d'une manière toute particulière.

Maintenant je suppose que quelqu'un dise: «Vous nous mettez de côté comme morts, et vous dites que Dieu aussi nous considère comme ensevelis loin de sa présence. C'est une bonne nouvelle assurément, pour autant qu'elle est bien comprise, puisque je suis délivré ainsi de la colère à venir, et que j'ai la paix avec Dieu. Mais cela ne suffit pas: il me faut quelque chose de plus. J'ai besoin, non pas seulement du pardon des péchés, quelque précieux qu'il soit, mais d'aller au ciel, de jouir de la présence de Dieu et d'être toujours avec le Seigneur. Or vous dites que nous sommes morts avec Christ; mais ce qui est mort n'a que faire dans le ciel. Tout est vie là, par conséquent je dois avoir la vie, afin de pouvoir apprécier le ciel. C'est parfaitement juste; et cela me conduit à la seconde vérité que nous avons à examiner, comme étant présentée dans la Cène du Seigneur, c'est-à-dire: la vie.

La vie

En effet, c'est de VIE que nous avons besoin et le ciel ne peut pas être le ciel pour celui qui n'a pas la vie. Jésus nous a réellement délivrés de la colère à venir, quand il a été livré pour nos offenses et qu'il est ressuscité. Son sang a effacé tous nos péchés, et ainsi toute crainte de la mort, du jugement, de l'enfer est entièrement et pour toujours écartée. Il fut vivifié dans le tombeau et il ressuscita des morts pour notre justification. Il est sorti vivant du tombeau par la puissance de Dieu, afin qu'il pût être — et qu'il pût nous donner — la vie et la justice, par lesquelles nous pouvons nous tenir devant lui et nous réjouir en sa présence.

Ainsi donc nous avons vu que, quant à ce qui concerne la vieille nature, elle est crucifiée, morte, ensevelie et que Dieu la traite comme une chose tout à fait méprisable. Remarquez que, du côté de Dieu, il n'a rien fait du tout pour améliorer la vieille nature. Non: il faut à Dieu un état de choses entièrement NOUVEAU; c'est pourquoi il fait, si je puis m'exprimer ainsi, complètement table rase des «choses vieilles», afin de manifester la chose nouvelle selon sa pensée et sa volonté. Le vieil homme est mort avec Christ, et «si un homme est en Christ, c'est une nouvelle création». Les choses vieilles sont judiciairement passées de devant Dieu, et voici, toutes choses sont faites nouvelles, et toutes sont de Dieu (2 Corinthiens 5: 17). Maintenant, nous ne pouvons rien faire de mieux que de consulter la Parole elle-même et de voir ce que Dieu dit au sujet de cette vie — de cette nouvelle création en Christ.

1.    C'est une nouvelle naissance, et elle est de Dieu.

«Lesquels ne sont nés ni du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu» (Jean 1: 13).

2.    C'est un ouvrage, et il est de Dieu.

«Car nous sommes SON ouvrage, étant créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres, que Dieu a préparées, afin que nous marchions en elles» (Ephésiens 2: 10).

3.    C'est une vivification.

«Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour par lequel il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés avec le Christ, (vous êtes sauvés par grâce)» (Ephésiens 2: 4, 5).

4.    Cette vie est Christ.

«Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, encore qu'il soit mort, vivra» (Jean 11: 25). «Celui qui a le Fils a la vie, et celui qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie» (1 Jean 5: 12).

5.    Nous sommes vivifiés en Christ et avec Christ.

«Alors même que nous étions morts dans nos fautes, il nous a vivifiés AVEC CHRIST (vous êtes sauvés par grâce)» (Ephésiens 2: 5). «Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos offenses et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ENSEMBLE AVEC CHRIST, nous ayant pardonné toutes nos offenses» (Colossiens 2: 13).

6.    Ayant été vivifiés avec Christ, nous sommes ressuscités avec Lui.

«Alors même que nous étions morts dans nos fautes, Dieu nous a vivifiés avec le Christ (vous êtes sauvés par grâce) et nous a RESSUSCITES ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2: 5, 6). «Etant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez été RESSUSCITES ENSEMBLE par la foi dans l'opération de Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts» (Colossiens 2: 12).

7.    Ce n'est pas tout, car nous sommes MONTES AU CIEL EN LUI.

«Et il nous a fait ASSEOIR ENSEMBLE dans les lieux célestes DANS LE CHRIST JESUS» (Ephésiens 2: 6).

Nous ne pouvons pas, nous n'osons pas raisonner sur cette vérité profonde et précieuse. Elle ne peut être reçue que par la foi; et celui-là la comprendra et en jouira le mieux, dont la foi est la plus simple et la plus enfantine. C'est une vérité qui délivre l'âme de toute incertitude et de toute crainte, et la met en état d'avoir communion avec Dieu.

La somme de tout ceci est donc, en un mot, que le croyant devient une NOUVELLE création dans le Christ Jésus. Quand il REÇUT CHRIST, il passa de la mort à la vie (Jean 5: 24); car celui qui a le Fils a la VIE. C'est aussi de la personne du Christ Jésus que nous avons à nous souvenir dans la Cène du Seigneur, car c'est avec LUI que nous sommes morts et ressuscités. «Faites ceci en mémoire de MOI». Dans quel esprit de joie et de louanges ne devons-nous donc pas nous souvenir de Jésus, en rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer à l'héritage des saints dans la lumière! En vérité, comme quelqu'un l'a dit: «La Cène du Seigneur doit être prise comme un mémorial, ou un souvenir de Christ. Le pain représente son corps — la coupe représente son sang — accomplissant la rémission des péchés.

«En mangeant et en buvant dans ce repas, nous exprimons notre participation aux vertus de son sacrifice (1 Corinthiens 10: 18). Ainsi la Cène est faite en souvenir de Christ, en témoignage de l'intérêt que le coeur prend à ce que son sacrifice a accompli pour les pécheurs; c'est pourquoi la Cène doit être prise avec actions de grâces.

«Ce mémorial de ce que le sacrifice de Christ a accompli doit être accompagné d'actions de grâces. Là il n'est pas besoin de supplications, parce que c'est une oeuvre achevée — une pleine rémission — que la table rappelle.

«Prier pour le pardon des péchés serait en disharmonie avec ce que dit la Table; ce serait (sans intention peut-être) exposer à l'opprobre le sacrifice de l'Agneau de Dieu. Ce serait rebâtir ce que Christ a détruit, et faire de lui, selon les paroles et la pensée du chapitre 2 des Galates, un «ministre de péché», — Ce serait mettre son sang au même rang que celui des taureaux et des boucs, en faire simplement une commémoration du péché, et «non pas ce qui l'efface».

C'en est assez quant à la vérité en rapport avec la Cène du Seigneur, pour ce qui concerne individuellement ceux qui croient au Seigneur Jésus Christ. Toutefois le croyant en Jésus ne demeure pas un être isolé et indépendant; car, après être né de nouveau par l'Esprit de Dieu — après avoir été retiré du présent siècle mauvais par la foi en la mort et en la résurrection du Christ, il est placé personnellement dans l'Eglise de Dieu; de sorte que nous pouvons nous «réunir» pour rompre le pain. Ceci nous amène à considérer le troisième point qui se présente à l'âme intelligente dans la commémoration de l'amour du Christ par la Cène, c'est-à-dire l'Union.

L'union

Dans l'ancienne dispensation, il y avait des âmes sauvées, mais il n'a jamais été dit qu'elles fussent unies en un seul corps, comme cela est dit des chrétiens dans la dispensation actuelle.

Ce fut lors de la mémorable occasion où Pierre confessa Jésus comme le Christ, le Fils du Dieu vivant, que le Seigneur communiqua pour la première fois son intention de bâtir son Eglise. Après la confession de Pierre, Jésus dit: «Tu es Pierre, et sur ce rocher je BATIRAI mon Eglise»; montrant ainsi que l'Eglise n'existait pas alors, et que, bien que, dans la dispensation précédente, une multitude d'âmes eussent été sauvées, elles n'avaient pourtant jamais appartenu à ce qui est appelé maintenant: «l'Eglise du Dieu vivant».

Le premier rapport historique au sujet de l'Eglise comme telle se trouve dans le second chapitre du livre des Actes, où nous lisons que le Seigneur ajoutait journellement à l'EGLISE ceux qui devaient être sauvés.

1.    L'Eglise de Dieu est comparée, dans l'Ecriture, à un temple spirituel.

«Ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin; en qui tout l'édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur; en qui aussi vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit» (Ephésiens 2: 20-22).

2.    Ce temple est formé de pierres individuelles, taillées hors du monde; de pierres vivantes édifiées, pour être une maison spirituelle.

«Vous aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés pour être une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2: 5).

3.    L'Eglise de Dieu est aussi comparée au corps humain.

«Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ» (1 Corinthiens 12: 12).

4.    L'Eglise est la plénitude du Christ.

«Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'Eglise, qui est son corps et la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (Ephésiens 1: 22, 23).

Tous ces passages montrent clairement l'UNITE du corps de Christ, qui, du reste, dans d'autres endroits de la Parole, est affirmée de la manière la plus positive.

«Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit» (1 Corinthiens 12: 13). «Il y a un seul corps» (Ephésiens 4: 4).

C'est ainsi que le Seigneur voulait que son Eglise fût un seul corps, non seulement devant les regards de Dieu, mais aussi devant les regards du monde, afin que le monde crût et reconnût que Dieu avait envoyé Jésus.

Au lieu de cela, l'homme est intervenu avec ses pensées et ses arrangements à lui et le résultat en a été que l'Eglise, au lieu de manifester son unité, est divisée en plusieurs sectes différentes. Combien cela doit offenser Celui qui est la Tête du corps!

La Cène du Seigneur est destinée à être le signe extérieur ou le symbole de l'unité et de l'union de l'Eglise. «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la COMMUNION du sang de Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la COMMUNION du corps de Christ? Car nous, qui sommes plusieurs, sommes UN SEUL pain et UN SEUL corps, car nous sommes tous participants d'UN SEUL pain» (1 Corinthiens 10: 16, 17).

Quel symbole remarquable que ce pain unique NON ROMPU, indiquant l'unité des membres du corps uni de Christ!

Dans quelques lieux de culte, au lieu de placer sur la table un seul pain pour exprimer l'unité du corps, on y place le pain déjà coupé en petits morceaux, et l'on montre ainsi la désunion de l'Eglise. Le pain unique non rompu enseigne une vérité, tandis que le pain coupé en morceaux enseigne une autre vérité bien différente.

Ensuite, lorsque l'unité de l'Eglise est vue, ou devrait être vue dans la Cène, on ne doit pas oublier ces paroles du Seigneur: «Faites ceci en mémoire de MOI». Il est la TETE de l'Eglise. «Et il est le chef du corps de l'assemblée, lui qui est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin qu'en toutes choses il tienne, lui, le premier rang» (Colossiens 1: 18). Lorsque nous distinguons l'unité des membres, nous devons aussi nous souvenir de la Tête.

On conviendra sans doute que ces assertions concernant l'unité du corps sont scripturaires, et par conséquent vraies; mais la question s'élèvera aussitôt: Où voit-on, de nos jours, le corps de Christ, l'Eglise de Dieu dans son unité?

On ne la voit nulle part sous ce caractère. On a essayé de la réaliser, mais, hélas! on y a complètement échoué. Il y a, par exemple, l'Alliance Évangélique; elle fait profession de manifester l'unité du corps; mais le fait-elle? Après une de ses réunions générales, où l'unité de l'Eglise est, dit-on, manifestée, chacun de ceux qui la composent retourne à sa secte et à son parti. Puis, alors que des chrétiens anglicans, luthériens, réformés, méthodistes, dissidents sont réunis pour fraterniser, si l'un d'eux proposait de prendre ensemble la Cène comme expression de cette unité, ne rencontrerait-il pas de l'opposition de la part de plusieurs? Ainsi l'ordonnance même que Dieu a instituée comme un symbole de l'unité de l'Eglise deviendrait, comme elle l'est, hélas! par le fait, une cause de division?

Je demande donc ce que vaut cette union qui ne supporte pas l'épreuve de la Parole de Dieu?

Cependant il est bien affligeant de voir que, tandis que ces dissensions existent et qu'il n'est pas, humainement probable que, pendant la dispensation actuelle, tous les chrétiens soient rassemblés en un seul corps visible, il est bien affligeant de voir, dis-je, qu'eux-mêmes y soient si indifférents. Cet esprit sectaire est un très grand mal, et les croyants devraient en avoir la conscience. L'apôtre se sert des termes les plus forts pour condamner les divisions de l'Eglise de Dieu. «Or je vous prie, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, que vous parliez tous un même langage, et qu'il n'y ait point de divisions parmi vous, mais que vous soyez parfaitement unis dans un même sentiment et dans un même avis» (1 Corinthiens 1: 10). «Car puisqu'il y a parmi vous de l'envie et des querelles et des divisions, n'êtes-vous pas charnels, et ne marchez vous pas à la manière des hommes» (1 Corinthiens 3: 3)? Malgré tout cela il y a beaucoup de chrétiens qui se glorifient de leur système et de leur marche sectaire, comme si c'était une chose qui fût bonne.

Qu'y a-t-il donc à faire dans de telles circonstances? Pas grand-chose, il est vrai: une parfaite restauration n'est plus possible; cependant ce que le croyant peut faire, et ce que la Parole place devant lui, c'est d'obéir à cette exhortation: «VOUS APPLIQUANT A GARDER l'unité de l'Esprit par le lien de la paix» (Ephésiens 4: 5). On ne peut faire que peu, en effet, mais ce peu devrait peser sur la conscience des chrétiens devant Dieu, de sorte qu'ils ne demeurassent pas tranquilles et indifférents, quand il s'agit d'une marche à laquelle la Tête du corps ne peut pas être insensible.

Quelque affligeant qu'il soit de ne pas «s'appliquer à garder l'unité», combien plus il doit l'être pour des chrétiens de voir s'élever de grands systèmes sectaires, et cela parfois dans un but politique! Ah! bienheureux est l'homme qui en a fini avec tout esprit de secte! — et qui, d'accord avec le coeur de Jésus, pleure sur les dissensions, et fait de son mieux, quelque chétif que soit ce mieux, pour s'appliquer à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Dans ces derniers temps, grâces en soient rendues à Dieu, le Seigneur a suscité quelque peu de croyants qui «s'appliquent» à cette oeuvre.

Il est de la plus grande importance de remarquer, et sans doute on le fait, que l'Eglise de Dieu est composée de croyants en Jésus, c'est-à-dire uniquement d'âmes sauvées — sorties du monde et unies à Christ par le Saint Esprit. Dans le corps de Christ, il ne peut y avoir d'union entre des croyants et des incrédules, comme aussi la Parole de Dieu le dit:«Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les infidèles, car quelle participation y a-t-il entre la justice et l'iniquité? et quelle communion y a-t-il entre la lumière et les ténèbres? Et quel accord de Christ avec Bélial? ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle? Et quelle convenance y a-t-il du temple de Dieu avec les idoles? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit: «J'habiterai au milieu d'eux, et j'y marcherai et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple» (Lévitique 26: 11, 12). «C'EST POURQUOI SORTEZ DU MILIEU D'EUX, et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous recevrai» (Esaïe 52: 11), et je vous serai pour père, et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur Tout-Puissant» (2 Corinthiens 6: 14-18). Jésus a dit que ses disciples n'étaient pas du monde — qu'ils en étaient retirés; quel péché n'est-ce donc pas de retourner au monde, ou d'amener le monde dans l'Eglise!

Mais supposons que le mal pénètre dans l'Eglise par le moyen de l'un de ceux qui en font partie; cet homme doit alors être placé sous la discipline, et même si cela est nécessaire, ainsi que ce fut le cas à Corinthe, il doit être retranché. Si le Seigneur restaure son âme, il peut rentrer dans la communion avec les saints. Evidemment il n'y a pas de place dans l'Eglise pour ceux qui ne croient pas; c'est-à-dire, que telle est la pensée et la vérité de Dieu. Mais l'homme, hélas! est intervenu avec ses arrangements à lui, et il a fait de l'Eglise un grand système mondain; et cela à tel point, que — ainsi que c'est le cas presque partout dans la chrétienté, c'est le monde qui gouverne l'église. Il en est résulté que le monde a eu le dessus, et que la vraie Eglise de Dieu a été corrompue, et divisée en un grand nombre de sectes. Une chrétienté en a surgi, dans laquelle sont admis (même pour le ministère) des incrédules, des fornicateurs, des ivrognes; et pour ce qui est de l'infidélité, elle est maintenant consacrée par la loi. Hélas! hélas! l'Eglise est devenue une cage pour toute espèce d'oiseaux, même impurs. Comment des chrétiens véritables et éclairés peuvent rester là, ce n'est pas à moi de l'expliquer. Dieu les voit, et c'est devant Lui qu'ils ont à tomber ou à se tenir debout.

C'est une vérité scripturaire et une vérité des plus importantes, que «les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs» (1 Corinthiens 15: 33), et de plus, si nous nous associons avec des chrétiens qui marchent dans le désordre, nous participons à leurs mauvaises oeuvres (2 Jean). Ensuite, à supposer que le mal ne soit pas ôté, qu'il s'étende comme le levain, et si rapidement qu'à la fin il n'y ait aucune puissance dans l'assemblée pour l'extirper, que faut-il faire? La Parole nous le dit encore: «Or, dans une grande maison il y a non seulement des vases d'or et d'argent, mais aussi de bois et de terre; et les uns sont à honneur et les autres à déshonneur. Si DONC QUELQU'UN SE PURIFIE DE CEUX-CI, il sera un vase à honneur, sanctifié et utile au Maître, et préparé pour toute bonne oeuvre» (2 Timothée 2: 20, 21). «Or, sache ceci qu'aux derniers jours, il surviendra des temps fâcheux; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, orgueilleux, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, profanes, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, amateurs des voluptés plutôt que de Dieu» (2 Timothée 3: 1-4).

Or, où faut-il regarder pour trouver tout ce mal qui doit abonder dans ces derniers jours? L'apôtre dit que c'est là où il y a une forme de piété. Eh bien! donc, qu'est-ce que le chrétien a à faire? Le remède est simple; l'exhortation est impérative. «EVITE DE TELLES GENS». Il ne doit pas rester là où est le mal, dans le but d'y amener une réforme, parce que le même chapitre nous dit que nous ne devons pas nous attendre à ce que les choses se modifient et aillent mieux, qu'au contraire, «les hommes méchants et les imposteurs iront EN EMPIRANT, séduisant et étant séduits» (2 Timothée 3: 13).

C'est pourquoi, la seule chose que le croyant puisse faire, c'est «d'EVITER DE TELLES GENS» (verset 5).

Maintenant, en dernier lieu, nous en venons au quatrième sujet qu'il nous reste à considérer, comme se rattachant à la due célébration de la Cène du Seigneur, et c'est la gloire.

La gloire à venir

«Car toutes les fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce QU'IL VIENNE». Telles sont les paroles de l'apôtre sur un sujet, concernant lequel il avait reçu les instructions par la révélation spéciale et directe de Dieu. Et que peut-on dire à cet égard? Que peut-on dire sur un thème aussi élevé et aussi glorieux que le retour du Seigneur Jésus? Oh! que n'a-t-on la plume d'un écrivain diligent, pour transcrire ce que le coeur médite dans un excellent discours touchant le Roi!

Ceux qui ont reçu une foi de même prix savent, en quelque mesure, ce que c'est que la présence de Jésus par son Esprit. Souvent ils l'ont vu par la foi, et médité à son sujet pendant les veilles de la nuit. Ils peuvent dire: Nous voyons Jésus assis à la droite de Dieu, couronné de gloire et d'honneur, après qu'il a fait par lui-même la purification du péché. S'ils ne connaissent pas la présence permanente de Jésus, ils savent pourtant quelque chose parfois de ses visites.

Ces visions de Jésus ont été encourageantes et bénies; il a ainsi été fidèle à sa promesse, et le Saint Esprit a réellement été fidèle à son office; car il a glorifié le Christ et il a pris des choses de Christ et les a montrées au coeur de ses rachetés. Toutefois, quelque heureux qu'aient été ces moments, ils n'ont eu de réalité que pour la foi, et non pour la vue. Jusqu'à présent Christ n'est vu qu'au travers d'un milieu obscur. Cependant, Jésus doit revenir, et ses saints le verront FACE A FACE, ET LE CONNAITRONT COMME ILS ONT ETE CONNUS. Ah! que ce sera doux, plus doux encore, quand il viendra; car celui qui viendra, c'est le même Jésus que nous aimons; oui, le même Jésus et non un autre. C'est le même Jésus qui passait de lieu en lieu faisant du bien, de la bouche duquel sortaient tant de paroles d'amour et de grâce, celui qui parlait comme jamais homme ne parla — LUI, Jésus lui-même, reviendra. «Hommes Galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en regardant le ciel? Ce JESUS, qui a été élevé d'avec vous dans le ciel, VIENDRA de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel» (Actes des Apôtres 1: 1).

Or, dans la commémoration vraie de la Cène du Seigneur, cette bienheureuse espérance est rappelée au croyant intelligent et spirituel; car là il annonce la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'IL VIENNE; et ainsi aussi, nous voyons que c'est de la personne de Jésus que nous devons nous souvenir: «Faites ceci en mémoire de MOI». C'est toujours Jésus; ce n'est pas une doctrine par rapport à lui ou à ses actes, c'est LUI-MEME entièrement. Nous avons à nous souvenir de lui, non seulement comme de Celui qui a été mort et qui vit — non seulement comme de la Tête de l'Eglise, son corps — mais comme du Seigneur Jésus qui vient; qui vient, non pour souffrir et pour mourir, mais pour prendre à lui son Eglise.

Mais adressons-nous encore une fois à la Parole de Dieu elle-même, pour qu'elle nous présente quelques pensées bien claires sur ce sujet.

1.    L'Eglise est appelée dans l'Ecriture l'EPOUSE de Christ.

«Car je suis jaloux à votre égard d'une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul mari pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste» (2 Corinthiens 11: 2; Apocalypse 21: 2, 9).

2.    Christ vient comme l'Epoux.

«Voici, l'époux vient» (Matthieu 25: 6).

3.    Dans quel but vient-il?

«Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 3). «Car le Seigneur LUI-MEME, avec un cri de commandement et une voix d'archange et la trompette de Dieu, DESCENDRA DU CIEL; et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4: 16, 17).

4.    La grâce de Dieu enseigne au chrétien à attendre la venue de Jésus.

«Car la grâce de Dieu, qui apporte le salut, est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l'impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle, sobrement, justement et pieusement; attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» (Tite 2: 11-13).

5.    C'est là ce que le chrétien doit ATTENDRE.

«Car eux-mêmes racontent de nous quelle entrée nous avons eue auprès de vous, et comment vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu'il a ressuscité d'entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thessaloniciens 1: 9, 10).

6.    Quand viendra-t-il?

«Car encore TRES PEU DE TEMPS et Celui qui doit venir, viendra, et il ne tardera pas» (Hébreux 10: 37). «Vous donc aussi, usez de patience; affermissez vos coeurs, car la VENUE DU SEIGNEUR EST PROCHE» (Jacques 5: 8). «Celui qui rend témoignage de ces choses, dit: Oui, je viens BIENTOT. Amen. Viens, Seigneur Jésus!» (Apocalypse 22: 20).

C'est là, en effet, une bienheureuse espérance; c'est l'espérance et l'attente propres du chrétien; ce pour quoi il devait toujours être sur le qui-vive. L'espérance du croyant n'est pas d'être sauvé; c'est là une question réglée, sinon il n'a ni droit ni place à la table du Seigneur, qui est la place des louanges et des actions de grâces pour le sang de Jésus qui a ôté le péché, pour le sacrifice dont le pain et le vin sont le mémorial. C'est un non-sens, en vérité, pour un incrédule ou même pour un chrétien qui doute de son salut, de venir à la table du Seigneur, puisqu'ils ne savent pas si leur péchés sont pardonnés; car comment peuvent-ils rendre grâces pour ce qu'ils ne possèdent pas? Ainsi donc, celui qui croit en Jésus n'espère pas être sauvé, mais il attend que le Seigneur Jésus revienne prendre son Eglise, afin d'être toujours avec Lui.

De quelle animation et de quelle joie les coeurs des chrétiens devraient être remplis, quand ils se réunissent autour du Seigneur à sa Table, annonçant sa mort jusqu'à ce qu'IL VIENNE! événement qui peut arriver d'un moment à l'autre. Que le Seigneur daigne raviver cette vérité dans nos âmes par la puissance du Saint Esprit!

L'oeuvre du Saint Esprit

Maintenant il s'élève une question très importante: de quelle manière le chrétien peut il discerner toutes ces vérités? Quelle est la puissance par laquelle il sera rendu capable, quand il est assis à la Table du Seigneur, de voir la mort et la vie, l'union et la gloire? Voici la réponse: Le Saint Esprit est cette puissance, et c'est dans ce but que le Saint Esprit est sur la terre, pour demeurer dans le croyant et avec lui, afin de lui révéler Jésus en sorte qu'il puisse le glorifier. La Parole de Dieu est très explicite sur ce point; prenez, par exemple, la mort de Christ: c'est le Saint Esprit qui en rend témoignage au croyant: «Mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s'est assis et demeure assis à perpétuité, à la droite de Dieu. Et l'Esprit saint nous en rend témoignage» (Hébreux 10: 12, 15).

Il en est de Même quant à la gloire à venir: «Celui-là, l'Esprit de vérité, vous annoncera les CHOSES QUI VONT ARRIVER» (Jean 16: 13). «Or que le Dieu d'espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix en croyant, afin que vous abondiez en espérance PAR LA PUISSANCE DE L'ESPRIT SAINT» (Romains 15: 13).

Et il en est ainsi de toute vérité. Le Saint Esprit est sur la terre pour conduire les disciples de Jésus dans TOUTE la vérité. La vérité — la vérité de Dieu ne peut donc pas être acquise par l'intelligence purement humaine; car comme le dit l'apôtre: «Ce que l'oeil n'a pas vu et que l'oreille n'a pas ouï, et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment; — Dieu nous l'a révélé par SON ESPRIT; car L'ESPRIT SONDE TOUTES CHOSES, MEME LES CHOSES PROFONDES DE DIEU. Car qui est-ce d'entre les hommes qui connaisse les choses de l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui? AINSI AUSSI PERSONNE NE CONNAIT LES CHOSES DE DIEU, SINON L'ESPRIT DE DIEU. Mais pour nous nous avons reçu non pas l'esprit du monde, MAIS L'ESPRIT QUI EST DE DIEU, AFIN QUE NOUS CONNAISSIONS LES CHOSES QUI NOUS ONT ETE DONNÉES DE DIEU» (1 Corinthiens 2: 9-12).

Ensuite, il ne peut pas y avoir de culte vrai et agréable à Dieu, sinon par la puissance du Saint Esprit; car le Père cherche des adorateurs qui l'adorent en esprit et en vérité. Ainsi donc, la puissance, par laquelle le chrétien doit croître dans la connaissance de Dieu, et croître jusqu'à Christ, c'est le Saint Esprit qui lui a été gratuitement donné de Dieu. Dans ce cas, il s'ensuit naturellement que, lorsque les enfants de Dieu se réunissent autour de la personne de Jésus à sa Table, le Saint Esprit doit avoir la place de l'autorité et de la direction, et les âmes des saints doivent être simples, dans une soumission filiale à l'Esprit, s'attendant à lui pour annoncer la mort et la vie de Jésus — l'unité du corps et la gloire à venir. Cela est très important — important pour ce qui concerne l'honneur et la gloire de Dieu, comme pour ce qui concerne le bonheur et l'édification des saints.

Maintenant je demande: Est-ce que, dans le lieu de culte où se rend le lecteur de cet écrit, le Saint Esprit a la place qui lui appartient? A-t-il le droit d'employer celui qu'il veut pour dire une parole d'édification, d'exhortation ou de consolation? Peut-il se servir de qui il veut d'entre les saints rassemblés là, pour prier ou pour louer Dieu? Ou bien toute l'oeuvre du ministère est-elle exclusivement l'affaire d'une ou deux personnes désignées par l'homme, et payées pour faire ce qui devrait être fait par celui des frères de l'assemblée à qui le Saint Esprit le donnerait? car il est Souverain et il distribue à chacun en particulier ses dons comme il LUI plaît (1 Corinthiens 12: 11).

Insistons sur ce sujet pour le rendre plus clair encore; car l'auteur de ces lignes a toujours plus vivement conscience du péché effrayant que l'on commet de nos jours, en rejetant le Saint Esprit — comme, de fait, tant de chrétiens de profession le font. Supposons donc, cher lecteur, que vous fussiez poussé à prier, à indiquer une hymne, ou à lire une portion de la Parole de Dieu, dans votre lieu de culte, selon les commandements du Seigneur (1 Corinthiens 15: 57); est-ce qu'on ne vous regarderait pas comme un intrus troublant l'ordre? et qui sait, peut-être, si l'on ne vous conduirait pas devant des magistrats, chrétiens ou non, au lieu de vous conduire devant les saints comme tels (1 Corinthiens 6: 1)? Je laisse au lecteur à répondre comme dans la présence de Dieu.

La Mort et la Vie — l'Union et la Gloire — telle est la vérité qui est exposée à la table du Seigneur, là où le Saint Esprit a sa place propre, là où il a la liberté de prendre des choses de Christ pour les placer devant les âmes de ceux qui sont assis à cette Table. Veuille le Seigneur garder les coeurs de ceux d'entre les siens qui se trouvent là où l'Esprit de Dieu a sa place; oui, qu'il veuille les garder dans un esprit de soumission pratique et constante à LUI et à SON enseignement. Assurément, c'est surtout au moment où la Cène du Seigneur est commémorée, que toute présidence humaine doit être mise de côté, et la Seigneurie de Jésus pleinement reconnue. C'est bien expressément la Table du SEIGNEUR — c'est la coupe du SEIGNEUR — le corps du SEIGNEUR — la cène du SEIGNEUR — et c'est le peuple du SEIGNEUR qui rappelle la mort du SEIGNEUR jusqu'à ce qu'IL vienne.

Aux jours des apôtres, quand les disciples se souvenaient de la mort de Jésus à la Cène du Seigneur, ils se réunissaient le premier jour de la semaine; mais ils se réunissaient dans ce but spécial, et uniquement pour adorer Dieu en esprit et en vérité, à cause du don de Jésus, et de cette grâce par laquelle ils l'avaient reçu comme leur Seigneur et Sauveur. Ils ne se réunissaient pas alors pour entendre des sermons; non, ils s'attendaient au Seigneur par l'Esprit de Dieu, et en se souvenant de Jésus, ils trouvaient pour leurs âmes un thème de bénédictions, riches et inépuisables; et dans la personne de Jésus, ils trouvaient un objet d'adoration, de culte, de louanges, tel que la parole était impuissante à l'exprimer. Par l'Esprit de Dieu, ils discernaient la MORT et la VIE — l'UNION et la GLOIRE.

Faut-il au chrétien — peut-il avoir un objet de contemplation plus élevé? un objet plus précieux pour son culte et son adoration, puisqu'en JESUS toute la plénitude de la déité habite corporellement (Colossiens 2: 9)? Impossible. Il est le chef entre dix mille, et tout en lui est aimable.

Le croyant aurait-il besoin d'un meilleur docteur que le Saint Esprit? Certainement non. Que le Seigneur aide les siens à abandonner l'affreux péché de regarder à l'homme et d'exclure de fait le Saint Esprit du lieu de culte (sauf sous certaines conditions établies par l'homme). Et que Jésus devienne le premier — le seul objet de nos affections; que tout le reste soit secondaire relativement à LUI; que les dons et les doctrines, quelque utiles qu'ils soient à leur place, fassent place à Jésus. Les doctrines ne sont que de bien pauvres choses, si elles ne conduisent pas l'âme à Jésus.

Le chrétien a reçu, comme une possession actuelle, toutes bénédictions spirituelles en Christ. Il a la vie, la paix, la joie, la sagesse, la justice, la sanctification et la rédemption. Il a Christ lui-même et Christ est tout et en tout. Dieu subvient à tous les besoins de son peuple selon ses richesses en gloire dans le Christ Jésus. Oh! si nos coeurs étaient plus larges pour embrasser et utiliser tout ce qui nous est si abondamment et si gratuitement donné de Dieu en Christ, et pour en jouir!

Ce qu'il faut, c'est la foi et un coeur soumis à Christ par l'Esprit de Dieu. La MORT et la VIE — l'UNION et la GLOIRE se voient dans la Cène du Seigneur, dans tout ce à quoi le croyant est le plus intimement uni, mais qui, dans la dispensation présente, ne peut-être discerné que par la foi; car nous marchons par la foi et non par la vue.

Veuille le Seigneur bénir ce petit écrit pour l'amour du Christ, et qu'à Lui soient toute louange et toute gloire.