Le dernier avertissement

 ME 1870 page 353

«Tu l'enduiras de poix dedans et dehors» (Genèse 6: 14).

 

Une conviction s'élève et se répand toujours plus parmi les croyants: c'est que la venue de Christ est proche. Des personnes inconverties, et même des infidèles confessent que «quelque chose d'une grande importance pour le genre humain est sur le point d'arriver». Ils ne savent pas ce que c'est; ils ne le demandent probablement pas à ceux qui pourraient le leur dire; fiers de la vaine suprématie de la raison, ils préfèrent ses vagues conjectures et ses déductions incertaines aux déclarations solennelles de la parole de Dieu.

Il en était ainsi il y a dix-huit-cents ans. L'histoire nous dit — l'histoire écrite par des auteurs païens, qui, par conséquent, ne puisaient pas une idée dans la parole de Dieu — que, immédiatement avant la première venue du Christ, on pressentait dans le monde, d'une manière très générale, que quelque événement remarquable allait avoir lieu.

Sans doute, ces convictions ont leur source primitive dans cette parole de la prophétie, dont, cependant, les enseignements sont rejetés, méconnus, méprisés ou dénaturés par beaucoup de gens; mais qui n'en est pas moins destinée comme la prédication de Noé, à avertir, en grâce, les hommes de ce qui va arriver, si seulement, pour leur bien, ils veulent écouter et se repentir. Beaucoup d'erreurs ont été commises sur la prophétie par des écrivains renommés, qui assignent une telle importance aux principaux événements de l'histoire du monde dans nos jours, ces dernières années surtout, qu'ils s'efforcent de leur donner une place dans la prophétie, en fixant même les époques, et en prédisant les résultats. Or l'accomplissement de leurs prédictions ayant fait défaut, cela va sans dire, ils ont fourni aux incrédules le prétexte de mépriser le sujet lui-même et de rejeter sur la prophétie la cause des erreurs dans lesquelles sont tombés ses soi-disant interprètes. Que Satan sût tirer parti de ces erreurs pour détourner de la prophétie l'attention des esprits sérieux, et même celle des croyants, c'est bien à quoi l'on pouvait s'attendre, tout déplorable que cela soit. Néanmoins la conviction devient toujours plus profonde et plus générale parmi les chrétiens: que la venue du Seigneur est proche; puis, que cette conviction soit plus affermie chez ceux qui, par grâce, marchent le plus près du Seigneur, étudient habituellement sa parole, et sont instruits plus à fond dans la vérité en général, et dans la vérité prophétique en particulier, c'est un fait que l'on peut bien regarder comme digne d'être admis, sans crainte d'être taxés d'enthousiasme. Effectivement, pour la foi, la venue du Seigneur est toujours proche, et l'a toujours été. Mais quand nous voyons le monde lui-même déclarer que «quelque chose va arriver»; quand nous, qui sommes ou devons être «attentifs à la parole prophétique, rendue plus ferme, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur», nous voyons autour de nous (sans prétendre les signaler en détail) de grandes et palpables évidences d'un état de choses prédit comme indiquant l'approche de la fin du siècle, — nous pouvons bien répéter le cri: «Voici, l'Epoux vient!» Aucun signe, il est vrai, n'est donné dans la parole comme devant précéder ou introduire la venue du Christ. Il eût pu venir en quelque moment que ce fût pendant ces 1800 ans, sans rompre la chaîne des événements prophétiques; car la venue du Seigneur est placée tout à fait en dehors du cours des temps; or ce cours a bien certainement un commencement et une fin. Mais, avant la fin, et nous ne savons pas combien de temps avant la fin, le Seigneur viendra. Si donc il y a de nombreuses raisons de croire que la fin vient rapidement, qu'elle est proche, combien plus proche doit être ce moment béni, où ceux qui aiment le Seigneur le verront face à face!

Un indice de l'approche de la fin sera le bouleversement de l'ordre dans lequel sont actuellement groupées les nations, comprises dans les limites de l'ancien empire romain, afin de faire place à un autre état de choses, prédit, il y a bien longtemps, dans Daniel 2; 7, etc., et Apocalypse 13; 17, etc. Nous ne dirons pas que l'état d'agitation et de trouble du continent, les cruelles et sanglantes batailles qui se livrent actuellement, dans lesquelles des armées fortes de plus d'un demi-million d'hommes (ou plutôt, comme il est écrit, Matthieu 24: 7, nation contre nation, car c'est bien le cas aujourd'hui), se ruent l'une contre l'autre, aient quelque rapport immédiat avec les prophéties citées plus haut. En se prononçant positivement à cet égard, on imiterait ceux qui ont déjà fait un tort irréparable aux âmes. On sait bien que telle révolution a pu être prévue longtemps à l'avance (non pas pourtant dans ses rapports avec la prophétie), par des hommes d'Etat; par celui, par exemple, qui, hier encore, gouvernait la France; par des hommes qui ne tiennent aucun compte de la parole de Dieu — révolution, disent-ils même, qui doit se terminer par «un nouvel arrangement de la balance du pouvoir». Cette révolution a-t-elle commencé à ébranler les nations de l'Europe? Y a-t-il quelque indice d'un mouvement qui menace les petits états d'une prompte absorption par les plus grands; ce qui amènerait une prochaine réduction du nombre excédant Dix? La balance du pouvoir paraît-elle pencher toute d'un côté? Il va sans dire que dix rois doivent s'élever et s'élèveront, puisque Dieu l'a dit. Aussitôt que l'ensemble des états, compris actuellement dans les limites de l'ancien empire romain, sera réduit à dix royaumes, il en surgira un qui aura la primauté sur tous les autres, ainsi que cela est prédit dans les Écritures indiquées ci-dessus. Mais lorsque lui, l'HOMME DU SIECLE, duquel des écrivains inconvertis disent qu'ils l'attendent, sera manifesté, le Jour du Jugement — ce jour qui est comme mille ans (2 Pierre 3) — sera là. Que le lecteur considère l'inévitable conclusion où cela nous conduit, Premièrement, si le mouvement mentionné a réellement commencé, — et la simple possibilité de ce mouvement n'est que suggérée ici, — nous sommes sur le seuil même du JOUR DU JUGEMENT. Secondement, avant que ce jour-là surprenne un monde qui rejette le Christ, le Seigneur descendra dans les airs (non pas sur la terre), les saints vivants et ressuscités seront enlevés ensemble, et — pensée solennelle pour ceux qui seront laissés en arrière! — «la porte sera fermée». Combien cette terrible perspective rapproche de ce moment redoutable l'homme pécheur, le chrétien de nom et de profession seulement, l'hypocrite de fait, l'insouciant, l'incrédule déclaré! Quand Noé bâtissait l'arche, les uns se moquaient, d'autres peut-être «suspendaient leur jugement», et attendaient. Ils avaient encore du temps devant eux; le déluge ne pouvait pas venir avant que l'arche ne fût achevée. Mais lorsque Noé commença à «l'enduire de poix en dedans et en dehors», l'heure du jugement était si proche que tout délai était une folie.

O pécheur, laisse-toi persuader! Nous répétons que le Seigneur peut venir d'un instant à l'autre. Tu ne peux pas, en sûreté, attendre de voir quelque signe, quelque preuve irrécusable de sa prochaine venue; rien ne l'indiquera. Il peut venir maintenant, pendant que tu lis; il peut venir cette nuit, pendant ton sommeil; ou demain, tandis que tu seras occupé dans ton bureau, dans ton magasin, dans ton atelier, ou dans tes champs. Les événements sérieux qui se passent sur le continent n'ont rien à faire avec sa venue; ils ne peuvent ni la hâter ni la retarder. S'ils ne sont pas ce qu'ils semblent être et quoi qu'il arrive, le Seigneur peut venir, la porte peut être fermée; et toi, tu serais PERDU POUR TOUJOURS? Mais s'ils sont ce qui, tout au moins, paraît probable, nous ne disons pas que le Seigneur peut venir, mais qu'il doit venir; et, par conséquent, pour parler d'une manière figurée, que c'est maintenant que l'arche s'enduit «de poix dedans et dehors». Désormais donc tout délai, c'est ta propre et volontaire destruction, c'est ton éternelle misère, rendue mille fois plus affreuse par le souvenir ineffaçable des avertissements que tu as reçus, lorsqu'il était encore temps, et que tu n'as pas voulu écouter! Encore une fois, «Voici MAINTENANT le temps favorable; voici MAINTENANT le jour du salut» (2 Corinthiens 6: 5).