Remarques sur 1 Corinthiens 10: 12

 ME 1870 page 358

 

Qu'il est étrange de voir combien de chrétiens se sont habitués à citer complément à faux cette portion de la Parole de Dieu, en disant toujours: «que celui qui est debout prenne garde qu'il ne tombe». On détourne ainsi la pensée de Dieu, son avertissement, de sa vraie direction, ce qui est un mal sérieux si on l'examine à fond, car c'est fausser la Parole de Dieu pour en détruire le bon effet, et pour en éviter le tranchant pour soi-même. En effet on remarquera qu'en général les personnes qui le citent ainsi n'ont peut-être jamais connu ce que c'est que d'être réellement debout, car la Parole ne dit pas même qu'il soit debout, mais: «que celui qui croit être debout (*)», ou qui a l'air d'être debout, qui paraît l'être; elles omettent ainsi le mot important du passage, qui renferme toute la force de l'avertissement et je ne doute pas que ce ne soit un artifice de l'Ennemi pour empêcher les chrétiens de profiter des avertissements de la Parole qui n'en donne aucun, sans qu'il y ait un danger réel de faire le contraire de ce qui est expressément recommandé aux chrétiens; comme de veiller, par exemple; mais est-ce qu'un chrétien qui croit être debout, qui se complaît en lui-même dans cette pensée, qui se dit debout, veille? Hélas! on ne tarde pas à voir la preuve du contraire, car l'orgueil est là, et l'orgueil va devant l'écrasement (Proverbes 16: 18). Ce n'est donc pas à celui qui réellement est debout par un effet de la pure grâce et pure miséricorde de Dieu, que cet avertissement est donné, comme on le fait dire à la Parole; car celui-là ne pense pas à lui-même; il a accepté de coeur, comme de la part de Dieu même, cette vérité qu'il est mort, qu'il a été crucifié avec Christ, et qu'enfin c'en est fini de lui-même comme homme; il est humble et il veille, il a conscience de son néant, et il est occupé de Christ qui est la Vie, sa propre vie, de Celui qui prend son plaisir à le garder dans cet état d'âme où il n'y a pas danger de tomber, tant qu'il restera sur ce terrain béni, où le coeur est épris de Jésus de manière à être entièrement sevré du monde et du moi, où il y a connaissance intime de sa Personne et de la puissance de sa résurrection et de la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort, etc. (Philippiens 3: 10).

(*) J'ai longtemps pensé que nous avions quelques versions qui prêtaient à cette fausse citation, mais après examen de différentes versions, j'ai trouvé que toutes s'accordent pour le fond de la pensée. Osterwald dit aussi: «que celui qui croit être debout»; Martin, «qui croit demeurer debout»; celle de Lausanne, «qui pense être debout», et une ancienne version de Genève, «qui s'estime être debout».