La vie de Christ en nous

ME 1870 page 446

 

Le chapitre 1 de l'épître aux Philippiens nous fait connaître la vie de communion avec Dieu dont Paul jouissait, qui se manifestait dans son service tout entier, étant entre autres caractérisée par la manière dont il triomphait des épreuves qu'il rencontrait sur sa route. Chacun de ses pas était une victoire, bien qu'une épreuve en même temps. — Au chapitre 2, nous voyons quel est le modèle parfait de cette vie ici-bas; il n'y a pas, comme au chapitre premier, le tableau de la mesure à laquelle des hommes, ayant les mêmes passions que nous, peuvent parvenir; c'est le modèle parfait de cette vie dans le Fils de Dieu, le Fils de l'homme; — aucune imperfection; et cela seul est le modèle de la vie éternelle ici-bas. — Ensuite, au chapitre 3, l'apôtre nous dit où se trouve la puissance de cette vie. C'était ce que Paul voyait en Christ, qui communiquait à son âme sa force et sa liberté devant Dieu, et qui formait aussi toutes ses pensées et toutes ses affections. — Enfin, au chapitre 4, il s'agit de la portée de toutes ces choses pour ceux auxquels il s'adresse.

«Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (4: 4). La personne de Christ est placée devant nous comme le motif de notre joie. Rien ne nous fera surmonter les difficultés ou passer par-dessus le sentiment de nos droits, comme de nous réjouir dans le Seigneur. Si les coeurs d'Evodie et de Syntyche avaient été remplis de Christ, chacune d'elles se serait oubliée elle-même comme Abram vis-à-vis de Lot. La conscience qu'avait Abram que Dieu et lui étaient ensemble, lui donnait la plus complète liberté de laisser Lot choisir ce qu'il préférait. Dieu suffisait à Abram; il en aurait été de même chez ces femmes; si leurs coeurs avaient été pleins de Christ le coeur et la main eussent été ouverts pour tout abandonner, parce qu'elles avaient Christ.

 «Que votre douceur soit connue de tous les hommes» (verset 5). C'est là précisément ce que nous trouvons chez le Seigneur; c'est aussi ce à quoi s'appliquait l'apôtre. «Le Seigneur est près; ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses exposez vos requêtes à Dieu, par des prières et des supplications avec des actions de grâces; et la paix de Dieu… gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus» (versets 6, 7). Voilà ce qui amène la paix dans le coeur. Souvent nous avons à passer par des circonstances très difficiles: Paul portait dans son coeur la sollicitude pour toutes les assemblées. S'il l'avait fait par lui-même, il n'en aurait pas eu la force; mais au milieu de tout il pouvait se tourner vers le sein de Dieu, et décharger là tout son coeur. Il épanche son coeur devant Dieu, et il a en Dieu une pleine confiance. Dieu est dans son coeur, et il a une parfaite paix, la paix de Dieu. Ce n'était pas une chose nouvelle: le Seigneur Jésus avait dit: «Je vous donne ma paix». Quelle était la paix de Jésus? Jamais les choses ne lui parurent davantage ce qu'elles devaient être, que lorsque, quant aux circonstances, elles semblaient les plus mauvaises. Même la coupe qui lui fut donnée à boire lui fournit l'occasion de manifester la compassion et la grâce du Père. Il y avait une paix parfaite dans le coeur du Christ. N'oubliez pas de décharger tout votre souci sur Dieu: un fort courant peut agiter les eaux, il ne peut pas ébranler le roc.

«Et le Dieu de paix sera avec vous». Marchons-nous avec Dieu de manière à le trouver avec nous? Le coeur regarde en haut et il sait que la seule réponse à chacun de nos besoins, c'est Christ. Mais Christ dit: Si vous gardez mes paroles, je viendrai à vous, et le Père viendra à vous, et nous ferons notre demeure chez vous. Une lumière brillante resplendira tout autour de vous. Mais nous ne sommes pas appelés seulement à rejeter tous nos soucis, nous sommes appelés à marcher d'une certaine manière. Dieu est absolu dans son mode d'agir sur une âme: Saul de Tarse ne peut pas empêcher Christ d'entrer. La même puissance, qui pénétra dans le sombre repaire de la pensée de Saul appela cet homme à marcher dans un certain chemin, et ce fut sa volonté d'y marcher. Voulez-vous marcher dans ce chemin? Israël refusa de marcher dans le chemin de Dieu. Combien Dieu montre de grâce lorsqu'il dit à un peuple. Je vous ai choisis, voulez-vous marcher avec moi maintenant? Dieu nous a choisis et il s'attend à ce que nous le choisissions et cela dans ce monde.

C'est une vie étrange que celle d'un chrétien. Il ne se trouve jamais plus riche que lorsqu'il n'a rien. Si vous aviez demandé à Paul: Que possédez-vous maintenant? il aurait répondu: Je possède Christ, et Christ et moi nous nous entendons bien. «Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l'abondance» (Philippiens 4: 12). Que cette parole aille droit à nos coeurs. Bien des saints ne savent pas voir que tout ce qui les touche devient un motif d'actions de grâces, s'ils marchent par l'Esprit. Cela fait partie de la sagesse du Seigneur dans ses dispensations à notre égard, de nous placer quelquefois dans l'abondance; et c'est le même Christ dont la puissance m'est nécessaire pour marcher dans l'abondance comme pour vivre comme dans l'abaissement. Souvent Dieu permet que nos circonstances soient changées, parce qu'il ne veut pas que nous formions simplement des habitudes. Ce qu'il veut c'est de la vie. C'est toujours le même Christ que nous trouvons à Béthanie, dans le temple et sur la croix, parce qu'en Lui était la puissance de la vie.

L'apôtre pouvait dire: «Je puis toutes choses en Christ qui me fortifie. Néanmoins vous avez bien fait de prendre part à mon affliction» (Philippiens 4: 13, 14). Pourquoi? Parce que dans cette participation il voyait Christ. Si vous pouvez saisir ce qui est de Christ dans une personne, et le lui faire voir, vous ne pouvez vous figurer combien cela réjouit son coeur. Le Christ tient compte de tout ce qui a servi ici-bas à manifester un saint qui a goûté son amour. Il connaît exactement ce que chacun des siens a été sur la terre, et il en fera aussi mention plus tard.

Nous ne donnons jamais véritablement tant que nous ne nous renonçons pas nous-mêmes avant de donner. Si ce que nous donnons nous coûte un sacrifice quelconque, ce sera une offrande de l'amour, et l'effet qu'elle produira sur ceux à qui elle est adressée, sera d'apporter à leurs coeurs une saveur du Christ. Nous vivons si peu dans la liberté de la vie du Christ, que nous ne savons pas quelle difficulté il y a pour le coeur à recevoir un pareil témoignage d'amour. Peut-être qu'une pauvre veuve y a contribué par ses deux pites. Eh bien! dit l'apôtre, je ne puis pas les refuser, mais mon Dieu, le Dieu qui donna son Fils dès avant la fondation du monde, le Dieu dont j'ai fait l'épreuve dès le moment où il m'appela par sa grâce, le Dieu qui agit et agira en moi selon sa propre et parfaite sagesse, ce Dieu-là suppléera à tous vos besoins. Paul était parfaitement assuré que Dieu prendrait soin de ceux qui s'étaient dépouillés pour Lui; et, ajoute-t-il, ce n'est pas seulement le Dieu du désert qui a été fidèle envers moi c'est aussi le Dieu de la gloire, de Canaan, du pays ruisselant de lait et de miel; et cela selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus. Si, d'une part, l'apôtre peut dire: Dieu ne m'a jamais fait défaut, à moi; il peut dire également, d'une autre part: Dieu a un pays qui lui appartient, une demeure bienheureuse, dans laquelle nous serons admis, où tout ce qui peut satisfaire la pensée de l'Esprit nous sera communiqué, — et c'est ce Dieu-là qui vous fournira ce qu'il vous faut voilà ma consolation.

«Or à notre Dieu et Père soit la gloire aux siècles des siècles! Amen» (verset 20). C'est là le désir du coeur de Paul, que Dieu soit glorifié aux siècles des siècles. Eh bien! le temps où nous vivons fait partie de ces «siècles des siècles»; nous l'oublions souvent. De quelle manière marchez-vous à la gloire de Dieu en ce moment? Nous pouvons le glorifier dans le désert: le désert fait partie de l'éternité. C'est maintenant que tout l'amour qui est en Dieu est répandu dans nos coeurs, nous rendant capables de faire toutes choses pour le Seigneur Jésus Christ. La joie du salut n'est jamais mieux goûtée que lorsque nous triomphons des épreuves pendant notre passage à travers le désert; et cela par l'effet même du contraste. Le monde dit: comment puis-je obtenir? Le saint dit: Dieu m'a donné à Christ; et le coeur traverse toutes les difficultés en faisant retentir le désert de chants de joie, communiquant une douceur particulière à l'âme, qui, n'ayant rien, possède cependant toutes choses.