Le salut de Dieu

ME 1871 page 10 Actes des Apôtres 28: 28; comparez Luc 2: 30; 3: 6; 19: 9

 

«Le salut de Dieu a été envoyé aux nations, et eux l'écouteront» (Actes des Apôtres 28: 28). Quel fait: le «salut de Dieu», rien de moins, envoyé maintenant par Dieu dans son vaste, vaste monde! Quand Dieu parla de la loi, il se contenta de s'adresser dans un coin étroit de la terre, au plus petit d'entre tous les peuples; mais quand il vient parler de grâce et de salut, à la fin de la loi, il veut que tout le monde l'entende.

Dieu avait parlé de salut dès le commencement, témoin la première promesse: «Elle te brisera la tête» (Genèse 3: 15). L'histoire des patriarches, les ordonnances mosaïques, les voix des prophètes, les annales de l'Evangile, en avaient tous rendu témoignage; et maintenant que Dieu abandonnait Israël pour aller au loin, porterait-il avec lui autre chose, — ou moins, que son propre riche et glorieux salut, propos de son conseil accompli par lui-même?

La fin du Livre des Actes nous le dit; et puis toutes les épîtres, en différentes manières, développent l'excellence et la gloire de ce salut. Dans l'Apocalypse nous le retrouvons encore, le grand salut de Dieu, célébré dans les cieux et sur la terre du monde millénial, parmi les peuples des rachetés et dans les siècles de l'éternité.

Le salut est une pensée trop grande pour être née dans le coeur de l'homme: le salut ne peut venir que de Dieu. Au sens religieux de l'homme il est incompatible avec ce que l'homme doit à Dieu, et avec la relation et la responsabilité dans lesquelles l'homme est placé devant Dieu; au sens moral de l'homme il n'offre aucune garantie de vie et de justice pratiques. Mais combien l'homme se trompe! Combien ce qu'il y a de meilleur dans l'homme est incapable d'atteindre à ce qui est divin! Pendant que ni la religion de l'homme ni la morale ne peuvent admettre l'idée du salut, Dieu nous le voyons en est occupé du commencement jusqu'à la fin. La première mention du salut, son histoire, son développement graduel, son accomplissement, son application aux pécheurs les uns après les autres, remplissent le volume sacré, et Dieu le dispense maintenant et nous appelle à en jouir; bientôt il le rendra parfait et nous appellera à le célébrer.

Le salut, nous l'avons dit, apparut aussitôt qu'il fut devenu nécessaire, c'est-à-dire, aussitôt que le péché fut entré, — dans la toute première promesse; — et s'étant révélé davantage et de plusieurs manières pendant les différents siècles des patriarches, de Moïse et des prophètes, — quand le Fils fut manifesté en son propre temps, que la Parole fut faite chair, le salut fut présenté dans une personne. Dieu «manifesté en chair» fut appelé «Jésus», parce qu'il «sauvera son peuple de ses péchés» (Matthieu 1: 21). Jésus est le nom impérissable. «Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui, éternellement». Son nom garde à jamais sa beauté et sa jeunesse: c'est le titre incorruptible que l'éternité n'a pas le pouvoir d'anéantir! Le temps use les rochers; l'éternité ne pourra rien que donner gloire au nom de Jésus. «Jésus», un «Sauveur», fut le premier mot que le doigt de Dieu inscrivit dans les annales de ce monde de péché; et comme l'arc dans la nuée, il a gardé dès lors toute sa fraîcheur primitive. C'est le nom qui ne change pas et qui ne peut pas changer, le salut de Dieu, le Sauveur vint, Jésus Christ, telle est la pensée suprême, éternelle, dominante. Ce n'est pas le nom inexprimable, c'est le nom impérissable. Israël sous la loi, trouva le nom de Dieu trop grand, trop élevé, trop saint, pour des lèvres humaines: le saint nom de Jéhovah ne se prononçait jamais; mais le pécheur sous la grâce parle maintenant de ce nom divin et en parlera toujours.

Le salut de Dieu embrasse un merveilleux ensemble de glorieux privilèges, qui nous appartiennent tous par la foi en Jésus. J'ai dit que les Epîtres surtout nous le font connaître; car n'est-ce pas là que nous apprenons que la justice de Dieu, l'adoption et l'Esprit d'adoption, l'habitation de l'Esprit, le corps glorifié, la transmutation au moment de la venue du Seigneur, une part dans le royaume et une place dans la maison du Père, l'acceptation dans le Bien-aimé, la confiance et l'intimité du Seigneur, l'héritage de toutes choses avec Lui, sa propre éternité, sont des privilèges de ceux qui ont part au salut de Dieu?

Mais tandis que le salut embrasse tous ces biens et d'autres d'égale excellence, la base sur laquelle il repose est aussi simple qu'elle peut l'être. Cette base c'est la satisfaction, — la satisfaction que Dieu a trouvée dans le sacrifice accompli sur le mont Calvaire: la croix est le fondement sur lequel tout repose. Donnez le nom que vous voudrez à tous ces biens de la foi, justification, acceptation, grâce, paix, gloire, sanctification, adoption, réconciliation, rédemption, — appelez-les comme il vous plaira, — ils reposent tous sur le seul et simple fait que Christ a satisfait Dieu dans ce qu'il a fait pour nous pécheurs. Le voile déchiré et la résurrection, la séance du Christ dans les hauts cieux à la droite du trône comme Celui qui a fait la purification des péchés, et la présence du Saint Esprit sur la terre, — sont les glorieux témoins de cette satisfaction de Dieu, des témoins si augustes et merveilleux que du côté de l'Accusateur nul ne peut les contredire, et que nul ne peut les surpasser de la part de Dieu Lui-même. Nous devons accepter le salut de la part de Dieu, parce que Dieu a accepté la satisfaction de la part de Christ.

Nous devons recevoir le salut avec une assurance pleine de reconnaissance et d'adoration. Une foi qui se confie est la réponse qui convient à une grâce qui abonde. Si Dieu a déchiré le voile, c'est de l'obéissance chez le pécheur que d'entrer. Si Dieu est satisfait, nous devrions être réconciliés et sciemment sauvés. La satisfaction, comme je l'ai dit, est la base de tout. Quand je dépose mes charges et mes fardeaux sur le fondement que Dieu a établi pour moi, sachant que le fondement est inébranlable, je glorifie ce fondement en en usant.

De plus, le salut de Dieu est un salut présent, nous n'attendons pas que le jour du jugement vienne démontrer la valeur de la croix. Le voile déchiré, la résurrection de Christ et la mission du Saint Esprit l'ont déjà fait. De même la foi en la croix n'a pas à attendre pour apprendre à connaître ses droits et ses privilèges et ses possessions, elle peut les connaître déjà maintenant: «Recevant la fin de votre foi, le salut des âmes». Le jour du jugement aura son oeuvre à accomplir; mais il n'est pas chargé d'accréditer la croix ou la foi dans la croix. La croix a déjà conduit Jésus dans la gloire; la foi en la croix place le pécheur immédiatement dans la paix et la faveur de Dieu, dans l'espérance et la joie dans toutes ces choses (*), qui accompagnent le salut et qui témoignent d'un salut actuel de l'âme.

(*) Ces choses forment la condition du croyant, mais il est possible que son expérience soit restée au-dessous. Il a un droit à ces choses, bien qu'il puisse les discerner imparfaitement, comme à travers un voile.

Cette parole de l'ange: «Aujourd'hui dans la cité de David, vous est né un Sauveur», proclame un salut présent. Le cantique de Marie et la prophétie de Zacharie sont l'expression de la même vérité: «Il a visité et délivré»! Siméon pareillement, quand il tient l'enfant dans ses bras, parle comme quelqu'un qui sait qu'à ce moment il possède le salut. Anne aussi, parle de Jésus à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance: dans sa pensée, cet enfant était l'objet de leurs espérances et était donné dans le but même de changer l'espoir en jouissance.

Oui, nous pouvons le dire, la joie qui remplit ces scènes si précieuses qui occupent les premiers chapitres de l'évangile de Luc, n'est pas une joie d'espérance, mais une joie de possession; une joie non pas d'un salut possible, mais d'un salut certain. Le ciel apparaît, annonçant cette grande bénédiction; et on voit la foi sur la terre qui l'accepte. Le passage d'Esaïe, avec lequel le Seigneur ouvre son ministère, au chapitre 4 du même évangile, parle d'un salut actuel pareillement. L'Esprit qui avait rempli le prophète, était Celui qui parlait maintenant par des vases oints tels que Marie, Zacharie, Elisabeth, et il avait une même pensée avec la gloire et les armées du ciel au sujet du salut de Dieu. Car le prophète, comme ces vases, comme la gloire et les armées célestes, annonçait une guérison présente, une vivification, une purification, une réconciliation présentes, — «l'an agréable», un temps ou un ministère de réconciliation actuellement arrivé, pour des pécheurs avec Dieu.

Tous s'accordent: — et peu de temps après, dans le même évangile, Pierre fournit personnellement la preuve de la venue de ce salut immédiat et présent. Il découvre ce qu'il est à la lumière de la gloire, et convaincu là de péché, il prend sa place d'«homme pécheur». Mais aussitôt Jésus dit à ce pécheur convaincu de péché, comme il le dit à tous ses pareils: «Ne crains point»; — et Pierre recevant cette parole, se relève dans la liberté d'un salut présent. Il ne craint pas, il ne doute pas. Il cesse de penser qu'il lui convient de se tenir à distance du Seigneur; mais il laisse tout le reste à distance, afin de commencer aussitôt, là même, dans la proximité de Christ, le long, lumineux et bienheureux avenir de son éternité (Luc 5).

Un peu plus loin, encore dans le même chapitre, et comme pour amener le sujet à sa plus simple et à sa plus sûre conclusion, nous trouvons l'histoire du paralytique. Le Seigneur lui dit: «Homme, tes péchés te sont pardonnés». Et quand cette parole offense le sentiment religieux de l'homme, qui instinctivement pense au pardon comme à une chose future, réservée pour un autre tribunal plus élevé et sur laquelle le jour du jugement doit décider plutôt que la croix de Christ Jésus n'a qu'à répéter la pensée une seconde fois, disant: «Le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés», et à la sceller en guérissant l'homme de sa paralysie. Jésus insiste sur un salut présent. Si la prophétie d'Esaïe, comme nous venons de le remarquer, s'accordait avec les anges et la gloire et les vases oints de l'Esprit, ainsi sont aussi maintenant les oeuvres et les paroles du Fils de l'homme. C'est en effet le salut qui est descendu du ciel sur la terre, un salut présent; et tous s'unissent pour dire et célébrer ce grand mystère. Mais de quelle manière ce salut a-t-il été communiqué? Quelles paroles ont accompagné le don? Y a-t-il eu de la joie à cette occasion?

Le commencement de l'évangile de Luc, que nous avons déjà mentionné, est plein de signification sous ce rapport. Tout y est salut, et dans le ciel tout est joie. Les anges parlent de salut, et les vases oints et remplis de l'Esprit parlent comme eux: une allégresse extraordinaire les anime tous dans ce ministère qui leur appartient. La gloire elle-même, les armées célestes et des vases oints, bergers, sacrificateurs, vieillards, enfants, vierges, saints qui ont longtemps et patiemment attendu, tous sont également appelés à partager la joie de ce moment, où le salut descendait du ciel sur la terre. Mais le ciel peut-être s'est repenti de cette joie, a changé de ton à la vue et à la pensée du salut de Dieu? Le 15e chapitre du même évangile répondra. Il nous dira que cette joie a la même fraîcheur maintenant qu'aux jours des chapitres 1 et 2. Si elle a accompagné le salut, lorsqu'il a été annoncé pour la première fois, elle l'a accompagné toujours depuis lors, et elle le célèbre encore chaque fois qu'il est accepté par un pauvre pécheur.

Assurément ces mystères sont divins. Notre entrée dans le salut de Dieu pourrait-elle être scellée par des témoins plus excellents? Mettrons-nous en doute que notre droit à ce salut soit clairement, simplement, largement écrit devant nos yeux? Quand nous le lisons, il n'y a ni doute, ni difficulté quant à sa portée et à sa puissance, relativement à ce qu'il nous apporte. Nous ne pouvons pas nous y tromper et nous n'avons pas besoin d'un avocat pour qu'il nous donne son opinion. Les étoiles du matin se réjouissaient ensemble lorsque les fondements de la terre furent posés jadis. Dieu trouvait sa propre joie et sa propre gloire dans les oeuvres de ses mains, et ses délices étaient avec les fils des hommes: et sa créature n'aurait pas pu parcourir ce jardin que Dieu avait préparé et arrangé pour elle avec un coeur qui aurait douté? Elle ne pouvait pas ne pas avoir lu son droit à se trouver là, quels que fussent les richesses, l'éclat et la splendeur qui l'entouraient. Eden n'était pas trop beau pour l'homme, car l'Eternel Dieu l'avait planté expressément pour lui. Le titre que le pécheur croyant possède au salut de Dieu est écrit dans le même langage; et celui qui croit peut en jouir avec la même liberté et la même assurance de coeur.

Je poursuis encore un moment la pensée du salut de Dieu et je demande: A qui s'adresse-t-il?

La faiblesse et la pauvreté ont caractérisé la scène au milieu de laquelle il s'est présenté d'abord: la pauvreté de Marie de Nazareth, la faiblesse de Zacharie et d'Elisabeth, les Abraham et Sara sans enfants de ces jours. Et lorsque le Seigneur Lui-même vient comme ministre de ce salut, ce ne sont que les pauvres qui l'obtiennent, ceux qui ont découvert qu'ils ne sont que des pécheurs.

Précieuse pensée! Des pécheurs sont les bienvenus auprès de Christ, — et nuls autres!

Le même Pierre, le pécheur, du chapitre 5 de Luc, nous le montre. La conscience et la foi firent chacune en lui leur oeuvre nécessaire. Pierre apprend à connaître ce qu'il est à la lumière de la gloire qui alors remplissait sa nacelle; et puis il apprend à connaître l'Etranger qui pouvait lui donner la paix et la liberté dans ce moment solennel. Il était un pécheur, voilà ce que sa conscience venait de découvrir; et le divin Etranger était un Sauveur, voilà ce que sa foi savait maintenant. Le pécheur et le Sauveur, dès ce moment, commencèrent l'éternité ensemble. La barque du pauvre pécheur était une terre sainte, un sanctuaire; tandis que peu auparavant, la synagogue de Nazareth, avec tout son étalage religieux, n'était après tout qu'un lieu profane.

Il en est encore ainsi. Nous voyons le lien qui est formé entre Dieu et nous. Nous voyons avec quelle joie Dieu dans les lieux très-hauts, et tout ce qui l'entourait ou sortait de devant Lui, introduisait ce qui devait former ce lien. La grâce et la foi l'ont formé entre le Sauveur et le pécheur; et la joie dans le ciel suit cette oeuvre glorieuse, tandis que la liberté et l'assurance rempliront le coeur du pécheur, qui s'approche et qui prend sa place dans ce mystère merveilleux.

Une seule question encore: est-ce que le «salut de Dieu», qui fut promis et accompli, et qui a été envoyé partout où pesait le jugement, a jamais désappointé le pauvre, misérable ou coupable pêcheur, qui se confiait en lui?

Au commencement il fut envoyé à Adam pécheur caché parmi les arbres du jardin. Adam entendit la voix de l'Eternel Dieu qui l'appelait; il s'y confia; il put se réjouir de la promesse concernant la semence de la femme, et Dieu par le moyen de la mort le revêtit d'une robe qui était son oeuvre à Lui.

Il fut envoyé à Noé qui se trouvait alors au milieu d'un monde déjà jugé par Dieu et sur lequel le jugement allait bientôt être exécuté. Noé se confia au salut: selon la parole de Dieu, il bâtit une arche. L'Eternel Dieu l'y fit entrer et ferma la porte sur lui; et Noé était aussi en sûreté au milieu des eaux de la mort que s'il avait été sur les sommets d'Ararat, ou dans la terre milléniale ou dans les gloires du ciel lui-même.

Il fut envoyé à Israël au coeur de l'Egypte jugée; — il fut envoyé à Rahab au coeur de Canaan jugé; et ce qu'il promettait fut pleinement accompli pour tous les deux. Israël fut sauvé et Rahab fut sauvée, bien que l'épée fût en Egypte comme à Jéricho pour faire son oeuvre de mort et de jugement.

Et maintenant, sans parier d'autres exemples semblables à ceux qui précèdent, le salut de Dieu est publié dans ce vaste monde de pécheurs, et jamais il ne laissera confus un seul d'entre eux. Le salut est de Dieu; c'est le salut de Celui qui ne peut mentir. Le présent siècle mauvais est sous le jugement, aussi véritablement que l'était le monde avant le déluge, — ou l'Egypte ou Canaan —; le salut de Dieu est aussi près de nous, qu'il l'était alors de Noé, d'Israël ou de Rahab.

C'est par la foi qu'on en devenait possesseur alors et qu'on en jouissait, et il en est de même aujourd'hui, ainsi qu'il est écrit: «le salut de Dieu a été envoyé aux nations et eux l'écouteront». «La foi vient de l'ouïe, et l'ouïe est par la parole de Dieu». Il en fut ainsi pour Noé, pour Israël et pour Rahab. Comme eux nous avons à écouter la parole du salut, et à recevoir par la foi les bonnes nouvelles qui le concernent. Nous ne pouvons l'obtenir par les oeuvres, en le méritant: c'est le «salut de Dieu», lequel il a «préparé», comme il est écrit (Luc 2: 30). Il était dans les conseils divins, et il a été accompli et révélé par Dieu Lui-même. Nous n'avons qu'à contempler et à écouter; à être les débiteurs de la provision faite par la grâce divine en faveur d'une créature misérable et pécheresse plongée dans la plus désespérée des conditions. Et Dieu a «préparé» le salut, et c'est Lui aussi qui l'a «envoyé». Il a préparé le salut devant la face de tous les peuples, et là il le fait publier maintenant (voyez Luc 2: 31; Actes des Apôtres 28: 28).