De la suffisance de la Parole écrite et de son usage

 ME 1871 page 21

 

Dieu ne laisse jamais son peuple sans lumière suffisante pour éclairer son chemin. Il apparaissait de temps en temps aux patriarches, dans leur pèlerinage. Il leur communiquait sa volonté par des visions et par des songes. Il apparaît à Isaac pour l'arrêter dans son projet de descente en Egypte. Il parla à Jacob par des songes de nuit, afin de l'encourager à séjourner dans ce même pays. Sous la loi, c'était par des songes ou des visions, par l'Urim et le Thummim, ou par le moyen des prophètes, que le peuple d'Israël recevait les directions divines, pour les circonstances dans lesquelles il se trouvait. La loi leur indiquait ce qu'ils avaient à faire. Mais lorsque vint la décadence, les Prophètes furent suscités pour ramener le peuple à la dépendance, pour le diriger dans le moment même, et pour lui faire connaître l'avenir. La Parole de Dieu écrite, telle qu'Israël la recevait, pouvait être complétée, à chaque occasion, par de nouvelles révélations communiquées à un prophète, lequel pouvait être d'humble origine, comme Amos berger de Tekoa, ou membre de la famille d'Aaron, comme Jérémie et Ezéchiel. Un tel état de choses, tout en servant à leur faire sentir le soin constant du Seigneur pour leur bien-être, devait tendre à les rendre attentifs à découvrir lequel d'entre eux serait appelé à apporter quelque nouvelle révélation de la pensée du Seigneur. La Parole écrite était alors manifestement une révélation incomplète de la volonté de Dieu, quoique, dans cette mesure, le peuple dût y prendre garde, et lui obéir. Elle avait une autorité que rien d'autre ne pouvait avoir; car c'était la Parole de Dieu; cependant le peuple avait le droit de s'attendre à de nouvelles révélations.

Le cas est différent pour nous; le départ des apôtres a mis fin à toute addition à la Parole de Dieu. Tout ce que Dieu a voulu révéler avant l'arrivée du Seigneur pour son Eglise, est entre les mains des saints depuis à peu près dix-huit siècles. Celui qui est «la vérité» a été manifesté, et Il a révélé le Père (Jean 14: 6). L'Esprit de vérité, qui est «la vérité», est présent pour nous guider dans toute la vérité (Jean 16: 13; 1 Jean 5: 6), tellement la révélation que nous possédons est complète. La Parole de Dieu est complète, et personne n'a le droit d'y rien ajouter. De là, la différence si marquée entre les recommandations finales de Moïse et de Malachie à Israël, et les dernières directions des apôtres pour nous. Dans le pays de Moab, près du Jourdain, Moïse parle des choses secrètes, alors encore cachées dans le sein de Dieu, et recommande au peuple d'attendre la venue d'un prophète semblable à lui et qu'ils devaient écouter en tout ce qu'il leur commanderait. Malachie, dernier prophète de l'Ancien Testament, finit par l'annonce de la venue d'Elie le prophète, avant la grande et terrible journée du Seigneur, affirmant ainsi, que Dieu pouvait envoyer de nouvelles communications à Israël. Paul, d'un autre côté, à la fin de sa vie, recommande à Timothée, de conserver le modèle des saines paroles qu'il a entendues de lui; il lui conseille la prédication de la Parole comme préservatif contre les erreurs qui existaient et qui devaient encore augmenter; et il pourvoit à ce que la vérité déjà communiquée, soit transmise à ceux qui devaient le suivre. En vue de l'apostasie qui s'approche, Jude exhorte les croyants à combattre sérieusement pour la foi qui a été une fois donnée aux saints; il leur remet en mémoire les paroles prophétiques des apôtres relatives aux personnes qui s'introduisaient dans les assemblées des saints, puis il cite une prophétie d'Enoch, dont il n'est pas fait mention précédemment dans la Parole, et qui annonce le jugement de ces personnes. La prophétie donnée avant le déluge et l'enseignement des apôtres à ce sujet, suffisaient pour mettre en garde les fidèles contre ces hommes et leur fin. Jean, écrivant aux petits enfants en Christ, les exhorte à garder ce qu'ils ont entendu dès le commencement; s'ils font cela, ils demeureront dans le Père et dans le Fils. Jacques, tout en complétant ce que nous connaissons d'Elie, ne donne pas à entendre que de nouvelles révélations doivent avoir lieu. Pierre dit qu'il écrit: «pour réveiller votre pure intelligence en rappelant ces choses à votre mémoire, afin que vous vous souveniez des paroles qui ont été dites autrefois par les saints prophètes, et du commandement (que vous avez reçu) de nous, les apôtres du Seigneur et Sauveur». Tous dirigent les pensées de ceux qui avaient cru par eux, vers ce qui a été révélé, comme étant suffisant pour les guider, et pour leur donner tout ce qui est nécessaire pour la communion avec le Père et avec le Fils, jusqu'à la fin des jours.

Ainsi la possession de la pleine révélation des pensées de Dieu depuis le premier siècle de notre économie est un trait particulier au christianisme. Les hommes par lesquels la vérité de Dieu commença à être pleinement révélée, furent les mêmes par lesquels elle a été complétée. Après leur départ il ne fut plus accordé de révélations, quoique l'enfant de Dieu, toutes les fois qu'il en a besoin, puisse compter sur la direction divine. On en comprendra facilement la raison. La position propre de l'Eglise sur la terre, est celle de l'attente, — non pas de l'arrivée d'un nouveau prophète, mais du Seigneur Jésus qui peut venir à chaque moment «sur les nuées, dans l'air». Quoique Dieu seul connaisse le moment précis de cette heure, il est évident qu'une telle espérance ne peut pas être réellement vivante dans nos coeurs, si nous avons le droit d'attendre de nouveaux messagers, envoyés pour nous révéler encore quelque chose de Sa volonté. Cependant les apôtres parlent des derniers jours de la chrétienté. Ils voyaient l'avenir, et ils en tiraient le sujet de leurs exhortations inspirées les plus sérieuses. Ils ne recommandaient point aux saints d'attendre quelqu'un qui serait envoyé pour communiquer la sagesse et la direction divines en des temps de décadence; mais ils insistaient sur la suffisance de la vérité déjà communiquée, pour faire face aux erreurs que le temps aurait fait mûrir.

Après la période actuelle, qui est une parenthèse dans les voies de Dieu envers le monde, après la descente du Seigneur en l'air pour son Eglise, Dieu agira de nouveau directement envers les Juifs, les gentils et la terre; et de nouvelles révélations seront données par les instruments de son choix (Joël 2: 28; Apocalypse 11: 3). Jusque là, la Parole écrite est la parfaite direction et le recours de son peuple. D'elle nous apprenons à vivre, à marcher et à combattre; c'est en elle que nous retrouvons toute la vérité qu'il a plu à Dieu de nous révéler pendant que nous sommes sur la terre.

Cette Parole suffit-elle à nos besoins? Pouvons-nous nous confier en elle comme offrant toutes les directions qui nous sont nécessaires? A-t-elle assez bien prévu les temps dans lesquels nous vivons, pour nous armer de manière à pouvoir combattre les erreurs du jour? Ceux qui se sont tournés vers d'autres sources pour trouver le secours, répondraient négativement. Nous, nous répondrons affirmativement, si nous sommes de l'avis de Pierre; et nous apprendrons de lui, dans sa seconde épître, combien la Bible est un arsenal richement pourvu. En effet, cet apôtre inspiré par l'Esprit saint, anticipant sa mort et prévoyant les erreurs qui devaient mûrir avant le retour du Seigneur, recommande la Parole de Dieu aux saints, comme leur guide, et leur montre quel usage ils doivent en faire.

Il y a un avenir pour les saints de Dieu, aussi bien que pour les impies: il y aura une dissolution des éléments embrasés. Voilà ce que présente l'apôtre. Pour les saints, l'avenir dont il parle est le Royaume; pour les impies le jugement et la perdition, tandis que la dissolution sera la fin pour la création matérielle. Tous ces événements sont intimement liés au retour du Seigneur sur la terre. Mais les moqueurs des derniers jours nient ouvertement la venue du Seigneur. Prévoyant l'avenir, par l'esprit de prophétie, Pierre annonce à ses lecteurs ce qui arrivera infailliblement, et les met en garde contre l'enseignement qui prévaudra, en les dirigeant vers la Parole que ces moqueurs ignorent volontairement. «Où est la promesse de son avènement?» disent-ils. En parlant ainsi, ils se détournent de la Parole de Dieu pour regarder à ses oeuvres, tirant de ce qu'ils voient, des conclusions qui sont en opposition avec ce qui est écrit. «Où est la promesse de son avènement?». Il y a donc une promesse. Les moqueurs reconnaissent donc l'existence de la Parole dans laquelle la promesse est conservée, mais ils refusent de croire à ce que Dieu a dit; «car, disent-ils, depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent comme elles ont été dès le commencement de la création». Créatures d'un jour, ils présentent leurs idées comme si elles étaient une preuve évidente de ce qu'ils désirent être vrai. Le cours de la nature est resté le même, depuis que nos pères se sont endormis, disent-ils; et il doit rester invariable, — telle est la pensée de leurs coeurs. Ces raisonnements peuvent leur sembler sans réplique, et les conclusions qu'ils tirent de l'examen des oeuvres de Dieu, leur paraître irrésistibles; mais ils oublient, dans leurs calculs, les points les plus importants, c'est-à-dire, l'origine de la création et la puissance de Celui qui a fait les cieux et la terre, la mer et les sources des eaux. «Car ils ignorent volontairement ceci, que les cieux subsistaient d'ancienneté et une terre (tirée) de l'eau, et subsistant au milieu des eaux, par la parole de Dieu». Les choses créées prirent leur forme par le décret du Tout-Puissant. La terre et les cieux eurent un commencement ils peuvent donc, sûrement, avoir une fin. Or, en effet «Le monde d'alors périt, étant submergé d'eau» (*). Telle est l'histoire du passé, racontée dans la Parole l'ordre de la nature, comme disent les hommes, a été interrompu; il peut donc l'être de nouveau.

(*) 2 Pierre 3: 6.

Les impies tirent, de ce qu'ils voient, des conclusions sur ce qui doit arriver; la stabilité présente des choses créées est pour eux un gage qu'elles doivent toujours rester ainsi. Nous devons, suivant eux, être assurés de ce qui doit être, par ce qui a été. Ils parlent du commencement de la création, de la condition invariable des choses depuis ce temps-là jusqu'à notre temps. Ici Pierre va au devant d'eux sur leur propre terrain, et nous rend capables de combattre leurs conclusions. Lui aussi parle du commencement de la création, et atteste la possibilité d'une interruption, dans ce que, eux, ils appelleraient: «l'ordre invariable de la nature».

Dieu est déjà intervenu en jugement; il veut et il doit intervenir de nouveau de la même manière, si les hommes refusent d'écouter Sa parole et de se soumettre à Son Fils. Est-il étonnant qu'il agisse en jugement, quoique ce soit pour lui «son oeuvre étrange». Avant que l'homme fût sur la terre, sa colère avait été manifestée, lorsqu'il n'épargna point les anges qui ont péché, mais que, les ayant précipités dans l'abîme, il les livra pour être gardés dans des chaînes d'obscurité, pour le jugement (*). Ce ne sont pas seulement les anges qui ont senti la puissance de sa colère, car il a agi en jugement aussi envers l'homme. Il n'a pas épargné les anges; «il n'a pas épargné l'ancien monde…, faisant venir le déluge sur un monde d'impies» (**); et encore plus tard, nous lisons qu'il réduisit en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe. Il les a condamnées par la destruction, les mettant pour être un exemple à ceux qui vivraient dans l'impiété». Ces jugements ont eu lieu, car la Parole les raconte; et nous n'avons aucune autre source d'information où nous puissions en apprendre quelque chose. La valeur de la Parole de Dieu est donc grande; elle renverse les stupides conclusions de l'homme égaré. Ce sont Pierre et Jude qui racontent, pour la première fois, ce qui est arrivé avant que Dieu, regardant sur la terre les oeuvres qu'il avait faites, les déclarât «très bonnes». Nous ne trouvons que dans la Bible, le récit véridique et circonstancié de ce qui arriva pendant la vie de Noé. La catastrophe de Sodome et de Gomorrhe, qui eut lieu dans les jours d'Abraham, n'a trouvé d'autre historien que le grand législateur d'Israël. Ces divers actes de jugement, témoignent de la puissance et de l'invariabilité du Tout-Puissant; mais l'exemple de Sodome et de Gomorrhe sera perdu pour ces vains raisonneurs qui se rient de la vérité de Dieu. Il a puni des anges et des hommes; aucune créature douée d'intelligence n'est hors de la portée de son bras; les anges tombés et les âmes perdues. attendent également leur sentence. Ici, la Parole nous reporte à un âge antérieur à l'homme, et nous donne le récit de choses qui ne nous concernent pas. Dieu avait dû agir en jugement avant que le serpent eût trompé Eve et qu'Adam eût donné des noms aux créatures de la terre que le Seigneur Dieu avait faites. Le péché s'était manifesté dans le ciel avant que Satan eût réussi dans ses desseins sur la terre. Les êtres qui sont tombés, la raison de leur chute, leur condition présente et l'avenir qui leur est réservé, tout cela nous est raconté clairement, quoique d'une manière concise. Quelle répréhension pour l'amour propre de l'homme, dans ce récit de la chute des anges. L'homme croit qu'il sait ou qu'il peut découvrir toutes choses, et il raisonne comme s'il ne pouvait errer. Il le fait même aux dépens de la vérité et de la fidélité de Dieu. L'Ecriture parle d'une chose qui eut lieu avant qu'Adam fût dans le paradis, et la présomption de l'homme est reprise. Ainsi donc un événement de grande importance nous est raconté, des siècles après qu'il a eu lieu, non comme une découverte qui viendrait d'être faite, mais comme une chose familière à l'écrivain, et que les hommes devraient connaître, comme une indication certaine de l'action de Dieu dans l'avenir. En lisant cette relation de la chute des anges qui eut lieu, — qui peut dire quand? — l'on se croirait sur les bords d'un océan, avec un seul objet en vue à l'horizon, objet suffisant pour nous faire comprendre combien d'autres choses qui pourraient être connues, restent cachées à notre vue. Combien d'autres faits que nous ignorons, ont dû avoir lieu! Qui a séduit ces anges? Satan les a-t-il détruits avant d'avoir trompé l'homme? Nous pouvons faire toutes ces questions, et mille autres auxquelles personne sur la terre ne peut répondre; car c'est à la Révélation seule, que nous devons tout ce que nous savons sur ces anges. Mais cette histoire sert à nous montrer plus clairement, combien le savoir de l'homme est limité, et combien la race humaine est de création récente, comparativement à d'autres intelligences existantes. L'homme, ignorant tout ce qui s'est passé avant les six jours de la création, excepté ce seul événement que Dieu a révélé, ignorant même la création, au commencement, des cieux et de la terre, quelle aberration et quelle folie n'y a-t-il pas de sa part à se porter juge de la Parole de Dieu, et à prononcer que la promesse du Seigneur faillira?

(*) 2 Pierre 2: 4. — (**) 2 Pierre 2: 5.

En réfléchissant à cette intervention de Dieu en jugement, nous comprenons aussitôt la vanité de toutes les assertions si souvent répétées, que la miséricorde et l'amour de l'Etre divin sont en contradiction avec la notion de Dieu comme Juge. Puis, si nous nous souvenons de ce que Dieu dit à propos du déluge et de la destruction des villes de la plaine, tous les raisonnements des incrédules sur l'immutabilité des choses créées, sont immédiatement réfutés. Nous ne pouvons lire Pierre et Jude, et conserver la pensée que Dieu est trop miséricordieux pour agir en jugement, comme nous ne pouvons accepter le récit divin relatif au déluge et aux villes de la plaine, et affirmer ensuite que l'ordre de la nature ne peut subir des changements.

Nous poursuivrons notre sujet sans nous arrêter à ces déductions, quelque claires et justes qu'elles puissent être. En effet, la Parole ne se borne pas à nous révéler ce qui arriva avant la création de l'homme; mais elle nous annonce le Jugement à venir, son étendue, et la manière dont il sera exécuté: «Des cieux subsistaient d'ancienneté, et une terre (tirée) de l'eau, et subsistant au milieu des eaux par la parole de Dieu» (*). Pierre n'avait pas été témoin de ceci; cependant il parle comme tout à fait compétent pour le déclarer, et comme parfaitement familier avec le sujet qu'il traite. Il a écrit ces paroles, et cependant elles ne sont pas siennes; il était l'écrivain, mais le Saint Esprit est l'auteur qui nous enseigne ce qui a existé et ce qui arrivera. Les cieux et la terre ont été créés par la parole de Dieu; «par cette même parole, ils sont maintenant réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies» (**). Combien de tels sujets ne font-ils pas ressortir la petitesse de l'homme! Il peut découvrir (car ceci est à la portée de ses facultés intellectuelles) que de vastes changements se sont opérés sur notre globe; mais l'origine de celui-ci et sa fin sont également au delà de sa portée; il faut donc qu'il consente à recevoir, de la Révélation, ce qu'il désire apprendre sur ces choses. Il y a des sujets qui peuvent être familiers à un enfant, mais que toute la science de l'homme ne pourra jamais découvrir; voilà pourquoi Pierre nous renvoie à la Parole écrite, cette arme qui nous est donnée pour la manier sous l'enseignement de l'Esprit. Nous avons besoin d'armes pour le combat, et nous avons aussi besoin d'apprendre à nous en servir. Pierre nous montre ici, quelle doit être notre arme, et comment nous devons la manier; et il nous fait voir clairement la valeur de l'épée placée entre nos mains. A l'instar du caillou poli que David choisit, ce projectile fourni par Dieu au lieu de l'armure de Saül inventée par l'homme, nous avons, dans la Parole de Dieu, une épée qui détruit d'un seul coup toute la toile subtilement ourdie par l'ennemi. Lorsque le feu du jugement divin sera allumé, les cieux et la terre passeront. Au temps du déluge, le monde d'alors périt. Bientôt la terre et les oeuvres qui sont en elle, seront brûlées entièrement. Rien de ce qui s'est vu jusqu'ici, ne pourrait amener l'homme à prévoir une pareille chose. Comme toujours, Dieu a des ressources en Lui-même, et des manières d'agir qui Lui sont propres, mais imprévues pour nous.

(*) 2 Pierre 3: 5. — (**) 2 Pierre 3: 7.

Les impies ignoraient volontairement la Parole. Mai Pierre ne voulait pas que les saints ignorassent ceci que les années sont, pour l'Eternel, comme un instant. «Un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour» (*). Si les rebelles nient l'accomplissement de sa promesse, les croyants doivent se souvenir que c'est «Sa promesse» (verset 9). Ici l'apôtre nous rappelle ce qu'affirment ces moqueurs, en leur opposant les déclarations des écrits prophétiques, qui relient le Jour du Seigneur (thème si fréquent dans la Parole) avec sa Venue niée par ces incrédules. Faut-il mettre de côtés les témoignages de l'Ancien Testament relatifs à ce Jour? Impossible! «Or le Jour du Seigneur viendra comme un larron; et dans ce jour-là les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments étant embrasés seront dissous, et la terre et les oeuvres qui sont en elles seront brûlées entièrement». Telles ont été en substance les prédictions des prophètes (Psaumes 102: 26; Esaïe 51: 6; 66: 22; Sophonie 3: 8), desquelles l'apôtre affirme qu'elles auront un accomplissement littéral. Dans le premier chapitre de cette épître, Pierre avait parlé «de la parole prophétique» de l'Ancien Testament, «à laquelle ils feraient bien d'être attentifs comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour ait commencé à luire, et que l'étoile du matin se soit levée dans leurs coeurs». Si, au contraire, ils écoutaient les incrédules, ils abandonneraient tout cela, et seraient comme un vaisseau sans rames et sans boussole, sur l'Océan. Mépriser l'une de ces prophéties, pouvait paraître de peu d'importance; mais, ne pas croire à l'une d'elles, c'est les mépriser toutes, car chaque prophétie n'est que l'un des anneaux d'une grande chaîne. Si l'on abandonne la promesse de sa Venue, l'espérance du Jour du Seigneur avec tout ce qui s'y relie, est nécessairement aussi abandonnée. Il est bon de se rendre compte de ceci, et de comprendre clairement ce qu'implique cette question des incrédules: «Où est la promesse de son Avènement?».

(*) 2 Pierre 3: 8.

 

En nous tenant à la Parole écrite, nous pouvons aller à la rencontre de ces hommes et leur résister; mais nous pouvons faire davantage encore. A travers la dissolution des cieux et des éléments par le feu, nous pouvons, par la foi, voir de nouveaux cieux et une nouvelle terre se former par la volonté du Créateur: «Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre». Il a promis de venir; il a promis une nouvelle création. Dieu s'est gracieusement engagé Lui-même, d'une manière immuable, à accomplir les choses dont la Parole nous parle; combien doivent être éloignées de Dieu les âmes qui jettent du discrédit sur Ses promesses!

Mais la Parole va plus loin, en nous désignant, comme le trait caractéristique de cette nouvelle création la justice qui y habitera. L'injustice, la fraude, l'oppression, l'insubordination, caractérisent notre époque; la Justice immuable caractérisera cette nouvelle création, «selon Sa promesse». Voilà un fondement sur lequel l'âme peut se reposer. Les choses créées, quelque stables quelles puissent paraître, seront dissoutes et brûlées, car Il a promis de revenir sur la terre, — après quoi ses jugements seront exécutés. De nouveaux cieux et une nouvelle terre seront créés et subsisteront à jamais, car Il l'a aussi promis (Esaïe 66: 22). C'est ici la vraie solution de ce qui, autrement, nous paraîtrait incompréhensible. En effet, si nous pouvions supposer que Satan pût gâter pour toujours la belle création de Dieu et renverser ses desseins, ce serait élever Satan au-dessus de Dieu. Si donc quelques-uns sont troublés par le succès actuel de l'ennemi, qu'ils se tournent vers la Parole, et qu'ils apprennent d'elle la fin de toutes choses. Celui qui a créé les cieux et la terre, en créera d'autres. Celui qui, au commencement, a été manifesté comme Dieu, par ses oeuvres, sera reconnu à la fin pour être toujours le même. La puissance créatrice sera de nouveau mise en action; de nouveaux cieux et une nouvelle terre apparaîtront, pour n'être plus jamais souillés par la détestable présence du Méchant.

Quant au passé et à l'avenir, notre seul guide est la Parole écrite. Mais que dirons-nous du présent? Ces impies ébranleront-ils les âmes parce que le Seigneur tarde à venir? Se serviront-ils avec succès de son retard, comme d'un argument pour renverser ceux qui ne sont pas sur leurs gardes? Ici encore, la Parole intervient, et Pierre nous en montre la valeur: elle nous révèle la raison de ce délai. L'apôtre nous la communique dans le verset 9, et nous renvoie aux épîtres de Paul, pour la confirmer (verset 13). Ce n'est ni à la tradition, ni à la voix de l'Eglise ou aux déductions des hommes, quelque saints qu'ils puissent être, que Pierre nous adresse; mais après nous avoir enseigné la valeur de la Parole écrite, il continue à nous y renvoyer, appelant les écrits de Paul en témoignage de cette vérité, que «la longanimité du Seigneur est salut». Son retard apparent n'est pas de la lenteur à remplir sa promesse; ce n'est pas de l'indifférence, mais un long support, — «ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance». Voilà la vraie cause de son retard, à laquelle tous feraient bien d'être attentifs. Car tandis qu'il ne nous est pas dit qu'aucun des anges tombés ait été épargné, nous savons que Dieu garda Noé et sa famille à travers le déluge. Il délivra Lot et ses deux filles, et aurait sauvé toute sa famille si elle y avait consenti. Il y a, pour l'homme tombé, un chemin par lequel il peut échapper au jugement qui le menace; de là le retard du Seigneur — «comme quelques-uns estiment qu'il y a du retardement». Ainsi, non seulement les actes de Dieu, mais aussi ses motifs sont les sujets de la Révélation. Car de même que, sans une révélation, nous ne pouvions ni prévoir comment il agirait, ni découvrir ce qu'il fit avant la création de l'homme, de même nous n'aurions jamais su discerner le véritable motif de la prolongation de l'absence du Seigneur. La Parole écrite nous enseigne le présent, le passé et l'avenir ; le passé nous donne la clef de l'avenir; car nous sommes les objets de l'action de Dieu, non de celle de l'homme, ce jouet des circonstances.

Outre que cette Parole nous est un guide dans les conseils de Dieu, elle nous fournit encore l'explication de l'opposition des impies: «Ils marchent d'après leurs propres convoitises» — le moi est leur objet, non le Seigneur Jésus. Le Seigneur étant exclu de leur coeur, ils voudraient lui ôter sa place sur la terre, et persuader aux autres que sa venue enseignée par les apôtres, ne peut pas avoir lieu. Les mobiles secrets de leurs actions étant mis à découvert, Dieu fournit aux saints le remède à ce mal. L'attente de la dissolution des choses créées doit produire la piété et une sainte conduite. Libre aux impies de se moquer de la pensée de Son retour! Les justes attendent et hâtent sa venue; avertis à l'avance des erreurs qui doivent se répandre, ils croîtront dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

En nous servant de la Parole, comme Pierre nous l'enseigne, quelle idée étendue n'acquérons-nous pas de la sagesse, de la puissance et de la grâce de Dieu. Il connaissait, dix-huit cents ans d'avance, ce que Satan suggérerait à l'homme, à la fin des jours, et fournissait à son peuple, par la Parole écrite, l'armure qu'il lui fallait. Sa puissance nous y est dépeinte, telle qu'elle s'est exercée et qu'elle s'exercera plus tard; et la raison de sa non-intervention apparente dans les affaires de la terre nous y est découverte.

Nous n'avons pas besoin de sortir des limites de la révélation pour chercher des armes propres à combattre les ennemis de la vérité, ou un bouclier pour nous défendre contre leurs assauts; tout a été prévu et fourni d'avance. Avec un guide tel que la parole vivante et permanente de Dieu, notre oeil peut suivre les voies de Dieu dans le passé, et comprendre la raison de la prolongation de l'absence du Seigneur. Nous pouvons aussi attendre avec pleine confiance et certitude l'intervention de Dieu dans l'avenir; et là où tout est ténèbres pour l'homme du monde, il y a de la lumière pour le simple croyant.