2 Corinthiens 5: 4-10

ME 1871 page 217

 

Dans les versets 4 et 5, le chrétien est considéré comme possédant la vie en Christ en dehors de toute question de mortalité. Il gémit de se trouver dans un vase de terre avec une vie de résurrection. Or ce fait de se trouver avec une vie de résurrection dans un corps qui n'est pas ressuscité, le fait aspirer plus ardemment après la réalité de ce qui est son espérance propre qui est d'être rendu conforme à l'image du Fils de Dieu (Romains 8: 29). Voilà la pensée éternelle de Dieu à l'égard du chrétien; c'est là son unique espérance: Dieu l'a formé à cela même et lui a donné les arrhes de l'Esprit (2 Corinthiens 5: 5). Le chrétien a sa conversation dans les cieux, d'où il attend comme Sauveur le Seigneur Jésus qui transformera son corps d'humiliation pour le rendre conforme au corps de sa gloire (Philippiens 3: 21).

Le chrétien donc, possédant une vie qui n'a rien affaire avec la mortalité, et voyant devant lui la consommation de la pensée de Dieu à son égard, — dans la gloire où il sera personnellement semblable à son Sauveur, met en contraste sa position actuelle dans un corps impropre à son existence glorieuse avec sa pleine conformité personnelle à son Christ glorieux, et ainsi désire avec ardeur de revêtir son domicile qui est du ciel. Il ne désire pas d'être dépouillé, mais il désire ce moment bienheureux où la puissance de cette vie qu'il possède déjà absorbera ce qui est mortel en lui. — Remarquez que ce n'est pas la mort qui sera employée pour délivrer de ce qui est mortel — mais c'est la vie qui absorbera ce qui est mortel. Cette transformation se fera selon cette puissance par laquelle Christ peut s'assujettir toutes choses. Le délogement n'est pas en question ici, ni l'état de l'âme entre la mort et la résurrection.

Ensuite dans les versets 6 à 10, la pensée de l'apôtre se porte sur la condition naturelle de l'homme, assujetti à la mort et au jugement. Cette pensée l'amène à parler du tribunal de Christ où tous les hommes doivent comparaître. — Mais le chrétien n'est pas en peine. Christ, qui a triomphé de la mort, est sa vie; et s'il doit passer par la mort, et être «absent du corps» avant de revêtir son corps glorieux, la mort ne fait que de le rendre «présent avec le Seigneur», «ce qui est beaucoup meilleur» (Philippiens 1: 23). — «Nous avons donc toujours confiance», dit l'apôtre.

Remarquez ici un autre fait qui se lie à notre présence dans ce corps d'abaissement: c'est que tant que nous sommes dans ce corps, nous sommes «absents du Seigneur». Or si nous passons par le chemin ordinaire de tous les hommes, «la mort», le résultat en sera que nous serons présents avec le Seigneur. Mettant donc en présence ces deux choses: être dans le corps absents du Seigneur, ou être absents du corps, présents avec le Seigneur, le chrétien n'est pas long à se décider, et il dit: «Nous aimons mieux être absents du corps pour être présents avec le Seigneur».

Ainsi donc aux versets 4 et 5, ce qui est mis en contraste, c'est le corps impropre à la belle vie que nous possédons, et le corps glorieux propre à cette vie; — et dans les versets 6 à 10, ce qui est mis en contraste, c'est «être absents du Seigneur» par le fait qu'on est dans ce corps, et le bonheur d'être «présents avec Lui», si l'on quitte ce corps. — Dans le premier cas, la possibilité de déloger et le bonheur des délogés sont laissés hors de vue; dans le second cas, la gloire et le corps glorieux sont laissés hors de vue; et il n'y a ainsi aucune contradiction entre: «Nous désirons non pas d'être dépouillés», et, «Nous aimons mieux être absents du corps».

La conclusion de l'apôtre est que, pendant que nous sommes dans ce corps, nous devons nous efforcer d'être agréables au Seigneur, soit que nous soyons trouvés dans la catégorie des présents dans le corps, ou dans celle des absents du corps, quand le Seigneur viendra (verset 9), et le tribunal de Christ manifestera comment nous aurons employé notre temps, étant dans le corps (verset 10). — Solennelle pensée, quoiqu'elle soit en même temps pleine de joie!