Pensées pour ces temps-ci

ME 1871 page 229 - Pas de force sans la sainteté

 

Plus quelqu'un est près de Dieu en esprit, plus il apprend aussi ce qui n'est pas digne de Dieu, et il a le sentiment que s'il veut marcher selon la volonté de Dieu, ou recevoir de Lui, il doit se garder pur de tout ce qui pourrait s'interposer entre lui et Dieu ou faire obstacle à ce que Dieu veut. Il est clair que si toute ma force et ma joie procèdent de Dieu, alors plus je suis séparé de ce dont Il est séparé, plus je jouirai de ce qui me fortifie et me réjouit. Comment prétendre que Dieu est la source connue de force pour moi, et que c'est Lui qui à chaque moment me fournit la force dont j'ai besoin, si je marche là où Lui ne peut venir? Mon devoir et mon profit seront toujours de marcher de telle manière dans l'obéissance et la séparation d'avec le mal que, comme un enfant obéissant, — ayant son approbation, — je puisse jouir en toute circonstance de sa faveur; mais je ne puis avoir cette approbation si je me mêle avec ce qui est opposé à Lui. On admet bien ce principe d'une manière générale, mais il y a une grande différence d'opinion quant aux choses qu'on peut «faire» ou «auxquelles on peut se mêler» sans perdre la faveur de Dieu.

Or une grande partie du manque d'intelligence, à ce sujet, et de la perte qui en résulte pour les âmes, vient de ce qu'on est occupé de choses qu'on désire conserver, et non de Christ, et que dans cet état on veut être enseigné quant aux choses qui sont approuvées de Dieu. «Avec celui qui est pur, tu te montres pur» (Psaumes 18: 26). Mieux je connais Dieu, actuellement, pleinement manifesté en Lui qui fut fait chair et habita au milieu de nous, mieux je saurai distinguer ce qui n'est pas pur. C'est la lumière qui manifeste tout et qui découvre les ténèbres. Les ténèbres ne peuvent pas se découvrir elles-mêmes; et c'est réellement selon la simplicité de son oeil, comme étant dans la lumière, que quelqu'un peut déterminer ce qui est ténèbres. C'est un grand gain d'être convaincu de la vérité qu'il n'y a de vraie force que dans la sainteté, et que tout abandon de la sainteté entraîne avec elle la faiblesse morale. Mon sentiment de la sainteté quant aux choses qui sont en dehors de moi, est en proportion de la sainteté qui est au dedans de moi, personnellement. La vie s'épanche du dedans au dehors; et par conséquent s'il y a de l'imperfection extérieurement, c'est simplement la preuve d'un désordre intérieur. C'est assurément un principe simple et incontestable que pour agir dans la force de Dieu, dans un monde méchant et avec une nature pécheresse que je porte en moi, il faut que je sois aussi séparé de l'un et de l'autre que Dieu, sinon je bronche. Je ne puis m'associer à une chose et agir contre elle; et plus je suis séparé du mal, plus je serai pratiquement à même d'agir contre le mal. Quel que soit le cours de l'action divine en un temps donné, et quelle que soit la nature de l'opposition qu'il rencontre, il est évident que l'homme fidèle à Dieu, observant ce cours, est fortifié pour agir fidèlement là où il se trouve, pour autant qu'il se tient séparé de ce qui dénaturerait l'action divine ou y mettrait obstacle; et comme il aura ainsi la pensée et la force du Seigneur, il évitera même de toucher à ce qui leur fait obstacle. La seule et simple vraie question est celle-ci: Y a-t-il une distinction positive, la plus absolue, entre ce qui est Dieu, et ce qui est contre Lui? — et cette distinction est-elle si nette que, si je suis du monde, je ne suis pas de Dieu? Car alors il serait impossible d'être de Dieu, et de s'associer au monde, en quelque mesure que ce fût. Comme il n'y a pas de milieu entre le bien et le mal, il n'y a pas non plus de position neutre. Quiconque n'est pas avec Dieu, est contre Lui.

Au commencement, tout était très bon. Dieu vit tout ce qu'Il avait fait, et voilà c'était très bon (Genèse 1: 31). Le péché entra ensuite dans le monde, et Dieu chassa l'homme du jardin d'Eden, et lui en ferma l'entrée, l'épée flamboyante des chérubins se tournant çà et là pour garder le chemin de l'arbre de vie. Où y avait-il dès lors pouvoir ou capacité d'agir pour Dieu, si ce n'est en étant tout à Dieu, et séparé du péché? Ainsi, Enoch, septième homme après Adam, plût à Dieu, — ayant marché avec Lui, ayant été simplement et entièrement du côté de Dieu; — et il fut enlevé pour ne pas voir la mort (Genèse 5: 21-24; Hébreux 11: 5, 6). Plus tard, lors du déluge, Noé aussi, «marcha avec Dieu», et mû par la crainte, il bâtit une arche pour la conservation de sa maison; et par cette arche il condamna le monde (Genèse 6: 8, 9; Hébreux 11: 7), — il fut séparé de toute la ruine et du jugement, car Dieu ferma l'arche sur lui. Ensuite, quand l'homme se fut tourné vers les démons, vint Abram, à qui Dieu dit: Sors de ton pays, et d'avec ta parenté, et de la maison de ton père, et viens au pays que je te montrerai (Genèse 12). Puis d'une manière plus explicite et définie, quand à Sinaï la loi fut donnée, Dieu dit à son peuple racheté, comme nous lisons dans 1 Pierre 1: 16: «Soyez saints, car moi je suis saint», parole qui enjoignait pratiquement cette extrême séparation sur laquelle l'apôtre Paul insiste au chapitre 6 de la seconde épître aux Corinthiens: «Sortez du milieu d'eux et vous en séparez, et ne touchez pas à ce qui est impur». Moïse fait de même, après le péché du veau d'or (Exode 32): «Et Moïse se tenant à la porte du camp, dit: Qui est pour l'Eternel? Et il leur dit: Ainsi a dit l'Eternel, le Dieu d'Israël: Que chacun mette son épée à son côté; passez et repassez de porte en porte parle camp, et que chacun de vous tue son frère, son ami et son voisin». Ce cas montre bien à quel point la cause du Seigneur exige la plus absolue séparation d'avec le mal.

Le Nazaréen par son voeu adoptait cette vie sévère dans sa séparation pour Dieu, montrant ainsi en figure ce que la sainte séparation au Seigneur demande et impose; c'est pourquoi, quand Israël fut tombé dans une captivité presque sans espoir, Samson, que Dieu suscita pour le délivrer, fut un Nazaréen; et sa force était entièrement dépendante du maintien de sa séparation. Lorsqu'il y était fidèle, nul ne pouvait le surmonter, mais aussitôt qu'il cédait au tentateur, il se rendait impuissant: il fut vaincu et succomba. Ainsi encore, quand l'homme, après toutes sortes d'épreuves eut été démontré sans force et perdu, alors le Fils de Dieu vint dans le monde comme «le Saint»; et en Lui et par Lui, il faut que nous mesurions maintenant ce qui est saint. Il n'y a plus lieu, en ce sens-là, à rechercher ou à examiner jusqu'à quel point telle ou telle chose doit être acceptée ou rejetée: la vraie lumière désormais éclaire tout homme (Jean 1: 9): Il est de Dieu, et tout ce qui ne lui est pas attaché ou soumis, hommes ou choses, est rejeté.

Il y avait eu jusque-là des hommes fidèles, marchant selon la lumière qu'ils avaient, et se séparant selon la loi de tout ce que Dieu avait défendu: Jean-Baptiste était le plus grand de cet ordre-là; mais maintenant le Saint de Dieu est venu, comme Satan même le reconnaît, et dès lors tout est jugé en rapport avec Lui. Si une chose n'est pas pour Lui, elle est contre Lui. La lumière manifeste tout; il n'y a plus lieu à l'incertitude, il n'y a plus seulement le frein et les restrictions légales. La vie est maintenant manifestée; et c'est la vie du Fils de Dieu, sur la terre, qui met en évidence, dans Sa marche, les qualités morales qui conviennent à un homme de Dieu au milieu de la méchanceté environnante, comme c'est Lui aussi qui baptise du Saint Esprit. «Saint» est le trait caractéristique de l'Esprit de Dieu en rapport avec nous, au milieu du mal. Jésus fut oint de l'Esprit saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance, car Dieu était avec Lui (Actes des Apôtres 10: 34 et suiv.). Or tout ce que Dieu est, est manifesté par Lui: Dieu a été manifesté en chair; et tout ce qui est pour Dieu a été mesuré et éprouvé par Lui. Ce qui n'est pas de Lui est du monde, — n'est pas du Père, mais du monde (1 Jean 4: 4-6), parce que la seule personne qui soit réellement de Dieu, c'est Christ; et par conséquent la grande activité morale, en rapport avec ce monde, c'est la sanctification. Le Fils de Dieu s'est séparé, sanctifié lui-même, afin que nous fussions de coeur et d'esprit sanctifiés selon la même mesure, — par la vérité (Jean 17: 17-19).

La puissance pour toute la marche et le service est le Saint Esprit (Romains 8; Galates 5). Il nous manifeste Christ, si nous gardons sa parole en marchant dans la sainteté; et tout en condamnant le monde, il glorifie Christ à nos yeux: il prend ce qui est à Christ et nous le communique (Jean 16). Ainsi la force et la sainteté vont ensemble. Dès que nous accordons une place à notre chair, nous avons abandonné la sainteté de Dieu; c'était le cas à Corinthe. Quand le trouble ou le mal surgirent, il n'y eut pas de puissance pour y faire face; mais quand ils se séparèrent du mal, ils retrouvèrent la puissance de notre Seigneur Jésus Christ pour ôter d'entre eux le méchant. En suivant les voies de la chair, ils avaient perdu le sentiment de la sainteté de Dieu et avec cela la puissance du Saint Esprit. Ce fait est bien frappant. Les Ecritures nous montrent chaque restauration marquée par plus de sainteté; dans la mesure où celle-ci est réalisée, il y a aussi de la force. Les Corinthiens avaient été corrompus par de mauvaises compagnies, et c'est toujours de cette manière qu'on glisse, et qu'on déchoit de la stricte séparation que veut l'Esprit de Dieu. L'Esprit de Dieu doit nécessairement séparer l'âme où il règne, de la société de ceux qui sont charnels et dépourvus de spiritualité; et la première marque de la spiritualité de quelqu'un c'est la société qu'il recherche et dans laquelle il se trouve à son aise. La compagnie qu'on fréquente est celle qui nous attire; et souvent, quand nous ne savons pas découvrir nos goûts dominants, la compagnie que nous choisissons en sera l'indice, L'apôtre fait dater l'état «d'étroitesse» des Corinthiens (2 Corinthiens 6: 11 et suivants), de ce qu'ils s'étaient mis sous un joug mal assorti avec les infidèles. Leur association avait entravé chez eux toute énergie. Ils ne manquaient d'aucun don, et cependant ils étaient à l'étroit dans leurs entrailles, et le seul remède au mal, était une séparation nette et absolue. «Sortez du milieu d'eux et vous en séparez, et ne touchez pas à ce qui est impur». Le contact de ce qui était impur entraînait la faiblesse, les liait avec ce qui était en opposition avec l'Esprit saint: pour Christ et Bélial, il ne pouvait y avoir de terrain ou d'intérêt commun. Comme l'acte d'Hacan (Josué 7) priva l'armée d'Israël de la puissance de Jéhovah, de même toucher à ce qui est impur prive maintenant le saint de la puissance présente de l'Esprit de Dieu et de la manifestation de cette puissance en notre faveur. C'est pourquoi quand l'Eglise est devenue semblable à une grande maison, où il y a des vases à honneur et des vases à déshonneur (2 Timothée 2: 20, etc)., le serviteur de Dieu n'a de force et n'est utile, un vase à honneur, sanctifié et propre au service du Maître, qu'en se tenant séparé des vases à déshonneur. Le Maître ne l'emploiera pas dans Sa maison, — il ne sera pas une lettre de Christ, à moins qu'il ne représente Christ saint comme Il était, et il ne pourra pas conduire d'autres âmes là où il n'est; pas lui-même. Dans tout service, la puissance est toujours en proportion de la sainteté; c'est toujours en raison de sa séparation en puissance morale, qu'un serviteur pourra introduire d'autres personnes là où il se tient lui-même par la grâce de Dieu. Où Dieu est, là il y a sainteté, et il y a puissance. Que ce soit un Daniel à Babylone, ou un Phinées au milieu du débordement du mal, le seul canal du secours et de la grâce de Dieu est celui de la plus stricte sainteté. L'oeuvre de Christ maintenant (ministériellement) est de sanctifier l'Eglise qu'Il a aimée et pour laquelle Il s'est livré; et Il ne fera reposer sa puissance sur nous et ne nous gardera dans la communion de sa pensée qu'à proportion que nous serons séparés du mal, comme Lui était séparé du mal; et plus les jours sont mauvais, comme nous le voyons dans Jude, plus il faut que nous fassions un chemin droit à nos pieds, que nous soyons séparés et saints, ce qu'avaient oublié les «hommes naturels, n'ayant pas l'Esprit».

Puissions-nous pratiquement garder nos yeux fixés sur Lui, le Saint Fils de Dieu, — qui n'a pas connu le péché, et qui a tracé pour les siens un chemin de sainteté ici-bas au milieu du mal et de la souillure; il est un sûr refuge à l'heure la plus obscure, et pour ceux qui se rallient autour de Lui, il reste toujours «le Saint, le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre et nul ne ferme, qui ferme et nul n'ouvre».