Le prix et les primes

ME 1871 page 237

 

«Ce qui m'était un gain, je l'ai regardé comme une perte, à cause du Christ… Je cours, regardant au but, vers le prix de la céleste vocation de Dieu dans le Christ Jésus» (Philippiens 3: 7, 14).

 

Cher frère,

Dans la confiance qu'il n'est besoin que d'attirer l'attention de mes frères sur le sujet dont je désire les occuper ici un moment pour qu'ils portent sur lui le même jugement que moi, j'ose vous adresser ces quelques lignes. Il s'agit de la coutume trop souvent encore pratiquée au milieu de nous d'envoyer du bétail ou d'autres choses aux expositions qui ont lieu de temps en temps afin d'y remporter des primes… Faire ainsi, est-ce garder la position d'étrangers dans le monde que la croix de Christ nous a donnée? Au chapitre 6, verset 14 de l'épître aux Galates, l'apôtre dit: «Qu'il ne m'arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde». La croix de notre Seigneur Jésus Christ a tellement tranché notre position vis-à-vis du monde que maintenant, ou bien on est avec Christ rejeté, insulté, crucifié, ou bien on est associé avec un monde qui a cloué au bois le précieux Sauveur. Est-ce que le chrétien peut aller au nom de Jésus auprès d'un tel monde pour rechercher ses faveurs?

 «Ne savez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu? Quiconque donc voudra être ami du monde se fait ennemi de Dieu» (Jacques 4: 4).

Du reste si l'on vit pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous (2 Corinthiens 5: 15), et quelque chose que l'on fasse, si l'on fait tout «au nom du Seigneur Jésus» (Colossiens 3: 17), (marchant selon le principe posé par l'apôtre Actes des Apôtres 24: 16), on s'inquiétera fort peu d'être jugé de jugement d'homme (comp. 1 Corinthiens 4: 2-5).

La vie du chrétien est de jouir dès maintenant, de ses relations avec le Dieu et Père de son Seigneur Jésus Christ, desquelles il a maintenant la connaissance et dont il comprendra tout à l'heure la pleine valeur. Il a à faire à Dieu en toutes choses, — dans les plus petites aussi bien que dans les plus grandes. Et s'il tient tout de Dieu son Père, c'est à Lui qu'il rend ses actions de grâces. C'est à ce même Dieu aussi de lui ôter de ses biens s'il en a de trop, ou de lui en donner davantage s'il en manque. A mesure que le chrétien marche dans cette dépendance complète de Dieu, il voit augmenter la joie céleste de sa simple vie, et il jouit davantage de la communion avec le Seigneur Jésus Christ. Au monde il n'a rien à dire à part le témoignage de grâce que Christ lui a confié dans la puissance de l'Esprit (Jean 16; comparez 2 Corinthiens 3: 2, 3; 6: 1-10; Philippiens 2: 12-16), et puisqu'il ne peut pas encourager le monde dans sa rébellion contre Dieu et contre Christ, il ne peut pas non plus de recevoir ses faveurs. Il faut être conséquent, comme dit Jacques. On ne peut pas d'un côté rendre témoignage contre le monde comme un des rachetés de Jésus, et de l'autre se faire un avec ceux qui sont du monde.

Mais la question d'argent rend peut-être la pratique de cette vérité plus difficile que la théorie, tant il est vrai que «le présent aveugle les yeux des sages» (Deutéronome 16: 19). Cela fait de la peine de voir les enfants de Dieu aller même plus loin, et non seulement accepter les faveurs d'un monde éloigné de Dieu, mais aussi s'asseoir au banc des moqueurs, non pas sans doute pour se moquer, mais pour se trouver associés avec ceux qui le font (Psaumes 1: 1; Jérémie 15: 17), en se faisant membre d'un cercle, en donnant leurs votes, etc. afin de faire marcher leurs affaires temporelles. Combien nous avons besoin d'ouvrir nos oreilles pour entendre ces paroles de Jésus: «Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon» (Luc 16: 13). S'il faut faire un petit sacrifice pour le nom de Jésus, n'est-il pas toujours vrai que «l'Eternel en a pour nous en donner beaucoup plus» (2 Chroniques 25: 9; comparez Matthieu 19: 27)? Mais après tout, est-ce que c'est une perte pour l'enfant de Dieu de se tenir tout à fait séparé du monde? Paul dit: «Ce qui m'était un gain, je l'ai regardé comme une perte, à cause du Christ!».

Si nous voulons courir afin de remporter le prix de notre vocation céleste, il faut absolument nous débarrasser de toutes les vanités qui gênent notre marche, et juger comme l'apôtre les faveurs, la bonne opinion et l'amitié de ce pauvre monde.

Si quelqu'un aime le monde l'amour du Père n'est pas en lui; et il n'est pas honnête de chercher les faveurs du monde, si on ne l'aime pas. «Mes petits enfants gardez-vous des idoles».

Christ a souffert dans le monde, et le Saint Esprit rend témoignage à ses souffrances (Jean 15: 18-27; 16: 8-14).

Nous sommes associés à Christ dans sa mort, afin de vivre sur la terre une vie nouvelle dans la puissance de Sa résurrection, en sorte que «portant toujours dans le corps la mort de Jésus, la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps…» (2 Corinthiens 4: 7-18); et ainsi, notre lampe étant à sa place, — sur le pied de lampe (Matthieu 5: 15), notre lumière luira devant les hommes; et voyant nos bonnes oeuvres, ils glorifieront notre Père.

Si nous ne vivons pas de Christ, attachés à Lui, et dépendants de Lui, si notre lampe n'est pas sur le pied de lampe, notre témoignage ne vaut rien pour Dieu. Il peut y avoir l'apparence d'un extérieur respectable, mais comme chez les vierges folles, il n'y a pas d'huile pour alimenter la lumière; car c'est uniquement sur le chandelier que le Saint Esprit déploie sa puissance pour maintenir la lumière qui brille pour Christ (Zacharie 4: 2, 3, 11, 12).

«Hors de moi vous ne pouvez rien faire».

Que le Seigneur nous accorde de penser sérieusement à ces choses, afin que notre témoignage soit sans reproche au jour de Christ; car Il nous a laissé dans le monde, comme le démoniaque qui avait été guéri (Marc 5: 19), pour rendre un témoignage pour Lui dans le lieu où Lui a été rejeté. Plus nous sommes détachés et séparés du monde par la puissance de la grâce, dans notre vie journalière, plus notre témoignage au Christ rejeté sera aussi dans la puissance de l'Esprit saint. Puissions-nous glorifier Dieu ainsi et être des instruments pour amener quelques pauvres pécheurs à Christ.