L'obéissance

 ME 1871 page 261

 

Pour vous, qui par l'enseignement du Saint Esprit avez été amenés à la connaissance du Seigneur Jésus Christ et qui pouvez vous confier en la promesse que «vos péchés vous sont pardonnés par son nom» (1 Jean 2: 12), rien ne peut être plus important désormais que de savoir de quelle manière il vous faut marcher pour plaire à Dieu (1 Thessaloniciens 4: 1; comparez 1 Samuel 15: 22, 23). Par l'amour gratuit de Dieu, vous avez été lavés de vos péchés dans le sang de Jésus (Apocalypse 1: 5); vous n'êtes pas du monde, mais Christ vous a choisis du monde (Jean 15: 19); il a plu à votre Père de vous donner le royaume (Luc 12: 32); vous êtes donc maintenant héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ (Romains 8: 17), et rien ne peut vous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus (Romains 8: 39). Vous attendez dans ce monde le Seigneur Jésus des cieux, qui transformera le corps de votre abaissement, afin qu'il soit rendu conforme au corps de sa gloire (Philippiens 3: 21); par conséquent, pendant le temps que votre Père vous laisse encore ici-bas, le but dominant de votre vie doit être de glorifier Dieu dans vos corps (1 Corinthiens 6: 20) et de livrer ces corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent (Romains 12: 2).

Cependant il y a des hommes qui, tout en faisant profession de connaître ces choses si précieuses et en paraissant désirer l'avancement de la gloire de Dieu, n'agissent pas en accord avec la Parole. Ils ont du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance (Romains 10: 2). Ils veulent être employés à son service, — et pourtant, en même temps, ils se laissent détourner de son chemin par les suggestions de leur propre coeur, trop souvent abusés par la pensée que pourvu qu'ils soient sincères, tout est en règle. Une intention droite est sans doute d'une grande valeur à sa place; toutefois il peut se faire et il se fait souvent beaucoup de mal en toute sincérité. Mais vous, mes frères bien-aimés, vous vous souviendrez que les voies de Dieu ne sont pas comme nos voies, ni ses pensées comme nos pensées, et que notre seule part à nous est de détruire les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, amenant toute pensée captive à l'obéissance de Christ (2 Corinthiens 10: 5). «Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas», dit Jésus, «car à de tels est le royaume de Dieu» (Luc 18: 16), parce que chez eux il y a l'humilité, la simplicité, l'obéissance, — cet esprit qui au lieu de mettre en avant et de suivre ses raisonnements propres, se soumet sans peine à la parole d'un père, sur sa propre autorité. Le chemin de l'obéissance est donc le chemin du devoir et de la bénédiction (comp. Deutéronome 4: 1-40; 6). C'est la seule position qui convienne à la créature, parce qu'en toutes choses Dieu doit être souverain: de cela dépendent le péché et la justice. Il n'y a rien d'aussi humble que l'obéissance, rien d'aussi ferme; rien qui marque davantage la présence du Saint Esprit et soit aussi positivement le contraire de l'insubordination; rien non plus qui fasse taire aussi complètement toute pensée impie.

Le péché est l'iniquité; c'est l'état et la marche d'une créature qui est sans loi quant à Dieu, qui a sa volonté propre; tandis que celui qui fait la volonté de Dieu, demeure éternellement (1 Jean 2: 17). Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites (Jean 13: 17).

Examinons maintenant ce que les saintes Ecritures nous enseignent à ce sujet avec tant de puissance. Le premier Adam, et le second Homme, le Seigneur venu du ciel, — les deux grands chefs de race et les représentants, respectivement, de la chute et de la bénédiction de l'homme — sont distingués en ceci que l'un a été l'homme désobéissant, l'autre l'homme obéissant — «Par la désobéissance d'un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l'obéissance d'un seul, plusieurs seront constitués justes» (Romains 5: 19). Le premier Adam fit sa propre volonté et il périt ainsi. Il fut soumis à une épreuve d'obéissance, Dieu lui ayant dit: Tu ne mangeras pas; — et il mangea et fut perdu. La mort, les gages du péché, devint sa part comme conséquence de l'acte qu'il venait d'accomplir (Genèse 2: 16, 17; 3: 17, 18; 5; Romains 5: 21; 1 Corinthiens 15: 21, 22; Hébreux 9: 27).

Ce péché était la désobéissance, l'insoumission à Dieu, la porte largement ouverte à tout mal.

Chez le parfait et bienheureux Sauveur, nous trouvons précisément le contraire de tout cela. Si vous voulez savoir son caractère, lisez l'humble, saint, parfait tableau qu'il en trace lui-même: «Voici, je viens», dit-il, «il est écrit de moi au rôle du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté. Ta loi est au-dedans de mes entrailles» (Hébreux 10: 7; Psaumes 40: 8); et pendant le cours de sa vie sur la terre, lui-même dit encore: «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre» (Jean 4: 34); ce caractère était empreint sur chacune des circonstances de sa vie ici-bas: «il prit la forme d'un serviteur, étant fait à la ressemblance des hommes»; et comme son service était parfait, il était aussi incessant, car, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin, et devint obéissant jusqu'à la mort, la mort même de la croix» (Philippiens 2; Jean 13). Bien qu'accomplissant son oeuvre volontairement, il avait reçu ce commandement de son Père (Jean 10: 18), l'Eternel Dieu lui avait ouvert les oreilles (Psaumes 40: 6) (*); et il ne fut pas rebelle; il ne se retira pas en arrière, mais il expose son dos à ceux qui le frappaient et ses joues à ceux qui lui tiraient le poil (Esaïe 50: 5, 6); il ne cacha pas son visage de devant tout ce que l'obéissance amenait sur lui. L'obéissance fut le principe d'après lequel il agit dans la tentation: «Il est écrit», fut l'invariable réponse aux suggestions du Tentateur; et cette seule parole: «Je viens, ô Dieu, pour faire la volonté», est le sceau de son caractère et fait pleinement ressortir le principe de la vie du saint Fils de Dieu. Il a été le modèle de l'obéissance. «Quoiqu'il fût fils, il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes» (Hébreux 5: 8). Le contraire de tout cela, nous le voyons dans l'Anti-Christ «le roi qui fera selon sa volonté» (Daniel 11: 36) — son principe à lui, c'est de faire sa propre volonté: il fera selon sa volonté et s'enorgueillira; tandis que Christ s'est abaissé et a obéi. Et comme la perfection de l'obéissance caractérisait chacun des pas du Seigneur ici-bas, l'obéissance est aussi le principe de la sanctification du croyant, «élu en sanctification de l'Esprit, pour l'obéissance de Jésus Christ et l'aspersion de son sang» (1 Pierre 1: 2). C'est en vue de cela, à cette fin, que le croyant est sanctifié ou mis à part; et ainsi il est écrit là où l'Ecriture parle du contraire: «Dans lesquels (vos péchés) vous avez marché autrefois selon le train de ce monde, selon le prince de l'autorité de l'air, de l'esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance» (Ephésiens 2: 2). Rien non plus n'altère jamais le principe de l'obéissance; il n'y a que le péché qui puisse en détourner un homme: faire sa propre volonté est toujours péché, et la chair, avec toute l'activité du vieil homme, n'est pas soumise à Dieu, sinon elle ferait la volonté de Dieu et non la sienne propre. Il faut donc, envers et contre tout, que le principe de l'obéissance à Dieu soit maintenu dans toutes les circonstances, quelque difficiles qu'elles soient, qu'amène sur nous le refus de céder aux suggestions de Satan ou d'obéir à l'autorité de l'homme, quand celle-ci est contraire à la volonté de Dieu; car «il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes» (Actes des Apôtres 5: 29); et on ne peut jamais le négliger, sans enfreindre le principe: «Soyez les imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants» (Ephésiens 5: 1). C'est le grand exercice de la vie à l'égard de Dieu.

(*) Comparez aussi, Exode 21: 5, 6, la figure du Seigneur serviteur volontaire et perpétuel. Lorsque le temps de la libération était venu pour un esclave, s'il disait positivement: «J'aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne sortirai pas pour être libre, — le maître le faisait approcher de la porte et lui perçait l'oreille avec une alêne, et l'esclave le servait à toujours.

Le premier pas vers la bénédiction pour les enfants de Dieu est toujours l'obéissance: «Si quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu» (Jean 7: 17). La même vérité nous est très clairement enseignée dans le chapitre 14 du même évangile: «Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime, et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et je l'aimerai et je me manifesterai à lui. Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui». Rien ne peul être plus clair et plus positif que le salut gratuit DU PECHEUR par l'obéissance de Christ, et que la certitude de la bénédiction pour LE SAINT par l'obéissance à la Parole. Les chrétiens n'ont donc pas à attendre d'être bénis pour obéir, mais ils ont à agir selon le commandement, et alors la bénédiction suivra. Ils sont déjà justifiés (1 Corinthiens 6: 11); et étant justifiés, la bénédiction suivra leur obéissance. «A celui qui a, il sera donné davantage». La rédemption de l'Eglise est complète maintenant, car «par l'obéissance d'un seul plusieurs seront constitués justes»; mais pour les rachetés, l'obéissance précède la jouissance de la bénédiction. Saul en est un exemple: renversé par terre, il demande: «Seigneur, que ferai-je?» Et le Seigneur lui dit: «Lève-toi et t'en vas à Damas, et on te parlera de toutes les choses qu'il t'est ordonné de faire» (Actes des Apôtres 22: 10). Paul alla et fut fortifié et béni par le moyen d'Ananias qui lui avait été envoyé; mais d'abord, préalablement, il avait obéi. Il en est de même de l'homme aveugle-né, à qui Jésus dit: «Va, et te lave au réservoir de Siloë. Il s'en alla et se lava et revint voyant» (Jean 9: 7); ayant obéi à l'ordre du Seigneur, il est rendu capable d'enseigner ceux qui l'enseignaient, et ayant été jeté hors de la synagogue à cause de cela même, Jésus le trouve dans cet état et se révèle à lui.

Cependant, bien-aimés frères, le chemin de l'obéissance sera toujours un chemin d'épreuve pour la chair. «Dans le monde vous aurez de l'affliction», dit Jésus à ses disciples (Jean 16: 33), et «tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés» (2 Timothée 3: 12). Est-ce que ces paroles ont cessé d'être vraies? ou bien ne s'appliquent-elles plus de nos jours aux enfants de Dieu? D'où vient-il donc, pourrait-on demander que faire profession de Christ est devenu, comparativement, une chose si paisible et si facile? Simplement, parce que la profession est infidèle, parce qu'il y a tant de forme de piété sans puissance et qu'on trouve si peu de chrétiens qui vivent pieusement dans le Christ Jésus.

Le chemin de l'obéissance est celui où Christ a marché, et il nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces (1 Pierre 2: 20 et suivants). Malheureusement la conformité au monde et l'amitié du monde, bien que directement interdites aux enfants de Dieu (Jacques 4: 4; 1 Jean 2: 15-17), ne sont que trop clairement et trop tristement à l'ordre du jour. Le caractère de l'Eglise, dans le monde, devait être celui d'une lumière dans un lieu obscur: Jésus, quand il était dans le monde, était la lumière du monde, et il a dit à ses disciples: «Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée» (Matthieu 5: 12).

Le monde a crucifié le Seigneur de gloire, parce que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Le monde a haï Christ, parce qu'il rendait témoignage contre lui que ses oeuvres étaient mauvaises (Jean 7: 7); et les disciples de Christ, quand ils ont été amenés à la position de témoins, ne doivent pas s'étonner si le monde les hait; car le Seigneur a dit: «Vous savez que le monde m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien, mais parce que vous n'êtes pas du monde, mais que je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: l'esclave n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre» (Jean 15: 18-20). Les choses de Christ sont annoncées à l'enfant de Dieu par le Saint Esprit, qui les place avec puissance devant sa conscience, afin que sa lumière luise devant les hommes, de sorte qu'ils voient ses bonnes oeuvres. Son oeuvre, c'est «l'obéissance de la foi»; et dans l'esprit humble et docile d'un enfant (comparez Matthieu 5: 3), que produira toujours en lui la connaissance de sa perversité, le chrétien se méfiera des suggestions de son propre coeur et de la sagesse du monde, et les repoussera; et il amènera tout ce qu'il est appelé à dire ou à faire à la lumière de la sainte Parole de Dieu, éprouvant toutes choses et recherchant ce qui est bon (Ephésiens 5: 7-21). Puissiez-vous, cher lecteur, être dirigé de cette manière et être «toujours prêt à répondre avec douceur et avec crainte à quiconque vous demande raison de l'espérance qui est en vous» (1 Pierre 3: 15).