Extrait d'une lettre

 ME 1871 page 297

 

Vous me demandez pourquoi il est si difficile de croire que l'on est mort au péché. La réponse est simple, et vous l'avouez un peu plus loin: c'est que vous vous croyez être encore quelque chose, vous n'êtes pas dépouillée de vous-même. Mais Dieu agit en vous pour vous amener là. Ces désirs que vous avez viennent de Lui, et il les accomplira. Ne craignez pas; — son bonheur est de nous bénir et de nous rendre heureux dès maintenant.

Vous verrez combien nous avons de peine à accepter le jugement que Dieu a porté sur notre nature déchue. Nous convenons facilement que nous avons des défauts, parce que, hélas ils se montrent au dehors. Vous en êtes là; mais avez-vous accepté également que votre être tout entier est corrompu, et ne vaut rien que pour le péché? Quand vous aurez été amenée à cette conviction, vous serez heureuse de savoir que Dieu s'est débarrassé d'un tel être, et vous en a débarrassée par la mort. Toute la question est là; et la victoire pour nous, dans le sens pratique, consiste à prendre parti avec Dieu contre la chair. — Il peut y avoir des qualités naturelles chez nous; mais elles ne peuvent être utilisées qu'en les mettant au service de l'Esprit qui en maintient l'emploi sous la dépendance de Dieu. Je puis avoir un caractère naturel plus facile que d'autres; mais en soi-même cela ne profite de rien, parce que ces qualités aimables se rattachent à l'homme déchu, et si elles ne sont pas au service du nouvel homme, elles ne feront qu'élever le moi, ou bien corrompre les autres d'une manière plus subtile que ne l'eût fait quelque chose de plus grossier. Voyez, il s'agit de faire table rase du premier Adam, et de se livrer à Dieu, de tout mettre au service du nouvel homme: c'est là qu'est le bonheur et la victoire.

Vous me demandez ce que c'est que de glorifier Dieu, et si l'on peut ajouter quelque chose à la gloire de Dieu? Non, sans doute, on ne peut rien faire pour ajouter quelque chose à la propre gloire de Dieu; Dieu ne peut être plus qu'Il n'est; Il est tout; Il est le Dieu de gloire, le Père de gloire. Il EST, cela veut tout dire, Il s'appelle JE SUIS. — Mais si Dieu est tel, tout ce qui le rabaisse le déshonore, et tout ce qui le laisse être ce qu'il est le glorifie. — Le péché déshonore Dieu; le péché est entré dans le monde en faisant Dieu menteur. La foi, par contre, honore Dieu, glorifie Dieu, parce qu'elle le reconnaît dans sa vérité; elle met son sceau qu'il est vrai. Glorifier Dieu, c'est donc le reconnaître pour ce qu'il est, — et il est tout; — c'est être d'accord avec Dieu sur l'estimation de toutes choses, bien et mal. Ensuite, puisque Dieu EST et qu'il est tout; tout ce qui est au-dessous de Lui se trouve placé sous sa dépendance. Si j'accepte cette dépendance, je le glorifie parce que je laisse Dieu à la place qui lui appartient, et je prends la mienne; Dieu se trouve glorifié, et moi je me trouve béni. — Le Seigneur Jésus a pleinement glorifié Dieu, parce qu'il a été l'homme dépendant par excellence.

Cette dépendance est sans limites pour nous, et c'est là qu'est le bonheur; du moment que Dieu est exclu, le moi est en scène, et c'est le péché.

Mais il faut que Dieu soit connu du coeur, autrement, c'est un sujet de frayeur que la pensée de le faire entrer dans tout. — Si vous aimez à vous parer élégamment, et que vous sachiez dans votre conscience que Dieu n'aime pas cela, la pensée de la présence de Dieu, dans cet état, ne serait que jugement. Mais si au contraire vous jouissez de Dieu en le connaissant intimement, de manière que cette jouissance vous place instinctivement au-dessus de ces besoins de vanité, alors la présence continuelle de Dieu sera pour vous un sujet de joie, et vous le ferez entrer avec bonheur, même dans le choix de vos vêtements. Il sera glorifié en ce que vous refléterez dans votre personne, dans vos vêtements mêmes le caractère d'une fille de Dieu (voyez 2 Corinthiens 6: 17, 18; 7: 1). — Alors on ne s'abstient pas de telle et telle vanité parce que Dieu la défend; non, le christianisme n'est pas sur un principe de loi, quoique l'enfant de Dieu soit heureux de connaître la pensée de son Père à cet égard aussi dans un commandement spécial (1 Timothée 2: 9, 10; comparez 1 Pierre 3: 1-6); mais si le Seigneur et le ciel prennent place dans nos coeurs, le monde en sortira. Nous ne ferons pas sortir la mondanité de nos coeurs par commandement; mais si le Seigneur de gloire en prend possession, il n'y aura pas de place pour la mondanité.

Vous me demandez encore comment vous pouvez glorifier Dieu en allant exercer votre métier au milieu du monde? L'important est de savoir si dans ce que nous faisons et là où nous allons, nous sommes dans le chemin de Sa volonté: alors nous pouvons compter sur sa bonté qui nous accompagne dans toute difficulté. Il faut donc prendre Dieu avec vous partout où vous allez et dans tout ce que vous faites. Tout est sanctifié par sa présence, et tout est paix par conséquent. — Le Seigneur Jésus sait combien il est pénible d'entendre tout ce qui se dit au milieu du monde. Si l'on est avec Dieu, Dieu donne le discernement, et enseigne s'il faut tout écouter sans répondre, ou quand il faut répondre. Souvent il n'y a qu'à introduire Dieu dans la conversation pour obtenir bientôt le silence, et Dieu se trouve glorifié, tout comme, quand on sent que l'on n'a qu'à se taire, ce silence même que l'on garde, juge le monde, et Dieu se trouve glorifié: on souffre d'entendre, c'est clair; mais on souffre comme chrétien. Ce qu'il vous faut, c'est de rester sur le terrain de Dieu; et là, avec son secours, nous pouvons tout dominer; sa bonté nous garde; il veille toujours sur nous; il nous aime parfaitement; son bon plaisir est de nous rendre heureux en toutes choses. Qu'il vous bénisse et vous garde, Il le fera; attendez-vous à Lui.