Notes et pensées recueillies aux conférences de Vevey

Notes et pensées recueillies aux conférences de Vevey. 1

ME 1871 page 321 – 1ère épître de Jean 1: 1. 1

ME 1871 page 341 - Epître aux Philippiens. 11

ME 1871 page 361 – Romains 6 ou la mort en Christ 18

 

ME 1871 page 321 – 1ère épître de Jean 1: 1

Septembre 1871

1ère épître de Jean 1: 1. «Ce qui était dès le commencement».

Au moment où Christ apparaît dans ce monde, nous trouvons un commencement d'accomplissement de tous les desseins que Dieu avait eus avant la fondation du monde. Ces desseins n'avaient pas été révélés avant l'Evangile; ils ne le sont pleinement qu'après la mort et la résurrection de Christ. — Le premier Adam, mis à l'épreuve sans loi et sous la loi, a failli; Christ vient, et nous avons en lui le commencement des conseils de Dieu dans le sens de leur accomplissement. Pour que nous ayons part à ces choses, il faut la rédemption; c'est pourquoi je ne dis pas que ce soit le commencement du christianisme.


Quand Christ vient, il est l'expression de notre position vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis de Satan. Jusqu'à Christ, Dieu ne trouve pas un objet sur la terre qu'il puisse reconnaître positivement. Sa personne était le commencement. Une fois qu'il y a un homme, le Fils, sur la terre, nous avons la première révélation de la Trinité: la voix du Père se fait entendre, le Saint Esprit descend, le Fils est là, sur la terre. Christ sur la terre, voilà le commencement, mais l'histoire de l'homme sous sa responsabilité est le lien entre le commencement et les conseils de Dieu, qui ont précédé.


Les anges sont des créatures saintes, connaissant le bien et le mal. Ils sont la preuve que Dieu a pu aider sa créature, mais nous sommes la preuve que Dieu a pu racheter sa créature.


La vie éternelle et l'immortalité ne sont pas la même chose. Comme chrétien, j'ai la vie éternelle, et cependant je suis aussi mortel qu'auparavant.


 «Communion» c'est association de coeur, de pensées, d'affections et de joie (1 Jean 1: 3).


1: 4. «La joie accomplie», c'est la communion avec le Père et avec le Fils dans la possession de la vie. Dieu est bienheureux en lui-même. En ayant communion avec lui, je jouis de cette béatitude, ainsi que de la manifestation de sa grâce en Christ.


1: 5-7. Trois choses se rattachent au message que Dieu est lumière:

  1.  Nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière.
  2.  Nous avons communion les uns avec les autres.
  3.  Nous sommes purifiés de tout péché.

Marcher dans la lumière, est le propre de tout chrétien; c'est plus que simplement la position, c'est une affaire de vie et de marche. La chose est considérée ici d'une manière abstraite. Il est question plus loin de la pratique, quand il est dit: «Si quelqu'un a péché». Quand il s'agirait de pratique en tenant compte des inconséquences, on ne pourrait dire de personne: «Nous marchons dans la lumière comme lui-même est dans la lumière». — Israël ne pouvait supporter un seul rayon de cette lumière; Dieu se manifeste à nous sans voile. La croix a déchiré le voile. J'ai les yeux ouverts et je marche dans la lumière. Si l'on ne peut y marcher, il faudrait s'enfuir; mais le peut-on? et où s'enfuir…?


Marcher dans la lumière est autre chose que marcher selon la lumière. C'est marcher en plein jour, à la clarté de la pleine révélation de ce que Dieu est.

«Marcher dans les ténèbres», c'est, marcher sans la connaissance de Dieu.


1: 9. Ces trois choses: La purification, le pardon et la justification répondent à la souillure, à l'offense et à la culpabilité. Dans ce passage, il s'agit non pas de justification et d'acceptation, mais de communion comme dans toute l'épître de Jean, non pas de l'état d'une conscience, qui est sous le sentiment de l'imputation du péché, mais du rétablissement de la communion interrompue. Si j'ai péché, je suis souillé et j'ai offensé Dieu, et la communion est interrompue. Si je confesse mes péchés, l'offense est pardonnée et je suis purifié. Dieu veut atteindre la racine du mal. Pierre en est un exemple. Jésus ne lui dit pas: Pourquoi m'as-tu renié? mais il touche la racine du mal: «M'aimes-tu plus que ne font ceux-ci?» et nous trouvons ce résultat-ci: non pas que la racine soit ôtée, mais que toute confiance en la chair a disparu. Pierre a appris qu'il n'a aucune force en lui-même. Alors le Seigneur lui confie ses brebis et il est rendu capable de fortifier ses frères.


2: 1, 2. L'avocat intervient pour maintenir ou rétablir la communion, le sacrificateur pour s'approcher de Dieu.

Il faut toujours se souvenir que dans Jean, il s'agit de communion. Si quelqu'un a péché, la communion est interrompue et nous avons ici la ressource, le moyen de la rétablir, non pas celui d'être justifié.

La fonction d'avocat est établie sur le double fondement de la justice et de la propitiation. Il y a dans la personne de Jésus Christ le Juste une justice permanente devant Dieu et une propitiation pour nos péchés, (propitiation qui n'est pas seulement pour les Juifs, mais pour le monde entier). L'avocat intervient sur ce fondement-là, pour rétablir la communion interrompue.


 «Nous» dans l'Ecriture signifie tantôt les Juifs, tantôt les hommes, ou bien les apôtres, ou bien les croyants. Chaque «nous» doit être pris selon le sens du passage.


Il est remarquable de voir la manière dont la personne de Jésus est devant les yeux de Jean, et comment l'apôtre parle tantôt de sa divinité, tantôt de son humanité, dans le même passage, selon les relations dont il est occupé.


2: 4-19. Les deux grandes preuves de la réalité de la vie chrétienne sont l'obéissance et l'amour des frères.

L'effet produit pour quiconque garde sa Parole, c'est qu'en lui l'amour de Dieu est véritablement consommé. «L'amour de Dieu consommé», c'est l'infini de l'amour divin, et «consommé en lui» c'est l'infini de la confiance dans un amour infini.


Qu'est-ce que le commandement nouveau? — Aimez-vous les uns les autres. — Et le commandement ancien? — Aimez-vous les uns les autres. Mais dans le premier cas, la chose est réalisée par la nature divine dans les disciples et n'est pas seulement imposée comme commandement.


Dieu a beaucoup d'attributs, — la justice, la sainteté, la majesté, la toute-puissance, etc., mais la Parole n'emploie que deux mots pour dire ce que Dieu est quant à sa nature: Il est lumière — Il est amour.


La connaissance de Christ est le résultat de tout progrès chrétien.


On a «ce qui était dès le commencement» pour le commencement et aussi pour la dernière heure. 2: 18, 24.


2: 18. Il est important de remarquer que l'apostasie était déjà là au temps des apôtres. Le mystère d'iniquité se mettait en train (le mystère cesse quand l'Antichrist est manifesté). La patience de Dieu a continué, mais quant à l'homme, c'en était fait d'emblée. C'était la dernière heure déjà au temps des apôtres.


Demeurer en lui (1: 28), c'est la profession avec la réalité.


Dans Jean, il s'agit d'apostasie, dans Jude, de corruption. Dans Jean les Antichrists sortent, dans Jude les faux frères entrent et avec eux la corruption. Dans Jude, ceux qui se séparent sont semblables aux Pharisiens qui prenaient les premières places. Les impies sont encore vus au milieu des fidèles (Jude 4: 15). Caïn, Balaam et Coré sont les trois caractères du mal au dedans. Dans Jean, c'est l'apostasie; on sort. Voici le caractère de ces Antichrists: Ils nient que Jésus soit le Christ — C'est la négation judaïque. Ils nient le Père et le Fils — C'est la négation de la vérité chrétienne. Le mal de Jean et celui de Jude, l'impiété et la corruption peuvent coexister, ainsi que nous pouvons le voir dans le papisme.


L'Ecriture ne nous dit pas quand Satan sera chassé du ciel, mais ce sera le premier événement après que l'enfant mâle, Christ et l'Eglise, est élevé au ciel. Christ se lève aussitôt qu'il a pris l'Eglise à lui. Satan est chassé et soulève la terre contre celui qui vient du ciel. Il faut d'abord que Christ ait l'Eglise avec lui, et alors il purifie le ciel de Satan. La dernière chose dans les jugements de Dieu, c'est la destruction de Babylone. Dans les fioles, la colère de Dieu est consommée (Apocalypse 16). Celle de l'Agneau n'est pas encore venue; on la trouve au chapitre 19. La destruction de Babylone vient d'abord, puis le mariage de l'Agneau, puis la colère de l'Agneau.


2 Pierre 1. Paul seul parle de l'Eglise et de la venue de Jésus pour elle. Pierre voit à l'horizon ce que Paul enseigne, l'étoile du matin. La prophétie s'occupe de choses terrestres; elle est confirmée par la transfiguration et on fait bien d'y faire attention comme à une lumière qui jette du jour sur les événements, jusqu'à ce qu'on connaisse une chose bien plus excellente, qui attire. J'utilise la chandelle pour le lieu ténébreux, mais je suis occupé d'autre chose et aucun événement ne me sépare du ciel et du Seigneur venant du ciel.


1 Thessaloniciens 3: 13. C'est ce que Christ est, qui est la mesure de la sainteté. La sainteté à laquelle je suis appelé maintenant, est la même que celle qui sera manifestée en la présence de Dieu à la venue du Seigneur avec tous ses saints. Il n'y a pas d'autre mesure de la sainteté que ce que Christ est dans le ciel en ce moment et ce que nous serons quand nous lui serons semblables. Il purifie l'église selon la mesure de l'état dans lequel il se la présentera. Dieu veut que Christ soit glorifié d'une manière adéquate dans les siens; c'est pourquoi il les rend semblables à lui.


En 1 Jean 3: 1, 2, on voit Christ Dieu et homme, et dans ce passage nous lui sommes associés, nous avons la même position que lui, qui est Dieu, mais homme; la même position quant au monde, car nous sommes méconnus de ce monde, qui ne l'a pas connu; la même position quant à la gloire. (voyez aussi 5: 90) Nous sommes en lui, — qui est Dieu.


3: 4-11. L'apôtre évite de dire que la chair pèche; il ne veut pas du dualisme. C'est bien la chair qui pèche, mais c'est moi. Jean envisage l'homme en tant que chrétien, sans la modification que produit dans le résultat la présence de la chair. C'est le caractère de la chose, qui l'occupe. Il dit: «Il ne peut pécher» (non pas: Il ne doit pas pécher). Il parle du nouvel homme, non en tenant compte de l'ancien, mais comme étant le vrai moi. Si je pèche, c'est entièrement ma faute; car la tentation n'est jamais au delà de ce que nous pouvons supporter.


La «semence de Dieu», c'est la vie de Christ en nous, la nouvelle nature (3: 9).


3: 18-22. L'apôtre en vient ici à la conscience (sujet très important en pratique). D'une conscience entièrement pure, découle la confiance pratique. L'existence de la chair en nous ne donne pas une mauvaise conscience, Mais si je laisse agir la chair, alors mon coeur me condamne: je ne doute pas de l'amour de Dieu, mais mon coeur n'est pas au large. Le coeur, c'est l'homme intérieur tout entier. Cette confiance pratique est d'une haute importance. La présence de Dieu me dévoile l'état de mon âme. Je suis mal à mon aise, si j'ai mal marché. Dieu veut que nous marchions devant lui sans le moindre nuage, et pour cela il faut être continuellement avec lui. Si je suis avec Dieu, il est lumière et il me découvre ce qui autrement resterait ignoré et caché.


Dans Hébreux 2, nous avons quatre motifs pour l'incarnation. Il est venu en chair:

  1.  Pour que Dieu soit parfaitement glorifié dans un homme.
  2.  Pour détruire la puissance de Satan.
  3.  Pour faire la réconciliation pour nos péchés.
  4.  Pour sympathiser avec nous.

Quand on a greffé sur un sauvageon, on ne dit pas: «J'ai un bon pommier avec un tronc sauvage». On dit simplement: «J'ai un bon pommier». Tout le monde sait que le vieux tronc existe, et s'il bourgeonne il portera toujours de mauvais fruits. Mais en réalité l'arbre dont on parle, c'est la greffe. Voilà la chose importante.


4: 4. «Celui qui est en vous, est plus grand que celui qui est dans le monde». Il s'agit de la présence du Saint Esprit en nous et de la présence de Satan dans le monde (5-6). Il faut s'attendre à ce que la doctrine des faux docteurs convienne au monde. Le monde les écoute. «Nous sommes de Dieu. Celui qui connaît Dieu nous écoute». Si on n'écoute pas les apôtres, on n'est pas de Dieu. C'est là une direction bien simple pour savoir si quelqu'un est de Dieu. La grande question est si l'on veut se tenir à l'autorité des apôtres comme à la parole qui vient directement de Dieu.


Un docteur de l'erreur est sous l'action positive de Satan. Un chrétien, s'il ne se tient pas collé à la Parole, peut être séduit. C'est autre chose.


Un hérétique est un homme qui enseigne une erreur comme affaire de secte. — Si l'on fait deux partis dans l'Eglise, sans quitter l'Eglise, c'est un schisme. Cela avait lieu en général à Corinthe.


Vous ne trouverez jamais un hérétique qui soit un homme sincère.


4: 9, 10. L'homme est mort. Dieu envoie son Fils, afin que nous vivions en lui. — L'homme est coupable. Dieu envoie son Fils pour être la propitiation pour nos péchés.


On n'est pas scellé du Saint Esprit, avant d'avoir reçu le témoignage de Dieu quant à l'oeuvre de Christ pour la rémission des péchés. Le lépreux était d'abord lavé d'eau, qui est la Parole appliquée en puissance, puis aspergé de sang, qui est l'application à la conscience de la valeur du sang de Christ; enfin oint d'huile, figure de l'onction et du sceau de l'Esprit.


Il n'y a pas de vraie sanctification pour moi, si je ne suis pas parfaitement sûr de mon salut.


4: 9-17. L'amour de Dieu nous est présenté de trois manières:

  1.  L'amour envers les pauvres pécheurs, morts et coupables, versets 9, 10.
  2.  L'amour de Dieu en nous ou la jouissance de l'amour dans le chrétien, verset 12.
  3.  L'amour avec nous, verset 17. Il est parfait, consommé avec nous jusqu'au jour du jugement. L'apôtre se place dans le jugement et se dit: Voici! Christ a pensé à moi en vue de cela. Comme il est, je suis dans ce monde.

Dieu est saint. Est-ce que je puis parler d'amour, quand je pense au jugement? — Ah! oui, dit l'apôtre c'est précisément là que je le connais, parce que je suis comme le Juge, déjà dès ici-bas.


D'un bout à l'autre Dieu a pensé à tout. L'amour commence avec le pécheur, continue avec le saint et va jusqu'au jour du jugement.


4: 7, 9, 16. Il est frappant de voir comment la nature de Dieu est mise en avant ici. S'il y a en nous cet amour, il y a la nature de Dieu; par conséquent, nous connaissons Dieu (verset 7). Mais de plus Dieu est en nous, et puisque nous participons ainsi à la plénitude de cette nature, nous demeurons dans l'amour (verset 46). Mais ce serait le mysticisme, s'il n'y avait pas le témoignage du verset 9, le fait historique actuel. L'amour de Dieu n'est qu'une qualité chez tous les mystiques. C'est que Dieu nous a aimés, qui est l'amour. Cela met aussi la loi de côté, car ce n'est pas: «Nous devons aimer Dieu» mais «Dieu nous a aimés».


4: 12 Si nous nous aimons l'un l'autre, c'est la nature divine, Dieu lui-même en nous. Si quelqu'un n'aime pas son frère, il n'est pas chrétien du tout. Il y a sans doute des degrés de réalisation pour celui qui est chrétien, et ces degrés dépendent de la mesure dans laquelle je tiens la chair pour morte, parce que la chair est toujours égoïste. Le monde peut s'unir pour des intérêts communs, mais ce n'est pas là l'amour.


4: 12. Personne ne vit jamais Dieu. Comment le connaître? l'Evangile de Jean répond: Le Fils unique l'a fait connaître. Ici la Parole dit: Si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous. Cela le rend visible, c'est la preuve qu'il est là.


4: 15. Je trouve une pauvre âme sans ressort. Confesses-tu, lui dis-je, que Jésus est le Fils de Dieu? — Oui. — Eh bien! Dieu demeure en toi. — Quelle consolation!

D'un autre côté, quelle action puissante ce verset exerce sur la conscience! — Confesses-tu que Jésus est le Fils de Dieu? — Oui. — Eh bien! voilà Dieu qui demeure en toi, et tu n'y as pas pensé une seule fois de toute la journée!


Si tu traitais un ami comme tu traites le Dieu qui habite en toi, ce serait vite fini entre vous. Ce qui fait la différence dans l'état des âmes, c'est dans quelle mesure on pense à la présence de Dieu en soi.


Quand il s'agit de responsabilité, de nature, l'apôtre dit «Dieu», mais quand il s'agit des voies de la grâce, de l'activité de la divinité dans le système de la rédemption, il dit «le Père» et «le Fils».

Avant la croix, Jésus a toujours dit «Père»; sur la croix, prise comme expiation, il dit «Dieu». Après la croix, il dit «Dieu et Père», et nous sommes associés à lui sur le terrain de la résurrection, de sorte que nous sommes introduits maintenant dans ces deux relations et que nous pouvons unir ces deux titres.


4: 19. Nous l'aimons, c'est un fait. Il n'est pas dit que nous devons l'aimer. Un enfant dit: Je devrais aimer ma mère et je crois que je l'aime assez. — Alors tu n'aimes pas véritablement. — Un autre me dit: Ah! je suis si misérable, mais si vous connaissiez ma mère! Quelle bonté! Quelle tendresse! mais je ne l'aime pas assez… Ah! celui-ci sait ce que sait que l'amour, et il aime.


1 Pierre 1: 9. Le salut des âmes, c'est un salut d'âmes (Seelenheil), c'est le caractère du salut en contraste avec les délivrances terrestres d'Israël.


1 Pierre 1: 12, 13. Les prophètes ont annoncé «ces choses» non pour eux, mais pour nous. Les apôtres les ont rapportées par l'Esprit saint envoyé du ciel, mais nous ne les avons pas. Elles seront apportées par le Seigneur.


Quand il s'agit de ma position en Christ, il n'y a jamais de «si». Il n'y a pas de si dans la grâce. Un père mène son enfant au bord d'un précipice et lui dit: «Si tu tombes là, tu seras écrasé, mais je te retiens» Les si sont nécessaires pour l'état du coeur et Dieu les emploie pour me maintenir. Par les si je suis gardé dans une dépendance constante de Dieu tout le long du chemin.


Peux-tu perdre ton salut? Oui, si cela dépendait de moi.


Il y a eu deux Evangiles: Celui de Christ venu sur la terre; on pouvait le rejeter et être sauvé par un second: Celui de Christ dans la gloire. Pour qui rejette ce dernier, il n'y en a plus d'autre.


Matthieu 12: 32. Il y a le siècle de la loi et le siècle «qui est à venir» c'est-à-dire le siècle du Messie. Les Juifs croyaient qu'il y aurait beaucoup plus de grâce dans ce dernier, et en un sens ils avaient raison. (A présent, tout est en suspens quant aux siècles. Nous sommes célestes). Ceux qui blasphémaient contre l'Esprit, même sous le Messie, ne seraient pas pardonnés. Ils reconnaissaient que Christ chassait les démons; ils reconnaissaient l'acte de puissance; ainsi ils péchaient avec connaissance de cause. S'ils avaient dit que c'était de l'imposture, il y aurait eu du pardon pour eux.


5: 1, 2. La cause pour laquelle nous aimons les enfants de Dieu, c'est que nous aimons le Père. La contre épreuve, c'est que j'aime vraiment les enfants de Dieu quand c'est dans l'obéissance. Sans cela ce ne serait que de la camaraderie. On ne les aimerait pas pour l'amour du Père.


Si j'aime les enfants de quelqu'un parce que j'aime leur père, je ne les accompagnerai pas dans la désobéissance à leur père. Si je les y accompagnais, je ne les aimerais pas pour l'amour de Dieu, car l'amour du Père est montré dans l'obéissance.


Si je n'aime pas tous les enfants de Dieu, ce n'est pas Dieu que j'aime. Si je n'aime que deux ou trois enfants d'une famille, je les aime par sympathie particulière et non pas à cause du père.


Un chrétien me dit: Marchons ensemble. Venez avec moi et j'irai avec vous. — Ah! tu veux que je marche dans ta désobéissance, pour marcher, toi, dans l'obéissance avec moi?


L'obéissance envers Dieu doit être pleine et absolue. Je ne suis pas à moi-même. Je n'ai pas le droit, ni le désir, de faire ma volonté en quoi que ce soit.


Le motif de tout ce que Christ a fait, est la volonté de son Père et s'il n'y avait pas de volonté du Père, il ne faisait rien du tout.


Qu'est-ce qui empêche les chrétiens d'obéir? Au fond, c'est le monde.


Il y a des choses qui sont de la foi et des choses qui sont de la connaissance. Dans ce sens, il y a des choses secondaires. Mais faut-il obéir dans la marche?


5: 5. Ce qui est né de Dieu ne remporte pas la victoire sur le monde par le fait seul d'une nature divine, mais parce que cette nature a un objet. Une créature ne petit pas se suffire à elle-même; il faut qu'elle ait un objet. Dieu seul se suffit. Si j'ai cet objet, la chair, Satan et le monde n'ont rien pour moi.

Si on ne se nourrit pas du Seigneur Jésus, la vie reste étroite et faible.

La loi ne donne pas la vie, ni la force, ni un objet. Christ me donne la vie et la force, et en lui j'ai un objet.


La liberté, c'est d'être affranchi du péché, de Satan, du monde et de moi-même.


5: 6. Nous avons maintenant les témoins, que la vie, cette vie nouvelle qui est la part des croyants, n'est pas d'Adam. Il n'y a rien pour le vieil homme que la mort. Le témoignage rendu, c'est que la vie est dans le Fils. L'homme naturel n'a pas la vie. La vie, ce n'est pas seulement que le corps, l'âme et l'esprit sont, par l'action de l'Esprit saint, mis en bon état. Aucune partie de moi-même n'est vivifiée. Christ devient ma vie.

L'apôtre cite les trois témoins pour montrer que le vieil homme est entièrement condamné. Il faut trois choses: purification, expiation et Saint Esprit. Pour la purification, il faut l'eau: elle vient d'un Christ mort; pour l'expiation, le sang, qui vient d'un Christ mort — il faut le Saint Esprit, qui vient d'un Christ mort et élevé en haut. — Je n'ai la vie qu'à la suite de la rupture complète entre Dieu et le premier Adam. Quand la mort est constatée (Jean 19: 34), alors la vie vient. C'est une chose nouvelle et qui met de côté l'ancienne.


Le sang purifie dans le sens de l'expiation, l'eau dans le sens moral.


Ce n'est pas le vieil homme, qui est purifié; c'est moi, et comment? En étant délivré du vieil homme (Romains 6, 7).


Le fondement du christianisme, c'est que je passe par la mort.


Si je me tenais toujours pour mort, Satan n'aurait pas de prise sur moi.


Pourquoi as-tu péché? Tu as laissé agir ta chair; tu as agi comme un enfant d'Adam. Un enfant de Dieu ne pèche pas.


C'est une chose complètement fausse en métaphysique que la responsabilité dépende du pouvoir. C'est de la volonté qu'elle dépend. Un enfant à qui son père dit: «Viens», répond: «Je ne veux pas». Le père s'en va seul et revient pour le punir. — Ah! j'étais attaché à la table. — Ce n'est pas la question. Je sais bien que tu étais attaché, mais j'avais un couteau, moi. Tu n'as pas voulu. — C'est donc au fond la volonté qui est en question. Elle est inimitié contre Dieu.


L'incrédule est coupable, parce que Dieu a donné des témoignages suffisants. Quand il viendra comme juge et qu'il n'ait pas donné assez de preuves, il vous le dira.


Le chrétien, qui marche dans une espèce d'équilibre, tantôt bien, tantôt mal, n'est pas celui de la Parole, que le malin ne touche pas.


Le monde veut bien la moralité dans les choses qui touchent ses intérêts à lui; mais la vérité, personne n'en veut. La vérité, c'est Christ.

 

ME 1871 page 341 - Epître aux Philippiens

Septembre 1871

Paul avait été prisonnier depuis quatre ans, soit à Césarée, soit à Rome, et enchaîné depuis deux ans à un soldat. On allait lui faire son procès. L'effet de sa captivité était de lui faire sentir que Christ était au-dessus de tout. Ses liens, les gens qui prêchaient Christ par envie, etc., tout lui tournait à salut. Christ avait toujours été et serait toujours glorifié dans son corps. Humainement parlant, son ministère public avait été complètement arrêté, mais cela tournait au profit de l'Evangile. Ses liens étaient reconnus comme étant en Christ et non pas comme étant ceux d'un malfaiteur.


Sauf au commencement du chapitre 3, il n'y a pas de doctrine dans l'Epître aux Philippiens. C'est la vie chrétienne réalisée selon la puissance de l'Esprit.


Le salut dans les Philippiens, c'est le bout de la carrière, la délivrance finale.


1: 19. «afin que vous discerniez ce qui est le plus excellent». Il ne veut pas seulement qu'on évite le mal, mais il veut qu'on sache discerner les choses préférables pour Christ. Il veut qu'on se demande: Est-ce cela que Jésus Christ lui-même voudrait que je fisse? Voilà les choses excellentes. On devrait y être passé maître.


La volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite, c'est ce qui est agréable à Dieu (Romains 12: 2). L'effet, c'est qu'elle est agréable aussi à moi. On me prend mon habit, je donne aussi mon manteau; non pas que cela me soit agréable, mais je dis: Plaire à Christ vaut mieux que mon manteau.


1: 19. «L'esprit de Jésus Christ», c'est l'Esprit réalisant tout ce qui est en Christ pour l'âme, s'intéressant à tout ce qui concerne l'Eglise.

En Romains 8, on trouve l'Esprit présenté sous trois caractères différents: 1° l'Esprit de Dieu en contraste avec la chair; 2° l'Esprit de Christ, qui forme la vie divine en nous; 3° l'Esprit de Celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts, c'est-à-dire l'Esprit par la puissance duquel s'accomplira la délivrance finale.


1: 21. «Pour moi, vivre c'est Christ». Ce n'est pas l'exposé de la position, mais de l'expérience de Paul.

C'est son histoire et quelle histoire! nous devrions tous faire cette expérience. Christ était le seul but, la seule force agissante. Oh! comme cela humilie!


1: 27. «Combattant avec la foi de l'Evangile». Cette expression, la foi de l'évangile est une personnification qui se lie au point de vue de cette épître, où l'Evangile est montré comme étant en lutte avec le monde; Paul et ses compagnons, comme étant identifiés avec l'Evangile dans ce combat.


1: 28. Quand on rencontre l'adversaire et qu'on n'est pas épouvanté, l'adversaire est vaincu, parce qu'il a trouvé Christ en nous et que Christ a déjà vaincu Satan.


Il y a peu de progrès en intelligence spirituelle dans les temps de persécution, parce que toute l'attention est portée sur le besoin de tenir bon. On connaît mieux et Dieu et soi-même dans les temps de paix, quoiqu'il y ait le danger de se relâcher. Toutefois Christ suffit pour les deux cas.


Au chapitre 2, nous trouvons le caractère chrétien propre, le sentiment qui était en Christ; au chapitre 3, l'énergie qui rend victorieux de toute l'influence des choses qui nous entourent; au chapitre 4, la supériorité complète à toutes les circonstances. — Au chapitre 2, Christ descend et ne fait que descendre, depuis la forme de Dieu jusqu'à la croix; au chapitre 3 il est monté. — Au chapitre 2, on tient compte de tout pour plaire aux autres. En regardant à Christ, j'ai devant moi ce qui est gracieux ici-bas; je pense à ne froisser personne. C'est l'abnégation de soi-même et l'humilité; on descend toujours. Au chapitre 3, on ne tient compte de rien. On poursuit Christ en haut, et cela donne une énergie qui ne tient compte de rien.


2: 1. L'apôtre prend ce qu'ils avaient fait, pour point de départ de son exhortation. Quelle délicatesse d'application!


2: 3. Il est difficile à l'esprit humain de comprendre comment on peut estimer les autres supérieurs à soi-même. Mais, si je me tiens près du Seigneur, ou bien je sens mon néant, ou je me juge moi-même. D'autre part, quand je vois mon frère, je juge avec le Seigneur combien il Lui est précieux, et si c'est un homme en chute, j'en dis autant de bien que je peux, comme Paul des Corinthiens. — Je dis de l'un: Il a plus de grâce que moi; de l'autre: Il a plus d'énergie que moi. Il ne s'agit pas ici des actes, mais des personnes.


2: 2, 5. Vous avez à coeur de me rendre heureux? Eh bien! rendez ma joie accomplie. C'était au fond une répréhension, mais quelle délicatesse dans la manière de la faire! Voici le chemin pour arriver à l'unité de sentiment: Christ est le premier témoin de ce qu'il a dit: que celui qui s'abaisse, sera élevé.


2: 5-11. Contraste absolu entre Christ et le premier Adam. Adam, étant homme, s'est élevé pour être égal à Dieu; Christ, étant en forme de Dieu, s'est anéanti en se faisant homme. Adam a désobéi jusqu'à la mort; Christ a obéi jusqu'à la mort. Adam a mis la faute sur sa femme; Christ s'est chargé de la faute de la sienne.


Satan dit (Genèse 3: 5) et Dieu le confirme: (3: 22). «Vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal». Oui, mais sous le joug du péché, ce que Satan s'était bien gardé de dire.


Il est une chose que Satan ne connaît pas, mais pas du tout: l'amour — et voilà ce qui l'a toujours trompé.


Il n'est pas possible à une créature de s'abaisser, de quitter sa place, d'abandonner son premier état; ce serait du péché; mais Dieu, dans son amour, peut s'abaisser. Une fois participants de la vie divine, nous pouvons nous abaisser, nous donner. Nous le pouvons par la grâce souveraine.


2: 12. «Travaillez à votre propre salut» est en contraste avec Paul, non avec Dieu. Paul absent et prisonnier, ils étaient maintenant laissés seuls. Jusque-là il avait travaillé pour eux, mais c'est Dieu qui travaillait en eux.


Quand je parle du progrès que je fais, je parle de moi; quand je serai à l'autre rive, ce sera Christ. Il y a une différence du tout au tout.


2: 12. Dans le désert… en paix avec Dieu… oui — avec le diable? non — avec moi? non — avec le monde? non. — il faut donc que je combatte.


2: 12. L'assurance du salut est le seul état chrétien. D'un autre côté, j'aimerais voir plus de crainte parmi les chrétiens. J'ai la paix avec Dieu, mais si j'ai à tenir pour Dieu contre le diable, c'est bien sérieux!


L'Eternel dit: «Nul ne pourra subsister devant toi. Je serai avec toi» (Josué 1: 5); mais il faut que je me garde bien de l'interdit. «Je ne serai plus avec vous» dit-il, «si vous n'exterminez d'entre vous l'interdit» (Josué 7: 12). C'est là qu'il faut la crainte et le tremblement.


 «Déchausse tes souliers de tes pieds, car le lieu où tu es arrêté est une terre sainte», est-il dit à Moïse près du buisson, et aussi à Josué après le Jourdain (Exode 3: 5; Josué 5: 15); c'est-à-dire que, dans les combats de son peuple, Dieu est aussi bien un Dieu de sainteté que dans la rédemption.


Lors de la rédemption à la mer Rouge, Dieu dit: «Ne craignez point, tenez-vous tranquilles et voyez la délivrance de Dieu». Je n'ai aucune part dans la rédemption sinon par mes péchés, mais une fois racheté, sauvé, je suis mis par Dieu dans le désert. Il faut maintenant que je le traverse, et Satan dit: Je t'en empêcherai tant que je pourrai. — Je dois vaincre; c'est sérieux. Voilà la crainte et le tremblement.

En 1 Pierre 1: 17, 18, je trouve l'assurance du salut et la crainte dans le même passage.


Quand Dieu apparaît à Moïse dans le buisson, il ne dit pas un mot du désert. Exode 15 n'en parle pas non plus,

Dieu les avait amenés à lui-même. C'est ce que signifie «à la demeure de ta sainteté» en Exode 14: 13. Mais s'agit-il de l'héritage, c'est une chose à venir: «Tu les introduiras» (Exode 15: 17).


Ton salut est conservé en moi, là haut, en parfaite sûreté; mais je suis en toi. Va maintenant me glorifier dans le monde. — Plus on sera sûr de son salut, plus on craindra en traversant ce monde. — Tu me représentes sur la terre, sois sur tes gardes. Paul en a fait l'expérience. Les jeunes chrétiens n'y pensent pas autant.


Moi en Christ, voilà mon acceptation devant Dieu. Christ en moi, voilà ce que je dois montrer dans le monde.


2: 14, 15. Dans chaque partie de cette phrase, où les caractères de la vie et de la marche par l'Esprit nous sont présentés, vous trouverez un des caractères de Christ: il était sans reproche et pur, fils de Dieu, irréprochable, reluisant comme un luminaire dans le monde, présentant la Parole de vie. Les chrétiens sont appelés à être la reproduction de Lui-même dans tous les traits moraux de son caractère. Quant à Christ, sa parole était l'expression de ce que Lui était.


3: 7, 8. Il y a chez Paul non seulement le commencement: «je l'ai regardé…» «j'ai fait la perte…» etc. mais: «je les regarde» et «je les estime». Voilà la persévérance.


3: 9. Dans l'épître aux Philippiens, nous n'avons ni le salut, ni même la justification (ou plutôt la justice) avant la fin. «Afin que je sois trouvé en lui, n'ayant pas ma justice etc.», c'est la justice au jour du jugement.


3: 10, 11, «pour le connaître lui et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort». Si je dois avoir les souffrances, tant mieux, pourvu que je gagne Christ. L'apôtre était en danger de mort. Il dit: J'ai renoncé à tout; je ne veux qu'un Christ glorifié. Les disciples, en suivant Christ qui montait à Jérusalem, tremblaient; Paul aime ce chemin. Si la mort s'y trouve, eh bien se sera la conformité à sa mort. Tout m'est bon, pourvu que j'arrive à tout prix. Je veux arriver au but! La puissance de la résurrection agissait dans son âme et le poussait à chercher la résurrection elle-même… mais il faut passer par la mort… Tant mieux!


3: 14. «Le prix» ne se rapporte, pas au service, mais à la «vocation».


3: 15. «Nous tous qui sommes parfaits». Il y a des chrétiens qui connaissent la puissance de la croix, mais se sentent encore plus ou moins de ce monde, comme citoyens, etc. Lui, Paul, n'était pas ainsi et c'était là la perfection. Il était un homme ressuscité. Je suis ressuscité avec Christ; alors j'ai la perfection dans le sens de la position chrétienne. Un chrétien, qui n'a pas la connaissance de cette position, n'est pas parfait. Sans doute, dans un autre sens, Paul n'avait pas atteint la perfection (verset 12) c'est-à-dire Christ et la résurrection d'entre les morts; mais son christianisme est qu'il est ressuscité, qu'il n'a pas plus affaire avec le monde qu'un homme ressuscité. Autre chose est de se dire: Christ est mort pour mes péchés et je serai avec lui dans le ciel, — ou bien: Je suis ressuscité avec lui et je ne m'inquiète pas plus de ce monde qu'un ressuscité, quoique je doive le traverser. Il veut avoir dans son âme (dans son corps, il n'y était pas) la puissance de la résurrection, qui sorte complètement de la vie religieuse et mondaine.


3: 15. «Si en quelque chose vous avez un autre sentiment».

Il y a bien des gens qui reçoivent le pardon, mais quant à toutes ces choses: la mort, la résurrection en Christ et avec Christ, ils disent qu'ils n'y comprennent rien. Ce sont ceux qui ont un autre sentiment que celui de l'apôtre; toutefois, ce n'est pas une cause de séparation, mais «marchons suivant une même règle, dans les choses auxquelles nous sommes parvenus», c'est-à-dire la foi à la personne et au sang de Jésus. Dans Galates 6: 16, la règle est en contraste avec les judaïsants.


Ceux qui ont le même sentiment que l'apôtre, sont comme les dix tribus et demie au delà du Jourdain, ceux qui ont un autre sentiment comme les deux tribus et demie en deçà. Puis il y avait une multitude mixte, qui montait avec le peuple et qui n'était pas du tout Israël; pareils à ceux qui, dans notre passage, marchent et sont ennemis de la croix de Christ, desquels la fin est la perdition (versets 18, 19).


Que vos pieds soient dans le chemin étroit, et votre coeur aussi large que possible.


3: 18. La croix de Christ est la rupture complète avec le monde. Etre «ennemis de la croix de Christ», c'est être ennemis de la mort au monde. Il ne s'agit pas de l'expiation, car on peut pleinement recevoir cette vérité et ne pas rompre avec ce monde.


La mondanité est beaucoup plus difficile à définir que la dissolution. Ce n'est ni noir ni blanc, c'est gris. Seulement il reste vrai, que si le coeur est dans le monde, on n'est pas vraiment chrétien.


3: 20. Sa conversation était déjà dans le ciel, et puis il attendait Christ pour y être introduit de fait. «Conversation» signifie proprement toutes les relations de la vie, pensées, habitudes, etc. Tout cela se mouvait dans les cieux. — Quand la conscience agit, la chose n'est pas difficile à comprendre. Ainsi je dirai: Combien de temps ai-je passé dans le ciel aujourd'hui?


4: 5. Si tous mes intérêts sont dans le ciel, je ne serai pas exigeant pour mes droits d'ici-bas: je supporterai l'injustice.


4: 6-9. «Ne vous inquiétez de rien». Il n'y a place pour aucune inquiétude, quelle qu'elle soit.

L'apôtre ne dit pas qu'on aura ce qu'on demandera, mais au lieu de porter le fardeau, je vais au trône de Dieu. Lui n'est pas ébranlé, son coeur n'est pas agité. C'est donc «la paix de Dieu» qui garde mon coeur. — Aussitôt que je remets mon affaire à Dieu, c'est à quelqu'un en qui j'ai confiance, et je le fais «avec des actions de grâces», c'est-à-dire que je le remercie avant même qu'il s'en soit occupé. Un homme qui se fâche parce qu'il n'est pas exaucé, n'a pas remis son affaire à Dieu.— Si je lui demande une chose selon sa volonté, je sais que j'ai les choses demandées; mais si je ne sais pas quelle est sa volonté et que j'expose ma requête, la paix de Dieu garde mon coeur dans le Christ Jésus. — Maintenant que le fidèle est tranquille, il peut jouir de tout ce qui est bon. Le coeur est débarrassé du mal et des inquiétudes, pour jouir des choses dont Dieu jouit lui-même. On peut s'affaisser en s'occupant trop du mal. L'apôtre portait avec lui une source de joie. An milieu de tout ce qui l'exerçait, il demeurait dans le sanctuaire.


La paix de Christ, c'est la paix dont Christ a joui et qu'il a faite et qu'il donne (Jean 14: 27).


4: 11-14. A la fin de sa carrière, Paul peut dire: Je réponds pour Christ, ayant tout traversé. Je me porte garant pour les autres que jamais il ne manquera puisqu'il ne m'a jamais manqué.


4: 19. «mon Dieu», le Dieu que je connais si bien.

Moi, je sais ce qu'il est, il ne m'a jamais fait défaut. Et cependant il avait été quatre ans prisonnier, dont deux enchaîné à un soldat. — Il vivait dans le sentiment continuel de ce que Dieu était, et Jésus. Pourquoi parler des richesses de Dieu dans la gloire divine, quand il s'agit d'un peu de pain? Quand il parle en Tite 2: 9, aux serviteurs de leur service et qu'il les exhorte à être soumis, à ne rien détourner, etc., il y joint toute l'histoire de la manifestation de la grâce jusqu'à la gloire. — C'est qu'il vivait dans ces choses et introduisait Dieu dans tous les détails de la vie, selon ses richesses en gloire. On lie ces choses ensemble, quand on y vit.


Tite 2: 11. Grâce, enseignement pour la vie, rachat, caractères de la vie chrétienne, gloire et délivrance par l'apparition du Seigneur Jésus, — il n'y a rien qui résume plus complètement tout le christianisme, que ce passage de Tite.


Rien de plus dangereux pour un homme que de prêcher par l'intelligence et de ne pas vivre dans les vérités qu'il annonce. C'est le chemin d'une chute. De plus, il n'y a pas d'onction. En parlant de cette manière, il est rare qu'on applique la vérité à sa place. Par exemple, on parlera de grâce à une âme qui a besoin d'être reprise. Si je suis droit, la vérité agira tout premièrement sur mon propre coeur. En outre, nous avons à veiller à ne pas dépasser la mesure de notre don.

ME 1871 page 361 – Romains 6 ou la mort en Christ

Septembre 1871

Dans les épîtres aux Romains, aux Ephésiens et aux Colossiens, l'état de l'homme, quoique au fond toujours le même, est envisagé sous différents aspects.

L'épître aux Romains nous présente l'homme vivant dans le péché, mais mort à Dieu. La mort doit intervenir pour le délivrer du mal. — Dans les Ephésiens, l'homme est mort dans ses péchés. Dieu intervient et le sort de cet état. C'est une toute nouvelle création. — Dans l'épître aux Colossiens, ces deux points de vue sont réunis (Colossiens 2: 13, 20; 3: 1, 7).

De ces différents aspects naît un exposé de doctrine, qui diffère dans les trois épîtres en question. — Dans les Romains, il n'est pas question de notre résurrection avec Christ, (quoique nous soyons vus en Christ au chapitre 8: 1) mais bien de notre mort avec lui. L'apôtre veut en finir avec le vieil homme, avec l'homme sous sa propre responsabilité. — Les Ephésiens nous développent en plein les conseils de Dieu et nous montrent l'homme assis dans les lieux célestes en Christ. — Enfin l'épître aux Colossiens ne traite pas de ce dernier point. Elle présente, il est vrai, le croyant comme ressuscité avec Christ, mais comme étant encore sur la terre où il a ses «membres», et regardant en haut, où sa vie est cachée avec Christ en Dieu.

L'épître aux Galates (2: 19, 20) nous offre un point particulier de la question. «Par la loi, je suis mort à la loi». L'apôtre donne toute sa force à la loi; cette dernière l'a tué. Mais s'il ne se fût agi que de la loi, ce serait la condamnation et la mort; c'est pourquoi il ajoute: «Je suis crucifié avec Christ». C'est-à-dire, que Christ ayant pris sur lui toute la malédiction, moi je suis au bénéfice de sa mort.


Dans les Colossiens, Dieu nous tient pour morts et dans les Romains, c'est nous qui nous tenons pour tels.


Romains 6. Le vieil homme n'a aucun désir de mourir, le nouvel homme ne doit pas mourir; c'est pourquoi nous sommes appelés à nous tenir pour morts. La profession chrétienne, c'est que, Christ étant mort le premier, nous avons part à un Christ mort, autrement nous serions encore dans nos péchés.


Si je me tenais toujours pour mort, le péché ne pourrait pas bouger et Satan ne pourrait pas me tenter. Un mort ne remue pas. Voilà la vraie délivrance.


J'ai dans ma maison un domestique voleur. Aussi longtemps que je le crois honnête, j'ai toute confiance en lui; je laisse mes armoires ouvertes et il met tout au pillage. — Si j'ai bien vu qu'il est voleur et que je ne puisse le chasser, je mets tout sous clef, ce qui n'empêche pas qu'il ne me vole de nouveau, si je laisse la clef dans quelque serrure. Il en est ainsi de la chair en nous.


Dans toute la seconde partie des Romains, il s'agit de l'état de l'homme et non pas de ses actes. Par l'acte d'un seul, j'en ai fini avec mon état, avec le vieil homme. Saisir cela est d'une immense portée pour la pratique. A mes actes répondent le pardon et la justification; à mon état, la délivrance.


Par la désobéissance, l'homme est désormais un pécheur qui a une mauvaise nature, et il se trouve dans un état d'éloignement de Dieu.


Romains 6: 7. «Celui qui est mort, est quitte du péché». On ne peut accuser un homme mort d'avoir de mauvaises convoitises, ni une méchante volonté. — Ce n'est pas: «Il faut que je meure»; mais: «Je suis mort au péché, parce que Christ est mort au péché». Je fais mon compte que je suis mort. Christ est désormais ma vie et moi, en tant que dans la chair, je n'existe plus. Je vois que le vrai moi n'est plus l'ancienne nature, mais la nouvelle, Christ en moi. Afin de réaliser la chose en pratique, il faut que d'abord nous nous tenions pour morts.


Romains 6: 6. Pour la pratique, c'est-à-dire pour que nous ne péchions pas, il faut avoir saisi que le vieil homme a été crucifié. Christ a été crucifié à ma place et moi je suis mort. — Le moyen de ne pas céder au vieil homme, c'est de me tenir pour mort.

Il ne m'est pas difficile de croire quelqu'un qui me dit: «Tes dettes sont payées», pourvu toutefois que j'aie confiance en lui. Mais quand on me dit: «Tu es mort», c'est bien plus difficile à croire, parce que l'expérience contredit la doctrine.


Je ne suis réellement affranchi, que lorsque je connais que je suis mort. Ce n'est pas seulement une affaire de doctrine; il faut que je sois arrivé au bout de la chair d'une manière expérimentale. Je puis avoir reçu la chose comme doctrine, sans être arrivé par l'expérience à la conclusion, qu'il n'y a rien de bon en moi. La puissance n'est pas donnée avant que j'en aie fini avec moi-même, ayant réellement fait l'expérience de ce que c'est que la chair. Il n'est pas nécessaire pour cela de tomber dans le péché. Je puis apprendre ce que c'est que le péché en moi, soit avec Dieu, soit avec Satan. Dans le premier cas, c'est par le jugement de moi-même en communion avec Dieu; dans le second cas, c'est par une chute. Moïse a dû être quarante ans au désert, pour apprendre à être gardé de lui-même; Paul, après avoir commencé à prêcher au bout de trois jours, a été mis de côté pendant trois ans. Pierre a appris à se connaître par une chute positive.


La chair peut être hardie ou craintive. Elle peut être les deux dans le même homme. Moïse tue l'Egyptien et il dit plus tard: «J'ai la bouche et la langue empêchées».


2 Corinthiens 1: 9; 4: 10. L'apôtre se tenait moralement pour mort; aussi quand la mort se présentait, il était plus que vainqueur. Elle ne faisait que l'amener à Christ.


2 Corinthiens 4: 11. Paul, quand il passait par des souffrances qui sont destinées à mater la chair, endurait des «souffrances pour Christ». En un sens, c'est la perfection. Chez nous, hélas! la discipline s'y mêle souvent.


2 Corinthiens 4: 12. La mort agissait en Paul de telle sorte, que la chair ne bougeait pas. Il était si bien mort, que Christ seul vivait en lui. Cela permettait à la vie de Jésus, de la part de Paul, d'agir à l'égard des Corinthiens.


Romains 5: 18. La démonstration de la justice, c'est que Christ ayant accompli l'oeuvre, Dieu l'a élevé à sa droite. Christ a fait la chose dans laquelle la justice est accomplie.


Jusqu'à la fin du chapitre 4 des Romains, la justification ne va pas plus loin que la rémission. Il y a dans cette épître quatre choses qui justifient: Dieu, la grâce, le sang et la foi; mais jusque-là le côté positif de la justification manque encore.


Il y a, si l'on ose s'exprimer ainsi, une justification négative et une justification positive. La première est la justification de ce qu'on a fait, la seconde comprend l'acceptation.


Christ a fait tout ce qui glorifiait Dieu, et le voilà comme homme placé dans la gloire de Dieu. Nous avons part à cela. C'est plus que le pardon des péchés.