Mes plaisirs étaient avec les fils des hommes

ME 1872 page 6 - Lisez Luc 2 - Darby J.N.

 

Chers amis, quelque familière que nous en soit la pensée, c'est après tout une chose merveilleuse, que le Fils de Dieu ait dû venir dans ce monde de pécheurs, et une chose bien plus merveilleuse encore, qu'Il ait dû mourir pour eux. Et, en effet, le Fils de Dieu vint, manifestant pleinement ce que nous sommes par la manière dont Il fut reçu ici-bas, mais en même temps plein de joie et de bénédiction pour nous. Il était, Lui, l'objet immédiat des délices du Père; puis il mourut et ressuscita et il nous donna ainsi une part avec Lui dans la lumière et la bénédiction, où il a pris place Lui-même.

C'est une chose merveilleuse, en premier lieu, que Dieu soit venu dans le monde, que la grâce et la vérité soient venues ici-bas; et nous les avons l'une et l'autre en Jésus Christ, car «la loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (Jean 5: 17). Il ne s'agit pas ici de nos devoirs ou du jugement à venir, mais de ce grand fait, que Lui vint dans ce monde, dans ce monde souillé, plein de violence et d'iniquité, et qui est inimitié contre Dieu; et ce qui rend ce fait si particulièrement merveilleux, c'est que Lui, le Fils de Dieu, vint comme un enfant (quoique né miraculeusement), comme l'un de nous, un vrai homme dans ce monde de misère. Il y a plus encore, car c'est une chose complètement différente pour Dieu, de s'occuper des enfants d'Adam, au point de vue de ce qu'ils sont et de ce qu'ils peuvent apporter à Dieu, de ce qu'est leur justice, Dieu envisageant l'homme comme responsable devant Lui, ou de s'occuper de l'homme selon ses propres pensées. C'est ce dernier point qui est la vérité, quand la grâce est rejetée; non pas que Dieu ne tienne pas compte de notre responsabilité, mais c'est une chose complètement différente pour Dieu, de révéler et d'accomplir les pensées de son propre coeur et de rechercher et de mettre à découvert les pensées de nos coeurs. Ces voies envers l'homme, sur le principe de ce que l'homme est et de ce qu'il a fait, aboutissent au jugement; en Christ, au contraire, Il révèle les pensées de son propre coeur.

En Christ, Dieu nous révèle ses propres pensées avant que le monde fût, les desseins et les conseils de Dieu qui n'étaient en aucune manière dans le premier Adam, mais qui sont dans le dernier Adam. Aussitôt que l'homme eut péché, la grâce ouvrit la porte pour nous révéler ces choses: la semence de la femme écrasera la tête du serpent (Genèse 3: 15). Adam n'était pas la semence de la femme. La promesse ne regardait pas le premier homme, ni n'était faite à lui; mais elle était une révélation que Lui viendrait, la semence de la femme, qui écraserait la tête du serpent et détruirait sa puissance. Sur cette base de la promesse, la foi pouvait s'appuyer; les promesses et les prophètes ont toujours présenté le même objet. «En toi seront bénies toutes les familles de la terre»; «à Lui tous les prophètes rendent témoignage». Les prophètes avaient à faire aux hommes et à appliquer la loi à leurs consciences; mais en Christ, Dieu nous présente Celui en qui toutes ses pensées et ses conseils se concentrent en grâce envers de pauvres pécheurs, «car autant il y a de promesses de Dieu, en Lui est le oui et en Lui l'amen, à la gloire de Dieu par nous». «Toutes choses sont pour nous», quoique toutes, elles soient certainement pour la gloire de Dieu.

Une autre vérité, liée à celle-ci, c'est que ce n'est qu'en Christ que nous pouvons concilier les desseins de Dieu dans la pleine bénédiction de la vie, et la responsabilité de l'homme. Païens et chrétiens ont raisonné sur ce sujet. Dans le jardin d'Eden, il y avait l'arbre de vie et l'arbre de la connaissance du bien et du mal, — la vie d'un côté, la responsabilité de l'autre. L'homme faillit: il mangea de l'arbre de la connaissance, et ne put parvenir jusqu'à l'arbre de vie. La loi apporta le même principe, la responsabilité et la vie; elle dit: «Fais ces choses et tu vivras». Mais Jésus, le Seigneur, le second homme, vient; il fait la volonté de son Père en toutes choses, et la grâce souveraine se charge de nos responsabilités. Christ se charge des conséquences de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et il est la vie; il porte ces conséquences en son corps sur le bois, et il fait bien plus, il glorifie Dieu parfaitement!

Dieu tient compte de toute notre misère et satisfait à tous nos besoins, et nous trouvons en Christ la vie éternelle, et la joie et la bénédiction qui s'y rattachent dans le complet résultat de tous ces conseils de Dieu: — rien de moins que cela! Quoique la responsabilité soit mise à l'épreuve, cependant être semblable au Fils de Dieu dans la gloire, n'a rien à faire avec ma responsabilité! Nul homme n'eût osé imaginer une chose pareille; mais elle était la pensée et le conseil de Dieu en Christ. Elle ne fut pas révélée avant que Jésus n'eût souffert la croix, car nous ne pouvions y avoir aucune part, si ce n'est par la croix, Avant que le monde fût, la pensée de Dieu a été d'avoir un peuple sauvé et racheté, amené à la même place que Christ, et associé à Lui, quoique Lui ait toujours la prééminence, je n'ai pas besoin de le dire. «Ton Dieu t'a oint d'une huile de joie par dessus tes compagnons» (Psaumes 45: 7). Qui pourrait prétendre à être le «compagnon» du Fils de Dieu, si ce n'était en vertu du Fils de Dieu; la pensée de Dieu reposait sur Lui, en relation avec l'homme.

Le premier Adam est entièrement éprouvé, convaincu, et mis de côté depuis Eden jusqu'à la croix; alors, le second Homme est introduit. Dieu n'établirait jamais le dernier Adam en même temps que le premier: le premier Adam était un homme tombé; le dernier Adam est l'homme des conseils de Dieu, et Dieu l'établit à la place du premier, quand celui-ci a failli dans notre responsabilité. C'est le premier principe. Tite nous présente le second: «Dans l'espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles» (Tite 1: 1, 2, 3). Alors c'était l'espérance de la vie éternelle. Ailleurs, nous trouvons la même vérité: «Qui nous a sauvés…, non selon nos oeuvres, mais selon son propre dessein et sa propre grâce, qui nous a été donnée dans le Christ Jésus, avant les temps des siècles» (2 Timothée 1: 9). Ces pensées et ces conseils de Dieu nous furent donnés en Christ avant que le monde fût.

Si maintenant nous nous reportons pour un moment au chapitre 8 du livre des Proverbes, nous y trouverons un passage remarquable qui se rattache à ce sujet. Christ nous y est présenté, avant que le monde fût, comme la sagesse, les délices du Père tous les jours, ayant ses plaisirs avec les fils des hommes. Ensuite nous trouvons l'homme dans sa responsabilité; et la première chose que l'homme fait, c'est de tomber: il doute de Dieu, et cela avant qu'il y eut aucune convoitise; il écoute Satan, il met en question l'amour de Dieu, il mange du fruit et il est un homme tombé. Alors vient la loi et l'homme érige le veau d'or et viole la loi, et c'en est fait de lui comme homme responsable! Enfin, — c'était la dernière ressource, — Dieu envoie son Fils: «Ils auront du respect pour mon Fils»; «mais maintenant, ils ont et vu et haï et moi et mon Père»; et ils le jetèrent hors de la vigne. Ainsi finit l'histoire de la responsabilité. Ce fut lorsque l'homme fut devenu un pécheur et qu'il eut violé la loi que le Fils de l'homme vint dans ce monde en grâce: «Mais maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l'abolition du péché par le sacrifice de lui-même» (Hébreux 9: 26). Dieu dit: «en la consommation des siècles», parce que l'histoire morale de l'homme est complètement terminée (la grâce n'a pas pris fin): l'homme n'est pas moins intellectuel qu'auparavant, il inventera les chemins de fer, les télégraphes et je ne sais quoi; mais quel rapport toutes ces choses ont-elles avec le caractère moral de Dieu ou avec le ciel? La mort est entrée dans le monde par le péché, et elle met fin à toutes ces choses. Il n'y a pas de télégraphes dans le ciel! Les hommes s'aveuglent eux-mêmes; dans leurs pensées, leurs sentiments et leurs coeurs, il n'y a pas un seul lien avec Dieu, mais des liens sans nombre avec ce monde-ci. Il y a des hommes de génie, sans doute, mais tout fait partie de «la figure de ce monde» qui passe; et quand l'homme rend l'esprit, en ce jour-là ses desseins périssent (Psaumes 146: 4). Vous pouvez placer un monument sur sa tombe, mais il vous parlera de la mort!

Dieu a remis ce monde entre les mains de l'homme, et l'homme a inventé beaucoup de choses; mais les enfants sont-ils plus obéissants, les femmes plus fidèles, les serviteurs plus probes; et tous ces développements des capacités intellectuelles, en envisageant les choses au point de vue le plus bas, ont-ils eu pour effet de rendre les hommes plus heureux, plus dignes de confiance? Un monde dans lequel les hommes ne peuvent pas se fier l'un à l'autre est un misérable monde. Ce qu'on appelle progrès ne donne pas plus de confiance d'homme à homme, sans parler de Dieu; et il n'y a rien dans toutes ces choses qui se rapporte à l'âme.

L'histoire de l'homme se termina ainsi à la croix. Sans loi d'abord, ensuite violateur de la loi, l'homme à la fin se montre ennemi de Dieu; et puis vient l'oeuvre glorieuse et parfaite du second Adam qui, dans sa personne, satisfaisait à tous les besoins et amenait le plein accomplissement de tous les desseins de Dieu. Il a introduit l'homme dans une sphère entièrement nouvelle, par la mort, la résurrection et finalement la gloire, et il a réglé toute la question de la responsabilité.

Mais Dieu parle à nos coeurs et il dit (c'est à quoi je désire que vous prêtiez attention): «Comprenez bien ce que je vais faire; je veux gagner vos coeurs et les amener à se confier parfaitement en moi par le témoignage de ce qu'il y a dans mon coeur; et pour ce qui est de vos péchés, moi, j'ai tout réglé!» Quand Dieu ne pouvait pas supporter mes péchés, au lieu de m'ôter, moi, il a ôté mes péchés, et je me trouve placé devant lui selon la valeur de l'oeuvre par laquelle ils ont été ôtés.

Je voudrais vous faire comprendre, chers amis, comment Dieu nous amène à avoir conscience que, lorsque cette oeuvre est accomplie, c'en est fait du mauvais arbre. Je n'avais pas seulement péché, mais j'étais un pécheur, et la question entre Dieu et moi, relativement à ce que je suis, est parfaitement réglée. Je ne parle pas du caractère, car il n'y en a pas deux qui se ressemblent; chacun de nous a son caractère à lui. Je peux parler d'un beau trait de caractère dans un homme, comme je peux dire que les fleurs d'un pommier sauvage sont plus belles que celles d'un pommier greffé; mais que me font les belles fleurs si le fruit est mauvais. Je coupe l'arbre tout entier; c'est cela que Dieu a fait. Si je vois les choses comme elles sont, spirituellement, je ne pense pas aux jolies fleurs de l'arbre sauvage, mais, je pense aux fruits; et ainsi pour l'homme: Dieu a condamné le vieil homme tout entier, il l'a coupé, Christ y est greffé et alors j'attends du fruit.

Si je tourne mes regards vers les pensées et les conseils de Dieu, je vois que ses plaisirs étaient avec les fils des hommes. «Ses» plaisirs n'étaient pas dans les anges; ils sont les témoins qu'il a gardé de chute une créature, et nous sommes les témoins qu'il a racheté une créature qui était tombée. Dieu ne parle pas de desseins relativement aux anges; il n'a pas pris les anges, mais il s'est fait homme (Hébreux 2: 16). Alors sa présence ici-bas met à l'épreuve le caractère moral de ce monde. Christ vint en grâce n'exigeant rien de l'homme, mais leur apportant la grâce. Si vous regardez à lui dans sa vie ici-bas, vous voyez tous les effets présents du péché s'évanouissant devant la puissance qu'il apporte: la mort disparaît devant lui, les infirmités, les maladies, les démons sont chassés. Il vient dans une puissance qui est suffisante pour ôter tous les effets de la puissance de Satan; et il le fait en grâce. Tel est le caractère de l'oeuvre de Christ. Il n'a fait aucun miracle, qui ne fût l'expression d'une grâce et d'une puissance, qui répondaient à un besoin dans l'homme ou qui annulaient la puissance de Satan, un seul cas excepté, celui du figuier, où la responsabilité était en question. Il maudit le figuier, c'est le jugement de l'homme. Israël était la vigne de Dieu; il aurait dû porter du fruit, mais quand Dieu vient et qu'il regarde, il n'en trouve point, et il dit: «Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi» (Matthieu 21: 19). La chair est jugée, mise de côté, et mon coeur est amené à le comprendre et à reconnaître qu'elle a été condamnée à la croix.

Mais regardons au Seigneur, le second homme, venant dans le monde. Nous voyons la place qu'il y trouve; mais quand les anges célèbrent sa louange, ils vont bien plus loin. Quel est le signe du Fils de l'homme venant dans ce monde? Sans doute, en premier lieu (mais je ne m'arrête par sur ce point), les promesses faites à Israël doivent s'accomplir. Mais c'est ici le signe: «Vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche» (Luc 2: 12). Une hôtellerie est le lieu où l'on mesure un homme; elle émeut l'orgueil de l'homme; le premier étage est pour le riche, les mansardes pour le pauvre; mais pour Lui, il n'y a point de place! Point de place dans la grande hôtellerie de ce monde! Il a pu être couché dans la crèche quand il naquit, et finir à la croix, et tout le long du chemin n'avoir pas un lieu où reposer sa tête. Est-ce ainsi, mes chers amis, que vous connaissez Jésus? Notre éducation nous a habitués à l'exalter; toutefois c'est ici toujours l'estimation qu'a fait de Lui le monde: il n'y a point de place pour Lui! Le monde n'est jamais changé jusqu'à ce que le coeur soit changé; il demeure exactement ce qu'il était alors, avec cette responsabilité de plus, savoir la réjection de Christ.

Supposez un homme venant de Chine dans cette ville où nous sommes, et disant: «Je désire voir le christianisme, des épîtres de grâce et de vérité». Ne dirait-il pas, en regardant autour de lui: «Tout ce que je vois, nous le faisons en Chine; vous courez après le plaisir, la fortune, les sciences et les arts, etc.!» Votre jugement moral de ce monde est-il celui-ci, c'est que le Fils de Dieu n'y a point trouvé de place, que dans ce monde il a commencé par la crèche, qu'il a fini par la croix, et n'a pas trouvé entre deux un lieu où reposer sa tête? Le Fils de Dieu vient en grâce, et c'est là ce qui retentit du ciel quand les anges célèbrent Dieu. Qu'il est beau de voir les anges se réjouir de la bénédiction de l'homme, alors qu'eux-mêmes sont laissés de côté! Ils célèbrent ses louanges: «Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts, et sur la terre, paix, et bon plaisir dans les. hommes». Vos coeurs, mes chers amis, entendent-ils cette voix? Comprenez-vous, que le coeur de Dieu se réjouissait dans les fils des hommes, non par une miséricorde générale, mais en ce qu'il était devenu lui-même un homme? Regardez à Lui: C'est lui qui est l'objet, la personne sur qui repose le regard de Dieu. Il est descendu au milieu d'une scène comme celle-ci, et Dieu dit: Quoique vous soyez pécheurs, je veux que vos coeurs se confient en moi; et pour que vous le fassiez, voici mon Fils qui est descendu, et il est venu comme un enfant. L'amour de Dieu était bien au-delà de la pensée de l'homme. Pourquoi les anges disent-ils: «Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts»? Parce que le Fils de Dieu est devenu homme! Le fait des anges ne disait pas «gloire»; mais quand ce petit enfant est là, qui n'avait pas de place dans le monde, la multitude de l'armée céleste peut faire entendre ce cantique. Rien n'est semblable à ce fait merveilleux: «Le Verbe fut fait chair et habita au milieu de nous» (Jean 1: 14). La personne du Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, est avec moi, avec moi qui suis un pauvre homme pécheur, afin que j'apprenne comment Dieu est venu me chercher et me trouver d'abord là où j'étais. Il est descendu jusqu'à moi comme un homme, pour démontrer «le bon plaisir de Dieu dans les hommes». Le résultat, «paix sur la terre», n'est pas encore manifesté; mais nous entendons déjà «gloire à Dieu dans les lieux très-hauts!». J'ai appris maintenant et comment Dieu s'est rencontré avec moi. Si un homme était lépreux, il le touchait, alors qu'un autre en eût été souillé; il usait de sa sainteté en grâce pour atteindre des pécheurs souillés.

A la fin du chapitre 3 de l'évangile de Matthieu, il prend cette place merveilleuse pour nous: Jésus vient de Galilée auprès de Jean pour être baptisé par lui, disant: «Ainsi il nous est convenable d'accomplir toute justice». Dès que la parole de Dieu a atteint le coeur de ces pauvres pécheurs, Jésus prend place au milieu d'eux, et il dit: Je m'en vais avec eux, parce que l'Esprit de Dieu a opéré dans leurs âmes. La place de la personne est ainsi bien définie: Jésus prend place au milieu de nous, et, remarquez-le bien, chers amis, il est toujours la même personne depuis la crèche et depuis le moment où il avait douze ans et tout le long de son chemin; mais il ne peut pas laisser faire aux siens un seul pas dans ce que Dieu avait opéré dans leurs coeurs, sans dire: Je m'en vais devant vous, je m'en vais avec vous. Le Christ, qui pouvait dire à la femme samaritaine tout ce qu'elle avait fait, n'était pas là pour le jugement. Si quelqu'un était convaincu de péché, le Seigneur était descendu jusque-là; et pourquoi? Pour me juger? Non, mais pour m'amener à Lui en grâce. Remarquez comment cette place, que le Seigneur prend, est mise en évidence: «Et voici, les cieux lui furent ouverts, et il vit l'Esprit de Dieu, descendant comme une colombe, et venant sur lui. Et voici, une voix des cieux disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir». Les cieux ouverts! Il n'y eut jamais personne avant Lui, sur qui le ciel ait pu s'ouvrir et à qui une voix, la voix du Père, ait pu dire: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir». Il n'y avait rien en lui, que ce en quoi le ciel pouvait prendre plaisir. C'est ici pour moi une vérité d'un prix infini. Le Seigneur Jésus Christ, l'homme qui est l'objet nécessaire et parfait des délices du Père, est dans ce monde, et le Père le reconnaît comme son Fils bien-aimé; et alors le Saint Esprit descend pour le sceller et l'oindre. Je connais maintenant la place que l'homme doit avoir, et le ciel est ouvert sur le monde.

Une autre chose, si possible plus merveilleuse encore, est manifestée: l'homme est introduit à cette place qui lui appartient, selon les conseils et les pensées de Dieu; et c'est alors que Satan est pleinement manifesté. «Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans vos coeurs» (Galates 4: 4). Dans cette position bénie je vois l'homme, mis en rapport avec Dieu: et ici je trouve la première révélation de la Trinité; mais c'est lorsque l'homme entre dans cette relation, avec les pensées et la manière de faire de Dieu, — Dieu, le Fils, et le Saint Esprit, — tous en rapport avec l'homme, et que le ciel s'est ouvert, — afin que tous les conseils de Dieu ne restent pas à l'état de conseils, mais s'accomplissent et soient manifestés. Quelle pensée, que Christ, le Fils de Dieu, soit venu ainsi, non pour le jugement des pécheurs, mais pour ouvrir le ciel pour des fils! C'est la place «type» des saints. Quand il a ainsi pris publiquement sa place en grâce au milieu de nous, alors Dieu dit: Je te reconnais comme mon Fils; et le Saint Esprit descend et le scelle et l'oint.

Mais quelle que soit la grâce, Dieu se montre toujours jaloux de maintenir la gloire de la personne de Christ. Etienne voit le ciel ouvert et ses yeux sont attachés sur lui, et il voit Jésus à la droite de Dieu; il est plein du Saint Esprit, et il regarde en haut vers le ciel; mais le ciel regarde en bas vers Christ. Etienne a un objet devant lui; mais Christ était l'objet du ciel. La gloire de sa personne est toujours maintenue. Ainsi, nous sommes amenés à partager la position merveilleuse de Celui qui est «l'Admirable». Partout nous voyons, que la personne de Christ a la prééminence; mais nous voyons les saints amenés à une place, où il peut nous prendre et nous appeler les «compagnons» du Fils de Dieu, à la communion duquel nous sommes amenés.

Voyez encore un autre exemple du même fait. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Elie apparaissent exactement dans la même gloire que Christ lui-même; mais la gloire de la personne et de la place qui appartient au Fils de Dieu est très spécialement sauvegardée et maintenue. Pierre pensait que c'était un grand honneur d'être semblable à Elie et à Moïse; mais quand il dit: «Faisons ici trois tentes», la voix de la nuée dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai trouvé mon plaisir, écoutez-le» (Luc 9: 35).

Voyez encore à propos des didrachmes. Quand Jésus dit à Pierre: «Les rois de la terre, de qui reçoivent-ils des impôts ou des tributs, de leurs fils ou des étrangers?». Pierre dit: «Des étrangers». Jésus était, Lui, le grand Roi du temple, et cependant, «afin que nous ne les scandalisions pas», il dispose de la création pour trouver la monnaie qu'il faut donner, en disant: «Prends-le et le donne pour moi et pour toi» (Matthieu 17: 27), associant ainsi l'homme à lui-même. La gloire de sa personne est maintenue, mais ce glorieux Fils de Dieu veut gagner la confiance de nos coeurs.

Mais quoique associé à l'homme, il est «seul» ici-bas. «A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul». Il a une triple gloire; il est le Fils de Dieu; il est reconnu Fils de David, monté sur l'ânesse; ensuite les Grecs viennent, et il faut que le Fils de l'homme soit glorifie selon le Psaume 8. Mais s'il est le Fils de l'homme, il faut que toutes les oeuvres de Dieu soient mises sous ses pieds, comme homme, car il n'y a rien qui ne lui soit assujetti. Jusqu'à présent Il est assis sur le trône de son Père, non pas sur son propre trône — il est Fils et héritier. Ce qui l'occupe maintenant, c'est de rassembler les cohéritiers. Il n'attend que le moment où ils seront tous rassemblés, et il viendra. Il n'y a aucun événement, qui doive nécessairement arriver avant ce moment, où Christ viendra ainsi pour nous prendre à lui, et nous avons à attendre du ciel le Fils de Dieu. Il a dit: «Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi». Les vierges, qui s'endormirent, admettaient la pensée d'un intervalle. Mais quelqu'un dira peut-être: «Tout cela est arrivé il y a dix-huit cents ans, où est la promesse de sa venue?» C'est un objet d'attente morale pour l'âme, non pas une supputation de temps, ou de certains événements, et en même temps, «la patience de notre Seigneur est salut». Ce que nous attendons tous, c'est qu'il vienne; alors nous lui serons semblables, et nous serons avec lui dans la gloire.

Mais il était seul, jusqu'à ce que, comme le «grain de blé», il tomba en terre et mourut. Le Saint Esprit ne pouvait pas mettre son sceau sur une âme, qui n'était pas absolument rachetée. La rédemption n'était pas encore une chose accomplie; mais dès qu'elle l'est devenue, Christ peut dire: «Va vers mes frères…»; «je monte vers mon Père et votre Père». Marie-Madeleine se tenait près du sépulcre: elle était si près du coeur de Christ, que tout le monde n'était pour elle qu'un sépulcre vide; Christ n'y était pas. Le coeur de Marie était attaché au Seigneur, quelque ignorante qu'elle fût d'ailleurs, et quelque fausse que fût la place où elle se tenait en cherchant parmi les morts celui qui était vivant. Les disciples s'en vont chez eux; ils étaient satisfaits. Il n'en est pas ainsi de Marie, et c'est elle qui reçoit le message: «Va vers mes frères». Jésus avait appelé sa propre brebis par son nom «Marie!» Alors elle pense qu'elle l'a retrouvé mais il lui dit: «Ne me touche pas». Il n'allait pas maintenant demeurer corporellement au milieu des siens sur la terre; il ne revenait pas pour établir le royaume pour Israël. A Thomas, il permet de le toucher; mais il dit plus à Marie (voyez aussi Matthieu 28: 10, et remarquez le Fils de l'homme dans le Psaume 8).

Maintenant, une fois la rédemption accomplie, l'oeuvre achevée, selon le Psaume 22, il peut dire: «J'annoncerai ton nom à mes frères». Ayant été exaucé d'entre «les cornes des licornes» là où il était comme transpercé dans l'intensité de sa souffrance, sa première pensée est pour ses frères, et il veut les avoir là où il est. J'étais seul jusqu'à ce que je sois mort, maintenant je suis ressuscité, et entré dans une nouvelle position et mon Dieu est leur Dieu, et mon Père est leur Père. «Je chanterai tes louanges au milieu de l'assemblée»: c'est le cantique de la parfaite rédemption, et Lui conduit les louanges. Il place les siens dans la relation; et quand ils sont ainsi rassemblés, il chante au milieu d'eux. Tout ce passage du psaume est accompli dans le vingtième chapitre de Jean; et si Christ conduit ainsi nos louanges, la rédemption est-elle incertaine? Ne serais-je pas en dehors du ton, si je ne me joignais pas à ces louanges? Christ chanterait-il un cantique de louanges, et moi un autre? L'harmonie serait troublée. Il nous a placés dans la même position que lui-même vis-à-vis de son Dieu et Père, et il amène nos coeurs à se joindre à Lui dans son chant triomphal de louanges.

Arrêtons-nous un moment à contempler la plénitude et la bienheureuse perfection de cette oeuvre de la rédemption. Nous étions sous la puissance du péché et de Satan, et nous avions encouru la juste colère de Dieu. Que fait le bien-aimé Sauveur? Il manifeste Dieu; il se place tout seul, à notre place, afin d'achever cette oeuvre, où Dieu doit être glorifié à l'égard du péché et par laquelle l'homme doit être sauvé. Si Dieu avait passé par dessus le péché d'Adam et d'Eve en Eden, j'aurais pu dire que le péché était peu de chose, mais quand je regarde à la croix, cela est impossible. Là je vois Dieu parfaitement glorifié à tous égards par un homme, et d'autant plus glorifié que c'était en présence et à l'égard du péché. Si Dieu avait retranché Adam et Eve, c'eût été un acte juste, mais il n'y aurait eu là aucune déclaration de son amour. Ainsi il ne fut pas possible que la coupe passât loin de lui; et je vois à la croix toute la question du péché vidée en justice, mais avec l'amour infini. La gloire de l'oeuvre va au-delà de nos besoins. La majesté de Dieu fut maintenue là où tout avait été foulé aux pieds; et maintenant le Fils de l'homme est entré dans la gloire de Dieu et est assis sur le trône du Père, témoin que l'amour a fait son oeuvre et que la grâce règne par la justice, en vie éternelle, par Jésus Christ notre Seigneur. Si je contemple Jésus, quand il était sur la terre, je trouve donc en lui le type de ma place avec lui; si je regarde à la croix, je vois l'oeuvre accomplie là et j'apprends ce dont l'oeuvre est digne: elle est digne de la gloire de Dieu dans le ciel. Et maintenant j'ai la place devant Dieu qui est la conséquence de cette oeuvre. Je puis me «réjouir dans l'espérance de la gloire de Dieu», et j'ai reçu l'Esprit d'adoption, par lequel je dis: «Abba, père!» Christ nous a amenés à la place que les conseils de Dieu nous donnaient; nous sommes en relation avec Dieu, comme Père, et Christ est le «premier-né entre plusieurs frères». C'est de quoi le Seigneur parle au chapitre 17 de Jean: «La gloire que tu m'as donnée je la leur ai donnée…, afin que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé». Ensuite, parlant de l'état présent, il dit: «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux». Le Saint Esprit fait descendre dans nos coeurs la plénitude de l'amour du Père pour le Fils. Tout est parfait; tout est grâce inexprimable, et tout nous humilie par conséquent jusque dans la poussière. Mais, mes bien-aimés, n'a-t-il pas le droit d'avoir ses propres pensées à Lui? Assurément. Il veut montrer «les immenses richesses de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus Christ». Et si c'est là ce qu'il veut, rien n'est trop excellent pour moi. Pouvez-vous penser à cela? A quoi d'autre penserais-je? Aurais-je mes propres pensées quand lui a envoyé son Fils mourir pour moi? Le pauvre prodigue pensait: «Traite-moi comme l'un de tes mercenaires»; mais il ne le dit jamais, quand une fois il vient à son père. Il confesse ses péchés, sans doute; mais après qu'il a reçu les baisers de son père et qu'il a été vêtu, il n'y a plus de pensées du fils, mais toutes du père, en sorte que même les serviteurs se réjouissent de ce que le fils est retrouvé. Ce que le Père pense a été manifesté.

Je puis dire maintenant avec une conscience purifiée: Je ne suis rien, mais je suis aimé comme Jésus est aimé; je ne suis pas seulement sauvé par lui, mais je suis béni avec lui. «Tu les as aimés comme tu m'as aimé». Vos pensées sont-elles là? Il nous fait part de toutes choses, quoique nous puissions avoir une route pénible à traverser. Si je marche par l'esprit, si mon âme est pleine de Christ, je n'ai aucune occasion de penser à moi-même. Si je n'ai pas à me juger, je peux penser à lui; mais si je m'égare, j'ai à m'humilier et à me juger. L'état normal d'un chrétien c'est qu'il fasse «tout au nom du Seigneur Jésus», qu'il s'agisse des affaires les plus ordinaires de la vie de tous les jours, d'acheter et de vendre, de meubler ma maison, ou de vêtir mon corps, n'importe; et c'est un principe de conduite bien simple et qui tranche et écarte beaucoup de difficultés.

Je voudrais vous rendre attentifs à une chose au sujet de l'obéissance, de cette obéissance de mon enfant, qui avait grande envie d'aller par un chemin, mais qui s'est tenu près de moi, dans celui que je suivais. Cette obéissance fait plaisir à voir, mais ce n'est pas l'obéissance de Christ. Lui n'a jamais eu une volonté pour désirer d'aller par l'autre chemin. «Si tu es le Fils de Dieu, commande afin que ces pierres deviennent des pains». Non, je suis un serviteur; je ne puis commander, — j'obéis: «L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». C'est l'obéissance de Christ. La volonté du Père était le motif de tout pour lui. Il y a une foule de choses que nous faisons par habitude, et nous disons qu'il faut que nous les fassions; mais il n'y a pas de «il faut» pour moi, si ce n'est la volonté de Christ! J'ai à apprendre quelle est sa volonté, car nous sommes faits des épîtres de Christ, et le chemin dans lequel nous sommes appelés à marcher est celui-ci, de manifester la vie de Christ dans nos corps (2 Corinthiens 4: 7 et suivants). Tout ce que je fais devrait être l'expression du lien qui unit mon coeur à Christ, et la manifestation de Christ à d'autres. La mesure de la marche chrétienne est, marcher d'une manière digne du Seigneur, non pas d'un homme. Souvent il est très difficile de demeurer paisible, patient, bienveillant, quand quelqu'un vous fait tort ou vous insulte; mais n'étiez-vous par l'ennemi de Dieu, et est-ce que Dieu ne vous a pas pardonné quand vous étiez son ennemi? Eh, bien! vous, pardonnez à votre ennemi.

Je comprends parfaitement les difficultés, mais nous avons le glorieux privilège d'être appelés à marcher comme Lui a marché; et si vous désirez marcher ainsi, allez et étudiez Christ, apprenez quelle a été sa place ici-bas, après que vous avez appris quelle est votre place en lui, dans les lieux célestes. Apprenez comment il dit à Pierre: «pour moi et pour toi». Merveilleuse parole! C'est un grand encouragement, qu'en regardant à Christ, je ne vois pas seulement ce que je devrais être, mais que j'ai la chose que je devrais être, «grâce pour grâce»; «nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés dans la même image». Il y a là une vraie croissance, non pas pour être plus propres pour Dieu et plus agréés de lui, mais une croissance en ressemblance à Christ; et nous devrions ainsi croître continuellement.

Nous sommes sur la terre; et ce dont je voudrais vous faire comprendre l'importance, c'est que vous étudiiez Christ, afin que vous soyez semblables à lui ici-bas. Il n'y a rien qui remplisse ainsi l'âme de bonheur et de courage, et qui nous sanctifie autant, rien qui nous donne autant le vif sentiment de l'amour divin, qui nous donne du courage.

Que le Seigneur nous donne ce courage et nous rende capables d'étudier Christ: «Celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi».