Les secrets de Dieu

Genèse 18: 17  ME 1872 page 29

 

Quelle touchante grâce, quelle merveilleuse condescendance ces paroles révèlent! Dieu visite Abraham et il lui parle pour lui faire part de son secret. La foi, qui avait si souvent fait réaliser au patriarche l'intimité de la présence divine, le mettait maintenant à même de comprendre la communication. Plus tard, Israël dirait: «Les choses cachées sont pour l'Eternel» (Deutéronome 29: 29); mais ici, nous voyons Abraham dans la confidence de Dieu.

Les secrets du Seigneur nous sont-ils familiers, bien-aimés? Je ne demande pas si son amour nous est connu, mais si nous connaissons son amitié. Il y a une différence importante entre savoir que nous sommes aimés et savoir que nous sommes amis. Sans doute, on ne peut pas être ami sans être aimé, mais on peut être aimé sans être pourtant ami. Lot n'est jamais appelé ami de Dieu, et cependant qui pourrait douter de l'amour de Dieu envers lui? Qu'elle est fidèle et puissante la tendresse qui, à la dernière heure, le retire de la scène du jugement, et comme le Saint Esprit le ménage et dit de lui par Pierre: «Le juste Lot… tourmentait de jour en jour son âme juste, etc.!» Notre Sauveur détermine clairement la condition sous laquelle le titre d'ami s'obtient: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que moi je vous commande». Et puis: «Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai oui de mon Père». Cette condition, Abraham, et avant lui Hénoc, et après lui Moïse et d'autres, l'avaient remplie dans la mesure requise alors, parce que tous ils marchèrent avec Dieu. «Car je le connais, et je sais qu'il commandera à ses enfants, et à sa maison après lui, de garder la voie de l'Eternel».

Notre coeur est-il ému à la pensée que Jésus veut nous avoir pour ses amis? Notre vie de chaque jour démontre-t-elle, que nous tenons à son amitié plus qu'à toute autre chose? Avons-nous constamment souci de sa gloire dans les pensées qui nous occupent et les motifs qui nous dirigent? Est-ce toujours à son commandement, que nos esprits ou nos mains travaillent? En des jours de mondanité comme ceux-ci, on perd facilement de vue l'amitié de Jésus, et ses droits sur nous en vertu d'un tel lien. Penser et travailler pour nous-mêmes, ne nous effraie pas toujours; mais lors même que tout ce que nous ferions dans ce sens aurait une apparence parfaitement légitime, ne courons-nous pas danger, quand nous sommes ainsi absorbés dans la sphère de notre personnalité, d'oublier le commandement de Jésus? Vous qui avez à procurer à votre famille le pain quotidien, n'avez-vous jamais été absorbés par le sentiment de vos besoins temporels, au point de vous faire négliger, par exemple, une ou plusieurs réunions? Or, négliger «le rassemblement de nous-mêmes» (Hébreux 10: 25), lorsque le Seigneur nous fournit l'occasion d'en jouir, c'est manquer à ce que nous Lui devons en témoignage, aussi bien qu'à ce que nous devons à notre propre âme. Et vous qui vivez dans l'abondance, est-ce toujours à la voix de Jésus, que vous vous êtes accordé telle ou telle jouissance, telle ou telle satisfaction? C'est en le consultant dans tous nos actes, en mesurant ces actes par la gloire qu'ils peuvent Lui rapporter, que nous répondrons franchement à son amitié.

Que poursuivons-nous? Sans doute, nous aimons le Sauveur, si nous sommes ses rachetés; mais notre coeur n'est-il pas partagé? Est-ce Lui seul et Lui tout entier qui y «habite par la foi?». Vivons-nous dans une continuelle communion avec Lui? Ne répondons pas affirmativement, sans que notre vie en soit la démonstration. Examinons si nous sommes sur la montagne ou dans la plaine, sous une tente ou assis à la porte de la ville. Vivons-nous «de régime» et sommes-nous étrangers aux délicatesses du jardin, qui fit descendre Lot dans la plaine?

Notre égoïsme naturel nous fait souvent croire que les plus grands et les plus précieux secrets de Dieu, sont ceux qui se rattachent directement à nous. Il serait difficile de plus mal juger. Les secrets de Dieu sont précieux en raison de la gloire qu'ils reversent sur Christ et de ce qu'ils révèlent de Celui dont ils procèdent. Ainsi, dans le verset qui nous occupe, quel intérêt personnel pouvait avoir pour Abraham la communication que l'Eternel lui apportait? Le sort des villes de la plaine ne l'affectait point personnellement, lui qui habitait une sphère plus élevée et parfaitement sereine. Sodome et Gomorrhe pouvaient tomber sans ébranler sa tente; mais elles ne tomberaient pas sans glorifier la sainteté de Jéhovah, et voilà ce qui avait un intérêt direct pour l'homme de foi.

Ce n'est pas que Dieu dédaigne de nous parler de nous-mêmes; l'Ecriture nous montre combien nous avons eu de place dans son conseil et dans ses voies. Il nous avait élus en Christ avant la fondation du monde. Selon son propre dessein et sa propre grâce, et non selon nos oeuvres, il nous a tirés de l'abîme de ruine et de corruption dans lequel nous gisions, et nous a appelés d'une sainte vocation, par l'évangile. Il a fait de nous ses enfants, nous communiquant une vie et une nature capables d'être introduites dans cette relation et d'en jouir. Il nous a donné son Esprit, qui est les arrhes de notre héritage, aussi bien que le sceau de notre rédemption. Il verse, par cet Esprit, son amour dans nos coeurs, de façon à ce que, pendant la traversée du désert, au milieu des privations, des soupirs et des souffrances, nous sachions retrouver ce même amour dans toutes ses voies envers nous et comprendre comment toutes choses travaillent ensemble pour notre bien. Enfin, et pardessus tout peut-être, il nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils. Il était donc impossible de penser à nous d'une manière plus merveilleuse, plus divine, impossible de nous prendre plus bas et de nous élever plus haut; mais avec cela la gloire de Christ est l'objet primordial de Dieu (Ephésiens 1: 10, 20-23; Colossiens 1: 16-19). Et nous devrions être bien pénétrés de cette vérité; car nous savons que rien n'est comparable à la dignité de la personne de Christ et à l'excellence de son oeuvre; nous savons que, aux yeux de Dieu, rien n'a autant de valeur que la croix qu'il a subie, le sang qu'il a versé et que, par conséquent, rien ne peut égaler ce titre de «second homme» et «dernier Adam», qu'il a reçu d'une manière si spéciale en résurrection et ajouté, pour ainsi dire, à celui de Seigneur «venu du ciel» (1 Corinthiens 15). «Car tout autant qu'il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l'amen, à la gloire de Dieu par nous».

Tressaillons-nous, ayant le ciel devant nous, voyant la place qui nous y est réservée, la gloire que nous y recevrons? Eh bien! n'oublions pas que, «dans ce jour-là», quand nous en jouirons, c'est Lui qui sera glorifié dans ses saints et admiré en tous ceux qui auront cru (2 Thessaloniciens 1: 10). Elle doit être chère à nos coeurs, la pensée que Jésus va paraître devant ce monde, dans une gloire plus grande encore que l'opprobre dont les hommes ont couvert son nom: et pourtant qui a été méprisé comme lui? La chose juste, c'est que le monde corrompu reçoive sa rétribution; la chose précieuse, c'est que, par cette rétribution même, Christ soit souverainement exalté. Celui que nous attendons des cieux y est déjà haut élevé à la droite de Dieu, nous le savons; mais cela nous suffit-il? Là, nous le rejoindrons bientôt; mais bornons-nous nos désirs à cela? Non; il faut à la foi du croyant plus qu'à lui-même. Il ne nous faut pas seulement sécurité, paix et joie parfaites pour nous, mais force, honneur et magnificence pour Jésus. Il faut à nos âmes, que les cieux, qui le contiennent encore, s'ouvrent sous le poids de sa gloire excellente, et qui, tout genou se ploie devant Lui, et que toute langue confesse qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. Voilà ce que Dieu «va faire» bientôt pour son Fils: puissions-nous y prendre un vivant et constant intérêt, afin que, dès à présent, rien ne nous tienne à coeur autant que sa gloire.

Un dernier mot, bien-aimés. Jéhovah confiait un secret à Abraham: — merveilleuse condescendance, comme nous l'avons dit! Mais le Dieu et Père du Seigneur Jésus Christ, et notre Dieu et Père, nous a confié tous ses secrets, toutes ses pensées. Nous sentons-nous liés par une aussi touchante grâce? Je veux bien que, peut-être, nous ayons peu compris encore de ce conseil admirable; mais apprécions-nous à sa juste valeur ce que nous en avons saisi? Dans ce cas, et par réciprocité, nous ne devons rien avoir de caché pour le Seigneur. Je ne veux pas dire que nous ayons quelque chose de caché pour Lui, parce que son oeil voit et pénètre tout; mais je veux dire qu'un de nos plus doux privilèges est de pouvoir entretenir spontanément le Seigneur de tout ce qui nous concerne, lui dire toutes choses, et comme Abraham, de pouvoir, en jouissant de sa communion, intercéder pour d'autres. De plus, la nature des pensées que notre Dieu nous a révélées, nous indique assez clairement celles dont il nous convient de l'entretenir ainsi. Toutes ses pensées convergent vers un seul et unique objet; les nôtres, par conséquent, doivent prendre la même direction. En est-il ainsi? Quels sont les projets, les affaires qui nous occupent? Quelle part Christ y a-t-il? Nous avons besoin de coeurs plus simples et d'affections plus ardentes, pour que Jésus, son service et sa gloire, soient davantage au fond de toutes nos pensées et de tous nos motifs; et s'il en est ainsi, c'est-à-dire, s'il est Lui-même notre grand secret, comme Il a été le grand secret de notre Dieu, avec quelle inébranlable persévérance nous rechercherons et réaliserons par la foi, la «communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ», jusqu'au moment où nous entrerons, de fait, dans la joie de notre Seigneur!

«Les secrets de l'Eternel sont pour ceux qui le craignent, et son alliance pour la leur donner à connaître».