Israël conduit par la nuée

Nombres 9: 15-23 - ME 1872 page 68

 Israël conduit par la nuée : Nous pensons que les lecteurs du Messager jouiront comme nous du passage du nouveau volume du cher frère Mackintosh sur le livre des Nombres, que nous insérons ici, en appelant leur attention sur l'ouvrage tout entier. (Réd.)

 

Nous nous arrêterons maintenant quelques instants sur le dernier paragraphe de notre chapitre, qui a son caractère aussi marqué que aucune autre portion du Livre. Nous y contemplons une nombreuse troupe d'hommes, de femmes et d'enfants voyageant à travers un vaste désert, «où il n'y avait pas de chemin» — franchissant une contrée aride, un immense désert sablonneux, sans boussole et sans guide humain.

Quelle pensée! Quel spectacle! Il y avait là des millions d'êtres s'avançant sans aucune connaissance de la route qu'ils devaient suivre, dépendant entièrement de Dieu pour la conduite, comme pour la nourriture et pour tout le reste; une armée de pèlerins tout à fait sans ressources. Ils ne pouvaient former aucun plan pour le lendemain. Quand ils étaient campés, ils ne savaient pas quand ils devraient marcher; et quand ils étaient en marche, ils ne savaient pas où ils feraient halte ni quand ils la feraient. Leur vie était une vie de dépendance journalière et de chaque heure. Ils devaient regarder en haut pour être guidés. Leurs mouvements étaient réglés par les roues du chariot de Jéhovah.

C'était vraiment là un merveilleux, spectacle. Lisons-en le récit et retenons-en dans nos âmes les célestes enseignements.

«Or, le jour que le pavillon fut dressé, la nuée couvrit le pavillon sur le tabernacle du témoignage; et le soir elle parut comme un feu sur le tabernacle jusqu'au matin. Il en fut ainsi continuellement: la nuée le couvrait; mais elle paraissait la nuit comme du feu. Et selon que la nuée se levait de dessus le tabernacle, les enfants d'Israël partaient; et au lieu où la nuée s'arrêtait, les enfants d'Israël y campaient. Les enfants d'Israël marchaient au commandement de l'Eternel, et ils campaient au commandement de l'Eternel: pendant tous les jours que la nuée se tenait sur le pavillon, ils demeuraient campés. Et «quand la nuée continuait à s'arrêter plusieurs jours sur le pavillon, les enfants d'Israël prenaient garde à l'Eternel et ne partaient point. Et pour peu de jours que la nuée fût sur le pavillon, ils campaient au commandement de l'Eternel, et ils partaient au commandement de l'Eternel. Et quand la nuée y était depuis le soir jusqu'au matin, et que la nuée se levait au matin, ils partaient; fût-ce de jour ou de nuit, quand la nuée se levait, ils partaient. Que si la nuée continuait de s'arrêter sur le pavillon, et y demeurait pendant deux jours, ou un mois, ou plus longtemps, les enfants d'Israël demeuraient campés, et ne partaient point; mais quand elle se levait, ils partaient. Ils campaient donc au commandement de l'Eternel; et ils partaient au commandement de l'Eternel; et ils prenaient garde à l'Eternel, suivant le commandement de l'Eternel, qu'il leur faisait savoir par Moïse» (versets 15-23).

Il serait impossible de concevoir un tableau plus admirable de la dépendance absolue de la direction divine et de la soumission à cette direction, que celui qui nous est présenté dans ce paragraphe. Il n'y avait pas une empreinte de pas ou une borne dans tout ce «grand et affreux désert». Il était donc inutile de chercher aucune direction auprès de ceux qui y avaient passé précédemment. Les fils d'Israël devaient compter entièrement sur Dieu pour chaque pas du chemin; ils devaient continuellement s'attendre à Lui. Ce serait intolérable pour un esprit insoumis, une volonté non brisée; mais pour une âme qui connaît et aime Dieu, qui se confie et prend son plaisir en lui, rien ne saurait être plus profondément béni.

Voici la clef de tout le sujet: Dieu est-il connu, aimé et se confie-t-on en lui? S'il en est ainsi, le coeur se réjouira dans la dépendance la plus absolue de lui. Sinon, une telle dépendance serait totalement insupportable. L'homme non régénéré aime à se dire indépendant — il aime à se figurer qu'il est libre — il aime à croire qu'il peut faire ce qui lui convient, aller où il veut, dire ce qui lui plaît. Hélas! c'est là une pure illusion! L'homme n'est pas libre. Il est l'esclave de Satan. Il y a maintenant près de six mille ans qu'il s'est livré lui-même entre les mains de ce grand propriétaire d'esclaves qui l'a toujours retenu dès lors et qui le tient encore. Oui, Satan tient l'homme naturel — l'inconverti — l'impénitent dans une terrible servitude. Il lui a lié les pieds et les mains de chaînes et de fers qui ne sont pas vus sous leur véritable aspect, a cause de la dorure dont il les a artificieusement recouverts. Satan gouverne l'homme au moyen de ses convoitises, de ses passions et de ses plaisirs. Il produit dans le coeur des désirs qu'il satisfait ensuite par les choses qui sont dans le monde, et l'homme s'imagine vainement être libre, parce qu'il peut satisfaire ses désirs. Mais c'est une déplorable erreur, qui tôt ou tard sera démontrée telle. Il n'est d'autre liberté que celle dont le Christ gratifie ses rachetés. C'est lui qui dit: «Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira». Et encore: «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres» (Jean 8: 32, 36).

Voilà la vraie liberté. C'est la liberté que la nouvelle nature trouve en marchant par l'Esprit, et en faisant ce qui est agréable à Dieu. Le service du Seigneur est la parfaite liberté. Mais ce service, dans tous ses détails, implique la plus entière dépendance du Dieu vivant. Il en fut toujours ainsi chez le seul vrai et parfait Serviteur qui ait foulé cette terre. Il fut toujours dépendant. Chacun de ses mouvements, chacun de ses actes, chacune de ses paroles — tout ce qu'il faisait et tout ce qu'il ne faisait pas — tout était le fruit de la plus absolue dépendance de Dieu, et de la plus entière soumission. Il marchait quand Dieu voulait qu'il marchât, et il s'arrêtait quand Dieu le voulait. Il parlait ou gardait le silence selon que Dieu le trouvait bon.

Tel fut Jésus, quand il vécut dans ce monde, et nous, comme participants de sa nature — de sa vie, et ayant son Esprit demeurant en nous, nous sommes appelés à marcher sur ses traces, et à vivre d'une vie de dépendance de Dieu de jour en jour. Nous avons, à la fin de notre chapitre, un type pittoresque et beau de cette vie de dépendance dans une de ses phases: L'Israël de Dieu — le camp dans le désert — cette armée de pèlerins suivant le mouvement de la nuée. Ils devaient regarder en haut pour leur direction. C'est là le propre de l'homme. Il fut formé pour tourner sa face en haut, en contraste avec l'animal qui est formé pour regarder en bas (*). Israël ne pouvait pas faire des plans; il ne pouvait jamais dire: «Demain nous irons à tel endroit». Ils dépendaient entièrement du mouvement de la nuée.

Ainsi en était-il pour Israël, et ainsi en doit-il être pour nous. Nous passons à travers un impraticable désert — un désert moral, où il n'y a absolument pas de chemin. Nous ne saurions comment marcher, et nous ne saurions pas où aller, si nous n'avions pas cette expression des plus précieuses, des plus profondes, des plus compréhensives, sortie de la bouche de notre bien-aimé Seigneur: «Je suis le chemin». Voilà la direction divine, infaillible. Nous avons à la suivre. «Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie» (Jean 8: 12). C'est la direction vivante. Ce n'est pas en agissant selon la lettre de certaines ordonnances ou de certaines règles; c'est en suivant un Christ vivant, — en marchant comme il a marché, en faisant ce qu'il a fait en imitant son exemple en toutes choses. Voilà la marche chrétienne — l'action chrétienne. Elles consistent à tenir les yeux fixés sur Jésus, à avoir les formes et les traits de son caractère, imprimés dans notre nouvelle nature, et à les refléter ou les reproduire dans notre vie et dans notre conduite journalière.

(*) Le mot grec pour homme (anthrôpos), signifie un être dont la face est tournée en haut.

Or, cela impliquera assurément le complet renoncement à notre volonté propre, à nos plans, à notre propre direction. Nous devons suivre la nuée; nous devons nous attendre toujours — nous attendre seulement à Dieu. Nous ne pouvons pas dire: «Nous irons ici ou là, nous ferons ceci ou cela, demain ou la semaine prochaine». Tous nos mouvements doivent être placés sous la sauvegarde régulatrice de cette seule phrase importante — souvent, hélas! écrite ou proférée légèrement par nous — «si le Seigneur le veut».

Puissions-nous comprendre mieux toutes ces choses! Plaise à Dieu que nous connaissions plus exactement le sens de la direction divine! Combien souvent nous nous imaginons légèrement et nous affirmons avec assurance que la nuée marche dans la direction même qui s'accorde avec nos inclinations. Voulons-nous faire une certaine chose, ou suivre une certaine marche? alors nous cherchons à nous persuader que notre volonté est celle de Dieu. Ainsi, au lieu d'être guidés par Dieu, nous nous séduisons nous-mêmes. Notre volonté n'est pas brisée, et par conséquent, nous ne pouvons pas être dirigés droitement, car le vrai secret pour être guidés droitement — guidés par Dieu — c'est d'avoir notre propre volonté complètement soumise. «Il fera marcher dans la justice les débonnaires, et il leur enseignera sa voie» (Psaumes 25: 9). Et encore: «Je te guiderai de mon oeil». Mais pesons surtout cet avertissement-ci: «Ne soyez point comme le cheval, ni comme le mulet, qui sont sans intelligence, desquels il faut emmuseler la bouche avec un mors et un frein, de peur qu'ils n'approchent de toi» (Psaumes 32: 9). Si notre face est tournée en haut pour saisir le mouvement de «l'oeil» de Dieu, nous n'aurons pas besoin du «mors et du frein». Mais c'est précisément en ceci que nous manquons strictement. Nous ne vivons pas assez près de Dieu pour discerner le mouvement de son oeil. Notre volonté est à l'oeuvre. Nous voulons suivre notre propre chemin, de là vient que nous avons à en moissonner les fruits amers. C'est ce qui arriva à Jonas. Il lui avait été ordonné d'aller à Ninive; mais il voulut aller à Tarsis; et les circonstances semblaient le favoriser, la providence paraissait lui indiquer la direction que sa volonté avait choisie. Mais, hélas! il devait trouver sa place dans le ventre de la baleine, oui, dans «le sein du hadès» lui-même, où «les roseaux s'étaient entortillés autour de sa tête». C'est là qu'il apprit l'amertume qu'il y a à suivre sa volonté. Il dut être instruit dans les profondeurs de l'Océan, sur le vrai sens du «mors et du frein», parce qu'il n'avait pas voulu suivre la direction plus douce de l'«oeil».

Mais notre Dieu est si miséricordieux, si tendre, si patient! Il veut enseigner et guider ses pauvres enfants faibles et égarés. Il ne s'épargne aucune peine pour nous. Il s'occupe continuellement de nous, afin que nous soyons gardés de nos propres voies, qui sont pleines d'épines et de ronces, et que nous marchions dans ses voies qui sont agréables et dans ses sentiers qui sont paix (Proverbes 3: 17).

Il n'est rien dans tout le monde qui soit plus profondément béni que de mener une vie de dépendance habituelle de Dieu; que de dépendre de lui de moment en moment, de s'attendre et de s'attacher fortement à lui pour toute chose. Avoir toutes ses sources en lui, c'est le vrai secret de la paix et d'une sainte indépendance chez des créatures. L'âme qui peut dire en vérité: «Toutes mes sources sont en toi», est élevée au-dessus de toute confiance en la créature, au-dessus des espérances humaines et des attentes terrestres. Ce n'est pas que Dieu ne se serve pas des créatures, de mille manières pour nous assister. Nous ne voulons pas du tout dire cela. Il emploie la créature; mais si nous nous appuyons sur elle plutôt que sur lui, nous éprouverons bientôt, dans nos âmes, de la maigreur et de la stérilité. Il y a une immense différence entre l'usage que Dieu fait de la créature pour nous bénir, et notre appui sur la créature à l'exclusion de Dieu. Dans un cas, nous sommes bénis et il est glorifié; dans l'autre, nous sommes désappointés et il est déshonoré.

Il est bon que l'âme considère sérieusement cette distinction. Nous croyons qu'elle est constamment négligée. Nous nous imaginons souvent que nous nous appuyons sur Dieu et que nous regardons à Dieu, tandis que, en réalité, si nous voulions seulement aller droitement au fond des choses et nous juger dans la présence immédiate de Dieu, nous trouverions en nous une effrayante quantité de levain de la confiance en la créature. Combien souvent nous parlons de vivre par la foi, et de ne nous confier qu'en Dieu, quand, en même temps, si nous sondions les profondeurs de nos coeurs, nous y trouverions une mesure abondante de dépendance des circonstances, de considération des causes secondes, et de tant de sentiments analogues.

Lecteur chrétien, pensons-y sérieusement, veillons à ce que notre oeil soit fixé sur le seul Dieu vivant et non sur l'homme dont le souffle est en ses narines. Attendons-nous à lui — attendons patiemment — constamment. Si nous manquons de quoi que ce soit, adressons-nous directement et simplement à lui. Sentons-nous le besoin de discerner notre chemin, pour savoir de quel côté nous devons nous tourner, quel sentier nous devons suivre? Rappelons-nous qu'il a dit: «Je suis le chemin»; suivons-le. Il rendra tout clair, lumineux et certain. Il ne peut y avoir de ténèbres, de perplexité, d'incertitude, si nous le suivons; car il a dit, et nous sommes tenus de le croire: «Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres». C'est pourquoi, si nous sommes dans les ténèbres, il est certain que nous ne le suivons pas. Aucunes ténèbres ne peuvent jamais s'arrêter sur ce sentier béni, où Dieu conduit tout au long ceux qui cherchent à suivre Jésus avec un oeil simple.

Mais celui qui scruterait minutieusement ces lignes pourrait dire ou du moins pourrait être disposé à dire: «Mais, après tout, je suis dans l'embarras quant au chemin que je dois suivre. Je ne sais réellement pas de quel côté me tourner, ni quelle marche suivre». Si c'était là le langage du lecteur, nous lui poserions simplement cette seule question: «Suivez-vous Jésus? Si vous le faites, vous ne pouvez être dans l'embarras. Suivez-vous la nuée? Si vous la suivez, votre chemin est aussi clairement tracé que Dieu peut le faire». C'est là que se trouve la clef de toute la difficulté. L'embarras ou l'incertitude est très souvent le fruit du travail de la volonté. Nous sommes entraînés à faire ce que Dieu ne veut pas du tout que nous fassions — à aller où Dieu ne veut pas que nous allions. Nous le prions à cet effet, et nous ne recevons point de réponse. Nous prions de nouveau et toujours point de réponse. D'où vient cela? Du simple fait que Dieu veut que nous nous tenions tranquilles — que nous demeurions précisément là où nous sommes. C'est pourquoi, au lieu de nous creuser l'esprit et de nous tourmenter sur ce que nous devrions faire, attendons-nous simplement à Dieu.

Voilà le secret de la paix et d'une sereine communion. Si un Israélite, dans le désert, s'était mis en tête de faire quelque mouvement indépendamment de Jéhovah; s'il avait pris sur lui de partir quand la nuée était au repos, ou de s'arrêter quand la nuée était en marche, nous pouvons aisément comprendre quel en aurait été le résultat. Or il en sera toujours ainsi de nous. Si nous marchons quand nous devrions demeurer en repos, ou si nous nous reposons quand nous devrions marcher, nous n'aurons pas avec nous la présence de Dieu. «Les enfants d'Israël demeuraient campés au commandement de l'Eternel, et ils marchaient au commandement de l'Eternel». Ils étaient maintenus dans une attente continuelle en Dieu, position des plus bénies que puisse occuper quelqu'un; mais il faut l'occuper avant d'en pouvoir savourer la bénédiction. C'est une réalité à connaître, et non pas une pure théorie dont on parle. Qu'il nous soit donné de le prouver tout le long de notre voyage!