Le Nazaréen

ME 1872 page 161 - Nombres 6: 1-21

 

C'est l'heureux privilège du croyant de se réjouir dans le Christ Jésus, dans l'assurance de la bénédiction inaltérable qu'il possède par lui. Il a été racheté «non par des choses corruptibles, argent ou or, mais par le précieux sang de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache» (1 Pierre 1: 18). Il a été lavé, sanctifié, purifié, et il est accepté de Dieu et dans la faveur de Dieu, — un avec Jésus. Comme Jésus est, ainsi est le croyant dans ce monde (1 Jean 4: 17); et quand Celui «qui est notre vie sera manifesté, alors nous aussi, nous serons manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3: 4).

Le Saint Esprit nous enseigne, et nous donne la conscience de ces choses, prenant de ce qui est à Christ et nous l'annonçant; et à mesure que l'Esprit apporte ainsi la liberté dans notre âme, nous qui sommes les objets de cette grâce nous sommes délivrés de l'association avec le présent siècle mauvais, et nous sommes amenés à la communion avec Dieu, et rendus capables d'être des témoins de la puissance de la vérité.

C'est pour ce témoignage que l'enfant de Dieu est appelé à être une lumière au milieu des ténèbres de ce monde (Matthieu 5: 14-16). Le Dieu de toute grâce lui a révélé sa complète délivrance de la mort et du jugement, afin que, étant ainsi non seulement affranchi de toute inquiétude personnelle, mais ayant un coeur élargi en amour, il puisse trouver désormais son occupation et sa joie à ne faire qu'une chose, savoir à glorifier Celui qui l'a appelé des ténèbres à sa merveilleuse lumière. L'amour parfait non seulement bannira toute crainte, mais le conduira à une toujours prompte obéissance à la volonté d'un Père plein de grâce. Quel que soit, par conséquent, le caractère que la parole du Seigneur l'appelle à montrer dans la situation particulière dans laquelle il se trouve placé, son désir sera d'y manifester Christ; et le prenant pour exemple, lui qui nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces, il ne cherchera pas à se faire un nom à lui-même, ni ne recherchera la faveur et l'amitié d'un monde qui est inimitié contre Dieu, mais il cherchera à être de toute manière un esclave de Dieu, un homme saint et séparé, dont la bourgeoisie est dans les cieux, et qui par conséquent est un étranger et un voyageur ici-bas.

«Je me sanctifie moi-même pour eux», dit Jésus (Jean 17: 19), afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité». Notre bien-aimé Seigneur était saint, innocent, sans tache; il n'avait aucune joie dans ce monde, où il a été un homme de douleurs et sachant ce que c'est que la langueur. Il n'y avait de relations qu'avec ceux aux afflictions desquels il sympathisait et dont Il soulageait la détresse. Il était un témoin vivant de l'impossibilité de ce à quoi l'homme, dans sa folie, essaie toujours d'arriver, au mépris de la déclaration de Dieu, — le service de deux maîtres. En Jésus, cette impossibilité d'unir le service de Dieu et l'amitié du monde y a été manifestée. Le monde a haï Jésus, parce qu'il rendait témoignage contre lui que ses oeuvres étaient mauvaises; et Jésus n'a pas eu où reposer sa tête. «Il était le méprisé et le rejeté des hommes, homme de douleurs et sachant ce que c'est que la langueur»; mais à cause de la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix, et a méprisé la honte, et renonçant à toute relation désormais avec un peuple qui déclarait ne pas vouloir qu'il régnât sur eux, il annonça son caractère de Nazaréen pour Dieu, en disant que désormais il ne boirait plus du fruit de la vigne jusqu'à ce jour-là où il le boirait nouveau avec les siens, dans le royaume de son Père (Matthieu 26: 29).

C'est à ce même caractère de séparation du monde et de réjection de sa part que les fidèles sont appelés maintenant. Ils ne sont pas du monde comme Lui n'était pas du monde; et ce n'est que comme «nazaréens», ou hommes mis à part pour Dieu, qu'ils peuvent cerner l'enseignement de leur Dieu Sauveur».

L'Ancien Testament est d'un grand prix, pour guider les fidèles dans cette position, car: «Toute écriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre» (2 Timothée 3: 16, 17). Dans ces écritures, les enseignements du Nouveau Testament sont mis en lumière et placés d'une manière sensible devant nous dans les exemples vivants que nous avons sous les yeux; et tous les détails qui concernent le sanctuaire terrestre et les ordonnances charnelles (Hébreux 9), nous présentent typiquement de la manière la plus frappante et la plus admirable le caractère spirituel de la dispensation dans laquelle nous vivons. Nous sommes renvoyés ainsi au chapitre 6 du livre des Nombres, pour y voir en type, pour notre instruction, quel est le caractère des «nazaréens» du Seigneur.

Le «nazaréen» d'autrefois devait s'abstenir de vin et de toute boisson forte durant tous les jours de son nazaréat; il ne devait manger d'aucun fruit de la vigne, depuis le pépin jusqu'à la peau du raisin (Nombres 6: 3, 4); — et maintenant celui qui suit l'humble et débonnaire Jésus, l'homme rejeté sur la terre, ne trouve ni joie ni consolation dans les choses qui occupent ou mettent en activité les hommes de ce monde. Le nazaréen a appris le néant et l'iniquité de ces choses; son coeur n'y trouve aucun plaisir, aucune satisfaction; elles déshonorent Dieu et attristent par conséquent son Esprit. Le nazaréen ne peut avoir rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres, mais il doit plutôt les condamner, et il montre clairement que ses affections sont placées sur les choses qui sont en haut et non sur celles qui sont sur la terre (Philippiens 3; Colossiens 3: 1-3).

Avant de goûter les joies célestes et d'éprouver quelle bénédiction il y a à être uni à Jésus, égaré par son coeur orgueilleux et ignorant, il avait cherché son bonheur dans le monde et s'était confié en sa propre force; maintenant, comme le nazaréen d'autrefois, dont la première oeuvre était de se raser les cheveux (voyez Actes des Apôtres 18: 18; 21: 24), l'emblème de la force (Juges 16: 17), il confesse la vanité et le néant de tout ce en quoi il se confiait jusqu'alors, et il apprend l'heureux secret que lorsqu'il est faible, c'est alors qu'il est fort. Il apprend que ce n'est que lorsqu'il est rendu capable de se rejeter sur le Seigneur, dans la pleine conscience de son entière incapacité à se secourir lui-même, et alors seulement, qu'il fera l'expérience de la puissance du Seigneur. C'est pour cette raison qu'il était défendu au nazaréen de laisser passer le rasoir sur sa tête pendant tout le temps que durait son voeu, et qu'il devait laisser croître ses cheveux. Et ainsi, s'attendant au Seigneur, il renouvelle sa force. La force que Dieu donne est la seule sur laquelle on puisse se reposer pour le servir: il opère en ses enfants et le vouloir et le faire; sans Jésus ils ne peuvent rien; et celui qui a appris cette précieuse leçon dit avec l'apôtre: «Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie» (Philippiens 4: 13).

Ainsi, connaissant sa faiblesse et s'appuyant avec confiance sur le bras du Seigneur, le nazaréen marche dans un chemin de séparation d'avec tout mal: il se conservera pur du monde; il ne s'approchera d'aucun corps mort; il se tiendra éloigné des habitudes et des choses que recherchent ceux qui sont morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. Et de même que l'on était cérémoniellement souillé par le simple attouchement d'un corps mort, il y a pour nous aussi maintenant le commandement et la promesse: «Sortez du milieu d'eux et soyez-en séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous recevrai; et je vous serai père, et vous, vous serez pour moi des fils et des filles» (2 Corinthiens 6: 17, 18).

Les liens les plus rapprochés et les plus chers ne devaient pas faire perdre de vue au nazaréen le service du Seigneur, car la consécration à Dieu était sur sa tête (comparez Jean 2: 4). Maintenant aussi celui qui est appelé et sur qui l'Esprit du Seigneur a été versé, est uni à Jésus par des liens plus intimes et plus doux qu'aucun des liens de ce monde, quels qu'ils soient. L'amour de Jésus doit nous presser et nous pressera en effet à l'aimer plus que père ou que mère, que frère ou que soeur, que mari ou femme, ou maisons, ou champs, ou même notre propre vie. — Cher lecteur, avez-vous fait l'expérience de cet amour? Vous reposez-vous en ce moment dans la douce assurance que vous êtes aimé de Jésus? Ah! combien cela doit vous pousser à mortifier la chair, et amener toute pensée en vous captive à l'obéissance de Christ!

Mais si, par la faiblesse de la chair, quelqu'un vient à être surpris par le péché, — ou selon le langage du type, si quelqu'un venait à mourir subitement près de nous, et que la tête de notre consécration ou de notre nazaréat fût souillée, — la miséricorde d'un Père plein de grâce est toujours prête à nous recevoir, quand nous confesserons notre péché. Le nazaréen, en pareil cas, déclare de nouveau en rasant sa tête, qu'il renonce à toute confiance en sa propre force; et après avoir offert son offrande pour le délit, et l'offrande pour le péché et l'holocauste, en confession de son péché et de sa confiance dans le sang de l'Agneau pour être délivré et accepté devant Dieu, il recommence la période de sa séparation. Il en est ainsi, toujours, cher lecteur. Par la faiblesse de la chair et la puissance de la tentation au-dehors, un contact imprévu, soudain, a lieu avec le mal, — déshonorant Jésus et attristant l'Esprit de Dieu, — et on est ramené en arrière avec honte et confusion de face, à la confession de son péché, et à la simple dépendance du sang de Jésus pour le pardon et la paix; on est ainsi de nouveau consacré à Dieu. Mais, et c'est là une chose bien sérieuse, tout ce qui nous met en rapport avec le péché produit son effet sur notre nazaréat. Nous perdons par notre infidélité la puissance attachée à la communion de Dieu et à la présence spéciale de l'Esprit avec nous, quelle que soit la mesure dans laquelle cette puissance nous a été accordée. Hélas! le temps qui a précédé est perdu; il faut recommencer. C'est encore une grande grâce que tout privilège de servir Dieu ne soit pas ôté; aussi y a-t-il quelquefois des effets de notre infidélité qui subsistent, lorsque la puissance nous est rendue.

Tel est le caractère du combat dans lequel sont engagés ceux qui ont été amenés à goûter la bonté de Dieu dans le Christ Jésus. Mais grâces et louanges soient rendues à son nom très saint, de ce que le jour du repos vient bientôt, le jour où finira cette lutte avec un corps de mort et de péché et un monde placé sous la conduite et la domination du Méchant, le jour où le «nazaréat» sera accompli. Alors les chers enfants de Dieu, entrant dans les parvis du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé et non pas l'homme, seront rendus capables de se réjouir dans le Seigneur, l'holocauste de bonne odeur à Dieu, confessant jusqu'à la fin leur complète indignité et la valeur de leur offrande pour le péché, unique fondement de leur acceptation, Jésus, le saint de Dieu, leur substitut, qui porta leurs péchés et qui fut fait malédiction pour eux; — et ils se nourriront du sacrifice de prospérité et jouiront d'une douce et heureuse communion avec Celui qui demeure sacrificateur à jamais. Dans ce jour de l'accomplissement de son voeu, le nazaréen rasait de nouveau sa tête à l'entrée du tabernacle d'assignation (verset 18); — et ainsi maintenant l'heureux enfant de Dieu, dans la pleine jouissance de sa précieuse liberté, reconnaîtra avec actions de grâce que sa force était tout entière le don de Dieu et lui a été gratuitement dispensée; il la consacrera avec joie à la louange de Dieu; il prendra, pour nous servir du langage du type, les cheveux de la tête de son nazaréat et les mettra sur le feu qui est sous le sacrifice de prospérité; le sacrificateur tournoiera les choses offertes en offrande tournoyée devant l'Eternel avec la poitrine de tournoiement et l'épaule d'élévation qui appartiennent au sacrificateur, types il semble des affections et de la force de Jésus réclamées en faveur de son peuple, qu'il soutient par sa force et dont il porte les noms sur son coeur devant l'Eternel continuellement (voyez Exode 28: 30). Alors la joie du nazaréen est accomplie: dès ce moment il peut boire du vin.

Alors, en effet, cher lecteur, si nous sommes maintenant, vous et moi, mis à part pour le service de Dieu, et que nous ayons marché dans ce chemin, nous entrerons dans la joie de notre Seigneur. Alors le péché et la malédiction seront ôtés et toutes choses seront de nouveau soumises à la domination bénie de Celui à qui elles appartiennent. Le Méchant, l'usurpateur n'aura plus de place dans le ciel, et n'y exercera plus une autorité désastreuse sur un monde ruiné; mais l'Eternel transmettra de Sion le sceptre de sa force; il régnera depuis le fleuve jusques aux bouts de la terre, et la terre sera remplie de la justice comme le fond de la mer des eaux qui le couvrent. Alors toutes choses seront rétablies dans leur ordre normal, et le Seigneur les possédera et les bénira. «Et il arrivera en ces temps-là, que je répondrai, dit l'Eternel, que je répondrai aux cieux et les cieux répondront à la terre; et la terre répondra au froment, au bon vin et à l'huile, et eux répondront à Jisréhel» (Osée 2: 21, 22). Une glorieuse chaîne de bénédictions unira ensemble le Seigneur, dans le saint des saints, et l'Eglise dans la gloire, avec le reste de sa création; et là, sans rien qui puisse empêcher ou interrompre notre heureuse et sainte communion avec Jésus, vous et moi et tous les bien-aimés, transformés à sa glorieuse ressemblance, nous nous abreuverons de la plénitude de sa joie, éternellement. N'ajouterai-je donc pas: «Ainsi, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur»? (1 Corinthiens 15: 58). Prenez votre croix chaque jour, ayant bon courage; et confessez avec douceur le nom de Jésus, car «la lamentation peut loger chez nous le soir, mais le chant de triomphe y est le matin» (Psaumes 30: 5).