Fragments d'une correspondance

ME 1872 page 174 

 

1. — Quant à la justification, remarquez ces deux choses qui s'y réunissent: premièrement que le sang nous a lavés de nos péchés, et c'est peut-être, à proprement parler, la justification; et ensuite, de fait, que nous sommes acceptés dans le Bien-aimé. Si quelqu'un «fait ou pratique la justice», il est juste comme Jésus Christ est juste, car «faire la justice» c'est ce qui découle de la vie de Christ en nous; mais par cette vie nous sommes unis à Christ et nous jouissons de sa justice devant Dieu, rendus agréables dans le Bien-aimé. La résurrection est le pivot de tout cela, car elle est la preuve de l'expiation, et introduit Christ selon la puissance de cette vie éternelle (à laquelle nous participons) dans la présence de Dieu. C'est autour de la personne de Christ, envisagé comme ressuscité, que roulent toutes les vérités qui se trouvent dans la Parole. L'union de l'Eglise à Lui en est le complément. La résurrection laisse tout ce qui pouvait nous condamner derrière elle dans le tombeau, et introduit le Seigneur dans ce nouveau monde dont il est la perfection, le Chef et la gloire. Or nous sommes unis à Lui.


2. — Je n'aime pas précisément l'expression que: «Christ a obtenu de Dieu la justification», parce qu'elle présente Dieu comme «involontaire» et oppose même à la chose, tandis que c'étaient la volonté et le coeur de Dieu, qui nous ont préparé le sacrifice et tout. Il est vrai que la justice de Dieu exigeait l'expiation et le sacrifice de Christ; toutefois c'était Lui de qui l'amour a pourvu à nos besoins à cet égard. Aussi est-il «Celui qui justifie» (Romains 8: 23; comparez Zacharie 3). L'épître aux Hébreux parle plutôt de notre acceptation sous la forme de notre présentation à Lui, de la sanctification dans le sens extérieur: «Afin qu'il sanctifiât le peuple par son propre sang» (Hébreux 13: 12). Aussi les a-t-il «perfectionnés», ou «rendus parfaits» (Hébreux 10: 14). Ils peuvent se tenir dans sa présence, — comme étant à Lui, — selon la perfection du sanctuaire, sans reproche, sans tache. «Justification» est une idée de tribunal, pour ainsi dire, de juge. L'épître aux Hébreux parle du sanctuaire et de nous présenter là. Le fond de la vérité est toujours le même; c'est seulement que nous pouvons l'envisager de plusieurs manières, et chacune des épîtres nous donne plus de lumière sur la perfection de l'oeuvre de Christ et sur les effets dont nous jouissons. — 1 Pierre 1: 19, parle plutôt de rachat, dans le sens d'être, par rançon, tiré des mains de l'ennemi.

L'obéissance de Christ pendant sa vie tendait à la perfection du sacrifice; elle n'était pas expiatoire, mais parfaitement agréable. C'était «à l'agrément» de sa personne, comme nécessaire à son oeuvre, mais pas expiatoire. Il serait resté seul si le grain de froment n'était pas tombé en terre; mais son obéissance tout entière l'a rendu, comme elle a été, parfaitement agréable à Dieu (voyez Philippiens 2).

Sous la forme de la justification, c'est l'épître aux Romains qui traite le plus formellement le sujet de notre acceptation devant Dieu; et ce que j'ai voulu dire quant à l'expression «Christ a obtenu notre justification», se comprendra facilement si on remarque la manière dont cette épître s'exprime (3: 24): «ayant été justifiés gratuitement par sa grâce par la rédemption qui est dans le Christ Jésus». Vous voyez de quelle manière la justification est présentée, comme découlant de la gratuité de Dieu, et il est important de la bien saisir, pour l'état de l'âme et pour que la grâce soit clairement comprise.


3. — Bien saisir la place de la loi est une chose difficile, parce qu'il faut être pleinement conduit par le Saint Esprit, pour ne pas être soi-même plus ou moins sous la loi, quant à nos sentiments du moins. Il faut avoir bien saisi la puissance de l'oeuvre et de la résurrection de Jésus, — ou on serait sans loi, si on n'était pas sous la loi. Nous ne sommes en aucune manière sous la loi. La grâce ne reconnaît aucune participation de la loi à nos coeurs; mais comment cela, si nous reconnaissons la loi comme bonne? Parce que Christ l'a épuisée dans sa mort. Il était sous la loi jusqu'à sa mort et dans sa mort, mais évidemment il n'est plus sous la loi maintenant. Il faut employer la loi pour juger ceux qui ont été sous la loi; mais nous sommes unis à Lui. Aussi il est le Chef de la nouvelle famille seulement comme ressuscité d'entre les morts, comme Adam n'était chef de l'ancienne famille qu'après sa chute. Christ place les siens dans sa propre position, c'est-à-dire comme ressuscité; ils commencent avec Christ là. Ils reconnaissent bien la force de la loi, mais en ceci, qu'elle a mis à mort Jésus là où elle a perdu toute sa puissance et sa domination sur l'âme. Nous sommes à un autre, à Celui qui est ressuscité d'entre les morts (Romains 7: 4).

Nous pouvons user de la loi, s'il en est besoin, contre les injustes (voyez 1 Timothée 1: 8-11), parce qu'ayant la nature divine, nous pouvons manier la loi, car elle ne peut pas faire cette plaie mortelle à la nature divine d'où elle est sortie. Nous pouvons montrer où l'homme en est, s'il est sous la loi, pour en faire ressortir la perfection de la rédemption; et c'est ce que l'apôtre fait, dans les Romains et dans les Galates, pour faire comprendre que nous ne sommes plus sous la loi, parce que nous sommes morts avec Christ. Par la loi, nous sommes morts à la loi; nous sommes crucifiés avec Christ (Galates 2: 19-21). Un gentil n'était jamais vraiment sous la loi: il prend Christ à un point où il en avait fini avec la loi; mais ayant reçu l'Esprit de Christ, il comprend tout ce qui en est, dans ce qui a précédé dans l'histoire du Messie.

La plupart des chrétiens ont fait du christianisme une loi, et se sont placés sous la loi. Il faut qu'ils sortent de là pour la paix de leur âme, mais la discussion de ce que c'est que la loi pour eux est très importante et très opportune à cause de cela. Au reste, le coeur humain se place si naturellement sous la loi, qu'être bien éclairé sur ce point est très important pour chacun. La loi, souvenons-nous en toujours, ne nous révèle rien de Dieu, sauf que la loi implique un juge: elle donne la mesure de notre responsabilité. «Tu aimeras l'Eternel ton Dieu… et ton prochain…», voilà la loi! On peut dire que l'Evangile donne de nouveaux motifs pour que nous accomplissions la loi, mais ces motifs se puisent dans un fait qui donne à Christ tout le droit sur nos coeurs auquel la loi pouvait prétendre, et met un terme à la puissance de celle-ci par la mort, car nous sommes morts et ressuscités avec Christ. Nous ferons ou éviterons bien des choses qui se trouvent dans la loi, et le sommaire qui nous en a été donné, reste le principe ou le fruit de la vie de Christ en nous: il est accompli en tout ce qui découle de cette vie, mais nous ne sommes nullement sous la loi, car nous sommes un avec Christ, et Christ n'est pas sous la loi (voyez Galates 5).

La loi ne condamne pas seulement la conduite, mais les hommes: elle ne dit pas seulement: Maudite est toute chose…, mais: «Maudit est quiconque ne persévère pas…» (Galates 3: 10). Ainsi on doit être sous la malédiction, si on est sous la loi. Mais c'est parce que nous ne sommes pas sous la loi, que nous pouvons employer la loi s'il en est besoin. Les Juifs ont voulu employer la loi contre la femme adultère, mais ils étaient sous la loi dans la chair: la loi leur a percé le coeur jusqu'à la mort et à la condamnation. Christ s'est servi de la loi, ou du moins lui a laissé son efficace, parce que, quoique né sous la loi, elle ne pouvait pas l'atteindre pour la condamnation, la vie de Dieu en lui étant parfaite. Unis à lui dans la résurrection, nous pouvons nous servir de la loi parce que nous sommes en dehors de son atteinte par la mort et la résurrection de Christ, jouissant de sa vie dans nos âmes. C'est, pourquoi, on est toujours plus ou moins sous la loi jusqu'à ce qu'on ait compris la résurrection de Christ, et toutes les fois que la chair obscurcit la puissance de notre rédemption. J'espère que vous pourrez comprendre ces quelques remarques.


4. — Il y a dans l'épître aux Philippiens, un autre trait d'un grand intérêt: savoir, la désolation et l'expérience personnelle de l'apôtre. Il envisage l'Eglise comme privée de ses soins, et lui-même comme opprimé, pour le moment, par la puissance de Satan. Ainsi, il entre d'une manière très touchante et très puissante dans tout ce qui concerne le combat de l'Eglise, et dans tout ce qui est important pour elle, dans le temps de son délaissement, les grâces qui l'empêcheront de tomber dans les misères qui surgissaient de l'absence de l'apôtre. De là, la grande utilité de l'épître pour le temps actuel. On commençait à prêcher Christ dans un esprit de dispute, à ne pas être d'un même sentiment, à murmurer. L'apôtre montre ce qui, des richesses et des grâces de Christ, est particulièrement nécessaire pour un tel état de choses, état, hélas! bien mûri depuis lors. Mais pourquoi dirais-je hélas? — car tout cela tournera à salut, et fait voir que la venue de Jésus est plus proche.

5. — L'établissement de la verge d'Aaron, sacrificateur en grâce, tout en étant d'autorité, après tous les murmures de l'assemblée; son emploi, quoique de la part de Moise; son manque d'emploi, lors des nouvelles plaintes de l'assemblée; tout cela m'a singulièrement instruit, dans la lecture des Nombres. En même temps, lorsque Dieu avait jugé et discipliné le peuple, la manière dont tout de suite, Il parle (chapitre 15) de toutes ses promesse, et de la terre comme la leur, qu'Il leur avait donnée, m'a beaucoup touché. Sa promesse et ses pensées pour son peuple sont aussi fermes que si rien n'était arrivé. La responsabilité et la nourriture des sacrificateurs comme tels, et de leurs familles comme familles, et la différence, m'a aussi bien édifié.


6. — Ce qui m'a frappé dernièrement dans les Philippiens, c'est la manière dont l'apôtre a toujours sa mort devant les yeux, et que les épreuves qu'il avait essuyées, avaient fait comme bonne discipline, que Christ lui était tout, lui-même rien et néant. Et quelle paix cela donne! Il ne sait pas s'il doit être condamné. Pour lui-même, les dispositions des magistrats n'entrent pas dans sa pensée; pour lui-même, il ne sait pas choisir; mais c'est bon pour l'église, donc c'est décidé. Il juge son procès sur la seule considération que telle décision sera pour le bien de l'église; ainsi Christ la fera prononcer telle. Est-ce ainsi que nous nous fions à Lui, cher frère? hélas non; au moins trop souvent nous ne sommes pas assez dépouillés de nous-mêmes; nous ne pouvons pas dire: «J'ai appris», avec l'apôtre. C'est ce qu'il faut apprendre. Eh bien, c'est la vie de cet homme si fidèle, si dévoué et si doué de Dieu, l'apôtre Paul, ainsi instruit et discipliné, et le calme parfait dont il jouit à la suite de cette discipline qui m'a été en édification dernièrement en lisant cette épître.


7. — Il est remarquable que personne dans le Nouveau Testament ne parle de la justice par la foi, si ce n'est Paul. J'ai rencontré beaucoup d'âmes qui comprennent le pardon, mais qui ne savent rien de la justice de Dieu; et j'ai trouvé souvent que la présentation du jour du jugement est bonne pour elles comme pierre de touche, pour voir si elles sont vraiment sur le pied de la justice divine dans leurs relations avec notre Dieu bon et fidèle.

8. — Ce qui m'a frappé particulièrement dans l'épître aux Philippiens, ces derniers temps, c'est que l'apôtre se place tellement dans la vie de Christ qu'il n'exprime aucune conscience de l'existence de la chair. Il avait une écharde dans la chair, de sorte qu'il ne s'agit pas de la doctrine, mais la chair n'agit pas: ce qui paraît un succès de Satan tournera au salut de Paul; Christ sera glorifié dans son corps soit par la vie, soit par la mort, comme il l'a toujours été; — pour lui, vivre c'est Christ, rien d'autre; mourir, c'est un gain, car il jouira de Christ sans entrave. Il décide son propre procès sans avoir égard à lui-même, car il ne sait que choisir, mais, pour l'église, ce sera bien qu'il reste; donc il restera. Il n'est en souci de rien. Il sait ce que c'est que cette paix de Dieu qui surpasse toute intelligence (lui à qui on allait faire son procès devant Néron). Il sait comment être abaissé, comment être dans l'abondance. Il peut tout par Christ qui le fortifie. Il est, par ce qui appartient à la vie de Christ, au-dessus de tout. Il n'a pas, sans doute, atteint le but, savoir la résurrection d'entre les morts, mais il ne fait qu'une chose, — l'activité de la vie de Christ ne laisse aucune place pour autre chose. Plus vous examinez l'épître, plus vous trouvez que pendant la vie dans laquelle il n'a pas atteint le but, l'apôtre ne connaît autre chose que, «vivre c'est Christ».

9. — Quant à l'épître aux Philippiens (en la lisant vous pourrez en juger), la vie chrétienne ne reconnaît rien que le fruit de la résurrection, parce qu'on doit marcher selon l'Esprit et jamais selon la chair. Dieu est fidèle pour ne pas permettre que nous soyons tentés au delà de notre force. Le chrétien est censé marcher toujours selon l'Esprit, se tenir pour mort au péché, et vivant pour Dieu. Ensuite, il y a: «ma grâce te suffit, ma force s'accomplit dans l'infirmité». Si l'on prétend à l'absence de la chair, ou qu'on ne veuille pas tenir compte de la présence de la chair; ou si l'on prétend ne pas avoir à se juger intérieurement, on se trompe, et lors même qu'on est sincère, il reste une masse de choses subtiles, non jugées, et l'état général de l'âme est au dessous du véritable effet de la lumière de Dieu. Mais il y a la force de Dieu avec nous, pour nous faire marcher dans sa communion.


10. — Je ne pense pas que dans Jean 21: 18, le Seigneur parle d'une mauvaise volonté. Pierre avait «voulu» c'est-à-dire voulu par sa propre volonté accompagner le Seigneur: il a dû apprendre son impuissance, — parce qu'il y avait chez lui de la volonté, de la force de l'homme. Mais à la fin de sa vie, le Seigneur le lui annonce, il n'en serait pas ainsi: un autre le ceindrait, et il irait où il ne voudrait pas; non pas comme s'il s'agissait d'une mauvaise volonté mais ce ne serait pas sa volonté qui le ceindrait ou le ferait mourir. Pierre a pu, sans doute, en bénir Dieu; mais il ne cherchait pas à souffrir. Je suis d'autant plus convaincu que c'est là le sens des paroles du Seigneur, que Jean ajoute: «Il disait cela, signifiant par quelle mort il glorifierait Dieu». Ce que Pierre a dû apprendre dans ce moment, et ce que le Seigneur enseignait, c'était que la volonté de l'homme ne pouvait rien dans le chemin de la vie à travers la mort; — et c'est le seul chemin de vie.


De novembre 1855

11. — J'ai été assez frappé de l'effet du tribunal de Christ sur Paul. Il en voit toute la terreur; mais le seul effet qui soit produit par là chez lui, c'est de l'engager à persuader les autres. Le Christ devant lequel il comparaîtrait était sa justice, et jugeait selon cette justice; ainsi il n'y avait pas de question possible: ce qui jugeait et ce qui était devant le jugement s'identifiait; c'était un côté de la vérité de la nature de Dieu; l'autre côté, c'est l'amour. Or c'est celui-ci seul qui, par conséquent, entre en activité: il persuade les autres, à cause de cette terreur du tribunal. Je sais peu de passages qui démontrent avec plus de force quelle est la puissance de l'Evangile, et la perfection de la justification. Mais il y a une opération précieuse de ce tribunal: l'apôtre réalisait la comparution devant lui: à l'avenir il ne craignait pas d'être manifesté il était de fait manifesté à Dieu. La conscience, purifiée parfaitement relativement à Dieu, prenait tout son empire, et en se tenant dans la présence de Dieu, tout ce qui n'était pas de fait selon cette présence était manifesté dans la lumière de Dieu. Cela était nécessaire; et par la grâce, Paul avait la lumière de Dieu pour montrer, — pour avoir la conscience, — qu'il n'y avait rien qui fût tel. Il est bien important d'être là: bien des choses se jugent ainsi qui souvent ne se jugent pas dans une vie chrétienne assez régulière; et lorsque la conscience est devant Dieu et nette, l'amour est libre. On sait aussi ainsi ce que c'est que de porter toujours dans son corps la mort du Seigneur Jésus afin que la vie de Jésus se manifeste dans nos corps mortels, ou plutôt, en marchant ainsi, on est à même d'être, — on est pleinement, — dans sa présence.


12 — Entre autres choses, j'ai été frappé aussi de la différence qu'il y a entre Genèse 15 et 17. Il me semble bien que le désintéressement d'Abraham à la fin du chapitre 14 a été la raison pour laquelle Dieu, en grâce, lui a dit: «Je suis ton bouclier et ta grande récompense». De prime abord, il semblerait qu'Abraham n'aurait eu qu'à se réjouir d'une joie ineffable en pensant que Dieu Lui-même était sa récompense; mais il dit: «Que me donneras-tu?» Dieu condescend, en grâce, à un vrai besoin fondé sur une promesse. Mais il y avait un élément qui imprime son caractère sur cette grâce: «Je suis ton bouclier et ta grande récompense», la bénédiction ne dépasse pas les besoins ou les privilèges personnels d'Abraham. Tout naturellement, son coeur y entre, et c'est le développement du besoin du coeur selon son propre état. C'est une immense grâce, mais une grâce qui, dans un certain sens, se mesure par les besoins de la créature. Au chapitre 17, Dieu dit: «Je suis le Dieu Tout Puissant». Il ne dit pas: «Je suis ton…». C'est ce qu'il est en lui-même. — «Marche devant ma face et soit parfait» — intègre. Abram se prosterne, et Dieu parle avec Abraham. Il lui promet le fils, et ensuite lui révèle, comme à un ami, ce qu'Il va faire. Alors Abraham, au lieu de demander pour lui-même, intercède pour les autres, aussi on peut remarquer que le chapitre 15, ne dépasse pas les promesses juives, comme affaire de promesse, tandis qu'au 17, Abraham est père de plusieurs nations. C'est la différence entre la bonté de Dieu qui se lie, en grâce, à nous et à nos besoins, et la communion avec Dieu Lui-même.


Du 14 août 1858

13. — L'épître aux Philippiens ne suppose pas l'existence de la chair (dans le sens pratique, c'est-à-dire de combat avec elle): vivre c'est Christ, — rien d'autre. Paul peut tout par Christ qui le fortifie. Il n'a jamais eu honte, n'en aura jamais de lui-même, comme chrétien; mais Christ sera toujours comme par le passé glorifié dans son corps. Voilà la vie normale du chrétien, la chair est tenue pour morte, elle ne l'embarrasse pas, — comme ailleurs: «Portant toujours, partout, dans le corps, la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps mortel» (2 Corinthiens 5: 10). La supériorité de la vie chrétienne, comme n'étant pas atteinte par le mal ou par l'ennemi, est très frappante, et a produit une assez forte impression sur moi, et m'a réjoui. Je savais bien qu'un chrétien devrait marcher ainsi; mais en voici un qui l'a fait, et qui sait ce que c'est que cette vie. C'est encourageant, quelque soit le moyen par lequel la chose s'accomplit; il faut un messager de Satan peut-être, ou autre chose, mais tel est le résultat! On est associé, à travers tout, avec Christ, qui peut tout, et fait tout, et Il est en nous; en sorte que c'est plus intime qu'aucune circonstance quelconque. Quelle force et quelle bénédiction de vie cela donne, en soi, car on jouit de Christ; — pour les difficultés, car on se fie à Lui, et on se réjouit quand même au milieu des soucis, car cette vie qui a Christ pour son objet, nous délivre de ceux-ci, et dans les vraies épreuves, la paix de Dieu garde le coeur.