Trois bonnes choses à apprendre

ME 1872 page 210 

 

Nous avons rencontré récemment, un vieillard qui nous a beaucoup intéressé. Durant l'espace de quarante ans, il n'avait assisté à aucune instruction religieuse. Un ami, cependant, l'engage à venir entendre l'évangile, et, à la première fois, son âme fut saisie. Il continua dès lors à suivre régulièrement les instructions religieuses et la lumière divine pénétra graduellement dans son âme. Après avoir entendu la prédication de l'évangile pendant quelques semaines, il fit part à un ami chrétien de ses expériences spirituelles, lui disant dans son simple langage: «Monsieur, la première chose que j'ai apprise, c'est que je n'avais jamais fait quoi que ce soit de bon, pendant tout le cours de ma vie. La seconde chose que Dieu m'a montrée, c'est que je ne pouvais faire quoi que ce fût de bon, ma nature étant radicalement mauvaise. Et, enfin, j'ai appris que Christ a tout fait et a satisfait à tout».

Or, ce sont là, ce qu'on peut appeler: «trois bonnes choses» à connaître, trois points essentiels du vrai christianisme; et si le lecteur ne les avait pas encore appris, nous le supplions d'y appliquer, dès maintenant, son coeur.

1.  En premier lieu, donc, notre vieil ami fit la découverte qu'il n'avait jamais fait quoi que ce fût de bon, pendant toute sa vie. Sérieuse découverte pour une âme! Quand, pour la première fois, les yeux s'ouvrent à toute la vie passée pour voir cette vie dans son vrai jour, depuis ses premiers commencements, et qu'on découvre que tout ce qui la compose n'est qu'un tissu de péché d'un bout à l'autre: — cette phase de son histoire fait époque pour une âme, et marque le premier degré de toute conviction spirituelle, comme elle est un sujet du plus grand intérêt pour tous ceux qui veillent sur les âmes et qui ont le coeur occupé de l'oeuvre de Dieu en elles.

2.  Mais il y a plus que cela. Notre vieil ami apprit, non seulement que ses actes, tous ses actes, les actes de toute sa vie, avaient été mauvais, mais encore que sa nature était mauvaise, et non seulement mauvaise, mais entièrement incapable d'amélioration. C'est là encore un grand fait à saisir, un des éléments essentiels de toute vraie repentance. Toutes les fois que l'Esprit de Dieu opère avec puissance dans l'âme d'un pécheur, il y produit le sentiment du péché dans la nature, aussi bien que des péchés dans la vie.

Il est bon d'apprendre cela à fond dès le commencement. En général les hommes, au moment de leur conversion, sont plus occupés du pardon de leurs péchés, que du jugement de leur nature pécheresse. Ils voient que le sang de Christ a effacé les péchés de leur vie; mais ils ne voient pas que dans la mort de Christ le péché dans leur nature «le péché dans la chair» (Romains 8: 1), a été condamné. De là vient que quand le premier épanouissement de leur joie disparaît et qu'ils commencent à sentir l'activité du péché dans leur nature, ils sont abattus et presque poussés au désespoir. Ils viennent à penser que jamais ils n'ont été convertis du tout, et sont en grand danger de faire naufrage.

Il est donc de toute importance pour vous qui lisez ces lignes, de prêter attention à la seconde chose qu'apprit notre vieil ami. Vous avez à apprendre, si vous ne l'avez déjà fait, non seulement que les actes de votre vie ont tous été mauvais, mais que votre nature est incurable, irrémédiablement mauvaise. Les hommes, sans doute, diffèrent quant à leurs actions et à leurs voies; mais la nature est la même chez tous. Un pommier sauvage est un pommier sauvage, aussi bien quand il ne porterait qu'une pomme sauvage en dix ans, que lorsqu'il serait chargé dans une seule année de dix mille de ces pommes. Un pommier sauvage est le seul arbre qui puisse produire, ne serait-ce qu'une seule pomme sauvage, en sorte que la nature de cet arbre est aussi clairement démontrée par une seule pomme sauvage que par dix mille. De plus, on peut ajouter que tout l'art de l'homme pour cultiver, tailler un pommier sauvage, ne change pas la nature de l'arbre. Il faut un nouvel arbre, une nature, une vie nouvelle, avant qu'il puisse y avoir un fruit acceptable quelconque: «Il vous faut être nés de nouveau» (Jean 3: 1-8; comparez Matthieu 7: 16-20; Luc 6: 43-45).

3.  Mais ceci nous amène à considérer ce que notre vieil ami avait appris en troisième lieu, savoir que Christ a tout fait et a satisfait à tout. Précieuse connaissance pour toute âme convaincue de péché! Le Seigneur Jésus, toute gloire lui en soit rendue, s'est chargé des péchés de ma vie et du péché de ma nature. Dieu, par Lui, a effacé les premiers (Romains 3; 4), et a condamné le second (Romains 6; 8: 3). Les péchés que j'ai commis, mes actes de péché, me sont tous pardonnés, et ma nature pécheresse, «le péché en la chair», est jugé; ma conscience est purifiée de ceux-là, et celui-ci est ôté pour jamais de devant la présence de Dieu. Connaître le pardon des péchés est une chose, connaître la condamnation du péché est une autre chose. Au commencement du chapitre 8 de l'épître aux Romains, nous lisons que: «Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché en la chair». L'apôtre ne parle pas de pardon du péché: Dieu ne peut pas pardonner l'inimitié d'une mauvaise nature. Ce sont les péchés qui sont remis; — le pécheur est pardonné, mais le péché est condamné. Cette différence est de toute importance! La domination du péché a pris fin pour jamais, pour le croyant, et le règne de la grâce a commencé (Romains 5: 19-21; 6: 14 et suivants). La connaissance de ce fait est paix, liberté, victoire et force pour le chrétien.

La doctrine glorieuse dont nous parlons est développée au chapitre 6 de l'épître aux Romains. Nous recommandons ce chapitre à l'attention sérieuse de tout jeune chrétien. L'apôtre, chacun le verra, n'y parle pas des péchés, mais du péché: «Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché. Car celui qui est mort est justifié du péché. Car en ce qu'il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché, mais en ce qu'il vit, il vit à Dieu. De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci; et ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d'iniquité, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d'entre les morts étant faits vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice. Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce».

C'est là une vérité des plus précieuses, et qui affranchit l'âme. Elle est le fondement de la victoire sur le péché qui habite en nous. Savoir que la domination du péché à été détruite par la croix, et que la grâce règne par la justice en vie éternelle par Jésus Christ, est le secret divin de tout progrès personnel dans la sainteté.