Notes et pensées recueillies aux conférences de Zürich

Epître aux Colossiens  - ME 1872 page 221

 

Septembre 1871

L'épître aux Colossiens trouve sa place entre l'épître aux Romains et celle aux Ephésiens. — Dans l'épître aux Romains l'homme est vivant; il faut qu'il meure pour être délivré. Jusqu'au chapitre 5: 11 inclusivement, les hommes sont coupables des péchés qu'ils ont commis, et alors le sang de Christ intervient, — Christ est mort pour nous, et nous avons le pardon des péchés. Depuis le chapitre 5: 12, il est question du péché. L'apôtre parle, non pas de nos péchés, mais du premier Adam; c'est là, — en Adam, — que nous sommes tous ensemble. Il n'est plus question du pardon, qui est en rapport avec les péchés, mais de condamnation; Dieu «a condamné le péché en la chair»; nous sommes morts avec Christ, ce n'est plus seulement que lui est mort pour nous (Romains 8: 3; 6: 10). Nous sommes justifiés du péché (Romains 5): Quand un homme est mort, on ne peut plus dire qu'il a de mauvaises convoitises. L'épître aux Romains ne va pas plus loin que la mort; nous sommes morts, mais pas ressuscités. — Dans l'épître aux Ephésiens les hommes sont trouvés morts dans leurs péchés, puis ils sont ressuscités avec Christ, qui, dans cette épître, est aussi introduit comme mort (Ephésiens 1: 20); dès les premières lignes nous nous trouvons devant le conseil de Dieu. — Dans les Colossiens nous avons d'abord une longue introduction, qui a pour cause l'espérance (Colossiens 1: 3). Nous ne sommes pas assis dans le ciel (Christ ressuscité y est assis), mais nous sommes placés comme ressuscités sur la terre, avec l'espérance dans le ciel. Cette épître nous introduit donc plus avant que celle aux Romains dans la position que l'oeuvre de Christ nous a faite.


Romains 5 nous présente la beauté de la grâce, depuis le pardon jusqu'à: «Nous nous glorifions en Dieu»; — Romains 8, la beauté de notre position, telle que nous l'avons devant Dieu.


La chair est toujours inimitié contre Dieu, sans la loi, comme sous la loi;contre Christ, quand il était ici-bas; — contre l'Esprit en moi. Et quand on aurait été au troisième ciel, on s'enorgueillirait encore; c'est pourquoi il faut faire l'expérience que la chair n'est bonne à rien. Dieu dit: C'est à cela que je voulais l'amener; c'est pourquoi tu n'es plus dans la chair, mais dans l'Esprit. On n'est pas réellement affranchi, quand on n'est pas arrivé à cette fin de la chair. Je ne suis plus un enfant d'Adam, mais un enfant de Dieu; j'ai le droit de dire que je suis mort avec Christ.


Je fais une différence entre: être sous la loi, et: accomplir la loi. Je ne puis accomplir la loi, quand je suis sous la loi, mais bien quand j'en suis délivré. Il n'est pas écrit, qu'il faut accomplir la loi, car ce serait être sous la loi. Je ne puis pas à la fois être sous la loi et être un chrétien, car je serais comme la femme qui est à un autre mari, tandis que le premier est vivant. — J'ai une règle plus élevée que la loi: être parfait, comme le Père qui est aux cieux est parfait (Matthieu 5: 48), — non seulement: aimer son prochain comme soi-même, mais: avoir une puissance pour marcher au milieu des méchants. C'est ce que je trouve en Christ.


La loi ne me donne pas la vérité; pas ce que je suis; mais ce que je devrais être. Christ vient et me dit: «Tu es perdu»; mais je me trouve en présence de l'amour. Lorsque je suis parfaitement manifesté par Christ, je suis en présence du parfait amour. J'ai pris une position nouvelle en Christ.


Ephésiens 4. Revêtir le nouvel homme (verset 24) et ne pas attrister le Saint Esprit (verset 30), voilà la disposition subjective; aimer le prochain, voilà la disposition objective. — Ephésiens 5. Aussitôt que j'ai le Saint Esprit, je ne puis avoir une autre mesure que Dieu lui-même. Puis vient la lumière. Dieu est amour et lumière; nous sommes appelés à marcher dans cet amour et dans cette lumière. — Il est écrit: Nous sommes lumière, mais non pas: Nous sommes amour, parce que l'amour est une prérogative de Dieu. Je dois aimer, Lui aime et peut aimer comme il veut et qui il veut.


Quand je trouve mon bonheur à être tout à fait obéissant, Satan ne peut rien contre moi.


Jusqu'à la croix, l'homme a été mis à l'épreuve et a toujours failli; alors Dieu manifeste ses conseils dans le nouvel Adam. Là, je reconnais mon histoire; ici, Dieu dit: Maintenant que tu te connais, il te reste à me connaître.


Christ est mon représentant devant Dieu, moi le représentant de Christ devant le monde. Il n'est pas dit: Vous devez être, mais vous êtes la lettre de Christ.


Quand le coeur est rempli de Christ, il ne pense à rien de ce qui est dans le monde. — Et votre vocation? Je l'exerce, non pas pour la vocation, mais pour Christ.


Colossiens 1: 1-13 est une introduction. Dès lors l'apôtre parle du Seigneur et son coeur s'ouvre.

Nous voyons au verset 5 que nous ne pouvons avoir Jésus et les privilèges qui sont notre part en Lui, sans aimer tous les saints.

Le verset 10 nous donne la mesure de la marche: «digne du Seigneur.» (A ce propos, on trouve dans les autres épîtres, trois expressions différentes: 1° digne de l'Evangile; 2° digne de Dieu, qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire; 3° digne de la vocation). — Ensuite vient le fruit; puis la force, dont la source est: «la puissance de sa gloire»; ensuite les preuves de la force en nous, dont la première est la patience.


1: 12. La parole de Dieu parle beaucoup de progrès; mais ce ne sont pas les progrès qui nous rendent capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière. Il est bien triste de ne pas faire de progrès, mais il est faux de dire: «Il me faut encore être rendu capable». Le brigand sur la croix est un exemple remarquable de ce que j'avance: il peut entrer immédiatement dans le ciel. Aussitôt que nous sommes en Christ nous sommes rendus parfaits pour la lumière.


L'épître aux Colossiens parle plutôt de la Tête dans sa plénitude, l'épître aux Ephésiens davantage des membres. La plénitude de la divinité est en Christ pour nous, et nous sommes parfaits en Lui devant Dieu.


1: 13. Nous ne trouvons qu'ici cette expression: «le Fils de son amour». Quel privilège! Quelle position élevée, que d'être transportés dans un pareil royaume!


1: 15. Il est important de remarquer, que Celui, qui est «l'image du Dieu invisible», est un homme.


Le christianisme dépend de la révélation de la Trinité. J'ai la vie éternelle par la révélation de Dieu dans le Fils. Cela n'avait pas été révélé auparavant.

On ne peut adorer Dieu que par la Trinité: «Par lui, nous avons… accès auprès du Père par un seul Esprit» (Ephésiens 2: 18).


Israël reconnaîtra le Seigneur, mais pas de la même manière que nous. S'ils voient le Fils, ils ont le Père; mais ils voient le Fils sur la terre. Le voile n'est pas déchiré pour eux, comme il l'est pour nous, afin que nous regardions dans le ciel.


1: 18. Nous trouvons ici un autre ordre qu'au verset 15. Christ est le chef, non pas de la création, mais de son propre corps; le premier né, non de la création, mais d'entre les morts.


1: 20-22. Les chrétiens sont réconciliés, les choses ne le sont pas encore; c'est pourquoi nous devons marcher comme étrangers, séparés des choses.


Cette parole: «l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde» ne sera accomplie que lorsque les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront là. Il y a des choses qui n'appartiennent pas au rachat; elles seront mises de côté.


A la croix, le bien et le mal se rencontrent d'une manière parfaite, mais le bien a gardé le dessus. Satan, le péché sont venus là, mais Christ a parfaitement glorifié Dieu par son obéissance.


1: 23-25. Paul avait deux services à accomplir: Il était serviteur 1° de l'évangile, qui avait été prêché dans toute la création sous le ciel, 2° de l'assemblée pour compléter la parole de Dieu. — Christ est chef de la création et chef du corps; il y a une réconciliation de la création et une réconciliation du corps; un service pour la création et un service pour rassemblée.


1: 23. «Si du moins vous demeurez dans la foi». Il est de toute importance de retenir les «si» qu'on rencontre dans la Parole. Je n'en trouve point, quand il s'agit de ma position; j'en trouve, quand il est question de la marche. Mais alors une autre chose intervient: Je suis gardé par la puissance de Dieu. J'ai besoin d'être gardé, mais la fidélité de Dieu ne peut me faire défaut. Il faut une dépendance parfaite, mais il y a une sûreté parfaite, seulement je n'ai celle-ci que par la foi. Dieu veut qu'en chemin nous sentions notre responsabilité, mais Il reste fidèle malgré tout.


1: 26. Sous l'ancienne alliance, la révélation du «mystère» était impossible, parce que le mystère repose sur le fait que «le mur mitoyen de clôture est détruit». Ce mur devait, au contraire, être maintenu debout, sous l'ancienne alliance.


1: 27. Nous trouvons ici le caractère de l'épître: «Christ en nous, l'espérance de la gloire». Ce n'est pas, comme dans l'épître aux Ephésiens, ou nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ.


Le revirement historique dans l'histoire de l'homme prit place à la mort d'Etienne. Il avait eu lieu à la croix; mais Christ avait dit: «Père, pardonne-leur». Dans la personne d'Etienne ils ont rejeté ce pardon.


Christ a dû être rejeté pour avoir son corps spirituel, l'Eglise.


A la croix, Il n'est pas sur la terre, mais Il est «élevé de la terre».


Nous avons une pleine certitude de foi (Hébreux 10: 22), une pleine certitude d'espérance (Colossiens 1: 27; Hébreux 6: 11) et une pleine certitude d'intelligence (Colossiens 2: 2).


Toute sagesse et connaissance se trouve dans un homme mort et ressuscité, tandis que le Judaïsme et la philosophie sont dans un homme vivant sur la terre. Tout est en Christ pour le chrétien, et rien hors de Lui; nous sommes accomplis en Lui (2: 10).


Colossiens 2: 9, présente la personne de Christ, toute la plénitude de la déité dans un corps, en opposition d'une part, avec l'école, qui rejetait sa divinité, disant que ce n'était qu'une apparence; et d'autre part avec ceux qui niaient son humanité.


On trouve en Christ toute la plénitude du Judaïsme, la réalité de ce dont on n'avait que les ombres, sous l'ancienne alliance.


2: 12, 13. Au commencement du verset 12 nous sommes dans l'épître aux Romains, à la fin du verset 12 et au verset 13 dans celle aux Ephésiens; seulement l'apôtre ne va pas jusqu'au «assis ensemble dans les lieux célestes» des Ephésiens. Nous sommes morts par le péché et la désobéissance, Lui par l'obéissance; alors intervient la puissance de Dieu, qui fait une nouvelle création. Nous sommes ressuscités, alors que, dans la mort, toutes les offenses ont été déjà pardonnées. Cela a lieu en union avec Christ; ce n'est pas seulement la vie éternelle par Lui, mais en Lui. Lui, comme homme, et nous avec Lui, sommes vivifiés ensemble comme un tout.


Tout devoir, dans la Parole de Dieu, dépend d'une position dans laquelle je suis déjà; il est caractérisé par ma relation, il en découle. Comme créatures nous avions un devoir envers Dieu, mais sur ce terrain nous sommes déjà perdus.


2: 14. «Les ordonnances», tout ce qui était Juif, abolies, — nos ennemis vaincus — nous-mêmes vivifiés et ressuscités avec Christ; — voilà la nouvelle position dans laquelle nous avons à marcher; alors le Judaïsme disparaît (verset 16).


2: 19. «Ne tenant pas ferme le chef». Si je place quelque chose entre moi et la tête, je suis séparé de la tête. Faire ainsi, c'est en réalité de l'orgueil, quoique cela paraisse être de l'humilité.


2: 20-3: 4, nous donnent les conséquences, pour nous, de la mort de Christ et de sa résurrection. Si vous êtes morts, chercheriez-vous quelque chose ici-bas? Si vous êtes ressuscités, cherchez les choses qui sont en haut. — Quelle merveilleuse union avec Christ ce passage nous présente! Il est mort; moi aussi, avec Lui. — Il est ressuscité; moi aussi, avec Lui. — Il est caché; ma vie est aussi cachée avec Lui en Dieu. — Il sera manifesté; je serai manifesté avec Lui!


3: 3. «Vous êtes morts». J'ai là l'estimation que Dieu lui-même fait de moi. Ce n'est pas ce que les docteurs enseignent: Vous devez, disent-ils, mourir au péché; mais que dit l'Ecriture? En Romains 6: 10, 11, je trouve l'estimation que je suis appelé à faire de moi-même. Si je suis ressuscité, c'est une preuve que je suis déjà mort réellement. Qu'est-ce donc que cette mort graduelle dont on parle? — Il est vrai que j'ai mes membres sur la terre (3: 5) mais je ne vis pas ici sur la terre.


Dans les Colossiens nous n'avons pas le Saint Esprit, mais la vie. Je vis; c'est ma vie. Ce n'est pas seulement que le Saint Esprit demeure en moi, car s'il s'en allait, ma vie partirait avec lui. Non, c'est une vie véritable, par laquelle je vis et dans laquelle je vis, et qui, par conséquent, ne peut s'en aller. C'est ma vie; non pas une vie qui vient de moi, mais une vie qui est en moi. «Celui qui a le Fils a la vie». Voilà la preuve que ce n'est pas une action du Saint Esprit sur ce qui est déjà là, mais il est dit: «Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu, n'a pas la vie».

Depuis le chapitre 3: 5, nous trouvons les caractères de cette vie divine, depuis le commencement jusqu'à la fin. On ne rencontre nulle part dans l'Ecriture, une description aussi complète de la vie chrétienne. Cette description commence avec l'abandon du péché grossier et termine avec la connaissance de Dieu.


3: 5. L'apôtre ne connaît pas un corps sur la terre, mais des membres. Mourir et mortifier ne sont pas la même chose. Mourir, c'est la faiblesse; pour mortifier (ou tuer) j'ai besoin de force.


3: 5-9. Nous trouvons trois caractères du vieil homme: la convoitise, la violence et le mensonge. Le verset 8 nous montre des choses, qui ne sont pas précisément «la mauvaise convoitise», niais où la volonté de la chair n'est pas brisée. — On dépouille le vieil homme; le renouvellement du nouveau est continu. Nous trouvons au verset 12 ce que l'on a revêtu.


3: 10 présente un principe important: La sainteté n'a rien moins que l'image de Dieu lui-même, pour mesure. Nous connaissons Dieu maintenant et le Saint Esprit nous forme d'après ce qui a été révélé de l'image de Dieu. Dans les Ephésiens, nous trouvons la même chose, mais nous sommes formés là d'après le caractère de Dieu en rapport avec le bien et le mal. Ce n'est pas seulement l'innocence, comme en Adam, mais la connaissance: Je connais Dieu. Ce n'est pas seulement la connaissance de l'homme, dans le bien et le mal, mais la connaissance de Dieu.


3: 12. «Elus de Dieu, saints et bien-aimés». La conscience que j'ai de ma position est le motif de ma marche.


3: 16. Ce n'est pas seulement la vie subjective, mais la vie objective, la parole du Christ. Nous avons plus qu'un caractère, nous avons un objet, la richesse de Christ.

Nous avons tout en commun avec Lui: la parole, la paix, la joie, l'amour, la gloire.


3: 16. Les prières et les chants dans l'assemblée devraient être un peu au-dessus de l'état de l'assemblée, sans cependant en être séparés.


3: 17. Voici une règle parfaite: «Faites tout au nom du Seigneur Jésus». — Dois-je faire ceci, faire cela? — Peux-tu le faire au nom de Jésus?