Notes prises dans diverses réunions de 1843

ME 1872 page 253 

 

Notes prises dans diverses réunions de 1843. 1

1°  Sur le Témoignage. 1

2°  Sur la présence du Saint Esprit 9

3°  Sur la présence du Saint Esprit dans ses rapports avec le culte et avec les dons. 16

 

1°  Sur le Témoignage

Je tiens à vous dire quelque chose sur le témoignage. C'est un sujet de la plus haute importance. Plus je vois ce qui se passe dans le monde, plus je sens que le Saint Esprit nous appelle à faire valoir les jugements de Dieu dans l'état de choses actuel.

Une question très grave pour moi est celle d'unité et d'union. Quand la lumière m'est venue, cette question ne se présentait pas, parce que j'agissais dans la séparation et dans l'union; je cherchais l'union des enfants de Dieu sur la terre, union accomplie quant à Dieu, manquée quant à l'homme. Nous n'en sommes pas où en étaient les disciples. Quoique l'union soit la première idée de Dieu, l'union est néanmoins basée sur la séparation. Ce principe qui est d'une haute gravité, est vrai depuis que le péché est entré dans le monde.

Quand Dieu agit en puissance pour rassembler autour de lui-même, il agit au milieu d'un mal dont il faut être séparé entièrement pour être avec Lui. Point d'union sans séparation! La séparation n'est pas le but; elle est le point de départ. En Adam il en eut été autrement: on aurait joui ensemble des bénédictions de Dieu, sans le mal. Depuis que le mal est entré dans le monde, il faut s'en séparer. Le monde, cherche l'unité pour se réunir: c'est le principe de Babel; et l'union du monde est comme fait, plus puissante que celle de l'église. Tout tend vers une unité qui sera Babylone et que Dieu confondra (voyez Apocalypse 18).

Il y a une autre union, que le monde et Satan cherchent, c'est celle du bien et du mal. Satan tient à cette union, comme Dieu tient à la séparation. Avant le déluge, Satan unit les enfants de Dieu, avec les filles des hommes; ensuite il mêla les Israélites avec les Cananéens, et maintenant il mêle l'Eglise et le monde. Satan a cherché à détruire l'isolement de ce que Dieu avait séparé, à unir le bien et le mal, et à détruire le témoignage: cette union-là est l'oeuvre de Satan.

Quand Dieu veut un peuple pour lui-même, il dit à Abraham: Sors (Genèse 12: 1). Dieu sépara Israël des autres nations (Deutéronome 32: 8; Nombres 23: 9). Voilà l'unité basée sur la séparation.

Dieu ne peut rien sanctionner dans le monde. Pour qu'il y ait quelque chose qui rende témoignage, il faut qu'il y ait quelque chose qui soit à Dieu. Il a pris l'Eglise pour ce témoignage.

Au commencement, cela est évident, on ne devait pas adorer de faux dieux; si un Juif reconnaissait que Jésus était le Christ, il était par ce fait, séparé des Juifs. Aujourd'hui, des enfants de Dieu reconnaissent que Jésus est le Christ, sans sortir du monde, et c'est là la difficulté. La vérité qui sauve est permanente, mais la conduite chrétienne relativement aux circonstances, n'est pas permanente. Dieu fait aller Jacob en Egypte, et puis il le fait monter hors d'Egypte; sous Esaïe, la sûreté était de se tenir à Jérusalem; sous Jérémie, elle consistait à se rendre aux Caldéens. Il faut «l'esprit de prophétie» pour discerner ces choses.

Les directions pour les circonstances étant différentes, il faut du discernement, ou bien on manque à la lumière de Dieu. Il y a une séparation du mal pour la marche dans le désert. Cela nous tient dans une dépendance entière de Dieu, il faut de la foi pour aujourd'hui.

Si je suis protestant, qui me blâmera? Personne! au contraire, je suis mieux accueilli; mais autrefois on était brûlé pour être protestant. L'incrédulité s'est emparée de ce qui était un effet de la foi. C'en était un de quitter les Juifs pour suivre Jésus. Quand il y a une lumière nouvelle, Satan emploie l'ancienne lumière pour combattre la nouvelle. Jésus introduit le nom du Père et du Fils, et les Juifs pensent rendre service à Dieu et à l'unité de Dieu, en mettant à mort ceux qui reconnaissent l'unité du Père et du Fils. Mais il n'y a pas besoin de foi pour l'ancienne lumière. Il y a toujours l'inimitié du coeur naturel contre la vérité; mais il n'y a point d'exercice de foi à être protestant au milieu des protestants qui se disent être l'Eglise pour la chair. Selon le principe des protestants même, l'Eglise qui veut la «succession» du ministère, est la puissance de Satan; elle y est mieux reçue et a plus d'unité. Le protestantisme est le monde impuissant; il va au papisme ou à l'incrédulité; il réclame les principes du papisme. S'il faut en venir à l'homme pour établir la base du ministère, si la sanction de l'homme est nécessaire, il faut être papiste, être consacré dans la succession papiste. La puissance de Satan entre à grands flots de ce côté-là chez les protestants évangéliques. S'il faut une autorisation de l'homme, qui est-ce qui autorise celui qui autorise? On ne peut dans ce principe s'arrêter qu'au papisme.

Satan cache ce progrès du mal avec beaucoup de soin; il introduit les choses furtivement; et quand on compare Rome avec Jérusalem, on trouve Satan, là où devait être le Saint Esprit (la forme est presque cela); on voit le principe du Judaïsme introduit dans une économie que Dieu a établie parce que le Judaïsme avait manqué.

Dans l'épître aux Galates, nous voyons qu'on voulait:

  1. L'autorisation du ministère par l'homme; on la demandait à Paul.
  2. Les oeuvres, les ordonnances.
  3. La tradition des pères.

Le protestantisme, lui aussi, veut la religion de ses pères, les oeuvres, et l'autorisation humaine du ministère.

Il y a des vérités dans le protestantisme et dans le papisme; mais il n'y a pas besoin de foi, pour être dans l'un l'autre de ces systèmes. La différence entre la position du protestantisme et celle du papisme est que, au commencement, le protestantisme était fort par la foi et détruisait le papisme: Il était l'épée de la vérité. Aujourd'hui, c'est un vieux système qui n'a plus l'épée de la vérité; ceux qui s'appuient dessus croulent avec lui, et l'erreur papiste l'attaque avec succès.

Jérémie était au milieu d'un système que Dieu aimait, d'une nation qui se prévalait de la fidélité de Dieu envers son peuple, pour sanctionner le mal moral qui se trouvait dans ce que Dieu aimait. C'est aussi le cas de l'Eglise.

La responsabilité individuelle précède la responsabilité collective. Au commencement, celui qui marchait fidèlement, n'avait qu'à suivre le courant; mais depuis que le mal est entré dans l'Eglise, cela est tout différent. La fidélité sépare, — et la fidélité individuelle domine. Cette responsabilité ne peut se séparer de Dieu.

Quoiqu'il en fut de l'opinion de tout Jérusalem, Jérémie rendait témoignage; il a dû dire au milieu du peuple de Dieu: Les ennemis auront le dessus. Il ne pouvait rendre témoignage pour Dieu sans sentir que Dieu aimait Jérusalem; il pleurait sur Jérusalem, qu'il savait être l'objet des affections de Dieu. Il en est de même de ce qui a le nom d'Eglise. On peut dire à ce sujet les choses les plus contradictoires, selon le point de vue auquel on le considère. Tout ce qui s'appelle l'Eglise est l'objet des voeux de celui qui a l'Esprit de Dieu, et l'on peut dire pourtant aussi qu'elle est la puissance de Satan sur la terre.

Moïse était le témoin le plus fidèle au milieu du mal. Dans le camp, il ordonne que chacun tue son voisin; il juge le mal dans le camp. Sur la montagne, il dit à Dieu: Que feras-tu de ton grand nom, si tu les tues? Il identifie le peuple avec la gloire de Dieu. Où est la gloire de Dieu? On dit qu'il n'y a pas de responsabilité sans la vie; je ne puis l'admettre; on est responsable, non selon ce qu'on a, mais selon la position où l'on se trouve. Le méchant serviteur (Luc 12: 45-48) est traité comme ayant manqué à son service et non comme n'étant pas serviteur. L'Eglise est une pendant toute sa durée: les vierges qui sortent au devant de l'Epoux sont les mêmes quand il revient (Matthieu 25).

C'est la foi à la parole de Dieu qui a mis Jérémie dans la position dont il nous parle lui-même au chapitre 15 de son livre. Dieu peut dire: «Si tu te retournes, je te bénirai». Cela suppose la responsabilité. Mais Dieu veut que Jérémie sépare toujours la chose précieuse de la chose méprisable. Il faut la séparation d'avec le mal. «Cessez de mal faire, apprenez à bien faire». Nous n'avons pas à nous occuper des choses méprisables, mais à séparer la chose précieuse. «Qu'ils se retournent vers toi; mais toi, ne retournes pas vers eux:» voilà le témoignage. Je ne puis exercer la charité envers ceux qui sont tombés dans le mal, si je ne suis pas séparé du mal, ou si je reste dans le mal. On ne sait pas discerner le mal tant qu'on n'en est pas séparé; il faut quitter la saleté, pour voir les taches; dans la malpropreté, on ne les voit pas. Le discernement ne vient pas de beaucoup de connaissance; ceux qui ont le plus de discernement sont ceux qui sont le plus séparés du mal, du monde, et attachés à Dieu; ceux-là trouvent aussi la lumière et la connaissance.

A Jérusalem, tout chrétien avait la connaissance nécessaire pour diriger sa conduite, quoique Etienne, seul, soit choisi pour un témoignage public. Pourquoi donnerai-je des connaissances à celui qui ne les suit pas? Ce qui manque aujourd'hui, c'est la séparation totale de l'église d'avec le mal; il y a de l'union entre le bien et le mal, entre ce qui est précieux et ce qui est méprisable. Si l'on ne peut avec dix mille combattre celui qui en a vingt mille, il faut faire la paix avec le diable.

Dieu avait établi dans le monde, par les deux sacrements du baptême et de la sainte cène, un corps reconnu, où ces deux choses étaient pratiquées. L'église étant de fait le corps des baptisés, cette idée de l'église est perdue. Un baptisé n'était pas nécessairement un régénéré: ainsi en a-t-il été de Simon le magicien, et déjà d'Israël baptisé dans la mer et la nuée. Les baptisés étaient un corps reconnu dans le monde; le corps extérieur et l'intérieur, dans leur état normal, étaient un. Si je regarde à ce corps visible qui était au commencement le trône de Dieu dans le monde, aujourd'hui, c'est le trône de Satan. Ce n'est qu'en comparant le commencement et la fin qu'on peut juger de ce que Satan a fait, quoiqu'on ne voie pas Satan agir dans chaque détail.

Je vois le premier Adam en chute et Satan, le prince de ce monde, en possession du monde: la puissance de Satan était manifestée extérieurement. Le Fils de l'homme, le second Adam, est entré sur la scène, et a brisé la puissance de Satan. Il a été tenté, comme le premier Adam; il a subi les conséquences du péché, la mort; et puis, l'oeuvre étant achevée, il ressuscite et monte dans le ciel. Il domine sur Satan, mais il est caché dans le ciel. — Où est donc le témoignage de sa victoire sur Satan? Il est dans l'Eglise. Christ monté en haut met dans des hommes, par ses dons, les fruits, l'évidence du jugement de Satan; les miracles aussi sont les puissances du monde à venir, ils étaient les preuves par le Saint Esprit, de la domination de Christ homme sur Satan. L'Eglise était le vase de tout cela. Cette belle victoire du Christ, la joie des cieux, la gloire de Dieu le Père, — l'Eglise en était le vase pour la manifester sur la terre: mais, l'Eglise, hélas, a failli entièrement au témoignage qu'elle était appelée à rendre; comme chose publique dans le monde, elle est l'endroit où Satan fait des miracles. Le Saint Esprit ne peut pas se retirer des fidèles; mais ce n'est plus un esprit de puissance, c'est plutôt un esprit de répréhension qui fait dire: Où en sommes-nous? De ce côté, l'Eglise a failli entièrement, je le répète; il ne reste pas trace de ce témoignage public; et pendant que les hommes cherchent à l'expliquer, la mort arrive: le médecin parle de maladie pendant que la maladie emporte le malade. Notre iniquité glorifiera la fidélité de Dieu et son support; mais en attendant, nous avons manqué et nous manquons: le mal nous envahit de tous côtés.

L'union qui n'est pas basée sur la séparation ne vaut rien. Quand Israël a fait le veau d'or, Moïse ne rentre dans le camp que pour y rendre un témoignage. Ce camp dont il s'était fort éloigné était, non le monde, mais Israël. Moïse appelle son pavillon «le tabernacle d'assignation», qui n'était pas encore construit; il devance, par la foi, la séparation que Dieu fait de son peuple; il sort du camp et n'y rentre que pour rendre témoignage, en disant: il faut sortir hors du camp. La marche n'est difficile que parce que la chair rend tout difficile.

Soyez convaincus que ce qui seul convient au chrétien, c'est d'être fidèle dans sa conduite, en se séparant de tout mal et de tout mélange, et qu'on ne peut être charitable, pour ceux qui sont dans le mal, que lorsqu'on est entièrement retiré du mal soi-même: on le voit en Elie; il y a plus de bénédictions; jamais, sous Salomon, un homme a été enlevé au ciel. Il faut que le monde puisse voir les principes vivre dans les chrétiens. Dieu s'est incarné pour se rendre accessible à l'homme. Quand les chrétiens se sont mis à réaliser les principes et se sont assemblés au nom du Seigneur, le Seigneur a agi. L'obéissance est ce qu'il y a de plus simple et de plus béni. Du moment que les enfants de Dieu se mettent à obéir, la bénédiction commence; c'est comme la conversion. Il faut être converti pour convertir les autres, et être joyeux pour communiquer la joie.

Il me paraît qu'un principe profond se rattache à cela, savoir, le Royaume de Dieu en puissance. Le monde en général ne reçoit pas de principes par cela seul qu'ils sont vrais; Dieu ne le veut pas, parce qu'il veut que les siens soient fidèles, pour qu'ils soient bénis. Un principe peut être démontré scripturairement vrai; mais Dieu n'y place pas sa bénédiction si ces principes ne sont pas réalisés.

Si la puissance du Saint Esprit était complètement au milieu de nous, tous les chrétiens viendraient se rassembler avec nous; Dieu ne pourrait laisser dehors ceux qu'Il voudrait bénir. Il ajouterait à l'Eglise les sauvés. S'il n'y a qu'une partie de la puissance, il n'y aura qu'une partie des chrétiens.

Il est très important de comprendre, — et cela ne se peut que très près de Dieu, — que ce n'est pas tout d'être chrétien; il faut savoir aussi d'après quels principes les chrétiens marchent. Si les chrétiens ne marchent pas de manière à rendre témoignage à Dieu, je ne puis marcher avec eux. Dieu veut un témoignage. Ceux qui ne veulent pas rendre le témoignage que Christ demande, diront toujours que c'est une chose secondaire.

Un Erasme aurait trouvé dans ce que l'Eglise romaine conservait de vérité, une raison suffisante pour ne pas se séparer du papisme. Il y a moins de peine à marcher avec les mondains, qu'avec un frère qui ne marche pas dans le témoignage de Dieu. Si des frères ne marchent pas dans les principes du témoignage que Dieu a appelé les siens à rendre, je ne puis marcher avec eux. Ce serait détruire de nuit ce qu'on ferait le jour; ce serait une folie de subir les conséquences de la foi, si l'on peut marcher avec les autres sans cela. Il s'agit ici de la position de l'Eglise universelle en témoignage à ce que Dieu demande.

La parole de Dieu est la seule règle; elle n'est pas la seule chose; il faut le Saint Esprit. «Faites ceci, d'autant plus que vous voyez approcher le jour». La vérité est dans la Parole, mais le discernement du temps ne peut pas y être; l'Esprit seul le donne: Lui seul donne le discernement des circonstances et de la conduite à tenir dans les circonstances. Si le jour approche, c'est un motif d'agir de telle ou telle manière. Un autre peut dire: je ne vois pas que le jour approche; mais moi, dois-je agir selon ma foi, ou selon le manque de foi, ou de discernement des autres? La présence du Saint Esprit donne un discernement spirituel des circonstances qui nous entourent; cela s'applique à toutes sortes de choses. C'est le discernement qui me fait voir qu'un frère est dans tel ou tel état, et la Parole me donne la règle de la conduite à tenir vis-à-vis de lui. Aucun passage de la Parole ne me dit que mon frère est dans tel ou tel état; il y a la puissance aussi bien que la lettre. Demander un passage de la Parole est quelquefois un manteau de manque de foi. Les Juifs ne s'apercevaient pas que Jésus était le Fils de Dieu; Jésus trouva dans la Parole de quoi leur fermer la bouche. «Il est écrit dans votre loi: j'ai dit: vous êtes des dieux». Ceux qui ne veulent pas marcher par la foi, sont plus adversaires de la marche de la foi que les inconvertis.

La Réformation a trouvé un état de corruption palpable; la religion était tombée au dessous de la connaissance naturelle, et en était venue à faire des choses que les païens n'auraient pas faites; l'homme naturel s'élevait contre cette corruption; mais la seule puissance de la foi pouvait faire face à la force de la chair qui la soutenait.

La Réformation est devenue une affaire de peuples, parce que, s'élevant contre des choses qui révoltaient l'homme naturel, les nations se sont élevées avec elle. La réformation s'est élevée en dehors des limites de l'empire romain, sauf pour ce qui regarde la Suisse et l'Angleterre, et c'est dans ces pays qu'il y a cette lutte de principes. Le papisme envahit l'Angleterre par la puissance du puseyisme. Ce qui nous rassemble aujourd'hui, c'est la lutte entre le papisme et la vérité pure. Telle ou telle chose est ordonnée, dit-on. Les souverains sacrificateurs aussi étaient ordonnés; mais il y a des cas où Dieu a rejeté son autel; voyez Samuel 2: 7. A la fin d'une économie, la vérité est aux prises avec les ordonnances corrompues.

Des chrétiens estimés veulent affirmer que le ministère est une charge que l'on exerce sans dons. C'est dire que l'homme suffit à l'oeuvre de Dieu, sans le Saint Esprit. Une vérité éternelle est en question.

A la Réformation, on proclamait la justification par la foi mieux que maintenant; mais la Réformation n'a eu aucune idée des relations de l'Epouse avec Christ, et elle a rejeté comme du fanatisme l'idée du retour de Jésus. Dieu a remis en avant ces vérités aujourd'hui, la présence du Saint Esprit, le retour de Christ et le jugement du monde.

Avec le Saint Esprit, on ne remue et ne soulève pas les nations. Il s'agit de souffrir avec Christ, comme les premiers chrétiens et d'être une minorité haïe dans le monde. Il faut être séparé du monde et marcher là où Dieu peut consoler par cette vérité. Mais en marchant ainsi, j'ai la gloire de Christ, la consolation du Saint Esprit, et je sais que je suis dans la position qui plaît à Christ; et Dieu donne ses lumières comme consolation.

Celui qui bâtit et s'arrange dans le monde n'a pas besoin du retour de Christ; il est très désagréable pour lui que tout soit renversé. Mais si je souffre avec Christ, je serai réjoui de souffrir avec Lui, par ce que Dieu renverse.

On ne peut jouir de la consolation, à moins d'être dans la position où Dieu l'applique. Là est l'importance des détails. Comment l'arbre tire-t-il sa nourriture de la terre? Par de petits fils imperceptibles; et c'est aussi par des fils que l'âme se nourrit de mondanité. Mais en coupant ces petits fils on fait périr l'arbre; voilà pourquoi les détails sont importants. En général la lumière et la jouissance de la lumière ne se trouvent pas là où on n'a pas rompu avec le monde.

Je trouve dans la Parole l'exemple de deux formes d'infidélité. Abraham ne comptant pas sur Dieu, va en Egypte, sans prendre conseil de Dieu: il renie sa femme. Les chrétiens ont nié que l'Eglise fût l'Epouse de Christ: on la prend chez Pharaon, et on la considère. Esaü a renoncé au droit d'aînesse. Mais Jacob a employé des moyens qui n'étaient pas selon Dieu pour jouir des promesses, et, par son infidélité, ses jours ont été rendus courts et mauvais.

Le chrétien doit éviter de prendre de mauvais moyens pour faire de bonnes choses. Si Dieu envoie des missionnaires, je m'en réjouis; mais je ne veux pas employer des moyens que Dieu n'emploie pas pour en avoir; je ne peux pas marcher avec ces moyens. Dieu est responsable du but, mais non pas nous; nous le sommes des moyens. L'homme dit: nous pouvons faire, nous devons faire; — ce n'est pas la foi. Nous sommes responsables de l'obéissance à Celui à qui nous sommes. On nous attaquera comme ne voulant pas le but, si nous ne voulons pas les moyens que l'homme imagine! Nous ne sommes pas du monde parce que Christ n'en est pas et a été rejeté par lui, et la fidélité demande que nous souffrions avec Christ.

Christ dit que le principe du chrétien est justice pour soi-même et charité pour les autres, cela n'empêche pas qu'il n'y ait bien des frottements quand on marche ensemble; mais si ce principe de Christ était réalisé, ce serait le ciel sur la terre. Si le péché se manifeste dans un frère, l'amour pour ce frère et la fidélité à Christ demandent que j'agisse sur lui. La vraie discipline est toujours celle que l'Esprit exerce sur moi. Prendre soin de la réputation du corps est du diable; c'est l'égoïsme le plus pur. Ce n'est pas là la discipline. Celle-ci est de souffrir de ce qu'un frère se prive de la joie d'un chrétien. L'assemblée n'a pas de droit à exercer. Si un enfant se conduit mal, les autres enfants ont honte et se cachent le visage; ils souffrent, s'il faut le chasser. Paul veut que la sainteté s'applique à la conscience de chacun, et il rend chacun solidaire du péché si on le souffre. L'apôtre oblige l'assemblée à éloigner le mal, pour que les consciences ne fussent pas atteintes par le mal.

On s'est habitué à considérer l'Eglise sans l'idée du témoignage qu'elle est appelée à rendre. Ce témoignage est un devoir collectif, et c'est ce que nos frères retenus dans Babylone ne veulent pas reconnaître. Le témoignage collectif est beaucoup plus fort que le témoignage individuel. Ce témoignage collectif n'est pas produit par les associations, même lorsqu'elles sont formées pour de bonnes choses. Il n'y a de témoignage collectif possible qu'entre enfants de Dieu. Le principe égoïste de l'individualisme fait oublier l'idée de Tête, et de membres de corps.

Qu'y a-t-il à faire pour les brebis du Seigneur qui ne sont pas avec nous? Je vois qu'il y a trois classes de personnes parmi elles: 1° Ceux qui ne sentent que leurs propres besoins; 2° ceux qui sont de vieux vaisseaux sous un jugement (que Dieu restaure pourtant); 3° ceux qui sont des vaisseaux neufs.

Ceux qui ne pensent qu'à leurs propres besoins font des prosélytes et disent: «Venez avec nous, nous recevons des bénédictions». La seconde classe fait peu de prosélytes; la troisième n'en fait pas du tout. Les âmes que le Seigneur amène Lui-même sont dans la lumière où nous sommes nous-mêmes, et leur présence est en bénédiction.

Si nous tenons à ce qu'il y ait un même esprit dans nos réunions, le Seigneur amènera des âmes au milieu de nous; s'il y a du prosélytisme, sans l'Esprit, on aura lieu de s'en repentir.

L'union s'opère quand l'Esprit est là; elle se fait spontanément, comme un fruit naturel de l'Esprit. C'est l'histoire de tous les principes qui prennent racine dans l'âme. L'union n'est pas commandée; Dieu la fait; nous devons la garder. Plus l'union est spontanée, plus elle est selon l'Esprit; y pousser ne sert pas à grand-chose. Il y a des gens qui gâtent tout, en voulant avoir raison. Cela n'est compris que quand l'union est opérée; une union extérieure ne tient pas devant la lumière.

Un autre motif me détourne de l'esprit de prosélytisme: je suis profondément convaincu que la marche que nous suivons est telle, que la foi personnelle peut marcher et que l'âme doit marcher sur l'eau avec Jésus. La position est telle qu'il faut rester dans la barque, ou aller se fier à Jésus pour marcher sur l'eau.

Une autre raison encore vient à l'appui de ce que je dis: Plus l'économie est en ruine, plus la grâce est puissante et glorieuse sur les quelques-uns à qui Dieu donne la lumière pour voir cet état. A mesure que l'économie décline, le Seigneur se glorifie en donnant une plus grande lumière, afin de donner plus de force. Si nous agissons sans discernement, nous aurons de nouveau au milieu de nous le mélange du bien et du mal.

Quelqu'un n'est pas encore bien éclairé peut-être: l'engager au bien, est-ce du prosélytisme? La réponse à cette question se trouve ici: il faut présenter les bénédictions en Christ qui ont produit leur effet sur nous, et non pas pousser les autres à agir conformément aux effets qui ont été produits sur nous. Je désire de tout mon coeur que les autres chrétiens marchent d'après mes principes; je n'invite personne à imiter ma marche; mais je suis convaincu qu'il est impossible d'avoir les mêmes convictions que moi, sans marcher dans le même sentier.

La charité est de discerner ces grands principes. Le mal envahit tout, les jugements approchent, et ceux qui sont dans la voie ordinaire crieront inutilement aux montagnes de les cacher. Si je ne distingue pas entre le monde et le chrétien, comment les distinguerai-je à la cène? On ne peut pas dire à quelqu'un de ne pas prendre la cène avec le monde, l'engager à cela sera sans fruit: ce qui agira sur une âme, c'est de lui dire qu'elle aime le monde. La foi est le principe capital; le reste ne produit rien. Un seul acte de foi produit des conséquences pour des années.

Compter sur la raison et par la raison humaine est faux, parce que Dieu n'est pas là; il faut ne rien faire si Dieu ne pousse pas à faire. On peut parler de la puissance de la presse; on a beaucoup publié; mais le Saint Esprit a fait plus par Paul, sans la presse, que toute la presse n'a fait depuis. Il faut s'attendre à Dieu. Tout est là. Il faut prendre notre parti, dans notre faiblesse. On est solidaire de ce qui se fait. Il nous faut prier Dieu de garder nos frères. On prête facilement le flanc aux adversaires. Il n'y a de remède que dans la puissance du Saint Esprit. Jésus n'a pas écrit: il était Lui-même la chose dont Il parlait. Les apôtres ont écrit et s'adressaient à des personnes que les questions intéressaient. Aujourd'hui, on jette son pain sur la surface de l'eau. Au commencement on s'adressait à la conscience d'un individu, selon la lumière de l'Esprit sur son cas. Aujourd'hui, ce n'est pas cela, on jette des principes pour ceux qui y sont ou non préparés. La fidélité exige d'avertir le monde du jugement. La fidélité ne reconnaît pas la nécessité de tel ou tel moyen. Des frères qui n'ont pas écrit, ont beaucoup plus fait que d'autres qui ont beaucoup écrit.

Il faut en toute chose se remettre à Dieu. La prudence est l'affaire de chacun dans la dépendance du Saint Esprit. Il faut supporter, et se remettre à Dieu. La foi se soumet à la position dans laquelle on se trouve. — Ce qui importe, c'est d'être conséquent avec les principes de Christ.

2°  Sur la présence du Saint Esprit

La difficulté qui se présente à moi, c'est l'étendue du sujet qui doit nous occuper. — Le Saint Esprit seul nous instruit et est au milieu de nous; et s'il s'agit de Dieu au milieu de nous, il n'est pas étonnant que le sujet soit vaste.

Le centre du sujet me semble être que Dieu a voulu demeurer avec nous, avec les hommes, et dans les hommes. Il demeure Lui-même dans la lumière inaccessible; mais cela ne suffit pas à son amour, il faut qu'il se fasse connaître.

Si nous pouvions connaître Dieu, cela supposerait une certaine égalité avec Lui; mais l'homme est incapable de connaître Dieu: mais Dieu a voulu demeurer avec nous, et pour que l'homme puisse jouir de sa présence, il faut que Dieu se communique à nous.

Dans le jardin d'Eden, Dieu parle aux hommes il était familier avec les hommes, et se promenait dans le jardin au frais du jour; mais depuis la mort de Jésus, il ne reste aucun rapport entre notre nature d'hommes et Dieu. Israël a vu Dieu; il a vu la mer fendue, et d'autres manifestations de la puissance de Jéhovah; la gloire a passé devant Moïse (Exode 33). C'était une présence sensible de Dieu; ce sont des choses arrivées. — Cette présence sensible n'existe plus; l'homme n'est pas aussi près de Dieu maintenant, et la providence de Dieu ne dit pas plus aux croyants par elle-même, qu'aux incrédules.

Dieu a laissé longtemps l'homme à lui-même; mais il envoya des témoignages: ainsi, par Noé, prédicateur de la justice. Mais par l'idolâtrie, le démon s'empara de l'homme, et se manifesta d'une manière sensible par de faux miracles. Dieu commença alors à se manifester ouvertement aux hommes, en apparaissant à Abraham; il parla à Abraham, mangea avec lui, et marcha avec lui. Plus tard, Dieu voit l'affliction de son peuple, et il descend pour le délivrer. Ce n'est pas une apparition momentanée; Dieu manifeste dans le monde sa présence en puissance pour la délivrance de son peuple: il exécute le jugement sur les devins d'Egypte, où Satan manifestait sa puissance. Dans le culte du monde, Dieu se manifeste et triomphe: les gentils mangent et offrent des sacrifices avec Israël, et ils reconnaissent que le Dieu d'Israël est élevé au-dessus de tous les dieux (Exode 18). Jethro dit: «Béni soit l'Eternel qui vous a délivrés de la main de Pharaon…; je connais maintenant que l'Eternel est grand par dessus tous les dieux…». Ce n'est pas seulement de la piété; il y a là une chose sensible: «J'habiterai au milieu des enfants d'Israël, et ils sauront que je suis leur Dieu» (Exode 29). Jethro le gentil et les enfants d'Israël savent que Dieu les a tirés d'Egypte pour habiter au milieu d'eux: Dieu était descendu pour délivrer son peuple, et il habite au milieu d'eux (Exode 15: 13-16). Les ennemis du peuple deviennent stupides comme une pierre; la manifestation de la présence de Dieu leur ôte toute force. C'est la joie du peuple de sentir que Dieu est là au milieu de lui.

Cette présence de Dieu était sensible au milieu d'un peuple terrestre. Quand Israël doit monter, Dieu refuse de monter avec lui, à cause du veau d'or. Moïse intercède, le peuple est pardonné. Et Moïse dit: Comment connaîtra-t-on que tu as séparé ton peuple, si ta présence ne va pas avec nous? (Exode 32: 15, 16). Quand Dieu a un peuple sur la terre, il est avec lui. Ainsi aussi, la différence entre un chrétien et un mondain, c'est que l'Esprit de Christ est dans le chrétien: «si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de Lui (Romains 8: 9). Impossible que le peuple tienne devant les ennemis sans la présence de Dieu avec lui; ainsi il nous faut, à nous aussi, la présence de Dieu, parce que nous sommes «de cou raide». Dieu fait tomber les murs de Jéricho et maintient la sainteté du camp. Dieu n'est pas seulement dans le ciel, mais il est présent pour habiter au milieu de nous en grâce. La présence de Dieu en Israël a été la source de toute sorte de jugements à cause du péché. Dieu se manifeste dans le tabernacle, puis dans le temple que l'on souille par l'idolâtrie: et Dieu rejette le peuple. Jésus vient; il était Dieu au milieu du peuple et manifesté en chair. Tout fléchit devant Lui: les démons sont chassés et fuient devant sa face, il y avait au centre ce vrai «Temple» (Jean 2: 19-21), — une chose de la plus haute importance, la présence de Dieu dans l'homme, et non dans une nuée. Dans la nuée, Dieu répondait à toutes les pensées, et agissait; mais ce n'était pas Dieu uni à l'homme. C'est en Christ que se trouve cette nouvelle vérité, Dieu uni à l'homme dans le Fils. Dieu a préparé un corps pour le Fils; il s'est fait homme, a sympathisé avec l'homme; il a senti pour l'homme, Dieu manifesté en chair…, vu des anges…, élevé dans la gloire, Dieu uni à l'homme, un homme.

Il n'y avait point de communication entre Christ et le coeur de l'homme. Celui qui pouvait dire: «Je revêts les cieux de noirceur» (Esaïe 50), est venu, et il doit dire: «Pourquoi suis-je venu, et il ne s'est trouvé personne? J'ai crié, et il n'y a personne qui ait répondu?» Lui, l'Eternel, qui a fait tarir la mer Rouge, il a été là. Moi, l'Eternel, je suis venu; je me suis humilié pour me faire connaître à ceux qui sont accablés de maux. Il a voulu faire l'expérience de toutes nos misères, sans péché; — mais il n'y avait aucune communication entre Lui et l'homme.

Christ est un homme qui devient la source de la vie pour les hommes. C'est une vie de Dieu qui a eu le dessus, dans l'homme, sur Satan, et qui, par sa mort, a rendu impuissant celui qui avait l'empire de la mort. Christ ressuscité devient le Chef d'une nouvelle race, où la puissance de Dieu se manifeste, où la vie est communiquée à l'homme par sa mort. Dieu a placé Christ à sa droite dans la gloire, et Christ devient la source d'une vie en nous.

Le Père, le Fils, le Saint Esprit avaient été manifestés en Jésus: «Mon Père travaille… et moi je travaille» (Jean 5: 17), «Je chasse les démons par l'Esprit de Dieu» (Matthieu 12: 28). Ensuite, quand il est à la droite de Dieu, il envoie le Consolateur (Actes des Apôtres 1 et 2); il descend dans la personne du Saint Esprit, et se place ainsi au milieu des siens. La présence du Saint Esprit est, par conséquent, ce qui distingue les chrétiens d'avec le monde. Quel amour que l'amour de Christ pour l'Eglise! On a quelquefois de la peine à distinguer Christ et l'Eglise tant cette union est grande.

Il faut distinguer entre la vie de Christ en nous, et la présence de l'Esprit. Par la communication de la nature divine, nous sommes rendus capables de jouir de Dieu: c'est ce qui nous est donné en Christ. Cette vie étant en nous, nous sommes capables de jouir de Dieu, nous participons de la nature divine (2 Pierre 1: 4). La vie de Dieu qui s'est fait homme en Christ, nous a été communiquée quand l'oeuvre a été accomplie: «Parce que je vis, vous aussi, vous vivrez» (Jean 14: 19). «Nous sommes de sa chair et de ses os» (voyez Ephésiens 5: 29, 32). La vie de Christ est une même vie dans tous les hommes membres de Christ, une vie éternelle, car il est impossible que Christ périsse. Il y a en second lieu, — et il nous fallait cela, — la présence de Dieu lui-même au milieu de nous. Dieu, le Saint Esprit, se déploie en nous selon la puissance et l'intelligence de Dieu. Nul homme ne peut comprendre les pensées de Dieu, sinon par l'Esprit de Dieu: — Nous avons cet Esprit; c'est pourquoi nous avons la pensée, l'entendement de Christ (voyez 1 Corinthiens 2). Jean aussi nous dit: «Vous avez l'onction de la part du Saint (savoir le Saint Esprit) et vous connaissez toutes choses» (Jean 2: 20 et 27). Aucun de nous ne connaît toutes choses; mais, ayant reçu l'onction, le Saint Esprit, il y a en nous le centre de l'intelligence de Dieu; et nous comprenons toutes choses: Il vous conduira dans toute la vérité (Jean 16: 13). Avant la glorification de Christ, le Saint Esprit parlait par les prophètes, mais ne donnait pas l'intelligence de tout.

Le Saint Esprit est un sceau de l'adoption de l'Eglise, du pardon de ses péchés, et de ce que Dieu peut y habiter; l'Eglise est «une habitation de Dieu par l'Esprit». Nous sommes scellés pour le jour de la rédemption; le sceau de Dieu est sur nous pendant que nous l'attendons: la conséquence en est la connaissance et la jouissance de tout. Le Père nous scelle ainsi. L'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs, non pour que le Saint Esprit nous en parle, mais parce que le Saint Esprit nous a été donné (Romains 5: 5). Dieu s'est placé dans diverses relations avec l'homme; pour nous, il est notre Père.

Le Saint Esprit est avec nous comme Dieu, et comme remplissant certaines fonctions prophétiques. Le Saint Esprit est Dieu, habitant et agissant en nous, de la part de Dieu le Père et de Dieu le Fils. Le Saint Esprit est la sagesse et la puissance de l'homme dans ces relations, dans lesquelles Dieu nous a placés vis-à-vis de Lui: il ne parle pas de son propre chef, au contraire, il dit ce que le Père et le Fils veulent qu'il dise, tout en ne cessant pas d'être Dieu (Jean 16: 13). Il ne s'est pas incarné comme le Fils, il ne s'est pas fait homme; il agit dans l'homme pour l'accomplissement des conseils de Dieu quant à l'homme. Il est encore Esprit d'adoption (Romains 8: 15, 16).

Le Saint Esprit en nous glorifie le Fils tel qu'il est dans le ciel, comme homme vainqueur; il ne pouvait pas être ici-bas avant que Jésus fût glorifié. Le Saint Esprit nous communique l'amour du Père, ce qui est infiniment précieux; il nous fait sentir que tout ce qu'il nous communique est à nous (Jean 16; 1 Corinthiens 2), il est un témoin en nous que toutes ces choses nous appartiennent. Le Saint Esprit dit toujours: nous. Dieu n'est pas seulement l'objet de notre foi; il est aussi en nous, la source de notre joie et de notre vie: «Celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui» (1 Jean 4: 16). Il est aussi, dans sa nature, en nous par l'Esprit. Si j'agis en amour envers le monde, c'est Dieu qui se manifeste. C'est ce que voulait la syrophénicienne, et Jésus est obligé d'agir en amour! Si un homme m'ôte ce qui m'appartient, la charité ne cherche pas ce qui lui appartient: c'est la nature divine en moi. Cela est encore plus précieux pour les chrétiens entre eux. C'est la joie de la divinité «qu'ils soient un en nous»; c'est le lien entre les frères, et Dieu est là. Je ne puis séparer le Père et le Fils, et l'union des chrétiens est inséparable, parce que Dieu est en eux tous. «Par ceci nous savons que nous demeurons en Lui, et Lui en nous, c'est qu'il nous a donné de son Esprit» (1 Jean 4: 13). Le Dieu d'amour qui s'est manifesté en Jésus, se manifeste dans les enfants de Dieu; nos coeurs sont l'expression de l'amour de Dieu qui y est répandu.

Je tiens à ce que nous comprenions maintenant, que Dieu lui-même habite en nous par son Esprit. Le même Dieu qui agit en accomplissant les miracles, est au milieu de nous. Il est de la plus haute importance que nous le comprenions, et que nous le confessions. Ce même Esprit est au milieu de nous, et demeure éternellement avec nous, aussi puissant qu'au commencement, n'étant changé ni dans sa puissance, ni dans son amour.

Il y avait au commencement des cantiques inspirés que nous n'avons pas, dans le sens de révélation: il faut distinguer entre «inspiration» et «révélation», car la différence est grande entre les deux choses. Dans une révélation, le Saint Esprit dit ceci ou cela, et c'est la parole de Dieu. Mais le même Esprit agit par révélation, par consolation, par doctrine (des choses déjà révélées; comparez 1 Corinthiens 14: 6). Personne ne prétend chanter un cantique «inspiré» dans le sens propre; il est dit cependant: «Vous entretenant par des psaumes des hymnes, des cantiques, etc., (Ephésiens 5: 19). S'il n'y a plus de cantiques inspirés, ne dois-je plus être rempli du Saint Esprit? Ce même Esprit n'est pas moins puissant maintenant, quoiqu'il ne donne pas les mêmes manifestations de puissance; et dans notre misère, nous n'en avons pas moins besoin.

Pourquoi tant de langues dans le monde? C'est un jugement de Dieu pour empêcher l'homme de trouver l'unité selon la chair. Mais tandis que l'homme peut comme à Babel faire tout ce qu'il voudra, Dieu sort de l'enceinte des Juifs dans laquelle il était resté, et il parle toutes les langues de la terre, en grâce, et cesse d'être juif, si j'ose dire ainsi. C'est le témoignage le plus frappant de la grâce de Dieu, tout en étant un miracle de «langues». L'Esprit, qui opérait ainsi, n'est ni plus, ni moins que le Consolateur, Celui que le Père avait promis (Actes des Apôtres 1: 4, 5, 8). Ce même Esprit qui se manifestait dans les langues, c'est ce Consolateur qui est au milieu de nous; et il est impossible de séparer les dons du Saint Esprit du Consolateur lui-même: il faut le croire, y avoir foi; c'est la première chose. La conséquence en est, que le Saint Esprit est nécessairement et absolument un Esprit de sainteté.

Ceux qui sont morts en Christ, malgré leur bonheur, n'entrent pas comme nous dans la liste de ceux qui forment l'Eglise pour la terre, c'est-à-dire pour la manifestation du Saint Esprit sur la terre. Il a voulu se manifester sur la terre; et ce ne sont pas les chrétiens morts, mais les chrétiens vivants qui sont le vase de la puissance de Dieu, de la présence de Dieu. C'est ce qui donne à l'Eglise sur la terre, l'unité, unité nécessaire: Dieu habite en nous par le Saint Esprit, manifestant dans ce pauvre monde la nature divine.

Ce n'est pas tout de rassembler; «celui qui n'assemble pas avec moi, disperse» (Matthieu 12: 30). On peut rassembler, et Dieu appelle cela disperser, si ce n'est pas avec Lui qu'on assemble. Satan tient de tout son coeur à appeler le mal, bien, et le bien, mal, afin que l'on cesse d'en goûter la différence: il veut mêler les chrétiens avec le monde. Cette union-là est une oeuvre satanique. Tout amalgame empêche les mal assurés de discerner le mal qui est parmi le bien. C'est ce qui appela le jugement de Dieu quand les fils de Dieu se joignirent aux filles des hommes (Genèse 6). Les chrétiens mondains disent qu'on ne doit pas juger: je ne dois donc pas juger que Jésus dans le monde est le Christ, et que ceux qui le suivent font bien! Ce que je ne dois pas faire, c'est de juger le coeur de l'homme, car faire ainsi, c'est usurper le droit de Dieu. Mais si je juge que tous sont morts, et qu'un a échappé à cette mort, les anges même se réjouissent.

Comment Dieu opère-t-il l'union? Il commence par la séparation: sa grâce agit au milieu du mal, convertit une âme après l'autre, la sépare du monde, et l'unit à Lui-même. C'est un mal qu'Israël s'unisse aux nations dont Dieu l'avait séparé pour le rassembler autour de Lui.

L'effet de la présence de Dieu sur la terre, est de réunir les enfants de Dieu en un seul corps sur la terre. Dieu veut, par sa présence, séparer les chrétiens du mal, selon la mesure de sa sainteté. Si Dieu ne met pas le mal à découvert, c'est le plus terrible jugement possible, car la présence de Dieu ne peut tolérer aucune souillure.

La présence du Saint Esprit dans l'Eglise, c'est le lien d'amour en elle, le témoignage d'amour devant le monde, et la sainteté dans l'Eglise. Il y a de plus la puissance de Dieu. Dieu agissait avec Israël, avec David il instruisait, reprenait, nourrissait son peuple il agissait en puissance, au dehors par des signes, et au dedans par l'instruction.

Les «langues» étaient dans l'Eglise un témoignage envers le monde; mais Dieu, qui agit par le corps de Christ envers le monde, nourrit aussi son corps. Il y avait des dons dans ces deux buts, pour nourrir le corps, et puis pour rendre le témoignage. Si l'Eglise n'est pas fidèle, ou pour telle autre raison, Dieu peut cesser de manifester sa présence en témoignage a son peuple: Dieu peut cesser de se manifester à Israël, mais il ne peut abandonner les promesses qu'il lui a faites. Dieu a pu ôter à l'Eglise sa parure, ses dons en témoignage à ceux de dehors; mais Dieu, si son Eglise ne manifeste pas la gloire de Jésus, homme glorifié, ne peut manquer à ses promesses. Il ne peut ni négliger, ni abandonner l'Eglise. Il peut, s'il le faut, lui donner au lieu de nourriture, une médecine très amère; mais il ne peut l'abandonner.

Si Dieu ne donnait pas d'évangélistes, il n'y aurait pas une âme convertie; mais d'un autre côté, la puissance du Saint Esprit reste toujours là pour agir de la part de Christ, pour nourrir et chérir l'Eglise.

Deux grands principes, la responsabilité de l'homme et le conseil de Dieu, se rattachent à cette présence de l'Esprit. Adam manque à sa responsabilité; Dieu ne manque pas à son amour. — La création faillit; Dieu la délivre par la gloire des enfants de Dieu: — Israël a failli; mais Dieu ne faillit pas; Israël jouira de tout, quand Christ reprendra Israël. L'Eglise est responsable de la gloire de Dieu, elle a manqué à cette responsabilité; Dieu, néanmoins, accomplira la gloire de l'Eglise dans le ciel; et en attendant, il fait tout ce que demande sa fidélité pour manifester l'Eglise en gloire. Jusqu'à ce que le Maître de la moisson se lève et ferme la porte, Dieu, par le Saint Esprit dans l'Eglise, fait tout ce qui est nécessaire pour la pleine manifestation de Christ qui veut la bénir.

Dieu est avec son peuple; et s'il y avait de la foi, cela se verrait dans les détails, et au lieu que l'Eglise fût stupide au milieu du monde, elle rendrait les ennemis stupides à la vue de la présence de Dieu. — Le plus humble est le plus près de Dieu. Il devient le vase de la bénédiction de Dieu pour son peuple, car l'Esprit distribue à chacun comme il veut.

Dieu est au milieu de nous, et il nous possède. Il ne peut pas se manifester là où il n'a pas ses propres droits. La présence du Saint Esprit réalise cette possession. Si l'oeil est net moralement, on verra tout clairement. Mais Dieu veut en outre employer l'Eglise pour son travail dans ce monde. Agissant par le Saint Esprit, il ne fait rien moralement que par les hommes: il emploie ses enfants pour accomplir ses conseils. — Il faut que Dieu ait un instrument qui réponde à sa volonté. Je crois que Dieu communique à l'Eglise ce qu'il est nécessaire de savoir sur l'avenir, pour qu'elle se conduise selon l'intelligence de ce qui va arriver.

Le Saint Esprit agit dans les saints. Il faut pour cela que le Saint Esprit possède l'Eglise. Impossible que le Saint Esprit emploie l'Eglise, sans qu'il la possède pleinement, et que la volonté propre soit anéantie. Dieu peut l'employer ou l'envoyer ici ou là.

On veut bien introduire le Saint Esprit pour modifier la vie et ne pas pécher; mais on ne veut pas être absolument à Dieu et recevoir que nous ne sommes pas libres d'employer un seul moment, sinon dans l'obéissance, et pour le Seigneur Jésus. Le Saint Esprit ne veut pas employer la chair, quoique Dieu puisse employer l'ânesse de Balaam et Balaam lui-même.

Si nous connaissions les choses à venir sans vouloir obéir à Dieu, ce ne serait que de l'orgueil. Le Saint Esprit révèle l'avenir, parce que l'avenir est important à ceux qui ont le même intérêt à Christ: cela regardait les disciples de savoir que Jésus allait mourir. Si vous voulez avoir de la connaissance, il faut être à Dieu. Si vous ne voulez pas être tout de bon à Christ, Christ ne sera pas, en un sens, pleinement à vous.

On ne peut pas compter sur un homme qui, pour des boeufs, refuse d'obéir. Si Paul n'avait pas été, l'esclave du Seigneur, le Saint Esprit n'aurait pas pu lui dire: Va ici, ou va là. L'Eglise n'a pas voulu être à la disposition de Dieu, c'est là toute la difficulté. Si quelqu'un veut être mon disciple, il faut qu'il renonce à tout ce qu'il a: il y a plus ici que l'oeil simple. Jésus serviteur passe la nuit en prières auprès de Dieu. Dieu peut mettre la foi à l'épreuve, mais il conduit par le Saint Esprit. Dieu conduit une âme qui vit pour Lui. Il peut laisser Paul en prison, et en faire sortir Pierre.

L'Esprit conduit en toute vérité, et révèle les choses à venir. On ne cesse pas plus de savoir les choses à venir selon les besoins de l'Eglise, que d'être conduit dans toute la vérité; Christ communique ce qui relève le courage, ce qui préserve de fausses voies. Il est dit (Apocalypse 1: 3; 22: 7): «Bienheureux celui qui lit, et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et ceux qui gardent les choses qui y sont écrites». Si l'on attendait la ruine, cela modifierait la conduite; — Dieu dit: Voilà la forme qui conduit à cette ruine. La prophétie agit sur le moral, parce que l'enfant de Dieu discerne le mal qui conduit au jugement et s'en sépare. Le jugement de Babylone est annoncé pour que nous évitions les péchés qui y conduisent.

Il y en a quelques-uns de fidèles: c'est là que la lumière se trouve. Ceux qui ne sont pas fidèles tâtonnent le long du mur comme les aveugles. Le Seigneur Jésus dans un temps fort difficile, dit: «N'y a-t-il pas douze heures au jour? si quelqu'un marche de jour, il ne bronche pas, car il voit, la lumière». Nous appartenons à Dieu, et Christ est pour nous; quand il y a un Christ (Christ en nous) à conduire, Dieu n'y manque pas. L'esclave ne sait pas le soir ce que son maître voudra de lui le matin. Paul est ainsi: il a tout laissé pour être l'esclave de Dieu, pour faire sa volonté. C'est de cette manière que nous sommes tenus dans la proximité de Dieu et dans l'humilité. Je suis convaincu que l'Esprit de Dieu conduit directement les enfants de Dieu dans leur chemin; mais cela suppose que l'individu dont il s'agit s'est donné à Dieu; et de plus il faut que le pied ne soit pas en haut, et l'oeil en bas; il faut que l'Eglise soit dans cette position de dépendance, et que l'Esprit s'approprie tous les membres du corps.

L'homme ne peut pas ôter à Dieu ses droits, et lors même qu'il n'y aurait qu'un seul individu fidèle, Dieu le dirigerait. Etre conduit par le Saint Esprit, suppose que le vaisseau est complètement à la disposition du Saint Esprit. Le dévouement à Dieu est le commencement de cette conduite. «Ne vous conformez pas à ce siècle»; il faut cela, avant qu'il y ait capacité de comprendre la volonté de Dieu, bonne, agréable, et parfaite.

L'obéissance et la puissance ne sont pas opposées. Jésus vient pour faire la volonté du Père, et la puissance du Saint Esprit le conduit au désert, où il confond le diable par l'obéissance. Il n'agit pas par sa propre volonté dans la résurrection de Lazare. L'autorité que nous avons reçue est pour l'édification, non pour la destruction; nous ne pouvons rien contre la volonté du Seigneur, mais tout pour sa volonté; cela nourrit l'esprit d'obéissance.

Tout ce qui a l'air d'autorité envers un autre, est obéissance en celui qui l'exerce, ou bien c'est un péché. Quand Paul dit: «Voulez-vous que je vienne vers vous avec une verge»; s'il était allé ainsi avec la verge sans nécessité, cela aurait été un péché. Si Dieu lui avait dit d'aller avec une verge, cela aurait été un acte d'obéissance que d'aller.

3°  Sur la présence du Saint Esprit dans ses rapports avec le culte et avec les dons

Les verset 12 et 30 du chapitre 8 du Lévitique nous montrent la différence qu'il y a entre l'onction d'Aaron quand il est oint tout seul, et l'onction de ses fils quand ils sont oints avec lui. Dans le premier cas, l'huile de l'onction est versée sur la tête d'Aaron; et la réunion des frères (Psaumes 133) est comme cette onction d'Aaron, en plénitude de l'Esprit; les fils d'Aaron étaient seulement aspergés. «C'est une chose bonne que les frères s'entretiennent ensemble». Il y a la plénitude de l'onction dont chacun jouit individuellement selon la relation de son âme avec Dieu: cela tient à l'unité du corps et à la fonction de chaque membre ou partie du corps.

Il faut distinguer le culte d'avec l'exercice des dons: dans le culte, on parle à Dieu; dans les dons, c'est Dieu qui agit envers l'homme. Dans l'Ancien Testament, la différence entre ces deux choses nous est présentée en figure, dans la différence de position et de service des sacrificateurs et des Lévites.

La sacrificature rend culte à Dieu; les Lévites sont employés au service du tabernacle; ils sont présentés en offrande à Dieu, comme un don, et donnés à Aaron et à ses fils. Dans l'offrande des Lévites, les enfants d'Israël mettaient leurs mains sur les Lévites. L'Eglise est manifestée à Dieu. Quiconque prie dans l'assemblée doit être la voix de l'assemblée, ou bien ce n'est pas le culte de l'assemblée, mais le sien propre; il doit être la voix du Saint Esprit qui présente à Dieu les louanges ou les prières, ou les intercessions de l'assemblée. Pour offrir un culte commun à Dieu, il faut cela. Celui qui parle n'est que la bouche du Saint Esprit agissant en tous.

Le culte suppose un peuple déjà accepté de Dieu: c'est comme avec Christ, et unie à Christ, que l'assemblée loue Dieu. Quand l'assemblée est dans son état normal, elle peut jeûner et prier; mais, ce n'est pas là proprement le culte. Le culte, je le répète, est l'acte par lequel l'assemblée présente à Dieu ses adorations et ses prières: tout cela est le fait de la sacrificature. L'individualité est entièrement perdue dans le culte. Le Saint Esprit fait de tous un seul corps, et un seul esprit, et il devient la voix de l'assemblée. Le sacrifice de prospérité est le type de cette communion des saints; tout le corps des sacrificateurs y avait sa part. Lévitique 3; 7: versets 11 à 21, 28 et suivants. On ne peut rendre culte en dehors de l'unité de tout le corps, de toute l'église; la joie individuelle dépend de l'état particulier de l'assemblée.

Au lieu d'agir, dans les dons de la part du corps, j'agis de la part de Dieu. Il y a des dons qui ont l'assemblée pour leur sphère; un autre don, l'évangéliste, a son champ d'activité dans le monde. Un évangéliste peut ne jamais ouvrir la bouche dans l'assemblée, parce qu'il n'a pas le don pour cela; d'un autre côté, celui qui édifie les frères ne saura peut-être rien dire devant les inconvertis où l'évangéliste est à sa place.

L'action seule de Dieu peut communiquer la bénédiction; si ce n'est pas Dieu qui agit directement, il n'y a rien du tout, sauf du mal et de la misère; il faut que Dieu agisse pour qu'il y ait de la bénédiction, et il agit par le Saint Esprit avec l'autorité de Dieu et la sympathie de l'homme; il agit dans les hommes, et par les hommes.

Il est impossible de séparer ce que le Saint Esprit fait de sa présence. Timothée avait reçu un don, et il lui est dit de le ranimer, car nous n'avons pas reçu un esprit de crainte, mais de puissance, d'amour et de conseil. Le Saint Esprit agit en donnant connaissance et sagesse.

Il est saint et souverain, comme Dieu est saint et souverain; il ne peut pas sortir avec le peuple s'il y a de l'interdit. Lui qui distribue à chacun comme il veut, peut toujours, dans sa sagesse ôter ce qu'il veut. Dieu est souverain pour envoyer et pour employer un don ou un autre, selon qu'il lui plaît. Toute idée d'égalité est absurde ici. Le corps est un, il y a unité, mais non pas égalité dans les membres; tous ne sont pas des hommes faits; la bouche n'est pas égale à l'oeil, le pied n'est pas la main. Il y a plusieurs membres, un seul corps. Dans le culte tous sont sur un pied d'égalité; dans les dons il s'agit de souveraineté, et il y a diversité. Tous sont-ils apôtres? Tous sont-ils prophètes? Tous les sacrificateurs étaient égaux, mais non les lévites: chacun de ceux-ci avaient reçu de Dieu son service, sa charge particulière.

Pour ce qui est des dons, je ne reconnais que des dons directs de Dieu; je ne veux pas écouter les hommes. Il faut que Dieu parle pour que je sois béni, et si quelqu'un n'ait pas par l'Esprit, dans son don, ce n'est que l'activité de la chair. Je veux rappeler ici quatre passages qui se rapportent à ce sujet.

1°  1 Corinthiens 12. Il y a un seul Esprit (par opposition à la multitude des démons) envoyé d'en-haut pour demeurer dans les disciples et dans l'Eglise sur la terre. L'Esprit était la manifestation de la présence de Dieu dans sa maison: Dieu était là par l'Esprit, et Il agissait souverainement et distribuait ses dons à qui Il voulait et pour le profit de tous. L'Esprit donc, un seul et même Esprit, agissait en eux par diverses manifestations, soit pour l'appel et l'édification de l'église, soit en témoignage pour ceux de dehors; mais dans l'exercice de ces dons divers, les fidèles étaient administrateurs, et il y avait un seul Seigneur; cependant c'était Dieu, un seul et même Dieu, qui opérait tout en tous. Dieu opère tout en tous; mais les opérations attribuées à Dieu sont attribuées plus loin à l'Esprit; et puis la Parole ajoute que Lui, l'Esprit, distribue à chacun comme il veut; et les opérations spirituelles dans les hommes sont des dons distribués selon la volonté de l'Esprit. L'Apôtre signale les dons spirituels sans en donner une liste formelle et complète. Il y a quelque chose de plus excellent que tous les dons; ces dons étaient la manifestation de la puissance de Dieu et des mystères de sa sagesse; il y a l'amour qui est la nature même de Dieu.

2°  Ephésiens 4. Ici, c'est Christ qui donne et qui agit pour le profit et pour l'édification de son corps, non pour une manifestation. Il donne pour l'édification, les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, etc. Ce sont des membres du corps, placés là et appelés à l'exercice de telle ou telle fonction: c'est une chose permanente.

3°  Romains 12: 3-8. L'apôtre veut que chacun s'en tienne à son don; c'est l'humilité: chaque lévite portait l'objet dont la charge lui était spécialement confiée.

4°  1 Pierre 4: 10, 11, nous avons un autre principe ici: si quelqu'un fait quoi que ce soit, qu'il le fasse de la part de Dieu, lui-même. S'il ne peut pas le faire de la part de Dieu, qu'il ne le fasse pas du tout. Si quelqu'un donne, qu'il donne comme par la force que Dieu lui fournit; si quelqu'un parle, qu'il le fasse comme de la part de Dieu, autrement il ne faut pas qu'il parle du tout; il doit avoir la conscience de cela: ce n'est pas une prétention à être infaillible. On pourra dire que c'est la prétention d'être inspiré: dans le sens de révélation, je dis non.

Il est important que nous reconnaissions Dieu en toutes choses. Dieu fait valoir sa présence; et si un homme mentait à l'Eglise, il mentait à Dieu, et il tombait mort sur place. Il ne s'agit pas là d'un don, mais de la présence de Dieu: Dieu était là, qui aussi faisait trembler le lieu où les siens étaient réunis et qui les remplissait de joie et d'énergie.

L'Esprit distribue ses dons: à l'un il donne la parole de sagesse, à l'autre la parole de connaissance, à un autre la prophétie. Ces choses sont autant le don du Saint Esprit que l'Apostolat. Une parole de connaissance était un don, l'exhortation est un don autant que les autres, abstraction faite de la quantité de la chose donnée. C'est nier que Dieu soit la source de tout don parfait que de prétendre avoir une parole d'édification qui ne serait pas le don du Saint Esprit.

Tout cela tient à cette grande vérité de la présence du Saint Esprit. Le Saint Esprit se manifeste dans la sainteté aussi bien que dans les dons proprement dits.

Il y a deux choses importantes: la première c'est de reconnaître que, comme je viens de le dire, malgré toutes nos misères, le Saint Esprit est présent. Cela peut nous humilier. On peut insister sur des principes; mais tous les principes n'auraient pas fait tomber un homme sur sa face, publiant que Dieu était là (1 Corinthiens 14: 23-25). Comment sentirons-nous si le Saint Esprit est présent? C'est en croyant à cette présence. Quand on marche dans la sainteté, le Saint Esprit est un Esprit de liberté et de joie. Le Saint Esprit est l'expression de la tendresse de Christ; il est lui-même au milieu de nous agissant dans sa grâce et sa tendresse selon nos besoins comme enfants. Si je cherche le bien de l'église, je le demande au Seigneur. Le Saint Esprit n'est pas encore retiré du milieu de nous. — Ainsi, à la fin du chapitre 2 de l'épître aux Ephésiens, nous sommes un tabernacle de Dieu par l'Esprit; puis au chapitre 4, l'apôtre nous exhorte à marcher d'une manière digne de notre vocation, et la première chose à laquelle Dieu s'attend, sous ce rapport, et comme moyen de maintenir l'unité, en pratique, c'est l'humilité, la douceur, et puis l'amour; il revient ensuite à l'individualité des dons. C'est le même ordre que dans l'épître aux Corinthiens. On voit d'abord la souveraineté de Dieu; Dieu est là, il y a unité; — puis vient l'individualité d'action selon le don communiqué à chacun.

La seconde chose importante, c'est que chacun se tienne au don qu'il a reçu (1 Pierre 4: 10, 11).

Les Lévites, je l'ai déjà dit, étaient donnés à Aaron et à ses fils (Nombres 8: 19). Tout ce que je puis exercer en fait de dons, n'aboutit qu'à nous introduire ensemble dans la présence de Dieu. Si je compare le culte et les dons, les dons sont la chose inférieure, ils sortent de Dieu, pour ramener l'homme à Dieu: — ils périront. Le culte est la chose supérieure, l'homme ramené à Dieu, qui adore Dieu; et le culte ne cessera pas. La grande affaire dans les deux cas, on ne saurait trop le répéter, c'est de reconnaître la présence du Saint Esprit. Il y a des dons plus excellents les uns que les autres (1 Corinthiens 14), il y a aussi des dons non permanents, et des dons permanents. Paul était toujours apôtre, tel autre toujours docteurs; un bras est toujours un bras, et une jambe toujours une jambe. Il y a des personnes données à l'église pour exercer telle ou telle fonction, une chose permanente, en supposant que celui à qui Dieu a donné le don soit fidèle.

Quand l'apôtre parle de l'assemblée, avant de parler de la puissance de l'Esprit de Dieu manifestée dans les dons, et avant de donner des règles pour maintenir l'ordre et pour pourvoir à l'édification, dans les cas où les dons étaient exercés, il introduit la cène comme centre moral et but de l'assemblée. La cène est en rapport avec l'unité du corps. Les enfants de Dieu s'assemblent en corps pour rompre le pain: étant assemblé, le corps loue Dieu; Dieu agit dans le corps pour la bénédiction. — Pour prier dans l'assemblée, il faut que celui qui prie soit capable d'exprimer ce que le Saint Esprit pense pour l'assemblée; cela n'est pas appelé un don, c'est l'expression de ce qui est dans le coeur de tous. Un don n'est pas en tous, mais peut agir sur tous: l'apostolat n'est pas en tous, la «guérison» n'agit même que sur une personne.

Voici la place qui appartient aux dons, dans le culte: le don présente la grâce de Christ, de manière à ranimer la spiritualité des âmes. Ce n'est pas le culte, c'est pour le culte; c'est aider au culte que d'aider aux âmes à adorer.

Je peux, dans tous les cas, exposer mes besoins quels qu'ils soient, à Dieu, comme nous y sommes exhortés (Philippiens 4: 6); mais si je prie par l'Esprit, j'ai la parfaite certitude que ce qu'Il demande sera accordé.

Il est évident que le Saint Esprit agit à la fois d'une manière générale et d'une manière individuelle; mais le Saint Esprit comme souverain distribue à qui Il veut.

Quant à exercer son don sans être dans la présence de Dieu, je crois cela très possible; c'est le cas de celui qui parlait une langue quand personne ne le comprenait; c'était agir comme un enfant. Un don nous est confié; il s'y rattache une responsabilité. Il est aussi important de savoir si je dois exercer ce don dans tel moment donné, que d'avoir le don lui même. Si j'ai la connaissance que le Saint Esprit ne veut pas communiquer à tel moment, je peux manquer tout à fait à la fidélité en agissant. Le Saint Esprit gouverne dans l'assemblée, comme il agit dans l'individu.

On dit que la personne est mise en avant par son don; s'il en est ainsi, c'est un mal. Je crains qu'on ne tombe aussi de l'autre côté, et j'ai une certaine méfiance quand j'entends dire: Il ne faut pas s'attacher à l'homme! Paul était très content que les Galates eussent été disposés même à s'arracher les yeux pour lui. L'exercice du don est un lien pour l'éternité: si l'on coupe ce lien par lequel les jointures sont des liens pour tout le corps, on fait infiniment de mal. J'admets entièrement qu'on peut exalter l'homme ou mal employer son don, mais Dieu a voulu que ces dons fussent des liens d'amour dans. l'église. Les Thessaloniciens seront la couronne de Paul dans la journée de Jésus Christ. Je trouve qu'une grande responsabilité se rattache à cela.