«Imitateurs de Dieu»

ME 1872 page 290  -  Ephésiens 5: 1, 2

 

Il n'y a rien qui montre davantage la tendance des croyants, car c'est d'eux que je parle, à rester privés de la meilleure partie de leurs privilèges que la manière dont ils perdent de vue Dieu lui-même dans chacune des bénédictions qu'il répand sur eux.

Assurément la bénédiction est pour l'homme; mais combien cette bénédiction devient plus douce, plus pleine, et plus précieuse quand nos coeurs voient clairement quelle ne nous vient pas seulement de Dieu, mais qu'elle est selon Lui; qu'il ne pouvait pas nous donner une bénédiction moindre que sa propre gloire, plus particulièrement maintenant que Christ est venu et qu'il a accompli la rédemption! Dieu, je le répète, ne pouvait donner une bénédiction que selon sa propre plénitude et sa propre gloire. C'est pourquoi quelle qu'elle soit, s'il pardonne, il pardonne comme aucun autre ne fait; s'il montre de l'amour, il faut qu'il le fasse selon sa propre nature, non pas seulement selon la nôtre. La bénédiction descend dans toute sa réalité jusqu'aux plus petits de tous les besoins de nos âmes; mais c'est la bénédiction de Dieu, qui vient de Lui-même, selon ses propres affections et sa propre majesté.

Pareillement, si nous considérons le principe ou ressort vivifiant du service de chaque jour, nous perdons immensément si nous n'y introduisons pas Dieu. N'est-il pas vrai, par exemple, que la pensée dominante de la très grande majorité des enfants de Dieu, c'est de faire du bien. J'admets ici que les enfants de Dieu ont leurs pensées élevées au dessus du moi, étant persuadé que nul ne peut être un enfant de Dieu sans avoir des pensées de bienveillance et de bonne volonté envers les autres; mais il faut plus que cela; la pensée de Dieu va beaucoup plus loin. C'est très bien, assurément, que chacun désire faire du bien; mais certainement ce à quoi l'Esprit de Dieu invite ici nos âmes est quelque chose de bien plus excellent. Christ n'en est jamais resté là. Y eut-il jamais quelqu'un qui, comme Lui, soit allé de lieu en lieu faisant du bien, dans le renoncement le plus absolu à lui-même. Mais était-ce là tout? Jésus avait-il seulement un sentiment profond de la misère de ce monde, voyait-il seulement des hommes aveugles ou boiteux, ou pauvres ou paralytiques, des hommes souffrants de toutes sortes de misères? Il était sensible à tout cela comme aucun coeur ne le fut jamais; mais, en même temps, aucune âme ne fut jamais l'objet de sa miséricordieuse intervention sans qu'il se plaçât en Esprit sous le poids de la misère qu'il ôtait, et sans qu'il s'élevât en Esprit vers Dieu, afin de tourner tout à la gloire de Dieu; et nous ne sommes pas seulement appelés à faire comme lui a fait, mais nous faisons tort à notre Dieu et Père quand nous ne le faisons pas. C'est pourquoi vous remarquerez que l'un des grands signes de l'action de la puissance de l'Esprit de Dieu, c'est que partout où Dieu bénit, le premier effet, là où le Saint Esprit agit, ce n'est pas seulement que l'âme jouit de la bénédiction, mais qu'elle se prosterne devant Dieu et qu'elle bénit Dieu. Ce n'est pas seulement que l'homme a conscience d'être béni et qu'il est occupé d'en faire profession; mais quelque vrai et réel que cela soit, la bénédiction serait bien plus réelle et moins mêlée avec le moi, si Dieu lui-même était la première pensée, plutôt que la bénédiction qu'il a dispensée.

Ainsi aux jours de la Genèse, nous voyons, en types, en Elihézer le serviteur d'Abraham, l'action de l'Esprit de Dieu. Elihézer regarde vers Dieu dans un Esprit de dépendance avant qu'il reçoive la réponse, et avec des actions de grâce après que la réponse lui est donnée. Il ne laisse pas au sort de décider de la mission de son Seigneur; c'est pourquoi il se prosterne devant Dieu avant d'entrer dans la ville, et il reçoit sur le lieu même la réponse. Elihézer ne prend pas la réponse pour s'en réjouir, heureux que la difficulté soit passée et que la bénédiction soit venue, mais il se prosterne et adore le Dieu qui lui avait donné la bénédiction.

Ainsi de même, partout où Dieu est l'objet de la pensée, c'est à Lui que nous donnerons la première place. S'il en fut ainsi d'Elihézer, combien plus cela est-il vrai du Seigneur Jésus! Nous ne voyons pas autre chose dans sa vie toute entière et dans sa mort. Exactement comme chez l'homme naturel, Dieu n'a de place dans aucune des pensées; ainsi là où la puissance de l'Esprit de Dieu fait régner la grâce, Dieu est dans toutes les pensées, et il est la première pensée; et là où il est le premier, par la grâce de Dieu, il sera aussi le dernier. Mais nous sommes disposés en général, sinon toujours, à regarder plutôt à nous-mêmes, occupés que nous sommes de la bénédiction et parlant de ce qui la concerne; et ainsi pour autant, Celui qui bénit est voilé à nos yeux, parce que ce qui nous préoccupe essentiellement c'est la part que nous avons à la bénédiction.

Pareillement, si nous parlons du fruit de la bénédiction de Dieu, du dévouement à Dieu, nous ne sommes pas appelés seulement à être les témoins de Dieu envers de pauvres pécheurs qui périssent et envers tous ceux qui souffrent; quoique cela soit parfaitement vrai; mais là où il y a de la réalité pour ce qui concerne l'âme, il y aura de la réalité à l'égard de toutes choses; et ce qui donne de la réalité à l'égard de l'âme, du corps, des circonstances et de toutes choses, c'est qu'il y ait de la simplicité dans les rapports avec Dieu. Jésus en est témoin comme ne le fut jamais nul autre. C'est pourquoi dans le passage même où l'apôtre nous exhorte à être imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, il ne pouvait pas ne pas introduire Christ et «marcher» dans l'amour. Est-ce seulement parce que les hommes sont si pauvres et si misérables? Non, non, quoiqu'ils le soient certainement; mais «marchez dans l'amour comme Christ nous a aimés». Cette parole nous dit la manière de la marche; elle devient la source d'une mesure qui ne peut jamais faillir, «comme aussi le Christ nous a aimés». Est-ce tout? car plusieurs s'arrêtent là, comme c'est notre tendance constante. Alors qu'au contraire nous devrions seulement, pour ainsi dire, être ramenés en arrière sur une vague de bénédiction, qui, comme elle vint de Dieu, retourne aussi à Lui-même. Christ «s'est donné lui-même pour nous». Il se donna pour nous; mais il s'offrit aussi «comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur». S'il n'en avait pas été ainsi, si tel n'avait pas été l'objet premier et le caractère le plus glorieux de l'oeuvre du Seigneur Jésus, ce n'eût pas été la perfection, — la bonté humaine sans doute, mais non pas le fruit le plus excellent de l'amour divin. Comme l'amour vient de Dieu, il ramène toujours vers Dieu. La bonté peut être mise en mouvement par les compassions humaines qui sont suscitées, ou bien des sentiments peuvent être produits, et vous ne faites dans ce cas-là, en étant bon envers quelqu'un, qu'attacher la personne à vous-même; tandis que, si vous portez par votre acte la personne à se tourner vers Dieu avec actions de grâce, la différence dans l'effet est incalculable.

Ce premier regard du coeur vers Dieu ne se trouve pas seulement en Christ, et en Lui dans la perfection, je n'ai pas besoin de le dire; mais nous pouvons la contempler encore là où, dans la deuxième épître aux Corinthiens, chapitre 8, verset 5, l'apôtre parle des ouvriers. Mais nous ne devrions pas laisser aux ouvriers qui servent dans la parole de Dieu d'emporter comme prix la meilleure partie de la bénédiction; le plus faible de ses saints devrait regarder à Christ afin qu'il soit trouvé le vase des meilleures affections de Dieu. Il nous convient d'agir d'une manière digne de notre vocation, et nous n'y parviendrons jamais que si Christ est devant nous. Les dons n'ont rien à faire ici. Que nous ayons des dons, ou que nous n'en n'ayons pas, que nous soyons de jeunes chrétiens ou des pères en Christ, nous avons Christ, et l'Esprit de Dieu sera certainement avec nous pour nous faire penser à la vérité et pour en remplir nos coeurs, si seulement nous le désirons. Que dit l'apôtre relativement à ce service des saints? «Et non seulement comme nous l'avions espéré; mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et puis à nous, par la volonté de Dieu» (2 Corinthiens 8: 5). Ils se sont donnés d'abord eux-mêmes au Seigneur; et là où il en est ainsi, nous ne devons pas être étonnés du résultat». «Ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, etc…». Si nous avons le Seigneur comme objet devant nous, tout ce qui ne convient pas, toute présomption, toute précipitation, toute paresse, toutes ces voies qui montrent combien faible et bonne à rien est la chair, toutes ces choses sont reprises et corrigées. Quoique nous ne soyons que des vases de terre, la grâce place dans ces vases le plus riche trésor; mais la juste conséquence ne se produit qu'autant que nous regardons fixement vers Celui qui le donna si libéralement; et la preuve de l'action de l'Esprit en nous, c'est que nos voies sont bienséantes et qu'ainsi elles plaisent au Seigneur, c'est que Lui-même est celui qui trace notre sentier et forme notre conduite, et que nous sommes disposés à écouter et à apprendre, et à supporter le jugement d'autrui. Nul n'est trop haut pour qu'il n'ait besoin d'apprendre; et nous démontrons davantage la puissance de notre foi dans la patience, que par aucune autre voie. Quand nous n'avons pas la conscience que nous sommes en règle avec Dieu, marchant dans son chemin, et le servant, nous sommes exposés à être impatients; mais si nos voies plaisent au Seigneur, nous pouvons supporter ce que d'autres peuvent dire, quelque injuste que puisse être leur jugement, et nous savons être reconnaissants, le cas échéant, d'être remis à notre place. Christ seul est capable de nous rendre et de nous garder tels que Lui veut nous avoir. Que le Seigneur nous accorde cette faveur, que, nous donnant nous-mêmes au Seigneur et à ses saints par la volonté de Dieu, nous soyons trouvés marchant dans l'amour jusqu'à ce jour-là!