Les reins ceints de la vérité

ME 1872 page 297  -  Ephésiens 6: 14

 

Que faut-il entendre par les expressions reins, par l'action de ceindre, et par la vérité?

1.  Les reins représentent le siège de la force, quand ils sont convenablement ceints (Job 31: 20; 40: 2). Pierre applique cette figure à l'homme intérieur, quand il dit: «C'est pourquoi, ceignant les reins de votre entendement», — montrant par là que les pensées, les désirs et les affections, sont les ressorts de l'activité, la force motrice de l'âme, et qu'ainsi il ne faut pas les laisser exposés à l'ennemi, en faisant notre propre volonté. Nous ne sommes forts qu'autant que nous ne sortons pas de l'enceinte de la vérité. C'est là une chose de première importance pour le soldat chrétien. L'ennemi n'a pas de prise sur un coeur ainsi entouré et gardé par la vérité de Dieu.

2.  L'action de ceindre les reins, c'est l'application de la vérité à l'âme, l'action intérieure de la Parole sur la volonté et les mouvements du coeur; c'est se préparer pour le combat de la manière la plus pratique et la plus efficace; mais il faut avoir été occupé ainsi dans la présence de Dieu, avant qu'on ait affaire avec l'ennemi. Le ceinturon du soldat attache étroitement à sa personne les autres pièces de son armure, le rendant capable ainsi de marcher librement et d'être fort pour combattre. «Tu m'as ceint de force pour le combat», dit le psalmiste (Psaumes 18: 39). L'expression renferme aussi une allusion à la coutume des peuples orientaux, qui retroussent sur leurs reins leurs longs vêtements flottants, afin de n'en être pas encombrés dans leurs voyages ou leurs travaux: «Elie s'étant retroussé sur les reins, courut devant Achab» (1 Rois 18: 46); c'est donc l'acte de rassembler et de lier les affections, tout l'homme intérieur, pour Christ et pour les choses de Christ. Quand le coeur est attaché au Seigneur, comme les vêtements sont attachés par la ceinture aux reins de celui qui est ceint, l'ennemi ne peut atteindre les portes de l'âme.

3.  Chacun comprend ce que veut dire «la vérité» mais ici, l'Esprit rapporte, je pense, cette expression à un des côtés, ou un des caractères particuliers de la vérité, qui est la meilleure sauvegarde contre les attaques de l'ennemi, et qui s'adapte à la position que nous sommes appelés à occuper. «Ayant vos reins ceints de la vérité». L'âme doit être ainsi de toutes parts entourée et gardée par le rempart de la vérité. Il ne doit y avoir aucun accès ni aucune issue à la citadelle de l'âme qui ne soit gardée par la vérité. Ceci s'applique à tout, à l'homme extérieur comme à l'homme intérieur. Mais le but et l'effet spécial de la vérité, employée par l'Esprit, est d'agir sur la conscience et de l'amener dans la présence de Dieu, où nos pensées les plus intimes, nos sentiments, nos désirs, nos motifs et nos affections peuvent être jugés justement et pleinement. «Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles; et elle discerne les pensées et les intentions du coeur» (Hébreux 4: 12).

Arrêtons-nous un moment ici pour considérer la profondeur, la plénitude et la puissance pénétrante de la Parole de Dieu. Quelle somme de vérité comprise dans cette seule ligne: «Ayant ceint les reins de votre entendement!» Tout ce qui est nécessaire pour gouverner et garder nos pensées intérieurement et nos voies extérieurement, est renfermé dans ces quelques mots. Si vous y êtes attentif, vous serez armé dans les premiers mouvements des affections de votre âme, contre les tentatives de l'ennemi; il n'y aura rien en vous pour répondre à ses suggestions. Par cette pièce de l'armure, spirituellement saisie, l'âme est maintenue dans la communion avec Dieu, et l'ennemi est tenu à distance. Il en fut ainsi du Seigneur: — puisse-t-il en être ainsi aussi de vous! Christ est le modèle du soldat. «Il est écrit» était sa forteresse. Ce n'est pas en raisonnant avec l'ennemi qu'il le vainquit; mais en appliquant d'une manière parfaite la parole de Dieu à lui-même et aux circonstances dans lesquelles il se trouvait. Comme le second Homme, il marchait et agissait selon la Parole écrite: «Garde-moi, ô Dieu, car je me suis confié en toi» (Psaumes 16: 1): tel est le terrain sur lequel Jésus se plaça et sur lequel il se maintint comme Serviteur, quoiqu'il fût Fils (Hébreux 5: 8). Il ne fit jamais sa volonté. Il était ceint de la vérité. Il s'attendait à Dieu. Si aucune parole ne lui était adressée, il demeurait tranquille, il attendait. Il ne faisait rien sans la parole de son Père. «Il est écrit» passe avant tout. C'est un terrain sûr, et le seul terrain sûr pour nous. Ne l'oubliez pas, afin que votre coeur soit gardé dans la communion avec Dieu, au milieu de toutes les circonstances que vous traversez, mais c'est surtout dans le combat qu'il faut vous appliquer à avoir cette parole devant vos yeux: gravez-la sur votre bouclier; écrivez-la sur votre drapeau, et qu'elle soit pour vous le mot d'ordre pour distinguer entre amis et ennemis.