Ce qu'est une secte, en contraste avec le corps de Christ

ME 1872 page 313  - Darby J.N.

 

Le mot secte est employé dans nos bibles françaises pour rendre le mot grec «hairesis».

On le trouve six fois dans les Actes des Apôtres, une fois dans la première Epître aux Corinthiens, une fois dans l'épître aux Galates, et une fois dans la 2e épître de Pierre. Le sens du mot est bien connu; il signifie proprement une doctrine, un système de philosophie ou de religion, dont les sectateurs, sont unis comme adeptes de cette doctrine; mais le sens du mot secte, s'est trouvé toutefois un peu modifié, parce que l'église professante, ou du moins la partie la plus nombreuse de cette église a pris le nom de catholique, c'est-à-dire universelle, et qu'ainsi tout corps ou rassemblement chrétien qui n'appartenait pas à cette corporation se disant catholique, a reçu d'elle le nom de secte, qui est devenu ainsi un terme de désapprobation. Toutes les diverses sociétés ou corporations chrétiennes ont de cette façon reçu le nom de sectes, dans le sens de divisions, ou de parties de l'ensemble des chrétiens, ou de ceux qui en portent le nom. Voilà pourquoi le mot secte, emporte toujours une idée de blâme et de désapprobation, et l'idée qu'on est réunis pour une doctrine particulière; et on ne peut pas dire que cette manière de voir soit entièrement fausse. L'application peut être fausse, mais l'idée elle-même ne l'être pas.

Ce qu'il s'agit de découvrir, c'est ce qui a fait mériter ce nom et cette désapprobation; et, puisqu'on applique le nom aux rassemblements ou corporations religieuses, il est important de bien comprendre quel est le vrai principe du rassemblement des saints. Tout rassemblement qui n'est pas fondé sur ce principe, est de fait une secte.

Quoique les catholiques, ainsi nommés, aient fait un mauvais usage de la vérité, l'unité de l'Eglise n'en est pas moins une vérité de la plus grande importance pour les chrétiens, soit qu'il s'agisse de l'unité de tous individuellement manifestée dans le monde, ou de l'unité du corps de Christ formé par le Saint Esprit descendu ici-bas. Ainsi, dans le chapitre 17 de l'Evangile de Jean (versets 20, 21), le Seigneur demande au Père, pour ceux qui croyaient par la parole des apôtres: «Qu'ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que tu m'as envoyé». C'est là l'unité pratique des chrétiens dans la communion du Père et du Fils. Les apôtres devaient être un en conseil, en intentions, en pensées, en oeuvres, en esprit par un seul Esprit, comme le Père et le Fils dans l'unité de la nature divine, et puis ceux qui croyaient en Lui par leur parole, tous «un», dans la communion du Père et du Fils. Nous serons parfaits dans l'unité, dans la gloire; mais, maintenant nous devrions être un, «afin que le monde croie».

De plus, l'Esprit-Saint, descendu du ciel le jour de la Pentecôte, a baptisé tous les croyants d'alors, pour être un seul corps, uni à Christ comme à un Chef (Tête), et pour que ce corps fût manifesté sur la terre dans cette unité. Dans le chapitre 12 de la 1re épître aux Corinthiens, on voit clairement que ce corps était un corps sur la terre, puisqu'il est dit: «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; et si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui». Tout le chapitre démontre la même vérité; mais ce verset suffit pour prouver que l'apôtre parle de l'Eglise sur la terre, car on ne souffre pas dans le ciel. Voilà donc la vraie unité, formée par le Saint Esprit, l'unité des frères entre eux, l'unité du Corps.

Quand on veut unir les disciples de Christ en dehors de cette unité, et qu'on se sert d'une opinion pour réunir ceux qui tiennent cette opinion, de manière que ceux-ci sont unis par cette opinion, alors ceux-ci forment une secte, parce que cette unité n'est dans son principe ni l'unité du Corps, ni l'unité de tous les frères. Quand des personnes forment ainsi une corporation ou société religieuse, et se reconnaissent mutuellement membres de cette corporation, alors ils forment positivement une secte, parce que le principe de la réunion n'est pas l'unité du Corps, et que les membres s'unissent, non comme membres du corps de Christ, mais comme membres d'une corporation particulière. Tous les chrétiens sont membres du corps de Christ, une main, un oeil, un pied; mais l'idée d'un membre d'une église, ne se trouve pas dans la Parole. Le Saint Esprit compare l'Eglise sur la terre à un corps dont Christ est la Tête; puis chaque chrétien est un membre de ce corps de Christ. Mais l'idée de membre d'une corporation particulière est une toute autre idée.

Maintenant, la cène du Seigneur est le moyen de l'expression de cette unité des membres, comme il est dit, 1 Corinthiens 10: 17: «Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain». Quand une corporation de chrétiens ne reconnaît qu'à ses membres le droit de participer à la cène, elle pratique une unité absolument opposée à l'unité du Corps de Christ. Il est possible que ceux qui sont dans ce cas soient dans l'ignorance, il est possible qu'ils n'aient jamais appris la vérité de l'unité du Corps, ni que la volonté de Dieu est que cette unité se manifeste sur la terre; mais de fait, ils forment une secte positive, et constituent une négation de l'unité du Corps de Christ. Beaucoup de ceux qui sont membrés du corps de Christ ne sont pas membres de cette corporation supposée; et la cène du Seigneur, bien que les membres y participent pieusement, n'est pas l'expression de l'unité du corps de Christ.

Mais maintenant il se présente une difficulté, que voici: les enfants de Dieu sont dispersés; beaucoup de frères vraiment pieux sont attachés à telle opinion, à telle corporation, un grand nombre sont mêlés, dans les choses religieuses, aux mondains mêmes; beaucoup, hélas, n'ont pas une idée de l'unité du corps de Christ, et nient le devoir de manifester cette unité sur la terre. Mais tout cela ne change pas la vérité de Dieu. Par leurs principes, les corporations semblables, sont des sectes. Si je reconnais tous les vrais chrétiens pour membres du corps de Christ, je les aime, je les reçois comme tels, de grand coeur, même à la cène, en supposant toujours qu'ils marchent dans la sainteté et dans la vérité, et qu'ils invoquent le Seigneur d'un coeur pur; alors ce n'est pas moi qui marche dans l'esprit d'une secte, bien qu'elle ne puisse pas réunir tous les enfants de Dieu: ainsi, de cette manière, je marche selon le principe de l'unité du Corps de Christ, et je cherche l'union pratique entre les frères. Si je me joins à d'autres frères pour prendre la cène seulement comme membres du Corps de Christ, et non comme étant membre d'une église, quelle qu'elle soit, mais vraiment dans l'unité du Corps, prêt à recevoir tous les chrétiens qui marchent dans la sainteté et dans la vérité, je ne suis pas membre d'une secte, puisque je ne suis membre de rien que du Corps de Christ. Mais se réunir selon un autre principe, de quelque manière que ce soit, pour faire une corporation religieuse, c'est faire une secte.

Le principe est très simple; les difficultés pratiques sont grandes à cause de l'état de l'église de Dieu, mais Christ est suffisant pour tout; et si nous sommes contents d'être petits devant les hommes, la chose n'est pas si difficile.

Une secte donc est une corporation religieuse, formée sur un autre principe que celui de l'unité du Corps de Christ, et formellement telle quand ses membres à elle, sont seuls reconnus membres, et, dans l'esprit de la chose, quand ceux-là seuls, quels qu'ils soient, sont pratiquement reconnus, qui s'accordent dans une opinion sans qu'on puisse dire qu'ils sont formellement membres d'une corporation. Je ne parle pas ici de ce qui touche la discipline qui s'exerce dans le sein de l'unité du corps de Christ, mais du principe sur lequel on se rassemble. La parole de Dieu ne reconnaît pas ce qu'on appelle un membre d'une église; elle parle de membres du corps de Christ.

La promesse qui nous encourage dans le chemin de l'unité du corps de Christ se trouve Matthieu 18: 20: «Car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux»; et la règle pour nous diriger à travers les difficultés des derniers temps, est déposée dans la 2e épître à Timothée, chapitre 2: 19-22: «Toutefois le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau: «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens»; et: «Que quiconque prononce le nom du Seigneur, se retire de l'iniquité». Or, dans une grande maison, il n'y a pas seulement des vases d'or et d'argent; mais aussi de bois et de terre; et les uns à honneur, et les autres à déshonneur. Si donc quelqu'un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au Maître et préparé pour toute bonne oeuvre. Mais fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l'amour, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur…».