L'unité: en quoi consiste-t-elle?

ME 1873 page 53 - Est-ce que ma marche la manifeste? Lisez Lévitique 24; Ephésiens 4: 4

 

Il est d'une importance capitale, bien-aimés frères, que la vérité de Dieu soit placée distinctement devant nous, qu'elle soit présente avec sa réalité divine, non seulement à nos esprits, mais à nos coeurs. J'ose espérer qu'aucun de mes auditeurs, qu'il ait ou non de l'expérience, qu'il soit jeune ou vieux dans le chemin de la foi, ne peut manquer de sentir, que cette réalité de la vérité divine, est un lien vivant entre nos âmes et le Dieu vivant. Elle ne s'applique pas seulement à la question du salut individuel, si précieuse que soit celle-ci, mais à toute la course que nous sommes appelés à fournir; au chemin que nous avons à suivre; à la position que nous occupons comme chrétiens.

Vous avez probablement découvert, chers frères (et vous l'apprendrez encore à chaque pas), qu'une seule chose dure et subsiste dans ce monde; la possession de la vérité de Dieu, en tant que reçue directement de Lui, quel qu'ait été l'instrument employé pour vous la communiquer. Il faut que vous sachiez rendre raison, non seulement de l'espérance qui est en vous, mais aussi de la position que vous occupez et de la direction du sentier que vous suivez. Il faut que vous puissiez donner une raison divine pour tout cela; sinon vous ne resterez pas debout. Jamais la chose n'a été plus vraie que dans le moment actuel, où chacun est mis à l'épreuve. L'église professante passe par le crible et le laminoir! Il en est de même au milieu de nous, frères, et la plupart d'entre vous doivent le sentir. Sans nul doute, quelques-uns le sentent plus que d'autres. Mais il ne peut échapper à l'observateur le plus superficiel, que le crible fait son oeuvre et dans l'église professante et parmi nous, manifestant de la manière la plus évidente ceux qui ont été enseignés réellement de Dieu, ou ceux qui se sont attachés uniquement à leurs propres pensées, ou ceux enfin qui ont suivi aveuglément le sillon tracé par d'autres.

Il a été démontré, frères, si notre foi était l'effet de la sagesse des hommes, ou bien de la puissance de Dieu. La foi de seconde main a été mise à l'épreuve et trouvée défectueuse; elle n'a pu résister. Il faut que chacun réponde pour lui-même devant Dieu.

Parmi les choses que j'ai à vous dire ce soir, bien-aimés, il en est une, que l'Esprit de Dieu, je le crois, m'a mise au coeur pour la recommander à vos consciences. Ce dont je veux parler, c'est de l'immense importance de ne fonder votre foi QUE SUR LA PUISSANCE DE DIEU. Peu importe que la mesure de cette foi soit très petite ou très grande — le point essentiel est qu'elle ait sa racine dans la sagesse et la puissance de Dieu. De la sorte, lors même que vous n'auriez pas une seule personne qui vous soutînt, ou qui sympathisât avec vous, vous n'en aurez pas moins pour secret de votre force, l'intime conviction que Dieu a communiqué à votre âme une vérité venant directement de Lui.

Un chrétien qui passait par un temps de profond exercice moral, disait un jour qu'il avait été amené à se poser cette question solennelle:

«Si l'Eglise et le monde entier avaient disparu, la parole de Dieu me suffirait-elle comme un fil conducteur pour me faire passer à travers l'abîme?»

Telle est, mes frères, la question préliminaire que je veux vous poser. J'ai devant moi des enfants de Dieu d'âges spirituels bien divers; mais, pour tous également, ce principe est d'une valeur inexprimable. Pouvez-vous dire, avec le Chrétien dont j'ai parlé, que la Parole de Dieu est entièrement suffisante pour vous transporter, comme un fil conducteur, au-delà de l'abîme?» Avez-vous un tel sentiment de la valeur et de l'autorité de cette révélation de Dieu que vous pussiez dire, lors même que vous seriez absolument isolé: Je ne manque de rien, puisque je possède la Parole?

Vous me répondrez, bien-aimés, que l'Esprit seul peut vous rendre capables d'apprécier la Parole. Sans doute, mais je parle ici de la valeur de la parole de Dieu. Je suis persuadé que jamais, jusqu'à ce jour, il n'a été aussi indispensable que vous aviez la conviction de posséder, dans la Parole de Dieu, tout ce dont il est possible que vous ayez besoin. Mais quelques-uns d'entre vous me demanderont peut-être: «Qu'ont à faire ces remarques avec la portion des Ecritures que nous venons de lire, et quel est votre message? Ma thèse est: L'Unité de l'Eglise de Dieu, comme elle nous est décrite dans Ephésiens 4: 4. Puis, si quelqu'un demande encore: «Quel rapport trouvez-vous entre le chapitre 24 du Lévitique et l'Unité de l'Eglise de Dieu?» je réponds que par l'histoire d'Israël et par l'unité de cette nation, j'ai voulu faire ressortir la vérité bien plus profonde, de «l'Unité du corps», qui est l'Eglise.

Le chapitre 24 du Lévitique nous présente une des plus expressives et des plus belles images qui puissent exercer notre intelligence spirituelle. Vous voyez dans ces douze pains, rangés sur la table d'or devant le Seigneur, l'image exacte de l'unité indissoluble des douze tribus d'Israël et, en même temps, de l'existence individuelle et distincte de chaque tribu. Vous aurez sans doute aussi remarqué, dans ce chapitre, le retour fréquent des mots: «continuel, perpétuel, éternel». Que signifient-ils? Ils signifient que l'unité d'Israël, peuple de Dieu, n'était pas une chose d'aujourd'hui ou de demain, mais une grande réalité, une vérité éternelle de Dieu, vue en image dans ces douze pains sur la table d'or devant le Seigneur. Oh! quel type que celui-là! Mais, quant à l'ensemble du passage, vous seriez peut-être disposés à demander quel rapport il y a entre ce type et le paragraphe sur la lapidation du blasphémateur? Pour ma part, chers frères, je crois que le rapprochement fait par le Saint Esprit, de ces deux passages, est plein d'instruction. Dans la lapidation du blasphémateur, vous voyez ce que peut devenir le sort de la nation sous l'effet des voies gouvernementales de Dieu. Mais, en même temps, dans les douze pains sur la table d'or, vous voyez l'immuable conseil de Dieu, relativement à l'Unité de cette même nation. C'est-à-dire que, considérée au point de vue de Dieu, la nation était une, quelle que fût sa condition aux yeux des hommes. Je le répète, bien-aimés, parce qu'il est très important que vous le compreniez: — au point de vue de Dieu, — à la lumière de ces sept lampes d'or, qui était l'expression de la lumière et du témoignage de l'Esprit saint, basé sur l'oeuvre parfaite de Christ — Israël est un; la nation est une, composée de douze tribus maintenues dans une unité indissoluble; lors même que cette nation souffre la peine de ses péchés. Oui, cette nation brisée aux yeux des hommes, est une et indivisible aux yeux de Dieu et dans son conseil éternel, aussi bien qu'au regard de la foi. Nier cela, serait mettre en question l'intégrité de la vérité de Dieu. Si nous pouvons traiter légèrement un point de l'Ecriture, nous pouvons en faire de même pour tous.

Maintenant, je vais vous citer quelques exemples de la manière dont la foi saisissait ce grand principe et agissait en conséquence.

Lisons ensemble le chapitre 18 du premier livre des Rois. La scène se passe sur le sommet du Carmel. Cette partie de l'histoire d'Elie le Tisbite, offre un exemple de la puissance de la foi en la grande vérité de l'Unité indissoluble des douze tribus d'Israël.

Chaque enfant connaît cette histoire d'Elie bâtissant son autel de douze pierres. Mais je vous avouerai, frères, que, tout dernièrement ce passage s'est montré à moi sous un jour encore plus brillant qu'auparavant. Je me suis demandé pourquoi Elie bâtit un autel de douze pierres; en vertu de quelle autorité il fit cela; ce qui fortifiait ses bras pour cet acte? Il était en présence de huit cents faux prophètes; de toute la puissance de Jézabel; en face de la ruine et de l'apostasie. Les dix tribus étaient séparées des deux autres. Au point de vue de l'homme, il y avait une déchirure profonde dans la Nation. Cependant Elie sur le Carmel considère cette même Nation au point de vue de Dieu; il la regarde avec l'oeil de la foi. Il ne raisonne pas; il ne spécule pas; il ne dit point: «C'est chose inutile maintenant, de prendre une aussi haute position, en bâtissant un autel de douze pierres. Il faut que j'abaisse ma mesure pour la mettre au niveau de la condition pratique des choses qui m'entourent. Bâtir un autel pareil aurait convenu à un Josué; à un Salomon. De ma part, ce serait un acte de folie. Un autel de douze pierres? Ce serait de la présomption, — tandis que la Nation est séparée en dix tribus d'un côté; en deux de l'autre, et que tout n'est que ruines.

Elie ne raisonne pas ainsi, mais il prend position sur le terrain immuable de la foi, sur lequel je désire que tout enfant de Dieu pose ses pieds, — c'est-à-dire, sur l'indestructible révélation de Dieu. C'est à la lumière émanant des sept chandeliers d'or, et de cette table d'or placée dans le sanctuaire de Dieu, bien-aimés frères, que je désire vous voir apprécier l'action du prophète. Je désire encore vous faire remarquer que les mots: «continuel, perpétuel, éternel», caractérisent l'histoire entière de la vérité de Dieu et de Ses pensées concernant Israël. — Elie ignorait le principe d'incrédulité qui se manifeste de nos jours par ce propos: «Il est inutile de parler de l'Unité de l'Eglise de Dieu». Vous voyez passer sur les lèvres de vos auditeurs un sourire de mépris et d'incrédulité lorsque vous parlez de l'Unité du corps de Christ. On lève les épaules et l'on dit: «Ne me parlez pas de l'Unité du corps. C'est une illusion, une chose d'autrefois. Ne me parlez pas de l'Unité de l'Eglise. Où se voit-elle? Où est-elle? Où en sont les preuves?»

Bien-aimés frères; reportez, pour un moment, vos pensées en arrière. Prenez place auprès de cet homme de foi, sur le sommet du Carmel; puis demandez-vous: «Où sont les douze tribus?» N'aurait-on pas pu dire à Elie, avec autant de raison qu'on nous le dit maintenant, pour l'Eglise: «Ne me parlez pas de l'Unité de la Nation. C'est une chose d'autrefois. Elle n'existe plus. C'est le comble de la présomption que de bâtir un autel de douze pierres, en face d'un peuple divisé, et de son unité déchirée». Quel poids auraient eu de pareilles suggestions aux yeux de notre prophète? Il considérait, sa nation au point de vue de Dieu; c'est pourquoi il érigea son autel de douze pierres, «selon le nombre des tribus des enfants de Jacob, auquel la parole de l'Eternel avait été adressée en disant: Israël sera ton nom» (1 Rois 18: 31).

Mais on dira: Jusqu'à quand Israël devait-il porter ce nom; et jusqu'à quand devait subsister son Unité? Dieu avait dit: Continuellement; à perpétuité; éternellement. Voilà sur quoi se fondait Elie.

Remarquez encore, bien-aimés, qu'Elie ne faisait pas une simple spéculation d'intelligence; qu'il n'avait point, sur ce sujet, une simple opinion dénuée d'influence morale, ou un dogme inerte. Il aurait pu retenir dans son intelligence cette vérité de l'Unité d'Israël, comme une froide théorie, qui ne l'aurait pas empêché de suivre commodément son chemin. Il aurait pu dire dans son coeur: «Je crois en l'indissoluble Unité de la Nation d'Israël; mais pourquoi me mettre à la professer? Comment et pourquoi, irais-je donc me placer sur le terrain de cette Unité, la confesser et la professer, maintenant qu'il n'en existe plus aucun vestige? Loin de raisonner ainsi, Elie sentait justement que, si l'Unité des douze tribus était une grande vérité, elle devait être professée à tout prix. Aussi la confessa-t-il. Comment? En élevant UN autel de DOUZE pierres: «selon le nombre des tribus des enfants de Jacob, auquel la parole de l'Eternel avait été adressée, disant: «Israël sera ton nom». La foi ne pouvait mettre cela de côté. C'était une grande vérité pratique à confesser, et d'après laquelle il fallait agir malgré mille difficultés; en face de milliers d'ennemis. Elie ne pouvait abaisser sa bannière de l'épaisseur d'un cheveu. Il ne pouvait permettre que la vérité de Dieu fût foulée aux pieds par les prêtres de Baal. Il sentait que le sacrifice qu'il allait offrir à Dieu, ne pouvait Lui être présenté que sur un autel de douze pierres. Son acte provenait de la foi.

Ceci demande réellement notre plus sérieuse attention. Il n'est pas question d'une simple affaire d'opinion, que l'on puisse prendre ou laisser selon son bon plaisir. Beaucoup de gens admettent l'Unité mystique du corps de Christ; mais ils oublient que chaque vérité de Dieu est destinée à être mise en pratique; et qu'il faut, pour cela, qu'elle exerce son influence sur nos coeurs et sur notre vie.

La chose est bien manifeste dans le cas d'Elie. Pour lui, l'Unité des douze tribus était une grande réalité; c'était quelque chose qu'il se sentait obligé de confesser en présence des huit cents prophètes de Baal; en présence de Jésabel et de ses persécutions. Il ne cacha point la vérité sous un boisseau mais la confessa ouvertement et hardiment devant les hommes et les démons. Il bâtit un autel de douze pierres; et, en faisant ainsi, il exprima sa foi vivante en la grande vérité de l'éternelle, de l'indissoluble Unité d'Israël.

S'il avait agi autrement, il aurait abaissé la bannière de la vérité divine, et les prêtres de Baal auraient pu la fouler aux pieds dans la poussière. Il ne pouvait supporter cela. La vérité de Dieu était non seulement une chose sacrée, mais elle avait, pour lui, ce qu'elle a en réalité: une influence qui forme et dirige le coeur. Voilà ce que le prophète sentait; ce qui le faisait agir. Nous pouvons donc dire, avec assurance, que s'il n'avait point bâti un autel de douze pierres, le feu de l'Eternel ne serait point descendu sur son sacrifice, — puisque ce feu était l'expression de l'approbation divine. Il était comme la gloire du Seigneur, remplissant le tabernacle aux jours anciens, puis plus tard le temple, lorsque tout eut été fait selon le commandement divin!

Spectacle magnifique, de voir le prophète Elie déployer sa bannière en face de ces huit cents faux prophètes, et d'y lire, en caractères impérissables, l'Unité indissoluble de la Nation d'Israël. Il y a, dans cette scène, une grande vérité morale qui captive le coeur. Plus que cela — car ce serait encore peu de chose — nous y voyons une puissance morale pour soutenir vos coeurs et le mien dans la confession d'une vérité plus haute encore: l'Unité du corps de Christ, malgré les mille divisions de la Chrétienté; en face du mépris de l'incrédulité, de la haine et du ridicule que nous pouvons avoir à subir lorsque nous cherchons à réaliser cette unité: «Il y a un seul corps et un seul Esprit». Mais ici, frères, permettez-moi de vous demander si vous pensez qu'Elie n'avait point de coeur pour sentir la division des tribus de son peuple? Pourriez-vous supposer un instant que, malgré la sublimité du spectacle qui nous est présenté sur le Carmel, le prophète n'eût point de larmes pour la ruine et la désolation qui l'entouraient? Oh! non. Jetez encore un regard sur lui, et voyez-le prosterné devant Dieu, la tête entre ses genoux, abaissé jusque dans la poussière, attendant quoi? Attendant qu'un nuage apparaisse, avant coureur des bénédictions qui découlent des inépuisables trésors d'un Dieu toujours prêt à répondre à la foi, en dépit de toute l'infidélité de son peuple. La foi avoue la ruine; elle s'en humilie profondément; mais, s'élevant au-dessus de tout, elle compte sur Dieu qui ne trahit jamais sa confiance.

Veuillez maintenant lire avec moi le chapitre 29 du 2e livre des Chroniques. Examinons le verset 24 qui contient le même principe dont nous parlons. «Car le roi avait ordonné cet holocauste et ce sacrifice». Pour qui? Pour Juda et Benjamin? Non. «Pour TOUT ISRAEL». Nous voyons ici Ezéchias se plaçant sur le même terrain élevé qu'Elie avait précédemment occupé. Les dix tribus étaient encore séparées des deux autres. Jotham et Achaz avaient fait leur oeuvre, et les choses étaient allées en empirant. Cependant, voici Ezéchias faisant la même chose qu'Elie; agissant selon la même foi. Ce n'est pas une question de plus ou de moins d'intelligence. Au contraire, chers frères, l'un des traits les plus précieux de notre sujet, c'est qu'il s'agit d'une question de simple foi dans la vérité de l'Unité parfaite d'Israël devant Dieu. La foi simple regarde aux précieuses paroles qui brillent comme des joyaux, en Lévitique 24: «une ordonnance perpétuelle»; «une alliance ETERNELLE». Il n'est point ici question de la conduite d'Israël envers Dieu, quoiqu'elle ait sa place et son importance. Nous ne parlons pas maintenant des mérites de l'homme, mais des voies de Dieu — non de la chute d'Israël, mais de la fidélité de Jéhovah. Notre saint privilège est de nous tenir dans le sanctuaire de Dieu et de contempler, avec les yeux de la foi, ces douze pains rangés sur la table pure, au-dessous des sept lampes du chandelier d'or, — type du témoignage de l'Esprit-Saint.

Le témoignage nous fait comprendre distinctement qu'au travers des sombres veilles de la nuit qui enveloppe la nation, les douze tribus sont, devant Dieu, dans leur unité parfaite, qui reste intacte, malgré les vagues et les flots tumultueux des nations. Que le blasphémateur soit lapidé hors du camp; que les jugements de Dieu se déploient dans toute leur sévère réalité; la foi n'en verra pas moins toujours les douze pains sur la table d'or; elle connaît des réalités immuables; elle demeure ferme comme voyant Celui qui est invisible; elle attache son regard sur les choses qui sont au-dedans du voile; elle fait, de Dieu, l'objet de sa contemplation et n'est point ébranlée par des apparences extérieures. En un mot la foi connaît Dieu et peut se confier en Lui pour toutes choses. La foi est la confiance en Dieu, la connaissance de Dieu. Ah! quelle réalité, bien-aimés frères! — Je supplie chacun de vous de saisir ce qu'est cette foi simple en Dieu qui soutiendra votre âme au travers de tout. La même foi qui soutenait Elie sur le Carmel, rendait Ezéchias capable de commander que l'holocauste et le sacrifice pour le péché fussent faits pour «tout Israël» — ce sacrifice devant être le fondement des espérances de toute la nation, puisque son efficace s'étendait à tout l'Israël de Dieu.

Voyons maintenant comment la foi du bon roi Ezéchias fut estimée; comment il fut traité, lorsqu'il chercha, dans la mesure de sa foi, à mettre en pratique la vérité de Dieu. Souvenons-nous bien qu'Ezéchias ne se contenta pas d'offrir le sacrifice pour «tout Israël»: Non seulement il établit le terrain sur lequel le peuple de Dieu devait se réunir, mais il chercha à le rassembler sur ce terrain-là. «Ils déterminèrent de publier par tout Israël, depuis Beer-Sébah jusqu'à Dan, qu'on vint célébrer la pâque A L'ETERNEL, LE DIEU d'Israël, à Jérusalem; car ils ne l'avaient point célébrée, depuis longtemps de la manière que cela est prescrit. Les courriers donc allèrent avec des lettres, de la part du roi et de ses principaux officiers, par TOUT ISRAEL et Juda, et selon ce que le roi avait commandé, en disant: Enfants d'Israël! retournez à l'Eternel, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël; et il se retournera vers le reste d'entre vous, qui est échappé des mains des rois d'Assyrie. Et ne soyez point comme vos pères, ni comme vos frères, qui ont péché contre l'Eternel, le Dieu de leurs pères; c'est pourquoi il les a livrés pour être un sujet d'étonnement, comme vous voyez. Maintenant ne raidissez point votre cou comme ont fait vos pères; tendez les mains vers l'Eternel, et venez à son sanctuaire qu'il a sanctifié pour toujours, et servez l'Eternel, votre Dieu, et l'ardeur de sa colère se détournera de vous. Car si vous vous retournez à l'Eternel, vos frères et vos enfants trouveront grâce auprès de ceux qui les ont emmenés prisonniers, et ils retourneront en ce pays, parce que l'Eternel, votre Dieu, est pitoyable et miséricordieux; et il ne détournera point sa face de vous, si vous vous retournez à Lui» (2 Chroniques 30: 5-9).

Ceci était un appel des plus touchants et des plus puissants. Ezéchias se place avec intelligence sur le terrain de Dieu et il désire que les autres fassent de même. Son regard était arrêté sur le Dieu d'Abraham, sur le pays d'Israël, sur Jérusalem et sur l'ensemble du peuple de Dieu. Sans nul doute il pouvait sembler et il sembla à plusieurs, qu'il y avait de la présomption dans le langage d'Ezéchias, parlant comme si lui et ceux qui étaient avec lui, avaient seuls raison et tous leurs frères tort. Tout devait dépendre de l'esprit avec lequel sa lettre serait reçue et lue: Pour l'orgueil et la suffisance, un pareil appel devait être intolérable, mais un coeur véritablement contrit et humilié de l'état du peuple devait le recevoir avec une approbation sincère. C'est, en effet, ce qui arriva: «Ainsi les courriers passaient de ville en ville par le pays d'Ephraïm et de Manassé, et ils allèrent même jusqu'à Zabulon; mais on se moquait d'eux et on s'en raillait. Toutefois quelques-uns d'Aser, et de Manassé et de Zabulon s'humilièrent, et vinrent à Jérusalem».

Il en sera toujours ainsi, frères. La foi et ses actes seront toujours tournés en dérision par ceux qui suivent un mauvais chemin, ou qui marchent à la clarté d'un flambeau qu'ils ont eux-mêmes allumé; mais tout coeur brisé et contrit reçoit de la bénédiction, et celle-ci ne manque jamais à celui qui prend Dieu au mot et qui agit conformément à Sa vérité immuable. Ceux qui s'inclinèrent humblement à l'appel d'Ezéchias se rassemblèrent sur le terrain de Dieu et rendirent témoignage à Sa pensée. Ils ne dirent point: «Il est inutile de se placer sur un terrain aussi élevé, en face de l'état actuel de la Nation. C'est folie et présomption de la part d'Ezéchias, que d'essayer de mettre de pareils principes en pratique, au milieu de la ruine des temps actuels». Non, ils «s'humilièrent», et vinrent à Jérusalem. Avec une véritable soumission d'esprit ils se rassemblèrent pour obéir à Dieu, en faisant la pâque.

Quel en fut le résultat? Eurent-ils à se repentir de leur conduite? L'issue prouva-t-elle qu'ils n'étaient que des visionnaires, des enthousiastes agissant d'après quelque chimère d'Ezéchias ou d'après quelque folle invention de leur propre imagination? Bien au contraire. «Les enfants d'Israël donc, qui se trouvèrent à Jérusalem, célébrèrent la fête solennelle des pains sans levain, pendant sept jours avec une grande joie; et les Lévites et les sacrificateurs célébraient l'Eternel chaque jour, avec des instruments qui résonnaient à la louange de l'Eternel. Et Ezéchias parla à tous les Lévites qui étaient entendus dans tout ce qui concerne le service de l'Eternel; il leur parla, dis-je, selon leur coeur; et ils mangèrent des sacrifices dans la fête solennelle pendant sept jours, offrant des sacrifices de prospérité, et louant l'Eternel, le Dieu de leurs pères. Et toute l'assemblée résolut de célébrer sept autres jours, et ainsi ils célébrèrent sept autres jours en joie…

Et toute l'assemblée de Juda se réjouit avec les sacrificateurs et les Lévites, et toute l'assemblée aussi qui était venue d'Israël, et les étrangers, qui étaient venus du pays d'Israël, et qui habitaient en Juda. Et il y eut une grande joie dans Jérusalem; car depuis le temps de Salomon, fils de David, roi d'Israël, il ne s'était point fait dans Jérusalem une telle chose. Puis les sacrificateurs, Lévites, se levèrent et bénirent le peuple; et leur voix fut exaucée; car leur prière parvint jusqu'aux cieux, la sainte demeure de l'Eternel» (2 Chroniques 30: 21-27). Voilà, donc, la réponse de Dieu à la foi d'Ezéchias; car Il ne fait jamais défaut à ceux qui se confient en Lui. Ces quatorze jours heureux, passés par la congrégation autour de la pâque, sont évidemment le profit de l'obéissance qui compte sur le Dieu vivant, malgré la ruine et les chutes qui caractérisent l'histoire de l'homme et de ses voies: «Depuis le temps de Salomon, fils de David, roi d'Israël, il ne s'était point fait dans Jérusalem une telle chose». Dieu est puissant pour remplir de joie, de louanges et d'actions de grâces le coeur de Son peuple obéissant, malgré la confusion et la désolation qui l'entourent.

Souvenons-nous bien que toute cette joie et cette bénédiction peuvent s'allier avec un sentiment profond des manquements et de l'infidélité de l'homme. Ces deux choses iront même toujours de compagnie. Aussi voyons-nous qu'Ezéchias reconnaît pleinement la condition pratique de la nation; il célèbre la pâque au second mois et non pas au premier. «Puis on égorgea la Pâque le quatorzième jour du second mois; car les sacrificateurs et les Lévites avaient eu honte, et s'étaient sanctifiés, et ils avaient apporté des holocaustes dans la maison de l'Eternel» (2 Chroniques 30: 15). Ici, la congrégation use d'une ressource que lui avait préparée la prévoyante grâce de son Dieu (Nombres 9: 10, 12); ce fait est d'un ordre moral touchant et admirable. La foi apprécie toujours le véritable état des choses; mais elle compte sur les amples provisions de la grâce divine. Ezéchias sentait que le peuple n'était pas à la hauteur des principes divins; mais il savait que la grâce de Dieu pouvait descendre jusqu'à eux, pourvu toutefois qu'ils prissent leur vraie position. Voilà pourquoi il priait pour eux, en disant: «L'Eternel, qui est bon, tienne pour faite la propitiation de quiconque a disposé tout son coeur pour rechercher Dieu, l'Eternel, le Dieu de ses pères, bien qu'il ne soit pas nettoyé selon la purification du sanctuaire. Et l'Eternel exauça Ezéchias et guérit le peuple» (2 Chroniques 30: 19, 20).

Ainsi il en est encore maintenant comme sous Ezéchias: Il y avait, en même temps, confession du péché de l'homme, et foi dans la fidélité divine. Si le peuple n'était pas en état de célébrer la pâque au premier mois, Dieu pouvait le bénir au second mois; et, quand même l'état du peuple n'était pas au niveau de la pensée divine, la grâce de Dieu pouvait descendre sur Israël. Il est inutile de vouloir être ce que nous ne sommes pas. Il faut que nous prenions notre véritable position; alors Dieu peut s'y révéler à nous, selon ce qu'Il est en Lui-même. Voilà comment la foi s'élève jusqu'à Dieu, et saisit les choses qui sont garanties par son infaillible fidélité.

Ce que nous venons de dire servira d'illustration au quatrième chapitre de l'Epître aux Ephésiens. J'y trouve ces mots: «Il y a un seul corps». Cette vérité est placée sur la même ligne que toutes les grandes vérités de la religion chrétienne; de telle manière que, si vous touchez à l'une, vous touchez aussi aux autres; si vous en ébranlez une, vous les ébranlez toutes. Je ne vois pas, bien-aimés frères, que l'on puisse garder réellement une des vérités de Dieu, si l'on se permet d'en négliger une autre, sous le prétexte que les hommes l'ont méconnue, niée ou mise de côté. Supposons que vous me demandiez: «Croyez-vous à la doctrine de la justification par la foi?» — «Certainement». «Croyez-vous à la doctrine du péché originel?» «Cela va sans dire». «Croyez-vous à la doctrine de la ruine sans ressource de l'homme?» «Sans nul doute». «Croyez-vous qu'il y a «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous?» «Pourquoi croyez-vous ces choses? Est-ce peut-être parce que vous les sentez?» — Je répondrai: Non. «Est-ce parce que vous les voyez?» Je les crois parce que la parole de Dieu les révèle; tel est le seul motif de la foi en toute vérité quelconque de la religion chrétienne. Voilà pourquoi, si je rejetais la grande doctrine de l'Unité du corps de Christ, à cause des innombrables divisions de la Chrétienté, je jugerais par la vue de mes yeux, au lieu de m'appuyer sur la vérité inaltérable de Dieu. Je raisonnerais d'après ce que je vois, au lieu de croire ce que Dieu me dit. Si l'on me demande donc, pourquoi je crois à la doctrine de la justification par la foi, je réponds: Parce qu'elle est révélée dans la Parole de Dieu. Par la même raison, je crois à l'Unité du corps; à la divinité du Christ; à Son humanité parfaite. Je crois à la vertu de Son sang, à l'efficace de Sa sacrificature, au fait de Sa gloire qui doit être révélée. Je crois à toutes ces vérités, parce qu'elles sont déposées dans les saintes Ecritures. Nous devons donc admettre aussi, et par la même raison, «qu'il y a un seul corps et un seul Esprit». Pensez-vous que je le croirais plus fermement si TOUS les véritables enfants de Dieu; habitant cette ville, se réunissaient en ce lieu-ci chaque dimanche, pour rompre le pain ensemble? Non certes, mais je le croirais, parce que la chose est déclarée dans l'épître aux Ephésiens, chapitre 4, où il est écrit: «Il y a un seul corps».

Examinons maintenant l'histoire si intéressante et instructive de Josias (2 Chroniques 34 et 35). Nous y trouvons encore un exemple frappant du même principe: Josias, comme Elie et Ezéchias reconnaissait l'indissoluble unité des douze tribus; il agissait au milieu de l'état de choses le plus humiliant; non d'après cet état visible du peuple de Dieu, mais uniquement selon la vérité immuable, établie et révélée par Dieu. Il porta la réforme dans toutes les villes qui appartenaient à Israël. Puis, parlant aux Lévites, il les chargea, au début de ce jour merveilleux, de servir le Seigneur et Son peuple d'Israël. Remarquez bien ceci: Il charge les Lévites de servir Jéhovah et non pas son peuple de Juda, — mais «Son peuple d'Israël». Il ne peut parler autrement de la Nation, ni agir autrement envers elle, que d'après la pensée révélée de Dieu; nullement selon sa condition pratique. Cette pensée est exprimée par l'autel de douze pierres; par le sacrifice pour le péché et l'holocauste «pour tout Israël», par les douze pains sur la table d'or, éclairés par les douze chandeliers. En tout cela il s'agit de l'Israël de Dieu, vu par les yeux de la foi.

Josias cependant régnait au moment de la plus grande décadence; la nation était à la veille de sa dissolution, Nébucadnezar à ses portes. Tout allait tomber en poussière. N'importe — la foi restait debout. En esprit et en principe Josias retourne vers la table d'or — seule place où la foi pût se tenir. Oh! frères, voyez-vous cela? Avez-vous serré cette vérité dans vos coeurs, et compris que nous nous sommes occupés aujourd'hui d'un principe qui, si vous le saisissez, affermira vos âmes et donnera de la décision, de la vigueur à toute votre carrière ici-bas, quels que soient les obstacles que vous rencontriez?

Ne pensez pas que je vous conduise à travers ces scènes historiques de l'Ancien Testament, uniquement pour vous occuper pendant une heure; non, frères, mais c'est pour amener vos âmes en contact vivant et personnel avec Dieu; avec la vérité de Dieu. Là est le secret de la puissance. Je puis prêcher un sermon, donner une suite d'enseignements; mais, avec tout cela, ne jamais mettre les âmes en face de Dieu, ou les consciences sous la lumière de l'Ecriture sainte.

Josias ne fit point ainsi. Ayant senti la puissante action de la Parole de Dieu sur sa propre âme, il chercha à amener celles de ses frères sous cette même influence (2 Chroniques 34: 29, 30). Quel en fut le résultat? C'est qu'il n'y eut jamais, sous aucun roi, depuis les jours brillants de Salomon ni sous David, malgré toutes ses victoires, une Pâque telle que celle qui fut célébrée par Josias, au moment même où l'histoire de la Nation allait prendre fin (2 Chroniques 35: 18).

Dieu fut mieux glorifié par la foi de Josias que par l'or, l'argent et les immenses richesses qui affluaient dans les trésors de Salomon, parce que les circonstances mêmes au milieu desquelles il se trouvait, mettaient une auréole autour de la foi de Josias.

Voyons encore un autre exemple de notre principe: Les différents cas dont nous venons de nous occuper sont tirés de la période qui PRECEDE la captivité. Examinons ce qui eut lieu PENDANT la captivité. Le sixième chapitre de Daniel nous offrira une nouvelle portion intéressante de l'histoire de la foi.

C'est toujours le même grand principe: Nous voyons Daniel, un exilé de la tribu de Juda, captif dans les circonstances les plus humiliantes. La gloire et la puissance de Dieu avaient quitté Israël, car les jugements de Dieu étaient tombés sur ce peuple. Les Israélites étaient disséminés, emmenés en captivité; leurs maisons et leurs villes en ruines; tout était perdu! Mais, frères, la parole de Dieu, sa vérité, sa fidélité n'étaient point en ruines, c'est pourquoi la foi du peuple de Dieu pouvait rester debout. Les actes de Daniel en sont une preuve éclatante. En lisant son histoire, ne semble-t-il pas, en effet, que plus profondes sont les ténèbres qui enveloppent la Nation, plus brillants sont les rayons de lumière projetés par la foi individuelle. Quoique pendant la captivité la gloire eût quitté Israël, que les vaisseaux de la maison du Seigneur fussent dans le temple d'un faux Dieu, que les exilés fussent obligés de suspendre, en pleurant, leurs harpes aux saules de Babylone, et qu'autour d'eux, tout fût aussi sombre et aussi triste que possible — malgré tout cela, la foi de Daniel s'élève majestueusement au-dessus de l'obscurité qui l'environne et saisit la vérité éternelle de Dieu, non seulement pour la comprendre, mais pour la mettre en pratique.

Il ouvre sa fenêtre et prie, se tournant du côté de Jérusalem. Pourquoi? Est-ce un préjugé, une notion particulière? C'est le fruit d'un principe divin, comme vous pouvez le voir en jetant un coup d'oeil sur 2 Chroniques 6: 36-38, qui anticipe exactement la position dans laquelle se trouve Daniel et lui prescrit sa manière d'agir: «Quand donc ils se seront tournés vers toi de tout leur coeur et de toute leur âme, dans le pays de captivité où on les aura menés captifs, et qu'ils t'auront offert leur supplication, en regardant vers leur pays, que tu as donné à leurs pères, et vers cette ville que tu as choisie, et vers cette maison que j'ai bâtie à ton nom».

Voilà ce qui fait agir Daniel à Babylone, dans les jours de Darius; voilà l'autorité sur laquelle il s'appuie. La foi cherche et trouve toujours dans la Parole de Dieu une garantie pour son activité. Si Daniel n'avait eu cette garantie divine pour prier en regardant du côté de Jérusalem, sa conduite eût été tout à fait déplacée. Il y eût eu folie à se jeter dans la fosse aux lions uniquement pour mettre en pratique une théorie à lui. Mais si sa conduite découlait d'un principe divin; c'était la foi agissant d'après la vérité de Dieu, quelles que fussent les circonstances extérieures. Cette foi Dieu l'honore toujours, en lui accordant une riche bénédiction au milieu des circonstances les plus désolantes et les plus humiliantes.

Daniel suit en simplicité la trace de Josias, d'Ezéchias et d'Elie. Il prend la même position qu'avaient prise ces hommes de Dieu; en face d'effrayantes difficultés, il soutient d'une main ferme l'étendard de la vérité éternelle. Il a sa place parmi la «nuée de témoins» dont parle l'Esprit-Saint en Hébreux 11 — témoins de la puissance et de la valeur de la foi au Dieu vivant. Daniel ouvre sa fenêtre; il prie, tourné du côté de Jérusalem et du temple, quoique tous d'eux fussent réduits en cendres. Il ne regarde pas aux choses qu'on voit, mais aux invisibles. Il reconnaît le point central de ralliement établi par Dieu pour les douze tribus d'Israël, quoique cet endroit fût hors de la vue humaine et que les douze tribus fussent dispersées jusqu'au bout de la terre. La main vigoureuse de la foi élève l'étendard divin, au lieu de l'abaisser pour le mettre au niveau de l'état actuel du peuple.

Quel en fut le résultat? Un triomphe splendide! Sans doute il fut obligé, comme témoin, de descendre dans la fosse aux lions; mais il en ressortit en conquérant. Ainsi tous les hommes de Dieu s'élèvent en descendant. Nous doutons que Daniel ait jamais passé une nuit plus heureuse que celle-là: il y était pour Dieu, et Dieu s'y trouvait avec lui. Qu'advint-il au matin? Encore une victoire! Le plus fier monarque de la terre s'humilie devant l'exilé captif. Daniel réalisa, pour lui-même, cette ancienne promesse faite à Israël: «Tu seras la tête et non la queue». Il en est toujours ainsi. Celui qui agit d'après la vérité de Dieu, sans égard aux circonstances extérieures, goûte la communion la plus élevée qui puisse être connue, dans l'économie sous laquelle il vit.

Daniel en est une preuve, comme le seront toujours ceux qui voudront agir d'après ce même principe. On pouvait lui dire, comme cela arrive fréquemment de nos jours: «Vous êtes un présomptueux, un enthousiaste, un visionnaire, de prier en vous tournant vers une ville ruinée; il vaudrait mieux tirer le voile sur le nom de Jérusalem, cette scène de votre humiliation». Mais Daniel était dans le secret de Dieu. Il voyait tout au point de vue divin. De là la clarté de sa vue, la droiture de sa marche, la splendeur de sa victoire.

Je vous le rappelle encore une fois: la vérité qu'il professait n'était ni une spéculation, ni un dogme, ni une chose à serrer dans quelque recoin de sa mémoire; il ne pouvait ni ne devait confesser l'Unité d'Israël, tout en restant confortablement chez lui. Non; Daniel allait au-devant de la fosse aux lions, qui s'ouvrait pour le recevoir; mais il ne s'en inquiétait point. Il n'avait affaire ni avec la fosse aux lions, ni avec les ruines de Jérusalem, mais avec la VERITE DE DIEU. Il voyait, en esprit, les douze pains sur la table d'or, les chandeliers dans le sanctuaire de Dieu, et la lumière du ciel illuminant l'Unité éternelle de l'Israël de Dieu. Il pouvait dire: «Jetez-moi en pâture aux lions si vous le voulez; mais je ne puis abandonner la vérité de Dieu. Je lui suis attaché, coûte que coûte. Je ne m'inquiète ni des résultats, ni des conséquences; je les laisse à Dieu. Ma place est d'obéir».

Tout ceci est de la plus grande importance. On entend beaucoup parler, de nos jours, du manque de puissance dans l'Eglise. Il n'y a de puissance, dit-on, ni pour ceci, ni pour cela, ni pour autre chose. Notre simple réponse est, qu'il n'est pas question de puissance, mais d'obéissance. Y avait-il beaucoup de puissance aux jours de Daniel? Oui; mais c'était celle de la foi et de son obéissance. Voilà le genre de puissance qu'il nous faut. Elle n'est pas extérieure; elle ne consiste ni en dons brillants, ni en miracles étonnants; mais bien en cet esprit d'obéissance humble et ferme, qui conduit l'homme de Dieu dans le sentier étroit des commandements divins. Dieu met ses délices et la douce sanction de Sa présence sur la foi qui croit Sa parole, qui confesse Sa vérité et qui la professe. Quels que soient les difficultés, les découragements, n'abaissez jamais votre bannière. «Abaissez-la, vous crie-t-on; renoncez à votre idée; ne voyez-vous pas que Dieu Lui-même est contre vous?» Selon son gouvernement, oui; le blasphémateur est lapidé hors du camp; mais les douze pains restent intacts sur la table du sanctuaire. Voilà le double principe qui traverse l'histoire entière des voies de Dieu, tant envers l'Israël d'autrefois, qu'envers l'Eglise maintenant. Le jugement de Dieu peut s'exercer sur notre état pratique, en même temps que l'oeil de la foi se fixe sur l'étendard immuable de Dieu. La foi individuelle se réchauffe aux rayons de l'éternelle vérité divine, en dépit du naufrage et de la ruine d'un peuple reconnu de Dieu.

Ce principe, d'une si grande simplicité, est d'une puissance et d'une valeur immenses pour la pratique. Son application à notre sujet, c'est-à-dire à l'Unité de l'Eglise de Dieu, est aussi claire qu'efficace. Si nous regardons autour de nous, pour former notre jugement et tirer nos conclusions d'après les ruines de la Chrétienté, il semblera que, parler de l'Unité de l'Eglise de Dieu, est une pure chimère. Mais si nous prenons simplement Dieu au mot, nous croirons ce qu'Il dit, non parce que nous le sentons, mais parce qu'Il le dit. Pourquoi croyons-nous aux grandes vérités fondamentales du christianisme? Uniquement parce que nous en trouvons la déclaration dans les pages inspirées. Par la même raison, nous croyons à un seul corps et à l'Unité indissoluble de l'Eglise de Dieu.

«Il y a un seul corps». Il ne dit pas «Il y AVAIT un seul corps», ou «Il y AURA un seul corps»; mais: «Il y A un seul corps». Voilà notre autorité pour croire cette glorieuse vérité, pour la confesser et pour témoigner, en pratique, contre tout ce qui la renie. Le premier pas pour pouvoir professer l'Unité de l'Eglise de Dieu sera, nécessairement, de sortir de toutes les divisions de la chrétienté. Ne nous arrêtons pas à demander quel sera le second pas. Dieu ne donne jamais de la lumière pour deux pas à la fois. Est-il vrai, qu'il y a un seul corps? Sans doute, puisque Dieu le dit. Donc, les systèmes de la Chrétienté, ses divisions, ses sectes, sont évidemment opposés à l'Esprit de Dieu, à Sa volonté, à Sa parole. Que faire? Sortir de ces systèmes. Nous pouvons être certains que ceci est le PREMIER pas dans une bonne direction. Si notre point de départ est faux, notre direction entière le sera. Ainsi, il est impossible de réaliser l'Unité de l'Eglise de Dieu, tant que nous restons liés à ce qui la renie de fait. Nous pouvons en conserver la théorie dans notre intelligence, tout en la reniant en pratique. Mais si nous désirons professer la vérité de «l'Unité du corps», notre premier devoir est de nous maintenir dans une séparation absolue d'avec toutes les sectes et tous les schismes de la Chrétienté.

«Mais» — diront plusieurs «ceci n'implique-t-il pas la formation d'une nouvelle secte, qui sera la plus étroite et la plus intolérante de toutes?» En aucune façon, quoique cela puisse en avoir l'apparence au jugement de la nature humaine, même religieuse. La question est celle-ci: Les divisions de la Chrétienté sont-elles selon Dieu? Les plusieurs corps de l'église professante sont-ils le «seul corps» d'Ephésiens 4? Il est clair que non. Donc Dieu exige que nous en sortions. Accomplir un devoir dicté par Dieu, ne conduira jamais personne à des sectes. Ce sera au contraire un témoignage direct contre les schismes. Le PREMIER GRAND PAS à faire pour «garder l'Unité de l'Esprit dans le lien de la paix», consiste donc à sortir des sectes de la Chrétienté. Et puis; Après? (*) Regardons à Jésus; ceci nous conduira jusqu'au bout, dans le droit chemin. Formerons-nous ainsi une nouvelle secte, ou nous joindrons-nous à quelque nouveau corps? Nullement. Nous aurons fui les ruines qui nous entourent, pour trouver toutes les ressources possibles dans l'entière suffisance du Nom de Jésus. Laissons donc le gouvernail aux mains de Jésus, tenant nos yeux fixés sur Lui au milieu des eaux tumultueuses, jusqu'à ce que nous arrivions en sûreté au port de la gloire et du repos éternels.

(*) A ce: «Et puis; après?» nous ajouterions: Continuez à obéir à la Parole; Abraham «sortit de son pays, et de son parentage, et de la maison de son père». Il sortit «et s'en alla ne sachant où il allait». Ce premier pas le mit au bénéfice de toutes les bénédictions de son Dieu. Abraham, une fois sorti, n'eut aucunement à se préoccuper des résultats de son obéissance. Dieu l'amena à la terre promise; et Il le fit selon Sa fidélité, car Il avait dit à Abraham «Sors», pour aller «au pays que JE te montrerai».

Mais, demandez-vous à ceux qui se sont déjà «retirés de l'iniquité»; à ceux qui se sont «purifiés des vases à déshonneur»; à ceux qui sont sortis des sectes qui composent la Chrétienté: «Où irions-nous, après avoir aussi fait CE PREMIER PAS?» Dieu vous amènera là où Sa Parole veut vous conduire. Si vous L'écoutez, Lui seul, Il vous fera faire un second pas dans la même direction, et aussi vers de nouvelles bénédictions. «Sortez» simplement et humblement. Avant vous, d'autres, qui se sont «retirés de l'iniquité», n'ont-ils pas trouvé leur chemin, «AVEC CEUX qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur?»

Le Seigneur Jésus nous a promis et montré le pays de la plus haute bénédiction possible ici-bas, lorsqu'il a dit: «LA OU deux ou trois sont assemblés EN MON NOM, JE SUIS LA, au milieu d'eux»; Faillira-t-il à une telle promesse? Déshonorera-t-Il Son Nom? Auriez-vous encore besoin d'un témoignage humain quelconque, après celui de Jésus? Dans ce cas, rien ne vous empêche de l'entendre de la bouche de ceux qui ont fait le premier pas, en sortant; puis, le second, en se réunissant uniquement au Nom de Jésus; uniquement autour de Jésus. Votre faiblesse ne peut être plus grande que celle de tant d'autres qui furent fortifiés, après avoir obéi.
N'est-ce point une exhortation sortie de la bouche de Dieu Lui-même, que ces paroles: «Celui qui a promis est fidèle… N'abandonnons pas le rassemblement ensemble de nous-mêmes» (Hébreux 10: 25; litt.)? Admirez, ici, comment les perspectives bénies du chemin de l'Obéissance s'étendent, à mesure que le fidèle y fait quelque nouveau pas: Notre dernier passage vient de nous amener, presque à notre insu, à faire un troisième pas: «Sortez» était le premier, le plus important, le plus contraire à la chair et à la vue. «Rassemblez-vous», uniquement au Nom de Jésus et autour de Lui seul, était le second — accompagné d'une magnifique promesse. Le troisième pas consistera à persévérer dans la même voie: «N'abandonnons pas le rassemblement ensemble de nous-mêmes, comme quelques-uns ont l'habitude de faire». Certes, frères: «Celui qui a promis est fidèle». Fiez-vous à Lui. Il en sera glorifié; vous, heureux et bénis. Pour cela, comme pour tout le reste, regardons à Jésus. (Note du traducteur)