Pour moi, vivre c'est Christ

ME 1873 page 95 - Philippiens 1: 21

 

Si nous regardons autour de nous, aujourd'hui, pour trouver un homme qui réponde à cette parole: «L'Esprit et l'Epouse disent: Viens», où le rencontrerons-nous? Le désir de voir sur cette terre ce que Jean nous exprime dans la parole que nous venons de citer, ce désir est selon l'Esprit de Christ; ce fait serait à la louange et à la gloire de Dieu et du Seigneur Jésus Christ. Mais si l'église, comme compagnie de croyants, est bien loin, hélas, de nous présenter ce que nous cherchons, l'âme qui a saisi la pensée de l'Esprit, désire au moins que quelques personnes de cette assemblée appelée «l'Epouse» paraissent, comme partie de cette Epouse, disant: «Je fais une chose», et: «Pour moi, vivre c'est Christ».

Il y a sur la terre beaucoup d'enfants de Dieu, mais bien peu d'entre eux se tiennent dans la liberté dans laquelle Christ nous a placés en nous affranchissant (Galates 5: 1). S'ils n'y sont pas, ils ne peuvent dire: «Pour moi, vivre c'est Christ»; ils ne peuvent mettre à effet cette parole. Où sont, dans nos jours de confusion, les âmes qui marchent réellement dans ce chemin, accomplissant ce que l'apôtre exprimait pour lui-même? Une chose entrave tout, c'est le manque de réalité que l'homme qui s'égare en suivant ses propres pensées, remplace par la forme de la Vérité. Je ne traite pas ici la question de notre justification et de notre adoption, mais je demande, si, vous et moi, nous vivons comme des gens qui peuvent dire: «Pour moi, vivre c'est Christ»; si nous sommes en réalité devant Lui, si nous marchons comme ayant un même sentiment avec Lui. Je ne mets pas en question la réalité de ce que vous possédez en Christ, ou la réalité de ce que son oeuvre a accompli, — oeuvre qui n'a pas laissé un seul nuage entre Dieu et vous, — mais cette réalité qui est le signe de la puissance de l'Esprit dans la marche d'un croyant, — la réalité d'une foi qui me fait voir toutes choses, non selon mes propres pensées ou les pensées d'autrui, mais telles qu'elles sont, comme Dieu les voit, et qui agit simplement pour Dieu. C'est une réalité que Paul exprime quand il dit: «Pour moi, vivre c'est Christ». Il n'a pas prononcé cette parole dans la partie (selon nous) brillante de sa vie, mais à son terme, alors qu'il était un prisonnier lié de chaînes. Il considère et présente telles qu'elles sont toutes, les circonstances dans lesquelles il se trouve. Quand la chair agit, c'est la mort, non pas la vie; mais ici nous trouvons la vie d'un homme qui possède la vie de Christ, dont Christ est l'objet, qui, amené à Dieu, poursuit un seul but, celui de vivre pour Dieu. C'est ici que je trouve le manque de réalité dans les croyants d'aujourd'hui. Si vous êtes chrétien, vous avez la vie, et vous avez l'Esprit de Christ; et ce que vous avez à faire, c'est de vivre pour Dieu à la place même où vous êtes. Paul ne dit pas: J'ai édifié les saints d'Ephèse; j'ai fait ceci ou cela; mais là où il était, dans sa prison, enchaîné à un soldat, il pouvait dire: «Pour moi, vivre c'est Christ». Si je n'ai devant moi qu'une vie de souffrance, je n'ai qu'une chose à faire, c'est de vivre pour Christ. Comme mon maître a souffert de la part des hommes, moi aussi je souffre. Tout manque et s'écroule autour de moi, mais j'ai Christ lui-même pour ma vie; je suis ainsi rendu capable de vivre, là où je suis, cette vie qui est Christ. C'est ici que la réalité se montre. Vous désirez, dites-vous, que, pour vous, vivre soit Christ. Eh bien, commencez là où vous êtes. Pourquoi pas? C'est qu'il faut commencer. Dieu ne vous a pas encore amené dans la gloire dans laquelle Christ est entré; mais pourquoi ne diriez-vous pas maintenant: «Pour moi, vivre c'est Christ». C'est dans la vie d'ici-bas que Dieu trouve nécessaire d'exercer nos âmes par toutes les circonstances qu'il nous fait traverser. Il y avait une Phébé et il y avait un Paul. Les circonstances de l'un et celles de l'autre étaient différentes; mais ils avaient tous les deux la même vie pour la manifester au milieu de n'importe quelles circonstances. Dieu nous a placés dans une position de parfaite liberté. Nous n'attendons pas Christ pour nous donner la vie, mais nous attendons la gloire. Celui qui nous introduira dans la gloire regarde des cieux ce que nous faisons ici-bas, pour voir si nous faisons cette seule chose que Paul avait toujours devant ses yeux et qui était de vivre, de mourir, de souffrir pour Christ. C'est en cela que Christ voit en vous un besoin de réalité. Dieu vous dit: là où vous êtes, faites une chose, — ce que Paul exprimait par ces mots: «Pour moi, vivre c'est Christ». Faire cela, prouve de la réalité, non une simple profession sans puissance. Ce ne serait pas la réalité de la foi de mettre en question quelque partie que ce soit de l'oeuvre de Christ; mais y a-t-il en vous cette réalité de foi qui vous rend capable de dire: J'ai la vie de Christ et je vais vivre aujourd'hui cette vie qui est Christ? Vous dites peut-être: Comment sortirai-je de ces afflictions ou de ce puits profond? Christ ne permet pas que vous parliez ainsi, comme si vous ne pouviez pas faire cette seule chose: «Vivre, c'est Christ». Vous pouvez, exactement là où Christ vous a placé, réaliser ce qui était une réalité dans l'apôtre et ce que Dieu demande de vous. «Pour moi, vivre c'est Christ». C'est là précisément où la faiblesse du vase se manifeste, que je peux répondre à ce que Dieu attend de moi; et ainsi vous devez vivre, précisément là où vous vous trouvez. Le trait le plus saillant du caractère et de la pensée de Christ a été l'obéissance, même jusqu'à la mort de la croix. Christ alla jusqu'au bout de tout ce que Dieu l'avait appelé à faire. Le sentiment qui l'animait fut mis en évidence et resplendit dans l'obéissance jusqu'à la mort. Quelles perfections dans sa vie! Il ressuscitait les morts, il ouvrait les yeux des aveugles. Dans sa mort sur la croix il a été tout seul; là, personne ne pouvait être avec Lui; et ce fut là précisément où tout se concentrait, où l'intensité de la souffrance reposait tout entière sur Lui, que le sentiment dont nous parlons apparut et brilla.

Pouvez-vous dire que vous vivez comme des gens qui ont leurs coeurs remplis des mobiles et du sentiment qui étaient en Christ, pour lesquels ce n'est pas une simple théorie que Christ soit venu dans le monde, soit mort, ressuscité, et entré dans la gloire? Faites-vous ce qui convient à de telles gens, marchant en toute simplicité de foi? Etes-vous des canaux vivants creusés par Dieu pour que la vie de Christ y coule et par eux se répande? N'avez-vous en vue, que de répondre en toutes choses au sentiment de Christ? Pouvez-vous dire: «Pour moi, vivre c'est Christ et mourir est un gain?» S'il en était ainsi de ceux qui professent servir Christ, on n'aurait pas à constater avec tant d'étonnement et d'alarme le grand pouvoir que le monde exerce sur eux, et combien peu ils possèdent la puissance de la croix pour briser ce pouvoir. Plusieurs diront: Ne vous inquiétez pas tant; nous sommes sauvés. Comment? Vous seriez sauvés, et vous ne seriez pas participants de la nature divine, et vous ne marcheriez pas comme Lui a marché? Si le croyant est dans la lumière de Dieu en Christ, — et il y est, — ne devrait-il pas être à même de dire que Christ dans la gloire et lui, sont un? Christ connaissait la pensée du Père et faisait toujours, en toutes choses, ce qui plaisait au Père, quand il était ici-bas sur la terre; Sa vie en moi me donne la certitude de ce qu'est Sa pensée. Il répondit à la pensée du Père et en fut l'expression; et chacun de nous aussi, doit répondre à Sa pensée tout le long du jour. Aucun d'entre nous n'en est dispensé. «L'Esprit et l'Epouse disent: Viens». Vous et moi devrions le dire, comme membres de Christ, montrant clairement ainsi ce qu'une telle espérance est pour nos âmes.