Quelques conseils aux soeurs

 ME 1873 page 114

 

Les temps auxquels nous sommes parvenus, sont fâcheux et difficiles, et si vous en avez le sentiment vous trouverez peut-être, chères lectrices! quelque intérêt et quelque profit dans les réflexions, que je viens vous présenter, en me pénétrant de la parole de l'apôtre à Timothée: «Exhorte les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des soeurs, en toute pureté».

Vous savez que le Seigneur, fidèle à ses promesses, va bientôt revenir, et qu'au milieu de la nuit, un peu avant son retour, il s'est fait un cri, qui réveille les vierges endormies. Le Seigneur aurait pu revenir sans donner cet avertissement, et les vierges de leur côté n'auraient pas eu besoin d'être ainsi réveillées, si elles avaient persévéré dans leur première attente, car elles étaient sorties à la rencontre de l'Epoux; mais la vigilance et la persévérance leur ayant manqué, la grande grâce du Seigneur se montre envers elles, en ce que, avant le moment définitif, il daigne les réveiller de leur sommeil. Le cri a retenti: «Voici l'Epoux, sortez à sa rencontre». Vous l'avez entendu ce cri. Satan n'a pas réussi à l'étouffer, et comme les chrétiens des jours apostoliques, vous savez avec nous ce que c'est que d'attendre «la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ». Mais si l'ennemi n'a pas réussi à empêcher le réveil de l'espérance, il est actif néanmoins, et aujourd'hui plus que jamais, à en atténuer ou à en neutraliser les effets pratiques. Hélas! qui oserait dire qu'il n'a eu plus d'un succès. Je ne veux accuser personne; mais j'en appelle à la conscience de chacun, pour demander à ceux qui croient si nous avons tous et toujours retenu la puissance de la purification de l'espérance, la puissance sanctifiante de la vérité. Que d'inconséquences n'avons-nous pas à confesser! La séduction du péché, la mondanité sous toutes ses formes détruisent ou neutralisent l'attente ainsi que son fruit saint et précieux. D'un côté la mondanité ouverte, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie, s'emparent des âmes plus ou moins. en une manière ou en une autre; d'un autre côté, la mondanité philanthropique, si je puis l'appeler ainsi, ouvre une porte fallacieuse aux enfants de Dieu pour leur faire prêter leur concours aux enfants de ce siècle, afin de créer ou d'organiser des institutions, ayant pour but, comme on dit, l'amélioration ou la moralisation de la société. Le bien qui se fait avec le monde et selon les principes du monde, est sans saveur devant Dieu; et quand pour le faire, on prétend améliorer ou consolider l'édifice social, on a oublié que ce monde est jugé, que toutes choses doivent se dissoudre, et que nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habite. Et pourtant c'est pour être les témoins de ces choses et pour les proclamer jusqu'au bout, que le Seigneur nous a réveillés par le cri: «Voici, l'Epoux vient, sortez à sa rencontre».

Je suis convaincu, que ce qui nuit souvent à plusieurs d'entre vous, chères soeurs en Christ, car c'est à vous que je m'adresse ici, c'est que vous ne vous rendez pas assez compte du caractère et de la nature de votre position et du service, que la Parole de notre Dieu vous assigne: vous ne méditez pas avec assez de soin les enseignements particuliers de cette Parole, qui vous concernent, tels que 1 Pierre 3: 1-6; 1 Timothée 2: 9-15; 3: 11; 5: 3-15; Tite 2: 3-5; 1 Corinthiens 11: 2-6; 14: 34, 35; Ephésiens 5: 32, 33; Colossiens 3: 18; Jacques 4: 4, etc., etc. Quelquefois même vous vous laissez entraîner à la frivolité, à toutes choses de dissipations, ou bien aux oeuvres philanthropiques; parce que vous ne savez pas comment employer utilement votre temps pour le Seigneur. — Si vous reconnaissez ces choses en quelque mesure, vous serez disposées à examiner avec moi les exemples que la Parole de Dieu vous a laissés, et de passer en revue ces témoins, dont vous êtes appelées à être les compagnes et les imitatrices. Le Saint Esprit, qui a enregistré les noms de ces «saintes femmes», dans la sainte et impérissable Parole de Dieu qui a éclairé vos âmes, inscrira aussi vos noms au «livre de mémoire», qui sera déroulé au jour de la manifestation des secrets des hommes. Nous nous bornerons ici aux exemples que nous offre le Nouveau Testament, quoique l'Ancien aussi nous présente des exemples précieux, que vous pourrez repasser et étudier pour vous-mêmes.

Dans les évangiles, les saintes femmes, dont il est fait mention, se distinguent dans leur service par un trait qui leur est commun à toutes, savoir l'attachement du coeur à la personne du Seigneur Jésus. A la fin du chapitre 7 de Luc, nous voyons l'effet de la grâce qui ouvre le coeur d'une pécheresse, et y agit. Le chapitre 8 nous montre plusieurs autres de ces enfants de la sagesse, qui avaient été les objets de la grâce du Seigneur, Marie Magdelaine, Jeanne, Susanne et plusieurs autres, qui le suivent et l'assistent de leurs biens. Comme la pécheresse du chapitre précédent, elles «aimaient beaucoup», parce que beaucoup leur avait été pardonné, et qu'elles n'oubliaient pas les bienfaits, dont elles avaient été les objets. Et vous, chères soeurs, est-ce par une grâce moins généreuse, moins gratuite, moins pleine, que vous avez été retirées de votre ruine, et amenées à la même glorieuse Personne. Notre dette de reconnaissance et de dévouement à tous, est-elle moins grande que celle de ces femmes-là? Parmi elles figure cette Marie de Magdala, que nous retrouvons plus tard auprès du sépulcre, veillant, pleurant, et exprimant sa douleur en ces termes si touchants: «On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l'a mis». Quelle révérence et quel amour! Et comme Marie est bien récompensée de son attachement, alors que le Seigneur ressuscité l'appelle par son nom et lui fait porter «à Ses frères» le glorieux message: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20).

Au chapitre 10 de Luc, d'autres femmes dévouées paraissent, dans ce Béthanie qui a quelque chose de si attrayant pour la foi. Béthanie était la paisible retraite, où le Seigneur fatigué du chemin et affligé par l'endurcissement des hommes, venait se reposer et où son coeur, en tant que cela était possible sur la terre, trouvait un soulagement que son amour acceptait. Il trouvait là en effet des coeurs amis, une Marthe pleine d'un empressement si sincère, qu'elle ne pouvait comprendre que sa soeur n'en montrât pas un tout semblable, une Marie si pleine de saint amour qu'elle négligeait tout pour écouter Jésus. Oh comme elle apprenait, placée à ses pieds mêmes! Enseignée par son amour pour Lui, elle entrait profondément dans ses pensées, en sorte que plus tard nous la retrouvons saisissant avec intelligence, ce qui convenait à la personne du Seigneur, oignant ces mêmes pieds d'un parfum de nard pur, de grand prix, comme pour dire la valeur qu'elle attachait à cette personne, au moment où l'on complotait pour le faire mourir. «Elle a gardé ceci pour le jour de ma sépulture, car vous avez les pauvres toujours avec vous; mais moi, vous ne m'avez pas toujours» (Jean 12: 1-8). Avez-vous pensé que Celui qui, seul au monde, pouvait dire: «Je suis la résurrection et la vie», appréciait ainsi les sympathies humaines, quand elles étaient les sympathies de la foi? Comme cela encourage au dévouement.

Ailleurs vous avez suivi plus d'une fois sans doute, en lisant les évangiles, cette sainte compagnie de femmes, qui après avoir servi et suivi Jésus, de Galilée en Judée, assiste au spectacle indescriptible de sa mort. Jusqu'à la croix, c'est par le service que leur attachement se traduit. Ici, il prend une forme si possible plus touchante encore. Elles regardent et suivent tout ce qui se passe; elles regardent le sépulcre et comme Son corps y est déposé. Est-ce la curiosité qui les pousse si loin? Non, — elles apprêtent des aromates et des parfums, et de très grand matin, le premier jour de la semaine, elles s'en vont au sépulcre pour embaumer ce corps (Matthieu 27: 55, 56, 61; 28: 1; Marc 15: 40, 41, 47; 16: 1 et suivants; Luc 23: 49, 55, 56; 24: 1 et suivants; Jean 19: 25; 20: 1 et suivants). Rien de tout cela, sans doute, n'était nécessaire à Celui qui, par la bouche de David, avait dit: «Tu ne laisseras pas mon âme en hadès, et tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption». Mais, comme le nard pur de Marie de Béthanie, les parfums de ces femmes, quelque ignorantes qu'elles fussent d'ailleurs, étaient de grand prix aux yeux du Seigneur, parce qu'ils étaient l'expression de leur saint amour pour Lui qu'elles croyaient ne plus pouvoir servir et honorer autrement. Aussi ont-elles le privilège de recueillir les premiers messages de triomphe, les premiers témoignages de la résurrection. Soyez sûres, chères soeurs, qu'aujourd'hui comme alors, malgré la différence des circonstances, le Seigneur sait récompenser tout ce qui découle d'un attachement de même nature.

Dans le livre des Actes nous prendrons deux autres noms de femmes, également intéressants: Tabitha, appelée aussi Dorcas, et Lydie. — Le témoignage rendu à Dorcas (Actes des Apôtres 9: 36-42), nous fournit la plus importante leçon. Comme tout ce qui est fait avec le Père dans le secret, les bonnes oeuvres dont elle était pleine, semblent n'avoir jamais été mesurées pendant sa vie; mais maintenant qu'elle est morte, le Saint Esprit réunit les veuves, qui montrent les robes et les vêtements, comme pour dire: voilà ce qu'elle a fait. Oui, elle avait consolé les veuves, nourri, vêtu, réchauffé les pauvres. Pensez-vous que Dieu allait oublier le nombre de ces vêtements et la valeur de ces dons, que Dorcas avait faits? N'est-il pas écrit: «Le service pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci: de visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions et de se conserver pur du monde»; et encore: «Celui qui a pitié du pauvre, prête à l'Eternel, et Il lui rendra son bienfait». Et Jésus, l'expression parfaite du bien et de tout ce qui est bon, n'a-t-il pas réalisé cette parole du psalmiste: «Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres» (Psaumes 132: 15). Pour ne citer qu'un évangéliste, souvenez-vous de ce que nous lisons dans Marc 6: 37-43; 8: 19. Oh! Comme le Seigneur savait donner; avec quelle libéralité, avec quelle abondance! C'est que, voyez-vous, Il s'est donné lui-même; il s'est dépouillé et s'est fait serviteur: il ne se réservait rien, et quand il avait rassasié les autres, il pouvait se nourrir de ce que lui offraient des coeurs dévoués. Jamais vous n'avez contemplé pareille grâce. Comme il était pauvre et riche à la fois! C'est de ses lèvres, qu'est tombée cette parole, dont jamais, ni vous, ni moi, nous n'avons encore sondé toute la profondeur: «Il est plus heureux de donner que de recevoir». Tel était le fruit de son expérience personnelle. Vous, qui pouvez donner et qui n'avez pas à recevoir, dites: nous sommes les mieux partagées, quelle que soit la chose que vous donniez. Donnez donc, vous étant données premièrement au Seigneur, et amassez-vous comme trésor un bon fondement pour l'avenir, afin de saisir ce qui est vraiment la vie. Vous ne pouvez plus donner au Seigneur en personne, comme les Marie Magdalaine, les Jeanne, les Susanne; mais vous pouvez, comme Dorcas, prendre soin et donner aux pauvres du Seigneur, vous souvenant que Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.

Lydie donne d'une manière un peu différente, mais également agréable à Dieu (voyez Actes des Apôtres 16: 13-15). Dans l'énergie de son premier amour et de la joie que l'évangile fait déborder dans son âme, elle prie tout de suite ceux qui lui avaient annoncé cette bonne nouvelle du salut, leur disant: «Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison et y demeurez».

C'est l'hospitalité dans tout ce qu'elle a de plus spontané, de plus dévoué; et l'hospitalité, aussi bien que la bienfaisance, nous sont recommandées (Hébreux 13: 2, 16). Le Seigneur avait dit: «Celui qui vous reçoit me reçoit; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense d'un prophète, et celui qui recevra un juste, en qualité de juste, recevra la récompense d'un juste. Et quiconque aura donné à boire, seulement une coupe d'eau froide, à l'un de ces petits en qualité de disciple, en vérité, je vous dis, il ne perdra pas sa récompense (Matthieu 10: 40-42). Au reste, il y a un rapport intime entre la bienfaisance et l'hospitalité; par l'une et par l'autre on donne; seulement l'hospitalité implique des soins et un service actif, que n'entraîne pas toujours la bienfaisance pure et simple. Et quand je parle de donner, je ne parle pas seulement de l'argent ou de l'or, ou d'aliments, ou de vêtements, mais de tous les soulagements quels qu'ils soient qu'on peut apporter aux misères d'ici-bas; des soins, de la peine, du temps, que chacun, selon qu'il l'a reçu, peut dépenser pour le service des saints et de quiconque souffre. Le chrétien n'exerce pas la bienfaisance d'après la méthode sèche et calculée, généralement pratiquée par les associations humaines, qui donnent comme le monde donne, et non comme le Seigneur. Le chrétien s'occupe spécialement de la maison de la foi, mais aussi il fait du bien à tous (Galates 6: 10), étant imitateur de «Celui qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses», se souvenant aussi que chacun, selon qu'il aura semé, moissonnera aussi. Il vaut mieux se tromper en soulageant parfois des besoins factices, que de manquer par méfiance ou calcul l'occasion de soulager des besoins réels. Le chrétien doit toutefois apporter du discernement et de la délicatesse dans l'exercice de la bienfaisance; il doit visiter avec intérêt, s'enquérir avec sollicitude en même temps qu'avec discrétion, pour remplir son service selon les pensées de la grâce divine, infiniment plus délicates et plus élevées que celles des hommes.

Il y a dans le livre des Actes un autre nom encore, sur lequel je désire attirer votre attention: c'est celui de Priscilla ou Prisca (Actes des Apôtres 18). Dieu nous présente dans cette soeur une fidèle, active et courageuse servante. D'abord nous la voyons avec son mari logeant Paul, et faisant de sa maison à l'apôtre un chez lui où il partage et la nourriture et le travail de ses hôtes. Quelle noble figure que celle de ces trois serviteurs de Dieu! Il n'y avait pas là de fortune; mais il y avait une activité, qui la supplée; et l'oeil de Dieu était là, et rendait chacun heureux. Après que Paul a quitté cette maison, nous voyons, à la fin du même chapitre 18, Apollos y entrer, et y trouver la même cordiale et franche réception. Apollos, probablement, ne savait pas tisser des tentes; mais Aquilas ne travaillait pas pour devenir riche et ne trouva pas, par conséquent, qu'Apollos lui fût plus à charge que Paul. Et ici nous sommes en présence d'un de ces tableaux que la Parole de notre Dieu a seule le privilège de nous tracer, un tisserand qui enseigne le savant et éloquent Apollos! Ne croyez pas que cela soit si facile, même si on avait beaucoup d'éloquence et d'érudition. Ici l'enseignement était tel qu'il s'imposait au coeur et à la conscience du nouveau disciple; il y avait la grâce et le sel, la délicatesse, le ménagement et pourtant la puissance qui lui faisait dire de ce qu'il entendait: cela est de Dieu. Mais voyez, chose remarquable, Priscilla a sa part dans ce service, le plus élevé de tous, le service de la Parole. Un grand docteur avait logé dans la maison, et ses leçons avaient été reçues et comprises; et avec la connaissance il y a, chez Aquilas et Priscilla, la grâce de pouvoir communiquer. Priscilla savait rester femme, c'est-à-dire soumise, gardant sa place (voyez 1 Corinthiens 14: 34, 35; 1 Timothée 2: 11, 12); mais elle savait aussi «interroger dans la maison» , dans ce cercle privé, si intime et si important. Au chapitre 16: 3, 4 de l'épître aux Romains ces mêmes noms de Prisca et d'Aquilas sont cités par l'apôtre avec une mention particulièrement glorieuse: «Saluez Prisca et Aquilas, mes compagnons d'oeuvre, qui pour ma vie ont exposé leur propre cou; auxquels je ne rends pas grâce moi seul, mais aussi toutes les assemblées des nations». Vous voyez que l'activité d'Aquilas et de sa femme n'était pas l'activité de la chair, ni l'ostentation qui finit toujours si mal; mais bien le vrai dévouement, qui mène au martyre. Il fait bon entrer au ciel avec une mention comme celle que nous trouvons ici! — Plus tard encore, au bout de la carrière de Paul, nous retrouvons ces deux époux parmi les quelques uns, qui étaient restés fidèles au milieu de nombreuses défections, vaillants dans le bon combat de la foi, et le nom de la femme jusqu'à la dernière page lié à celui du mari (2 Timothée 4: 19). Que cela est beau!

Au chapitre 16 de l'épître aux Romains six soeurs sont nommées comme ayant «travaillé pour le Seigneur, — et une septième, comme ayant été pour l'apôtre une mère, ce qui a bien aussi son prix aux yeux de Dieu. Il y a deux manières de servir le Seigneur: on peut le servir dans la Parole, ou bien dans les saints. Phoebé le servait dans les saints; elle avait la confiance de l'assemblée, qui était à Cenchrée, et pleine de désintéressement, elle prêtait largement son aide à quiconque pouvait en avoir besoin. Paul avait usé de cette aide, et d'autres aussi; tous pouvaient parler de la pureté de son dévouement. Vous, chères soeurs, qui avez du temps, des forces, des talents dont vous pouvez disposer, êtes-vous assez servantes au milieu des saints, vous étudiant à connaître leurs besoins, et à les soulager selon la mesure de ce que Dieu vous a donné et vous donnera encore. Ne soyez pas appelées bienfaitrices, mais exercez la bienfaisance et soyez servantes; vous souvenant qu'à vous aussi le Seigneur a laissé un modèle, afin que vous suiviez ses traces.

Laissant les noms propres et les exemples particuliers, nous voudrions rappeler maintenant quelques-unes des directions, que les différents passages de la Parole, cités plus haut, nous fournissent sur le caractère, la conduite et les oeuvres, par lesquels les femmes chrétiennes sont appelées à glorifier Dieu dans les différentes positions, dans lesquelles elles peuvent se trouver comme femmes. Un passage, celui que nous lisons 1 Pierre 3: 1-6, fait ressortir un trait général bien digne de remarque et de votre sérieuse considération; c'est que, avant tout, ce qui dans une femme parle, même sans la parole, c'est la pureté de sa conduite, dans la crainte, sa parure n'étant pas une parure extérieure, qui consiste à avoir les cheveux tressés et à être habillée de beaux vêtements, mais l'homme caché du coeur, dans l'incorruptibilité d'un esprit doux et paisible, qui est d'un grand prix devant Dieu. C'est ainsi que jadis se paraient aussi les saintes femmes, qui espéraient en Dieu; faisant le bien et ne craignant aucune frayeur.

Cela dit, je ferai remarquer, que l'apôtre rapproche beaucoup, par un trait commun, le caractère de la femme qui n'est pas mariée, de la vraie vierge, et celui de la vraie veuve. Il dit de la première (1 Corinthiens 7: 34): «Celle qui n'est pas mariée a le coeur occupé des choses du Seigneur, pour être sainte et de corps et d'esprit»; de la seconde, il dit (1 Timothée 5: 5): «Celle qui est vraiment veuve, et qui est laissée seule, a mis son espérance en Dieu et persévère dans les supplications et les prières, nuit et jour». Le même apôtre, dans le verset qui suit celui que nous venons de citer, parle très sévèrement des veuves qui recherchent les jouissances terrestres, et qui, parce qu'elles sont déliées de la loi du mari, pensent pouvoir s'accorder certaines libertés et certaines latitudes dans leur manière de vivre. «Je ne suis pas sans loi quant à Dieu», disait-il de lui-même, «mais je suis justement soumis à Christ». Or, la veuve qui ne persévère pas dans une austère piété, court le danger de s'élever contre le Christ, en s'abandonnant à ses désirs, et de rejeter sa première foi, qui avait été de se vouer au Seigneur et de s'attendre à Lui, après qu'elle avait été laissée seule.

Dans le chapitre 2 de l'épître à Tite, le même apôtre nous parle des femmes âgées, veuves ou encore dans le lien du mariage: il nous dit ce qu'elles doivent être dans toute leur conduite, et aussi ce à quoi elles doivent instruire les jeunes femmes. Il faut nécessairement, comme toujours, que la conduite ici recommande la parole. A quoi bon conseiller ce qu'on ne pratique pas? Cela ne peut qu'exposer le nom du Seigneur à l'opprobre; tandis qu'une marche fidèle parle au coeur et à la conscience et donne de l'autorité à la parole. Par une vie passée avec Dieu, une femme âgée doit avoir acquis l'expérience, la sagesse et la connaissance, qui lui enseigneront à exhorter, avec une sollicitude maternelle et une grâce persévérante, celles qui sont plus jeunes, comme ayant appris elle-même du Seigneur ce qu'elle a charge d'inculquer à d'autres, et étant profondément convaincue, que cela seul tourne à profit et à bénédiction, qui est fait sous le regard de Dieu et en vue de sa gloire. Je crains que les femmes âgées ne manquent souvent de cette grâce et de cette simplicité, qui les dirigerait dans le chemin que la Parole leur trace ici, et qui ouvrirait peut-être les coeurs des plus jeunes pour recevoir les conseils qu'elles leur donneraient. Je crains qu'elles ne soient trop retenues par l'idée qu'il ne convient pas de s'ingérer dans les affaires d'autrui; et que les soeurs plus jeunes ne soient assez confiantes en elles-mêmes pour croire, qu'elles peuvent se passer des exhortations. Il y a sans doute dans le cercle domestique ce qui n'appartient qu'à la famille, et dont il serait malséant de se mêler; mais il y a aussi ce qui est un objet d'intérêt général au point de vue de la prospérité des âmes et du témoignage; et cette dernière partie, laissez-moi vous le dire, est de beaucoup la plus considérable. Est-il permis, par exemple, à une jeune femme de conserver ou de contracter des habitudes de désordre dans son intérieur, sous prétexte qu'elle est ici dans le cercle de la vie privée; et sous le même prétexte une jeune mère, aurait-elle la liberté de laisser croître ses enfants dans l'indiscipline, et de les élever dans les principes et les vanités du monde? Le serviteur ou la servante du Seigneur a, dans des cas pareils, le droit et le devoir de donner, s'il y a lieu, un conseil ou un avertissement. Au reste, si la piété est cultivée des deux côtés, la grâce et la sagesse du dévouement ne feront pas défaut chez les soeurs âgées, ni l'humble simplicité et la reconnaissance chez les soeurs plus jeunes. Dieu lèvera ici les difficultés et liera même par elles les âmes entre elles.

La jeune femme me paraît être par dessus tout l'expression de la famille, si elle garde sa place et remplit son devoir: femme, elle se montrera pleine d'affection, de soumission, de soins, de prévenance pour son mari; mère, elle prodiguera sa tendresse et sa sollicitude à ses enfants, les élevant pour Dieu dans l'obéissance, dans Sa crainte et sous Sa discipline. Voilà pour le coeur; et pour les mains? Pour elles aussi il y a beaucoup à faire, et le travail ennoblit même la femme d'un roi, comme vous pouvez lire au dernier chapitre des Proverbes. «La maison» est donc la sphère particulière du service de la jeune femme; mais ce service est tellement multiple, que pour bien s'en acquitter, elle aura besoin de se tenir dans une constante dépendance de Dieu et sous son regard, profitant aussi des conseils et des exhortations de celles que l'expérience a mûries, et que la piété qualifie pour l'instruire et la diriger.

Vous voyez, chères soeurs, combien le champ, que Dieu a placé devant vous, est vaste; et comment chacune de vous peut et doit y travailler. Pourquoi si souvent cette conformité au monde, cette recherche de la toilette et des vanités du monde? Pourquoi cette indépendance et ces manières mondaines, qui offusquent les yeux et la conscience, et affligent le coeur? Parce qu'on a perdu de vue le Seigneur et le chemin de service, qui lui est agréable. Hélas! quand on est oisif pour le Seigneur, on est actif pour soi. N'oubliez pas que toute parure, qui a pour but d'orner le vieil homme, a pour effet de cacher Christ. C'est pour de meilleures choses, que le Seigneur nous a appelés et créés de nouveau. Vous porterez bientôt des vêtements de gloire auprès de Lui; vous serez revêtues d'un corps incorruptible, d'une robe de fin lin blanc et pur; et votre couronne sera d'autant plus brillante dans le ciel que vous aurez été plus simples et plus dévouées, — véritablement des servantes sur la terre. Poursuivez le chemin «bien plus excellent» que vous montre la Parole (1 Corinthiens 13); soyez comme les saintes femmes d'autrefois, qui espéraient en Dieu, et qui, par la pureté de leur conduite dans la crainte, ne se faisaient pas remarquer par la parure de dehors, mais se distinguaient par l'homme caché du coeur, dans l'incorruptibilité d'un esprit doux et paisible, qui est d'un grand prix devant Dieu. Que les Dorcas aient du coeur pour les veuves et pour ceux qui sont dans la pauvreté, appelant les soeurs plus jeunes, qui peuvent disposer de quelques heures, à les aider dans ce service, les initiant ainsi et par leur exemple et par leur parole à toutes ces choses qu'elles sont appelées à leur enseigner. Que celles qui, comme Priscilla, ont le privilège d'une foi pleine de vie et d'énergie, et d'une connaissance plus exacte de la Parole, se souviennent qu'elles aussi peuvent avoir la grâce d'un service semblable à celui de cette sainte femme qui, associée à Aquilas, reçut Paul et plus tard Apollos, fut utile avec son mari à celui-ci, pour lui expliquer plus pleinement les voies de Dieu, — qui aussi exposa sa vie pour l'apôtre, et est comptée jusqu'à la fin parmi ceux qui ont été ses fidèles compagnons dans le témoignage du Seigneur. Que les Lydie logent les saints et se distinguent par une hospitalité qu'elles sont heureuses de donner; que les Phoebé visitent et assistent les saints dans l'assemblée; que d'autres se montrent des mères pour les jeunes soeurs, et que celles-ci reçoivent avec simplicité leurs conseils et s'appliquent à les mettre à profit; qu'enfin celles qui ne peuvent pas se livrer au service actif, persévèrent dans la prière, — et qu'ainsi toutes ensemble vous coopériez à l'oeuvre et que vous contribuiez à magnifier la Parole du Seigneur, en gardant cette parole et en imitant les modèles qu'elle vous présente!