La vue nette de notre union avec Christ

ME 1873 page 141

 

A chaque vérité qui concerne les Saints, se rattache nécessairement une conséquence pratique; chaque position a sur nous un droit qui lui est particulier. Si la position est acceptée les devoirs, les habitudes, le caractère et l'effet qui découlent de cette position doivent être maintenus, ou bien la position est une lettre morte. Une position qui ne réclame rien, qui ne confère rien, n'a pas de sens; mais plus la position oblige, et entraîne de devoirs, plus elle est élevée, et plus l'état pratique qui en est le résultat a d'importance. Or on se trompe généralement plutôt à l'égard de la nature de la position qu'à l'égard de l'état pratique, quoique l'état décèle l'imperfection dans la manière dont on a saisi la position, ou le manque de conscience dans la manière dont on la maintient. Quand des gens professent une chose, et qu'ils agissent d'une manière qui est en désaccord avec leur profession, il faut qu'ils aient imparfaitement saisi ce qu'ils professent, ou que leur conscience soit mauvaise. Un homme peut avoir du zèle pour Dieu, mais ce zèle n'être pas selon la connaissance (comparez Romains 10: 2).

Le grand piège, dans le temps présent, c'est la manière subtile avec laquelle peuvent être professées les plus hautes vérités, tout à fait sans spiritualité. Combien n'admet-on pas généralement, par exemple, que Christ est la Tête de l'Eglise qui est Son corps; et on professe appartenir au corps dont Il est la Tête; — et pourtant, combien est peu manifeste généralement l'état qui découlerait d'une position si élevée, si elle était devenue une réalité pour l'âme.

Il faut qu'il y ait là quelque grand vice; il faut ou bien qu'on ait bien mal saisi cette position, ou bien qu'on ait une foi de mauvais aloi dans la manière dont on la maintient: je crois que pour la plus grande part, la faute en est à la manière charnelle dont on s'occupe des plus précieuses vérités.

Si on saisit mal la position, et ce qu'implique le fait que Christ est «Tête sur toutes choses à l'Eglise, qui est Son corps» (Ephésiens 1: 22-25), l'état et la marche pratique seront en désaccord avec la position, quand même la conscience serait bonne. L'erreur quant à la position doit se trahir nécessairement dans la pratique, et cela, peut-être sans pouvoir atteindre la conscience. La première chose que nous ayons à faire est de nous assurer que nous croyons la vérité quant à la position, car alors, si l'état n'est pas en harmonie avec elle, notre conscience nous condamne, et il y a quelque chose sur quoi il est possible d'agir en vue de produire un état qui soit en rapport avec la position. En nous appliquant à être conséquents, nous serons formés pratiquement selon la réception intelligente d'une vérité, quelle qu'elle soit.

Aujourd'hui presque tout croyant reconnaît que Christ est la Tête du corps de l'Eglise, et s'attribue la qualité de membre de ce corps, dont Christ est la Tête, professant par conséquent qu'il est uni à Christ et aux membres de son corps. Mais l'état des âmes est-il d'accord et en harmonie avec cette position? Si l'union du croyant avec Christ est une réalité, cette union est si glorieuse que d'immenses conséquences et un état très particulier doivent en résulter. Mais, hélas, comme nous l'avons dit, cette vérité est acceptée par plusieurs par l'intelligence naturelle, — non dans l'Esprit, mais dans la chair. Ils ne comprennent réellement pas la position, et leur effort vers un état qui soit en rapport avec elle, trahit le peu d'intelligence qu'ils en ont.

Mais je m'adresse ici à ceux-là seulement qui reconnaissent que notre position est celle d'un corps uni, par l'Esprit, a Christ la Tête dans les cieux, et je désire considérer avec eux l'état qui résulte du maintien de cette position.

Le grand principe de cette position, c'est l'union avec Christ. Est-ce que chacun de ceux qui ont reconnu et accepté cette vérité, jouit de ses résultats dans la conscience joyeuse d'être un avec Christ? Y a-t-il en chacun ce sentiment d'une vraie union avec Lui, d'une union qui, liant à un plus grand, doit toujours conférer quelque chose à l'inférieur? S'il en est autrement, à qui la faute? On connaît les traits de la position, on en fait les plus beaux tableaux (quiconque voit ce qui se passe dans l'Eglise de Dieu ne le sait que trop); mais c'est par l'intelligence naturelle qu'on saisit toutes ces choses; et de là vient que les hommes les plus légaux et les plus cléricaux se font les grands avocats de cette position. Ce triste fait rend d'autant plus nécessaire, que ceux qui ont compris spirituellement l'unité de l'Eglise avec son Chef, en manifestent pratiquement les vrais effets et réalisent effectivement l'état que cette position réclame.

L'union avec Christ par l'Esprit de Dieu est une chose très réelle et dont on a conscience intérieurement. C'est plus que d'être simplement assuré par la foi que Christ mourut pour moi, ou qu'Il est vivant pour moi, et qu'Il est allé me préparer une place dans les cieux. Par la foi, par le moyen de l'Esprit, je puis connaître ces choses si précieuses et en jouir, comme je pourrais savoir qu'un homme puissant m'a délivré d'une terrible prison, et m'a conféré authentiquement de grandes propriétés que j'hériterai après un certain temps. Mais être uni en quelque manière à ce glorieux personnage est quelque chose de tout différent encore. Or, quant à Christ, nous sommes à la fois délivrés et bénis par Lui; mais de plus, nous sommes unis à Lui par l'Esprit: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit avec Lui» (1 Corinthiens 6: 17); et par l'Esprit, je connais le lien qui m'unit à Lui; je sais que je suis un avec Lui.

Il n'y a jamais eu d'union par l'Esprit jusqu'au jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 2); et l'état produit par cette union est exposé dans Jean 14: 19, 20, où notre Seigneur dit, en quittant ses disciples: «Parce que je vis, vous aussi vous vivrez»; et: «En ce jour-là (le jour du Saint Esprit), vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous». C'est là la connaissance communiquée par l'union.

L'Epouse dans le Cantique des Cantiques soupire après l'union, et parle du sentiment de la possession (chapitre 2: 16) que donne le vrai amour; mais elle n'a jamais le sentiment de l'union, elle ne sait pas ce que c'est que d'être «un seul Esprit». C'est une chose étonnante de pouvoir parler d'être un seul esprit avec Christ (1 Corinthiens 6: 17).

Ce n'est pas seulement, quelque vrai et précieux que cela soit, que Christ a fait une oeuvre merveilleuse pour moi; ce n'est pas seulement que Christ donne la vie éternelle et une bienheureuse demeure dans la gloire; mais je suis uni à Christ par le Saint Esprit, «si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous» (Romains 8: 9).

Le fait est merveilleux, je l'admets, mais simple. L'Esprit est donné, et nous ne sommes pas seulement oints, mais nous sommes scellés par l'Esprit, et nous avons les arrhes de l'Esprit dans nos coeurs (2 Corinthiens 1: 21, 22).

Nous n'avons pas seulement la vie en Christ, selon cette parole: «Celui qui croit a la vie éternelle»; il y a plus, — il y a l'eau vive donnée, le Saint Esprit, qui est en nous «une fontaine d'eau jaillissante jusque dans la vie éternelle» (Jean 4: 14). Sans doute la vie est donnée en Christ à tout croyant; mais, par Christ, le croyant reçoit l'eau vive, une puissance connue dans l'âme, agissant en rapport avec la vie éternelle, Or si on admet que l'Eglise est le corps de Christ il faut entendre l'union du corps avec le Chef dans un sens naturel ou dans un sens spirituel. Si l'union est naturelle, il faut qu'elle soit dans cette nature qui avait besoin de rédemption, et alors elle serait légale ou charnelle; mais si l'union est spirituelle, elle doit être de l'ordre le plus élevé, et d'un caractère bien positif et défini; elle doit être d'une nature spirituelle, je n'ai pas besoin de le dire. Christ est assis dans les cieux, et l'Esprit de Dieu est ici-bas; les siens sont encore là où il a été rejeté, et ils sont unis à Lui, leur Tête, là où Il est, par l'Esprit qui est là où ils sont. Quand on a saisi cette vérité, il reste seulement à voir et à comprendre la nature et les conséquences d'une telle union.

Rien peut-il la surpasser? L'âme peut-elle en connaître quelque chose et ne pas la cultiver? Ne rejette-t-elle pas dans l'ombre toute chose? Ce n'est pas seulement que Christ me tient par la main droite; mais mon âme est unie à Lui par l'Esprit; le lien qui me lie à Lui est aussi réel et distinct que possible.

Aucun lien ne pouvait être plus étroit: «Os de Ses os», «chair de Sa chair»; «une seule chair» (voyez Ephésiens 5: 22-32); rien ne pouvait être plus réel ou plus précis. Si quelqu'un ignore cette grande faveur de Dieu, sans doute il ne la recherche pas. Si au contraire il la connaît, et qu'il soit assuré qu'elle est sa part, que telle est sa position, il demeurera et aura son repos en Christ, et connaîtra les effets ou l'état qui découlent de sa vraie position. S'il se fait une fausse idée de la position, comme font plusieurs, son état, dans le sens pratique, sera proportionnellement bas et imparfait. Si, d'un autre côté, comme quelques-uns, il discerne la vraie position de l'Eglise unie à son Chef, mais que son âme ne soit pas exercée à l'égard de ce qu'exige cette position, sa conscience sera mauvaise, et il sera par conséquent en défaut dans tous ses actes et tous ses jugements; car là où la conscience est mauvaise à l'égard de quelque vérité que ce soit, il y a certainement un manque de conscience, même dans les détails les plus ordinaires de la vie.

Que le Seigneur accorde à ceux qui voient la vraie position, de chercher à conserver l'état pratique si élevé qu'elle réclame, et que la grâce confère avec elle!