Les eaux de la dispute

ME 1873 page 181 - Gardez-vous de parler légèrement - Lisez Nombres 20

 

«Ils excitèrent aussi sa colère près des eaux de Mériba; et il en arriva du mal à Moïse à cause d'eux, car ils chagrinèrent son esprit, et il parla légèrement de ses lèvres» (Psaumes 106: 32, 33).

C'est une chose extrêmement importante pour nos âmes, de bien comprendre que les voies de Dieu envers nous, sont basées sur sa propre relation avec nous, et que jamais elles n'ont d'autre fondement. Ce que nous disons ici, est aussi vrai pour la discipline que pour tout autre chose, car notre Père nous discipline parce que nous sommes ses enfants.

«Je visiterai de verge leurs transgressions et de plaies leur iniquité», est un des principes des voies de Dieu, non seulement pour la maison de David (Psaumes 99: 32), mais aussi pour Israël comme nous pouvons le voir en Amos, chapitre 3: 1, 2. Dieu ne peut pas passer par dessus les péchés de ses saints comme il passe par dessus ceux du monde: «il discipline celui qu'il aime» (voyez Hébreux 12). Le péché, dans un enfant de Dieu, est bien plus grave que chez un homme du monde, parce que la gloire de Dieu en est bien plus atteinte. Ce qui, chez d'autres, pourrait paraître de peu d'importance, ne l'est pas chez nous. Nous avons besoin de peser toutes choses à la balance du sanctuaire, afin de bien discerner ce qui est selon Dieu, et ce qui ne l'est pas.

Il est également infiniment précieux de voir que Dieu peut rappeler dans sa Parole les fautes de ses saints, et qu'il n'hésite pas à le faire; il nous montre en eux, et par eux, car ces choses sont écrites pour notre instruction, que malgré nos chutes, sa fidélité envers nous ne faillit jamais. Mais il faut un degré plus profond de spiritualité, pour discerner que Dieu visite ainsi les péchés de son peuple, et que cependant leur bénédiction finale, par sa grâce, ne peut faillir: «Mais je ne retirerai point de lui ma bonté, je ne lui fausserai point ma foi, je ne violerai point mon alliance, et je ne changerai pas ce qui est sorti de mes lèvres» (Psaumes 89: 33, 34). Il ne peut pas manquer à sa parole, il ne peut se renier lui-même, (2 Timothée 2: 13).

Un autre fait remarquable, c'est que les péchés des saints qui sont rappelés, ne sont souvent pas ceux dans lesquels nous aurions supposé volontiers que les saints tomberaient, témoin le reniement de Pierre qui est rappelé en détail, témoin encore l'affreux péché de David, et le péché de Moïse aussi, car «il parla légèrement de ses lèvres». L'Ecriture mentionne ce péché de Moïse plusieurs fois; Moïse lui-même y revient très souvent pour montrer que, même une parole prononcée légèrement (qu'on pourrait regarder comme une faute légère), ne passe pas inaperçue devant Dieu. Or je crois qu'en ceci nous péchons beaucoup, c'est-à-dire en parlant légèrement de nos lèvres, comme le dit Jacques: «Nous bronchons tous en plusieurs choses. Si quelqu'un ne bronche pas en paroles, celui-là est un homme parfait, capable de tenir aussi tout le corps en bride (Jacques 3: 2). Quand je vois qu'une parole légère, prononcée par Moïse dans un moment de chagrin, est ainsi rappelée, je suis profondément pénétré de la nécessité qu'il y a pour nous de tenir en bride notre langue. C'est en ceci que Satan nous surmonte si souvent d'une manière si humiliante pour nous, et c'est ce qui fait que les enfants de Dieu ont constamment besoin de discipline, parce qu'ils parlent légèrement de leurs lèvres. De combien de chagrins ta langue devient l'instrument! On peut dire qu'une grande partie des misères qui affligent les saints, naissent de paroles légères.

Dieu peut rappeler les choses dans lesquelles ses saints l'ont offensé, mais sa vérité demeure néanmoins, et celui dont la faute nous est rapportée, n'en est pas moins dans la gloire avec le Seigneur, et de là il peut regarder en arrière et suivre tout le chemin par lequel Dieu l'a fait passer, et voir comment Dieu a conduit et dirigé toutes choses pour son bien.

Nous pouvons remarquer, en passant, que l'Ecriture fait ressortir d'une manière remarquable, la fidélité du Seigneur Jésus, là même où Moïse a failli. Quand il a été ici-bas, tous ceux qui s'asseyaient au banc des moqueurs, et qui cherchaient à le surprendre dans ses paroles, — toute la contradiction des pécheurs contre Lui-même, toutes leurs ruses, — n'ont jamais fait sortir de sa bouche une parole dite légèrement. Tout au contraire, quand il était attaqué de toutes parts, par les pharisiens, par les sadducéens, par les hérodiens, après qu'il leur a répondu à tous, sa sagesse brille en les réduisant tous au silence par cette simple question: «Que vous semble-t-il du Christ? De qui est-il fils?… Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son fils?» (Matthieu 22: 44, 45). Et Jésus est notre modèle, comme Pierre nous le dit: «Si en faisant le bien vous souffrez, et que vous l'enduriez, cela est digne de louange devant Dieu, car c'est à cela que vous avez été appelés; car aussi Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle afin que vous suiviez ses traces, lui qui n'a pas commis de péché et dans la bouche duquel il n'a pas été trouvé de fraude; qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas d'outrage, quand il souffrait ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement» (1 Pierre 2: 20-23).

Ecoutons maintenant le récit de l'événement qui fait ici le sujet de nos réflexions: «Or les enfants d'Israël, savoir toute la congrégation, arrivèrent au désert de Tsin, le premier mois; et le peuple demeura à Kadès, et Marie mourut là, et y fut ensevelie. Et, n'y ayant point d'eau pour l'assemblée, ils s'attroupèrent contre Moïse et contre Aaron. Et le peuple disputa contre Moïse, et ils lui dirent: Plût à Dieu que nous fussions morts quand nos frères moururent devant Jéhovah. Et pourquoi avez-vous fait venir l'assemblée de Jéhovah dans ce désert, pour que nous y mourions, nous et nos bêtes? Et pourquoi nous avez-vous fait monter d'Egypte pour nous amener en ce méchant lieu, qui n'est point un lieu pour semer, ni un lieu pour des figuiers, ni pour des vignes, ni pour des grenadiers, et où il n'y a point d'eau pour boire» (versets 1 à 5)? Ce n'est pas une chose peu ordinaire, pour ceux qui ont connu la rédemption par le sang de l'Agneau, et le passage de la mer Rouge, — la délivrance de l'Egypte, — que de murmurer ainsi, parce qu'ils n'ont ni raisins, ni figues, ni grenades.

Que peuvent faire Moïse et Aaron? Ils n'ont aucune ressource en eux-mêmes; ils ne peuvent que tomber sur leurs faces devant l'Eternel. «Alors Moïse et Aaron se retirèrent de devant l'assemblée, à l'entrée du tabernacle d'assignation, et tombèrent sur leurs faces» (verset 6).

Mais c'est une chose bien digne de notre sérieuse attention, que c'est souvent lorsque nous avons été près du Seigneur, que nous avons humblement placé devant lui ce qui pesait sur nos coeurs, au moment où nous rentrons au milieu des difficultés qui nous avaient poussés vers Dieu, que quelque chose d'inattendu nous surprenant, nous tombons en faute.

«Et la gloire de l'Eternel leur apparut». Quelle bénédiction pour Moïse! Et c'est là notre part maintenant. Quelle que soit la détresse, ou l'épreuve, quelles que puissent être les circonstances, — dès que nous nous approchons du Seigneur, sa gloire apparaît; c'est elle que Dieu place devant nous, pour la consolation et l'affermissement de nos âmes.

«Et Jéhovah parla à Moïse, disant: Prends la verge et convoque l'assemblée, toi et Aaron ton frère, et parlez au rocher en leur présence, et il donnera son eau; et ainsi tu leur feras sortir de l'eau du rocher, et tu donneras à boire à l'assemblée et à leurs bêtes» (versets 7, 8).

Au commandement de Jéhovah, Moïse avait jeté la verge par terre, et elle était devenue un serpent; au commandement de Jéhovah, Moïse avait étendu la verge sur la Mer Rouge, et la mer s'était retirée, et Israël avait passé à pied sec, les eaux s'étant fendues; puis Moïse avait étendu la verge de nouveau, et Jéhovah avait jeté les Egyptiens au milieu de la mer. Dès que Dieu lui disait de prendre «la» verge ici encore, Moïse aurait dû simplement s'attendre au Seigneur; mais, chers amis, n'avons-nous pas trouvé souvent bien difficile, quand nous avons rencontré quelque épreuve sur le chemin, et que nous l'avons placée devant le Seigneur, de l'abandonner entièrement entre ses mains, et d'attendre ce que Lui décidera?

Toute cette scène nous dit que le Seigneur s'attend à ce que nous prêtions la plus grande attention à sa parole en toutes choses. Le Seigneur avait dit: «Parlez au rocher en leur présence»; mais quand l'assemblée est réunie devant le rocher, Moïse parle au peuple, et il parle légèrement de ses lèvres; — c'est en ceci que Moïse a manqué! La faute peut paraître de peu d'importance, mais le Seigneur ne peut pas ne pas en tenir compte; et il en est de même en nous pour tout ce qui serait une tache ou une ride, ou une chose semblable; car le Seigneur a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, — «afin que Lui se présentât l'assemblée à Lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fut sainte et irréprochable». C'est pourquoi aussi nous voyons, dans les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, le Seigneur Jésus marchant au milieu des assemblées (non pas dans le monde), avec des yeux comme des flammes de feu, afin que toutes les assemblées connaissent que c'est Lui qui sonde les reins et les coeurs. Dans sa discipline, il peut s'occuper de choses qui sont en nous et dont nous n'avons pas connaissance, mais que Lui voit, comme lorsqu'il intercède pour Pierre. Jésus avait prié pour Pierre, afin que sa foi ne défaillit pas (Luc 22: 31-34), et cela avant que Pierre pensât qu'il eût besoin que le Seigneur s'occupât ainsi de lui. «Il sonde les reins et les coeurs»; et nous avons besoin d'y prendre garde! C'est une chose très solennelle pour nous que de mépriser la discipline du Seigneur. Il nous châtie parce que nous sommes aimés de Lui et que nous sommes à Lui.

Moïse, en parlant légèrement de ses lèvres, se ferma Canaan, et perdit le grand honneur d'y introduire Israël à travers les eaux du Jourdain. Nous aussi, nous faisons toujours une perte quand nous péchons, quoique la grâce de Celui avec lequel nous avons à faire, puisse restaurer nos âmes et les placer sur un terrain plus élevé et plus ferme que celui sur lequel nous marchions. «Quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères». Pierre pouvait-il oublier jamais, la leçon de la grâce qui l'avait restauré? Elle l'avait placé sur un terrain plus élevé et plus ferme quant à l'état de son âme, que celui sur lequel il se trouvait avant sa chute. — Dieu qui domine tout, fait tourner, dans sa grâce, même nos péchés et nos chutes à notre bien, ce qui n'est pas une excuse pour nos péchés, bien au contraire!

Un autre trait des voies de Dieu nous est présenté dans la scène remarquable que nous avons sous les yeux. Dieu prend toujours plaisir à honorer ses saints aux yeux des autres; mais il ne faut pas qu'ils cherchent leur propre gloire. Dieu honorera ses serviteurs; mais dès que nous abandonnons cette place de serviteurs, pour en prendre une que nous estimons plus haute, Dieu nous humilie. Le Seigneur Jésus Christ, le serviteur fidèle de Jéhovah, se cachait toujours afin que Dieu fût manifesté; et Dieu l'honorait toujours aux yeux des autres, «l'approuvant par des miracles, des prodiges et des signes». Quand nous honorons Dieu, Dieu nous honore. «J'honorerai ceux qui m'honorent; mais ceux qui me méprisent, seront traités avec le dernier mépris» (1 Samuel 2: 30). Dieu dit à Moïse: «Prends la verge…, et parlez en leur présence au rocher, et il donnera son eau; ainsi tu leur feras sortir de l'eau du rocher, et tu donneras à boire à l'assemblée et à leurs bêtes». Tu le feras! Quel honneur pour Moïse aux yeux de tout Israël. Mais Moïse prend la verge et dit: «Vous rebelles, écoutez maintenant; vous ferons-nous sortir de l'eau de ce rocher? Et ainsi il ne sanctifie pas Jéhovah en la présence des enfants d'Israël, car il dit «nous», et non pas «Jéhovah». Dès que nous présumons être quelque chose, nous avons déjà perdu la place de serviteurs.

Dieu nous découvre ici aussi la séduction du péché. «Moïse prit la verge de devant Jéhovah, comme il lui avait commandé» (verset 9). Moïse obéit jusqu'à un certain point, mais là il s'arrête; il obéit en partie, et une obéissance partielle est toujours nécessairement alliée à de la propre volonté. Telle était, au plus haut point, l'obéissance des scribes et des pharisiens: ils s'emparaient de ces portions de la loi qui leur apportaient de l'honneur aux yeux des hommes, les accomplissant, afin d'être vus d'eux; mais ils laissaient de côté ce qui exigeait du renoncement. C'est pourquoi le Seigneur dit: «Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, etc…»; et nous avons besoin de nous en souvenir dans notre service, nous aussi, afin que nous soyons gardés de nous rechercher nous-mêmes, et de vouloir complaire aux hommes.

Moïse prend la verge, comme Jéhovah lui avait commandé: «Et Moïse et Aaron convoquèrent l'assemblée devant le rocher; et il leur dit:…». Voilà la désobéissance. Dieu n'avait pas commandé à Moïse de faire cela; il lui avait commandé de parler au rocher; mais Moïse parle au peuple, disant: «Vous rebelles, écoutez maintenant, vous ferons-nous sortir de l'eau de ce rocher?» (verset 10.) Quelles paroles! Moïse, Moïse! ô faiblesse de la chair! Moïse, l'homme de Dieu parle légèrement de ses lèvres. Lui, cet homme qui était fort doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la terre (Nombres 12: 3), il dit: «Vous rebelles, écoutez; vous ferons-nous sortir de l'eau de ce rocher», se mettant à la place de Dieu! Lui dont il est dit: «Ils excitèrent aussi sa colère…, et il en arriva du mal à Moïse, car ils chagrinèrent son esprit, et il parla légèrement de ses lèvres». Moïse parle de lui; il dit «nous», ce triste mot dans la bouche d'un saint. Tout ce que nous avons, et tout ce que nous possédons, nous l'avons par la grâce du Seigneur, et nous devons en user pour Sa gloire, nous souvenant que nous l'avons ainsi reçu.

Moïse oublie la grâce et la puissance de Dieu. La foi ne fait pas ainsi. Paul dit: «Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été vaine, mais j'ai travaillé beaucoup plus qu'eux tous; non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi» (1 Corinthiens 15: 10), honteux, pour ainsi dire, d'être forcé de parler de lui-même.

Le péché de Moïse peut paraître à plusieurs léger; mais si nous l'examinons de plus près, nous porterons un jugement différent, et nous dirons que ce qu'il fit était une chose bien mauvaise devant Dieu.

«Et Moïse leva sa main, et frappa de sa verge le rocher par deux fois» (verset 11). Dieu lui avait dit de parler au rocher; mais Moïse le frappe deux fois, comme si la puissance divine avait besoin d'être secondée par l'énergie humaine. Toutefois: «Il en sortit des eaux en abondance». Le manque de fidélité du serviteur n'anéantit pas la fidélité de Dieu. Moïse est infidèle, mais Dieu ne renie pas Moïse comme son serviteur; il ne renie non plus la puissance de la verge. «Moïse leva sa main et frappa de sa verge le rocher, par deux fois; et il en sortit des eaux en abondance, et l'assemblée but, et leurs bêtes» (verset 11). Dieu peut employer le service d'un homme pour la bénédiction d'autres âmes, au moment même où il va faire peser sa discipline sur l'homme dont il se sert ainsi. Dieu demeure fidèle; il ne renie pas sa vérité (son nom en soit béni!) quoiqu'elle soit mêlée de beaucoup de faiblesse, de folie, et même de la propre importance de ceux qui la prêchent.

Et Jéhovah dit à Moïse et à Aaron: «Parce que vous n'avez point cru en moi pour me sanctifier en la présence des enfants d'Israël, aussi vous n'introduirez point cette assemblée au pays que je lui ai donné. Ce sont là les eaux de Mériba (dispute) pour lesquelles les enfants d'Israël disputèrent contre l'Eternel, et il se sanctifia en eux» (versets 12, 13).

L'Esprit de Dieu fait mention de la chute de Moïse dans plusieurs autres passages des Ecritures. Nous en rappellerons ici quelques-uns.

Nombres 27: 12-14: «Jéhovah dit aussi à Moïse: Monte sur cette montagne de Habarim et regarde le pays que j'ai donné aux enfants d'Israël, tu le regarderas donc, et puis tu seras, toi aussi, recueilli vers tes peuples, comme Aaron ton frère y a été recueilli, parce que vous avez été rebelles à mon commandement, au désert de Tsin, dans la dispute de l'assemblée pour ne point me sanctifier au sujet des eaux devant eux, ce sont les eaux de Mériba (dispute), à Kadès, au désert de Tsin». Moïse fait la perte de Canaan en parlant légèrement de ses lèvres; mais, bien-aimés, le conseil éternel de la grâce de Dieu envers lui est-il en quelque manière altéré par là? ou bien la chute même de Moise ne devient-elle pas l'occasion de prouver que «la miséricorde de Jéhovah est d'éternité en éternité en faveur de ceux qui le craignent». Il était nécessaire que Moïse fût châtié et qu'il devint ainsi un exemple des voies de Dieu envers un saint désobéissant; mais Dieu «ne change point» pour cela «ce qui est sorti de ses lèvres». En effet, nous voyons plus tard Moïse dans la gloire avec le Seigneur sur la montagne de la transfiguration (Matthieu 17: 3; Marc 9: 4; Luc 9: 30). De cette gloire, il pouvait regarder en arrière et contempler tout le chemin par lequel la bonté du Seigneur l'avait conduit, et discerner ce qu'ici-bas nous ne pouvons souvent pas voir, comment Dieu fait «travailler toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui l'aiment». La certitude que celui que le Seigneur aime (et il aime jusqu'à la fin), il le discipline, apporte un grand repos à nos âmes. Ce sont ses saints qu'il discipline. Il hait le péché, et dans ses voies envers ses enfants il montre quelle chose terrible est ce péché. Il ne faut pas nous imaginer que parce que nous sommes faits la justice de Dieu en Christ, et que nous sommes héritiers de la gloire, Dieu laisse passer nos péchés inaperçus; bien au contraire, c'est parce que nous sommes ses enfants qu'il visite nos iniquités, pour nous montrer quelle chose mauvaise et amère c'est de pécher contre le Seigneur, afin de nous rendre participants de sa sainteté.

Deutéronome 3: 23-28: «En ce même temps aussi, je demandai grâce à Jéhovah, en disant: Seigneur Jéhovah, tu as commencé de montrer à ton serviteur ta grandeur et ta main forte, car qui est le Dieu au ciel et sur la terre qui puisse faire des oeuvres comme les tiennes, et dont la force soit comme tes forces? Que je passe, je te prie, et que je voie le bon pays qui est au-delà du Jourdain, cette bonne montagne, c'est à savoir le Liban. Mais Jéhovah était fort irrité contre moi à cause de vous, et il ne m'exauça point, mais il me dit: c'est assez, ne me parle plus de cette affaire. Monte au sommet de Pisga, et élève tes yeux vers l'occident et le septentrion, vers le midi et l'orient, et regarde de tes yeux, car tu ne passeras point ce Jourdain; mais donnes-en la charge à Josué, et encourage-le et le fortifie, car c'est lui qui passera devant ce peuple et qui les mettra en possession du pays que tu auras vu. Le Seigneur rejette la prière de son serviteur; et il peut faire ainsi à l'égard de nos prières, ou il peut nous répondre en une manière que nous n'attendons pas. Il en fut ainsi pour l'écharde de Paul: «A ce sujet j'ai supplié, nous dit-il, trois fois le Seigneur afin qu'il se retirât de moi; mais le Seigneur répondit: Ma grâce te suffit; car ma puissance s'accomplit dans l'infirmité» (2 Corinthiens 12: 8, 9). Paul avait besoin de l'écharde dans la chair! Dieu peut faire peser et laisse parfois peser les conséquences du péché d'un de ses enfants sur lui pendant tout le temps de sa vie ici-bas. Moïse était arrivé aux confins mêmes du pays, et il dit: «Que je passe, je te prie, et que je voie le bon pays». Mais Dieu lui dit: «C'est assez, ne me parle plus de cette affaire». Ce «c'est assez» ne semble-t-il pas nous dire que Dieu avait peine à refuser à Moïse ce que Moïse lui demandait, et que, en quelque sorte, il n'aurait pas voulu que Moïse persévérât dans sa requête, qu'il ne voulait pas lui accorder parce qu'il valait mieux pour la gloire de Dieu que la requête, ne fût pas exaucée? Mais il y a une tendresse pleine de beauté dans la réponse du Seigneur. «C'est assez», ou «qu'il te suffise», comme il dit à Paul: «Ma grâce te suffit».

Deutéronome 32: 48-52. «Et en ce même jour-là Jéhovah parla à Moïse, en disant: Monte sur cette montagne Habarim, sur le mont Nébo qui est au pays de Moab, vis-à-vis de Jéricho, et regarde le pays de Canaan que je donne en possession aux enfants d'Israël; tu mourras sur la montagne sur laquelle tu montes et tu seras recueilli vers tes peuples, comme Aaron ton frère est mort sur la montagne de Hor et a été recueilli vers ses peuples; parce que vous avez péché contre moi au milieu des enfants d'Israël aux eaux de la dispute de Kadès (Mériba-Kadès) dans le désert de Tsin, car vous ne m'avez point sanctifié au milieu des enfants d'Israël. Cependant tu verras vis-à-vis de toi le pays, mais tu n'y entreras point, au pays, dis-je, que je donne aux enfants d'Israël». Nous voyons ici comment le Seigneur parle et peut parler des siens. Quand un homme raconte la vie d'un de ses semblables, il cherche à cacher ses défauts et ses chutes, parce qu'il cherche à glorifier l'homme. Le Saint Esprit, quand il raconte la vie d'un croyant, ne cache pas ses chutes et ses péchés, parce qu'il exalte la grâce de Dieu; et c'est une chose infiniment précieuse quand nous sommes enseignés par nos chutes mêmes à exalter la grâce de Dieu. Nous lisons que Dieu dit à Moise: «Vous avez été rebelles»; «vous avez péché»; et cependant nous voyons ce même Moïse parler librement avec Dieu, face à face, et parler avec Lui comme avec un ami; et Dieu lui dit la raison pour laquelle il ne pourra pas passer le Jourdain; et au désir de Moïse de voir le bon pays qui est au-delà, il répond (car ce désir est agréable devant ses yeux) en lui faisant voir le pays, du haut de Pisga. Dieu peut nous montrer la sagesse de ses voies et de sa discipline. Rien n'empêchera l'accomplissement de ses desseins de grâce envers nous. Rien ne fera changer ce qui est sorti de ses lèvres: «Ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés». Mais, entre la justification et la glorification, la discipline intervient.

Deutéronome 34: 1 et suivants: «Alors Moise monta des campagnes de Moab sur le mont Nébo, au sommet de Pisga qui est vis-à-vis de Jéricho; et Jéhovah lui fit voir tout le pays, depuis Galaad jusqu'à Dan, avec tout le pays de Nephtali et le pays d'Ephraïm et de Manassé, et tout le pays de Juda jusqu'à la mer occidentale et le midi et la campagne de Jéricho, la ville des palmiers, jusqu'à Tsoar. Et Jéhovah lui dit: C'est ici le pays dont j'ai juré à Abraham, à Isaac et à Jacob, en disant: Je le donnerai à ta postérité, je te l'ai fait voir de tes yeux, mais tu n'y entreras point. Ainsi Moïse, serviteur de Jéhovah, mourut là au pays de Moab, selon le commandement de Jéhovah. Et Jéhovah l'ensevelit dans la vallée, au pays de Moab, vis-à-vis de Beth-Péor, et personne n'a connu son sépulcre jusqu'à aujourd'hui. Or Moise était âgé de 120 ans quand il mourut; sa vue n'était point diminuée, et sa vigueur n'était point passée».

C'est Jéhovah qui ensevelit Moïse; et plus tard, comme nous l'avons vu, il l'élève dans la gloire du Seigneur Jésus sur la montagne de la transfiguration. Josué n'est pas là, celui qui introduisit Israël dans le pays, mais Moïse, celui à qui ce privilège fut refusé.

Chers amis, souvenons-nous que c'est une chose en apparence de peu d'importance, une parole irréfléchie, qui fit perdre à Moïse le pays de Canaan! Souvenons-nous aussi que le Nouveau Testament insiste plus, pour ainsi dire, sur le gouvernement de la langue que sur aucune autre chose; «car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné» (Matthieu 12: 37; voyez aussi Jacques 3). Chercher à nous élever nous-mêmes, c'est nous rebeller contre Dieu.

Que le Seigneur nous fasse comprendre que nous sommes exposés à un jugement auquel le monde n'est pas exposé, parce que nous sommes les saints du Seigneur, et que le Seigneur peut avoir à fermer son oreille à notre prière. Il est le «seul Dieu sage», et il peut être plus sage en refusant qu'en accordant. Puissions-nous être trouvés marchant devant Lui d'une manière qui Lui soit agréable avec révérence et avec crainte!