Pensées sur 1 Corinthiens 1: 27-31

 ME 1873 page 210

 

Toute la folie de l'homme et même des saints sert à faire ressortir la sagesse de Dieu: toute pensée est tournée par lui en bien; toutefois cela n'excuse en rien notre folie. Deux choses sont ici manifestées; d'abord tout ce qui est de l'homme est réduit à néant; puis Dieu intervient, et la justice de l'homme, son insouciance, son péché, tout enfin, est complètement anéanti. Nulle chair ne peut se glorifier devant Dieu. Dieu veut-il donc que les hommes ne se glorifient point du tout? Non; ce n'est pas ce que Dieu veut: mais «que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur» (verset 31).

Tout, ici, est parfait en force, en sagesse, en sainteté; l'homme n'aura jamais à avoir honte de ce qui est parfait et qui ne passera jamais, alors que tout le reste flétrit. Quelle chose précieuse pour le saint! Il parait étrange pour un pauvre pécheur d'être capable de dire qu'il peut «se glorifier dans le Seigneur!» La nature a une si puissante tendance a se glorifier dans d'autres choses! L'homme a besoin de se glorifier en quelque chose; il se glorifiera peut-être même d'être le plus grand des pécheurs; il se glorifiera dans ses péchés, dans sa misère, dans n'importe quoi qui se rattache à lui-même. Mais quand Dieu intervient, tout cela prend fin bientôt; l'homme se cache aussi promptement que possible, et il a honte de tout ce dont il se glorifiait auparavant. La condition de l'homme, par nature, est d'être «sans Dieu», lors même qu'il puisse être béni de Dieu de toutes bénédictions temporelles; il voudrait être débarrassé de la présence de Dieu, mais dans un sens il ne le peut pas. «Où irai-je loin de ton Esprit, et où fuirai-je loin de ta face? Si je monte aux cieux tu y es, et si je me couche au sépulcre, t'y voilà, si je prends les ailes de l'aube du jour…!» (Psaumes 139) Vains efforts, un homme ne peut pas fuir la présence de Dieu et cependant vous vous y trouvez malheureux!

Si un homme a la prétention d'être juste, Dieu renversera toute sa prétention comme il le fit chez Paul. Nous sommes facilement satisfaits de nous-mêmes: une très petite justice nous suffit; et il y a autre chose encore: l'homme aime à faire sa propre volonté; il ne sait pas ce que c'est que l'obéissance. Mais quand Dieu entre sur la scène, les choses pourront-elles demeurer ainsi? Christ est venu non pour sauver les justes, mais les pécheurs; ainsi si un homme doit être sauvé, il faut qu'il soit traité comme un pécheur. Qu'était toute cette justice si vantée de Paul de Tarse? Il faut que Dieu le cherche et le reçoive à Lui comme un pauvre pécheur. Toute la propre justice de l'homme n'est après tout que de l'orgueil, et se montre telle quand on la suit jusqu'à sa racine. Le «frère aîné», dans l'histoire du prodigue, dit: «Comment? Recevra-t-il un prodigue?» Son orgueil se refuse à entrer pour se trouver avec un tel homme. Il y a beaucoup de «frères aînés», de nos jours, et aussi de frères plus jeunes. L'homme dans sa vanité voudrait prétendre être sage, tandis qu'il n'est que comme le petit de l'ânesse (comparez Exode 13: 13). Quelle est sa sagesse? Il ramasse çà et là quelques bribes de connaissance, et il appelle cela de la sagesse: c'est la sagesse de l'homme, un tissu de pensées pour s'élever lui-même. L'homme est «plus léger que la vanité même» (Psaumes 62: 9). Mais il y a un «sentier» que «l'oiseau de proie n'a point connu, et que l'oeil du milan n'a point découvert» (Job 28). La vraie sagesse est là.

Tout ce qui ne donne pas le repos à la conscience est de la folie et passe.

Vivre dans l'insouciance, et se glorifier dans le péché et la propre justice, n'est que folie et que vanité. Ces deux choses diffèrent l'une de l'autre en ce que l'homme à propre justice est plus orgueilleux que son voisin; mais dès qu'il est amené dans la présence de Dieu, il n'y a pas un seul des motifs qui le conduisaient qu'il ne serait content de ne pas avoir eu. Il y a un chemin ouvert pour échapper au jugement. Dieu dit: «Où es-tu?» — Vous êtes nus, dans la présence de Dieu, mais il y a une ressource pour vous dans l'amour de Christ, et cette ressource nous est donnée ici-bas, non pas quand nous entrerons dans le ciel. Il y a assez d'amour en Jésus pour ouvrir le coeur du plus vil des pécheurs. «Nul ne t'a-t-il condamné? — Nul, Seigneur. Et Jésus lui dit: Moi non plus, je ne te condamne pas; va, et ne pèche plus» (Jean 8: 10, 11).

Il y a assez d'amour en Jésus pour répondre au besoin et y satisfaire, C'est pourquoi je n'ai nul besoin de cacher mes péchés; l'amour ne laisse pas de place pour la fraude, dans le coeur; je ne suis pas tenté de me disculper: quand Christ vient, tout cela est ôté.

«Le Christ Jésus nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sainteté et rédemption» (verset 31). Quand nous avons reçu la vie éternelle en Christ, la mort était en nous; mais la vie est venue, et cette vie est «dans le Fils». Christ nous a été fait sagesse de la part de Dieu. Quelle sorte de sagesse? Sagesse de Dieu. Comment Dieu a-t-il pu aimer un être tel que moi? La sagesse de Christ est là. Quand Christ est fait sagesse pour moi, je puis me passer de ma propre sagesse et apprendre de Lui, comme un petit enfant. Comment Christ a-t-il été sagesse? Il est descendu là où la mort régnait et il a triomphé de la mort; le monde avait péché contre Dieu, et Christ est venu dans le monde en grâce: voilà la sagesse! L'iniquité va son train dans le monde; d'où vient que Dieu use de patience? Il veut sauver des pécheurs: voilà la sagesse!

La «justice» est la justice parfaite de Dieu lui-même. Non seulement je puis trouver une «sagesse» qui me rend calme et tranquille, mais Dieu me présente aussi une «justice» dans laquelle il n'y a point de défaut; et, par sa grâce, Christ est aussi pour moi «sainteté». La règle et la mesure, la puissance et la mise à part de la nouvelle vie sont toutes en Christ. Ce n'est pas une mise à part comme celle d'Israël, par la circoncision, la mer Rouge, etc., mais une mise à part en Christ. Christ est la clef pour l'énigme de ce monde? En Lui je n'ai plus à trembler de frayeur devant Dieu. Au contraire, je puis me glorifier en Dieu, je puis l'adorer Lui qui est parfait; et plus j'examine et je pèse ces choses, plus tout me parait parfait et admirable. Nous n'avons pas à ronger quelque petit bout de la loi, en nous disant que Christ a fait tout le reste. «La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ».

Christ est aussi ma «rédemption». Par elle la puissance du mal et de la mort est détruite.

Nous attendons la délivrance de notre corps (Romains 8: 23). J'ai trouvé la «rédemption» maintenant en Christ, mon «Chef», et j'en attends le fruit plein. Pourquoi attendons-nous? Parce que c'est le temps de la «patience et de la longue attente» de Dieu (Romains 2: 4; 2 Pierre 3: 15). «Nous attendons par l'Esprit, sur le principe de la foi, l'espérance de la justice» (Galates 5: 5). Dans le sens le plus élevé et le meilleur, nous sommes maintenant rachetés par Christ: «Nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ» (1 Jean 5: 20). Nous n'avons pas simplement la vie d'Adam, mais celle de Dieu en Christ; — c'est ici un baume pour le coeur. Combien notre position est différente de celle d'un pécheur tremblant devant un juge! — D'où vient tout cela? Christ a pris nos coeurs, en grâce, et il les brisera et les humiliera comme il a pris Job et l'a brisé, afin de montrer ce qu'il y avait en lui. Ce qui fut manifesté, se trouvait dans le coeur; autrement cela n'aurait pas été manifesté. — «Se glorifier dans le Seigneur» est la vraie humilité; le confesse ainsi que j'ai honte de moi-même, mais je confesse Christ.