Notes sur l'évangile de Jean

Darby J.N. - Notes recueillies à des conférences  - ME 1874 page 281

Notes sur l'évangile de Jean. 1

Chapitre 1. 2

Chapitre 2. 7

Chapitre 3. 8

Chapitre 4. 11

Chapitre 5. 13

Chapitre 6. 15

Chapitre 7. 17

Chapitre 8. 18

Chapitre 9. 20

Chapitre 10. 22

Chapitre 11. 24

Chapitre 12. 26

Chapitre 13. 28

Chapitre 14. 30

Chapitre 15. 33

Chapitre 16. 35

Chapitre 17. 37

Chapitre 18. 41

Chapitre 19. 42

Chapitre 20. 43

Chapitre 21. 45

 

L'Evangile de Jean traite de la manifestation de Dieu, du Père dans le Fils, — le Fils venu ici-bas comme vie éternelle; puis, de la présence du Saint Esprit, descendu après que Jésus s'en est retourné auprès du Père. La vérité quant à la nature du Fils une fois établie, nous trouvons toutes les formes de ses relations avec les hommes, et tous les moyens par lesquels il établit ces relations (par exemple. la mort). Cet Evangile est très méthodique et contient beaucoup plus de théologie que d'histoire.

Chapitre 1

Versets 1-34. La révélation du Fils.

Les versets 1-13 nous présentent Christ dans sa nature, ce qu'il est, et comme tel l'accueil qu'il a reçu; les versets 14-18, ce qu'il est devenu; enfin, les versets 19-34, le témoignage de Jean-Baptiste, Christ en contraste avec Jean, puis ce qu'il a fait.

Les versets 1, 2 nous présentent d'une manière abstraite ce qu'Il est dans sa nature; aussi cet Evangile commence-t-il avant la Genèse; car ce qui était est évidemment antérieur à ce qui a été créé. — «Au commencement était la Parole». C'est l'expression de son existence absolue, éternelle. La Parole existait quand tout commença, quand Dieu créa. Son existence essentielle ayant été constatée, nous trouvons deux choses: — la distinction de sa personne: «la Parole était auprès de Dieu»; — puis sa nature: «la Parole était Dieu». Enfin, le verset 2 ajoute: «elle était au commencement auprès de Dieu», afin que l'on ne pût pas supposer que sa personnalité avait eu un commencement. — Ces deux premiers versets nous présentent donc l'existence absolue, éternelle et distincte de la personne du Fils. Cela imprime à l'Evangile de Jean un caractère tout spécial. Il ne s'agit là ni de dispensations, ni de conseils, mais c'est Dieu qui est manifesté; et l'homme étant tel qu'il est, nous trouvons le rejet du Seigneur dès le début, avant le récit de la conduite de l'homme envers lui. Remarquez comment, en peu de mots, l'Esprit de Dieu nous donne ces choses profondes! Il faudrait aux hommes des volumes pour les exposer, et encore sortiraient-ils de leurs explications plus confus qu'auparavant.

Au verset 3, la création lui est attribuée. Au verset 4, il est dit: «La vie était en lui»; puis, chose de toute importance pour nous, il est ajouté: «La vie était la lumière des hommes». — Lumière des hommes et vie, c'est ici une proposition réciproque. Le caractère de cette vie s'adaptait essentiellement au caractère des hommes. Dans sa nature, elle était déjà pour les hommes, car la Parole ne devint chair que plus tard. Il est la lumière de Dieu comme homme, pour l'homme; c'est pourquoi, venant au monde, il éclaire tout homme. Ici, au verset 4, il n'est pas encore question de son incarnation; ce passage nous parle, non de ce qu'il est devenu, mais de ce qu'il est. Nous le trouvons là avant la fondation du monde, quand ses plaisirs étaient avec les enfants des hommes (Proverbes 8). La vie n'était pas la lumière des anges, mais des hommes; il n'a pas pris les anges. — Au verset 5, nous trouvons le fait que la lumière luit dans les ténèbres et que les ténèbres ne l'ont pas comprise. Il ne parle pas encore ici de culpabilité, mais du fait que cette lumière, qui était dans la nature de Christ, s'est trouvée en contact avec les ténèbres, avec l'homme tel qu'il est, et les ténèbres sont demeurées; phénomène qui n'arrive pas dans les choses naturelles, car les ténèbres se dissipent quand la lumière luit. Ici, au contraire, la lumière arrivant dans le monde, rencontre une opposition et une incompatibilité absolues. — Les cinq versets dont nous venons de parler forment un tout; ils présentent les choses d'une manière abstraite.

Au verset 6, nous trouvons le témoignage rendu par Jean à ce dont nous avons parlé. «Lui n'était pas la lumière, mais pour rendre témoignage de la lumière: la vraie lumière était celle qui, venant au monde, éclaire tout homme». Ce n'était pas seulement un Messie envoyé aux Juifs, mais c'était une lumière qui était là pour tout homme. Que ce fût un Siméon, un Zacharie sans reproche, un pharisien, peu importe; la lumière était là pour chacun; non qu'il s'agit d'effets intérieurs dans l'homme, mais du fait simple qu'elle brillait sur tout homme. Cela ne dit pas qu'on avait des yeux pour la voir, mais cette lumière éclairait tout homme, comme le soleil, qui luit pour tout le monde, même pour les aveugles. Jean-Baptiste était bien, lui, une lumière pour les Juifs, mais Christ était la lumière, et l'on ne saurait trouver un seul homme, pour qui il ne l'était pas. — Verset 10. «Le monde ne l'a pas connu»: voilà l'idée générale. Verset 11. «Les siens» les Juifs (une race favorisée de toute sorte de communications de la part de Dieu), «ne l'ont pas reçu». — Les versets 12 et 13 présentent l'autre côté de la vérité. Ceux qui l'ont reçu n'ont pas la force nécessaire pour devenir enfants de Dieu (*), mais l'autorité pour prendre cette position leur est donnée, autorité qui n'avait été accordée à aucun des croyants de l'ancienne alliance. Nous avons ainsi, dès le début, la grâce souveraine qui opère en mettant de côté l'homme, jugé dans sa nature. Les Juifs aussi, comme nation, ne l'ont pas reçu, et c'est maintenant une chose à part, par la puissance de Dieu, que d'être nés de Dieu. — Jusqu'ici nous avons vu les grands principes touchant la personne du Fils de Dieu.

(*) «Enfants» non «fils»; terme usité dans Jean, qui parle de l'intimité de la famille.

Au verset 14, nous arrivons aux faits historiques. Après avoir vu, dans le premier paragraphe, ce que Christ est, nous apprenons ce qu'il devient. «La Parole devint chair». Cette Parole qui avait fait toutes choses, est devenue quelque chose; elle a été faite chair et a «habité au milieu de nous». Elle n'est pas apparue pour s'en aller; ce n'a pas été une chose passagère, comme lorsque Dieu apparut à un Abraham pour communiquer avec lui, ou à un Moïse sur le Sinaï de gloire avec les anges. Non, la Parole a habité (a tabernaclé) au milieu de nous. Et puis, comme habitant ainsi au milieu de nous, «nous vîmes sa gloire, une gloire comme d'un fils unique de la part du [ou d'un] père». C'est le caractère de cette gloire qui nous est présenté ici: non, comme s'il y avait plusieurs enfants et des affections partagées, mais la gloire de Celui qui est le seul objet de toutes les affections et qui est avec son père comme un fils unique. — Le verset 15 est une parenthèse qui présente le témoignage de Jean Baptiste et sa confession que Christ prenait une place supérieure en vertu de son essence éternelle, comme personne divine.

«Pleine de grâce et de vérité»; voilà ce qui caractérise la «Parole» habitant au milieu de nous. Il est la grâce parfaite, le bien en amour au dessus du mal; et puis la vérité qui dit ce qui en est de tout.

Au verset 16, nous trouvons une autre vérité: «De sa plénitude, nous tous» (chrétiens) «nous avons reçu, et grâce sur grâce»; c'est-à-dire abondance de grâces, grâce entassée sur grâce. Il ne dit pas: vérité sur vérité, parce qu'on n'apprend la vérité que partiellement.

Au verset 17, contraste entre les deux économies. «La loi» (une règle donnée de Dieu aux hommes) «a été donnée par Moïse»; mais «la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ»; ou plus littéralement vint par Lui: la grâce et la vérité sont une seule chose; je ne dis pas une même chose. C'était Lui-même, et cela est venu. Privilège immense, au milieu d'un monde plongé dans le mal, que de posséder l'amour parfait et en même temps la vérité! La vérité me montre ce que je suis et, étant tel, je trouve l'amour parfait. On voit un bel exemple de cela dans l'histoire de la pécheresse, au chapitre 7 de l'évangile de Luc. J'y trouve: 1° Dieu, en grâce et en vérité dans le monde; une vérité absolue, sans laquelle la réconciliation ne serait pas possible, et une grâce parfaite qui peut rencontrer la pleine manifestation du mal; 2° le Pharisien. En lui, ténèbres complètes: il a Dieu dans sa maison; il ne sait le voir et tout ce qu'il pense de lui, c'est qu'une telle personne ne peut pas être un prophète; 3° la femme qui vient droit à Jésus; elle est dans la vérité et la grâce, et son état moral répond parfaitement au coeur de Dieu, manifesté en Jésus. La lumière manifestait tout le mal, mais le mal était en présence de la grâce. La question est résolue et finit à salut, quand la femme se trouve en présence de toute la vérité quant à Dieu, de toute la vériténquant à elle et de toute la grâce pour elle. N'est-ce pas une expression vivante de notre verset 17?

Nous n'avons pas tout encore. Le verset 18 ajoute: «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître». Le Fils est ici vu personnellement. Lui sur qui se concentre l'amour du Père et qui est dans la jouissance immédiate de tout son amour, est Celui aussi qui révèle cet amour. Si je devais vous dire ce qu'est mon père, je ne pourrais le faire que selon ce qu'il est pour moi. Christ est venu déclarer ce qu'est le Père, lui qui jouissait de la manière la plus intime dans le sein du Père de tout ce que le Père est. — Le Fils qui est dans le sein du Père, non qui était, car jamais il n'est dit dans la Parole que Christ ait quitté le sein du Père. Ici, nous sommes en dehors de toute question de dispensations. C'est Dieu, révélé dans l'intimité de sa nature et de son amour par le Fils; c'est bien Dieu, mais c'est le Père révélé dans le Fils. Auparavant, Dieu lui-même n'avait jamais été révélé. La création montrait ce qu'étaient ses oeuvres. En voyant ses ouvrages, on pouvait admirer l'excellence de l'ouvrier, mais non pas connaître l'ouvrier lui-même. Dans sa relation avec Abraham, Dieu a révélé sa Toute-Puissance, ce qui est autre chose que lui-même. Il dit à Moïse qu'Il est; il déclare son caractère éternel, mais non ce qu'Il est. Ce même principe, dont nous parlons se montre bien clairement encore sous la loi; Dieu demeurait dans l'obscurité, et nous ne pouvons pas appeler les tonnerres une révélation de Dieu. Il avait donné la loi qui enseigne à l'homme ce qu'il doit être; il avait donné des promesses, il les accomplira; mais il n'avait pas révélé ce qu'Il est. Ce qui s'approche le plus d'une révélation de Dieu, c'est ce qu'il dit à Moïse sur la montagne (Exode 34: 6, 7), mais ce sont plutôt les termes du gouvernement d'Israël et non ce qu'Il est. Abondant en gratuité, et toutefois ne tenant pas le coupable pour innocent et punissant l'iniquité des pères sur les enfants, tels étaient ces termes. — «Lui, l'a fait connaître». On ne peut pas connaître Dieu en dehors de Jésus, car autrement tous les hommes seraient immédiatement condamnés. Cette connaissance de Dieu est proposée au monde; et il y a, en contraste avec cela, le Saint Esprit qui n'est pas envoyé pour être connu du monde. Le monde, est-il dit (14: 17), ne peut pas le recevoir… parce qu'il ne connaît pas; mais vous, vous le connaissez. Cela ne pourrait pas se dire de Christ; le monde, il est vrai, ne l'a pas reçu; mais Christ était là pour le monde. Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec soi. Le Saint Esprit est donné aux croyants; il demeure en eux; il ne vient pas pour être reçu du monde; tandis que Christ est présenté au monde pour en être reçu.

Jusqu'ici nous avons eu l'idée abstraite de ce que Christ était, de ce qu'il était dans sa nature, et de ce qu'il est devenu. Dans les versets 19-34 nous trouvons ce qu'il fait: Il ôte le péché, et il baptise du Saint Esprit. Ce sont là les deux parties de son oeuvre. «Voilà», dit Jean-Baptiste, «l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde!» Oter le péché du monde n'est pas encore un fait accompli, mais l'oeuvre qui en est le fondement, est faite et le résultat de cette oeuvre sera pleinement manifesté quand les nouveaux cieux et la nouvelle terre seront introduits. — Il y a eu une terre innocente, il y a une terre pécheresse, il y aura une terre où la justice gouverne, et enfin une terre où la justice habite. Cette dernière présentera, lors de l'introduction des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, une scène sans péché devant Dieu; non pas une scène avec l'innocence qui peut se perdre, mais avec la justice qui demeure, parce qu'elle répond au caractère de Dieu.

«Manifesté une fois pour l'abolition du péché» (Hébreux 9: 26), a le même sens. L'oeuvre est faite pour abolir le péché, mais le péché n'est pas encore aboli. Jusqu'à un certain point, la chose sera accomplie dans le millénium quand Satan sera lié. Ce qui donne droit à Christ, vis-à-vis du mal, c'est sa mort; le diable n'a aucun droit; mais le résultat de ce qui a été fait n'est pas pleinement établi. Dieu, pour le présent, s'occupe de rassembler des cohéritiers.

La seconde partie de son oeuvre, c'est qu'il «baptise de l'Esprit saint» (verset 33). En nous baptisant ainsi, il nous fait entrer actuellement, par la foi, dans la jouissance de la puissance de la rédemption accomplie, dans la certitude que les péchés sont effacés, et dans la puissance anticipée de la gloire à venir. L'oeuvre est faite; le Saint Esprit est donné; mais nous trouvons ici un fait touchant et remarquable, c'est que celui qui doit baptiser les autres du Saint Esprit et les introduire dans la jouissance de ces privilèges, reçoit premièrement le Saint Esprit (il n'y est jamais dit qu'il ait été baptisé du Saint Esprit). L'Esprit est descendu sur lui, il a été oint et scellé comme homme. Lui, homme, prend cette position comme Fils, comme homme ici-bas, pour créer cette position à l'homme et l'y introduire par la rédemption. Nous recevons l'Esprit par son oeuvre, par la rédemption lui, en vertu de sa perfection propre, parce qu'il était juste en lui-même. Celui sur lequel l'Esprit descendait et demeurait, c'est celui-là qui baptisait de l'Esprit saint (verset 32) mais nous devons être sous l'aspersion de son sang pour avoir le Saint Esprit et il doit être glorifié comme homme pour le donner. C'est ce qu'on lit dans Actes 2: 33, et ce qui est célébré au Psaume 68, où il est dit: «Tu as reçu des dons dans l'homme» comme homme et pour les hommes (cf. Ephésiens 4: 8). C'est bien un acte divin, mais c'est comme homme que le Seigneur administre cela. Dieu mettait son sceau sur cet homme ici-bas et manifestait qu'il était Fils de Dieu.

Versets 35-52. Nous avons eu jusqu'ici la révélation de ce que Christ est, de ce qu'il est devenu, de ce qu'il a fait; au verset 35, nous commençons à le voir rassemblant des personnes pour qu'elles soient avec lui. Nous trouvons d'abord le témoignage de Jean-Baptiste, et ensuite le témoignage de Christ, qui va jusqu'à la fin, jusqu'au dernier jour.

Jean regarde Jésus qui marchait et il dit: «Voilà l'agneau de Dieu!» et les disciples suivent Jésus. Ce n'est pas lorsque Jean enseigne comme prophète, car il avait dit ces mêmes paroles comme prophète le jour précédent, mais c'est quand son coeur parle, que l'effet est produit et qu'il y a des disciples pour Jésus. Les disciples demandent à Jésus: Où demeures-tu? ils viennent l'entourer; lui accepte; il devient centre, et prend une place qui n'appartient qu'à Dieu. Un autre homme qui la prendrait, cette place, détournerait les hommes de Dieu et commettrait un péché grave. Aucun prophète, aucun apôtre, n'a jamais songé à être un centre. Celui seul, qui fait le chemin pour aller auprès de Dieu, est le centre pour rassembler.

Le lendemain (verset 44) nous avons quelque chose de plus. Après le témoignage de Jean-Baptiste et celui de Jésus qui devient le centre du rassemblement des disciples, nous voyons Jésus qui appelle. C'est un autre jour dans l'idée de la révélation. Alors, non seulement Christ est centre, mais il faut le suivre. Il faut un chemin. Qu'il faille un chemin à l'homme, c'est une immense vérité. Dans le Paradis, il n'y avait pas besoin d'un chemin; il s'agissait de rester où l'on était. Dans le ciel, il n'y en aura pas. Dans un monde qui est aliéné de Dieu, il n'y a pas de chemin possible; mais Christ y trace un chemin, comme la nuée qui conduisait Israël. Une fois Christ entré dans le monde comme la grâce et la vérité, voilà un chemin donné à l'homme, une chose nouvelle, un chemin divin que «l'oeil du vautour n'a pas connu» (Job).

Maintenant les disciples appellent eux-mêmes (versets 42, 46). Une chose me frappe ici. Jean avait dit: Voilà l'agneau de Dieu, le Messie. Les disciples en recevant le témoignage ne vont pas au delà de ce qui était prophétisé; c'est ce qui arrive toujours. La Parole, quand elle agit sur le coeur, donne la foi pour autant que les besoins sont à même de saisir l'objet. Je prêche la grâce souveraine; une âme est atteinte; — la voilà dans les angoisses que produit la conviction du péché. Quand Dieu agit et que la lumière est arrivée, c'est le point où en est l'âme qui se découvre.

Verset 49. Nathanaël est trouvé sous le figuier qui est toujours la figure d'Israël, maudit plus tard. Jésus l'a connu comme résidu d'Israël, quand il était sous le figuier. Nathanaël, par conséquent, le reconnaît comme Fils de Dieu et roi d'Israël. Il reconnaît Christ selon le Psaume 2 (l'oint de Jéhovah, le roi sur Sion, Son Fils) (*). Alors le Seigneur, constatant la réalité de la foi qui l'a connu ainsi, lui déclare qu'il verrait de plus grandes choses, et parle selon le Psaume 8. Il a été rejeté, ce que constate le Psaume 2 cité par Pierre en témoignage de sa réjection, mais il est fils de l'homme, et les plus puissantes créatures de Dieu ont le fils de l'homme pour leur objet. Elles montent jusqu'à lui, ou descendent sur lui, ce qui n'eut pas lieu pour Jacob (**).

(*) C'est bien dans l'esprit du Psaume 2 que Nathanaël dit ici «Fils de Dieu». Ce n'est pas le Fils éternel du Père. S'il l'avait connu comme tel avec intelligence, Jésus n'aurait pas dit: «Tu verras de plus grandes choses que celles-ci».

(**) Nathanaël s'étonne qu'il puisse venir quelque chose de bon de Nazareth. Remarquons qu'avec les plus grandes préventions on peut avoir une parfaite droiture, être sans fraude comme Nathanaël. Il faut de la patience avec les préventions.

Nous venons de parcourir du verset 35 au verset 52 cette partie de l'histoire qui traite du témoignage de Jean-Baptiste et de Christ pour rassembler. Au verset 44, c'est Jésus lui-même qui commence à rassembler et cela va jusqu'à la gloire, jusqu'à son retour où il est fils de l'homme. En rapport avec ce qui vient d'être dit nous trouvons un premier jour au verset 35 (le «lendemain» du verset 29 n'ayant rien à faire avec ceci); c'est le témoignage de Jean-Baptiste; puis un deuxième jour au verset 44: c'est le témoignage de Jésus dans le résidu jusqu'à la fin, parce que le témoignage de Jésus sera repris à la fin; enfin un troisième jour au chapitre 2: c'est le Millénium.

Remarquons encore en terminant ce premier chapitre qu'il place devant nous à peu près tous les noms de Jésus, presque tout ce qu'Il est dans ses titres variés, à l'exception de ses noms de relation. Il n'est considéré ici, ni comme chef de l'Eglise, ni comme sacrificateur, ni comme le Christ. Il ne reçoit aucun de ses noms de relation avec l'Eglise et avec Israël. (Au verset 42 il est bien nommé le Messie, le Christ, mais c'est ce que les disciples ont trouvé eux-mêmes; ce n'est pas un nom qui lui soit donné par le témoignage). Tous ses autres titres sont présentés. Il est le Fils unique de Dieu qui révèle le Père, le Fils de Dieu et Roi d'Israël, l'Agneau de Dieu, la vie, la lumière, la Parole, le Créateur, le fils de l'homme, Celui qui baptise du Saint Esprit; nous avons en un mot tous les noms qui nous disent ce qu'il est dans sa propre personne.

Chapitre 2

Versets 1-22. Nous trouvons ici, comme nous l'avons indiqué, une scène milléniale; non pas les noces de l'Agneau, mais les noces du Roi, de l'Eternel Jéhovah avec Jérusalem (selon le Psaumes 45: 10, 11); et puis le jugement. Nous avons ainsi le double caractère des relations futures du Seigneur avec les Juifs: la joie, et le jugement qui purifiera. D'abord il change l'eau de purification en vin de joie. Il fallait avant tout la purification pour qu'ils pussent être avec Dieu; puis, quand le Seigneur est là, tout est changé en joie. Le bon vin est gardé jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Alors on ne dira plus: «l'Eternel qui nous a fait sortir d'Egypte», mais: «Celui qui nous a ramenés d'Orient et d'Occident». Le bon vin de la fin sera beaucoup meilleur que celui du commencement. En même temps (versets 13-18), il purifie le temple; il exerce le jugement sur tous les scandales qui remplissent le domaine de sa puissance. — Au verset 19, il donne aux Juifs sa résurrection comme preuve de l'autorité qu'il avait pour purifier le temple, mais alors on trouve que c'était le corps de Jésus qui était le vrai temple (le lieu où Dieu se trouvait), et il le relève lui-même.

Remarquez encore ce qu'il dit à sa mère (verset 4): «Qu'y a-t-il entre moi et toi, femme. Mon heure n'est pas encore venue». Il ne veut pas connaître sa mère jusqu'à sa mort. Dans l'Evangile de Jean ces mots «l'heure… venue» expriment toujours sa mort. De plus, «son heure» était la base de toute la bénédiction, et pour donner le bon vin il fallait qu'elle fût venue. — A la croix il dit à sa mère: «Femme voilà ton fils» et au disciple qu'il aimait: «Voilà ta mère». On rentre dans un certain sens dans les relations humaines, quand on meurt. Paul, dans son travail de serviteur de Dieu, n'a connu personne selon la chair, mais, en contraste avec cela, quand il est près du délogement, il parle à Timothée de sa grand-mère Loïs et de sa mère Eunice.

Versets 23-25. Jusqu'ici nous avons vu toute l'histoire du Seigneur jusqu'au Millénium, à l'exception de l'Eglise. Voici maintenant l'introduction d'une chose nouvelle. La fin du chapitre 2 nous y conduit; elle se rattache au chapitre 3. «Plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu'il faisait» (verset 23). C'est, à la vérité, la foi d'une intelligence correcte, mais qui, au fond, ne signifie rien du tout; il n'y a pas là une oeuvre de Dieu. Ils voyaient ses miracles et trouvaient impossible qu'un homme fit de pareilles choses. Ils avaient raison, mais ce n'était qu'une conviction d'homme, qui ne dépassait pas les choses humaines. Elle ne valait rien, quoique ce fût une foi d'intelligence juste et sincère. Le premier venu me dira: Je crois que Jésus est le Christ. Je ne doute pas de sa sincérité, mais c'est chez lui affaire d'éducation, d'intelligence, et cela ne va pas plus loin.

Chapitre 3

Nicodème vient à Jésus avec le même témoignage reçu, mais de plus avec un besoin produit dans son coeur. Il désire savoir ce qui en est et par conséquent il vient à Jésus; mais il vient de nuit, ce qui dénote la crainte du monde. Il a des besoins; le Saint Esprit, quand il agit, en produit toujours. Son coeur et sa conscience sont saisis, mais il vient à Jésus avec ses idées juives qui supposaient naturellement que les Juifs étaient des enfants du royaume. Le Seigneur lui présente les deux grands principes de l'introduction de l'homme dans le royaume de Dieu, c'est-à-dire la nouvelle naissance et la croix, mais à la croix il ajoute l'introduction dans les choses célestes. La nouvelle naissance n'implique pas nécessairement, en soi, les choses célestes; mais sans elle, on ne peut entrer dans le royaume, et même les yeux ne sont pas ouverts pour en faire la découverte.

Verset 3. «Si quelqu'un n'est né de nouveau il ne peut voir le royaume de Dieu». La mort n'est pas introduite ici; c'est la chose nouvelle en elle-même et l'ancienne n'y est absolument pour rien. — «Né de nouveau» voilà une expression très forte. Nicodème demande: «Comment un homme peut-il naître quand il est vieux?» (verset 4). Le Seigneur s'explique au verset 5: «Si quelqu'un n'est né d'eau et de l'Esprit il ne peut entrer dans le royaume de Dieu». «Né d'eau»; c'est l'effet de la Parole dans l'homme et c'est à cela que quelques-uns limitent la nouvelle naissance; elle est pour eux le nettoiement, par la foi, de ce qui existe et ils laissent de côté l'essence de la chose; ils ne connaissent pas la nouvelle vie (*). «Né de l'Esprit» c'est la communication d'une nature toute nouvelle qui vient de Dieu. La puissance de l'Esprit accompagne la Parole et alors un double effet est produit: il y a une vie toute nouvelle dont l'Esprit est la source et cette vie modifie effectivement tout l'être moral de l'homme. La chose importante à saisir c'est qu'il y a une toute nouvelle nature qui purifie l'homme. Il a d'autres goûts, d'autres désirs, cela est vrai, mais une nature nouvelle. — Au verset 6, il ne dit pas: Ce qui est né d'eau est eau, mais: Ce qui est né de l'Esprit est esprit; c'est l'Esprit qui est la source immédiate de la vie. — D'autres vérités en découlent: «Il vous faut» (vous, Juifs) «être nés de nouveau» (verset 7) mais «le vent souffle où il veut»; la porte est ouverte. aux Gentils, car «il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit» (verset 8). Nicodème aurait dû savoir ces choses. «Tu es le docteur d'Israël, et tu ne les connais pas?» dit Jésus. En effet, elles étaient révélées au chapitre 36 d'Ezéchiel, versets 24-29, et un maître en Israël aurait dû les connaître.

(*) Pour les Wesleyens et les évangéliques, personne au fond n'est né de nouveau; ils se servent du mot tout en rejetant complètement la chose. Ils ne voient dans la nouvelle naissance qu'une purification de l'homme tel qu'il est, une modification de son état.

Le Seigneur va maintenant plus loin (versets 11-13), parce que, quoique, en un certain sens, les prophètes eussent parlé de ces choses, lui tirait toute sa connaissance d'en haut, du ciel, et pouvait parler des choses célestes. Il pouvait dire, de la part de Dieu duquel il venait, que sans la nouvelle naissance et la croix il n'y avait pas moyen pour l'homme d'être avec Dieu. Aussi trouvons-nous son rejet au verset 14. A supposer que Christ eût été reçu sur la terre, c'était le règne du ciel, mais ce n'étaient pas les choses célestes. Elles sont introduites par son rejet, quand il est élevé sur la croix.

Verset 13. «Le fils de l'homme qui est dans le ciel». Il introduit les choses célestes pour ainsi dire dans l'homme ici-bas, et pourtant il est dans le ciel. Je puis, dit-il, vous parler des choses célestes, car je suis descendu du ciel, mais j'y suis toujours. Comme Dieu, il est dans le ciel toujours, mais maintenant cela est attribué au fils de l'homme, parce que celui qui était tel, est Dieu. Dans l'évangile de Jean, Jésus parle toujours comme l'égal de Dieu: «Moi et le Père sommes un». «Comme le Père… vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu'il veut»; mais jamais on ne le trouve prenant quelque chose sur lui-même, sauf le service; toujours il reste là où il s'est placé. En se dépouillant de toute la gloire (extérieure) de Dieu pour venir ici-bas, il n'a pas cessé d'être Dieu. En tant qu'homme il n'a pas pris les attributs de Dieu et nous en trouvons une preuve, en ce qu'il est venu pour pouvoir mourir. La vérité de la divinité du Sauveur est maintenue en ce que le mystère de sa personne demeure incompréhensible. Je connais Dieu; il est amour, lumière, tout-puissant; tous ceux qui sont nés de Dieu le connaissent; mais aussitôt que Dieu se fait homme, personne ne peut sonder ce mystère. Les rationalistes viennent s'y briser.

Il est dit (Hébreux 1: 7): «Il fait ses anges des esprits» mais quant au Fils (verset 8), il dit: «Ton trône, ô Dieu»; il ne dit pas qu'il le fasse quelque chose, mais il s'adresse à lui comme à Celui qui est Dieu. Au verset 9, il est homme: «Dieu, ton Dieu, t'a oint»; et à la fin de ce même verset nous sommes les «compagnons» de cet homme, de celui qui, au commencement de la phrase, est aussi appelé Dieu. Zacharie 13: 7, est aussi un passage remarquable: «Epée réveille-toi… sur l'homme qui est mon compagnon, dit l'Eternel des armées»; cet homme est le compagnon de l'Eternel, l'égal de Dieu. Dans la première épître de Jean nous trouvons plusieurs passages où il apparaît à la fois Dieu et homme. Suivant le sujet dont il parle, l'apôtre passe de sa divinité à son humanité, et vice-versa.

Revenons maintenant aux versets 14-16 Nous y trouvons, d'une manière très belle et très frappante, les deux côtés de la croix, Les versets 14, 15 présentent le côté de l'homme, le verset 16 celui de Dieu. Comme fils de l'homme il faut qu'il soit élevé, mais c'est Dieu qui le donne, son Fils. Le Seigneur sort complètement des promesses faites à Israël. Il avait déjà dit plus haut: «Le vent souffle où il veut», et il dit maintenant: «Dieu a tant aimé le monde». Il faut distinguer ici entre l'amour qui s'exerce dans une relation quelconque, et la bienveillance de Dieu. Il n'est pas dit que Christ aime le monde, ou que Dieu aime l'Eglise. Comme avocat et sacrificateur, Christ non plus n'a pas affaire avec le monde, ni même avec les élus comme tels, mais avec les croyants, c'est-à-dire avec ceux qui sont déjà en relation avec Dieu. Je dis: pas même avec les élus; car il n'y a en eux moralement rien qui les pousse à venir à Lui plus que d'autres; ils sont comme eux des enfants de colère. Nous avons donc ici l'amour de Dieu envers tout le monde, entièrement au dessus du Judaïsme; et Nicodème, le représentant du Judaïsme sous son meilleur aspect, est contraint d'en sortir, s'il vient à Christ. Il lui faut la nouvelle naissance et la croix qui introduit les choses célestes. C'est l'exposition du fondement des choses nouvelles, en rapport avec ce que Dieu est en Lui-même; c'est la nécessité de la croix et la souveraine grâce de Dieu dans la croix. Une fois que Dieu agit de la sorte, il introduit nécessairement les choses célestes. On a affaire avec Lui-même, et par la croix immédiatement avec Lui-même, et non pas avec des promesses seulement.

Verset 18. Là où Christ est annoncé. les choses en sont venues à une crise définitive. — Versets 19-21. C'est ici le sujet de la condamnation, que celui qui était la lumière est venu, et que les hommes ne l'ont pas voulu. La lumière, non l'amour ici; non la grâce qui attire; il s'agit de la conscience qui ne veut pas de la lumière. Quand l'homme abandonna Dieu, Dieu prit soin qu'il eût une conscience. Malgré toute son incrédulité, l'homme sent qu'il n'a pas fait ce qu'il devrait faire, et que même, sans question du droit de Dieu, il a fait des choses que sa propre conscience condamne. Comme principe général (verset 21), l'homme qui agit droitement vient à la lumière, ne craint pas que ce soit connu; et ce qui prouve que l'homme est dans le mal, c'est qu'il rejette Christ, qu'il craint de venir à la lumière.

Au verset 22, nous trouvons de nouveau le témoignage de Jean-Baptiste, qui, vers la fin du chapitre (probablement depuis le verset 35), passe sans interruption dans le témoignage de Jean l'Evangéliste. Il y a une grande beauté dans le caractère de Jean; il est peut-être celui des hommes bibliques, chez lequel on trouve le moins de fautes. Ici, on le voit heureux de se cacher pour que Christ ait toute la gloire. — Verset 34. «Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu». Le verset présente Jésus, une personne qui «vient du ciel» (verset 31). Christ est d'une manière spéciale l'envoyé de Dieu; il parle de ce qu'il sait et rend témoignage de ce qu'il a vu. De la même manière, l'apôtre Jean pouvait dire, dans sa 1re épître. «Celui qui est de Dieu nous écoute» et Paul à Timothée: «Sachant de qui tu les as reçues». En ce sens, ils étaient des envoyés de Dieu, mais il s'agissait de ce dont ils rendaient témoignage et non de leur personne. — «Car Dieu ne donne pas l'Esprit par mesure»: Ces mots sont appliqués à Christ, dans le sens d'un principe général, et l'écrivain en tire ici une application particulière.

Versets 35, 36. Tout ce qui dépend de la présence du Fils de Dieu est annoncé dans ces deux versets. On y trouve, constatée, la grande vérité du Christianisme.

Tout ce que nous avons vu jusqu'ici, s'est passé, comme nous pouvons l'inférer du verset 24, avant que Christ ait commencé son ministère public.

Chapitre 4

Le Seigneur quitte la Judée et s'en va en Galilée, où commencent tous les récits des autres Evangiles. Nous trouvons ici la transition même entre toutes ses relations avec les Juifs et le commencement de son nouveau ministère. Il quitte les Juifs historiquement; au chapitre 1 il les avait déjà quittés moralement; maintenant il les abandonne. Il passe par la Samarie; le voilà sur un terrain neuf. Les Samaritains étaient des Gentils qui adoraient l'Eternel tout en servant leurs idoles. Plus tard, ils avaient abandonné leurs idoles et élevé sur le mont Guérizim un temple rival de celui de Jérusalem. Ils ne savaient ce qu'ils faisaient et adoraient, dans un faux temple, ils ne savaient quoi. Aussi les Juifs les avaient-ils en souverain mépris. C'était la plus grande injure, de dire à quelqu'un: «Tu es un Samaritain» (8: 48).

C'est là que nous trouvons le Seigneur, rejeté des Juifs auprès desquels il était venu, prenant la position la plus basse, lui, homme fatigué, qui n'avait pas où reposer sa tête, qui, (tel était son abaissement!) n'avait pas même un peu d'eau pour boire. Il avait rompu avec le lieu des promesses, où était le salut, et il prend sa place là où il n'y avait rien que la misère sans les promesses. Il prend part à cette misère (non pas au péché); il y prend part comme homme rejeté sur la terre: Il s'assied là, au bord de ce puits de Jacob, qui existe encore. Une femme vient pour puiser. En lui demandant un peu d'eau, le Seigneur montre à cette femme la position qu'il avait prise. La femme est étonnée: Comment? Un Juif consentir à avoir des relations avec une Samaritaine! La chose heurtait tous les usages des Juifs, qui dans un sens avaient raison. Mais la grâce franchissait toutes les limites. Jésus lui répond: Si tu savais que Dieu vient pour donner, non pour exiger; si tu savais qui est Celui qui est descendu assez bas pour n'avoir pas un peu d'eau quand il a soif, tu lui eusses demandé. Il ne dit pas: «Si tu savais qui je suis», mais «qui est celui que te dit…»; il fait une allusion directe à son abaissement, et cependant c'était Dieu manifesté en chair, Dieu qui donne, qui vient donner. — Le caractère de la femme a quelque chose d'intéressant, quoique peu honorable à de certains égards, mais intéressant, parce qu'elle est malheureuse. Je vois en elle une personne énergique, qui, dans cette énergie, cherchant le bonheur, n'a trouvé que les déceptions et la fatigue de la vie. «Donne-moi de cette eau», dit-elle, «afin que je n'aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser». Elle est attirée, attentive; elle ajoute une certaine foi à ce que dit le Seigneur, mais elle est absorbée par ses soucis, par son isolement. Et cependant il y avait quelqu'un dans le monde de plus isolé qu'elle. La misère avait isolé cette pauvre femme, la grâce avait isolé le Seigneur, et les voilà qui se rencontrent.

On trouve ici encore cette grande vérité, que, dès qu'il s'agit des choses de Dieu, l'intelligence manque totalement à l'homme; mais il a une conscience, et sa conscience est la porte d'entrée de son coeur. Aussitôt que la conscience a été atteinte, la Parole de Dieu a recouvré son autorité et l'âme reconnaît cette autorité. C'est toujours par la conscience que l'on acquiert l'intelligence spirituelle. Telles preuves qui atteignent l'intelligence humaine, n'établissent aucun lien avec Dieu. Ceux qui croyaient en Jésus quand ils voyaient ses miracles, n'avaient cependant ni conscience ni coeur. Mon intelligence peut penser à Dieu, s'en occuper; dans ce cas, mon intelligence prime Dieu: mais la conscience me dit que je suis pécheur; il faut me soumettre. Dieu peut alors prendre sa place et me parler. La conscience est la seule chose qui mette l'homme à sa place et Dieu à la sienne. C'est là que la foi commence: «Tu es un prophète». Ajoutons que lorsque la conscience est atteinte par la vérité, il y a en même temps un sentiment de la bonté de Dieu qui attire le coeur.

Une autre vérité, c'est que la Parole se prouve elle-même. On ne prend pas une chandelle pour examiner le soleil. La lumière est la démonstration de la lumière; elle manifeste toutes choses. Quand je prouverais que la Bible est la Parole de Dieu, cela ne produirait aucune foi. Sa conscience une fois atteinte, la femme accepte non seulement la chose vraie que le Seigneur lui a dite, mais le tout: «Tu es un prophète». Il ne s'agit pas seulement d'un texte qui se légitime à moi, mais c'est la Parole de Dieu et je la reçois tout entière. La femme ne dit pas: «Cela est vrai» mais: «tu es un prophète».

Il y a plus encore que la conscience atteinte et la foi. La femme s'occupe de ses habitudes religieuses; peut-être aussi y avait-il en cela quelque tentative d'esquiver la question adressée à sa conscience. Quoi qu'il en soit, le Seigneur permet la chose, parce qu'elle répond à ce changement complet qui fait le sujet du chapitre: Jérusalem et Samarie disparaissent complètement, et il faut qu'il y ait un culte en Esprit et en vérité, rendu à Dieu selon son caractère. Et non seulement «il faut»; mais la grâce (*) cherche de tels adorateurs (versets 23, 24). La nature de Dieu qui est Esprit l'exige, mais c'est en même temps la grâce souveraine. La femme dit: Je sais que le Christ viendra. Eh bien! répond le Seigneur: Je le suis. Du moment que la conscience de la pauvre femme avait été atteinte par la Parole, le Seigneur était là; mais il se révèle plus abondamment afin qu'elle sût qu'il était le Sauveur. Dans toute l'histoire des Evangiles, c'est la seule fois que nous voyons le Seigneur s'appeler lui-même le Christ; et c'est à cette pauvre femme, qui n'avait aucun droit au Christ, qui n'avait droit à rien, qu'il dit: Tu as le Christ. On trouve immédiatement l'effet de cette connaissance. Sans y penser seulement, la femme est complètement délivrée de ses soucis. Elle ne pense plus à sa cruche et court à la ville, pour dire aux hommes qu'elle a trouvé le Christ.

(*) Dans ses écrits, s'il s'agit de relations et de la grâce, Jean parle toujours du Père et du Fils. Quand il s'agit d'obligations, d'obéissance c'est toujours Dieu, considéré dans sa nature. Quant il s'agit enfin d'une source essentielle, absolue du bien, c'est Dieu.

Versets 31-45. Le Seigneur avait quitté la Judée, triste, surtout de la jalousie des Pharisiens, et fatigué de son voyage, et voilà la grâce qui, dans un sens, restaure son âme. Il a de la viande à manger que ses disciples ne connaissaient pas. Il voit, dans la conversion de cette pauvre femme, les campagnes blanches pour la moisson. Il se soumet à la volonté de son Père, et toute la gloire qui se déroule devant ses yeux, remplit son coeur. Verset 38. Il reconnaît pleinement les travaux de ceux qui avaient précédé, les travaux des prophètes, d'un Jean-Baptiste et d'autres. Verset 43. Il s'en va de là en Galilée; la Judée ne le recevait pas, et ainsi il rendait lui-même témoignage qu'un prophète n'est pas honoré dans son propre pays. Les Galiléens le reçoivent et maintenant,

Versets 46-54, il fait un autre genre de miracle en Galilée. Il donne la vie, en attendant la bénédiction de la fin, quand il changera l'eau en vin.

Chapitre 5

Nous retrouvons Jésus à Jérusalem; car en général, à la différence des trois autres évangélistes, Jean nous présente ses luttes avec les Juifs et non son ministère en Galilée. — Nous voyons ici, qu'il restait quelque chose de cette puissance angélique qui était le moyen de la bénédiction de Dieu sous la loi. Cette dernière avait été donnée par les anges; — à diverses reprises Elisée les avait vus; Dieu avait envoyé son ange auprès de Daniel, pour fermer la gueule des lions; — les anges de Dieu étaient venus au devant de Jacob; il les avait aussi vus, montant et descendant sur l'échelle; — tout cela, et bien d'autres faits semblables, signifiait qu'il y avait un gouvernement de Dieu par les anges, et que le monde d'alors leur était assujetti, tandis que ce n'est pas aux anges qu'Il a assujetti le monde à venir. Il restait encore, à ce réservoir de Béthesda, un peu de cette puissance et on y trouvait réalisées ces paroles: «Je suis l'Eternel qui te guérit». Mais ce qui caractérisait l'état de l'homme infirme — ce qui caractérise le pécheur sous la loi — c'est que la maladie l'avait privé de la force nécessaire pour se servir des moyens de guérison. Dès lors, et c'est le point capital, au lieu d'exiger cette force, le Seigneur apporte avec lui la force qui guérit. Il dit: «Lève-toi, prends ton petit lit, et marche» (verset 8), et cela communique la force. C'était un jour de sabbat. Les Juifs en font le reproche à celui qui avait été guéri. Jésus le retrouve et lui dit: «Ne pèche plus, de peur que pis ne t'arrive» (verset 14); il parle ici du gouvernement de Dieu.

Au verset 17, le Seigneur va plus loin dans les enseignements qui font suite à ce miracle. «Mon père travaille jusqu'à maintenant; et moi je travaille». Le travail de l'homme ne pouvait pas guérir, ne pouvait rien du tout; son travail est inutile et son repos impossible. D'autre part, le Père et le Fils, Dieu en grâce, ne peut avoir de repos au milieu de ce monde de péché et de misère. C'en était fini du sabbat des Juifs; il n'y avait aucun vrai repos de Dieu. Le Dieu d'amour ne peut se reposer dans la misère, ni le Dieu de sainteté dans le péché. Pour que l'homme ne soit pas livré à la condamnation, il faut que Dieu travaille.

Là-dessus les Juifs cherchent d'autant plus à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais qu'il se faisait égal à Dieu (verset 18). En effet, dans la bouche d'un homme vis-à-vis de Dieu, ces mots: «Mon Père travaille et moi je travaille», auraient été un blasphème. Le Seigneur leur répond en se plaçant comme subordonné au Père sur la terre (versets 19, 20). Ensuite, il développe quel est ce travail et son résultat: Le Père vivifie et le Fils vivifie (verset 21). Puis (verset 22), une autre manière d'établir la gloire du Fils qui était en question, c'est que, si le Père et le Fils vivifient ensemble, quand il s'agit du jugement, le Père ne juge personne, mais il a donné tout jugement au Fils exclusivement, au Fils de l'homme, qui a été humilié et injurié ici-bas. Recevoir le pouvoir de juger, fait partie de la gloire de Celui qui s'est anéanti. — La vie et le jugement, tels sont les deux moyens par lesquels le Fils est honoré. Au verset 24, il montre comment cela s'applique à nous. — Comment l'honorerai-je? Le Fils étant glorifié en me vivifiant n'a plus à me juger, car il détruirait sa propre oeuvre ou la mettrait en question. Celui qui est vivifié ne vient pas en jugement.

Dans les versets 25, 26, nous trouvons une autre vérité: Spirituellement, on n'est pas seulement faible, comme était le paralytique, mais on est mort. Nous avons ainsi ces deux côtés de l'état de l'homme et de la grâce qui y répond: Il a mérité le jugement et il ne viendra pas en jugement; il est mort, et il reçoit la vie. Cette doctrine nous place à la fois dans l'épître aux Romains et dans celle aux Ephésiens. — C'est (verset 27) celui qui est descendu si bas, en prenant cette position comme homme, que Dieu place à la tête de tous les hommes comme juge. — Versets 28, 29. Il ne faut pas s'en étonner, car Celui que Dieu a ainsi élevé, a le pouvoir de ressusciter les morts; et de sa voix il les ramènera tous sur la scène. — Il y a deux résurrections distinctes: une pour la vie et une pour le jugement. Quant à la vie et au jugement, ce chapitre forme le noyau de toute la vérité. Le seul verset 29 établit clairement qu'il y a une résurrection pour la vie et une résurrection pour le jugement, chose plus importante à connaître que l'espace de temps qui les sépare. On a invoqué ces mots: «l'heure vient» pour chercher à prouver que ces deux résurrections avaient lieu simultanément, mais on a oublié qu'au verset 25, il y a une heure qui a déjà duré plus de dix-huit siècles.

Le commencement de ce chapitre a montré la grâce qui agit pour donner la vie; la fin du chapitre, depuis le verset 30, présente l'autre côté de la vérité; et nous fait voir la responsabilité de l'homme à l'égard de la vie. La vie était personnellement présente ici-bas, en Christ. Jean-Baptiste, les oeuvres opérées, le Père, les Ecritures, lui rendaient témoignage; mais les Juifs rejetaient ces quatre témoignages; ils ne voulaient pas venir à Jésus pour avoir la vie (verset 40). Il y a plus: le Seigneur les traite déjà comme des réprouvés (versets 43, 45). Si l'Antichrist venait en son propre nom, ils le recevraient; mais quand le Fils est venu au nom de son Père, ils ne l'ont pas reçu. Un autre motif qui les empêchait de croire, c'est qu'ils ne recherchaient pas la gloire, l'approbation, qui vient de Dieu seul, l'honneur qu'Il met sur les siens, mais qu'ils recevaient de la gloire l'un de l'autre (verset 44). Rien n'empêche de croire comme la crainte des hommes; et cette crainte est selon la mesure de la position que l'on occupe. Quand même on ne rechercherait pas cette approbation du monde, la chose, en elle-même, offre plus de dangers qu'on ne le pense habituellement; notre éducation nous y pousse, et d'ailleurs, il est dans la nature du coeur humain d'aimer l'approbation. Cela s'attache au coeur, même quand le coeur ne s'y attache pas; nous ne pouvons pas nous fier à nous-mêmes. D'autre part, mépriser cette approbation n'est point, chez le chrétien, de l'indifférence hautaine ni de l'indépendance humaine, mais la dépendance de Dieu seul.

Verset 47. Dans le témoignage de Dieu, le Seigneur place les saintes écritures avant la Parole parlée. Les paroles ne sont pas une autorité pour tous les temps, tandis que Dieu a choisi l'Ecriture pour donner la certitude de sa vérité dans tous les temps. De nos jours, la chose est d'une immense importance. On voit dans la seconde épître à Timothée que l'Ecriture, «toute Ecriture», est la sauvegarde du croyant dans un temps désastreux, quand l'Eglise n'a que la forme de la piété. Pierre nous parle de prophétie, mais il ne mentionne pas tout ce que les prophètes ont proféré; il a soin de dire: «Toute prophétie de l'Ecriture» (2 Pierre 1: 20). Lorsque au désert, Christ rend nuls les efforts de Satan, sa seule arme contre l'ennemi a été: «Il est écrit». Il dit aux Juifs: «L'Ecriture ne peut être anéantie» (Jean 10: 35). Une chose mise par écrit dans le Livre de Dieu forme, par cela même, une partie de ses conseils révélés, une partie intégrante d'un tout. — Le caractère essentiel du Papisme est la guerre contre ces Ecritures mêmes, qui, dans ces derniers temps, sont notre seule sauvegarde.

Chapitre 6

Les versets 1-21 forment une espèce de cadre pour le corps du chapitre. Le Seigneur se manifeste premièrement, dans ces versets, comme Jéhovah au milieu d'Israël, comme celui dont il était dit qu'il rassasierait de pain ses pauvres. Là-dessus, ils veulent l'enlever pour le faire roi; mais c'était une pensée charnelle, et le Seigneur ne s'y prête pas; il ne prend pas la royauté, mais il se retire tout seul sur la montagne. Il les quitte; il congédie la foule et même les disciples; puis il reste à part, lui tout seul. Il est là comme sacrificateur, tandis que les disciples sont à lutter contre les flots de la mer. Aussitôt qu'il revient, tout est tranquille et rentre dans l'ordre (verset 21).

Dans le corps du chapitre nous trouvons Christ se présentant comme fils de l'homme humilié: cela se montre sous deux aspects, qui sont comme les deux degrés de son humiliation. C'est d'abord le pain descendu du ciel, puis sa chair et son sang, la nourriture des siens durant son absence. — Le chapitre 5 nous l'a montré comme fils de Dieu qui vivifie; le chapitre 6 nous le présente comme le fils de l'homme qui est donné pour la vie.

Dans les versets 37-40 nous trouvons, d'une manière remarquable, l'élection et l'assurance qui l'accompagne, puis la présentation de Christ à tout le monde. — «Tout ce que le Père me donne viendra à moi; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi» (verset 37). Ici, il attribue la grâce au Père, il prend la place d'humiliation et de service, il reçoit tous ceux que le Père lui envoie. Peu importe ce qu'il a éprouvé de leurs procédés, le Père les lui envoie, il les reçoit. — Verset 39. Le salut de tous ceux que le Père lui a donnés est assuré. C'est la grâce du Père qui donne; le Fils ne perd aucun de ceux qui lui ont été donnés, et il les ressuscite au dernier jour. — «Mais que je le ressuscite». Cette puissance de la grâce souveraine met les Juifs entièrement de côté et n'a rien à faire avec leur système. La bénédiction n'est plus pour la terre, mais dans la résurrection, pour le dernier jour, pour la gloire. — «Au dernier jour», c'est le dernier jour du siècle de la loi. Quand le Messie prendra sa position de Messie au dernier jour, il ne restaurera pas l'homme comme enfant d'Adam; il ressuscitera. Le siècle de la loi s'est, dans un sens, terminé à la croix, et le siècle du Messie n'est pas encore arrivé. L'Eglise est entre deux; elle n'appartient à aucun siècle. Au verset 40, nous avons, ainsi que nous le disions plus haut, la présentation de Christ à tous. Le salut des élus était assuré; mais c'était la volonté du Père, que quiconque discernait le fils et croyait en Lui, eût la vie éternelle; sur cela, les Juifs murmurent (versets 41-43). Jésus leur répond (verset 44), en affirmant l'élection: «Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire»; puis il leur cite (verset 45) le passage d'Esaïe: «Et ils seront tous enseignés de Dieu» pour montrer que la Parole de Dieu conduit à lui.

Le verset 51 est une transition de la vérité de son incarnation, à celle de sa mort. Dans ce passage le pain devient sa chair, sa mort; Christ était fait chair, mais il était là pour mourir. Telle est la nourriture des siens ballottés sur la mer, tandis que Lui, après avoir refusé la royauté, prend la position de sacrificateur en haut. En pratique on ne peut manger le pain (se nourrir de Christ vivant, de Christ homme), qu'après avoir mangé sa chair et bu son sang, c'est-à-dire après qu'on a connu le Christ mort, et la communion de sa mort. S'il n'était pas mort, nous ne saurions trouver dans son humanité, rien pour notre âme. Maintenant, le croyant a les deux choses; il a commencé par manger la chair et boire le sang, quand il a cru; puis, ayant cru, il se nourrit de lui tous les jours.

Il est important de voir que, dans ce passage, il s'agit de Christ réellement mort. Ce chapitre ne présente nullement la cène, quoique la cène célèbre la chose dont le chapitre parle. S'il s'agissait de la cène, il s'en suivrait que tous ceux qui la prennent vivent éternellement. La même remarque s'applique au chapitre 3, qui parle de la chose dont le baptême est la figure, et non du baptême proprement. La thèse générale du chapitre 6 est qu'on se nourrit de Christ, fils de Dieu, fait homme; mais il faut arriver à reconnaître la mort, et la mort en Christ, pour pouvoir vivre de lui, parce qu'on n'a pas la vie en soi-même. Cette même vérité, que la vie éternelle est dans le Fils et non pas dans le premier Adam, nous est enseignée dans 1 Jean 5: 6-12. Là, l'apôtre cite trois témoins à l'appui, l'eau, le sang et l'Esprit. D'où avons-nous cette eau? — Du côté d'un Christ mort. Il est donc certain qu'elle ne vient pas du premier Adam, car la vie nous est donnée, quand tout était perdu et fini en ce qui le concerne. Et le sang? — Il sort d'un Christ mort. Il n'y a donc aucune connexion de ces choses avec l'homme vivant. Et l'Esprit? — Il a été donné lorsque Christ est monté en haut.

Il faut considérer la mort de Christ, non seulement comme expiation, mais comme un aliment dont l'âme se nourrit. La croix est l'événement, vers lequel converge toute l'histoire de l'éternité. Tout le bien et le mal s'y rencontrent; mais le bien y domine par la mort. La création de l'homme a soulevé la question du bien et du mal pour l'univers. La croix l'a vidée. A la croix, je trouve le mal à son comble dans l'homme — fils d'Adam; — le bien en perfection dans l'homme — Christ Jésus; — le Diable en mal; Dieu en bien, dans sa justice parfaite, et pour le pécheur. C'est en suite de la croix que les conseils de Dieu ont pu être révélés; c'est à la croix que la responsabilité de l'homme, fils d'Adam, prend fin; là aussi est le jugement de ce monde. — La mort de Christ est le centre de tout. Nous nous nourrissons de sa mort; c'est pour nous la grâce, le salut absolu, la certitude d'être ressuscités au dernier jour.

Après avoir vu sa venue en chair dans le pain, sa mort dans le sang et la chair, nous trouvons son ascension mentionnée, pour ainsi dire, en passant (verset 62). «Dès cette heure-là plusieurs de ses disciples se retirèrent», prouvant ainsi la vérité de ce qu'Il avait dit: que nul ne pouvait venir à lui, à moins qu'il ne lui fût donné du Père (verset 65); mais la foi réelle garde l'âme, alors même qu'il y a une ignorance totale quant aux vérités que Jésus enseigne; car les paroles de Pierre (versets 68, 69) ne sont pas une réponse à ce que le Seigneur avait dit auparavant. Quant à ceux qui le quittent, Jésus ne cache point la vérité pour les épargner. Ils ne pouvaient croire qu'il fût le pain du ciel; et aussitôt il leur annonce quelque chose de bien plus choquant, savoir qu'il leur fallait manger sa chair et boire son sang.

Chapitre 7

Ici surgit la question, si le Seigneur peut célébrer la fête des tabernacles. Cette fête était de huit jours; les autres fêtes duraient sept jours, celle-ci dépassait ce qui était complet, faisant ainsi allusion aux choses éternelles, célestes. Le huitième jour était le grand jour de la fête, mot qui n'est employé que pour ce jour, et une fois aussi pour la Pâque. La fête des tabernacles avait deux caractères. Elle était d'une part le souvenir du pèlerinage du peuple, ce pèlerinage une fois terminé; d'autre part elle était le repos, mais le repos après la moisson et la vendange, c'est-à-dire après l'exécution du jugement. — Les frères du Seigneur, représentants des Juifs, lui disent: «Montre-toi au monde, toi-même» (verset 4). C'est ce qu'il fera lors de la vraie fête des tabernacles, mais «son temps» (son occasion, son opportunité) n'était pas encore venu. Quant à vous, dit-il (verset 6), «votre temps est toujours prêt». Ils étaient avec le monde et leur position n'offrait aucune difficulté; le monde ne pouvait les haïr. Quant à lui, il ne montait pas à cette fête.

Ce chapitre est tout rempli des opinions du monde sur Lui. Tous sont embarrassés à son sujet; les pensées se croisent et tourbillonnent autour de lui. La foule dit: «Qui est-ce qui cherche à te faire mourir?» (verset 20) tandis que les Juifs savent bien qu'on veut le tuer (verset 25).

Versets 37-40. Ne pouvant venir fêter les tabernacles, il donne le Saint Esprit. C'était le huitième jour de la fête, et il s'agissait de savoir si, comme chose actuelle, il pouvait se montrer au monde et régner en gloire. Il ne le pouvait pas, mais il donne le Consolateur. Les choses divines, tout ce que le Saint Esprit nous donne, nous appartiennent maintenant. Tout ce qui est révélé est pour nous, tandis qu'il n'en était pas ainsi au temps des prophètes. — «Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi». C'est ainsi que les choses se passent. On a soif, on vient à Christ, on boit, et, de celui qui a bu, l'eau découle pour les autres; mais on commence toujours par recevoir pour soi-même, et jamais on ne reçoit uniquement pour communiquer. Ce principe est bien important pour l'exercice des dons: si l'on n'a pas bu pour soi-même, ce qu'on communique manque entièrement de saveur.

Jusqu'ici nous avons vu: au chapitre 5, Christ, fils de Dieu, vivifiant; au chapitre 6, Christ, fils de l'homme, humilié; au chapitre 7, Christ qui, au lieu de paraître en gloire, donne le Saint Esprit. — Le chapitre 8 va nous montrer la parole de Christ définitivement rejetée; le chapitre 9, le rejet de ses oeuvres. Au chapitre 10, il montre qu'il aura ses brebis quand même. Les chapitres 11 et 12 nous présentent les témoignages que le Père rend à Christ, lorsqu'il est rejeté. Au chapitre 11, c'est le témoignage rendu au Fils de Dieu; au chapitre 12, le témoignage rendu à sa position publique: d'abord comme Fils de David entré à Jérusalem, ensuite comme Fils de l'homme, quand les Grecs viennent à lui. Dès lors il annonce son départ et il est considéré dans les chapitres suivants (*) comme s'en étant allé et en ayant fini avec la terre. — Le chapitre 13 nous le montre comme avocat en haut, lavant les pieds de ses disciples. Au chapitre 14, il parle des consolations que les siens auraient en son absence. Au chapitre 15, il est le vrai cep et remplace tout à fait Israël. Au chapitre 16 (et à la fin du 15e), nous trouvons divers aspects de la présence du Saint Esprit, qui prend la place du Seigneur. Au chapitre 17, dans une communication avec son Père, il place les disciples vis-à-vis du Père et vis-à-vis du monde, en relation avec Lui-même, dans la nouvelle place qu'il prend. Les chapitres 18 et 19 donnent l'histoire de sa mort, Gethsémané et la croix. Le chapitre 20 fait une espèce de tableau de toute l'économie actuelle (sauf que les écrits de Jean ne nous parlent pas de l'Eglise) comme résultat de sa mort. Enfin le chapitre 21 nous transporte dans le Millénium, sans qu'il soit question de l'ascension.

 (*) Sauf le 15e où il parle de ce qu'il a été sur la terre.

Chapitre 8

Verset 1. Jésus n'avait pas de maison où aller, lorsque chacun retournait à la sienne. Versets 3-11. Histoire de la femme adultère. Le Seigneur commence par donner sa vraie force à la loi, avant de présenter la lumière du monde, qui était la lumière de vie. La vraie force de la loi, c'est de condamner tout homme, de le placer judiciairement sous la mort. C'est l'opposé de la lumière de vie, qui était en Jésus. La méchanceté des scribes et des pharisiens est évidente en ceci, qu'ils pensaient le prendre en faute, quoiqu'il pût répondre. Si le Seigneur avait répondu que cette femme ne devait pas être lapidée, il renversait la loi de Moïse; et s'il avait dit le contraire il n'était pas un Sauveur. Mais lui, s'étant baissé, écrit avec le doigt sur la terre. Il les laisse se compromettre entièrement, car ils le croyaient embarrassé. Lorsqu'ils continuent à l'interroger, il dit: «Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle». La loi de Moïse est parfaitement juste, le péché de cette femme est abominable devant Dieu et devant les hommes… et vous autres? Leur conscience est atteinte. Ils pensent à leur réputation, Les plus âgés, ceux qui avaient le plus de réputation à conserver, sortent les premiers. Tous se retirent. Le Seigneur, laissé seul avec la femme, ne lui dit pas «Ta foi t'a sauvée, va-t-en en paix». Il laisse sa force à la loi. La femme n'était que l'occasion d'exposer la loi aux autres. — Le point capital de toute cette scène, c'est que, si l'homme veut appliquer la loi à d'autres, il ne peut être question seulement de péchés grossiers, et qu'ainsi tout homme est condamné.

Après avoir donné toute sa force à la loi, le Seigneur peut montrer l'autre côté, pour ainsi dire. Il est la lumière de la vie, tandis que la loi était la condamnation. Il introduit une chose toute nouvelle. Depuis le verset 13 nous trouvons le témoignage de sa parole, non pas encore les oeuvres, qui viennent dans le chapitre suivant. Au verset 23, l'opposition entre Lui et eux se dessine. Ce qui est du monde est d'en bas, du diable; ce qui n'est pas du monde est d'en haut. Le Seigneur est poussé par leur propre insistance à leur découvrir toujours plus ouvertement leur état, jusqu'à ce qu'il leur dise enfin: «Vous avez pour père le diable» (verset 44). On voit qu'il les ménage au commencement; qu'il ne veut pas leur dire les choses d'une manière trop dure; mais ils le pressent tellement, qu'il faut que cette parole terrible soit prononcée. — Au verset 25, ils lui demandent: Qui es-tu? — «Absolument» (en principe, essentiellement), «ce qu'aussi je vous dis», leur répond Jésus. Ce qu'un honnête homme dit, est l'expression de ce qu'il est; la parole de Jésus était l'expression parfaite de lui-même. — Versets 26, 28. «Les choses que j'ai ouïes de lui, je les dis au monde». «Selon ce que le Père m'a enseigné je dis ces choses». Nous retrouvons toujours la parole dans ce chapitre. Lui parle; le Père l'envoyait, était avec lui, et ce qu'il disait était l'expression de ce qu'il était. Verset 33. «Jamais nous ne fûmes dans la servitude de personne». Les malheureux! Ils parlaient de liberté et ils étaient, dans ce moment-là, esclaves des Romains! Mais le Seigneur ne leur parle ni des Romains, ni de leurs circonstances extérieures. Ils étaient esclaves du péché (verset 34). Il est très frappant de voir, dans cette réponse du Seigneur, ce qui du reste se retrouve dans les écrits de Paul: que, se trouver sous le péché ou sous la loi, est la même chose. «Le Fils» du verset 35 est en contraste avec Israël sous la loi, qui était esclave, mais esclave du péché. Le fils était de la maison, Israël n'était pas de la maison, mais dans la maison; le maître pouvait le renvoyer, et, de fait, il l'a été. Au verset 32 nous avons ces mots: «La vérité vous affranchira»; au verset 36. «Si donc le Fils vous affranchit». La vérité, c'est la Parole de Dieu, qui révèle Dieu tel qu'il est, un Dieu d'amour, et qui révèle aussi la rédemption; mais c'est le Fils personnellement qui accomplit cela. Toute la vérité que Christ a apportée avec lui, affranchit l'âme devant Dieu. Alors, la révélation du Fils donne davantage: «vous serez véritablement libres», parce qu'on n'a pas seulement l'affranchissement de la conscience et de l'âme, mais on a aussi une relation avec le Fils lui-même. — La vérité est une chose infiniment importante pour nous; c'est l'introduction des pensées, de la lumière et de la volonté de Dieu dans le monde; et elle nous place en relation avec Dieu. La Parole, ce sont les pensées divines, parfaitement adaptées à l'homme. Jésus était la Parole et la Vérité.

Verset 43. «Pourquoi n'entendez-vous pas mon langage? Parce que vous ne pouvez pas ouïr ma parole». C'est le contraire des choses humaines, à l'égard desquelles, pour les saisir, il faut d'abord comprendre le langage. Dans les choses de Dieu, au contraire, je ne pourrais par exemple comprendre ce que signifie être né de nouveau, si je n'avais pas d'abord la chose elle-même, la nouvelle naissance.

Au verset 44, nous trouvons deux caractères de Satan: Il est meurtrier et menteur; puis un troisième caractère du mal, la corruption ou la convoitise, qui est chez l'homme le résultat de l'action de Satan. Ils étaient, moralement parlant, des enfants du diable; et, chose terrible à dire, ils aimaient le mensonge; puis (verset 45), ils ne croyaient pas le Seigneur, parce qu'il disait la vérité. — «Vous n'entendez pas», dit-il plus loin, «parce que vous n'êtes pas de Dieu». La position se dessine toujours plus formellement entre lui et les adversaires. Le Seigneur est poussé au pied du mur par l'iniquité de l'homme, qui fait ainsi ressortir sa divinité; mais il vient en grâce, comme la lumière de la vie, et eux n'en voulaient pas; ils étaient les ténèbres de la mort! Mais ils se disaient être le peuple de Dieu dans ce monde; aussi répondent-ils tout de suite: «Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon?» Dans sa réplique, versets 49-51, le Seigneur leur dit: «Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra point la mort, à jamais». Il était la lumière de la vie; si on gardait cette parole, on ne voyait pas la mort. Même si on la recevait alors, la mort était arrêtée temporellement dans sa puissance ici-bas. — Verset 56. Abraham avait prévu la journée du Messie en gloire. Il l'a vue par la foi, quand il lui a été dit que toutes les nations seraient bénies en sa semence. Tous les anciens fidèles pensaient au Messie. Verset 58: «Avant qu'Abraham fût, je suis». Je suis, c'est l'existence absolue. Quand il est appelé: «Celui qui est, qui était et qui vient», c'est l'existence continue; il entre dans le temps pour se mettre en relation avec les hommes. — Les Juifs prennent des pierres pour le lapider; ils comprennent bien qu'il voulait leur dire qu'il était Dieu. Toute la conversation de ce chapitre développe ce que Christ est, mais en même temps ce qu'ils sont; qu'ils sont du Diable, de l'adversaire de Dieu.

Dans tout ce chapitre, nous voyons, il est vrai, le témoignage du Fils comme lumière, mais avant tout sa parole; il est absolument, parfaitement, ce qu'il dit. Nous ne trouvons ici aucun miracle; il n'en appelle pas à ses oeuvres.

Chapitre 9

Au chapitre 9, ce n'est plus seulement le rejet de sa parole, mais celui de ses oeuvres (cf. verset 3). En outre, ce n'est plus la lumière devant des aveugles, mais il faut autre chose; il faut que Christ donne la capacité de la voir et pour cela qu'il soit reconnu comme Envoyé. Verset 3. «Ni celui-ci n'a péché». A la fin du chapitre les Juifs sont assez malheureux pour dire précisément le contraire (verset 34). Verset 4. «La nuit vient»; mais pendant qu'il était ici-bas, et jusqu'à son départ, il était la lumière du monde, non pas des Juifs qui, comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents, sont toujours traités comme des réprouvés. «La nuit vient»; tout allait être fini pour le monde; le Seigneur une fois parti, le monde n'aurait plus de lumière du tout. Il ne faisait jour, que tandis que le soleil était là. — Jusqu'à la croix de Christ, le monde n'est jamais traité comme perdu; il est traité comme responsable; et, dans ce sens, il pouvait recevoir; mais, Christ une fois rejeté, tout est fini. On trouve bien, ensuite, l'Evangile du royaume en gloire, mais plus rien pour ce monde. Christ n'est plus la lumière du monde. Sans doute il peut sauver hors du monde, et il le fait; il retire du présent siècle mauvais; il emploie ses serviteurs pour cela; mais l'affaire de ceux-ci n'est pas d'amener le monde à croire; tout en présentant Sa gloire devant le monde, ils travaillent en dehors de celui-ci. Le Saint Esprit agit maintenant, mais le monde ne peut pas le recevoir. L'état du monde est une chose jugée. Je le répète, Christ n'est plus la lumière du monde; il est celle des croyants.

«Ayant dit ces choses, il cracha en terre…» (verset 6). De cette boue il fait un onguent; Il met cet onguent sur les yeux de l'aveugle. Voilà ce qui arrivait aux Juifs en ce moment; la personne de Christ, Dieu et homme, présentée aux Juifs quand ils étaient déjà complètement aveugles, ne faisait que les aveugler encore davantage, et nous en trouvons la preuve au chapitre 8. Mais, aussitôt que, par l'opération de l'Esprit, on le recevait pour l'Envoyé de Dieu (Siloë), on voyait clair; les yeux étaient ouverts.

Il est remarquable de voir, dans la suite de ce récit, comment Dieu tire les choses au clair, là où l'homme agit selon ses propres principes. Les parents (versets 20-23) craignent de dire ce qu'ils pensent de tout cela; mais les deux choses réellement importantes ici, d'abord que cet homme était leur fils, puis qu'il était né aveugle, Dieu les leur fait dire.

Dans la comparution du ci-devant aveugle (versets 24-34), on trouve que, une fois l'oeuvre opérée en quelqu'un, il rend témoignage d'une manière puissante. «Vous avez beau raisonner», dit-il, «il me suffit de savoir que j'étais aveugle et que je vois». Il a la conscience de cette oeuvre en lui-même; il est fort de ce qu'il a. Verset 34: «Tu nous enseignes». Il voulait les enseigner, eux des docteurs! C'était trop! Ils le chassent.

Le voilà jeté dehors, mais le Seigneur y était déjà; Il trouve cette brebis dehors et lui dit: «Crois-tu au Fils de Dieu?» (verset 35). Il croyait déjà en Jésus, il avait confiance en sa parole; maintenant la valeur de la personne du Fils lui est révélée.

Verset 39. «Je suis venu dans ce monde pour [le] jugement». De fait, il est venu, non pour juger, mais pour sauver, et le monde est dans un tel état, que le résultat de sa venue pour le monde est le jugement, non le salut. Voilà le jugement prononcé, et le chapitre 10 va nous montrer qu'il veut avoir ses brebis, un peuple pour lui-même, en dehors de ce qui est jugé.

Chapitre 10

Au commencement du chapitre, le Seigneur entre dans le bercail; il prend ses brebis et les mène dehors. Il entre «par la porte», par le chemin ordonné de Dieu pour la manifestation du Messie. Ainsi il est né d'une vierge, né à Bethléhem il a été baptisé par Jean, etc. C'est ainsi que Christ devait être introduit, s'il était le vrai berger d'Israël. La porte implique donc toutes les choses que Dieu avait préordonnées pour son Messie. Quand il se présente ainsi, «le portier lui ouvre» (verset 3). Les scribes et les pharisiens faisaient tout leur possible pour empêcher les brebis d'aller vers lui; mais Dieu assure l'entrée à Christ, en sorte que les «brebis écoutent sa voix». Puis (verset 4), «quand il a mis dehors toutes ses propres brebis, il va devant elles». Il est le premier rejeté; il faut que les brebis le suivent.

Au verset 7, il devient «la porte». Il est entré par le chemin que Dieu lui avait tracé, mais il est pour nous le chemin que Dieu nous trace. Maintenant les brebis entrent et sortent, et trouvent de la pâture (verset 9). Quand le Seigneur prend ainsi ses brebis sous ses soins, il y a pour elles salut, liberté et nourriture. Nous avons ici les soins du berger, tandis que le bercail n'était, au fond, qu'une prison qui préservait les brebis de l'attaque des bêtes féroces. Dans le bercail il n'y avait rien à manger; ce n'était pas le salut, et c'était l'opposé de la liberté. Il est important de voir que désormais la sûreté des brebis dépend des soins d'un berger et non pas des murailles d'un bercail.

Au verset 10, il apporte «la vie» aux brebis qui ne l'avaient pas et il l'apporte «plus abondante» à celles qui l'avaient déjà. La résurrection entre pour beaucoup dans ce don de la vie; il est selon la puissance de la résurrection. C'est après cette dernière qu'il souffle sur ses disciples, et qu'ils reçoivent l'Esprit de Dieu comme puissance de vie.

Les versets 11-13 présentent la différence entre le bon berger et le mercenaire. Ce dernier, qui soignait les brebis parce qu'il était payé, tenait à sa vie et à ses gages. Quand il y a des mercenaires, le loup ravit et disperse les brebis. Il n'est pas dit qu'il les tue, mais qu'il les ravit. Dans un sens, quant à leur sécurité éternelle, nul ne peut les ravir de la main de Jésus, mais le loup les ravit quant à leur condition ici-bas, et les disperse. Sous le patronage du clergé mercenaire tout le troupeau était dispersé; mais le bon berger met sa vie pour les brebis (verset 11).

Ici ce n'est pas l'idée de l'expiation, mais de l'amour et de la fidélité. Il met sa vie; ce n'est pas seulement qu'il la laisse d'une manière passive; mais il s'agit de son activité, de son dévouement pour les brebis. Lorsqu'en Gethsémané Satan venait pour ravir et disperser les disciples, le Seigneur met sa vie pour eux et dit: Laissez aller ceux-ci.

Versets 14, 15. Les brebis sont placées dans la même relation avec lui, le Berger, que lui-même occupe vis-à-vis du Père. Le Père avait toujours les yeux sur lui; lui, a toujours les yeux sur nous. Le Père le connaît et il connaît le Père; Lui connaît ses brebis et ses brebis le connaissent.

Verset 16. Dès qu'il a parlé de sa mort, il introduit les Gentils; il a d'autres brebis; et ainsi il y aura un seul troupeau, un seul berger.

Au verset 17, nous trouvons une des paroles les plus remarquables de tout le Nouveau Testament. «A cause de ceci le Père m'aime, c'est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne». En dehors de toute question de brebis, Christ seul, — et il l'a fait à la croix, — pouvait donner à son Père un motif pour l'aimer. Aucune créature ne peut donner un motif pareil à Dieu et je vois là un témoignage évident à la divinité de la personne du Seigneur. Aucun homme n'aurait, non plus, le pouvoir de laisser sa vie et de la reprendre (verset 18). Il ne dit pas que le Père l'aime parce qu'il laisse sa vie pour les brebis, car, dans ce cas, les brebis seraient le but de tout; mais nous avons ici le fait qu'il laisse sa vie, — «Afin que je la reprenne». Il ne pouvait être retenu par la mort, mais il laisse sa vie. Dieu voulait que la mort fût vaincue, et cela ne pouvait avoir lieu que si celui qui avait la puissance de vie en lui-même, laissait sa vie. La mort avait mis entre les mains de Satan la puissance sur la plus belle créature de Dieu, sur l'homme. Brebis ou non, tous étaient sous cette puissance, et lorsque tout est ruiné il donne sa vie pour la reprendre et pour établir ainsi la vie, comme vie éternelle, sur un pied tout nouveau. C'est la victoire sur tout ce qui avait été prononcé contre l'homme par le jugement de Dieu; sur tout ce qui avait placé la créature de Dieu sous l'empire de Satan. La gloire de Dieu était intéressée à ce que l'homme fût sorti de la position où le péché l'avait placé. La croix va beaucoup plus loin que la rédemption de pauvres pécheurs. Elle est une chose unique dans l'histoire de l'éternité; jamais rien ne pourra lui être comparé, si ce n'est le coeur de celui qui mourut sur elle. Elle est envisagée ici sous l'aspect de la mort. «je laisse ma vie». Il avait pris une vie pour la laisser et la reprendre, afin qu'il y eût victoire complète à la gloire de Dieu. A la croix il s'agissait premièrement d'effacer nos péchés et nous verrons plus loin que Dieu était glorifié en elle. Mais je vois à la croix tout le bien et le mal moral amenés à leur comble et entièrement manifestés. Le mal dans l'homme est au comble, la haine contre Dieu manifesté en bonté — puis aussi le mal en Satan, quand il mène le monde entier contre Christ, — Le bien dans l'homme est au comble; la perfection de l'obéissance et de l'amour du Père en Christ — enfin, en Dieu, c'est la perfection de la justice contre le péché et de l'amour. Je trouve donc à la croix le bien et le mal au plus haut degré — mais j'y trouve la question du bien et du mal entièrement résolue, et la victoire parfaite du bien. — «J'ai reçu ce commandement de mon Père». Il entreprend librement la chose, mais toujours dans l'obéissance. Aussitôt qu'il devient serviteur, tout est obéissance.

Versets 26-30. Au verset 26, nous trouvons l'élection d'une manière très positive. Verset 27. «Mes brebis écoutent ma voix». Le Seigneur déclare au sujet de ses brebis tous ces privilèges et ce qui les caractérise: Elles écoutent sa voix, il les connaît, elles le suivent; il leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais. Il n'y a pas de force majeure contre leur sûreté, ni de cause de défaillance intérieure. Au verset 29, le Seigneur ajoute que, dans cette oeuvre de grâce, le Père et le Fils sont associés. Il faudrait être plus puissant que Dieu pour les ravir de sa main. Moi et le Père sommes un.

Les versets 34-36 ne sont pas un enseignement, mais le Seigneur montre aux Juifs que, sur leur propre terrain, ils sont sans excuse. Si la Parole peut se servir du mot: «dieux», pour caractériser des hommes, comment blasphémerai-je, moi qui ai dit moins que cela en m'appelant fils de Dieu? A leur propre point de vue, les Juifs n'avaient aucun droit de blâmer ce qu'il avait dit. — Mais il ajoute: «Afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi et moi en lui». Cela, aucun des juges dont il est question dans le passage cité plus haut, n'aurait pu le dire de lui-même. Toutefois, en se présentant comme étant un avec le Père, il ne sort jamais de sa position de dépendance. Il prend une place subordonnée, il garde jusqu'au bout son caractère de serviteur, disant de lui-même: «celui que le Père a sanctifié et qu'il a envoyé dans le monde». Ce titre d'envoyé est très caractéristique dans l'Evangile de Jean. De fait, extérieurement, il n'a été envoyé qu'après son baptême; mais ces mots: «envoyé dans le monde», prennent les choses de plus haut. Il en est de même pour le mot: «sanctifié». Dieu lui avait préparé un corps; il prend ce corps et est mis à part dès le ventre de sa mère, mais même avant cela dans un certain sens. Les versets 36-38 nous présentent de nouveau les deux témoignages, celui de sa parole et celui de ses oeuvres, que nous retrouverons encore à la fin du chapitre 15.

Chapitre 11

Les trois chapitres que nous venons de considérer forment un ensemble. Les chapitres 11 et 12 nous présentent les divers témoignages que Dieu rend à Christ une fois qu'il a été rejeté. Au chapitre 11, nous trouvons le témoignage rendu au Fils de Dieu par la résurrection de Lazare; au chapitre 12, le témoignage rendu au Fils de David et au Fils de l'homme.

Lazare était malade et ses soeurs envoient vers Jésus pour le lui dire. Jésus répond (verset 4): «Cette maladie n'est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle». Le Fils de Dieu est glorifié par la puissance de la résurrection. — Puis le Seigneur demeure encore deux jours au lieu où il était. Toute son affection pour Lazare ne l'engage pas à faire un seul pas pour aller le trouver; il n'avait pas de parole du Père pour s'y rendre. Mais après cela, Il dit à ses disciples: «Retournons en Judée». C'est l'obéissance parfaite du serviteur de Dieu; le Seigneur ne s'en écarte jamais; l'Evangile de Jean nous en offre continuellement des exemples. Il attend le moment de la volonté de son Père; puis, lorsque ce dernier a parlé c'est pour lui la lumière qui le guide (verset 9). Une fois cette volonté manifestée, alors même que ce serait pour lui le chemin de la mort (verset 8), rien ne peut l'arrêter.

La grande vérité qui nous est présentée dans la suite de ce chapitre, c'est la puissance du Fils de Dieu dans la résurrection, en contraste avec les miracles qu'il avait faits jusque-là — et cette puissance déployée au milieu d'une scène où la mort domine. Marthe, Marie, les Juifs, disent tous la même chose: «Si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort» (versets 21, 32); puis: «N'aurait-il pas pu faire aussi que cet homme ne mourût pas?» (verset 37). Telle est leur pensée à tous; ils peuvent bien comprendre la guérison, mais à la mort il n'y a pas de remède; elle domine sur l'homme. Les hommes sympathiseront avec les parents du défunt, pleureront avec eux, aideront à mettre le corps dans le tombeau, mais tout cela ne change rien au fait terrible que la mort domine. Malgré toute la sympathie dont il fera preuve, l'homme est impuissant en face de la mort. — Le Seigneur, lui, pleure avec eux (et quelle sympathie est comparable à la sienne?) mais en même temps il ressuscite — il domine la mort.

Marthe, qui avait couru à sa rencontre, ne comprend rien de cela. Elle voit en lui le Messie qui a une certaine influence auprès de Dieu: «Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera»; et quand Jésus lui répond: «Ton frère ressuscitera», elle reste dans la vérité judaïque et ne va pas au delà: «Je sais qu'il ressuscitera en la résurrection au dernier jour». Le Seigneur lui présente sa personne; c'est lui qui est la résurrection et la vie. Il a la vie en lui-même, dans sa personne, et cette puissance de résurrection, introduite dans le second homme quand la mort était entrée par le premier homme. Sans lui, la mort reste dans toute sa puissance. «Je suis la résurrection et la vie»: Parce que la mort était entrée, il fallait la vie par la résurrection; il fallait absolument la résurrection pour être délivré de la mort. Si les morts ne ressuscitent pas, la mort domine encore et n'est pas un ennemi vaincu. — Si Christ n'avait pas été rejeté, il aurait pu ressusciter un Abraham et un Jacob comme il avait ressuscité Lazare; et ceux qui vivaient et croyaient en Lui ne seraient pas morts du tout (versets 25, 26). Dans le Millénium les saints ne mourront pas, parce que Satan sera lié et que, par ce fait, la puissance de la mort sera annulée. — Christ a la vie en lui-même et par conséquent la vie accompagne la position qu'il prend. Quand il ressuscite Lazare, il le ressuscite pour ce monde; quand il monte en haut notre vie est cachée avec lui en Dieu; quand il reviendra, les croyants qui sont morts ressusciteront.

«Crois-tu cela?» dit le Seigneur Jésus à Marthe. — «Oui Seigneur», répond la pauvre femme; puis elle s'en va immédiatement. Il est évident qu'elle ne se sent pas à la hauteur des pensées de Jésus. Elle s'était avancée, elle rencontre la pensée du Seigneur et s'en va; mais c'est pour appeler secrètement Marie sa soeur: «Le maître est venu», lui dit-elle, «et il t'appelle». De fait, ce n'était pas vrai qu'Il appelât Marie; mais moralement c'était la vérité, car Marthe sentait que la place de Marie était là. Cette dernière se lève promptement et s'en vient à lui. Elle se jette à ses pieds; elle a plus de coeur que sa soeur, mais elle n'a pas plus de foi. Le coeur de Jésus voit que la mort domine même l'esprit de celle qui avait été à ses pieds, écoutant ses enseignements. Il frémit en son esprit, et se trouble; puis il pleure. Les Juifs disent, en le voyant pleurer: «Voyez comme il l'affectionnait». Mais c'était bien plus que cela, qui provoquait ses larmes et le faisait frémir; c'était le sentiment de la puissance et de la domination de la mort sur tous les hommes, sur tous les esprits, même sur celui de Marie. Combien il est frappant de voir comment le Seigneur sent la puissance de la mort sur les autres; comment il entre en esprit dans les effets de cette puissance qui domine sur tous les hommes! Et quand Il est sur le point de crier à haute voix: «Lazare, sors dehors!» la pauvre Marthe n'avait autre chose à dire que ces mots: «Il sent déjà». Voilà où tout aboutissait pour elle. Lui, démontre qu'il est la résurrection et la vie; mais, chose remarquable, dans ce moment même, il n'agit pas, lui le Fils de Dieu, sans montrer, comme homme, sa dépendance complète du Père. Il lève les yeux en haut et dit: «Père, je te rends grâces de ce que tu m'as entendu» (verset 41).

Aux versets 45-47, nous retrouvons, ce qui est un des caractères de l'Evangile de Jean, Jésus en lutte avec toutes les puissances du mal à Jérusalem. Au milieu de toute cette hostilité, Caïphe prophétise «que Jésus allait mourir pour la nation; et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés». Nous trouvons ici ces deux vérités importantes: d'abord que la mort de Christ ne s'applique pas seulement au salut d'une âme, mais à la délivrance de la nation; ensuite, qu'il n'est pas mort seulement pour la nation, mais pour rassembler les enfants de Dieu, pour former une unité de famille; car l'Evangile de Jean ne parle jamais proprement de l'unité du corps, mais de celle des individus réunis en famille. Il ne s'agit pas ici de les sauver pour les introduire dans le ciel, mais de réunir ceux qui étaient dispersés ici-bas.

Chapitre 12

Au milieu de ces divers témoignages rendus à Christ, nous trouvons à Béthanie (versets 1-8) un tout petit résidu, caché, mais qui entre de coeur dans les circonstances du Seigneur. Tandis que, même les disciples se laissent entraîner par Judas, qui cherche à représenter la folie d'une dépense inutile (comparez Matthieu 26: 8), l'affection de Marie monte en proportion de la haine qu'elle voit s'élever autour de son Seigneur. Elle sent, pour ainsi dire, que la mort est dans l'air pour Jésus et elle l'oint pour le jour de sa sépulture. Marie a un coeur prophétique. — On aime à s'arrêter sur ce passage, à voir le Seigneur dans cette retraite de Béthanie, seul endroit où, dans un certain sens, il se trouvât à son aise.

Dans les versets 12-19 nous trouvons, ce qui du reste n'appartient pas à l'idée générale de l'Evangile de Jean, le témoignage rendu à Christ comme Fils de David et roi d'Israël. Le monde va après lui; mais quel épouvantable état moral nous découvrons en même temps chez les principaux sacrificateurs! (verset 10). Ils tiennent conseil pour faire mourir aussi Lazare, parce que, à cause de lui, plusieurs des Juifs s'en allaient et croyaient en Jésus.

Les versets 20-26 nous présentent le témoignage rendu au Fils de l'homme. «L'heure» dit-il «est venue pour que le Fils de l'homme soit glorifié»; mais pour que cela puisse avoir lieu il faut qu'il meure, que le grain de froment tombe en terre; ensuite, ajoute le Seigneur, il s'agit de me suivre en chargeant sa croix. — Il ne parle pas de sa mort lorsqu'il est déclaré Fils de Dieu et roi d'Israël, car il était tel de son vivant, mais, quant à sa position de Fils de l'homme, il ne peut la prendre officiellement, sur les nuées et en puissance, sans la mort. Il est Fils de Dieu, né en Israël, et roi, selon le Psaume 2; mais pour qu'il soit Fils de l'homme selon le Psaume 8, il doit être rejeté et il faut que ses serviteurs prennent cette place. — «Si quelqu'un me sert, qu'il me suive». Hélas! il est grand, le nombre des personnes qui veulent servir le Seigneur et faire de grandes choses pour lui, qui travaillent, qui évangélisent, sans avoir la moindre idée de le suivre. Ils craignent la conséquence de la fidélité, qui est celle-ci: c'est qu'en le suivant son serviteur trouvera, au milieu des systèmes religieux actuels, l'opprobre qu'avait le Maître dans le Judaïsme.

Maintenant (verset 27) il pressent sa mort. Il a le sentiment angoissant de la coupe qu'il lui faut boire et, en même temps, une soumission immédiate et parfaite. Il voit que précisément la chose qu'il demande à éloigner est la source de toute la gloire du nom du Père. Aussitôt une voix du ciel se fait entendre: «Et je l'ai glorifié» (dans la résurrection de Lazare) «et je le glorifierai de nouveau» (dans la résurrection de Christ) (verset 28).

A la foule, qui s'étonne de cette voix, Jésus répond: «Maintenant est le jugement de ce monde; maintenant le chef de ce monde sera jeté dehors» (verset 31). Chose bien sérieuse! Le monde, en effet, est jugé tout entier. Dans ce sens, la croix est la fin de l'homme; mais c'est une oeuvre qui détruit toute la puissance de Satan, qui jette Satan dehors en réalité, comme le Christ l'était en apparence. Désormais ce n'est plus Satan, le prince du monde, mais c'est la croix qui devient le point d'attraction pour tous: «Et moi, si je suis élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi-même» (verset 32). Devant les yeux du Seigneur s'ouvrent toutes les conséquences glorieuses de ce fait, à propos duquel il disait: «Père, délivre-moi de cette heure». La soumission absolue à ce qui, dans un certain sens, le prive de tout, lui ouvre une perspective infiniment plus grande, et lui donne tout. Un Christ vivant était le Messie des Juifs, un Christ mort devient le point d'attraction pour tous les hommes. La croix est la fin de l'homme pécheur; le point de revirement, où Juifs et Gentils disparaissent; où le mur mitoyen est renversé; où les hommes pécheurs, quels qu'ils soient, peuvent désormais s'approcher. — Pourquoi, en parlant de sa mort, ce mot: «Quand je serai élevé de la terre?» C'est que Christ crucifié n'est plus sur la terre; qu'il en a fini avec le monde, et qu'il n'y est plus; que la rupture est complète. Il n'est pas non plus présenté ici comme étant glorifié dans le ciel, caché pour ainsi dire à l'intérieur du lieu très-saint; mais il est comme l'autel au dedans du parvis en Israël. Il est rejeté et devient le centre vers lequel tout converge.

Depuis le verset 35, il recommence à les exhorter dans sa patience. Qu'il est beau de voir l'intérêt que le Seigneur prend à Israël! L'apôtre cite ensuite Esaïe 6 pour leur montrer que Dieu avait aveuglé leurs yeux (verset 40), mais il leur montre en même temps que ce Jéhovah, dont les séraphins disaient, en se criant l'un à l'autre: «Saint, saint, saint est l'Eternel des armées»; que ce Jéhovah, c'était Christ lui-même.

Nous venons de voir les merveilleuses conséquences de la position qu'il a prise comme Fils de l'homme. Il renonce à tout, mais il accomplit toute la volonté de Dieu et devient le centre d'attraction pour tout le monde; Sauveur, mais rejeté de la terre et entièrement séparé du monde. Ceci termine, de toute manière, les relations de Christ avec Israël. Dieu lui a rendu témoignage; de ce côté tout est fini.

Chapitre 13

Ici surgit une question. Le Seigneur, qui a entièrement rompu avec le monde et qui s'en va vers le Père, peut-il continuer à rester en relation avec ses disciples? Le chapitre 13 nous fournit la réponse à cette question. Son heure était venue pour passer de ce monde au Père. Il n'était pas crucifié de fait, mais le moment était venu; le souper avait lieu; le Père lui avait mis toutes choses entre les mains. Il était venu de la part de Dieu dans toute sa pureté céleste et il s'en allait à Dieu; il retournait au même endroit, dans toute la perfection d'où il était venu. Il se lève donc du souper, se ceint et se met à laver les pieds des disciples. Au souper, il était leur compagnon; ils étaient ensemble des convives assis à la même table. Cela ne peut plus avoir lieu; l'heure est venue pour qu'il prenne comme homme une place toute nouvelle auprès de Dieu. Mais c'est comme s'il leur disait: Je ne puis pas rester avec vous, et je ne veux pas vous abandonner; il faut donc que vous soyez avec moi et dès lors il faut que je vous rende propres à vous trouver dans l'endroit où je me rends. Pierre dit: «Tu ne me laveras jamais les pieds». «Si je ne te lave», lui répond Jésus, «tu n'as pas de part avec moi»; tu n'es pas propre à être mon compagnon dans la nouvelle position que je vais prendre. Dès lors Pierre voudrait être lavé, tout entier. Jésus lui répond:  «Vous êtes nets». Lors de la consécration des sacrificateurs on faisait bien, il est vrai, l'aspersion du sang, mais tout leur corps était lavé dans l'eau. Ils entreprenaient leur service ordinaire après avoir été consacrés par de l'eau une seule fois. Désormais ils n'avaient besoin que de se laver les mains et les pieds (voyez Exode 29 et 30). Le premier de ces lavages est la nouvelle naissance par la Parole. On est lavé, dans la Parole par la puissance du Saint Esprit; la chose est faite une fois pour toutes. Mais, si l'on n'est pas vigilant, on se souille dans le passage à travers le monde. C'est ici qu'intervient l'office du Seigneur pour nous laver les pieds. C'est comme avocat qu'il remplit cet office, en vertu duquel la souillure de la conscience disparaît. Il rétablit ainsi la communion avec Dieu qui avait été interrompue. La justice et la propitiation répondent à la question d'imputation ou de culpabilité, mais quand il s'agit de communion la fonction de l'avocat intervient sur le fondement de la justice et de la propitiation (voyez 1 Jean 2). Il y a une différence entre la sacrificature et l'office d'avocat. La première intercède auprès de Dieu afin d'obtenir pour nous la grâce nécessaire à la marche, le secours nécessaire pour que nous ne péchions pas; le second, l'avocat, intervient auprès du Père quand nous avons péché, afin que la communion soit rétablie.

Le sens spirituel de l'acte que le Seigneur accomplissait, ses disciples ne pouvaient le comprendre alors (verset 7); mais ils devaient le comprendre dans la suite. La nécessité de cet acte du Seigneur ne leur est devenue évidente qu'après la réception du Saint Esprit; ils comprennent alors qu'ils sont en relation avec le ciel et que, pour y entrer, il faut une pureté absolue.

Dans les versets 21-27, nous trouvons une circonstance intéressante. Jésus avait dit: «L'un d'entre vous me livrera». Pierre désire savoir lequel d'entre eux est celui dont parle le Seigneur; mais il n'est pas placé de manière à pouvoir le demander. Il fait signe à Jean, qui était dans le sein de Jésus non pas afin de recevoir ses secrets, mais à même de les recevoir. La place qu'il occupe lui permet de recevoir la communication directe des secrets du Seigneur, lorsque celui-ci les exprime. Marie-Madelaine offre un autre exemple frappant de la même vérité. C'est parce qu'elle se trouve au tombeau qu'elle devient la messagère de cette grande nouvelle: «Va vers mes frères etc.». — mais ce n'est pas dans ce but qu'elle y vient.

Au verset 31, Judas est sorti pour le trahir, et Jésus dit: «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et incontinent il le glorifiera». Nous trouvons ici Christ mourant en vue de la gloire de Dieu. Tout ce que Dieu est moralement, a été glorifié en Christ sur la croix. C'était, pour le Fils de l'homme, une chose glorieuse que Dieu lui-même fût glorifié, parce qu'il ne pouvait pas l'être sans cela. Dieu est glorifié dans le Fils de l'homme, mais il l'est au sujet du péché. Le péché est l'occasion pour faire ressortir tout ce que Dieu est, en justice, en amour, en sainteté, en vérité. Maintenant, Dieu ayant été glorifié ainsi, la seule réponse qu'il puisse faire à un acte pareil, c'est de placer dans la gloire de Dieu l'homme qui avait manifesté cette gloire. Il le glorifie «en lui-même», dans la propre gloire de Dieu, avec Lui, auprès de Lui; et il le glorifie «incontinent», c'est-à-dire qu'il n'attend pas la manifestation de la gloire du royaume pour le faire. Sans doute, Jésus aura plus tard cette gloire du royaume, mais la position actuelle de l'homme qui a parfaitement glorifié Dieu, c'est d'être établi dans la gloire de Dieu, bien au-dessus de toute question du royaume. — Ceci introduit une vérité importante: c'est qu'il ne s'agissait pas seulement pour Christ d'ôter les péchés, mais d'acquérir la gloire pour l'homme. Ces deux choses sont distinctes. Israël, par exemple, sera pardonné, mais ne sera pas introduit dans la gloire. L'oeuvre de la croix établit les deux choses: après avoir effacé nos péchés, en sorte que Dieu peut les pardonner selon la mesure de notre responsabilité, Christ est entré comme notre précurseur dans la gloire de Dieu, et maintenant nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu. Il y a une différence évidente, entre faire face à la responsabilité de l'homme et avoir le droit d'entrer dans la gloire de Dieu. Dans le fait que Dieu me pardonne mes péchés, je ne trouve pas une raison pour qu'il me place dans la même gloire que son Fils; mais je vois que, dans sa mort, Christ a porté mes péchés; et, de plus, qu'il m'a acquis la gloire. En Christ., Dieu a glorifié l'homme dans Sa propre gloire, celui-ci ayant glorifié Dieu sur la croix, où il était fait péché.

C'est, en effet, l'étendue de la valeur de la croix, telle qu'elle paraît dans les sacrifices du grand jour des expiations. Il y a d'abord la propitiation qui s'adresse à Dieu même. Un bouc, appelé le lot de l'Eternel, était offert, et son sang était mis sur le propitiatoire. Il ne s'agissait pas en cela des péchés du peuple, mais de satisfaire à la gloire de Dieu là où était le péché. C'est Christ établissant la gloire de Dieu dans sa mort. Il y a ensuite la substitution pour le péché, Christ portant nos péchés, dont le second bouc, appelé Hazazel, est la figure.

Au verset 36, le Seigneur dit à Pierre: «Là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant; mais tu me suivras plus tard». Christ allait descendre dans la mort comme l'arche dans le Jourdain; et, comme elle, jusqu'à ce qu'il y fût descendu, personne ne pouvait le suivre. Mais, comme l'arche aussi, s'il séparait le Jourdain et séchait les eaux, c'était pour frayer au peuple l'entrée en Canaan: «Tu me suivras plus tard».

Chapitre 14

Ce chapitre, sauf les derniers versets (28-31), nous présente les consolations que les disciples auraient en l'absence du Seigneur. Il allait leur préparer une place, mais il reviendrait pour les prendre auprès de lui. En attendant, il les consolerait par le moyen de deux choses. La première de ces choses ils la possédaient déjà: c'était Christ lui-même; et, par la personne de Christ, les disciples savaient où il allait et en savaient le chemin. Il allait vers le Père et le Père était révélé en lui. La seconde de ces choses, c'est que le Consolateur viendrait quand Jésus s'en serait allé et alors les disciples sauraient non seulement que lui était dans le Père, mais que eux étaient en lui. N'est-ce pas merveilleux, de pouvoir dire que, par la foi, nous avons vu le Père en lui? Combien cela met nos coeurs au large! — Mais pour savoir que nous sommes en Christ et Christ en nous, pour connaître une telle chose, il fallait le Saint Esprit.

Après avoir présenté l'idée générale de ce chapitre, nous allons en examiner quelques détails.

Au verset 1, le Seigneur se présente comme objet de foi; il ne s'agit plus, pour eux, de sa présence visible et palpable. «Vous croyez en Dieu», leur dit-il. Ce n'est pas comme ayant Dieu corporellement présent avec vous, mais par la foi, que vous jouissez de ce qu'il est; eh bien! «croyez aussi en moi»; il en est de même pour ce qui me concerne. Il ne s'en allait pas pour être seul là-haut en les abandonnant, mais il y allait pour leur préparer une place; et puisqu'il en était ainsi, il reviendrait pour les prendre auprès de lui. Nous avons déjà trouvé cette vérité au chapitre 13: il veut que ses disciples soient là où il est lui-même et les prend avec lui en haut, au lieu de rester ici-bas avec eux. Au chapitre 14, il leur montre que la chose sera accomplie lors de son retour. Tel est le fond de la consolation générale qu'il leur donne.

Depuis le verset 4, il leur montre quelles seront leurs consolations dans l'intervalle qui s'écoulera entre son départ et son retour. Et d'abord: «Vous savez», leur dit-il, «où je vais, et vous en savez le chemin». Les choses célestes sont beaucoup plus clairement révélées qu'on ne la pense. Il leur explique pourquoi ils savaient ces choses; c'est parce qu'il allait vers son Père. En connaissant Christ ils savaient où il allait, parce qu'ils avaient vu le Père en lui. C'est la personne du Fils qui révèle le Père et le chemin pour y arriver. Ces deux connaissances découlent du fait que le Père s'est révélé dans le Fils. «Nul ne vient au Père que par moi»: la personne de Jésus est le chemin pour aller au Père. De plus, il est la vérité, parce que le Père s'est révélé en lui; enfin, il est la vie dans laquelle nous pouvons connaître le chemin et le Père, et en jouir.

Au verset 11, il leur dit: Croyez-moi, c'est-à-dire croyez ma parole, sinon croyez-moi à cause des oeuvres elles-mêmes. Depuis le verset 12 jusque vers la fin du chapitre, nous trouvons toute la position morale des apôtres après son départ. Il avait fait de grandes choses, étant sur la terre, mais un Christ glorifié ferait de plus grandes choses encore par leur moyen. Ce serait toujours la même puissance, mais plus abondamment manifestée.

Verset 15. S'ils l'aimaient, le moyen de le prouver n'était pas de s'attrister de son départ, mais d'obéir.

Au verset 16, nous avons un autre sujet. Jusqu'ici leur consolation était que le Père était révélé dans le Fils, et cela, tout inintelligents qu'ils fussent, les disciples le possédaient déjà; mais maintenant le Fils priera le Père qui avait envoyé le premier Consolateur et le Père leur en donnera un second, l'Esprit de vérité. Celui-ci ne pouvait venir avant son départ, car pour l'envoyer il fallait que le Seigneur fût glorifié. Ce Consolateur nouveau aurait un caractère particulier. Le Seigneur, lui, ne pouvait demeurer avec les disciples, mais le Consolateur ne les quitterait pas: il serait avec eux éternellement (verset 16), il demeurerait avec eux (verset 17). Le Seigneur ne pouvait demeurer en eux, mais l'Esprit serait en eux, et ils connaîtraient ce Consolateur (verset 17), comme ils avaient dû connaître le Père dans le Fils, lorsque Jésus était au milieu d'eux. En un mot, et c'est le point capital ici, l'Esprit Saint remplacerait Christ auprès des disciples.

Au verset 18, il leur parle de sa venue spirituelle; au verset 19, il leur sera révélé d'une manière spirituelle («vous me verrez») et il faut que Christ meure avant qu'eux puissent vivre spirituellement. «En ce jour-là», ajoute-t-il (verset 20), «vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous». Nous avons ici l'effet de la présence du second Consolateur, effet qui ne pouvait avoir lieu quand Christ était avec eux sur la terre. «Que moi je suis en mon Père»; ils auraient déjà dû le savoir (comparez verset 10); mais ici cette connaissance se continue du côté céleste et divin; et de plus (ce qui ne pouvait être connu quand Christ était sur la terre), ils sauraient en ce jour-là, par le Saint Esprit, qu'ils étaient en Christ, et Lui en eux. Ce verset 20 nous donne ainsi la position nouvelle des disciples.

Aux versets 21-26 nous trouvons, non pas la grâce souveraine envers un pécheur, mais les communications de grâce qui dépendent de la conduite d'un chrétien, c'est-à-dire les relations du Père avec le disciple, selon sa conduite. Avant tout, c'est celui qui obéit qui aime réellement le Seigneur. S'il n'y a pas d'obéissance, la première de toutes les relations manque, et Dieu n'est pas connu. Celui donc qui aime le Seigneur est obéissant et «il sera aimé de mon Père; et moi je l'aimerai et je me manifesterai à lui». La jouissance de ces choses dépend de la marche: Jude, dont l'intelligence ne va pas au-delà d'une manifestation extérieure du Seigneur, lui demande (verset 22) comment il se fait qu'il va se manifester à eux et non pas au monde. Jésus lui répond: «Si quelqu'un m'aime il gardera ma parole» (verset 23). Je trouve quelque chose de plus dans «les paroles du Seigneur» que dans «ses commandements». Un commandement implique l'obéissance positive, mais les paroles s'adressent à l'intelligence qui sait quelle est la volonté de Dieu. Quand il est dit: «Soyez remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle» (Colossiens 1: 9), la chose a lieu par ses paroles. Quand il est dit: «Bienheureux les pauvres en esprit», ce n'est pas un commandement, mais c'est une parole du Seigneur, que je garderai si je suis en bon état. Au verset 26, le Saint Esprit fait deux choses: il leur enseigne toutes choses et leur rappelle tout ce que Christ a dit, toutes ses paroles.

Verset 27. «Je vous laisse la paix». Il ne pouvait la leur laisser tant qu'il était encore ici-bas, parce qu'il ne l'avait pas encore faite. Il leur avait dit auparavant (verset 1): «Que votre coeur ne soit pas troublé»; non pas: «Je vous laisse la paix». Ensuite, il va plus loin que l'idée générale, et dit: «Je vous donne ma paix». Ce qui donne à cette paix son étendue et son caractère, c'est qu'il s'agit de la même paix dont Christ a joui avec Dieu, quand il était ici-bas. Il ajoute: «Je ne donne pas, moi, comme le monde donne». Quand le monde donne, il peut le faire avec générosité peut-être, mais ce qu'il donne il ne l'a plus; tandis que, ce que Christ donne il l'a toujours, mais il nous introduit dans les relations et dans la jouissance des choses dont il jouit lui-même. C'est ainsi qu'il nous donne sa gloire, sa paix, sa joie, sans les abandonner. N'est-ce pas une manière vraiment divine, une manière chrétienne de donner? Il ne pouvait leur donner sa paix, pendant qu'il était sur la terre. Il avait, lui, la paix parfaite avec son Père. Combien il est sérieux de penser que notre relation avec Dieu est aussi paisible, aussi sereine, aussi unie et limpide, que celle de Christ lui-même avec son Père! Quelle pensée! Je suis actuellement dans la même position que celle de Christ avec le Père dans ce monde! N'est-ce pas une chose très douce, que de pouvoir dire: J'ai la paix de Christ avec le Père? On y trouve deux choses qui la caractérisent d'une manière particulière: la confiance et le repos. — Dans l'épître aux Philippiens, nous trouvons la paix par rapport aux circonstances. Si quelque difficulté survient, au lieu de me troubler, je présente ma requête à Dieu. La difficulté est comme déposée sur son trône. Lui n'est pas troublé, et la paix dans laquelle il se trouve garde mon coeur. Elle surpasse toute intelligence, parce qu'elle est la paix dans laquelle Dieu se trouve; une paix infinie qui garde mon coeur.

Au verset 28, nous avons autre chose que ce qui fait proprement le sujet de ce chapitre. C'est un des plus remarquables et des plus touchants passages de la Parole. Christ s'attend à ce que nous nous intéressions à son bonheur à lui. Rien, autant qu'une telle pensée, ne montre combien il s'est placé près de nous. Si vous pensez à vous-mêmes, leur dit-il, il est bien naturel que vous soyez troublés, mais si vous pensiez à moi? Ne serai-je pas beaucoup mieux là-haut? Ne pouvez-vous pas vous intéresser à mon bonheur? Chose merveilleuse, et qui le place, devant nos yeux, d'une manière très intime, dans sa position d'homme véritable, quoiqu'il fût en même temps, cela va sans dire, un avec le Père.

«Mon Père est plus grand que moi». Il était exposé ici-bas, comme serviteur, à toute la contradiction de la part des pécheurs; maintenant il s'en va au Père qui est plus grand que lui et désormais il n'est plus exposé à tout cela. Jamais on ne voit le Seigneur sortir de la position qu'il a prise. Quand il vainc Satan, il ne le fait pas comme Dieu, mais comme homme obéissant; sans cela il ne pourrait être un exemple pour nous. Quand il dit «moi» c'est toujours ce qu'il était avec eux sur la terre, cet être complexe, la Parole faite chair.

Verset 30. «Le chef du monde vient; et il n'a rien en moi». Le prince du monde vient, conduisant tout le monde à sa suite. A cette occasion Satan reçoit pour la première fois ce nom de chef du monde. Sans doute il l'avait été auparavant, mais il est manifesté comme tel, quand il réussit à conduire tout le monde contre Christ. Auparavant Jésus avait vaincu l'homme fort; il pouvait délivrer l'homme de tous les effets du péché, maladie, mort, etc., mais le coeur de celui-ci n'était pas délivré, et si Christ voulait continuer à s'intéresser à lui, il fallait qu'il subît le jugement que Satan avait le droit d'exercer contre l'homme. Dans son amour infini pour nous, il prend sur lui le péché, la mort et le jugement. Satan vient donc à lui une seconde fois, mais selon la vérité de la position de l'homme il n'avait absolument rien en Lui. Et toutefois Christ était là, et s'il entreprenait la cause des hommes il fallait qu'il en subit toutes les conséquences. Satan n'avait rien en lui. Il ne trouve en Christ que l'amour parfait pour le Père et l'obéissance parfaite envers Lui (verset 31). Voilà le secret de sa mort; ce qui a été manifesté quand Christ a été fait péché; ce qui, auparavant, n'avait jamais été manifesté parfaitement; voilà ce qu'il y a de si merveilleux dans la croix!

Nous trouvons ici, en Christ, les deux grands principes de la position normale de l'homme, l'amour pour Dieu et l'obéissance; et cela, à l'endroit même où le péché, qui est l'abandon de Dieu, la haine, était placé devant Dieu. Jean nous présente le côté de la perfection de Sa personne et non le côté des souffrances.

Chapitre 15

Les deux chapitres précédents nous ont présenté l'office de Christ pour introduire ses disciples dans le ciel; le chapitre 15 nous montre ce qui remplacera sa présence sur la terre, après son départ: soit lui-même, comme souche du christianisme, soit le Saint Esprit. Le caractère de ce chapitre est donc de nous présenter, pour ainsi dire, le côté terrestre de Christ et du Saint Esprit. Le Seigneur était le cep sur la terre et, dans un certain sens extérieur, cette position se continue encore maintenant d'une manière analogue.

«Moi, je suis le vrai cep», dit-il. Il remplace Israël sur la terre. L'Eternel avait «transporté un cep hors d'Egypte» (Psaumes 80: 8), mais ce cep n'était pas le véritable. C'est lui qui est le vrai cep. Tout ce qui avait été établi d'une manière provisoire dans le premier Adam, se trouve maintenant exister en Christ d'une manière définitive. Comme homme, il recommence l'histoire de l'homme. Comme Fils et comme serviteur, il recommence l'histoire d'Israël (Osée 11: 1; Esaïe 49: 3). Dans le premier Adam tout était perdu; dans le second tout est retrouvé: l'homme, la loi, la sacrificature, la royauté. — Ici il est le vrai cep sur la terre; aussi est-il question au verset 2, de fruit à porter. On ne plante pas de ceps dans le ciel, et on n'y cherche pas de fruit. Il ne s'agit donc nullement ici de l'union de l'Eglise avec Christ par le Saint Esprit. — Au verset 5, il répète: «Moi je suis le cep». Les disciples auraient estimé le Messie pour le meilleur sarment de l'ancien cep. Il n'en est point ainsi, leur dit-il: c'est moi qui suis le cep, et vous, les sarments.

Verset 3. Ils étaient déjà nets, mais responsables de porter du fruit; seulement leur responsabilité ne porte pas ses conséquences jusqu'à attirer sur eux la destruction. S'agit-il de cette dernière, il change de langage il ne dit plus vous comme aux versets 3, 4 et 7 mais il dit: «Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; et on les amasse et on les met au feu, et ils brûlent» (verset 6). Ce cas a été celui de Judas, et des disciples qui l'ont abandonné. Néanmoins il met toujours la responsabilité des siens au premier rang. Il ne leur dit pas, comme au chapitre précédent. «Vous êtes en moi, et moi en vous» mais: «Demeurez en moi, et moi en vous». Il importe de savoir ce que signifie ce mot «demeurer» dans le sens pratique: On trouvera qu'il embrasse l'activité soutenue dans la dépendance et la confiance. Pour porter du fruit il faut l'activité, mais en même temps la dépendance qui nous fait rester attachés au cep, sans lequel nous ne pouvons rien faire.

Nous trouvons un autre point au verset 7. «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous…» Demeurer en lui, telle est la première condition pour porter beaucoup de fruit; la seconde, c'est que la Parole soit la source de nos pensées et de nos actions; que ce soit elle qui dirige et contrôle ce qui se passe dans notre coeur. La chose est de toute importance, car on rencontre souvent chez les chrétiens la volonté de faire le bien, mais les paroles de Christ ne sont pas présentes dans le coeur, pour féconder cette activité et pour la gouverner.

Au verset 9, nous trouvons un troisième point: Ce n'est plus: «Demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous», mais: «Demeurez dans mon amour». Christ aimait les disciples comme le Père l'avait aimé; ils devaient demeurer dans cet amour; il fallait que rien ne vînt en interrompre la jouissance. Le moyen à employer pour cela, c'était de garder ses commandements (verset 10). La question, ici, n'est pas comment Dieu pourrait déployer son amour pour nous sauver; il s'agit de montrer le chemin dans lequel on jouit de son amour. Aussi ajoute-t-il: «Comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour». C'était le chemin voulu de Dieu, où Christ lui-même jouissait de cette faveur qui est meilleure que la vie. — Tout est responsabilité dans ces passages, mais sans aucune incertitude: «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie» (verset 11). La joie de Christ lui-même, se continue en nous, comme plénitude de joie. Il avait la paix, la joie dans la présence de son Père et il voulait qu'eux aussi eussent constamment la même paix, la même joie, afin que leur joie fût pleine et entière.

Aux versets 12 et 13, il veut que nous nous aimions comme il nous a aimés. On voit clairement, au verset 13, qu'il ne s'agit point ici de la grâce envers les pécheurs, car il dit: «Personne n'a un plus grand amour que celui-ci, qu'il laisse sa vie pour ses amis»; et ses amis sont ceux qui obéissent (verset 14). Au verset 15, il les appelle ses amis, parce qu'il a fait d'eux ses confidents en tout ce qu'il avait ouï de son Père.

Au verset 16, nous trouvons le ministère des douze: «Je vous ai choisis… afin que vous alliez et que vous portiez du fruit»; mais comme principe général cela est vrai aussi de tout chrétien.

Au verset 20, il leur rappelle l'humilité: «L'esclave n'est pas plus grand que son maître».

Du verset 20 au 25, nous trouvons le jugement d'Israël, prononcé à la suite de la présentation du Seigneur comme seul vrai cep. Ils sont jugés au verset 22 par ses paroles et au verset 24 par ses oeuvres. Si Christ n'était «pas venu et qu'il ne leur eût pas parlé, ils n'auraient pas eu de péché». Dieu ne leur imputait rien, ne leur reprochait rien, aussi longtemps qu'ils ne s'étaient pas compromis par le rejet de son Fils. Non pas qu'ils n'eussent pas péché; mais le Seigneur est venu se présenter à leur acceptation, et s'ils l'eussent reçu, aucune question de péché n'aurait été soulevée à leur égard.

Nous avons vu Christ sur la terre remplaçant Israël; voici maintenant (verset 26) le Consolateur sur la terre remplaçant Christ. Le Saint Esprit que le Seigneur enverrait, rendrait témoignage de la gloire du Fils de l'homme dans le ciel, et les disciples rendraient témoignage de ce que Christ était sur la terre, toutefois avec le secours du Saint Esprit, qui leur rappellerait tout ce que le Seigneur leur avait dit.

Chapitre 16

Dans ce chapitre, le Seigneur développe ce qu'il a dit précédemment sur le Saint Esprit.

Versets 1-3. Nous rencontrons ici un principe d'une sérieuse importance: C'est qu'une vérité, même capitale, déjà connue, et qui donne du crédit et de la réputation à la personne qui la possède, ne met pas la foi à l'épreuve. Quand cette vérité devient la gloire de l'homme déchu, lorsqu'elle est acceptée du monde comme faisant partie de l'orthodoxie, elle n'éprouve la foi en aucune manière. Quel est aujourd'hui pour un protestant, l'effet d'être le dépositaire de la doctrine de la justification par la foi? Il se vantera de ne pas être un papiste! Ce qui met la foi à l'épreuve, c'est l'introduction d'une vérité nouvelle. Pour un Juif, cette révélation nouvelle n'était pas qu'il y eût un seul Dieu, mais qu'il y avait le Père et le Fils. «Quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu,… parce qu'ils n'ont connu ni le Père ni moi».

Les versets 5 à 7 présentent un autre principe, et j'ai souvent trouvé de l'instruction dans ce passage. «Aucun d'entre vous ne me demande: Où vas-tu? Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre coeur». Je rencontre une épreuve véritable dans une circonstance qui me prive d'un bien apparent, qui gâte sous mes yeux l'oeuvre de Dieu, qui m'atteint douloureusement et qui, en définitive, se trouve être ce qu'il fallait pour les intérêts du Seigneur. Dans le cas qui nous occupe, c'est le Fils de Dieu qui s'en va, qui disparaît, parce que l'homme ne sait que faire de lui. Ne pouvez-vous, dit le Seigneur, surmonter le chagrin du moment et voir que Dieu a, en cela, quelque intention, un dessein caché? Si Dieu semble intervenir pour gâter ce qui a été fait, si je m'en vais, vous ne savez pas me demander: Où vas-tu? On ne fait jamais l'oeuvre de Dieu, sans trouver que les choses vont, parfois, au rebours de ce qu'on aurait attendu. Cela contrarie l'homme. — Mais, dit le Seigneur, «il vous est avantageux que moi je m'en aille». Votre douleur est réelle et même, à quelques égards, légitime; mais sachez que Dieu ne cesse pas de poursuivre le bien qu'il se propose de faire. Un philosophe moderne a dit que les choses humaines vont comme en spirale, tantôt de ci, tantôt de là, mais en montant toujours. On ne peut, en réalité, dire cela des choses du monde; mais c'est parfaitement vrai des choses de Dieu. Dieu ne permet pas qu'on voie toujours l'issue qu'il nous réserve. Où serait, sans cela, l'exercice de la foi? Sans le sacrifice d'Isaac, Abraham n'aurait pas trouvé la résurrection.

«Si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m'en vais je vous l'enverrai» (verset 7). Ici le départ de Jésus n'est pas présenté du côté spirituel et céleste; ce n'est pas le Fils allant auprès du Père; mais c'est le Fils de l'homme qui entre dans la gloire en haut et qui envoie le Saint Esprit pour révéler ici-bas cette gloire du Fils de l'homme; pour rendre témoignage à la glorification de l'homme.

Dans les versets 8-16, nous avons deux témoignages de l'Esprit saint: le premier envers le monde, le second pour l'enseignement des chrétiens. S'agit-il du monde (versets 8-11), le Saint Esprit le «convaincra de péché, de justice, et de jugement». «Il convaincra», non d'une conviction qui atteint la conscience individuelle, mais il démontrera au monde quel est son état. Le Saint Esprit vient vers le monde, si je puis m'exprimer ainsi, pour lui dire de la part de Dieu: Qu'as-tu fait de mon Fils? La présence de l'Esprit dans le monde est la démonstration de ce rejet. Cela ne signifie nullement que le monde accepte cette démonstration ou qu'il s'y soumette. — «De péché, parce qu'ils ne croient pas en moi». Il est désormais démontré que le monde est, vis-à-vis de Dieu, dans une relation de péché et non pas d'innocence ou de justice; qu'il est entièrement sous le péché, comme ayant rejeté Christ. — «De justice, parce que je m'en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus».

La preuve de la justice ne se trouve que dans ces deux choses. Il n'y a plus de justice ici-bas (sauf, cela va sans dire, les fruits de justice quand la grâce a été reçue). La justice se montre en ce que Christ, ayant mérité d'être dans la gloire de Dieu, y a été reçu. Il y avait dans ce monde un homme juste; on le couvre d'opprobres et de crachats. Il en appelle à Dieu, et il est abandonné. Trouverai-je en cela la justice de Dieu? Je la cherche en vain! Mais je la trouve en ce que cet homme est à la droite de Dieu; en ce qu'ayant mérité la gloire, Dieu l'y a placé. La justice pour Christ ne se trouve que dans ce fait. La justice contre le monde est qu'il ne verra plus Christ. Il le verra en jugement sans doute, mais il ne verra plus jamais ce Christ qui était ici-bas en grâce. — «De jugement, parce que le chef de ce monde est jugé». Le fait est que le monde tout entier est sous l'empire de Satan, son prince. Satan s'est compromis fatalement en poussant les hommes à crucifier le Seigneur Jésus. Une fois Christ dans la gloire et le Saint Esprit descendu de sa part, il se découvre que Satan, par l'entremise du monde, a fait crucifier le Fils de Dieu. Aussi ne dit-il pas que Satan est jugé, mais que le chef de ce monde est jugé. Il y a conviction du jugement par la présence du Saint Esprit, et la chose s'arrête là pour le moment; tandis que pour la justice nous avons un pas de plus: elle a été manifestée pleinement dans la glorification de Christ.

Les versets 12-16 nous parlent de ce que le Saint Esprit fait au milieu des chrétiens. Il les conduit dans toute la vérité; il leur apporte les choses célestes (et ne parle pas de son propre chef, comme s'il était un Esprit indépendant); enfin, il annonce les choses à venir. En tout cela, sa fonction spéciale est de glorifier Christ; et tout ce que Christ possède comme Fils, comme roi, Fils de l'homme, Chef sur toutes choses de l'Eglise, il le prend et l'annonce aux disciples. Il est très important, pour les chrétiens, de comprendre que le Saint Esprit montre toutes les choses qui ne se voient pas. C'est ce dont nous parle 1 Corinthiens 2: 9, 10. Ce qui, dans l'Ancien Testament, n'était pas révélé, ce qui n'était pas monté au coeur de l'homme, Dieu nous l'a maintenant révélé par son Esprit.

Le verset 21 fait allusion à un Christ ressuscité qu'obtenaient les disciples, au lieu d'un Messie terrestre qu'ils avaient perdu.

Versets 23-28. Dorénavant les disciples s'adresseraient au Père directement; non qu'ils ne prieraient pas le Seigneur, car Etienne dit: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit»; mais ils n'iraient pas à Jésus comme Marthe, pour le prier de faire des demandes au Père. Jésus insiste ici sur une confiance absolue dans le Père, que peu de chrétiens, hélas, comprennent et réalisent. Les disciples devaient aller au Père dans la foi à la valeur et à la puissance du nom de Jésus devant Lui. Pauvres disciples! Ils croyaient tout comprendre (versets 29, 30) et ils ne comprenaient rien! «Tu es venu de Dieu», disent-ils. Cela montrait qu'ils n'avaient point saisi que Jésus était «sorti d'auprès du Père». Ce nom du Père, que Christ leur avait déclaré, ils ne l'ont compris qu'après avoir reçu l'Esprit d'adoption.

Verset 33: «Vous avez de la tribulation dans le monde; mais ayez bon courage, moi j'ai vaincu le monde». Il y avait une puissance terrible contre eux. Il ne leur dit pas: Vous vaincrez le monde; mais: Moi je n'ai cédé en rien et j'ai remporté la victoire. Vous trouverez sur votre chemin un monde ennemi, mais un monde vaincu. Tout ce que le monde peut faire, c'est de vous arrêter dans la course.

Chapitre 17

Ici le Seigneur ne s'adresse plus aux disciples, mais au Père. Il est important pour l'intelligence du chapitre de se rappeler cela. Ce chapitre a un caractère tout particulier; nous y sommes admis à entendre le Fils épancher son coeur dans le sein du Père à l'égard des disciples. Quel spectacle, que celui du Père et du Fils parlant ensemble des chrétiens comme de l'objet de leurs communes affections! Ce chapitre n'est pas tout entier une prière. Le Seigneur ne prie pour ses disciples qu'après les avoir placés dans leur position. Et qu'est-ce que leur position? Chose merveilleuse! c'est sa propre position devant le Père, et vis-à-vis du monde.

C'est par là qu'il commence. Il se place lui-même en pensée dans sa position nouvelle et montre le but qui s'y rattache (versets 1-3). Aux versets 4 et 5, il présente l'oeuvre qui en est la base, puis la position elle-même. Aux versets 6-8, il y place les apôtres, car c'est d'eux qu'il s'agit premièrement, en ajoutant qu'il leur avait communiqué tout ce que le Père lui avait communiqué pour qu'ils jouissent plus complètement de cette position.

Reprenons ces pensées dans leur détail.

Verset 1. Jésus lève les yeux au ciel et marque la position nouvelle qu'il va prendre comme homme. Le Père doit glorifier le Fils, afin que, dans cette nouvelle position de gloire, le Fils glorifie le Père, comme il l'avait glorifié dans l'humiliation. En passant de l'état d'humiliation à l'état de gloire, ce qui remplit son coeur, ce n'est pas de se glorifier lui-même, mais de glorifier tous les conseils, tout le caractère du Père; puis (verset 2) de donner la vie éternelle aux siens. Le Père lui a donné autorité sur toute chair; et en particulier dans le but de donner la vie éternelle à tous ceux qu'il lui a donnés. La vie éternelle est pour nous dans la connaissance du Père comme seul vrai Dieu et de Jésus Christ qu'il a envoyé (verset 3). Le nom de Père est le nom sous lequel il se révèle comme donnant la vie éternelle. Il s'est révélé sous d'autres noms, comme le Tout-Puissant, comme Jéhovah, mais à aucun de ces noms il n'a rattaché le don de la vie éternelle. Ce privilège existe dans la connaissance du Père par le Fils. Il a envoyé le Fils dans le monde, afin que nous vivions par lui. Aussi le Seigneur joint-il ensemble le Père, seul vrai Dieu, et Jésus Christ qu'il a envoyé.

Aux versets 4, 5, il parle de son oeuvre. Il avait glorifié le Père sur la terre et achevé l'oeuvre qu'il lui avait donnée à faire. Cette oeuvre devient la base de la gloire dans laquelle il entre; toutefois, cette gloire est la même que celle qu'il avait auprès du Père avant que le monde fût. Il rentre comme homme dans cette gloire qu'il avait quittée.

Ces premiers versets nous présentent donc Christ dans sa nouvelle position en gloire, comme un témoignage rendu à sa personne et à son oeuvre; puis la vie éternelle comme effet de l'autorité qu'il a reçue sur toute chair.

Au verset 6, le Seigneur passe à un autre sujet: Il avait manifesté le nom du Père aux apôtres, — à ceux que le Père lui avait donnés du monde. Ils appartenaient au Père (avant leur conversion) et le Père les a donnés au Fils. Comment leur a-t-il manifesté le nom du Père? — Il dit: «Je leur ai donné les paroles que tu m'as données» (verset 8). Toutes les communications dont le Père a fait jouir le Fils dans sa position d'homme ici-bas, le Fils les a transmises aux disciples et les en a rendus participants. Dès lors ils sont placés dans la position du Seigneur lui-même. Le nom du Père leur est révélé.

Au verset 9, Jésus commence à prier. Il donne deux motifs pour lesquels le Père devait l'exaucer et prendre soin des disciples. Premièrement,  «ils sont à toi»; il faut donc que tu les gardes. Ensuite, «je suis glorifié en eux» (verset 10); si tu m'aimes, si tu tiens à ma gloire, garde-les.

Au verset 11, nous trouvons que c'est en son nom de «Père saint» qu'il les garde, parce qu'ils sont à lui et que Christ est glorifié en eux. Ils sont gardés comme fils, mais gardés dans la sainteté. Nous verrons plus tard (verset 25) que lorsqu'il en appelle à Dieu contre le monde, il s'adresse à lui comme au «Père juste».

«Afin qu'ils soient un comme nous». Le Père et le Fils sont un, non seulement de nature, mais aussi de pensée, de conseil, d'intention, d'activité, de sentiment; et le Seigneur demande pour les apôtres que le Saint Esprit les possède de telle sorte qu'ils soient absolument un de la même manière. C'est en effet ce qui eut lieu au commencement. Jusqu'ici il les avait gardés au nom du Père, parce qu'il leur avait manifesté le nom du Père (verset 12). Ici se termine ce qu'il dit à l'égard de ses relations avec le Père et de la position des apôtres vis-à-vis du Père.

Au verset 14, il dit: «Je leur ai donné», — non pas tes paroles, mais —«ta parole», ton témoignage vis-à-vis du monde, et dès lors «le monde les a haïs». Je les place comme moi devant le Père, mais je les place aussi comme moi devant le monde. «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde». Jésus n'avait aucune pensée qui vint du monde. Rien en lui, ni le principe, ni le motif, ni la source de pensée et d'activité de son être moral ne dérivaient du monde; il venait du ciel, et, par le Saint Esprit, les apôtres devaient être dans la même condition. C'est une position bien solennelle pour nous, quoique les apôtres, sans doute, s'y soient trouvés tout premièrement et d'une manière spéciale.

Il répète au verset 16, qu'ils ne sont pas du monde, qu'ils n'y appartiennent nullement; mais comment alors sont-ils appropriés à cette place si particulière d'être étrangers au monde et toutefois envoyés dans le monde? Le verset 17 répond à cette question. «Sanctifie-les», dit-il, «par la vérité; ta Parole est la vérité». Voilà ce qui les met à part pour n'être pas du monde. C'est la Parole du Père, la Parole de vérité; (*) ce sont les choses divines et célestes, mais adaptées de manière à produire dans ce monde quelque chose qui y était sans en être.

(*) Remarquez qu'il s'agit ici, comme tout le long de ce chapitre, du Père, de la vérité du Père, de la Parole du Père. Les prophéties de Jéhovah étaient bien la vérité, mais n'étaient pas la Parole du Père.

Le monde est un vaste système, inventé et arrangé par le diable pour plaire à la chair de l'homme, système dans lequel se développe tout ce qui est de la chair. C'est la première création.

Elle était sortie pure des mains du Créateur. Mais une fois corrompue, quand Satan a établi son système autour de l'homme, le Père introduit un système nouveau, un monde à Lui, où Christ apparaît, et dont il est le centre. Le Père est révélé dans le Fils. La Parole du Père est la communication des choses célestes et divines qui émanent du Père; communication basée sur l'oeuvre du Fils, mais parfaitement adaptée à l'homme, en tant qu'il traverse ce monde, tout en n'étant pas du monde. La Parole du Père communique ces choses afin que nous soyons formés pour être une épître de Christ au milieu du monde. Je dirai, pour résumer ma pensée, que le Père reçoit Christ quand le monde l'a rejeté et qu'il a tout un système autour du Fils, que le témoignage du Père — la Parole du Père — révèle. Les disciples étant ainsi mis à part par la Parole du Père, qui est la vérité, sont envoyés dans le monde pour y manifester Christ, comme Christ lui-même y avait été envoyé pour manifester le Père (verset 18). Le système de ce monde leur est entièrement étranger. Christ les a attachés, en les séparant du monde, au nouveau système et les envoie dans le monde pour en être les témoins.

Au verset 19, il ajoute: «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité», la vérité vivante dans la personne de Jésus, en qui la vie et toutes les affections se trouvent. Il est l'homme modèle de ce système du Père. Il se met entièrement à part, pour que ce ne soit pas seulement une vérité sèche, mais la communication de tout ce qui est précieux cri Christ pour nous sanctifier. «Je me sanctifie moi-même pour eux». Il anticipe la gloire. L'heure était venue pour lui, d'aller de ce monde vers le Père. Remarquons en passant, que l'idée d'une victime est étrangère à l'Evangile de Jean.

«Afin qu'ils soient sanctifiés par la vérité». Il parle de ce qu'il faisait alors, afin qu'il y eût cette vérité qui les mit aussi eux-mêmes à part pour le Père. La vérité en elle-même est ce qui est divin, céleste; elle révèle tout ce qui est du Père et du Fils; elle juge tout ce qui est en nous; elle forme le coeur des siens et leur communique ce qui est en Lui. Ce n'est pas, comme nous l'avons dit, une vérité sèche, mais elle se trouve dans la personne de Celui qui est la plénitude de toutes ces choses. Sans doute, Christ était tout cela dans sa vie d'ici-bas; mais maintenant il se place en dehors du monde comme homme, afin que toute cette richesse de la vérité se déploie dans ses disciples et qu'ils deviennent l'épître de Christ. La vérité se trouve dans une personne, dans le Fils de l'homme glorifié, en qui le Père s'est révélé; qui glorifie le Père maintenant et qui forme le coeur des disciples en leur communiquant tout ce qu'Il est.

Versets 20, 21. C'est quelque chose de semblable à la pensée exprimée en 1 Jean 1: 3. «Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi vous ayez communion avec nous: Or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ». Les apôtres étaient en communion avec le Père et avec le Fils; mais le Seigneur veut que d'autres aussi entrent dans cette communion par le moyen de leur témoignage, afin que l'effet de cette manifestation de la puissance qui plaçait ces nouveaux disciples au-dessus de tous les motifs mondains et les unissait aux apôtres, convainquit le monde. Cette unité des disciples a été réalisée à la lettre; il n'est pas question ici de la responsabilité de l'homme qui aurait dû continuer à la manifester. Au commencement (Actes des Apôtres 2 et 4) le témoignage au milieu des disciples était si complet, que tout le monde était attiré par une vie qui était au-dessus de tous les motifs qui gouvernent l'homme. Cela n'a pas duré longtemps et la Parole parle plus tard d'un tout autre ordre de choses. «Ordonne à ceux qui sont riches dans ce présent siècle…» (1 Timothée 6: 17) nous montre que cet ordre de choses existait déjà du temps de l'apôtre. Il est bon, quoique tout soit en ruine, que nous n'abandonnions pas la responsabilité de manifester une vie au-dessus de tous les motifs humains.

L'unité est ici mentionnée pour la troisième fois dans ce chapitre, — unité qui découle de la gloire du Seigneur dans les siens et qui se révèle en descendant: Christ en eux et le Père en lui. Verset 23. Ce n'est plus comme au verset 21: «Afin que le monde croie», mais: «Afin que le monde connaisse». Quand le Seigneur sera glorifié en nous, lorsque le monde nous verra dans la même gloire que Christ, alors le monde saura (car il ne s'agira plus de croire), que le Père a envoyé le Fils et nous a aimés comme il l'a aimé.

Ce chapitre nous présente donc les trois caractères d'unité qui viennent de passer sous nos yeux; les apôtres, au verset 11; ceux qui croient par leur parole, aux versets 20 et 21; enfin la gloire, au verset 22. — L'unité du verset 21, aurait dû être manifestée; celle du verset 22 ne peut l'être que dans la gloire à venir. — Ici se termine cette partie du sujet.

Les trois derniers versets nous parlent du ciel, chose rare dans l'Evangile de Jean. Même dans le commencement du chapitre 14, son sujet n'est pas le ciel, mais la manifestation du Père dans le Fils sur la terre.

Verset 24. Le monde verra notre gloire, mais notre privilège sera de voir la gloire de Jésus; nous le verrons comme il est dans le ciel. Nous serons au-dedans de la nuée, capables de contempler cette gloire, tandis que les nations seront au-dehors, éclairées par elle. Les hommes en la chair ne pourraient supporter d'être là où nous serons.

Verset 25. «Père juste». Il n'en appelle pas au «Père saint» pour garder les siens comme au verset 11 mais à la justice du Père pour décider entre lui et le monde. Les choses en sont venues à une crise décisive: «Le monde ne t'a pas connu, mais moi, je t'ai connu».

Verset 26. Il avait déclaré, de son vivant, le nom de son Père aux disciples; il le ferait encore quand il les aurait quittés, afin que l'amour dont le Père l'avait aimé fût en eux et Lui en eux; c'est-à-dire qu'ils eussent la jouissance présente de cet amour. Nous en sommes les objets comme Christ lui-même, et le Seigneur veut que nous ayons la conscience de l'amour du Père, comme Lui-même la possédait.

Chapitre 18

Dans ce chapitre, nous ne trouvons pas le récit des souffrances de Christ; mais nous voyons une personne divine qui se montre dans sa divinité. Il sait toutes les choses qui doivent lui arriver (verset 4); il demeure parfaitement calme. En présence des méchants qui s'avancent pour le saisir, lui-même les prévient et se désigne: «Qui cherchez-vous?»… «C'est moi». On ne voit pas, comme dans l'Evangile de Matthieu, une victime que l'on saisit, mais une personne divine qui s'offre elle-même. Voilà la puissance qui trouble les méchants, qui les fait reculer et tomber par terre (verset 6), S'il avait voulu, même comme homme, il n'avait qu'à s'en aller. Il se présente une seconde fois (verset 8), il se met à la brèche, il se donne, et les siens sont mis à l'abri. Quand le souverain sacrificateur l'interroge touchant ses disciples et sa doctrine, il n'en tient pas compte. Un des huissiers le frappe. Jésus répond: «Si j'ai mal parlé, rends témoignage du mal; mais si j'ai bien parle, pourquoi me frappes-tu?» On le mène au prétoire. Les Juifs, par scrupule religieux, n'y entrent pas; ils ne voulaient pas se souiller; mais faire mourir un innocent, était pour eux peu de chose!

Devant Pilate, il dit: «Mon royaume n'est pas de ce monde» (verset 36). Tu es donc roi? lui dit Pilate. Jésus répond: «Tu le dis que je suis roi». Il était né pour rendre témoignage à la vérité. Et c'était chose dangereuse pour lui, que d'affirmer sa royauté devant le gouverneur romain, mais il était venu pour rendre témoignage a la vérité. Il n'évitera pas, pour sauver sa vie, de déclarer ce qu'il est. C'est «la belle confession» dont parle l'apôtre. — Quand le Seigneur a rendu témoignage, Pilate demande: «Qu'est-ce que la vérité?» Il n'y avait pas de justice dans cet homme, mais cependant un certain désir de délivrer Jésus parce qu'il ne trouvait aucun crime en lui. — L'affreux état des Juifs est mis en évidence ici (verset 40). Quand Pilate leur demande: «Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs?» ils répondent: «Non pas celui-ci, mais Barrabas. Or Barrabas était un brigand!»

Chapitre 19

Pilate rend le témoignage le plus positif qu'il ne trouve aucun crime en Jésus (versets 4, 6). Mais il a peur, et quoique mal à son aise, il le livre entre leurs mains. Dans les circonstances graves une mauvaise conscience et un mauvais coeur sont toujours faibles. Il cherche à relâcher Jésus; mais les Juifs crient: «Si tu relâches celui-ci, tu n'es pas ami de César». Puis ils prononcent leur propre sentence: «Nous n'avons pas d'autre roi que César» (verset 15). C'était dire qu'ils n'étaient pas différents des Gentils. Cette parole clôt leur histoire comme nation.

Le Seigneur, lui, reste toujours le maître de la situation. «Tu n'aurais», dit-il à Pilate, «aucun pouvoir contre moi, s'il ne t'était donné d'en haut». Même la croix nous le montre dans cette dignité: avec un calme parfait, il recommande sa mère au disciple qu'il aimait, il dit, afin que l'écriture soit accomplie: «J'ai soif». Et quand on lui présente le vinaigre, il le prend en disant: «C'est accompli»; puis il baisse la tête et donne son esprit; il le remet, comme un acte qu'il accomplit lui-même.

Toutes choses sont considérées ici du côté divin. Jésus est supérieur à Pilate, aux Juifs, supérieur à tout. Il se trouve là parce qu'il se donne lui-même. Pas un détail dans ces chapitres, qui ne nous présente la dignité de sa personne. On n'y trouve ni la prière de Gethsémané, ni le cri suprême de la croix. Ses réponses à Pilate, son dernier acte quand il remet son esprit, tout nous parle de cette dignité parfaite. Même après sa mort il ne faut pas qu'un seul de ses os soit cassé, car il est le Fils de Dieu. Puis Joseph d'Arimathée et Nicodème le placent dans un «sépulcre neuf, dans lequel personne n'avait jamais été mis».

Au verset 34, nous avons la dernière insulte que l'homme puisse faire au Seigneur et la réponse de Dieu: l'eau et le sang, la preuve du salut donnée dans un Christ mort. Belle image de ce qui se passait réellement alors! L'eau et le sang, c'est la provision divine; il ne s'agit plus seulement des souffrances de l'homme, comme dans les autres évangiles. Les écrits de Paul nous parlent de l'eau, non pas quant au fait extérieur, mais comme figure de la puissance sanctifiante de la Parole. Cet apôtre est celui qui met cela le plus en évidence et qui le développe le plus largement. Jean fait usage de ce fait aussi (1 Jean 5: 6-8), à l'appui de sa thèse, que la vie est dans le Fils et non pas en Adam. L'eau et le sang sont deux des témoins qui l'affirment. — L'eau est toujours la puissance de la Parole appliquée à l'âme; mais c'est la mort. Dans le Christianisme, c'est par la mort et pas autrement, qu'a lieu non seulement l'expiation mais aussi la purification. L'expiation et la purification sortent du côté de Christ, en qui toute relation est rompue avec le vieil homme, enfant d'Adam. Qu'il est beau de voir une pareille réponse, alors que l'homme cherchait à s'assurer que Christ était bien mort!

Chapitre 20

Ce chapitre nous présente, comme thèse générale, le tableau de toute l'économie actuelle, jusqu'au moment où le Seigneur est reconnu par Thomas, type du résidu. Mais entrons dans les détails du chapitre, qui sont plus importants que l'idée générale.

Marie de Magdala vient toute seule, avant les autres, au sépulcre, comme il faisait encore nuit: Elle vient avec un coeur attaché à Christ, rempli de lui. Elle sent que, si elle ne le trouve pas, il ne lui reste absolument rien dans ce monde. Nous apprenons ici, comme dans le cas de Jean qui était à table dans le sein de Jésus, que l'attachement personnel à Christ est le moyen d'avoir une intelligence réelle. C'est Marie qui reçoit du Seigneur la communication de la position la plus élevée que nous possédions; c'est elle encore qui est appelée à la communiquer aux apôtres.

Quand elle trouve la pierre ôtée du sépulcre elle court aux deux disciples et ses paroles dénotent bien peu d'intelligence et de foi, mais elle n'en avait pas davantage. Aussitôt Pierre et Jean accourent au sépulcre. Jean est plus jeune et va plus vite; Pierre arrive après, mais il a plus de hardiesse et entre dans le sépulcre. Il y voit les linges et le suaire à part, rangés avec un ordre qui dénote qu'il n'y avait eu aucune précipitation. Alors Jean, qui se présente plus tard comme témoin oculaire, entre aussi et, chose triste à dire, ne croit que quand il voit. «Ils ne connaissaient pas l'Ecriture»… ce n'était pas le témoignage de Dieu qu'ils avaient cru et compris; ils n'avaient pas encore d'intelligence spirituelle. La conséquence est qu'ils s'en retournent chez eux; tableau peu flatteur de l'état de leurs âmes. Ils avaient un chez-soi. Mais ce qui leur suffisait ne suffit pas à Marie. Si elle n'avait pas Christ, le monde n'était pour elle qu'un sépulcre vide: Elle «se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait», et comme elle se baissait dans le sépulcre elle voit deux anges, deux témoins qui sont là pour rendre honneur à Christ, et qui lui disent: «Femme, pourquoi pleures-tu?» La question des anges et la même question dans la bouche de Jésus (verset 15), mettent bien en relief la pensée de Marie. Elle répond aux anges dans les mêmes termes qu'au verset 2. C'est de l'ignorance et à quelques égards de l'incrédulité, mais c'est aussi de l'attachement au Seigneur. A Jésus, qu'elle prend pour le jardinier, elle répond: «Si toi, tu l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi je l'ôterai», Paroles touchantes! son affection lui donne le droit de disposer du Seigneur. Alors Jésus lui dit. Marie! Il appelle sa brebis par son nom et celle-ci, reconnaissant aussitôt la voix du bon berger, se retourne, pensant l'avoir retrouvé pour elle dans ce monde, comme roi. Mais Jésus lui répond: «Ne me touche pas». Il ne s'agit pas de m'avoir ici-bas; «car je ne suis pas encore monté vers mon Père». Il remplace sa position comme homme ici-bas, par la gloire céleste auprès du Père. «Mais va vers mes frères et leur dis: Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Marie devient ainsi, pour les apôtres, le vase de communication de la vérité la plus élevée que nous ayons, touchant les immenses privilèges dans lesquels la grâce nous place. La défense de le toucher se lie à cette position infiniment plus élevée, qu'il nous révèle ici. L'eût-il permis, il eût contredit ce que dans le moment même il enseignait, savoir que désormais il n'était plus présent ici-bas dans un corps, mais qu'il associait à Lui ceux qu'il appelait ses frères, qu'il les introduisait dans sa propre position vis-à-vis de son Dieu et de son Père.

Cette révélation rassemble les disciples; mais, malgré cette parole du Seigneur si souvent répétée: «Ne craignez pas», ils tiennent les portes fermées par crainte des Juifs. Dès qu'ils sont rassemblés Jésus vient et se trouve au milieu d'eux, d'une manière réelle mais spirituelle, pour leur annoncer cette paix qu'il a faite, la paix avec Dieu. La présence du Seigneur ressuscité et la paix, telles sont donc les deux grandes vérités révélées aux disciples dans ce passage. Ils avaient déjà été appelés ses frères; maintenant ils entendent cette parole: «Paix vous soit», parole que Jésus n'avait pas prononcée avant sa résurrection sinon d'une manière prophétique. Au verset 21, il leur répète la même parole, preuve que cette paix leur était nécessaire comme point de départ de leur mission. «Ayant dit cela, il souffla en eux, et leur dit: Recevez l'Esprit saint» (verset 22). Quoique l'Esprit ne leur soit pas envoyé du ciel, comme cela eut lieu peu après (Actes des Apôtres 2), on peut voir ici comme un tableau de la dispensation qui allait s'ouvrir. Le Seigneur, présent au milieu des disciples dans la puissance de la vie de résurrection, souffle en eux l'Esprit saint comme la puissance de leur propre vie à eux, de même que Dieu avait soufflé dans les narines d'Adam pour lui donner la vie. Dès lors ils ont la capacité d'agir, quoiqu'ils n'en aient pas encore la puissance comme ils l'ont reçue à la Pentecôte. Christ a vivifié depuis Adam, et il vivifie encore; mais il ajoute ici le caractère de la puissance de résurrection. Ensuite, il envoie le Saint Esprit qui demeure en nous, qui habite personnellement dans cette vie. Ces trois choses se lient et s'ajoutent l'une à l'autre. Dans le passage qui nous occupe, l'Esprit, en personne, n'était pas encore envoyé d'en haut. Les disciples étaient fils, mais n'avaient pas encore l'Esprit d'adoption; ils avaient la vie de résurrection mais non pas la conscience et la puissance de toutes les choses célestes que donne le Saint Esprit.

Romains 8: 10, 11, nous présente ces deux vérités réunies. Nous y trouvons d'abord l'Esprit comme source et puissance de vie, puis comme personne divine qui habite en nous. Nous trouvons en même temps dans ce passage la preuve qu'on ne peut guère séparer l'Esprit de la vie. «l'Esprit est vie», y est-il dit. C'est comme la source et le ruisseau qui ne sont pas la même chose, mais entre lesquels on ne peut tirer une ligne de démarcation. On ne sait pas où l'une finit et où l'autre commence.

J'ai dit plus haut que ces choses se lient et s'ajoutent l'une à l'autre. En supposant que j'aie la vie, pourrai-je me montrer à moi-même les choses célestes? Non, mais l'Esprit est la force et l'énergie de la vie en moi, pour me faire jouir de ces choses, quand il me les montre.

Christ ressuscité est un homme mort que Dieu a ressuscité. Ce n'est pas là une source de vie; mais Christ Fils de Dieu, vivifie qui il veut: Christ s'est placé dans une position où le péché, la mort, le jugement, la puissance de Satan, étaient sur lui, mais il n'y est resté qu'un moment et en est sorti en résurrection. Il a la puissance de la vie en lui-même et nous communique la vie dans cette nouvelle position de résurrection, et non dans notre position ancienne. Nous sommes ressuscités avec Christ, mais Christ a laissé tous nos péchés en arrière et nous trouvons ce fait, que non seulement nous avons la vie, mais que nous l'avons toute nouvelle, au delà de toute question de péché, de mort et de jugement.

On ne voit pas assez l'importance de la résurrection. Après la mort elle est le fondement de tout. La glorification est la conséquence acquise par la mort, mais la résurrection est déjà la position nouvelle, une vie dans laquelle l'homme est placé au delà de toutes les questions qui ont été vidées à la croix.

Au fait de la réception du Saint Esprit, se rattache (verset 23) la rémission des péchés. Ce passage peut s'appliquer à la discipline de l'Eglise, mais il a trait d'une manière plus directe à l'envoi des disciples pour annoncer l'Evangile. Dans les Actes, Pierre retient les péchés de Simon le magicien et remet ceux de Corneille. Actes 2: 38, est un exemple du même ordre.

Versets 24-29. Thomas arrive, comme le fera le résidu d'Israël, à la fin de l'économie actuelle, dont le tableau nous est présenté dans ce chapitre. Il n'était pas avec les disciples; il n'avait pas eu part à la révélation qui venait de leur être faite. Il ne voulait croire que quand il verrait; il est comme le type du résidu Juif qui croira quand il verra et n'aura pas la communication de la partie céleste de cette dispensation. Jésus prononce la bénédiction sur ceux qui auront cru sans voir (verset 29); ainsi se termine l'Evangile proprement dit. Le chapitre suivant va nous présenter l'économie future développée intentionnellement d'une manière très mystérieuse.

Chapitre 21

Après ces choses, Jésus se manifeste de nouveau à ses disciples. Ils étaient allé pêcher, mais ne prenaient rien. Jésus se tient sur le rivage et leur demande s'ils ont quelque chose à manger. Sur leur réponse négative, il leur ordonne de jeter le filet au côté droit de la nacelle; ils prennent une multitude de poissons, «et quoiqu'il y en eût tant, le filet n'avait pas été déchiré» (verset 11). Arrivés à terre ils trouvent du poisson déjà mis sur la braise.

Tout ceci est, je n'en doute pas, une figure du Millénium, du siècle à venir, mais présentée d'une façon très mystérieuse. «Ce fut la troisième fois» est-il dit (verset 14), que Jésus fut manifesté aux disciples, après qu'il fut ressuscité d'entre les morts. La première fois c'est à l'Eglise, la seconde fois à Thomas, type du résidu, la troisième fois dans le Millénium. — Les poissons sur le feu figurent le résidu (la viande de Dieu) déjà préparé quand aura lieu le grand coup de filet du Millénium. Le filet ne se rompt pas à cause de la présence personnelle de Christ, tandis que, dans l'économie actuelle, qui est confiée aux hommes en l'absence du Seigneur. le filet s'est rompu (Luc 5: 6) et toutes choses ont tourné à mal.

Au verset 15 commence l'entretien si touchant du Seigneur avec Pierre. Il sonde son disciple, ne l'épargne pas, lui rappelle ses infidélités et quand il est complètement humilié, il lui confie ses brebis (*). Le péché était complètement ôté, car le Seigneur était mort dans l'intervalle, mais il sonde le coeur de Pierre pour lui montrer ce qui avait occasionné le péché. Il ne dit pas: «Pourquoi m'as-tu renié?» mais: «M'aimes-tu?» Il pénètre jusqu'à la racine du mal pour faire sentir au pauvre disciple ce que c'est que le péché. Dès que le coeur de Pierre est sondé, il ne lui reste pour ressource que d'en appeler à la connaissance divine: «Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t'aime». Dès lors il a compris sa faiblesse complète et, la grâce l'ayant restauré, il sait comment fortifier ses frères. Le Seigneur lui confie les objets qui sont les plus précieux à son coeur.

(*) Il s'agit spécialement ici des brebis juives.

Ce n'est pas tout. J'ai dit, une fois, que lorsqu'un homme a perdu une occasion, elle ne lui est jamais rendue, mais qu'il peut avoir quelque chose de meilleur. On en voit un exemple en Israël qui traverse le Jourdain, après avoir manqué la montagne des Amorrhéens. Ce que nous trouvons ici a modifié mon assertion. Le Seigneur avait donné précédemment à Pierre l'occasion de mourir pour lui. Cette occasion Pierre l'avait perdue. Le Seigneur la lui donne de nouveau (versets 18, 19), mais seulement lorsque la volonté de Pierre est complètement détruite. — Puis il lui dit: «Suis-moi». Christ a été rejeté des Juifs; il faut que le témoignage de Pierre, l'apôtre des Juifs, soit aussi rejeté par cette nation jugée et perdue. — Pierre se retourne et voit Jean qui suivait. Seigneur, dit-il et celui-ci? «Si je veux», répond Jésus, «qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe?-» — Il n'explique pas cela, il laisse la chose en mystère. C'est l'Apocalypse. Jean doit veiller sur l'Eglise en décadence et devenir prophète, même pour le monde, tandis que Pierre a «travaillé en vain» comme le Seigneur Jésus lui-même.

Le témoignage de Paul, qui, comme nous le savons, regarde l'Eglise, n'est pour rien dans tout cela; il est complètement omis, et nous passons immédiatement du témoignage de Pierre avec les Juifs, ce qui forme le point de départ, à celui de Jean, où l'histoire de l'Eglise se termine et où la prophétie reprend sa place pour le monde. C'est pourquoi aussi nous ne trouvons pas l'ascension dans ce dernier chapitre. Elle faisait partie du témoignage spécial de Paul, tandis que celui de Jean devait concerner la terre et la prophétie quand l'Eglise était en ruines.