Le Père

ME 1874 page 355 - Jean 14-17

 

«Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître» (17: 26). Ces paroles, Christ les a adressées au Père au sujet des saints. Elles nous disent que la grande oeuvre du Seigneur était de faire connaître le Père aux saints, — que c'est ce qu'il avait déjà fait et que c'est ce qu'il se proposait de faire encore.

Quelle bénédiction que de pouvoir nous dire que nous sommes les objets d'un tel enseignement — le Fils nourrissant et élargissant en nous le sentiment et l'intelligence de l'amour du Père et s'occupant de donner à nos coeurs cette joie et de nous la donner plus abondamment! Nous pouvons être lents et nous sommes lents à apprendre la leçon; nous sommes naturellement pleins de défiance toutes les fois qu'il s'agit des pensées de la grâce de Dieu envers nous, et il faut la diligence et la puissance de Christ pour nous apprendre une leçon comme celle dont le Seigneur parle ici. «Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître» — c'est cette leçon que Christ s'occupe d'enseigner, et notre incapacité à l'apprendre magnifie sa grâce, car il poursuit toujours son oeuvre, nous enseignant toujours la même leçon.

Les chapitres précédents (chapitres 14-16) nous montrent Christ faisant connaître le Père. Ils commencent par nous dire que le Père nous a ouvert sa propre maison, et, ce qui est plus, qu'il l'a préparée en vue de nous directement, y ayant fait plusieurs demeures afin que nous y ayons place (chapitres 14: 2).

Jésus, ensuite, dit à ses disciples, non sans montrer qu'il était sensible à leur incrédulité, que le Père s'était déjà révélé à eux. «Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe; celui qui m'a vu, a vu le Père»; car les choses qu'il avait dites et qu'il avait faites, il les avait dites et il les avait faites comme Fils, comme celui qui était dans le Père et en qui aussi le Père était (chapitre 14: 5-14).

L'incrédulité des disciples était l'incrédulité naturelle, l'éloignement naturel du coeur à apprendre la leçon du Père dont j'ai parlé; et le Seigneur reprend ici cette incrédulité. La foi seule peut s'asseoir à l'école de Christ, la foi, ce principe qui écoute. Les raisonnements de l'homme le transportent hors de cette école.

Jésus, toutefois, poursuit sa leçon en dépit de l'indifférence des siens. Il leur montre, après s'être ainsi interrompu, comment, quand il s'en serait allé, il glorifierait le Père dans leurs oeuvres et dans leur expérience (versets 12-14). Il leur dit ensuite que le Consolateur, l'Esprit de vérité, le Saint Esprit qui allait venir à eux, viendrait comme l'Esprit du l'ère, leur faisant connaître qu'ils n'étaient pas orphelins, mais qu'ils avaient la vie du Fils en eux; et il leur répète que, s'ils gardaient sa parole, ils jouiraient dans leurs âmes de la présence et de la communion du Père aussi bien que de la sienne, parce que la parole qu'ils entendaient n'était pas la sienne, mais celle du Père qui l'avait envoyé (versets 21-24). Cette parole ou ce commandement que les disciples avaient à garder afin que cette communion leur fut assurée, était touchant l'amour, parce que c'était la parole apportée par le Fils de la part du Père, et non une parole qui venait d'un roi, ou d'un juge, ou d'un législateur (voyez chapitres 13: 34; 15: 12, 17).

Dans toutes ces voies si réellement bénies, Jésus nous manifeste le nom de son Père et ne veut être Lui-même que le témoin et le serviteur de cette glorieuse révélation. Sa propre gloire personnelle est impliquée dans un pareil service; mais ce n'est pas ce qui l'occupe: son objet c'est de faire connaître le Père. Il en est de même tout le long, à mesure que nous avançons dans ces merveilleux discours. Jésus déclare que son Père est le cultivateur, nous apprenant ainsi que le fruit recherché est un fruit digne de la main d'un Père, un fruit que les enfants, non des serviteurs ou des sujets, doivent porter (chapitre 15: 1). Pareillement les rapports d'amis dans lesquels il les introduit vis-à-vis de Lui, sont en rapport avec le Père parce que c'étaient les secrets du Père que, dans la confiance de l'amitié, il leur communiquait (verset 15). Puis, à la fin du même chapitre, il présente le monde simplement sous le caractère d'un monde qui a haï le Père, révélé dans et par le Fils (versets 23, 24).

Comme la Parole s'accomplit ainsi: «Je leur ai fait connaître ton nom!» Maintenant, Jésus anticipe le jour du Saint Esprit; mais il le fait en rappelant constamment le Père. L'Esprit était l'Esprit du Père, donné par Lui, envoyé par Lui (chapitre 14: 16, 26; chapitre 15: 26); et quand il serait venu, Lui, leur divin Consolateur, ils demanderaient au Père, et ils recevraient de Lui, afin que cette joie qui était leur partage, comme enfants qui connaissent l'amour et la bénédiction d'un Père, fût accomplie (chapitre 16: 23, 24) (*): en même temps ils auraient nettement conscience de leur adoption et de leur place auprès du Père (chapitre 16: 25).

(*) Ce n'est pas ce qu'ils reçoivent qui rend leur joie accomplie, mais la preuve qu'ils reçoivent par là, que le coeur et l'oreille du Père sont pour eux. C'est le Père, non le don, qui rend accomplie leur joie (voyez chapitre 16: 24),

Un peu plus loin, et comme pour couronner tout ce qu'il avait dit jusque là, le Seigneur ajoute que ses prières pour les siens dans le ciel, ne devaient pas s'entendre comme si eux et le Père étaient plus ou moins à distance l'un de l'autre, mais que plutôt ils devaient être bien assurés que l'amour du Père reposait immédiatement sur eux, dans la pleine puissance de la relation immédiate dans laquelle le Père les avait placés vis-à-vis de Lui (chapitre 16: 26, 27).

Ainsi c'était le nom du Père que Jésus déclarait à ses disciples tout le long de ces merveilleux chapitres, introduisant le Père dans les pensées et les joies de leurs coeurs. Et si l'amour et le ciel ont quelque prix pour nous, combien ces communications seront pour nous les bienvenues! En parlant du dernier chapitre (chapitre 17), nous pouvons bien dire que rien ne réjouit autant Dieu que de voir que, par la foi, nous avons reçu ce message, ces paroles du Père. Le Fils nous a apporté du sein du Père un message d'amour; et si maintenant il peut dire au Père que nous avons reçu le message, c'est la meilleure réponse qu'il puisse lui apporter, et cette réception de cette parole au sujet du Père sera aussi notre plus vraie sanctification ou séparation du monde; car le monde, c'est ce qui refuse de connaître le Père.

En résumé, nous pourrions dire que, dans les chapitres 14-16 de l'évangile de Jean, le Seigneur veut mettre nos âmes en communication avec le Père; il les remplit des pensées du Père. Les souvenirs, les exercices présents de l'esprit, les espérances, tout est par Lui en rapport avec le Père. Il nous dit que c'est la maison du Père dans laquelle nous allons bientôt entrer, que c'était le Père qui opérait et parlait en Lui, en sorte que ce qu'il disait et faisait, c'était les oeuvres et les paroles du Père; et bientôt ses disciples feraient de plus grandes oeuvres que les siennes, parce qu'il s'en allait au Père; le Consolateur leur serait envoyé par son Père, ils porteraient du fruit parce que le Père était le cultivateur; le monde les haïrait parce qu'il ne connaissait ni le Père ni Lui; le Père lui-même les aimait, et bientôt ils auraient conscience de leurs relations avec Lui.

Si l'Esprit de vérité, le Consolateur, réalise ces choses en nous, nous pouvons mettre notre sceau sur ces paroles: «Il vous est avantageux que moi je m'en aille» (*).

(*) Ainsi nous pouvons dire que le dessein du Seigneur, au chapitre 13, est de mettre nos âmes en communication avec Lui dans le ciel. Il se présente à nous dans le ciel, la vraie demeure de l'amour et de la gloire, parce qu'il devait s'en retourner là auprès du Père et recevoir là toutes choses de la part de Dieu entre ses mains. Et ainsi il anticipe le ciel comme la demeure de l'amour et de la gloire pour Lui.

Ensuite il nous assure que son amour envers nous ne cesserait pas là-haut d'être actif et que, dans son service en vue de nos besoins, quoiqu'il fût là-haut, il ne pourrait jamais oublier ni nous ni nos besoins. Ainsi il cherche à nous mettre en communication avec Lui, tel qu'il est dans le ciel, exactement comme plus loin, chapitres 14-16, il cherche à nous mettre, comme je l'ai fait observer, en communication avec le Père.

Que ce bienheureux sentiment de notre relation avec le Père remplisse et satisfasse nos âmes plus abondamment!